L`infondation des religions - Université Populaire de Philosophie

CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
L’INFONDATION DES RELIGIONS
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-193
L’INFONDATION DES RELIGIONS
conférence d’Éric Lowen donnée le 15/01/2007
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Dans l’analyse des religions, une des premières notions à mettre en évidence est leur
infondation. Les religions ne reposent sur aucun phénomène réel, aucun élément historique,
cosmologique ou ontologique, ne permet d’étayer objectivement une religion ou l’existence
de déités, pas plus les religions animistes que les religions monothéistes ou déistes. Cette
infondation explique notamment leur relativité et leur amoralité. Au-delà de l’explication de
l’infondation des religions, cette conférence expliquera les principales conséquences de cette
caractéristique structurelle des religions.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-193 : “L’infondation des religions” - 15/01/2007 - page 2
L’INFONDATION DES RELIGIONS
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Ce qui est affirmé sans preuve, peut être nié sans preuve.
Euclide (environ 325-265 avant JC)
I LE CONSTAT DE L’INFONDATION DES RELIGIONS
1 - La question fondamentale à poser : sur quoi reposent les affirmations des religions ?
2 - Le constat de l’infondation des religions, il n’y a aucune preuve
3 - La vaine recherche d’un stade anhypothétique à leurs croyances
4 - Des raisonnements dialleliques, le règne de l’apriori et de l’induction épicyclique
II L’ÉMERGENCE DE LA NÉCESSITÉ DE PROUVER L’EXISTENCE DE DIEU
1 - Un questionnement qui débuta significativement avec l’émergence de la raison
2 - Ce qui obligea les religions à se “justifier” en présentant des preuves
3 - Dans les religions prérationnelles, l’existence théiste est évidente
4 - Dans les religions post-rationnelles, la nécessité de prouver rationnellement
III LES PREUVES PRÉRATIONNELLES, OU PRÉTHÉOLOGIQUES
1 - Les “preuves”, ou plutôt des arguments, préthéologiques, prérationnels
2 - Les arguments par défauts cognitifs
3 - L’argument prodigialiste, par les prodiges surnaturels
4 - L’argument numénal
5 - L’argument historique : les arguments chrétiens de la vie du Christ
IV LES PREUVES THÉOLOGIQUES DE L’EXISTENCE DE DIEU
1 - Les preuves théologiques, preuves “démonstratives” ratiocinantes
2 - L’argument par le consensus universel
3 - L’argument de la preuve ontologique
4 - L’argument de la preuve cosmologique, dit aussi de Causalité
5 - L’argument de la preuve physico-théologique (ou plutôt physico-téléologique)
6 - L’argument moral
7 - L’argument de l’improuvabilité, de l’inaccessibilité de dieu à l’égard de la raison
V LES CONSÉQUENCES DE L’INFONDATION DES RELIGIONS
1 - Un éclairage au-delà de l’inexistence des déités, sur la nature de la religion
2 - L’irrationalité de l’adhésion religieuse, la déraison religieuse
3 - La foi dispense d’apporter une preuve, ce ne sont que des arguments
4 - Des arguments qui ne sont des preuves que pour les croyants
5 - L’impossibilité d’une déduction métaphysique, il n’y pas de débat en réalité
6 - Les religions sont des créations humaines, elles n’ont aucune naturalité
7 - Les seules causes des religions appartiennent à la sphère humaine
8 - Toutes les religions sont des productions subjectives, arbitraires et culturelles
9 - La coupure réalistique de la religion, la religion comme mayâ
10 - La relativité des religions
ORA ET LABORA
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Document 1 : La preuve ontologique, développée particulièrement par Anselme de Cantorbéry (11ème
siècle). Ce théologien qui composa un grand nombre d'ouvrages sur la théologie et la métaphysique, eut
une large influence sur la théologie et la philosophie de son époque, notamment le Proslogion et le
Monologion, afin de fonder rationnellement la foi chrétienne. Son argument de la preuve ontologique peut se
résumer de la manière suivante - en fait un syllogisme : “Nous avons l'idée de l'Être parfait ; la perfection
comporte l'existence ; donc l'Être parfait existe”.
Nous croyons que tu es quelque chose de tel que rien de plus grand ne puisse être
pensé. Est-ce qu'une telle nature n'existe pas, parce que l'insensé a dit en son cœur :
Dieu n'existe pas ? Mais du moins cet insensé, en entendant ce que je dis : quelque
chose de tel que rien de plus grand ne puisse être pensé, comprend ce qu'il entend ; et
ce qu'il comprend est dans son intelligence, même s'il ne comprend pas que cette chose
existe. Autre chose est d'être dans l'intelligence, autre chose exister. [...] Et certes l'Être
qui est tel que rien de plus grand ne puisse être pensé, ne peut être dans la seule
intelligence ; même, en effet, s'il est dans la seule intelligence, on peut imaginer un être
comme lui qui existe aussi dans la réalité et qui est donc plus grand que lui. Si donc il
était dans la seule intelligence, l'être qui est tel que rien de plus grand ne puisse être
pensé serait tel que quelque chose de plus grand pût être pensé.
Saint Anselme de Cantorbéry (1033-1109)
Proslogion
Document 2 : La variante cartésienne de la preuve ontologique.
