La SYNDICALISTE ET COOPÉRATIVE DIRECTEUR : FONDÉE en Eugène .1885 . PAR EOURNIÈRE - -î- RÉpACTEUR ENCHEF'.-.'.' Benoît MAL ON Albert TOME THOMAS LVI (Juillet-Décembre 1912) PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES POLITIQUES ET & Gie RIVIÈRE MARCEL 3], RUE JACOBET 1, RUE SAINT-BENOIT Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF SOCIALES Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF Les catégories sociales et leur 1. — On peut classer que sont les catégories contenu les modes de notre activité de relation en trois grandes divisions : économique, juridique, éthique. Toutes les manières d'agir, de s'exprirentrent dans ces trois divisions, mer, de sentir socialement aucune en dehors. On aperçoit donc imméqui n'en laissent diatement la catégorie que ce qui différencie profondément de la classe,' c'est qu'un individu ne peut être que d'une classe à la,fois : il est noble, bourgeois ou artisan, capitaliste ou prolétaire. Il peut être successivement tout cela, mais non simulcar alors il n'y aurait plus de classes. Il ne faut pas tanément, ici que tel paysan alléguer peut être simultanément patron sur son champ et ouvrier sur le champ de son voisin : il n'est son champ, même avec pas plus capitaliste quand il travaille il travaille l'aide d'un salarié, qu'il n'est prolétaire quand de la classe des le champ du voisin. En réalité, il demeure leurs gens qui gagnent peu et sont voués à faire travailler Cette classe, salariée ou non, muscles plus que leur cerveau. de ses membres, fût-elle parfois salariante dans quelques-uns Ce n'est pas tant le salariat la classe ouvrière. est proprement et sociale qui la qualifie. économique que son infériorité ne peut appartenir Tandis qu'à une classe que l'individu d'auil est nécessairement à la fois, il peut être, au contraire, différentes tant de catégories d'agir, qu'il possède de manières avec ses semblables de sentir, de communiquer de s'exprimer, d'univers et avec le fragment qui est à sa portée. Membre des Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 6 REVUE SOCIALISTE et consomil est à la fois producteur catégories économiques, sous ce double : il devra donc considérer son intérêt mateur Comme et résoudre proaspect plus d'un conflit intérieur. à une des catégories il appartiendra ducteur, qui également du professeur, : l'intérêt se juxtaposent et parfois s'opposent considérés dans leur caracde i'artiste ou du fonctionnaire, ou de de savoir, de beauté tère économique de producteurs de celui du commerçant, n'est pas nécessairement sécurité, sur l'industriel ou du cultivateur, s'opposent qui eux-mêmes et du libre échange. Nous verrons le terrain de la protection de catégorie sont aussi actives plus loin que ces* oppositions de classe, et qu'elles assez fréque les oppositions prennent le pas sur elles. quemment L'individu social, qui appartient pour le moins à deux catéde quatre catégories est, de plus, membre gories économiques, : il fait en effet partie de la nation, a juridiques principales des droits sur l'Etat et des devoirs envers lui comme citojren, comme comme comme soldat. Dans administré, justiciable, la catégorie le citoyen électeur se différencie du civique, le justiciable citoyen élu, comme dans la catégorie judiciaire du juge et du juré, ou dans la catégorie administrative le contribuable du fonctionnaire, ou dans la catégorie militaire le soldat temporaire de l'officier D'autre professionnel. part,, il faut remarquer que si les ministres, députés, juges, fonctionnaires civils et militaires appartiennent pour leur fonction aux catégories ils apparjuridiques, pour leur rémunération tiennent aux catégories économiques. Les catégories ne présentent diviéthiques pas de moindres sions et sont susceptibles d'oppositions peut-être plus grandes dans la catégorie. La variété des catégories est éthiques et s'accroît sans cesse.' La religion, grande l'art, la morale en forment les principaux à départements, qui se morcellent l'infini. Pour satisfaire ses sentiments et ses aspirations dans cet ordre, l'homme normal de notre temps sera croyant ou amateur d'art ou de sport, membre de sociétés philosophe, de moralité, et d'assistance. Les oppositions d'enseignement Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LES CATÉGORIES SOCIALES ET LEUR CONTENU 7 ne manqueront pas plus entre les catégories éthiques que dans l'intérieur de chacune d'elles. Non seulement les groupes relimais; encore ils auront à mutuellement, gieux se combattront se liguer pour résister aux attaques des groupes irréligieux. de l'art que dans celle de Et, tout aussi bien dans la catégorie la religion, en plus de la nécessaire opposition organique qui se manifeste à l'intérieur de toute collectivité il y agissante, a l'opposition juridique, peut-on dire, qui parfois suscite des conflits entre les fidèles et le prêtre désireux de vivre plus confortablement de l'autel, entre les amateurs et les artistes, ceux-ci défendant leur pain contre ceux-là. est développée et plus les catéPlus la sociabilité générale et différenciées, gories sont nombreuses plus aussi les oppositions intérieures finalement, s'y manifestent pour concourir comme on le verra plus-loin, à créer de la solidarité générale entre les dans la catégorie, de même que lès oppositions ou se terminent se résolvent en contrat de solidarité catégories de, celles que la lutte a vidées de tout contenu par. l'élimination de la division ou fonctions réel. Et de même que les catégories à en nombre et en importance du travail social croissent de même on mesure que se développe la sociabilité générale, au nombre d'un individu le degré de, sociabilité peut mesurer avec les des catégories qui font en lui, et dans ses rapports de diviser méthodide la société, fonction autres membres son activité dans les divers modes de sa vie de relaquement il dans un autre travail, été examiné tion. Ce point ayant ici (1). n'est pas nécessaire.de davantage s'y arrêter à plusieurs Ce fait, que le même individu peut appartenir tandis qu'à une seule qu'il ne peut appartenir catégories, entre la catégorie et la essentielle classe; établit une différence dans le développement social, des classe. Elles ont d'ailleurs, distinctes, non seulement fonctions profondément séparées, et dans la direction mais encore nettement qu'elles opposées (1) V. L'Individu, l'Association et l'Etat,, chap. 1er, § 9 : «l'Associé dans la Démocratie moderne », pp. 55 à 60. (Félix Alcan, éditeur, Paris, 190,7.) Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 8 REVUE SOCIALISTE La solidarité suivent et dans les résultats procurent. qu'elles de la classe tout autant est la caractéristique que de majeure atteste intérieure encore que son activité la catégorie, égaleMais tandis qu'à mesure ment des conflits multiples. qu'elles les classes s'opposent social et se désagrègent, perdent l'empire de plus en plus mais sur un terrain avec plus de combativité, leurs conflits et tendre atténuer réduit, on voit les catégories sociale toudans une coopération en accords à les résoudre En sorte que la achèvement. jours en voie de plus complet est la au temps présent, des classes, caractéristique majeure lutte rétrécie, tandis que la coopération déjà élargie apparaît de la catégorie, comme la caractéristique visiblement majeure au dehors d'elle, dans la société générale, non pas seulement elle-même. Elle réunit, en effet, par des mais dans la catégorie des classes les plus liens de plus en plus forts, les membres activité de coopération. opposées et leur impose une croissante Nous aurons plus loin l'occasion de constater que le dévelopsocial doit beaucoup de catépement plus à ces coopérations ces dernières seules luttes de classe. Jusqu'ici, gorie qu'aux ont été aperçues. Le rôle des premières reste à étudier. On va voir sommairement en quoi il consiste et combien croît son sociale. dans des articles il Ensuite, ultérieurs, importance le développement de la.catéy aura lieu d'étudier historique à la décroissance gorie parallèle progressive d'homogénéité, et de socialité de la classe. d'impénétrabilité 2. ---Les solidarités de catégorie sont en général plus fortes de classe, bien que celles-ci se montrent que les solidarités Les révoltes de paysans parfois singulièrement agissantes. contre les seigneurs, d'ouvriers contre les patrons sont dans l'histoire infiniment plus rares que leurs solidarités nationales, et surtout Les chouanneries sont parpolitiques religieuses. tout et toujours et plus tenaces plus nombreuses que les jacqueries. La lutte entre les classes n'est d'ailleurs possible que de la solidarité a été développé dans l'inlorsque le sentiment térieur de la classe, et surtout les membres d'une lorsque Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LES CATÉGORIES SOCIALES ET LEUR CONTENU 9 même classe sont groupés par masses homogènes ou communiquent très facilement, entre eux. Mais la lutte de classe n'est jamais, ni nulle part, engagée à fond,- ni sur toute la ligne, sauf par rares moments, non faute d'un degré suffisant seulement de solidarité entre membres d'une même classe, ou parce qu'ils sont dispersés et sans communication rapide entre eux, mais aussi parce que d'autres sentiments de classe agissent en eux. Ils sont que le sentiment de leur classe : ouvriers ou patrons, mais ils' sont aussi de : producteurs leur catégorie ou consommateurs, et voilà qui la solidarité de classe, à brisera ou tout au moins contrariera La solidarité de l'intérieur même des catégories économiques. classe se trouve plus fortement contrariée encore lorsqu'elle des catégories : croyants se heurté aux solidarités et éthiques Ou aux solidarités des et hérétiques, orthodoxes incroyants, : monarchistes et républicains, parlecatégories juridiques de et césàriens, etc. Aussi les grands groupements mentaires le plus exacla prétention^ d'interpréter classe qui se disputent dans l'effort qu'ils tement la pensée de Marx se rejoignent-ils à la classe et subordonner font tous deux pour tout rapporter de au sentiment de catégorie chez l'individu le sentiment à l'envi que tous ses désirs, catégoclasse, en lui promettant par son unique action de classe. riques seront satisfaits « Il est temps que le Parti socialiste dise ce qu'il pense, non de tous ces mais.aussi delà, franc-maçonnerie, pas seulement les efforts de ses militants à côté qui sollicitent groupements tout aussi bien accomplir qu'ils peuvent pour une besogne dans son sein (1). » C'est la pensée même de Jules Guesde, qui le titre donné au recueil des artiadmirablement synthétise au sociacles qu'il a publiés, depuis trente ans, pour intégrer à ou subordonner humaine lisme tous les modes de 'l'activité et progrès d'ordre juridique les réformes la victoire socialiste Socialisme 'du 21 janvier 1912. (1) J.-P. GRANVALLET, (2) En garde contre les contrefaçons, les mirages et la fausse monnaie des' réformes, bourgeoises. (Publications Jules Roufi" et Cie,,J'aris 1911.) Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 10 REVUE SOCIALISTE sociaaux députés et éthique (2). Cette pensée a servi d'excuse listes qui, par peur du prétendu grand électeur de village et de de se sont laissé aller à refuser coin de rue qu'est le débitant, où la de ces assommoirs du nombre discuter la limitation à l'émancipation classe ouvrière dévie de sa marche plus cer/ tainement popuque dans les loges ou dans les universités laires. de ses collègues De la déclaration qu'au nom de plusieurs devait à la tribune de la du groupe, porter Compère-Morel le renvoi Chambre dans la séance du 5 février 1912, lorsque « à fin d'enterrement à la Commission, », l'en a prononcé il ressort qu'ils "n'auraient pas voté la proposition empêché, « surtout » parce que « l'ouverture d'un débit a été trop souvent, pour les travailleurs ayant, fait leur devoir de syndiqué et de socialiste, l'unique refuge contre les proscriptions patronales ». L'argument valait plus il y a vingt ans qu'aujourd'hui, où le parti et le syndicat sont assez forts pour faire respecter leurs militants, ou leur trouver une occupation dans les ou leur constituer une clientèle autre coopératives, que de Mais voici le fond de la doctrine paralysante : « Nous buveurs. conscience de mener avons, disent les auteurs de la déclaration, contre le seul combat l'alcool qui ne soit pas une duperie nous le répétons, l'alcoolisme ne disparaîtra puisque, qu'avec la misère (1). » Combien plus avisés sont les syndicats, même les plus révolutionnaires en ce moment d'allures, qui mènent une bataille de plus en plus ardente et étendue contre l'alcoolisme, ennemi intérieur .beaucoup plus dangereux que l'ennemi extérieur qu'est le maître du travail et du salaire (2). (1) La déclaration porte les signatures de Jules Guesde, Compère-Morel, Lamendin, de la Porte, H. Ghesquière, Mistral, Delory, Ch. Dumas, Bettfulle, Aldy, Gabriel Eïlen-Prevost, G. Dubled, Lecointe, J. Laucke, J.-B. Lavaud, Thivrier, Rognon, Hubert-Rouger, F. Manus, Raoul Briquet, Basly, Myrens, L. Nicolas, A. Wilm. (Socialisme du 10 février 1912.) (2) Voir entre autres, rien que pour les premiers mois de 1912, la Tribune, de la Voie ferrée du 16 février, le Travailleur' du Bâtiment du 1er mars; la Bataille Syndicaliste du 22 mai, art. de Le Guéry sur les diamantaires.. — Voir aussi, de LÉON et MAURICEBONNEFF,Marchands de Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LES CATÉGORIES SOCIALES ET LEUR CONTENU 11 Pour ne vouloir grouper, ses adhérents que sur le terrain desla classe, au point de s'opposer à l'admission de travailleurs dits intellectuels dans les Bourses du Travail (1), le syndicalisme orthodoxe n'en prétend pas moins contenir et exprimer tous les modes de l'activité de relation du syndiqué, au mé-> 1er des statuts confédéraux (2). Tout en déclapris de l'article rant qu'il n'est pas un parti politique, il poursuit la ruine de toutes les institutions et, en première ligne, de politiques sur la thèse marxiste l'Etat, en se fondant qui fait dépendre et éthiques les formes juridiques du mouvement économique. Dans cette thèse, tous les modes de notre activité de relation étant ramenés la à la Catégorie économique, ou/subordonnés oratoire de l'article lop ne trompe en réalité pas précaution à la C. G. T. S'ils l'affiliation même les novices qui demandent ils en sont n'adhèrent révolutionnaire, pas au syndicalisme à ses mots d'ordre et à rester au désobéir quittes pour travail quand il réitère auprès d'eux ses fréquents appels à Il n'en demeure la grève générale. pas moins que, comme les les néo-marxistes du syndicamarxistes du parti socialiste, à enfermer dans la classe toutes les catégories lisme tendent Et comme la classe ne les peut contenir v de l'activité humaine. est forcé de se contredire toutes, le socialisme pour agir (3), Folie, notamment aux pp. 29-30 et 40-4.1 sur l'activité antialcoolique des , syndicats dé tailleurs de pierres et de carriers..'— Se reporter aussi aux nombreux appels de la Fédération ouvrière antialcoolique, dont le siège est à la Bourse du Travail de Paris,- et qui sont publiés par tous les journaux syndicalistes et professionnels, et'aussi ' par les quotidiens démo. crates et socialistes auxquels la Fédération les communique. . (1) V. art. précéd. V. aussi la polémique ouverte sur les «manuels» et les « intellectuels » entre Pouget, Yvetot, Laisant, etc., Guerre Sociale des 10 et 17 janvier et 6 février 1912; Bataille Syndicaliste des 31 janvier et 13 février; Temps Nouveaux des 3 février et 13 avril. (2) La Confédération Générale du Travail... «groupe, en dehors de toute' école politique, tous les travailleurs conscients, de la lutte à mener pour la disparition du salariat et dû patronat ». j(3) Le 17 août 1899, la Petite République ouvrit une consultation internationale sur. la question.de savoir si le prolétariat socialiste pouvait, «,sans manquer au principe de la lutte des classes, intervenir dans les conflits des diverses fractions bourgeoises, soit pour sauver la liberté poli- Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE SOCIALISTE 12 tandis que le syndicalisme ne peut agir que faiblement (1). et et toute l'Europe 3. — Dans les sociétés démocratiques, civilisées sont plus ou moins des sociétés toute l'Amérique la lutte de ou à forte tendance démocratique, démocratiques irréducà un résidu économique classe tend à être ramenée tible; et ce résidu est encore filtré et réduit par les oppositions entre individus de même classe économiques qui se produisent les individus et les solidarités économiques qui lient ensemble C'est ainsi qu'on verra la Fédération de «lasses différentes. deux ans de se refuser des Ouvriers mécaniciens pendant fondre dans la Fédération des Ouvriers des Métaux, parce en grande de manoeuvres, partie que celle-ci est composée à chômages et à faibles salaires, ouvriers peu aptes fréquents à fournir les cotisations relativement élevées par conséquent un très effiaux mécaniciens de se procurer qui permettent cace secours de chômage. Les choses cependant se sont arrana eu ce des mécaniciens aux métallurgistes gées et la réunion résultat heureux de procurer à ceux-ci le bénéfice de la caisse de chômage, transformée à cet effet en caisse fédérale facultative. Aujourd'hui les ouvriers à faible gain peuvent y verser une cotisation réduite ils reçoivent un mojfennant laquelle secours proportionnel à cette cotisation (2). Mais les choses ne s'arrangent aussi amiablement. pas toujours Lorsqu'en 1906 le gouvernement du canton de Bâle-Ville voulut créer l'assurance cantonale contre le chômage, les ouvriers qualitique, soit, comme dans l'affaire Dreyfus, pour défendre l'humanité. La presque unanimité des socialistes qualifiés du monde entier accepta le reproche de contradiction et proclama le double devoir de défendre la démocratie et l'humanité. (1) Tandis que nos effectifs confédéraux français n'atteignent pas la moitié d'un' million de membres, le contingent des syndiqués fédérés et confédérés d'Allemagne s'élève à deux millions et' demi. L'Angleterre, qui comme l'Allemagne ne demande à ses syndiqués que leur activité syndicale groupe le même formidable contingent. (2) Art. 3 et 18 des Statuts de-la Caisse fédérale de Chômage des ouvriers des métaux et similaires de France. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LES CATÉGORIES SOCIALES ET' LEUR CONTENU 13 d'alimenter une caisse dans fiés, qui chôment peu, refusèrent surtout (1). Il fallut, laquelle devaient puiser les manoeuvres en 1910, créer une caisse .cantonale et non plus facultative, communautaire, obligatoire <2). Juger ces défauts de fraternité au nom d'une morale qui dépasse la justice les condamner ni qu'ils doivent demeurer soient, n'empêchera .pas qu'ils au coeur des hommes. encore longtemps La solidarité de classe économique sur le terrain réduit des intérêts est moindre considérablement économiques encore dans la classe des employeurs. Non seulement chaque fabricant ses produits sur le marché est par définition portant -— concurrence de tous ses confrères, le concurrent qui se résout plus vite en concours et coalition parmi les membres dé la classe des salariés, —r-mais encore les contrats d'union et moins .momentanée pour la lutte sont moins facilement communément observés par les combattants du camp patronal où le synque par; ceux du camp ouvrier, même aujourd'hui croît plus rapidement dicalisme patronal que le syndicalisme ouvrier, si-bien qu'au train dont il va il l'aura vite dépassé (3). C'est ainsi que, dans les lock-oiit organisés pour répondre on voit fréquemment les petits aux grèves ou les prévenir, faute dé lâcher entrepreneurs pied et céder aux grévistes, un long chômage avec la même capacité supporter pouvoir (1). Beaucoup de chômeurs de la deuxième année étaient les mêmes, que ceux de la première. Beaucoup de ceux de la troisième année avaient déjà' demandé des secours la'première, et la seconde. Beaucoup de ceux de. 1906 s'étaient déjà présentés les quatre années précédentes. (CH. RIST, •' . Petit Méridional, .juillet- 1906.) (2) Cette caisse est « destinée, d'une part, à obtenir des individus régulièrement secourus en hiver par la ville un <petit effort personnel d'âssu-, rance, 'et, d'autre part, à soutenir les caisses indépendantes des syndicats ouvriers». (Rapport du Dr E. Hofmann, conseiller national du canton de Bâle-Ville, à la Conférence internationale du Chômage, Paris, 18-21 septembre 1910. Compte rendu, t. III, rapp. 46, p. 15.) (3) Tandis que de, 1906 à 1911 l'effectif des syndicats patronaux s'élevait de 268.036 membres à 403.759, soit une augmentation de plus de .50 pour cent, l'effectif des syndicats ouvriers ne s'élevait que de 836.134 à 1.029.238, en augmentation de 23 pour cent seulement. Le recensement de 1906 portant à -6.286.570 le nombre des patrons et patronnes et à 13.840.471 celui des Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 14 REVUE SOCIALISTE et pourvus outillés mieux de résistance que leurs confrères de capitaux. très concevable Les ouvriers considèrent avec une ironie sous l'hégéà se placer la résistance des petits employeurs « Il paraît monie de leurs confrères que les plus fortunés. eux aussi, que les de Lyon s'aperçoivent, petits employeurs dans une et que leur groupement les dévorer, gros veulent facilite cette absortion. chambre Aussi, à syndicale unique une chambre ils ont décidé de constituer syndiquelques-uns, cale indépendante de celle de la rue des Archers, qui est » (1). adhérente à la Fédération nationale. En Allemagne, où les unions sont nombreuses, patronales fortes et combatives, celles de la grande industrie recourent au lock-out et celles de la petite et moyenne plus volontiers industrie au contrat collectif : celles-là surtout des occupant non qualifiés, ouvriers facilement intermanoeuvres, pièces du mécanisme industriel affaire ; ceux-ci ayant changeables à des ouvriers dont ils ne sont pas professionnels, qualifiés, en cas de conflit aigu, de retrouver les équivalents. assurés, Les deux grandes fédérations allemandes s'unispatronales sent cependant assez fortement la lutte contre les lorsque unions ouvrières est devenue ou jugée inévitable' ;• mais elles assez nettement l'une à l'autre sur le terrain même s'opposent de l'économie les premières, nationale, les qui comprennent industries et la grosse métallurgie extractives étant protectionnistes autant les secondés, que sont libre-échangistes vouées aux industries de transformation, aux manufactures et aux: métiers proprement dits (2). Non seulement leur défaut à l'intérieur. d'homogénéité employés et ouvriers dès deux sexes, il y a donc 64 syndiqués sur mille patrons ,et 74 sur mille ouvriers. En 1906 on comptait 42 patrons' • et 60 ouvriers. . .. (1) Travail-leur du Bâtiment du 15 mars'1911. : «La Défense patronale en Allemagne », dans les (2)- V. G. BLONUEL Annales du Musée social, supplément au numéro d'avril 1907. — V. également P. SAINT-GIRONS : L'Assurance patronale contre la Grève, pp. S5 à ' " .90. (Larose-et Tenin, Paris, 1908.) Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LES CATÉGORIES SOCIALES ET LEUR CONTENU 15 les classes de poursuivre la lutte avec la rigueur et empêche l'ensemble affirmés par les théoriciens du matérialisme histola catégorie intervient rique, mais encore, il faut le répéter, de plus en plus ' fréquemment et activement .pour limiter la lutte de classe, l'enfermer dans le domaine éconopurement même la parquer dans une portion réduite mique, et parfois de ce domaine. Sans être sortis dé la catégorie économique, nous venons de voir que c'est le cas entre producteurs de même classe dont les uns sont intéressés à la protection et les autres au libre-échange, selon que les objets qu'ils produisent sont destinés à la consommation nationale ou étrangère. A plus forte raison lorsqu'il s'agit de catégories économiques aussi distinctes et des producque celles des consommateurs teurs. Ici, et toujours sans sortir du domaine économique bien, les classes se mêlent dans général, qu'on le, remarque • la catégorie. Et cela est inévitable. Comme membre de la catégorie des en effet, en tant que se partageant producteurs inégalement lès fruits du travail les ouvriers et les patrons commun; bien à deux classes distinctes et opposées. Mais appartiennent comme membres de la catégorie des consommateurs, ils ont A moins de se contredire, des intérêts communs. lés tenants du matérialisme sont forcés de convenir économique que les communs. intérêts des sentiments communs engendrent donc s'unir dans une ligue Ouvriers et patrons pourront à bon compte des denrées afin de se procurer libre-échangiste ni ces patrons' n'auront alimentaires. Ni ces> ouvriers égard aux aux solidarités de classe qui les lient respectivement dont ils combattront soliouvriers agricoles, et aux fermiers, non dairement un protectionnisme que ceux-ci défendront seront ici, dans moins solidairement. Les uns et les autres les deux camps, solidarisés par la catégorie plus étroitement que par la classe (1). '! (1) Rappelant à ses lecteurs « le cas des métallurgistes de Roùbaix qui, par l'organe de leur syndicat ouvrier..., avaient demandé au Parlement de défendre leur industrie contre la concurrence allemande en votant Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 16 REVUE SOCIALISTE ne sont pas solide classes différentes 4. — Les individus on s'en doute bien. darisés que par les catégories économiques, à soutenir Il n'y a même aucune exagération que les catégories sont productives les catégories et surtout éthiques juridiques, cette au plus haut degré. Elles ont d'ailleurs de solidarité caractéristique qu'on ne trouve pas, du moins au même degré, autant de ne point distinguer dans les catégories économiques: D'une leurs membres. la classe à laquelle appartiennent la catégorie on meurt plus volontiers,pour manière générale, que pour la classe ; pour la patrie, pour sa religion, pour son ou une un profit industriel parti que pour un tarif douanier, de salaire. augmentation du matérialisme Que les tenants historique qui se sont n'allèfaits les instituteurs du syndicalisme révolutionnaire du contraire l'antimilitarisme, guent pas ici comme preuve Il serait évolué en antipatriotisme formel, de leurs militants. qui se sont trop facile en effet de montrer que les ouvriers donné l'organisation de classe la plus sérieuse, et qui mènent la lutte de classe avec le plus d'énergie et le plus de succès sur le terrain limité de la production, ne sont pas les syndiqués révolutionnaires Ceux-ci forment une minorité dans, français. la masse des syndiqués, chez nous minoqui sont eux-mêmes rité infime dans la masse des ouvriers à qui manque tout sentiment de classe, et en tout cas ne l'expriment par aucun acte. La lutte de classe n'est vraiment et d'un véritable menée, train, que par les syndiqués etc., qui, pour anglais, allemands, les tarifs protecteurs que réclamaient leurs patrons», et y ajoutant celui des sculpteurs sur bois, dont la concurrence étrangère a diminué le nombre de moitié en quelques années, et qui demandent « l'élévation des tarifs d'entrée sur les meubles et sièges sculptés», la Revue du Syndicalisme français,, organe des néo-monarchistes, disait non sans rire de ce double accroc à laNlutte de classe et à l'internationalisme : « Bon gré, mal gré..., les travailleurs organisés pour la défense de leurs intérêts économiques doivent reconnaître qu'il existe des questions nationales et qu'ils sont obligés, pour les résoudre à leur avantage, de faire complètement .abstraction de leurs préjugés, humanitaires. ou, comme ils aiment à dire, de leurs principes internationalistes ». (Art. « le Nationalisme ouvrier .., pp. 57.58, n° de juillet 1909). Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LES CATÉGORIES SOCIALES' ET LEUR CONTENU Pv?/ , • • S^oft attachés à la être fermement paix entre les nations et résolus^ sacrifices aux plus grands ne sont pôinfN-.. pour la maintenir, des négateurs de leur nationalité pour cela, bien au contraire, respective.. En France, comme partout, le patriotisme esfun sentiment de la catégorie politique Quand les orgasupérieure. puissant de classe, parti socialiste nisations ou fédérations ouvrières, en face du sentiment de nationalité, se trouvent elles doivent la classe à la catégorie subordonner et admettre avec les socialiste Congrès de l'Internationale que la Pologne, supprien 1793, renaisse comme nationalité mée par les puissances Le groupement des délégués polonais en nationalité distincte. de se heurter à distincte ' et autonome me cessa cependant de la délégation de allemande Congrès l'opposition qu'au revendication le en 1893.' Leur devant Zurich, produite en août 1891, avait eu son retentisseCongrès de Bruxelles, sociale allemande tenu à ment au Congrès de la démocratie les sociaErfurt deux mois après (1). En Autriche-Hongrie, " listes et les refusent avec une égale énergie de syndiqués les éléments le terrain de la nationalité, tchèques, quitter ' d'être infériorisés ruthènes, etc., se plaignant par polonais, avait les éléments allemands (2),. Le gouvernement impérial l'ùnitacru pouvoir aux nationalités divergentes opposer à celle-ci le suffrage en accordant risme de la classe ouvrière universel : il ne fit que donner la preuve que l'unité doctrinale des ne tient pas devant la diversité socialiste et syndicaliste D'ailet des intérêts. des èoutumes des langages, sentiments, dans le syndicalisme existait leurs le conflit des nationalités (1) Au Congrès de Zurich, la délégation polonaise déclara qu'elle ne voulait pas. «laisser ressusciter les anciennes tendances nationales chauvinistes», mais néanmoins entendait «garder sa place légitime dans la grande armée national* socialiste ». (Rapport, de la Délégation polonaise. Revue Socialiste, 15 septembre 1894, pp. 339-344). (2) V. du Dr EDVARDBENÈS: « Les Luttes nationales et le Socialisme et, du en Autriche-Hongrie », Revue Socialiste du 15 août 1908, ' pp. 97-112, ' même auteur : « Le Socialisme , eh Autriche etv ,les prochaines élections .; législatives », même recueil, 15 juillet 1911, pp. 56-67. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 1S REVUE SOCIALISTE s'étaient de Bohême et les syndicats séparés austro-hongrois fût universel avant que le suffrage de la Centrale viennoise des Habsbourg. dans la monarchie octroyé à la classe ouvrière du Temps : « En Comme le dit le correspondant particulier nationalisme, exclut,le dans le Capital, le socialisme théorie, Mais en chrétienne-dans tout comme la religion l'Evangile. » (1). toutes les différences reparaissent pratique ont parfois une telle violence nationalistes Les courants efficade elasse ne peuvent s'y opposer -que les organisations même dans des ,pays plus fortement cement, homogénéisés multinational d'Autriche-Hongrie. L*exemple que le damier nous est fourni du parti socialiste italien, par l'impuissance fut décidée la conquête de la Tripolitaine. Bien pis : lorsque on a vu alors certains doctrinaires de la lutte de classe se dans le flot trouble jeter à corps perdu qui emportait pèle-" mêle les catégories et les classes, la bénédiction de Pie X et l'adhésion des S3'ndicalistes révolutionnaires Arturo Labriola, en ces termes Paolo Orano et Olivetti. Ce dernier répondait au blâme de ses amis : « Il me semble que nos camarades se laisent leurrer démocrapar de vieux clichés humanitaires, très tiques et pacifistes que le syndicalisme répudie depuis à Alceste de Ambris, (2).» longtemps Quant qui demeurait ferme sur la rive syndicaliste et regardait passer le flot qui emses amis, il se bornait à protester triportait que la question était « absolument en dehors du domaine ouvrier». politaine L'aventure de ses disciples italiens n'a pas dû contrarier plus M. Georges Sorel, envasé lui-même qu'étonner dans la petite mare où s'agitent les néo-royalistes du nationalisme intégral. ils y ont bien barboté, Quand ils disent qu'ils ont créé un courant. Il n'a pas. fallu moins que la Méditerranée pour l'essor de MM. Labriola, Orano et Olivetti. Voilà pourtant où conduisent les «réflexions sur la violence». (-1)P. C. « Lettre d'Autriche : Nationalité et Syndicalisme», - j let 1910. ' ' Petite (2) République du 6 octobre 1911." Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF n° du' 9 juil. LES CATÉGORIES SOCIALES ET LEUR CONTENU 19 Si fortes que soient les réactions des catégories juridiques, et notamment du patriotisme, contre les sentiments de classe, elles le sont peut-être encore davantage dans les catégories et tout particulièrement dans le domaine éthiques, religieux. On rencontre des contradicbien, dans la pratique/ religieuse, tions inspirées de classe : par des moeurs et des sentiments le clergé qui multiplie les cierges et enfle ses voix aux obsèques du riche en envoyant crotté jeter Une prière Un, prestolet distraite et. trois gouttes d'eau bénite sur le cercueil du pauvre nous apparaît comme un clergé de classe tout autant que les cent trente-six nobles porteurs de mitres sur les cent quarante et évêques la France à la veille archevêques que comptait de la Révolution améri(1). De même, dans le protestantisme où un pauvre, et à plus cain, il y a des temples aristocratiques un nègre, n'oserait entrer et surtout s'asseoir. forte raison Les religions fusionnent bien moins les classes qu'elles ne les la bonté aux supérieures et. la soumissuperposent, prêchant des Mais si elles ajournent sion aux inférieures. l'égalité classes et des individus au lendemain de la mort, elles ont les classes sinon incontestable une efficacité pour concilier l'idée qu'elles, s'en dans leurs intérêts réels, du moins-dans d'aufont. Il faut d'ailleurs entre lés orthodoxies distinguer et égaliet les sectes démocratiques torité et de hiérarchie taires (2). En tout cas et dans son essence profonde, nulle des n'est fondée sur un principe sectes et dés religions chrétiennes fondées sur. l'indisde classe. Bien plutôt isont-elles toutes et elles y; tinction des classes, ou du moins prétendent-elles, commun à les réunir toutes dans un sentiment réussissent, '. dominant tous les autres. , , ., , / i ' ' '' 1 -'.'., ; * , (1) A peine comptait-on, en,1789, trois ou quatre diocèses dont les titulaires fussent roturiers. C'étaient naturellement les plus pauvres, les évéchés de laquais, comme les courtisans disaient avec dédain. —A.'DEBÏDOUR, Histoire des 'rapports de l'Eglise et de l'Etat en France, de 1789 II 1870, ' ' , , pp. 25-26. (Félix Alcan, Paris, 1898). (2) Les unes se fondent sur la parabole du mauvais riche (Luc, xvi, 19aux maîtres que l'apôtre Paul prêche 25), et les autres sur ^obéissance '' aux esclaves (Eph. vi, 5-8). , Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 20 REVUE SOCIALISTE les fraternités Eglises triomphantes suppriment il faut le tout au moins, des Eglises souffrantes, égalitaires leur caractère social, conservateur, disciplimairement répéter, où leur loi est la paix entre les classes établit-il partout les classes, Unit donc fortement acceptée. L'esprit religieux sauf après la mais sans les abolir dans sa catégorie propre, cet ordre, mort. Cependant les classes assujetties acceptent héréditaire dont leur accepbien plus par une soumission d'une réparation tation est le signe que par l'espérance supraEn sorte que, lorsque le prêtre récommande la miséterrestre. ricorde aux classes et la résignation aux infésupérieures il est bien plus écouté de celles-ci que de celles-là. rieures, Et l'amalgame est assez solide pour qu'on ait vu, au moment de la séparation des Eglises et de l'Etat, les prolétaires cathose montrer dans un liques plus ardents que les bourgeois combat où ils croyaient la religion, défendre mais, où, en réaà. la classe des propriétaires lité, ils luttaient pour conserver l'influence sociale à mesure qui leur échappe que grandit l'esprit démocratique. Si les _ " - EUGÈNE FOURNIÈRE.. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF L'école du propagandiste A plusieurs des essais d'Ecole socialiste ont été reprises, tentés. Mais c'est seulement depuis deux années consécutives d'un succès croissant et que : que les efforts ont été couronnés l'oeuvre a enfin pris force de vie. Nous voudrions ici, non pas > retracer toute son activité, mais seulement exposer les résultats obtenus dans l'une de ces branches de travail, qui a été innovée cet hiver et n'a pas été une des moins intéressantes ni des" moins réussies. et avec juste raison, songé a tout d'abord, L'Ecole socialiste en général. Par de grandes a développer la culture socialiste des militants, elle a essayé conférences faites par les meilleurs de l'idée socialiste; de donner le»« substratuni,» par des séries le de cours sur les problèmes du jour, elle a tenté d'orienter : elle et plus d'exactitude Parti vers plus de connaissance toutes les idées nouvelles voir chez elle se produire espérait dans la doctrine. Elle escomptait, «développer» qui pouvaient la pensée commune»), le sens lé plus large, «animer qui ne dans la réalité de rechercher s'arrêter doit pas un seul instant de et l'examen du devenir social, des raisons' scientifiques de tomber dans un.lamensans risquer croire'au socialisme, de forintellectuel table « crétinisme », dans un « rabâchage» et vides. Cette oeuvre-là, elle la continuera mules, inopérantes demain et, de ce côté, son rôle peut être considérable. être tout. L'Ecole socialiste, Mais ce ne- pouvait par son était ainsi surtout préoccupations origine, par ses spécifiques des esprits des intellectuels, des étudiants, appelée à toucher Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 22 REVUE SOCIALISTE Par les conférences et curieux de tous les milieux. inquiets était son champ mêmes entretenait, d'expansion qu'elle dans et à ne donner au socialisme, à être restreint condamné Ôr l'enseide Faculté. son rôle d'éducation, que des travaux si utile soit-il, ne peut dans un mouvement gnement supérieur, suffire à tout. Il faut de masse comme celui du socialisme il ses cadres, militants qui composent songer aux humbles eux-mêmes éducateurs faut songer à ses sergents-recruteurs, de « vérités » de la grosse foule, en contact avec elle, porteurs et chargés de l'entraîner. sociales, les deux âmes de l'Ecole sociaAussi, dès l'année dernière, liste, le citoyen Alfred Bonnet et la citoyenne Allard, pensaientde faire à l'Ecole ils à une besogne nouvelle en me demandant à une série de cours sur les écoles de propagande socialiste en France, de propagande l'utilité d'une éducation l'étranger, matérielle et morale : ce fut l'ébauche qUe dis-je; sa nécessité ». de 1' « Ecole du propagandiste ? Comment ?. Comment fonctionna-t-elle ficelle organisée d'examiner. C'est ce qu'il importe à furent reconnues règles d'abord indispensables Quelques l'école du à des militants, son existence. Appelée à s'adresser devait durer un délai assez court. Réclamer, propagandiste en 1912, qui était en France et à Paris une particulièrement année d'élections d'hommes sinon eux-mêmes, au municipales, moins indirectement dans la bataille, soiengagés quelques rées en plus, pour suivre des cours assez difficiles, n'était l'effort et en le réduisant dans le possible qu'en concentrant ouverte au milieu de temps. Aussi l'Ecole du propagandiste, fin mars. février, s'est terminée De plus, école des militants, il fallait à tout prix que les' élèves soient des militants du parti. Un appel vigoureux fut adressé à ce sujet à toutes les sections de la Fédération de la Seine ; l'Humanité les communiqués. Et si tout n'a pu être multiplia fait en ce sens, les résultats ont cependant été plus que satisfaisants ; si les élèves n'ont pas été désignés par leurs groupes on verra par le tableau suivant respectifs, étaient en qu'ils Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF L'ÉCOLE DU PROPAGANDISTE 23 des camarades du parti. Il est vrai que dans grande majorité ce but les conditions financières d'admission avaient été ré' duites à fort peu de chose : 1 fr. 25. Cent sept élèves ont été inscrits. seulement Treiite-et^un n'appartenaient pas au parti et se d'élèves ordinaires de vieux de l'Ecole socialiste, composaient habitués des cours du Quartier Latin et d'étudiants étrangers. étudiants à quelques rares exceptions Mais^es français, près, le groupe dés étudiants y brillaient par leur absence. Pourtant, de qui a été fondée l'Ecole sociasur, l'initiative collectivistes, en 1911-1912, et au moins 15 ca70 membres liste, comprenait ' marades actifs.' Les 76 autres se répartissaient ainsi entre les diverses sections : ' • ' ''''i ,', Paris : 2e (2), 4e (4), 5- (7) (ces deux sections corresponoù se dent géographiquement à l'Hôtel des Sociétés Savantes, 6e \%), V, (1), 8e (2), 9e (4), 10e (7), tient l'Ecole socialiste), 31e (6), 12e (2), .13? (3), 14e (4), 15° (1), . I7V (3), 18*, (3), ' ''19e ci). 7 Dans la banlieue : Levallôis (1), Cla(1), Bois-Colombes mart (2), Issy-les-Moulineaux (1), Champi(3), Ivry-sur-Seine (2), Neuilly (1), (1), Vincennes gny (1), Vitry (1), Charentùn (1). Montmorency De plus loin : Esbly (Seine-et-Marne) (1). Les groupes d'ori: Yonne (1),' Cantal (2), ginaires avaient fourni leur contingent Nièvre (1), Landes. (1). : Tchèque Des groupes étrangers (4).; (1), Allemands les deux tiers Signalons qu'au point de Vue professionnel ou des emploj'és, des élèves étaient des ouvriers quelques-uns Au point de vue âge, et de coopératives. militants de syndicats la majorité avait moins de 25 ans; parmi les 76, presque aucun de la présence ne dépassait la quarantaine. Enfin, signalons huit femmes. : de ce qu'on pouvait attendre; fut bien au-dessus L'assiduité des élèves, pour Un cours, était on peut dire que le nombre élèves ont assisté à car plus de quatre-vingts trop nombreux, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 24 " REVUE SOCIALISTE à la moitié,, et c'est à tiers des cours, plus de cinquante au-dessous se réduisit peine si à un ou deux cours l'auditoire être ne pouvait en France, pareil résultat de quarante. Jamais, universiespéré. Quand on songe que pour des cours d'ordre dans l'efune pareille continuité taires, faits par des savants, d'un on peut se réjouir fort n'est presque jamais rémarquée, semblable succès. attirer ce D'un autre confiance, côté, pour donner pour faite fut entièrement public spécial, l'Ecole du propagandiste entre autres : connus du parti socialiste, par des camarades un Thomas, Bracke, Dubreuilh, Landrieu,' Renaudel, Dormoy, le secréLe secrétaire du parti, Roldes, étaient professeurs. taire adjoint, les deux administrateurs du journal l'Humanité, le secrétaire de la Fédération de la Seine, deux délégués perà la propagande,, manents le secrétaire de rédaction du journal le Socialiste, un des principaux le rédacteur en députés, chef de notre revue, etc., etc. Voici autant de titres qui montrent que, pour être moins qu'officieuse, l'Ecole n'en avait pas moins fait appel aux officiels. Les travaux se divisèrent en deux parties : une théorique et une pratique. La partie théorique neuf cours. En voici le décomprenait de l'appel-réclame : tail, par la reproduction qui fut distribué ECOLE SOCIALISTE (3e année) ' Hôtel des Sociétés Savantes, 28, rue Serpente Février-Mars 1912 ÉCOLE DU PROPAGANDISTE MAXENCEROLDES, délégué permanent du Parti socialiste. — Les préjugés et théories opposés à la propagande socialiste : 1° chez les ouvriers (mardi 13 février); 2° chez les petits commerçants et artisans (mardi 27 février); 3" chez les paysans (mardi 5 mars). PH. LANDRIEU, administrateur — L'action coopéde l'Humanité. rative' (mercredi -14 février). 