Document 3 : Une part importante du travail de Victor Schœlcher fut de faire comprendre, à ses
compatriotes, la réalité de l’esclavage. Victor Schoelcher fut aussi un impitoyable témoin de la misère de son
temps.
Les esclaves travaillent aux champs par brigades de quinze ou vingt sous la surveillance
de contremaîtres qui les contiennent avec un énorme fouet toujours agité. Voilà la vie
d’esclave, froide, machinale, abrutissante, vile, monotone, sans passé pour réfléchir,
sans avenir pour rêver, n’ayant que le présent toujours armé d’un fouet ignominieux.
* * *
Le fouet est une partie intégrante du régime colonial, le fouet en est l'agent principal ; le
fouet en est l'âme, le fouet est la cloche des habitations, il annonce le moment du réveil,
et celui de la retraite il marque l'heure de la tâche ; le fouet encore marque l'heure du
repos ; et c'est au son du fouet qui punit les coupables, qu'on rassemble soir et matin le
peuple d'une habitation pour la prière ; le jour de la mort est le seul où le Nègre goûte
l'oubli de la vie sans le réveil du fouet. Le fouet est un mot, est l'expression du travail aux
Antilles. Victor Schœlcher
Des colonies françaises. Abolition immédiate de l'esclavage, 1842
Document 4 : Victor Schoelcher réfutait catégoriquement les discours de certains colons qui parlaient d’un
esclavage doux et humain. Même avec de bons maîtres, le principe esclavagiste est fondamentalement
mauvais.
Le sort des esclaves n'a pas cessé d'être horrible, atroce, dégradant, infâme, malgré les
lois, les ordonnances, les règlements faits pour l'alléger. Les adoucissements qu'on a cru
y porter font illusion à l'humanité. Le seul, l'unique remède aux maux incalculables de la
servitude, c'est la liberté.
Il est impossible d'introduire l'humanité dans l'esclavage. Il n'existe qu'un moyen
d'améliorer réellement le sort des nègres, c'est de prononcer l'émancipation complète et
immédiate. Victor Schœlcher
Histoire de l'esclavage pendant les deux dernières années, 1847
Document 5 : Pour contester l’esclavage, il fallait réfuter toutes les thèses racistes sur l’infériorité des noirs
et autres préjugés. Malheureusement, de nombreux abolitionnistes furent aussi racistes. Alors que Victor
Schœlcher défendait l’idée de l’égalité en humanité, dignité et en droit des esclavages.
Détruire l'absurde préjugé (...) contre les Noirs et les sang mêlés est impossible tant que
l'esclavage subsistera, autrement dit, les moyens nécessaires pour arriver à l'extirpation
de ce préjugé sont incompatibles avec l'existence de l'esclavage.
Le préjugé contre la couleur des Noirs se lie intimement au fait de la domination et de
l'oppression physique que l'homme blanc exerce sur le Noir. Un préjugé analogue est
inhérent à toute supériorité d'un homme sur un autre (...) ; or, cette incapacité est
devenue une certitude pour ceux qui l'admettent uniquement, parce que les uns se sont
contentés de regarder les Nègres dans l'esclavage et que les autres ont cru les maîtres
sur parole. Nous ne contestons pas que l'état moral des esclaves dans les colonies ne
puisse justifier cette opinion fatale à toute leur race , nous les avons approchés, nous les
connaissons, et nous savons jusqu'à quel point de dégradation ils sont descendus ; mais
c'est ici qu'il faut bien distinguer l'effet de la cause.
Les Noirs ne, sont pas stupides parce qu'ils sont noirs, mais parce qu'ils sont esclaves.
L'infériorité intellectuelle des hommes en servitude n'est pas chose nouvelle ; les
comédies antiques sont pleines de traits contre l'imbécillité des esclaves. Aristote prétend
tout net qu'ils n'ont qu'une demi-âme. Les Romains, malgré leurs marchands, leurs
instituteurs, leurs médecins et leurs rhéteurs esclaves, n'avaient pas plus de
considération pour la classe en général. L'atrophie de toute faculté d'esprit est au fond de
Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-133 : “Victor Schœlcher“ - 23/04/2004 - page 5