Car, ayant accoutumé dans toutes les autres choses de faire distinction entre l'existence
et l'essence, je me persuade aisément que l'existence peut être séparée de l'essence de
Dieu, et qu'ainsi on peut concevoir Dieu comme n'étant pas actuellement. Mais
néanmoins, lorsque j'y pense avec plus d'attention, je trouve manifestement que
l'existence ne peut non plus être séparée de l'essence de Dieu, que de l'essence d'un
triangle rectiligne la grandeur de ses trois angles égaux à deux droits, ou bien de l'idée
d'une montagne l'idée d'une vallée ; en sorte qu'il n'y a pas moins de répugnance de
concevoir un Dieu (c'est-à-dire un être souverainement parfait) auquel manque
l'existence (c'est-à-dire auquel manque quelque perfection), que de concevoir une
montagne qui n'ait point de vallée.
Mais encore qu'en effet je ne puisse pas concevoir un Dieu sans existence, non plus
qu'une montagne sans vallée, toutefois, comme de cela seul que je conçois une
montagne avec une vallée, il ne s'ensuit pas qu'il y ait aucune montagne dans le monde,
de même aussi, quoique je conçoive Dieu avec l'existence, il semble qu'il ne s'ensuit pas
pour cela qu'il y en ait aucun qui existe : car ma pensée n'impose aucune nécessité aux
choses ; et comme il ne tient qu'à moi d'imaginer un cheval ailé, encore qu'il n'y en ait
aucun qui ait des ailes, ainsi je pourrais peut-être attribuer l'existence à Dieu, encore qu'il
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n'y eût aucun Dieu qui existât. Tant s'en faut, c'est ici qu'il y a un sophisme
[Raisonnement incorrect ayant l'apparence de la vérité.] caché sous l'apparence de cette
objection : car de ce que je ne puis concevoir une montagne sans vallée, il ne s'ensuit
pas qu'il y ait au monde aucune montagne, ni aucune vallée, mais seulement que la
montagne et la vallée, soit qu'il y en ait, soit qu'il n'y en ait point, ne se peuvent en
aucune façon séparer l'une d'avec l'autre ; au lieu que, de cela seul que je ne puis
concevoir Dieu sans existence, il s'ensuit que l'existence est inséparable de lui, et partant
qu'il existe véritablement : non pas que ma pensée puisse faire que cela soit de la sorte,
et qu'elle impose aux choses aucune nécessité ; mais, au contraire, parce que la
nécessité de la chose même, à savoir de l'existence de Dieu, détermine ma pensée à le
concevoir de cette façon. Car il n'est pas en ma liberté de concevoir un Dieu sans
existence (c'est-à-dire un être souverainement parfait sans une souveraine perfection),
comme il m'est libre d'imaginer un cheval sans ailes ou avec des ailes.
René Descartes (1596-1650)
Méditations, 1641
Document 3 : Le texte suivant expose un des passages les plus importants de la réfutation kantienne de la
preuve ontologique (la preuve ontologique tente de démontrer l'existence de Dieu à partir de sa seule
définition). L’existence n’est pas un prédicat comme les autres, elle ne se déduit pas de l’essence
conceptuelle. L'existence d'un objet ne peut être tirée du concept de cet objet et Dieu ne fait pas exception à
la règle.
Être n'est évidemment pas un prédicat (1) réel, c'est-à-dire un concept de quelque chose
qui puisse s'ajouter au concept d'une chose. C'est simplement la position d'une chose ou
de certaines déterminations en soi. Dans l'usage logique, ce n'est que la Copule (2) d'un
jugement. Cette proposition : Dieu est tout puissant, renferme deux concepts qui ont leurs
objets : Dieu et toute-puissance ; le petit mot est n'est pas du tout encore par lui-même
un prédicat, c'est seulement ce qui met le prédicat en relation avec le sujet. Or, si je
prends le sujet (Dieu) avec tous ses prédicats (dont la toute-puissance fait aussi partie) et
que je dise : Dieu est, ou il est un Dieu, je n'ajoute aucun nouveau prédicat au concept de
Dieu, mais je ne fais que poser le sujet en lui-même avec tous ses prédicats, et en même
temps, il est vrai, l'objet qui correspond à mon concept. Tous deux doivent exactement
renfermer la même chose et, par conséquent, rien de plus ne peut s'ajouter au concept
qui exprime simplement la possibilité, par le simple fait que je conçois (par l'expression : il
est) l'objet de ce concept comme donné absolument. Et ainsi, le réel ne contient rien de
plus que le simple possible. Cent thalers (3) réels ne contiennent rien de plus que cent
thalers possibles. Car, comme les thalers possibles expriment le concept et les thalers
réels, l'objet et sa position en lui-même, au cas celui-ci contiendrait plus que celui-là,
mon concept n'exprimerait pas l'objet tout entier et, par conséquent, il n'en serait pas,
non plus, le concept adéquat. Mais je suis plus riche avec cent thalers réels qu'avec leur
simple concept (c'est-à dire qu'avec leur possibilité). Dans la réalité, en effet, l'objet n'est
pas simplement contenu analytiquement (4) dans mon concept, mais il s'ajoute
synthétiquement (5) à mon concept (qui est une détermination de mon état), sans que,
par cette existence en dehors de mon concept, ces cent thalers conçus soient le moins
du monde augmentés. [...]
Quelles que soient donc la nature et l'étendue de notre concept d'un objet, il nous faut
cependant sortir de ce concept pour attribuer à l'objet son existence. Pour les objets des
sens, cela a lieu au moyen de leur enchaînement avec quelqu'une de mes perceptions
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