'P. DORMOY, secrétaire de la Fédération de la Seine. — L'action syndicale (mercredi 12 mars). Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF L'ÉCOLE DU PROPAGANDISTE 25 P. RENAUDEL^administrateur de l'Humanité. — L'action du Parti socialiste (mardi 112 mars). A. THOMAS,député. — L'action parlementaire (mardi 19 mars). RRACKE. — La doctrine socialiste (mercredi 28 février). L. DUBREUILH, secrétaire dm Parti socialiste., ^- L'Histoire du Parti socialiste (mercredi 13 mars; L'Histoire du Parti socialiste (suite) (mercredi 20 mars). ,- Conférences de Travail La conférence-de Travail dirigée par le citoyen Poisson, délégué permanent du Parti socialiste, commencera le vendredi 16 février et continuera les vendredi 1CV8, 15 et 22 mars. — La carte du Parti socialiste sera, exigée au moment de l'inscription. Les cours, et conférences de Travail ont lieu à 8 Tièures trois quarts du soir, à l'Hôtel des Sociétés Savantes, 28, rue Serpente. est fixé à 1- fr. 25 pour la série entière. Le droit d'inscription la bonne marche dé l'Ecole. A peine troubler du Congrès remis aux approches quelques, cours furent-ils national de Lyon, et notre camarade Roldes, devenu candidat, fut remplacé -même par le citoyen Gaston Lévy, aujourd'hui à la propagande. délégué permanent le détail des conférences, ici retracer Nous ne pouvons qui, toutes, faites dans le plus grand silence, furent écoutées'avec de très sérieuses la moitié de l'auditoire soin. Presque prenait eurent à peu près tous le eux-mêmes notes. Les professeurs leur exposé. Daiis leur enloisir de préparer soigneusement de leçons et, "bien le caractère semble, les leçons gardèrent des lettres ou on aurait pu se croire à la Faculté facilement, à l'Ecole de médecine. de cette à quoi pourra-'t-on Mais, dira-t-on, juger l'efficacité c'est difficile, car c'est là une oeuvre ? Evidemment, institution ce n'est pas en un jour que l'un meuble, non pas' d'avenir, mais d'un camarade, le cerveau seulement qu'on le met à Et aux autres ce qu'on lui a enseigné. même de transmettre m'a pas été surtout; une école puis, l'Ecole du propagandiste et au premier, chef, une école d'instruction, mais, surtout, de s'en rendre le. meilleur d'éducation. moyen Cependant la partie compte est une étude détaillée de ce qui s'est passé à Rien ne vint Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 26 REVUE SOCIALISTE on pourra des cours ; ainsi impartialement, juger. pratique dans le double cette besogne, j'en rendrai compte Chargé-de et aussi de une -expérience but de faire connaître socialiste, le nombre devant les yeux d'un certain d'élèves, remettre, résumé demandé Ajoutons par eux du travail fait en commun. a eu plus de l'Ecole du propagandiste que la partie pratique de succès encore relativement, sans, théorique, que la partie y fut pour rien, ai-je besoin de le dire, que le cours professoral mais uniquement mieux, y voyaient parce que les militants venus chercher. plus près, le but qu'ils étaient J'ai donné quatre : cours pratiques sur les sujets suivants 1° Comment on choisit un sujet de conférence et comment on l'énonce ; 2° Comment le plan ; on entait 3° Comment on se documente ; pour le remplir 4° Comment on le prononce, sans chercher l'éloquence qui est d'ordre naturel ; c'est d'entrer en contact avec Mais, ce que j'ai tenté surtout, les élèves, de les faire travailler, mettre la main à la pâte, Je ne suis pas encore parvenu comme je l'aurai voulu, mais on va juger si les résultats ne méritent cependant pas d'être intéressants. Comme suite à chaque aux point du cours, j'ai demandé élèves de me remettre des sortes de devoirs pratiques, d'après les principes de l'enseignement ou si l'on veut les donné, conseils de camarade Ils ont donc qui leur avaient été fournis. le voulaient, dû, autant me remettre des titrés qu'eUx-mêmes de conférences et des plans étudiés. «' J'ai reçu ainsi 45 abordant les prosujets de conférences, blèmes les plus divers et dans un état d'esprit souvent différent, mais quelquefois curieux. En voici plus loin un certain et dans leur forme d'énoncé, nombre, qui était le point principal du «devoir ». J'ai, du reste, remis pour chacun une de quelques critique lignes dont j'ai donné lecture devant tout le monde. x Voici d'abord à quoi se résumaient dans les grandes lignes, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF L'ÉCOLE DU PROPAGANDISTE les très quantité 27 simples règles que je leur avais développées sur le choix du sujet : d'exemples, avec une ' . a) Sujet connu par son éducation, ses lectures, ses.connaissances, ' , son goût; b) Sujet d'actualité. Enoncé, ni trop général,, iii trop précis ; c) Tenir compte du but qu'on se propose, du point de vue où l'on se place,v de la situation que l'on occupe. Voici ce que les leurs énoncés :. élèves en ont tiré dans quelques-uns de « De la nécessité du groupement. La nécessité du prolétariat dé L'ors'organiser. Le rôle de la femme socialiste dans l'éducation. sur la femme. ganisation des femmes et l'influence de l'organisation La valeur de l'organisation pour'la femme. La vie chère et la suppression des droits de douane. La vie chère et la coopération. L'alcoolisme et la classe ouvrière. Les bouilleurs de cru et le socialisme^ Le socialisme et la conquête des paysans. ,Le collectivisme. Le petit Un patronat dans la lutte de classe. Socialisme et antialcoolisme. argument bourgeois contre Te droit de grève. L'intérêt public. La construction à bon marché. La propad'habitations municipales - gande socialiste et la campagne municipale. Le socialisme dans les Pourquoi nous présentons des candidats ? Pourquoi municipalités. à bon marché indiviet comment je,suis socialiste. L'habitation duelle et collective. Pour ou contre le socialisme municipal. Le moyen d'unir le syndicalisme au socialisme. Le rôle que peut jouer les syndicats de mineurs en cas de conflit international. L'idée et les employés de commerce. ,Le chômage i devant le syndicaliste capitalisme. La coopération devant la loi des retraites. Où vont les La liberté d'opinion chez les fonctionorphelins du prolétariat? 'naires. Les ouvriers étrangers en France. Pourquoi nous préférons nous grouper en syndicat plutôt qu'en association. La liberté dé la décoration, ameublement, presse. Une maison sociale (architecture, des et socialisme. T>u nombre croissant Colonisation hygiène). hommes illettrés. L'instruction obligatoire des adultes et du sociaet vandalisme, Enseignement lisme. Ànarchisme technique et professionnel, etc., etc., etc. » Pour compléter, je mets, sôus les yeux des lecteurs, du professeur : de ces « devoirs » avec les remarques Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF cinq ' 28 REVUE SOCIALISTE SUJET CHOISI POUR UN PROJET DE CONFERENCE 1° Des moyens que compte employer le P. S. pour remédier à la vie chère. serait d'en réduire l'énoncé Sujet trop long, mais à, condition très utile à traiter et pourrait souvent servir à un propagandiste. 2° Le Collectivisme. Bien trop général ; très difficile pour Un militant à ses débuts, car cela a été mille fois traité, ou alors, il faut de l'originalité et de grandes connaissances. C'est à voir. 3° Pourquoi nous présentons des candidats. « n s'agit dans mon esprit des élections municipales commune où un ou deux socialistes à peine pourraient dans les circonstances les plus favorables. » Tout à fait bien et utile pour tous les militants, très pris ma méthode. dans une être élus bien com- ÉLECTIONS MUNICIPALESDE 1912 Le citoyen X... traitera le sujet suivant : 4° La vie chère et la suppression des droits de douane. « Le militant socialiste devra expliquer pourquoi le Parti Sociaimmédiate la suppression des . liste réclame comme amélioration droits de douane ; comment et dans quelle mesure cette suppression peut soulager là misère présente. » C'est très intéressant, un peu spécial, demande beaucoup de compétence et d'effort pour bien le traiter. .5° L'action ouvrière. de proTrop vague, trop imprécis, mais bon sujet de conférence pagande si l'on traite comment la classe ouvrière peut agir pour ? s'émanciper Mais ce n'est pas tout ; 18 élèves ont continué, ont été plus loin et ont remis un plan complet, de plusieurs quelquefois à la pages, ce qui du reste, ne leur était point recommandé, suite les règles suivantes données pour un plan de conférences et illustrées encore d'un grand nombre d'exemples. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF L'ÉCOLE DU PROPAGANDISTE 29 RÈGLESPOUR LE PLA.NDE LA CONFÉRENCEPAR LE PROFESSEUR 1° Règles générales. . a) y réfléchir. b) un tout. ' ' ' c) l'écrire. \ d) le faire au début. Pourquoi ? 2° "Méthode de. construction. v a) sa constitution idéale. ,.-, b) son établissement pratique. a) décomposition ,du titre par analyse : critique et positif ; passé, présent, avenir ; ici, ailleurs ; thèse, antithèse, syn' . thèse. . __ et conclusion. b) négliger introduction / c)' examen suivant la même méthode (a) des deux ou trois ' sous-titres trouvés, surtout' d'après les faits, puis ranger ! tous les autres faits sous ses rubriques. \ d) idées qui surgissent au cours de ce, travail. ' a) Mettre de côté et noter. b) les classer et au besoin remanier le plus légèrement -i possible. " ' . 3° Faire introduction, conclusion. a) introduction courte, écrite, exposant le problème à traiter ou la y raison qui a conduit à examiner le sujet. résumé très bref, non de ce qu'on a dit, mais b) conclusion, • voulu démontrer. de l'idée générale qui: forme le tout en quelques e) répétition phrases. d) péroraison ou finale. Le plus souvent la savoir par coeur et finir • ' \" r s de suite. d'étudiant consciencieux, scrupuleux (quoidu professeur, qu'on puisse penser de la méthode universitaire les militants de l'Ecole ont tous essayé qui en fut l'élève), on le verra facilement aux les règles précédentes, d'appliquer remis au long des cours, et que nous plans suivants, quelques tels quels sans y changer un mot. Deux seulereproduisons et impossibles ; mais nous remarquons ment étaient inférieurs _' combien il est elle-même, que pour une école se composant curieux de ne pas avoir été encombrés par les élùcubrations Avec un soin Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF ' REVUE SOCIALISTE 30 ou encore les producde fous ou les insuffisances d'ignorants, tions de braves étrangers, qu'on leur apprenne trop heureux à chacun ; écrites ont été remises là le français. L)es critiques d'autant elles étaient plus faciles que les élèves pouvaient tous. , ne pas signer leur oeuvre, ce qu'ils, firent presque par une femme : 1° L'instruction obligatoire des adultes et le socialisme (Plan de conférence pour une réunion de groupe dans une ville). des adultes : prolongaCe qu'on appelle l'instruction obligatoire tion de l'âge scolaire ; enseignement complémentaire. Etat de la question en France : Voeux émis par le Congrès' radical de Dijoù en 1908 ; projet du gouvernement d'après le rapport de M. Çohendy. Etat de la question à l'étranger par deux exemples : Suisse et Allede la question dans ces deux pays ; la magne : bref historique matérielle des cours ; les question de l'obligation ; l'organisation 1 'matières enseignées. L'intérêt que le Parti socialiste a au vote de cette réforme. A..— Intérêt général : développement physique des adultes : dimiintellecnution des heures de travail d'atelier ; développement et de la conscience. tuel et moral : éveil de l'intelligence déveB. — Intérêt de parti : L'éveil' de la conscience individuelle de classe ; le Parti vaut ce que loppe l'éveil de la conscience valent les individus qui le composent. L'esprit dans lequel le Parti doit's'efforcer que la réforme soit faite. A. -— Confection des programmes : adaptation aux métiers et aux des lois sociales existantes ; neutralité régions ; enseignement sur le régime capitaliste. d'opinions B. —Personnel des éléments ouvriers. enseignant : collaboration des adultes est un Idée, générale. — L'instruction obligatoire commencement de réalisation de l'idéal socialiste^ car elle tend à , créer des hommes plus conscients de cet idéal, c'est-à-dire plus de l'entrevoir et de se dévouer à lui. capables Présenté 2° L'action socialiste au conseil municipal en banlieue. 1° Réclamer l'autonomie des communes et citer en exemple- de tutelle les propositions refusées par le Préfet. 2° Ce qui se fait à l'étranger au point de vue municipal : application de la régie directe. — Ce qui se fait en France et qui s'est villes. déjà fait dans de nombreuses Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF L'ÉCOLE DU PROPAGANDISTE. 3° Ce que nous pouvons faire : dans oeuvres sociales et comme régie. • l'enseignement, ; 31 dans les 3° Nécessités de l'organisation dans la classe ouvrière. ' " ' •"' ' "' ''. Plan:. ,^ 1° Dans la société telle qu'elle est constituée à l'heure présente, de travailleur désireux de plus de bien-être et-qui, voulant conne compterait quérir son émancipation, que sur son action personnelle verrait ses efforts frappés d'impuissance. 2° La concentration industrielle et commerciale s'opérant dé plus en plus et centralisant par cela même toutes ses forces, al est nécessaire pour que la classe ouvrière lutte avec avantage contre ces forces puissamment concentre toutes ses, organisées, qu'elle^aussi ouvrières et énergies et toute son action dans les organisations • constituées i par elle. 3° Indiquer alors quelles sont ces organisations (syndicats, Parfi socialiste et coopérative) et quelle est leur puissance d'émancipa' ' '.''. tion. ' Conclusion: / . Terminer en indiquant que ce n'est que de faction commune de ces trois formes d'organisations (qui cependant doivent conserver leur autonomie), que les travailleurs obtiendront leur émancipation complète et intégrale. 4" Plan d'une; conférence sur la Liberté de la Presse. Introduction: , de Après avoir — eh tant'que jeune -^ demandé l'indulgence mon auditoire, -•j'indiquerai pourquoi la liberté de la presse, par les continuels procès intentés à dés journalistes, se trouve toujours d'actualité et pourquoi actuellement,, par la question de l'aministie, au premier plan des questions du jour. elle 1 est particulièrement !'. * Premier point, Rentrant dans le sujet, je ' commencerai par faire d'une façon de la presse en France, indiquant ses orisuccincte l'historique' gines, lès diverses transformations qu'elle subit et quel est lé degré de liberté dont elle jouit sous les régimes des gouvernements précédents. . '':'--'','' '-'... '. Deuxième point. , Après son historique, je montrerai quelle est la situation actuelle . .:de" la,-.presse. J'indiquerai elle se trouve. sous quelle législation ensuite à entre autres, la loi de 1881. Je montrerai J'énoncerai, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 32 . -, . REVUE SOCIALISTE mon auditoire quelle situation résulte de cette législation. Je citerai années. les nombreuses condamnations de presse de ces dernières ' Troisième point. et avoir montré la situation présente Après avoir fait l'historique Je de la presse, je dirai ce qu'elle devrait être en une République. montrerai la stupidité des poursuites de presse. Je rappellerai.que, les Droits de l'Homme, dont se réclame notre régime; proclament les droits de penser et d'écrire, que le Parti radical se fit toujours le défenseur fervent de la liberté complète de la presse, que les hommes aujourd'hui au pouvoir, les Clemenceau, Briand, et même Je citerai leurs déclarations. Poincaré s'en firent les champions. Conclusions. comment nous ne possédons pas Ayant montré à mon auditoire encore la liberté de la presse et indiqué pourquoi, pour l'honneur l'obtention de cette liberté ,est nécessaire, de la République, je alors par quel moyens cette obtention est possible et montrerai quel est le premier but à atteindre : la revision de la loi de 1881 et des lois dites scélérates de 1893-1894. l'abrogation 5° Un devoir socialiste : la lutte contre l'alcoolisme. Introduction. On peut s'étonner que moi, un jeune, je prenne la parole pour moraliser les adultes et même les vieillards. C'est que, plus que jamais, en ces temps de crises sociales; la nécessité d'une vigoureuse réaction se fiait sentir, que les jeunes gens d'aujourd'hui seront les alcoolisés de demain ; et que c'est d'eux surtout qu'ils doivent attendre le salut contre cette tare sociale et légale. Développement. A. — Ce qu'est le fléau. Court historique sur l'ivresse dansJ.es -. temps. 1° Les méfaits de l'alcool. L'entraînement mophysique, ' social. ral, ' 2° L'exploitation et l'alcoolisme. .patronale B.. — La lutte contre le petit verre. 1° Les efforts fournis jusqu'alors. . 2°;Le programme du.Parti socialiste. Pourquoi il entre en lutte : relever la dignité dé l'Jiomme et la valeur des militants. Conclusion. Je fais appel à toutes les bonnes volontés pour seconder — sans distinction de sectes — l'effort du Parti socialiste, et tout d'abord de prêcher par l'exemple. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF L'ÉCOLE DU PROPAGANDISTE 33 v6° Pourquoi le Parti socialiste présente des candidats aux élections municipales (dans une commune où un ou deux au grand maximum peuvent être élus, dans les circonstances les plus favorables) : Entrée en matière. Pas candidat ; apporte mon appui aux camarades. ' Présentation, ,-.''' Qui sommes-nous ? Candidats ouvriers. Leur désintéressement ; puissance de la conviction. Aperçu sur le socialisme en général. • Mobiles. Que voulons-nous ? Faire de la propagande, s'affirmer ; représendes partis dans la commune. tation proportionnelle Tâche à accomplir. Que ferons-nous ? Brève critique du conseil municipal sortant. Ce que pourront faire nos élus. Conclusion. Appel aux socialistes qui s'ignorent. .'•/,' Mais après l'étude de la documentation, le moyen d'avoir une petite bibliothèque, à conserver, quelques revues, journaux « clou » de l'Ecole lé moyen de les classer et de s'en servir,Te du propagandiste fut dans les deux « cours » où les élèves firent en un quart d'heure chacun de leurs confél'exposé rences. Je signale ces courageux camarades qui affrontèrent : Lesieur, Joly, les planches, fois, la plupart pour la première et les citoyennes Rosenthal et Mailhes Berthaud, Sellier, atteint d'une difficulté naturelle Retier; un dernier, quoique à s'essayer, de la parole, n'hésita mais pas à deux reprises il fut obligé d'y renoncer. écouta les. débuts avec L'auditoire un peu d'envie, et les novices eurent pour leur presérénité, mier essai un gros succès. Sans doute, c'était encore faible, mais en pareille matière,, le premier pas seul compte. Avec d'orateurs et d'accord soin, j'ai voulu éviter l'école ridicule avec nos amis de l'Ecole, la critique porta seulement sur l'attidu début. Il aurait fallu tude, le geste, la lecture ou la rapidité encore ces deux dernières leçons, car élèves pouvoir développer et professeurs ainsi s'approchent Cela sera pour davantage. l'année prochaine et il faudra y songer. