INTRODUCTION
Toute avancée technologique comporte des risques et la transgénèse végétale n’échappe pas à cette
règle. Que ces risques soient faibles ou élevés, la population ne peut les accepter que si l’avancée
technologique apporte des bénéfices. Il importe donc de faire un bilan du rapport bénéfices/risques.
Or, dans le cas des plantes transgéniques, exemples les plus largement connus d’organismes
génétiquement modifiés ou OGM, seuls les risques sont mis en avant, sans que l’on s’interroge
suffisamment sur les bénéfices. Cela est en grande partie dû au fait que les plantes transgéniques
actuellement sur le marché ont été conçues dans un but essentiellement économique, pour faciliter la
tâche et réduire les coûts de production des agriculteurs et permettre un profit augmenté pour les
firmes commercialisant ces variétés végétales. Le consommateur, qui voit dans les OGM un risque
possible pour sa santé, ou pour l’environnement, n’y trouve pas son compte. Il ne voit décidément pas
ce que ces OGM lui apportent actuellement. Il n'envisage pas les OGM en terme de bénéfice/risque
mais uniquement en terme de risque.
Conscients de cette difficulté, les producteurs d’OGM ont alors mis en avant des bénéfices probables
de ces OGM pour la santé. En outre, ils ont fait valoir que d’autres plantes transgéniques, dites de
"deuxième génération", pourraient être conçues non pas dans un seul but économique, mais
également dans celui d'apporter des bénéfices pour la santé des consommateurs, dans les pays
industrialisés comme dans les pays en voie de développement.
Pour le comité d'experts spécialisé "Biotechnologie" de l’AFSSA, chargé de l’évaluation des risques
liés à la consommation, tant par l’homme que par les animaux, des OGM et des produits dérivés, il
convenait dès lors de tenter d’évaluer les bénéfices qui pourraient en résulter pour la santé.
En décembre 2001, l’AFSSA a donc organisé un colloque1 "OGM et alimentation : peut-on évaluer les
bénéfices pour la santé" qui visait à engager la réflexion sur ce thème. Afin d’approfondir cette
réflexion, le comité "Biotechnologie" a ensuite entrepris d’analyser en détail quatre cas d’OGM
susceptibles d’apporter des bénéfices en matière de santé au regard des produits conventionnels. Il a
choisi de considérer deux cas d’OGM déjà sur le marché ou proche de l’être, initialement conçus à
des fins principalement économiques mais pour lesquels des bénéfices pour la santé ont par la suite
été allégués et deux cas d’OGM en cours d'évaluation, et conçus pour apporter des bénéfices pour la
santé.
Le premier exemple est celui de plantes résistant spécifiquement à certains insectes ravageurs (mais
sans effet sur les autres). A ce jour, plusieurs variétés de maïs et de coton résistant à des insectes et
obtenues par introduction d’un gène issu d’une bactérie de l’environnement, Bacillus thuringiensis,
sont cultivées dans le monde. Un premier avantage de ces variétés serait de limiter l’emploi des
insecticides et donc l’exposition de la population humaine à ceux-ci. Un avantage connexe de cette
résistance serait de limiter le développement sur les plantes de champignons produisant des
mycotoxines dont certaines sont cancérigènes. Un examen critique de ces allégations est présenté.
Le deuxième exemple est celui de la betterave tolérante à un herbicide, le glyphosate, qui, bien qu’elle
ne soit pas encore autorisée en Europe, a fait l’objet de nombreuses études et recherches,
notamment sur l’impact environnemental au regard du transfert de gènes à des plantes adventices,
mais également au regard des quantités d’herbicides utilisées et de leurs qualités par rapport à des
variétés conventionnelles. Le présent document analyse les conséquences possibles sur la santé
humaine de ces modifications dans l’usage des herbicides.
Le troisième exemple est celui du "riz doré", un riz potentiellement enrichi en précurseur de la vitamine
A mais dont on ne dispose pas encore de variété fixée. Il s’agit là d’une plante transgénique conçue à
des fins nutritionnelles et destinée à lutter contre une grave carence vitaminique très répandue dans
les pays en voie de développement. C’est donc clairement un OGM destiné à apporter des bénéfices
en matière de santé. Dans la mesure où cet OGM a été l’objet d’une polémique sur la réalité de son
1 Les actes du colloque "OGM et alimentation, peut on évaluer les bénéfices pour la santé ?" organisé par
l'AFSSA les 17 et 18 décembre 2001 sont consultables au format pdf sur le site www.afssa.fr