Formel/Matériel
I. Définitions
• Formel
• Du Latin formalis : relatif à la forme. Qui concerne la forme (ou
constitution) de la chose, par opposition à ce qui concerne sa
matière (ou consistance).
• Matériel
• Du latin
materia : relatif à la matière. Opposé à esprit ; désigne ce
qui existe hors de nous et est perçu par les sens.
• Par opposition à la forme d’un raisonnement, désigne les termes
dont ce raisonnement se compose, son contenu.
II. Pour Approfondir
!"
L’opposition forme/matière
!"Selon une tendance dominante de la philosophie classique grecque,
la forme est distinguée de la matière ; le stable, le bien déterminé,
l'essentiel sont opposés au changeant, au variable, à l'accidentel.
• Chez Aristote, forme et matière sont deux des quatre causes qui
font d'une chose ce qu'elle est : ainsi, pour l'homme, l'âme et le
corps. La matière c'est ce dont une chose est faite, par exemple le
marbre d'une statue, c'est-à-dire ce qu'Aristote appelle le substrat.
• Les quatre causes :
- La cause matérielle (causa materialis) : c'est la matière qui
compose un objet, ici le marbre. C'est cette cause qui rend possible
les contingences et les irrégularités des objets. En effet, la matière
"résiste" à la mise en forme. A la forme s'opposent les contraintes
de la matière, c'est de là que se produit le hasard, les "accidents".
- La cause formelle (causa formalis) : c'est la forme que donne le
sculpteur à la matière. La forme d'un objet n'est pas seulement sa
forme géométrique : c'est sa définition, ce qui le rend définissable.
Par exemple, ce qui différencie un homme d'une statue qui le
représenterait, c'est la possession d'une âme. Plus que ses
caractéristiques physiques, c'est la possession de cette faculté qui
va permettre de définir l'homme ; ainsi, l'âme est la forme du corps.
La forme d'une œuvre d'art, c'est l'idée qu'en a l'artiste. Elle est
d'une importance capitale dans la théorie de la connaissance
d'Aristote.
- La cause finale (causa finalis) : c'est le but, l'usage que l'on veut
faire de la chose, c'est sa finalité. Rien n'arrive sans but selon
Aristote.
- La cause efficiente (causa efficiens) : c'est l'activité du sculpteur, le
fait de sculpter. Chaque développement a besoin d'un moteur qui
puisse le mettre en marche.
• Chez Aristote, la matière est ce en quoi les choses sont faites (par
exemple, la statue est faite en marbre ; le marbre est donc matière
de la statue) mais pour que les choses soient effectivement il faut
que la matière reçoive une forme (ici la configuration extérieure de
la statue).
• Kant distingue l'aspect formel et l'aspect matériel de la
connaissance. La forme de la connaissance est la loi que la pensée
impose, par sa constitution, à la matière de la connaissance ou
données de la sensation : les deux formes pures (ou a priori) de la
sensibilité que sont le temps et l'espace. La matière est ce que
l'esprit reçoit dans la sensation ; la forme est la structure que l'esprit
met dans la matière. Il y a donc deux sortes d'éléments dans notre
connaissance des objets : ceux qui dépendent de l'objet lui-même et
constituent la matière de la connaissance. La matière est a
posteriori (elle dépend de l'objet). Et ceux qui dépendent du sujet
constituent la forme de la connaissance . La forme est a priori (elle
est imposée à l'objet).
•
La distinction entre vérité formelle et vérité
matérielle
• La vérité formelle est une qualité du raisonnement, la validité de sa
forme. La vérité matérielle c'est lorsque le contenu du jugement est
conforme à son objet. Il importe donc de distinguer entre le contenu
des propositions qui interviennent dans le raisonnement (à propos
duquel se pose la question de sa vérité matérielle) et la forme du
raisonnement (à propos de laquelle se pose la question de sa
validité formelle). Vérité matérielle et validité formelle sont
indépendantes l'une de l'autre, la première n'étant nullement la
condition de la seconde.
• En logique, on distingue la forme d'un raisonnement, à laquelle il
doit sa cohérence et ainsi sa validité, de sa matière, dont dépend en
dernier ressort sa valeur de vérité, entendue au sens de conformité
au réel. La logique formelle est la partie de la logique qui traite
uniquement des conditions formelles de la vérité, c'est-à-dire de
l'accord de la pensée avec elle-même (indépendamment de son
application à la matière extérieure). Certaines propositions peuvent
être toujours vraies en vertu de leur seule forme logique. La
cohérence suffit alors à établir la vérité ou la validité de la pensée :
on parle de vérités de raison, de vérités nécessaires, de vérités
identiques ou encore de tautologies.
• La vérité formelle est une condition nécessaire mais non suffisante
de la vérité matérielle. Nécessaire dans le sens où une pensée
contradictoire n’exprimerait aucun état possible du réel, et ne saurait
donc lui correspondre, mais cependant non suffisante, car une
pensée sans contradiction interne peut tout aussi bien ne
correspondre à rien ou contredire la réalité.
Editeur : MemoPage.com SA ©/2006/Auteur : Mathilde Crépineaud/Expert : Julie Poulain