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 34 . REVUE SOCIALISTE ont été à tout point de vue Car, en effet, si les résultats tentail ne s'en suit nullement inespérés, que cette première tive et ces premières expériences n'appellent pas des réformes, si on veut que l'Ecole du propagandiste arrive au maximum d'utilité. Certes ce n'est pas rien de savoir qu'au moins deux au Conseil, élèves de l'Ecole ont été candidats aux élections : l'un à Paris, Mailhes; l'autre en banlieue, Flacon, municipal m'a écrit qu'il à Ivry. Ce dernier, élu, dans son enthousiasme, devait son succès à l'Ecole ; ce n'est pas rien que de sentir, suivies et renouvelées, combien d'élèves sont par des lettres reconnaissants de ce qu'on a fait. L'un me dit que cela lui. a permis de se mêler et de faire de la propangande syndicale. entièrement. cela ne me satisfait point encore Cependant Aussi l'Ecole se prometsocialiste, pour l'année prochaine, elle de perfectionner encore l'Ecole du propagandiste. Continuant à « bloquer » les cours, elle en allongera un cependant Des conférences elle fera trois peu le nombre. théoriques, mais entiers, sur les principes sociacours, succints, résumes, l'histoire du Parti, l'Etat et le fonctionnement des listes, mouvements ouvriers avec Parti), (syndicats, coopératives, trois professeurs. Elle doublera l'école pratique et créera particulièrement un cours pour l'étude par la lecture et le résumé de brochures actuels qui par les élèves, des grands problèmes se posent devant le socialisme. Par une propagande directe elle essayera de faire désigner les élèves auprès dés sections, leur nombre. un génépar celles-ci, tout en limitant Quoique reux donateur ait enrichi l'Ecole socialiste, après être venu à l'Ecole du propagandiste, un concours financier modeste, mais sérieux sera réclamé des participants. Ainsi l'Ecole si elle réussit, aura bien mérité, socialiste, non seulement du socialisme, mais de son Parti. E. POISSON. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF Le Mouvement révolutionnaire des Ouvriers hongrois Pour mieux les événements révolutionnaires comprendre récemment écoulés dans la capitale de Hongrie, il faut les éclairer de quelques préliminaires. Il faut savoir, tout d'abord, en que les classes possédantes la haute noblesse et la (les Magnats) Hongrie sont toujours, Mais tandis que les Magnats (les Gentrys). moyenne noblesse et les cléricaux sont en même temps dans la possession de la 1 les Gentrys, (sorte de genplus grande partie du sol hongrois, tilhommes ou junkers ont perdu leur forallemands) français et improductive, tune dans une vie fainéante conservant seulement lés noms distingués et les meilleurs relations familiales. Ce fait s'exprime dans l'occupation des extérieurement hautes fonctions des ministères, de l'administration publique et avant tout dans le maniement du droit et départementale de vote actuel. Le droit de vote actuel est un des plus arriérés et de suffrage de l'Europe. Fondé sur une base de contribution public, qui est effectué dans les centres des arrondissements de mille diffi80 communes, aggravé comprenant parfois les 20 millions d'habitants, cultés, il en résulte que, parmi 1.200.000 ont le droit de vote, dont 350.000 emseulement les autres étant des petits ployés de l'Etat, des municipalités, mais presindustriels, cultivateurs, commerçants, employés, de l'Etat, d'une administous dépendant que sans exception, de l'Etat, ou d'une tration usine %fournisseuse quelconque, du pays, de quelque obligé qui est lui-même potentat comIl en résulte du gouvernement. que les abus électoraux Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 36 ' REVUE SOCIALISTE mis par corruption et sous toute autre forme sont inimaginables et ne connaissent C'est ainsi que les pas de limites. mandats ont leur prix habituel, de 10.000 à 400.000 variant coûta La récente élection de Zenta, par exemple, couronnes. au candidat et au parti 350.000 couronnes gouvernemental, se termina avec une chute - du candidat et, fait curieux, des Finances, et la victoire du d'ailleurs ministre Teleszky, membre du parti Fernbach, indépendant grand propriétaire de l'extrême-gauche. tellement le pays, qu'il scandalisaient Les abus électoraux un tribunal fallut voter une loi (1903) constituant spécial » des candidats mécontents. Mais d'une les « pétitions jugeant part le procédé de la Haute-Cour, qui fut chargée de juger les « pétitionnées élections », d'autre part les frais horriblement ont rendu la loi parfaiteélevés (5.000 à 35.000 couronnes), ment inefficace. C'est grâce à ce droit de vote que la gent de Gentry a pu maintenir son règne inconcevable. à la'Chambre, c'était son parti, Au parlement, c'estnà-dire de le parti dit « libéral », qui était le parti gouvernemental et sans excep1867 jusqu'à 1905. Le'roi choisissait toujours eux les membres des gouvernements tion parmi possédant constamment une majorité absolue de 100 à 150 voix. Le Parti libéral a joui pendant 40 années des plaisirs de la puissance. Il votait des lois innombrables, pour la plupart plutôt nuisibles au peuple, lequel, avec ses 49 p. 100 d'illettrés, ne se qu'utiles souciait Rien ne troublait les idylguère de son parlement. liques coteries formées au sein du Parti libéral et ayant pour but d'accaparer les biens, fonctions, s'assurant concessions, des fortunes, en un mot tout ce qui dépendait du gouvernement. « Enrichissez-vous », c'était la devise, surtout pour ceux mais avaient rendu fortune, qui ne possédaient pas grande les meilleurs services aux possédants. Ces derniers ont eu le bon sens de récompenser leurs laquais, naturelleloyalement ment aux dépens du pays. les partis « oppositionnels », qui de plus en plus Cependant Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE DES OUVRIERS HONGROIS 37 des éléments se composaient des Gentrys peu fortunées, voulaient eux aussi goûter les joies de la-puissance, ou du moins miettes un peu grasses de celle-ci. Le Parti gratter quelques de 1848 » prêchait sans cesse, depuis 1867, de « l'Indépendance les principes du Personal-Unio, c'est-à-dire de n'avoir rien de avec. l'Autriche, sauf la personne commun du souverain. Ils à l'entérite de 1867 faite avec le roi de Hongrie et s'opposaient instituant la constitution avec l'Autriche, en déclarant les et celles des relations affaires de l'armée comme étrangères dont les budgets et autres questions se disaffaires communes, cutent au Comité-National, c'est-à-dire dans une délégation de 60 membres élus tous les ans par les deux parlements. ce parti comptait Pourtant parmi ses, adhérents quelques d'un libéralisme sincère, comme Daniel politiciens'éminents, sincères du suffrage, unimilitants Iranyi, Ignace Helfy,.etc., le Parti versel dans les années Mais en général 1872-1885. cachait sous la lutte constante, ayant pour sujet .indépendant et patriotiques, les plus purs intédes questions nationales ' classe. , rêts de . . , aux En effet, la Gentry, ruinée, au jeu et au plaisir, incapable travaux se voyait de plus en plus éliminée sérieux, par des devenus éléments plus exigeants. bourgeois plus instruits, elle ne voulait pas fière de sa noblesse magyare, Néanmoins, nécessaire la langue allemande haïe, mais pourtant apprendre dont les situations brillantes dans l'armée austro^hongroise, D'où les luttes acharnées la séduisaient. des hauts officiers au parlement des années pour les revendications pendant militaires. .. nationales favori de l'empereur-roi Mais l'armée est l'enfant Françoisd'en disposer et, outre cela, étant Joseph. Il â le droit intégral il peut, comme d'ailleurs de la législation, un des facteurs dans les son approbation clans toutes les autres lois, refuser de la L'idéal au parlement. soumises militaires questions a été tout le temps l'armée reliée à lui de Habsburg dynastie On ne tolérait dans l'armée par l'unité la plus forte,possible. et de l'empire, de la dynastie fondement austro-hongroise, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 38 REVUE SOCIALISTE r aucune Dans ces quesmême la plus insignifiante. réforme, tions l'empereur-roi se montrait inflexible. Cependant toujours d'année les exigences du gouvernement militaire se multiplient bientôt devenus en année. Il exige des centaines de millions, le contingent des milliards. Et outre cela, il veut augmenter du recrutement, Le Parti de l'Indépendance et le Parti National s'y oppoles horribles Non pas en principe en luttant contre saient. nouvelles et écrasantes au peuple, mais seulement charges : pour le portefaveurs dans l'armée pour obtenir quelques la langue dans nationale, hongroise épée de Couleur pour sur les hongroises quelques.régiments, pour les inscriptions des casernes, etc. Les prétentions de la part du goufaçades les partis d'opvernement devenant de plus en plus pressantes, arriver le temps si longtemps souhaité position voyaient pour assez maigres faire valoir leurs demandes le pour satisfaire assez bonnes pour les désigner comme peuple, mais pourtant les représentants de la politique des revendications nationales. C'est sous cette désignation que s'est faite la lutte depuis une d'années. Ils ont réussi à renverser le gouvernequinzaine ment Banffy, en 1899, pour la première fois, par l'application de l'obstruction. ? C'est un moyen, d'ailleurs Qu'est-ce que cette obstruction peu connu dans les pays de vrai parlementarisme, pour empêcher de voter une loi non désirée. C'est empêcher son vote définitif par des discours de votés infinis, par des propositions innombrables sur' des propos insignifiants, de par demandes séances closes à l'infini, etc. Si ces procédés n'ont pas de l'obstruction succès, on applique c'est-à-dire technique, empêcher tout débat avec tapage, en un mot avec la force. nos jours, on ne considérait Jusqu'à pas l'usage de l'obstrucsous quelle forme elle se présentait, tion, n'importe comme illicite. Au contraire. même celle des partis L'opinion publique, la considérait comme un moyen parfois majoritaires, nécessaire contre les revendications de la Cour de Vienne. exagérées La majorité des faveurs elle-même, du roi et les jouissant Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE DES OUVRIERS HONGROIS 39 conserver à perpétuité, la tolérait, ne se permettant voulant de refuser, ni même- de modifier les lois mib> pas elle-même L'obstruction avait pour taires. les apparence d'emporter revendications et se dirigeant contre la nationales, toujours Cour de Vienne. Dirigée contre les lois militaires, toujours nuisibles elle était toujours La pour le peuple, populaire. la tolérait bénévolement; en tout cas, elle n'osa pas majorité la toucher. aucun droit légitime de la Enfin, on ne possédait Les membres de l'opposition n'usaient supprimer. que de leurs assurés de la Chambre des bons droits, par le règlement l'opposition empêcha. députés. A l'aide de cette arme puissante, du recrutement, mais ne pouvait pas le vote de l'augmentation le vote de l'augmentation du budget contrarier militaire, au Comité national. celui-ci se discutant des lois La chute du cabinet Banffy provoqua l'ajournement de les faire militaires. Le gouvernement Széll prit l'initiative . voter. Il s'efforça en vain et il dut céder aux obstructionnistes en 1903. tenaces et donner sa démission du Conseil le comte Le roi désigna alors comme président la main de fer, connu par sa fermeté et son ; Tisza, surnommé Il ne réussit caractère: énergique. pas non plus. En mettant l'obsde nouveau, en 1904, à l'ordre du jour les lois militaires, renaît. C'est alors, fois, qu'on truction pOUr la première mesures initiales, vagues, quelques songea à entreprendre Il fallut pour cela modifier les règlements contre l'obstruction. avec plus de véhécontinua L'obstruction de la Chambre. mence. On établit des séances doublées, pendant prolongées des nuits sans résultats. , Le 18 novembre 1904, à minuit, au milieu d'un tapage forle président de la Chambre, tout.débat, midable, empêchant à la majorité. CelleM. Perczel, fit un signe avec son mouchoir les règlements modifiés, déclara ci se leva et le président nouvelles ajourles séances jusqu'aux dispositions adoptés, Dixfurent retentissants. nées. Les effets de ce coup d'Etat dissidents. furent du parti huit, membres gouvernemental Wlassics, anciens ministres, Hadik, Les comtes Andrassy, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 40 REVUE SOCIALISTE La réouverture les opposants. etc., étaient Daranyi, parmi C'est alors que la de la Chambre survint le 13 décembre. comme fureur de l'opposition se dégagea en de telles mesures, de le mobilier on ne l'avait vu. On détruisit jamais jusque-là les 20 et jeta hors du parlement on frappa la Chambre, la sûreté hommes de garde, destinés à assurer personnelle La Chambre fut impossible. du président. Tout débat régulier et plus tard dissoute. fut de nouveau ajournée sut exploiter la était générale. L'indignation L'opposition et développa une telle agitation, situation que les élections une défaite absolue 1905 constituèrent du 26 janvier ppur la Le Parti libéral fut écrasé après un règne inintermajorité. et inouïe ! L'empereurrompu de 38 ans ! Chose inattendue d'autres hommes roi honorerait-il que ceux qui jouirent pen? Fait, incontestable, de toute sa confiance dant si longtemps et plongée dans le plus grand la Cour de Vienne fut consternée embarras. On convoqua la Chambre pour le 24 mars 1905 ; puis pour habet vitam ! — on tempus, gagner du temps —* qui habet de nouveau la Chambre 15 juin, espérant ajourna jusqu'aula situation une solution restait Cependant quelconque. Les partis invariable. de leur oppositionnels jouissaient et demandaient victoire si difficilement obtenue une solution selon les exigences du parlementarisme, c'est-à-dire la dénomination d'un ministère parmi les partis delà majorité. Mais à Vienne on ne voulait rien savoir d'un où régime comte Apponyi, Kossuth, François etc., et les redouPolonyi, tables ennemis du dualisme si jalousement austro-hongrois, allaient Le roi désigna conservé, donc comme siéger. président du Conseil lé feld-maréchal baron un de Fejévary, ses amis les plus intimes et ancien ministre au ministère de défense nationale. Cela fut Une tâche dure de. choisir des ministres sans parti. pour un cabinet il recruta Néanmoins six hommes pour lés portefeuilles, entreprenants. Le gouvernement se présenta à la Chambre et Fejévary n'obtint la confiance pas, naturellement, des partis. Survint Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF MOUVEMENTRÉVOLUTIONNAIRE DES OUVRIERS HONGROIS 41 ' ' • \ '' . Le gouvernement décidait de mener les l'ajournement. .affaires sans parlement, en attendant une solution de la si difficile. Cependant les partis de l'Indépendance question ne restaient Ils menaient une agitation pas inactifs. puissante dans le pays, dans la presse et dans des centaines de réunions les membres du gouvernement comme publiques, désignant Les administrations des traîtres. des comitats (départements) et des municipalités, des partis dirigées par les adhérents victorieux refusèrent de percevoir les impôts et de les- verser à l'Etat. . Ils refusèrent de procéder au recrutement annuel. également Cette campagne, menée pour la. défense de la constitution, la résistance fut appelée nationale. Elle restera mémorable avec laquelle elle fut dirigée. par l'ardeur Le gouvernement Il suspendit prit des mesurés énergiques. et des communes, et se heurl'aUtonomie des départements tant à des résistances, il dissout, avec les forces de gendarde ceux-ci. Il expulsa merie, les assemblées générales égaleet révoqua ment les membres du conseil des municipalités refusant d'exécuter les ordres même les hauts fonctionnaires et des comLes conseils des départements gouvernementaux. et congédièrent à leur tour les fonctionmunes suspendirent naires qui obéissaient aux ordres du gouvernement. Cela fut et l'effervescence le désordre générale. Pourtant le peuple, la grande niasse, restait calme et insenmagyare rie signifiait pour lui qu'un joug sible^La constitution devenant tous les jours dé plus en plus lourd. Il ne se souciait des instituou illégitime légitime guère de la dénomination tions qui l'exploitent. Le Parti social-démocrate qui, d'ailleurs, ' le mena une universel, suffrage propagea depuis longtemps au premier cette question vive agitation plan pour pousser du 10 sepde l'ordre du jour. La manifestation grandiose avait tembre 1905, à laquelle prenaient part 100.000 ouvriers eu un plein succès. Tous ces symptômes pas au gouvernement n'échappaient Il élabora un programme social, dont la plus remarquable Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 42 REVUE SOCIALISTE • fut adopté à universel. Ce programme partie était le suffrage des le règne arme "contre Vienne. C'était une excellente « Gentry ». La cour de Vienne s'allia avec le peuple hongrois des des droits contre la Gentry pour conserver l'intégralité Le Parti social-démocrate de Hongrie croyait alors Habsburg, le suffrage et pour obtenir à la sincérité de ces promesses, universel se dirigea contre les partis oppositionnels. Le moment aux purs intérêts était alors venu de songer menée. de classes, dans la campagne si ardemment L'opposition céda par crainte du suffrage mis universel, qui aurait fin à son règne. , Selon le pacte fait avec la Couronne, elle renonça, non seulement à toutes les revendications nationales et militaires, mais elle fut obligée de voter, outre des augmentations du de nouvelles recrutement, exigences pour l'armée. Dans ces conditions le parti de l'Indépendance obtint trois portefeuilles dans un gouvernement dont les autres étaient membres des anciens hommes de la d'Etat, jouissant confiance du roi. En juin de l'an 1906, après les élections, le discours du trône ouvrant le nouveau déclarait tout particuparlement, lièrement universel est une que : Le , suffrage question une solution et ne doit être reculée immédiate exigeant par aucun des autres sujets, quelle que soit leur importance. Cela va sans dire que la nouvelle vota avec une majorité toutes de la Cour ,les exigences de rapidité vertigineuse sauf le suffrage Vienne, universel. Et en même temps elle un régime de vengeance inaugura contre les dirigé surtout Ouvrières. Le régime de la Coalition, organisations comme, on ordinairement les différents désignait désilcoalisés, partis lusionna le pays et surtout les enthousiastes d'autrefois. C'est on salua, avec un soupir de soulagement, pourquoi après la chute du cabinet le nouveau Wekerle, du gouvernement comte Khuen-Hédervary. ' (.A suivre.) A. ILLÉS, ' v .du Parti social-démocrate hongrois. ; Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF UNE, Coopératives HEUREUSE IDEE d'habitations En 1905, à Nantes, le Congrès des Coopératives socialistes suivante : prenait la résolution « Le Congrès, convaincu socialiste doit que là Coopération " étendre son action dans toutes les branches de l'activité « humaine ; d'habitations désirables au , « Que la création ouvrières, « point de vue de l'hygiène, sera entré les mains des socia« listes coopérateurs, un instrument de solidarité d'abord, :< d'émancipation ensuite ; : « Invite les Fédérations et les Sociétés adhérentes à la « Bourse des Coopératives à créer des Sociétés socialistes iï d'H. O. dans lesquelles deviendraient les'habitations pro« priété collective au profit d'oeuvres de solidarité sociale. » Il y a sept ans que cette invitation a été lancée par notre ont été faites dans le central et peu de tentatives organisme sens préconisé. exorbitantes des propriéIl a même fallu les prétentions taires pour que l'on songe à nouveau que la Coopération avait un rôle à jouer dans la question des Habitations. Nous devons dire cependant que, depuis notre Congrès, il a été créé beaucoup de Sociétés d'H. O., mais ce n'est pas suiet c'est en dehors du vant la forme que nous préconisons mouvement coopératif. