Lire un extrait - Éditions de La Différence

RICHARD ROGNET
BELLES, EN MOI,
BELLE
poèmes
CLEPSYDRE
ÉDITIONS DE LA DIFFÉRENCE
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Sers-toi toutes les pommes,
les nuages, les grains de sable,
fais l’enfant, hurle, chante,
ne reconnais aucun songe
qui ne soit ton passage
dans les allées imperceptibles,
qui est là ? qui s’en va ?
un arc-en-ciel vaincu,
une mésange désinvolte, un poignet
qu’on tord, par plaisir,
une animosité, une envie de mal voir.
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On raconte qu’une blessure
s’est fermée d’elle-même,
les buses, les corbeaux
le répètent aux ramures,
tu t’en ches, tu continues
à massacrer mes fenêtres,
à piétiner mon sol
pour un rien de colère,
que dire sur le perron
avec anémones et pensées ?
que dire aux enfants sans défense,
sinon que la lune, ce soir,
aboiera avec chiennes et chiens ?
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La femme aux hanches incolores
taquine l’éternité, sur son balcon
un merle hésite, un merle blanc
évidemment, oiseau parfait,
oiseau, battements du silence,
rose de nuit, inquiète, émue,
rose de passage, eau grise,
tant de fables, d’histoires
que la femme dévide
sans faire un seul mouvement
de tête, de gorge, de main.
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Ici, la nuit impitoyable
observe de près nos regards,
le tien, femme toujours souterraine,
le mien, homme pris aux lets,
la voix limpide n’atteint pas
les frôlements dissimulés
dans la tendresse un peu fragile
que le vent promène ou dessine,
le parc est comme un tombeau,
les statues jonglent inniment
avec des miroirs inutiles.
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