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 44 ' REVUE SOCIALISTE Les sociétés créées ont généralement pour but de rendre le dans un temps de sa maison locataire plus ou propriétaire les inconvénients connaît Tout le monde moins rapproché. en les d'un pareil système, pour les ouvriers qui résultent et en leur créant des obligations rivant à un endroit déterminé avec un salaire aléatoire. certaines de constater Il nous faut néanmoins que c'est à rencontre des H. O. s'est étendu. Nous notre thèse que le mouvement à croire cependant propriétaire que rendre l'ouvrier persistons ne solutionne de sa maison ou de son logement pas la queset pour un temps donné tion ; elle atténue pour quelques-uns Cette maison occuseulement par le propriétaire. l'exploitation retombera fatalement propriétaire par l'ouvrier pée d'abord entre les mains de personnes pour en tirer un qui la loueront une besogne revenu. Ce sera donc, à chaque à génération, recommencer. d'autre solution Pour qu'il n'en soit ainsi, nous n'apercevons restant la propriété de la que celle-ci : que les maisons se transmettent à la Classe ouvrière d'une Société, celles-ci à l'autre, formant une véritable collecgénération propriété seules restant individuelle. tive, les actions propriété ou que ce soient Mais, dira-t-on, que ce soient les maisons les actions et auxquelles on serve un qui se transmettent la même chose. Ce serait exact si notre revenu, c'est toujours combinaison s'arrêtait-là. la première Dans combinaison, est devenu est terquand l'ouvrier propriétaire, l'opération minée, la Société est en somme dissoute à l'égard de celui-ci. Dans la seconde combinaison, la Société continue, les actionnaires reçoivent leurs revenus et même toutes les garanties sont prises pour qu'il y ait là, pour tout le'monde, un placement sans aléas. C'est qu'en effet nous considérons comme indispensable, ait une valeur pratique, pour que l'opération et en même temps sociale, que le présent ne perde rien, tout en préparant l'avenir. Il est facile de comprendre que si l'on veut donner de l'extension à une oeuvre, il ne (faut en réalité demander de sacrifices Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF s COOPÉRATIVES D'HABITATIONS 45 le nombre à personne, de ceux qui sont décidés à s'imposer un sacrifice en vue d'un avenir auquel ils ne participeront pas étant tout naturellement fort restreint et par conséquent incaun mouvenient. pable de déterminer ont-elles en vue de Aussi, les combinaisons préconisées donner, dans le présent satisfaction aux différents éléments à l'oeuvrve. appelés à concourir Les souscripteurs un intév jT actions reçoivent naturellement rêt et le service de celui-ci se trouve assuré par la création fonds de réserves destinés à donner à l'oeuvre de différents une sérieuse stabilité financière. Le capital ne court aucun les immeubles constituent une garantie de prerisque'puisque mier ordre et que les locataires, les ayant de grands avantages, ne peuvent immeubles vraisemblablement rester à louer. Dans la combinaison le locataire, préconisée, qui est aussi est considéré comme l'est le consommateur un actionnaire, d'alimentation.: 70 p. 100 des boriis dans une coopérative au prorata de son loyer, celui-ci équiannuels, lui sont répartis : , valant à sa consommation. ., ne lui est point versée ; elle s'accu- « Mais cette répartition intérêt qUeJ le mule à un compte particulier qui ne rapporté en quelque sorte sa retraite, fait prenant jour où le sociétaire, à la il cesse de participer arrêter ce compte. A ce moment-là, des 70 p. 100, mais les intérêts de son compte partirépartition en défalcation de son loyer, qu'ils peuvent culier viennent Si son compte particulier équivaut égaler ou même dépasser. à la valeur de sa location, il jouit des mêmes avantages qu'un propriétaire qui habite sa maison. il nous apparaît Par ces différentes combinaisons, que nous aux intérêts légitimes, suffisante avons donné une satisfaction d'actions et du locadu souscripteur dans la société actuelle, taire ; il ne nous semble pas que ni l'un ni lautre fassent des c'est indispensable sacrifices et, nous le répétons, pour que la ne reste pas une donnée pureméthode que nous préconisons ment théorique. à à ces intérêts, il nous-reste étant donnée Satisfaction Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 46 REVUE SOCIALISTE en même temps montrer maintenant que l'on peut satisfaire sur le teren préparer, aux exigences de la situation actuelle socialiste. rain qui nous occupe, l'évolution annuelle Les comptes particuliers fournis par la répartition constituent des 70 p. 100 des bénéfices au profit des locataires à la mort des des capitaux non transmissibles devenant, droit (mari et femme) un véritable collectif, capital ayants ou on achète, et à l'aide duquel constamment, s'augmentant nouvelles. De sorte l'on construit, des habitations qu'à un en sera vraisemblablement moment donné la proportion plus individuels seureprésentés importante que celle des capitaux lement par les actions de souscription. de donner à toutes nos Le caractère socialiste qu'il convient alors nettement. oeuvres apparaît Nous savons en effet qu'il existe concurremment deux sortes et la propriété de propriétés : la propriété individuelle collective ; que, même dans la Société socialiste, ces deux sortes de d'exister côte à côte. Ce qui différencontinueront propriété de la Société capitaliste, c'est que. ciera la Société socialiste 'dans celle-ci la propriété individuelle est portée au maximum et qu'elle sur toutes de propriétés ; peut s'étendre espèces collective est réduite au taux le plus par contre la propriété bas, et ne s'exerce que sur des choses d'utilité générale, prinsur celles qui ne sont pas susceptibles de revenus. cipalement Dans la société socialiste, au contraire, les proportions de l'une et de l'autre des formes de propriété seront renversées; la propriété collective sera portée au maximum et la pronon seulement sera réduite, mais encore priété individuelle, ne pourra sur toutes espèces de propriétés : la plus s'exercer individuelle' étant réduite aux produits directs du propriété travail et généralement aux choses d'usage tandis individuel, collective s'étendra à toutes les choses accuque la propriété mulées par les générations et n'étant précédentes, par consédirect du travail, et généralement quent le produit aux choses d'un usage collectif. Telles sont les données sur lesquelles nous avons basé les Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF COOPÉRATIVES D'HABITATIONS 47 statuts que nous présentons, et qui viennent, au point de vue des H. O., participer à l'oeuvre d'émancipation que la Coopération à déjà entreprise sur le terrain de la consommation et de la production. ' . ' . , LUCAS. -' i i. PROJET DE STATUTS POUR SOCIETES COOPERATIVES D'HABITATIONS TITRE PREMIER ARTICLE PREMIER. — Il est formé entre les souscripteurs des actions ci-après et tous ceux qui seront ultérieurement admis, une Société anonyme à capital variable, régie par les coopérative, présents statuts et par les lois en vigueur tarit sur les habitations à bon marché que sur les Sociétés. ART. 2. — La Société a pour objet de réaliser, dans les conditions et pour l'application de la législation sur les habitations à bon marché, soit l'acquisition, la construction, la location d'habitations salubres et à bon marché, ainsi que leurs dépendances ou annexes telles que jardins, et bains, lavoirs, soit l'amélioration l'assainissement d'habitations existantes et la location de jardins formant des habitations, soit Pachat d'immeubles dépendances destinés aux Sociétés coopératives de consommation et de production industrielle ou agricole. Elle peut, à cet effet,, acquérir, construire, prendre et donner en location. Ses* opérations seront limitées aux immeubles situés dans le département de ' et départements limitrophes. de la Société est: «La Propriété ART. 3.I— La dénomination éollective » (Société anonyme à capital variable). Il pourra être ART. 4. — La Société à son siège à transféré dans Une autre localité par décision de l'Assemblée générale des actionnaires où dans un autre immeuble, par décision du - Conseil d'administration. ART. 5. — La durée de la Société est de trente ans. Elle pourra, en cours d'existence, être prorogée par décision de l'Assemblée générale. TITRE H ART. 6. — Le capital social est variable. Le capital social initial à souscrire est fixé à deux mille francs, divisé en vingt actions de cent francs. , Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 48' REVUE SOCIALISTE ART. 7. — Toute personne peut souscrire des actions à la Société, Il en sous (réserve d'acceptation par le Conseil d'administration. à charge de se est de même de toute Association ou établissement, dans les Assemblées générales par un seul fondé faire représenter de pouvoir. ART. 8. — Les actions sont payables : un dixième au moment de de la Société, à la constitution et préalablement la souscription et le solde par versements mensuels d'au moins cinq francs. Elles peuvent toujours être libérées par anticipation. ART. 9. — Chaque action libérée donne droit à un intérêt qui ne pourra être supérieur à 4 p. 100. à des locataires servent de garantie aux Les actions appartenant engagements qu'ils peuvent avoir avec la Société; ces actions sont à la Société, par le dépôt de ces titres en nantissement transférées à la caisse de celle-ci et il est délivré au locataire un reçu donnant ces titres à un autre associé pouvoir à la Société de transférer dans un délai déterminé. ART. 10. — Les actions sont nominatives, mênie après leur enElles sont représentées tière libération. détaché par un certificat d'un registre, à souches, numéroté, revêtu de la signature de l'adet du trésorier, et frappé du tinibre de la ministrateur-délégué Société. Elles sont indivisibles vis-à-vis de la Société qui ne reconnaît qu'un seul propriétaire par action. Si une même action a plusieurs ceux-ci sont tenus de se faire représenter propriétaires, auprès de la Société par une seule et même personne. La cession des actions ne peut avoir lieu que par une.déclaration de transfert inscrite sur les registres de la Société, signée du cédant et du cessionnaire, ou de leurs mandataires, avec le visa de l'administrateur. les actions ne pourront être cédées Toutefois, que si les versements exigibles ont été effectués et si le cédant n'est à aucun titre débiteur de la Société. ART. 11. — Si les sociétaires locataires usent de la faculté de contracter une assurance à la Caisse nationale d'assutemporaire rances, en cas de décès, la police d'assurance sera faite au profit de la Société en vue de libérer, les actions par eux souscrites. La Société peut elle-même contracter cette assurance sur leur tête. ART. 12. — Le capital est variable. Conformément à l'art. 48 de la loi de 1867, il est susceptible d'augmentation par des versements successifs faits par les associés ou l'admission d'associés nouveaux, et de diminution par la reprise totale ou partielle des apports effectués. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF COOPÉRATIVES D'HABITATIONS 49 du capital sera constatée par Chaque année, l'augmentation l'Assemblée générale. Le capital peut être réduit par la reprise totale ou partielle des serait suspendu apports effectués, mais tout remboursement de le capital au-dessous des neuf plein droit s'il devait ramener dixièmes du capital constaté à l'Assemblée générale annuelle. TITRE III ART. 13. — Les maisons sont louées aux sociétaires qui le désirent; au cas où il y aurait plusieurs demandes pour la même location, le Conseil tiendra compte des versements effectués au capital soà la Coopérative de consommation, , ctal, de la consommation de • l'ancienneté ou des charges de famille. , ' Au cas où les lieux loués seraient des magasins, terrains ou plansera toujours accordée tations, la préférence aux Sociétés ouvrières. , '.'..'.;' La location aura lieu au taux de 6 p. 100 de la valeur de cons, truction des immeubles, ou du prix de revient. ART. 14. — Les bénéfices nets, après prélèvements de toutes les charges sociales (intérêts aux actions, 1 frais généraux, amortissements, impôts, etc.) seront répartis ainsi qu'il suit : < 1° 5 p. 100 à'la réserve légale" 2° 10 p. 100 à la réserve extraordinaire; 3° 10 p. 100 à la réserve de garantie d'intérêts ; • . 4° 5 ; p. 100 pour indemnité au Conseil d'administration 5° 70 p. 100 à répartir entre les locataires. Le fonds de réserve extraordinaire est destiné à parer /à l'imetc.. Cette réextraordinaires, prévu : non-locations, réparations serve cessera quand elle aura atteint le cinquième du capital sous' crit. Le fonds de réserve de garantie d'intérêts est destiné à assurer le service régulier des actionnaires, obligatoires ;ou prêteurs s'il y a lieu. Ce prélèvement pourra cesser loa-sque les sommes en caisse le service de trois années d'intérêts. représenteront .Dans le cas où il ne serait plus rien alloué à ces deux fonds de s'ajouter à la réserve, les sommes devenues disponibles viendraient annuelle aux locataires, prévue à l'article suivant. répartition ART, 15. — Enfin, sur les bénéfices nets annuels, soixante-dix pour cent seront répartis aux ménages, locataires, au prorata de leur loyer. Ces sommes ne leur seront point versées mais constini transmisnon remboursables tueront des comptes particuliers Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 50 REVUE SOCIALISTE d'un intérêt de trois pour cent. Quand le locasibles, susceptibles taire le jugera convenable, il fera arrêter son compte particulier et les intérêts de celui-ci seront servis à lui ou à sa de répartition femme (ou compagne) ou défalqués de leur loyer jusqu'à leur mort. seront emaux comptes particuliers Les sommes accumulées d'habitations ouvrières, ou services comployées à la construction tant au point de vue du confort muns, marquant une amélioration que de l'hygiène. TITRE IV ART. 16. — La Société est administrée par un Conseil composé tous les ans par moitié. de six membres, renouvelable aura lieu par tirage Pour la première année, ce renouvellement aura lieu au sort. Le roulement une fois établi, le renouvellement par ancienneté. Les membres sortants sont toujours rééligibles. doivent être ART. 17. — Les membres du Conseil d'administration en leur nom personnel, pendant toute la durée de propriétaires, leurs fonctions, chacun d'une action affectée à la garantie des actes de gestion. , du premier Conseil seront choisis parmi tous Les administrateurs les actionnaires. Leurs fonctions sont gratuites, même pour celui d'entre eux qui serait chargé de la direction de la Société. ART. 18. — Les administrateurs sont nommés et peuvent être révoqués par l'Assemblée générale. En cas de vacances par décès, démissions ou autre cause, les membres restants pourvoient au remplacement jusqu'à la prochaine Assemblée générale qui procède à l'élection définitive. Les fonctions des nouveaux titulaires cessent à l'époque où auraient cessé celles des titulaires qu'ils remplacent. ART. 19. — Chaque année, le Conseil d'administration nomme d'un viceparmi ses membres un bureau composé d'un président, président, d'Un secrétaire et d'un trésorier. Le Conseil d'administration se réunit aussi souvent que l'intérêt de la Société l'exige et au moins une fois par trimestre. La présence de trois membres au moins est nécessaire pour la Validité de ses délibérations. Les délibérations sont prises à la majorité des membres présents; en cas de partage des voix, celle du président est prépondérante. ' . Les délibérations du' Conseil, ainsi que celles des Assemblées inscrits sur des générales, sont constatées par des procès-verbaux .registres tenus au siège de la Société, et sont signés par le président et le secrétaire de séance. Les copies ou extraits de ces déli- Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF COOPÉRATIVES D'HABITATIONS - 51 béràtions, ainsi que les bilans, sont certifiés par le président et le secrétaire du Conseil. ART. 20. — Le Conseil d'administration est investi des pouvoirs les plus étendus pour la gestion et l'administration de la Société. Il fait et autorise tous les actes rentrant dans l'objet de la Société; il peut notamment acheter, vendre, toucher et recevoir, faire, et accepter tous baux et locations; convertir et aliéner toutes valeurs consentir, même sans paiement, tout désistement de quelconques; actions résolutoires et autres droits réels ; privilège, hypothèque, faire mainlevée de toutes inscriptions, saisies, oppositions ou autres empêchements quelconques 1, le tout même sans paiement ; consentir et toutes subrogations toutes antériorités avec ou sans garantie ; des emtraiter,' transiger, compromettre, acquiescer ; contracter d'une somme principale de cinq-mille prunts jusqu'à concurrence francs, en conférant hypothèque sur les immeubles sociaux ; émetdès emprunts, fixer le mode et les tre tous titrés en représentation conditions du droit de-contrôle qui peut être consenti aux prêdes teurs; déléguer une ou plusieurs personnes pour l'exécution actes délibérés par le Conseil. Tous les actes concernant la Société doivent être signés par deux dont un membre du bureau, à moins d'un mandat administrateurs, spécial donné par le Conseil d'administration. de ART. 21. —.L'Assemblée générale nomme deux commissaires un suppléant. Ils sont" élus pour un exersurveillance et aubesoin cice et rééligibles. Leurs fonctions sont gratuites; toutefois, s'ils sont étrangers à la Société, ils peuvent recevoir une rémunération ' , fixée par l'Assemblée générale. des statuts de la Société; ils vérifient Us veillent à l'exécution la comptabilité et la caisse/, ils font un rapport annuel à l'Assemblée générale et peuvent, en cas d'urgence, convoquer une Assemblée extraordinaire. ART. 22. — L'Assemblée générale, régulièrement constituée, redes actionnaires. présente et oblige l'universalité à l'Assemblée générale. Tout actionnaire a le droit d'assister fondé de Nul ne peut s'y faire représenter que par un actionnaire par leur pouvoir. Les femmes mariées peuvent être représentées mari et les mineures par leurs tuteurs. ART. 23. — L'Assemblée générale se réunit de droit chaque année Elle dans, le premier trimestre qui suit la clôture de l'inventaire. toutes les fois que le Conseil se réunit en outre extraordinairement écrite d'actionen reconnaît l'utilité ou encore sur la réquisition Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 52 REVUE SOCIALISTE / ... le dixième social et au moins le quart du capital naires représentant des actionnaires. ART. 24. — Les Assemblées générales sont convoquées vingt jours et par un avis inséré au moins à l'avance, par lettres individuelles dans un journal local. Les lettres et avis indiquent les questions à l'ordre du jour de la réunion. n'être l'Assemblée Par exception, pourra générale constitutive convoquée que huit jours à l'avance. ART. 25. — Les Assemblées générales sont présidées par le présià son défaut par un vice-président du Conseil d'administration, désigné par dent, et à défaut de ce dernier par un administrateur le Conseil. les foncLes deux plus forts actionnaires acceptant remplissent L'Assemblée désigne le secrétaire. tions de scrutateurs. Aucune autre question que celles portées à l'ordre du jour ne peut être mise en délibération. à soumettre par l'Assemblée Les propositions générale doivent être adressées au Conseil au moins un mois avant la date de réunion de l'Assemblée. Celles qui réuniront les signatures d'un dixième des ou d'actionnaires le dixième du capital actionnaires représentant social figureront à l'ordre/du jour. ART. 26. — L'Assemblée générale ordinaire entend le rapport du ou des commissaires sur la situation de la Société, sur le bilan et sur les comptes présentés Elle discute, par les administrateurs. approuve où rejette les comptes et fixe l'intérêt dans les limites de • l'art. 29. , Elle nomme les commissaires de surveillance et les administratous les pouvoirs néteurs, Ehe- donne au Conseil d'administration cessaires à l'effet d'emprunter les immeubles et d'hypothéquer Sociaux au delà des limites fixées par l'art. 20 et, s'il y a lieu, tous les autres pouvoirs pour les cas non prévus. Enfin, d'une manière générale, elle se prononce sur tous les intérêts de la Société. L'Assemblée générale pourra, après avis du Conseil, établir un des statuts et à règlement intérieur destiné à faciliter l'application réglementer ce qui n'aurait pas été prévu par ceux-ci. Ce règlement est toujours modifiable par l'Assemblée générale. ART. 27. — Une Assemblée générale extraordinaire peut apporter aux présents statuts toutes les modifications ou additions reconnues utiles, Elle peut aussi, après un rapport du Conseil, autoriser soit la continuation de la Société au delà du terme fixé, soit la dis- Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF COOPÉRATIVES D'HABITATIONS 53 solution avant ce terme, soit la fusion ou l'alliance avec d'autres Sociétés. . , ART. 28. — L'année sociale commence le 1" janvier et finit le 31 décembre. Le premier exercice comprend le temps écoulé entre, la date de là constitution définitive et le 31 décembre de l'année suivante. Il sera dressé chaque semestre un état sommaire de la situation active et passive de la Société, et au 31 décembre de chaque année, un inventaire général de l'actif et du passif. Dans les trois mois.qui suivent la clôture de l'exercice, le compte rendu de l'Assemblée générale et le bilan seront adressés au ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, par. l'intermédiaire du préfet. TITRE V . ART. 29. — En Cas de dissolution de la Société; Ta liquidation alors en exercice, s'opère par les soins du Conseil^ d'administration à moins de décision contraire de l'Assemblée générale. La nomination de liquidateurs met alors fin aux pouvoirs des ' administrateurs et de tout mandataire; • L'actif net de la Société dissoute, après remboursement de la Dans totalité du capital social de 3 p. 100 aux comptes particuliers. le cas où ces revenus seraient insuffisants, tout ou partie de l'actif ~ ' net pourrait être aliéné pour cet usage. Dans le cas où il,n'y aurait pas lieu à aliénation de l'actif net, celui-ci, lorsqu'il serait libéré de toute charge, serait versé à la ou à déFédération régionale-des Coopératives de consommation, faut, attribué par décision de l'Assemblée générale de dissolution, à une' autre oeuvre coopérative. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF Le Rôle des Cercles « coopératifs » comme toute action organisatrice Le mouvement coopératif, est appelé par la force des événeen voie dé développement, à son nécessairement des armes nouvelles ments à ajouter Tantôt ses méthodes, armement existant pour perfectionner dans le tantôt son but, apparaît, davantage pour atteindre une des institutions domaine des réalités sociales, qu'il se indéfinie et de lutte quoticrée dans un besoin d'expansion dienne complet. pour l'épanouissement » sont un de ses produits Les « cercles coopératifs naturels, une des étapes du mouvement Leur qui marquent coopératif. existence est maintenant un fait général qu'il est bon d'etu- dier. En observant comment et pourquoi ils historiquement en observant sont-nés, quel rôle ils ont joué, quels services ils ont rendus, quelle théorie ils ont engendrée, quelle évolution ils ont subie, nous serons mieux à même ensuite de « situer » leur place d'avenir dans le mouvement coopératif, afin qu'ils « plein » résultat. donnent leur Nous éviterons ainsi des erreurs, des expériences et des fausses théories. En clarifiant l'idée qu'on doit s'en faire, nous travaillerons à hâter les progrès du mouvement La réalisation coopérative courra ne perdra plus vite à ses fins naturelles, point ses efforts à côté, mais employera tous ses instruments d'action, suivant leur maximum en leur lieu et à leur d'efficacité, place. Les coopératives de consommation, en France, ont d'abord Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LE RÔLE DES CERCLES «COOPÉRATIFS» 55 suivant un régime de bon plaisir et de hasard, été administrées de satisfaire les principes démocraqui avait la prétention et fixés dans tiques établis à la base même du mouvement des travailleurs Par souci de l'esprit qui les composaient. ne pas « faire pression » sur les assemblées générales, organes de la souveraineté du suffrage unicoopérative, équivalents versel pour la République; envers les souvepar susceptibilité rains, les sociétaires devaient, à priori, être qui, d'eux-mêmes, faire ; par capables de savoir ce qu'ils allaient consciemment les sentiments des camarades et crainte de blesser d'égalité d'avoir Pair d'imposer des volontés ou des ambitions personrien dans les nelles au-dessus des intérêts de la collectivité n'était organisé pour leur bon fonctionréunions coopératives, le choix et surtout nement, pour les ordonner pour préparer des administrateurs. des élus, c'est-à-dire se donOu bien l'assemblée, composée de peu de membres, ridicule d'un choix qui n'en était pas unj nait le spectacle à quelque chose près, se nommant les intéressés eux-mêmes, titre contrôlé et n'ayant d'autre que celui de vouloir se préou au contraire l'assemblée houleuse, nombreuse, senter; des véritables sans connaissance, serrée, ratifiait ignorante de discerner, entre les hommes, intérêts, coopératifs, incapable les candidats dont les noms avaient été criés au hasard, insde séance crits sur un tableau noir ou répétés par un président désireux d'en finir vite. Dans les deux cas, le souci de ce en bien des circonstances, devait, démocratisme prétendu et l'histoire résultats, donner les plus lamentables coopérative ces vérités. est là pour illustrer , se fit plus tapageur, Tantôt il suffisait plus que quelqu'un bruyant, plUs loquace, étale Une, fausse science ou fasse montre" d'un esprit pointilleux pour qu'il soit désigné avant tout autre Cela n!étàit comme administrateur, générale. par l'assemblée de cabale mal. Mais comment encore que le moindre l'esprit dans un' pareil-.milieu. n'aurait-il Quelques pas triomphé dont l'audace acerbes, quelques paroles véhémentes critiques du geste qui les accompagnait n'était que dans la largeur Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF . 56'. REVUE SOCIALISTE réclame une excellente, et les amplitudes de leur son, étaient n'en de souverains, une assemblée pour être choisi. Devant la plus et la sagesse, : la capacité ayant pas les attributs des propositions, la plus absurde des critiques, stupide Les nerfs sans étude, d'être adoptée. sans contrôle, risquait, de cette « foule ». Les les directeurs et non la raison étaient les plus plats élevés et les sentiments instincts les moins ». de démocratie cette « mascarade en maîtres gouvernaient s'en sont suivies : le pot de vinage, Trois conséquences administrative, coopérative. l'incompréhension l'incapacité des pêcheurs mieux faciliter la besogne Rien ne pouvait La masse du hasard. en eau trouble, que l'administration soliest alors à la merci de quelques aigrefins, inorganisée Des apparences de vertu, des suscepdaires et entreprenants. « tape à l'oeil » pertibilités des mesures incompréhensibles, en pareil cas de s'assurer un paravent dermettent toujours les plus abominables rière lequel, se commettent ensuite, saletés. Il suffisait de jeter le soupçon sur les plus honnêtes, on un jour une popularité d'assemblée, pour gagner qui au conseil. !!! assurait l'élection Après on était tranquille » succomber N'avons-nous sous pas vu la « Moissonneuse les pillages de ces associations de malfaiteurs modernes. Qui n'a entendu les histoires de ces bandes la concussionnaires, « Pêche à l'Anguille » et la « Soupe à l'Oseille » et qui, des années, ont pu impunément les pendant rançonner sans que les assemblées coopératives, puissent y voir clair, arrivant en certains cas à leur donner raison contre les , honnêtes un jour raconter, comme dans un gens. Il faudra roman du plus grand effet comique, les scènes que n'aurait Molière ou le moderne Tristan pas renié le classique Bernard, de ces réunions et organisées et où il coopératives truquées fallait voir jusqu'à humaine quel point la subtilité pouvait les coopérateurs. porter l'art de tromper Qui n'a le souvenir de ces «pot de viniers », réclamant, par souci d'honnêteté, des cominissions de dégustation des vins, où toutes les bouteilles uniformément semblablement pareilles, cachetées, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LE RÔLE DES CERCLES « COOPÉRATIFS » 57 offraient toutes les garanties d'un choix impartial, mais où à ses affiliés le bon numéro le. compère désignait pour la du large ami commissionnaire, commande en mettant son de son bouton de gilet? doigt sur le numéro correspondant dans le monde de ces Qui n'a entendu parler coopératif où l'on s'opposait assemblées à toute demande d'un juste en lui répondant coopérateUr, que c'était « illégal » ? Et alors on peut se douter comment le pot de vinage était le résultat de l'inorganisation des assemblées épouvantable coopératives. Le monde dans sori ensemble, encore le coopératif porte, dans le public poids de ce long passé qui a jeté en France, et particulièrement dans la classe ouvrière, le soupçon avec et de scepticisme. son cortège dé méfiance élus dans de pareilles conditions Mais les administrateurs étaient-ils ? La plupart du temps, des honnêtes, qu'arrivaitil ils ne connaissaient ils n'en rien; affaires, d'expérience, avaient Ils étaient entraînés aux pires résolutions, point En quelque sans même se douter des conséquences. mois, telle coopérative était dans le gâchis. Souvent pleins prospère à la besogne et à la prede bonne volonté ; ils se mettaient mière assemblée-étaient remplacés par de plus nouveaux, eux pour une besogne qui demande aussi mal préparés-par de la foncL'instabilité des qualités de décision et d'ordre. ou des des paniques tion, résultat des, variations d'opinion, est la cause de ces centaines emballements de l'assemblée à peine nées, ou ont végété de coopératives qui ont disparu, longs temps; pendant'de Malgré Enfin, que dire de l'incompréhension coopérative? ses a ses lois d'existence, tout, une 'institution prolétarienne Elle ne s'administre conditions de fonctionnement pas tout à Elle n'a pas ordinaire. commerciale fait comme une maison le même but. Elle n'est pas faite pour le profit. Elle cherche des règles de vie, un. peu différentes, à donner aux sociétaires Il d'un ordre nouveau. elle doit créer des moeurs collectives les plus les trop-perçus de donner ne s'agit pas seulement une année peut se présenter, car une mauvaise considérables, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 58 REVUE SOCIALISTE Avec une assemcrise peut surgir et la société y succomber; ne songe l'administrateur blée livrée à elle-même, inéduqué un bilan, le plus alléchant possible. qu'à une chose : présenter SeIl n'y a qu'un pas (et il est vite franchi) pour le truquer. ni aux ni aux amortissements, rait-il exact ?. On ne songera Ils continuerojit, et Tant pis pour les successeurs. réserves. cela... jusqu'à la culbute. Un Un pédantisme vient: à ceux qui réussissent. spécial à faire de trop entraîne succès, un achat heureux rapidement à prétendre longs marchés, s'y connaître pour choisir le bon de spéculer !... et moment. C'est si entraînant, si amusant toutes les pauvres à la première connaissances s'effondrent occasion. Tel est le bilan d'un système d'administration qui a donné ses preuves, coopour tous ceux qui ont suivi le mouvement et que peu à peu, fatalement, les intéressés les plus pératif d'entre eux, les plus avisés ont jugé néfaste : une intelligents réaction était fatale. C'est sous la forme de l'organisation des cercles mille autres elle a été la plus que, parmi moyens, la plus rapide et la plus efficace. et, disons-le, vigoureuse Le cercle est tout naturellement un groupement de coopérateurs d'une société qui ouvertement vont à l'intérieur et à l'extérieur défendre les intérêts de la coopérative et son avenir. Ce qui le marque tout de suite d'une bonne empreinte, c'est qu'il agit publiquement, il prend en mains les intérêts de toUs et en avertit les intéressés. Mais, dira-t-on, pourquoi le Cerele, pourquoi ce groupement différent de la société, à côté des commissions des coûseils statutaires, d'administration et de-contrôle ? N'y a-t-il pas là un double emploi. En certaines de l'administrarégions, où on n'a pas eu à souffrir tion du bon plaisir et du hasard, la question se pose. Mais dans la région parisienne, le cercle fut utile particulièrement et nécessaire et il s'est présenté avant tout comme un groupe de défense coopérative, en réaction contre un déplorable état de choses. Lui seul pouvait attirer et grouper les éléments sains. L'idée coopérative n'était pas suffisamment répandue Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LE RÔLE DES CERCLES « COOPÉRATIFS » 59 seul y était triomphant. et l'intérêt Sur ce terrain, le groupement aurait été difficile. Une solidarité Une déjà existante, idée commune seule le permettre. Aussi la volonté pouvait ' comme la d'émancipation prolétarienne, ayant conséquence nécessité les institutions, fit ce que n'aurait d'approprier pu faire la coopération en elle-même. Et c'est ainsi que les cercles furent tout de suite, en même temps que des cercles des cercles d'opinion ou socialiste. Les coopératifs, syndicale le drapeau, /uns en arborant les autres se contentant de l'être dans les faits. Et ils se mirent à la besogne. Une idée forte les réuirissait de leur donner le courage nécessaire et était capable poUr leur oeuvre. L'enthousiasme prolétarien pour entreprendre le socialisirie, a permis et particulièrement le syndicalisme d'assainissement On a pu dire, sans exagération, l'action socialistes a été confondue avec que l'action des coopérateurs ils ont été les bons agents celle des honnêtes gens. Ailleurs, et de leur des méthodes du renouvellement coopératives les préjugés et l'encroûtela routine, modernisation contre * ment ou socialistes, Mais, à mesure que les cercles syndicalistes d'abord sans s'en en vérité, vraiment agissaient coopératifs, de leur mais en élaborant douter, peu à peu la théorie dans leurs prétentions au lendemain action pour se fortifier Vaillant : du citoyen cette admirable (confirmant phrase « les théories de l'action sortent l'orgapour y retourner»), des administrateurs et le choix des assemblées nisation les « potstransformation. Partout une heureuse subissaient et ridicule la stupide de-viniers » étaient chassés, politique On sonétait annihilée. du trop grand trop-perçu coopérative vraiOn asseyait et aux réserves. geait aux amortissements bases. Un sur ses véritables ment le mouvement coopératif était tenté. Le des administrateurs large effort •d'éducation et trois s'élevait niveau largement moyen de leur capacité de créer en ont surgi. D'une part, la nécessité idées nouvelles de gros, qui orde coopératives, un magasin une coopérative Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 60 REVUE SOCIALISTE metet régularisera les prix du marché, ganise la production de largesses tra à l'abri des commissionnaires, dispensateurs d'achat et fera place aux incapacités' n'a pas qu'un but matériel, D'autre part, la coopération et elles Les sociétés doivent niais un but moral. y songer et des oeuvres de solidarité dans leur sein créer . doivent mais d'éducation et un large mouvement,. divers, complexe, les sociétés sans cercles amorcé, englobant réel, s'est pourtant et toute la coopération. ne des socialistes, Enfin les cercles, venus du groupement l'idée originaire de leur de se rappeler pouvaient manquer association et à un moment vouloir donné, le succès assuré, réalien faire profiter cette idée elle-même dans ses autres sations ou dans son expansion De là, pratiques idéologique. la propagande, ancrée, l'idée de subventionner plus fortement et même aider les autres groupements. Mais maintenant que nous avons essayé de noter l'oeuvre des cercles, examinons plus dans le détail leur action sur la : son assemblée, son conseil et voyons si peu à coopérative même, à peu ils n'ont pas été entraînés, par leur existence une nouvelle, déterminatrice d'une nouvelle théorie. . action, Pour arriver au but qu'ils se proposaient, les cercles ont de sérieuses difficultés. Enfin maîtres de la parfois rencontré ils ont peuplé des leurs, les conseils d'administrasituation, tion et de contrôle. à leur Après avoir essayé de les préparer ils ont peu à peu dans besogne, puis solidairement organisés, les assemblées assuré la victoire de leur manière de voir; A la longue, la gestion des leurs, propre et honnête, a donné et les assemblées en maints confiance, endroits leur ont un « amen » quasi aveugle. accordé Prévenus par les expériences du passé, les cercles ne devaient-ils pas s'assurer contre des retours en arrière ? Ils y ont été naturellement et en certaines sociétés conduits, les coopé(pas dans,toutes sans doute) ils ont alors abouti ratives, à des conclusions de fonctionnement des assemblées et des pour les conditions conseils de sociétés. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LE RÔLE DES CERCLES « COOPÉRATIFS » 61 'D'abord a été réclamé des candidats présentés par le cercle aux assemblées, pour les postes de confiance, pour ainsi dire, l'exercice d'un «mandat Choisis désormais impératif». par le cercle, n'est-il pas naturel de dire qu'élus ils dépendent de celui-ci, lui doivent conïpte avant tout de leur mandat. Charvgés de veiller à la bonne marche de la société, les mandataires ne doivent-ils au conseil tous les ordres du pas exécuter de leurs fonccercle, ne doivent-ils pas au besoin se démettre tions si le cercle en juge ainsi. Est-ce que cela n'apparaît pas comme la suite logique du rôle nécessaire que les cercles ont joué. D'un autre côté, qui dit que l'assemblée ne se laissera pas berner par une vague d'opinion, emporter par une combiou des ambi- „ naison, diriger par des intrigues personnelles lions déçues, il faut prendre ses précautions, et alors il n'y a qu'un pas pour demander à l'assemblée, enfin ordonnée, de se démettre d'une partie de ses pouvoirs en faveur du à quelques-unes de ses prérogatives, de cercle, de renoncer se sacrifier elle-même ? Le choix dès administrateurs ne sera plus fait, par exemple, que par le cercle, ils devront au moins sa et c'est l'assemblée y appartenir, qui le dit. Elle proclame ou sa propre déchéance. propre incompétence des administrateurs, Enfin le cercle, s'il a la responsabilité ! Comdoit comme conséquence, avoir celle de les contrôler d'admiment pourrait-il le faire s'il ne se mêlait lui-même à prendre, au conseil les mesures s'il" n'indiquait nistration, celles qu'il faut éviter. Dans le détail des affaires courantes, il prendra tout la place des administrateurs, qui ne peuvent leur seront faites. faire. Des critiques, des approbations le conseil est son En définitive, le cercle est omnipotent, ' ' serviteur. telles : nous sont apparues les Telles nous apparaissent, du rôle des cercles. Sans ultimes de l'évolution conséquences ainsi, il-y à des degrés, suivant doute, il n'en est pas partout les sociétés, mais les théories sont en devenir. Les points les Les moins avancés en puissance. sont partout plus extrêmes Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 62 REVUE SOCIALISTE de l'évolution suivant le mot de Marx, à propos voir dans les autres, des nations, l'image peuvent capitaliste de la « minorité avenir. Mais cette conception de leur propre à celle de la démocratie consciente» se substituant coopéne se si les dangers serait rative triomphante, rapidement contre elle, une réaction faisaient pas jour et si de nouveau, n'était pas en train de se préparer. des cercles s'est révélée De même par que la nécessité du hasard, un mouvement réaction contre l'administration enfin les cercles sur leur se dessine qui du reste placera « vrai » terrain, leur grande de continuer pour leur permettre utilité du début, l'adopter à l'évolution du mouvement, aux et aux événements faits qui ont. surgi qui se préparent. de vie ou de mort de tous les organismes C'est la condition et se transforment qui se fondent, progressent pour continuer une destinée et renouvelée. triomphante » Les dangers de la conception de là « minorité consciente ou plutôt les dangers que contiennent en pratique les faits qui suscitent cette théorie, sont de plusieurs sortes. Ils appellent disions-nous d'eux-mêmes une « réaction ». Voyons-les : Les administrateurs, nommés et dépendant des cercles, ne peuvent voir que par lui. Où la société coopérative peut-elle bénéficier de leurs qualités administratives et de leurs connaissances coopératives, à celles de leurs prédécesseurs supérieures élus à la « courte paille » des assemblées ? Ils manquent tout se sentent naturellement en tutelle pour d'autorité, puisqu'ils engager la plus minime des actions. Le souci de leur responsabilité en sera diminué et alors, sur cette voie, quels d'autant, auront-ils sur les fonctionnaires de l'organisation, pouvoirs de la société. Ceux-ci ne sauront-ils v sur les employés pas que le cercle est là, qu'ils peuvent y intriguer, qu'ils peuvent et agir eux-mêmes, mettre en échec les décisions y entrer du conseil qui les visent. Ils trouveront des défentoujours seurs parmi ceux qui prétendent sans exécuter. Il y diriger a donc, dans cette, façon d'opérer, des conflits inévitables en avec le personnel. D'un autre côté quelles perspective initiades cercles, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LE RÔLE DES CERCLES « COOPÉRATIFS » 63 I . tives osera prendre le conseil, non, pas contrôlé, mais comet surveillé sur des vétilles au jour le jour : mandé, taquiné s'il tient à sa place, il se fera flagorneur vis-à-vis du cercle, s'il arrive a s'en moquer, c'est la stérilité au poirit de vue administratif qui s'en suit Mais le plus grave, dans l'affaire, c'est l'assemblée. Un fossé profond séparera peu à peu le cercle de l'assemblée; ils n'auront d'idées. plus de communion De l'assemblée restée inorganique, le tout sera de garder la confiance De là, à lui cacher ce qu'on lui croit apparente. de saisir, il n'y à qu'un fossé à sauter. Mais cela incapable ne peut durer toujours, et un beau jour,, le cercle « minorité consciente» de porter le coritact avec une risque complet dite inconsciente, l'oeuvre ou assemblée, qui abandonnerait l'entraînerait vers les plus lamentables destinées. C'est alors que la nécessité s'impose pour les cercles de faire-un examen de conscience leur et, décidés à Continuer d'action. Elle peut être fort leur théorie oeuvre, de préciser il doit siiriple : le cercle ne peut vivre sans l'assemblée, La minorité il ne peut la remplacer; consciente l'entraîner, n'est utile que si elle à la masse avec elle. Elle doit être en avant Elle ne doit pas être seule. Le dernier mot doit rester à l'assemblée. La théorie dé la souveraineté de la masse iriais d'une masse ayant un guide et. un conseil. réapparaît, Le cercle peut préparer les administrateurs, il ne peut prenn'est pas son rôle, mais dre leur place. L'administration à l'administration. Aussi les conseils bien la préparation seulement leur d'administration alprs accomplir pourront et la tâche avec efficacité, c'est-à-dire avec la responsabilité décisiop. il le rôle du « cercle » est alors considérable, Cependant et oe créer des homlui faut travailler à ordonner l'assemblée C'est une double besogne d'édumes pour l'administration. cation, c'est une lourde charge. Toute son activité peut utileLa force des circonstances ment n'y feront s'y employer, ses membres se seront rendu pas faillir les cercles,- quand ils de la théorie leur action et quand qui domine compte Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 64 REVUE SOCIALISTE fixé auront dans la mesure où ils auront fixé/leur pratique leurs idées. Le mouvement a souvent ainsi de faire besoin coopératif c'est sur lui-même. Mais ce qu'il y a d'admirable, un retour le faire rapidement. que souple comme la vie, il sait toujours, son succès et les cercles en sont C'est demain ce qui assurera un, des éléments. JEAN ROUGE. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF La Constitution juridique du Parti Je ne veux pas croire qu'Emmanuel Lévy pose la question en remarquant cherchent à préalable que les non juristes donner au Parti une forme juridique, tandis que les juristes n'en ont cUre et se soucient de dégager derrière uniquement lés formes légales la réalité sociale qu'elles recouvrent. En somme il est naturel qu'il en aille ainsi ; les juristes, ont rarement l'occasion de se convaincre, purs théoriciens, sur le terrain des faits, des difficultés toute qUe rencontre oeuvre socialiste dans ses rapports avec les éléments capitalistes. ,. - - ' .•;''•''•-Il est fort intéressant pour eux, et bien dans leur rôle, de rechercher formes de droit, le droit nouveau les nouvelles élaboré ou en passe d'élaboration. Au contraire ceux qui ont la charge de surveiller se matériels, peU ou prou des intérêts trouvent à cherariienés, pour éviter dé successifs obstacles, cher des armes nouvelles est nécespour l'emploi desquelles saire une nouvelle forme du Parti. Vouloir soit aussi nouvelle que cette forme juridique ainsi accommodée aux exigences, résulseyante que possible, tant de la nature et du but du Parti, Lévy a bien raisori de dire que ce n'est point là, la recherche d'un truc ; mesquine mais bien l'exercice d'une légitime liberté : la liberté d'interles éléments mêmes qui préter le droit écrit et d'y trouver de ce droit « né avec nous » qu'il serviront à l'expression > convient d'expliquer. '' Les réserves le projet que aboutit Lévy touchant auxquelles • 5 '' ' -' ',-'.'' Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 66 REVUE SOCIALISTE dans la Revue Socialiste de mars, et qui sont presj'exposais il les appuie sur deux considérations que une condamnation, de la réalité. comme également éloignées qui m'apparaissent le Parti du fait qu'il existe, dit-il en substance, D'abord, du droit, élabore qu'il a vécu et vit encore dans l'ignorance dont on doit tenir compte et qui doit suffire un droit nouveau de son fonctionnement à toutes les exigences « Or votre constitution conforme au droit écrit et juridique de gêner l'élaboration, régie par lui, aura pour conséquence de ce droit nouveau .l'extériorisation qui pour nous, juristes, a la valeur d'un germe dont nous voulons suivre et faciliter et que vous menacez d'étouffer la progression sous votre cloche à melon de constitution civile. » Ensuite, ajoute LévsT, il n'est pas démontré que cette constidu moins dans l'action du Parti, tution juridique apportera, les facilités que vous escomptez, ni qu'elle ajoutera aux garanties, nécessaires du Parti vis-à-vis de ses mandataires, non à ses tenants plus qU'à la confiance qu'il inspire capitalistes. Eh bien, je crois fermement que ces deux considérations sont également de la réalité. éloignées En effet, je trouve à mon tour qu'il n'est pas évident, pas évident du tout, que le Parti socialiste, organisation politique variable éphémère, par son but et son action niême, réunissant dans son sein des éléments et sans lien éconodisparates L'élaboration de ce droit mique, y élabore un droit nouveau. nouveau est certaine, et on ne s'imaginerait pas qu'il en soit dans les syndicats et les coopératives, autrement, sur agissant Un terrain nettement où ils groupent des élééconomique ments homogènes, fortement unis par des intérêts communs et la recherche d'un but unique pour une défense commune, la création d'un droit nouveau qui est précisément appliqué à des éléments existant pour en modifier l'emploi, les rapports, ou à des éléments pour en supprimer l'existence; nouveaux eux-mêmes au cours de la vie syndicale apparus et coopérative qui les crée et les développe. II y a effort vers la création d'un droit nouveau lors- Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LA CONSTITUTION JURIDIQUE: DU PARTI. 67 des consommateurs coopérative^ qu'une groupe pour lutter contre des accapareurs 4 lorsqu'un syndicat agrège, les élé-'< ments de faits constitutifs d'un contrat de grève. La grève, groupement des eonsommaiteurs, lutte contre voilà des faits, des éléments non nouveaux, l'accaparement, prévus par le droit ancien, et qui ont créé et créent des rapest niême La conséquence ports de droit et des croyances. la mature juridique de changer de l'élément en extérieur, l'espèce l'accaparement, qui, en fait, cesse d'être un délit on s'adresse pouf permanente, puisque dé façon chronique, le combattre, mon plus à la prohibition légale, mais à l'action directe, ouvertement menée;,ce qui donne à l'accaparement le caractère d'un mode particulier de concurrence. Voilà donc du droit nouveau. v En ya-t-ii de même dans le Parti ? Du tout L'association de l'employé, dit dans Je Parti de l'intellectuel, du patron, n'a pas pour résultat de créer nn droit paysan, du forgeron ni de créer les à des éléments mouBéau appliqué anciens, des rapports éléments nouveaux d'où découleront juridiques . d'une nature nouvelle. _ et îa pour but immédiat d'assurer' L'association politique une interprétation favorable du droit existant, pour d'élargir : la machine le pouvoir politique but prochain de conquérir à légiférer et pour en, faire quoi ? Précisément pour amenle droit actuel pour la reconnaisou détruire der, compléter élaboré au éours. des' manifestations sance du droit nouveau de la vie collective moderne. très restreinte C'est donc dans une-mesure que se ferait d'un droit nouveau. dans le sein du Parti cette élaboration de Lévy à la constitution Et la première juridique objection de sa valeur. En' outre, il n'est du Parti perd ainsi beaucoup — celle du constitution cette démontré juridique pas que de droit, moins que je propose — nuise à la vertu créatrice au Farti politique. que Lévy accorde à mon dernier article, on verra que Si on veut se reporter et tout ce qui le le projet laisse au Parti et sa forme actuelle Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE SOCIALISTE ' ', , i un yota. sans y changer le caractérise, le définit constitue, dans la juxtaconsiste La constitution juridique proposée d'une association au Parti actuel, composée légale, position sans des mêmes éléments, ayant un fonctionnement.parallèle, dont la vie ne sera avec l'organisation confusion, politique modifiée. nullement du Parti, non pour tarir la fécondité J'ai voulu ce résultat, de à laquelle je ne pensais pas, mais parce qu'il est désirable dans l'ordonnance même minime, aucuri trouble, n'apporter Celles-ci suiet de son action politique. de sa vie intérieure toutes leurs et conserveront vront donc leur cours normal Mais nous créerons à côté une efficaces et créatrices. vertus le Vieil et solide édifice conventionnelle. Devant vie factice, décorée selon le goût du jour. une façade nouvelle s'érigérâ lui-rhême et ce qu'il est actuellement; Le Parti sera toujours mais il aura un habit neuf pour aller dans le monde — dans — et je-rejoins le monde capitaliste ici la deuxième s'entend adressée à mon projet par'Lévy critique qui craint que la constitution ne vaille au Parti, ni facilités ni garanjuridique ties nouvelles. \ dit-il, la confiance Aujourd'hui, règne et elle rend la constitution juridiquement inutile. Le Parti a des prête-noms fidèles et cela suffit. Demain, vous aurez des garanties légales, mais vos mandataires pourront vous trahir et les garanties rien. Ce légales n'y feront et la confiance, c'est la « patte qu'il faut, c'est le Contrôle rouge et propre ». Fort bien, fort bien, mais est-ce à dire fera disparaître de nos moeurs que la constitution juridique la confiance, et de nos rangs les camarades qui en sont dignes? Vous ne le pensez pas. Dès lors, vous reconnaîtrez que les garanties légales s'ajouteront aux garanties et nul ne s'en plaindra. morales Car enfin la confiance est Un privilège attaché à la personne. On a confiance en Pierre ou Paul, pour des raisons déterminon moins. déterminées nées, et pour des raisons on peut n'avoir aucune confiance dans le fils de Pierre ou la femme 68, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF LA CONSTITUTION JURIDIQUE DU PARTI de Paul. 69 si Pierre et Paul, vos prête-noms, meurent à voilà que vis^à-vis de leurs ayants droit, la femrile l'improviste, de Pierre ou le fils de Paul, vous n'aurez d'autres garanties la «patte morales, que les garanties rouge et. propre »,"paret Paul au domaine ties avec Pierre des ombres. Voilà un cas — entre mille 4- où un recours légal en bonne et due forme n'aurait rien de superflu. , d'accord. mettons-nous D'ailleurs, La constitution du Parti n'est pas nécessaire, juridique le défendre contre les infidélités de ses principaleriientpour ni pour l'aider dans lès actes de sa vie intéfonctionnaires, rieure qui, encore une fois, deirieurera après ce qu'elle était -, avant. . Non. Il s'agit surtout et avant tout de mettre le Parti en mesure de disposer de librement, commodément, largement, toutes les armes qu'il peut et pourra créer, selon les besoins 1le la riiaison du de la lutte extérieure. journal, L'imprimerie, sont et seront des entreprises peuple, l'agence télégraphique, ainsi qu'aux tentations! soumises aux nécessités capitalistes, aux preIl faut qu'elles aient toute latitude pour satisfaire mières et que Je Parti ait tous pouvoirs pour empêcher qu'elles succombent aux secondes. la fornie et On est donc conduit à admettre l'autonomie, et là définition lé fonctionnement exacte, de ces entreprises de leurs engagements ou contractuelle, par voie statutaire vis-à-vis du Parti. Cela est-il possible sans que le Parti jouisse civile. Toute la question est là — lui-même de la personnalité but et je réponds non —, d'où mon projet qui n'a d'autre et d'autre effet que de donner au Parti, pour cet usage précis, cette vertu précise.Je n'ai cure de l'art 12 de la loi de 1901 sur les « associaetc.. ». tions en majeure partie étrangères, elle aura son siège en France, L'association sera française, si on veut Elle sera Parti Socialiste elle s'appellera Français, du Parti qui seront à la- fois de tous les membres composée aliéet du Parti. Elle transigera, de l'Association membres Or, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 70 REVUE SOCIALISTE ou le gouvernement et quand le fournisseur contractera, le Parti à la barre, c'est elle qui répondra présent, 'appellera ouvrière de l'Internationale tandis Française que la Section International de même à l'appel du Bureau Socialiste répondra au sortir de ses Conseils et Congrès nationaux.. au projet Je le répète," que l'on veuille bien se reporter que de et l'on constatera que c'est bien là le résultat j'ai ébauché c'-est en tout cas l'objectif sa mise en pratique, que j'ai cons' tamment il le projet n'est qu'une ébauche, visé, et comme comme moi, serrer ce but au est loisible à ceux qui veulent au cours d'une étude minutieuse, les plus près, de préciser, d'observer. précautions qu'il conviendra Et tout en remerciant Lévy de son commentaire, je proteste me prête le noir dessein de donc contre ses craintes lorsqu'il lui « préparer des menottes ». , A Dieu ne plaise! , J'aime la savoureuse hardiesse de son trop esprit pour — pauvre de moi — y apporvouloir, au cas .où je le pourrais ter la moindre entrave. Tout au contraire, me perqu'il mette de lui dire en terminant avoir formulé des qu'après et de principe, objections générales auxquelles j'ai.répondu de mon mieux, il me serait très précieux d'avoir son opinion sur le dispositif même du mode de constitution ; car proposé d'estime lorsenfin, si nous ayons infiniment pour le juriste les réalités sociales des formes cherche, à: « dégager qu'il nous lui saurions infiniment légales qui les recouvrent», gré s'il apporté la bonne solution les difficultés qui résoudra présentes et permettra, d'éluder les prochaines. nerà, FÉLIX. POLI. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF A de propos à l'attitude l'égard des des syndicalistes coopératives II y a quelque temps j'eus la visite d'un coopérateur étrariger suivante qui, entre autres choses, me, conta l'histoire que je tiens à transcrire de nos camarades l'édification pour syndi' ' ' •' > calistes. '. Dans la ville de N... les boulangers voulaient se mettre en revendications; grève. N'insistons pas sur les détails deleurs mettons qu'elles étaient justes et légitimes. Il faut noter pourtant que dans cette ville il,n'y avait presque plus de petits Une grande et patrons boulangers. boulangerie capitaliste une boulangerie moins iiriportante, coopérative appartenant à la Société de consommation pourvoyaient presque exclusivement aux besoins de la population. ; La plupart des ouvriers boulangers occupés dans les deUx étant syndiqués il s'agissait la entreprises pour eUx d'arrêter leurs revendicaà tenir pour faire aboutir ligne de conduite tions. Aussi la discussion fUt-elle chaude au sein du syndicat les mêmes revendications Les uns voulaient qu'on présente « à supposer même que aux deux employeurs sans distinction, nous soyons un. peu moins exploités dans la boulangerie coopékif-kif bourricot c'est toujours rative que dans l'autre, », disaient-ils. firent au contraire valoir Contre cette façon de voir, d'autres les condide tenir compte qu'à la coopérative qu'il imp'ortait on y faisait tions de travail étaient. sans conteste meilleures, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 72 REVUE SOCIALISTE moins d'heures, on était payé un peu mieux et on avait des vacances certainement payées ; de plus, elle ne se refuserait si les condi-. pas d'aller encore plus loin dans ces améliorations « Or, poursuit l'un . tions de concurrence le lui permettaient la grève dans les deux usines à la fois, d'eux, si nous déclarons le sentiment contre ne manquera pas de se tourner populaire le prix de voir augmenter nous, ne serait-ce que par crainte car il importe du pain, au cas où la grève devait réussir, de dire que dans ce dernier cas, ce n'est pas les capitalistes qui non boulangers mais tous les camarades ; ne penpayeraient, il serait plus intelsez-vous donc pas, que, dans ces conditions la grève dans l'usine capitaliste ligent de déclarer seulement, nous redoublerions au cependant que dans la coopérative à même de fournir d'ardeur contraire pour la mettre plus L'effet immédiat avantageusement capitaliste. que l'usine de serait que la clientèle cette façon de procéder affluerait vers ce qui, à son tour amènerait la coopérative, celle-ci à pouvoir ses frais généraux, ses services et diminuer développer économies qui, par la suite reviendraient à nous sous forme d'augmentation de salaire ou de boni sur la consommation ; de cette ne serait lésé, tout le monde y trouverait façon personne son » compte, excepté les capitalistes. Le bon sens voulut que la majorité cette façon de acceptât voir et la grève à l'usine fut déclarée. capitaliste L'effet de cette tactique ne se fit pas attendre. Dès le lendemain déjà la boulangerie embaucher coopérative une partie des pouvait la partie restante à monter grévistes, la garde de s'employant l'usine en grève, afin d'empêcher les jaunes de prendre la de grève, pendant place. Après 8 jours le directeur lesquels réussit à faire venir du pain du dehors (mais qui lui revenait la clientèle, plus, cher) pour ne pas perdre les grévistes eurent gain de cause. Mais une bonne partie de l'ancienne clientèle -" de la coopérative ayant appris le chemin entendait continuer à s'y fournir. Au lieu de 5 fours, il n'y avait plus que 3 qui fonctionnaient à l'usine faute de clientèle sufficapitaliste, sante ; elle mangeait de l'argent Et ne pouvant forcer la Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF SYNDICALISTES ET COOPÉRATIVES . , - : 73 clientèle de lui revenir, réduite à la faillite, elle fut finalement à la vente par autorité Mais qui. donc aurait voulu de justice. acheter cette usine puisqu'il n'y avait plus de clientèle suffisante? moderne Bref, toute cette installation qui avait coûté chaud aux fondateurs, était devenue pour ainsi dire sans et lé terrain. valeur, à part les immeubles C'est alors que la coopérative un homme de conchargea l'usine. Elle l'obtint fiance d'acheter pour un prix dérisoire, et des terrains. Elle (c'est-à-dire juste le prix des immeubles dés consommateurs dont les ouvriers l'ensemble boulangers était ainsi mise en ' possession faisaient d'un instrupartie) de production ment qui ne lui coûtait pas cher puisque les cajritalistes. c'étaient qui l'avaient payé. Du coup, c'était en moins, économie qu'elle pour elle des frais d'amortissement en partie à augmenter le tenips de vacancesdes employa tandis autre partie ouvrier boulangers, était versée à qu'une et de vieillesse,; les autres la caisse de solidarité conditions conclu entre de travail étant, réglées général par le tarif et.la Fédération l'ensemble des coopératives de l'ÀhV générale ne à la coopérative mentatiôn. C'est ainsi que le dévouement Une victoire sur lé capital, fut pas seulement, pour les ouvriers, sans aussi Un acte d'expropriation mais en même temps des moyens et un pas de plus vers la socialisation indemnité ' , de production. . mon interlocuteur, un Je vous citerai maintenant, poursuit de syndicala méthode autre exemple où conduit qui montre listes moins intelligents que ceux dont nous venons de parler, et plus sernblables à ceux avec qui vous avez à faire. le nom —- où il y Dans une autre localité -* peu importe des mais dont l'installation une coopérative, avait également un mouveétait de date toute récente, services de panification dans des conditions se produit ment d'ouvriers boulangers à tous les envoie ses revendications Le syndicat analogues. une délégation du synà recevoir Ceux-ci consentent patrons. disent leurs difficultés de joindre dicat. On discute. Les patrons à ceci : se réduit Toute leur argumentation les deux bouts. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 74 REVUE SOCIALISTE il leur était a ouvert sa boulangerie depuis que la coopérative « Pensez donc elle vend le pain de lutter. presque impossible si nous serait-ce déjà un sou de moins les 4 livres ; comment donc ? Vous comprenez devions accéder à vos revendications à nous, petits de poser des revendications patrons, qu'avant de la coopérative d'abord il faudrait que vous vous occupiez « déloyale » ; de nous faire une concurrence pour l'empêcher » après rious verrons. effectivement du Huit jours la coopérative reçut après, Une délégation une liste de revendications. expliqua syndicat en question; le mouvement au Conseil que pour faire aboutir cédât la première il était indispensable que la coopérative donner le bon exemple (à noter qu'elle payait pour jusdu tarif courant de la locaqu'alors, déjà un peu au-dessus lité et que la durée du travail était moindre). En guise de la délégation fît entendre conclusion que, si la coopérative ne cédait pas, ce serait la guerre. Le Conseil se mit à faire des calculs : tant et tant de frais en plus ; traites à payer pour l'installation du matégénéraux de développer le service, etc. — Non, il n'y riel, impossibilité a pas moyen, à moins de prendre sur les autres services et ainsi aux consommateurs les charges imposer résultant des concessions et cela nous ne le pouvons qu'on nous demande, pas,, nous ne le voulons Résultat : fin pas parce que injuste. de non-recevoir, ouverture des hostilités, et finalesabotage ment fermeture du service de panification Est-il coopérative. besoin lui-même d'ajouter étant que le mouvement dirigé la partie par des gens aussi peu avisés, échoua, des grévistes lutter même se trouvant qui voulaient quand remplacés par des jaunes. Bilan : la boulangerie tuée dans coopérative l'oeuf ; les ouvriers sous le joug capitaliste y occupés rejetés dans la saleté repoussante des fournils où petit-patronaux de nouveau il fallait pétrir à force de muscles et de sueur tandis qu'à la coopérative c'était de déjà un commencement libération. Mais le plus grave dans cette affaire c'était que le syndicat ouvrier en tuant le service se trouvait coopératif, Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF SYNDICALISTES ET COOPÉRATIVES 75 avoir servi la cause' des patrons leur domipour maintenir nation en même temps que la forme anti-économique et antide leur production,où il lui aurait été hygiénique cependant en soutenant facile, précisément la coopérative, en y envoyant les meilleurs en s'appliquant ouvriers, à la faire prospérer, en doublant à la rigueur les équipes pendant la durée de la de l'affaiblir grève et en s'abstenarit par des revendications de se servir de ce moyen pour faire triompher inconsidérées, sa cause ; car il est certain que le jour où les patrons auraient constaté ils ne font que pousser la que par leur résistance clientèle vers la coopérative, ils auraient baissé pavillon. Ces deux exemples montrent où conduit l'action syndicale selon qu'elle est pour ou contre l'organisation ; coopérative ils montrent aussi, combien il est insensé de mettre une coopésur-le même'pied rative, dé consommation avec les entreprises Ils montrent de plus que le sort de l'ouvrier en patroiiales. en particulier, général,, et de celui de l'alimentation dePehd en première de la production et, ligne du perfectionnement de la disparition, du petit patronat, car de deux partant, choses Tune : ou les améliorations de son sort sont obtenues de la production, par le perfectionnement par l'élimination des frais d'intermédiaire et des frais inhérents à la production en petit, ou bien elles sont obtenues au détriment du consommateur reste ; dans ce dernier cas le profit capitaliste là seule différence c'est que la classe ouvrière, au indemne, lieu d'être exploitée au point de .vue de la production, l'est d'autant C'est ce plus au point de vue de la consommation. syndicale jeu des forces économiques qui fait que l'action sera vraiment sociale ou anti-sociale, et-non pas la fantaisie '-' , des hommes. Vous me direz maintenant: oui, mais , si les syndicalistes ne veulent rien entendre; s'ils continuent quand même à nous sans se soucier si celles-ci sont reST poser des revendications Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 76 v . REVUE SOCIALISTE nos les maisons ' ' concurrents . — alors patronales, pectées par que faire ? à l'esprit C'est bien simple : vous n'avez qu'à en appeler et consommateurs de vos membres. et de justice d'équité les conséquences leur expliquer pour qui en résulteraient eux,, selon qu'ils veulent qu'on cède ou qu'on résiste, puisque de toute façon c'est eux qui payent. Soyez assuré que s'ils à payer plus les conduit s'aperçoivent que la non résistance n'est payé cher le travail des employés que ce même travail en trop, par suite de et que ce qu'ils payent chez les patrons se tourne contre eux sous forme ces concessions successives, sur la consommation, ils regimberont et vous soud'iinpôt tiendront ; vous pouvez être tranquille : dans la mesure D'ailleurs, où lé syndicalisme, ou plutôt l'action et syndicale, comprise comme elle l'est contret les coopératives ouvrières, pratiquée heurterait dont nous parlions par trop ce sentiinent d'équité tout à l'heure, il se ferait surtout du tort à lui-même en dans la masse des sympathies sans lesquelles il ne perdant ni s'étendre ni remporter des victoires. pourrait ''..".' Pour reportage •' '• '." ' • conforme, C. MUTSCHLER. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF Revue MOUVEMENT sociale du Mois COOPÉRATIF ' la Coopération internationale I. — LES CONGRÈS Les quelques-dernières semaines' ont été particulièrement:profitables au mouvement coopératif mondial.'Plusieurs grands congrès nationaux ont tenu leurs'assises et il a été donné aux coopérateurs de constater la marché progressive de leurs organisations. Le premier en date est le Congrès de la Coopération anglaise, qui s'est tenu les 27 et 28 mai, à Portsmouth, sous la présidence de ~M. Ojenshaw, directeur de la succursale du Wholesaale de Londres. Un chiffre énorme de près de. 1.700 délégués, y représentait les 1.531 sociétés anglaises, qui groupent 2.640.091 membres, et font parmi lesquelles plus de 1.400 Sociétés de consommation 1.870.061.725 francs,,'d'affaires., La caractéristique de ce congrès, qui est le 44e de l'Union anglaise, fut qu'oit y constata l'influence de plus en plus grande de la classe ouvrière.^ Un syndicaliste, Carr, ouvriers qui y fit entendre la voix des éléments particulièrement orienter la formidable du veulent coopérative organisation Royaume-Uni vers une tactique plus hardie. D fut décidé qu'on à laquelle prendront une conférence part les synconvoquerait dicats, en vue d'éviter les conflits entre les sociétés et leur per' sonnel. • ".''. De plus en plus, c'est une heureuse constatation à faire, la classe ouvrière de tous les pays, l'Angleterre, après la Suisse, éprouvé le besoin de régler les -relations de ses organismes de défense et de lutte et de coordonner leur action, en i même temps qu'elle entre les deux formes instaure les nouveaux rapports juridiques de l'activité économique, production et consommation, principales qu'elle aspire à contrôler et à organiser. Les 8 et 9 juin, c'était le tour de l'Union coopérative Suisse, dont abrita le la jolie ville d'Interlaken, jadis fêtée par Mme de Staël, * congrès. ; La petite Suisse est un des pays où ridée coopérative â poussé les plus 'fortes racines. Près de 350 sociétés de consommation grou\ ..".'.. Dans Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 78 REVUE SOCIALISTE de près de 1.000 magasins pant 220 mille membres, possédant et faisant plus de 100 millions d'affaires, composent répartition le mouvement coopératif de ce petit pays, où de grandes sociétés, à Bâle, Zurich, Genève et Lucerne, constituent des centres merveilet de véritables laboratoires d'orgaleux d'applications pratiques nisation sociale. que ceux de l'Union Suisse, tout Congrès toujours intéressants et de ses adhérents des. conceptions ensemble, par la hardiesse par l'esprit pratique dont ils font preuve. Cette fois, on semble avoir hésité à donner une solution au problème posé par le .Congrès dernier de Frauenfeld (1911), où avait des Syndicats. été présenté un projet de contrat avec la Fédération Il fut, La question a été ajournée, et c'est une décision regrettable. en revanche, préconisé une mesure excellente au point de vue de l'unification des méthodes coopératives et qui consiste à pratiquer étrangères. l'échange des employés avec les Unions coopératives La généralisation de ce procédé serait évidemment profitable à tous à entrer résolument dans et il faut encourager les coopérateurs cette voie. Dans la seconde quinzaine de juin, les coopérateurs allemands se réunissaient, eux aussi, dans leur Congrès à Berlin. Nul doute qu'ils n'aient enregistré des résultats tangibles que laissent prévoir les grandes fusions de sociétés coopératives, et la constitution des vastes Bezirks-Konsumvereine (coopératives régionales) analogues à celles de Berlin (50.600 membres avec 83 succursales), et de Dresde (100.000 membres avec plus de 160 succursales). L'Alleindustrielle où magne est d'ailleurs le pays de forte concentration la coopération est appelée à se concentrer elle-même. de façon d'essence oupuissante, imitant en cela toutes les organisations vrière. Ses 1.350 sociétés de consommation (celles de Saxe comprises) réunissent aujourd'hui près d'un million et demi de membres et font un chiffre d'affaires de 460 millions. Malheureusement des divisions néfastes se perpétuent encore dans le milieu coopératif allemand et retardent le progrès du mouvement. La concentration dans la méthode coopérative, qui triomphe allemande, paraît aussi devoir s'appliquer à la région parisienne où la Fédération coopérative poursuit une fusion des sociétés trop nombreuses et trop dispersées. Son assemblée générale du 23 juin dernier a adopté un rapport >préconisant la division de la région en zones d'influence où la constitution de nouvelles sociétés ne serait plus tolérée et dans les limites desquelles, au contraire, serait poursuivie la iusion des diverses sociétés en une seule. Une de cette méthode est faite dans la région de première application Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE SOCIALE DU MOIS 79 où sur neuf coopératives Saint-Denis, quatre sont en train de fusionner. Espérons qu'on ne s'arrêtera pas là et qu'une plus grande expérience sera faite d'un système qui est appelé en même nos sociétés, à régénérer leur gestion commertemps qu'à fortifier ' , ciale. II. — L'UNITÉ COOPÉRATIVEEN FRANCE , Mais la coopération française vient enfin d'entrer dans la voie où elle ne tardera pas à rattraper l'avance prise sur elle par la va des pays voisins. La dualité de son organisation coopération des deux Unions prendre fin. Ainsi en ont décidé les,représentants qui se partagent le mouvement en le paralysant. Rappelons brièvement les faits: En juillet 1885, les sociétés coopératives françaises constituaient la première Fédération sous l'impulsion de quelques militants de la région nîmoise, dont MM. de Boyve et Aug. Fàbre. 85 sociétés se groupaient dans une Chambre consultative et fondaient également une Chambre économique qui disparut en 1892, Au Congrès international de Paris, tenu en 1889, oh décida la • transformation de la Chambré consultative en Union coopérative encore la Fédération des qui est le nom sous lequel fonctionne coopératives de l'Ecole de Nîmes. Cette Union coopérative tint de nombreux congrès : Congrès dé Paris (1885), de Lyon (1886), de Tours (1887), de Paris (international) (1889),, de Marseille (1890),' , Paris (1891), Grenoble (1893), Lyon (1894)/ Paris (1896), Paris ..:' (1900), Paris (1905), Limoges (1908), Paris (1910). où domine l'esprit -Mais dès 1890, certaines sociétés parisiennes les tensocialiste trouvent trop modérées, trop «bourgeoises», dances de l'Union et l'abandonnent. Groupés autour de la Bellevilloise, qui compte alors 3.000 sociétaires • et fait 2 millions de vente, elles essayent en 1892 de se fédérer. Elles échouent d'abord. '„ Puis, trois ans après, en 1895, l'Economie Sociale, de Glichy, ayant à soutenir un procès, fit appel aux sociétés soeurs qui se tenaient en dehors de l'Union, et il fut décidé de créer une nouvelle Fédération qui prit lé nom de Bourse Coopérative des Sociétés ouvrières de Consommation. Les statuts en furent adoptés à~ la réunion de la salle Béranger, rue de Flandre, à Paris, le Ier décembre 1S95. Le rue de Sambrê-et-Meuse. Jussiège social était fixé à l'Egalilaire, fut peu imporqu'en 1900, l'action de cette nouvelle organisation de la Verrerie ouà l'édification tante. Elle contribua cependant ouvrière. Elle échoua vrière d'Albi,"à la création de l'Assurance mais réussit à édifier une d'une distillerie, dans la constitution d'un généreux donateur. boulangerie, grâce à l'intervention Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 80 . REVUE SOCIALISTE ... / socialiste eut lieu Le premier congrès général de la coopération universelle. à Paris les 1, 8, 9 et 10 juillet, en pleine Exposition Une centaine de sociétés de consommation y étaient représentées. député de Charleroi, Jaurès, Delory, Anseele, de Gand, Léonard, figuraient parmi les délégués. dans le sens sociaLe Congrès orienta nettement la coopération liste en exigeant un versement à la propagande politique, en poussant les, sociétés à adhérer aux congrès du Parti, selon la coutume de la coopération belge. La Bourse devient elle-même la devait Bourse des coopératives socialistes. La nouvelle organisation tenir plusieurs congrès : Lille (1901), Amiens (1902), Solteville Monthermé Calais. (1903), Nantes (1905), (1907), (1909), Troyes ' (1911). Deux fédérations coopératives Viyent donc en face l'une de l'auchacune protre, violemment opposées, se critiquant mutuellement, clamant la supériorité de ses méthodes Résultat: particulières. Les sociétés se créent nombreuses, passant de 1.200 environ en 1895, à 2.882 en 1911, sans que le plus grand nombre d'entre elles songent à entrer dans l'une des deux Fédérations ennemies, stérilisant tout entier. En effet, la plus an-, . ainsi le mouvement coopératif de 1895 à 1911 cienne, l'Union coopérative groupe péniblement 240 sociétés, passant ainsi de 190 à environ 436, alors que dans le même temps, la B. C. S. passe de 16 sociétés environ à 451, et une trentaine dé parmi lesquelles une douzaine de fédérations La faiblesse des unions morales paralyse sociétés de production. en même temps l'effort commercial tenté par chacune d'elles sous la forme.de la fédération d'achats, ou du Magasin de Gros. C'est en 1901 seulement que l'Union coopérative mettait debout, après un ou deux échecs douloureux, son office coopératif qui n'arrive après dix ans d'existence qu'à un total de deux millions d'affaires. C'est en 1906 que la B. C. S., après décision de son Congrès de Nantes (1905), créa son Magasin de Gros, et si le succès en fut rapide, puisqu'en cinq ans il est arrivé à ses 11 millions d'affaires, il n'en demeure pas moins vrai que ce chiffre de la coopération fédérée paraît dérisoire à côté des 800 millions des Wohlesaales anglais, des 82 millions du M. D. G. allemand, des 57 millions du M. D. G. danois, des 17 millions même du M. D. G. suisse, et qu'il reste des progrès à faire avant de monopoliser au profit du M. D. G. les achats des 2.800 coopératives françaises, dont les ventes s'élèvent à plus de 300 millions. Depuis de longues années déjà, la situation n'était pas sans préoccuper fort les militants les plus avisés des deux organisations. M. Gide,, qui s'est fait dans notre pays l'apôtre de la coopération rochdalienne dont le principe en triomphe Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF - REVUE SOCIALE DU MOIS '81 les appels à Angleterre, en Allemagne et en Suisse, multipliait dont il est le représentant le plus , l'unité. L'Union coopérative, éminént, avait à diverses reprises tenté d'ouvrir des négociations. La Bourse Socialiste les avait repoussées dédaigneusement, ne vouaux «jaunes», du Comité Cenlant pas s'allier aux «bourgeois», tral. En vain, de grandes sociétés, puissantes par le chiffre de leurs affaires ou par le rayonnement de leur prestige, la Revende Sens, une ; fédération, celle dication de PuteaUx, l'Econome du Centre, avaient maintenu leur adhésion aux deux organismes centraux, essayant, ainsi, de réaliser une « union personnelle » des écoles rivales. En vain même, des sociétés dites socialistes, comme la Paix, de Roubaix, l'Union, de Limogés, refusaient leur adhésion à la Bourse Socialiste, les coopérateurs «socialistes» dans leur exclusivisme farouche. Pourtant, l'esprit de persistaient réalisation pratique qui s'était manifesté au sein de la coopération à la suite de la' création du Magasin de Gros, •parisienne création décidée après une visite de Louis Héliès en Angleterre, tendait à aiguiller le mouvement vers des buts économiques plus précis, et à l'éloigner par conséquent des préoccupations politiques du Parti Socialiste.: Celui-ci, de plus, mettait à son ordre du jour et la tranchait Ja question de la coopération dans le sens de Telles étaient les consél'autonomie du mouvement coopératif. quences des congrès socialistes de Paris et de Copenhague (1910), ne pouvaient plus invoquer «[Socialistes» que les coopérateurs était je ne sais quel loyalisme dont la pratiqué, sinon l'intention, désavouée par le Socialisme international. Aussi, le congrès coopéles déclararatif international de Hambourg (1910), enregistrant à votait-il une résolution tions des Partis socialistes, favorable de la coopération étant l'unité des diverses écoles, l'autonomie reconnu. sauvegardée et érigée en principe universellement Il était difficile de .maintenir en France une division qui ne et Ses incomreposait plus que sur dés différences de tempérament «neutre» patibilités d'humeur, depuis, surtout, que la coopération ou de l'école de Nîmes avait, en 1905, publié Un programme inspiré du fameux programme de Rochdale, depuis, aussi, que la coopéà formuler un programme basé ration « socialiste », impuissante sur la lutte politique des classes reprenait elle aussi le programme (1910), roçhdalien et écartait, dans son congrès de Monthermé socialiste dont elle avait l'obligation du verserhent à la propagande fait un article, d'ailleurs iinobservé, de ses statuts. Aussi, dès le lendemain dés, congrès de Copenhague et de' Han> ardentes, s'élevèrent-elles bourgs des discussions, des controverses dans le sein des co'opératives de la Bourse. Les numéros dé 1911 ' '6 ...-'',- Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 82 REVUE SOCIALISTE ' - contradicde son Bulletin officiel sont remplis de ces plaidoiries toires et véhémentes parfois, qui devaient se traduire en proposi-s créée tions déposées devant le Comité de la nouvelle organisation sur le mode fédéraliste par le Congrès de Monthermé. Déjà, le 22 avaient été formumai 1916, avant ce Congrès, deux propositions de de l'Est et par le Cercle des coopérateurs lées par,1a Fédération de Puteaux. Elles avaient été écartées, mais la la Revendication, question était posée officiellement et il fallait la résoudre. Après les débats ouverts au Congrès de Calais (1912), il fut décidé Mandat était avec l'Union Coopérative. d'engager des pourparlers nécesde poursuivre les démarches donné au Comité confédéral saires en vue de nouer des négociations sur lesquelles un prochain définitivement. congrès aurait à se prononcer Ces négociations ont eu lieu les 10, 11 et 12 juin dernier et elles viennent d'aboutir. C'est le triomphe du bon sens et de la raison qui se trouve consacré dans le document qu'on va lire et qui, s'il fermement est approuvé comme nous l'espérons par les congrès des deux organisations, constituera la charte unitaire de la coopération française : PACTE DE L'UNITÉ Les délégués représentant l'Union coopérative des sociétés franet la Confédération des coopératives sociaçaises de consommation listes et ouvrières de consommation, réunis les 10, 11, 12 juin 1912, ont décidé de proposer aux Congrès respectifs de leurs organisations la déclaration et les garanties mutuelles d'unité suivantes: > Déclaration L'Union coopérative et la Confédération des coopératives désireuses de mettre fin à un état de division qui fournit un prétexte à trop de sociétés pour n'adhérer ni à l'une ni à l'autre des organisations existantes, qui ^retarde Uessor du mouvement coopératif et l'empêche de donner en France des résultats aussi grandioses que dans les autres pays. D'accord sur les principes essentiels de la coopération tels qu'ils ont été formulés par les Pionniers de Rochdale et appliqués depuis lors avec un succès croissant par des millions de travailleurs dans tous les pays, à savoir : La substitution au régime compétitif et capitaliste actuel d'un régime où la production sera organisée en vue de la collectivité des consommateurs et non en vue du profit ; collective et graduelle L'appropriation des moyens d'échange Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF / REVUE SOCIALE DU MOIS 83. et de production par les consommateurs associés, ceux-ci gardant dorénavant pour eux les richesses qu'ils auront créées ; ^Constatant l'accord de ces principes purement coopératistes avec ceux qui sont inscrits dans le programme du socialisme international; mais réclamant, comme l'ont reconnu les congrès de Hambourg et de Copenhague, l'autonomie du mouvement coopératif ; Laissant d'ailleurs à chaque société la liberté de disposer,de ses bonis à son gré, excluant seulement les sociétés capitalistes ou patronales, c'est-à-dire celles,qui allouent un dividende au capital, action, en sus d'un intérêt limité, ou qui limitent le nombre des ou qui donnent à leurs membres un nombre de voix actionnaires, au nombre des actions, ou qui ne confèrent pas la proportionnel souveraineté à l'assemblée des sociétaires ;' Décide de supprimer les organisations centrales existantes et de les remplacer par une organisation nouvelle qui s'appellera: FÉDÉRATIONNATIONALEDES COOPÉRATIVESDE CONSOMMATION | - ~ des travailleurs Organe d'émancipation . Partant de ces principes : Il est nécessaire que chaque consommateur adhéré à une société de consommation constituée sur les bases de la présente déclaration ; \ ........ , Que chaque société crée des liens plus étroits entre tous ses membres ; qu'elle crée dans son sein dés oeuvres d'éducation et de solidarité ; Que les sociétés adhèrent à leur organisme commercial, le Magasin de Gros, pour y concentrer la puissance d'achat des sociétés tant par leurs propres forces coopératives ; qu'elles organisent, que par leur Magasin de Gros la production coopérative de tous les produits nécessaires à leurs adhérents. Les sociétés devront réserver une part de leurs trop-perçus tant formation pour les oeuvres, sociales créées ou à créer, que pourra de réserves collectives devant servir à la réalisation du programme coopératif. .'.""' BASESDE L'UNITÉ ' i' .' '•'",' Les résolutions suivantes ont été acceptées de part et d'autre comme garanties mutuelles et conditions de l'Unité morale et commerciale. : Unité morale 1° Seront acceptées toutes les sociétés constituées conformément l'Unité coopérative. En conséquence, à la Déclaration commune,de Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 84 REVUE SOCIALISTE ne pourront être admises les.sociétés qui imposent à leurs membres l'adhésion à une organisation ou confessionnelle ; les politique ou patronales, celles qui allouent sociétés capitalistes c'est-à-dire un dividende en sus d'un intérêt limité, ou qui au capital-action, limitent le nombre des actionnaires, ou qui donnent à leurs membres un nombre de voix proportionnel au nombre des actions, ou à l'assemblée des sociétaires ; qui ne confèrent pas la souveraineté 2° L'organisme unitaire nouveau sera composé des sociétés adhérentes par l'intermédiaire de fédérations délimitées territorialement dans le projet de statuts. Il sera administré par un Conseil central de 21 membres nommés par le Congrès des sociétés et permanent réuni plusieurs fois par an et composé par un Comité confédéral du Conseil central et des délégués de fédérations ; 3° La, représentation sera appliquée à tous les proportionnelle unitaire pour assurer, en cas d'absence d'acdegrés de l'organisme cord préalable, la juste représentation et à la (à l'administration de tous les éléments coopératifs direction) français. Unité commerciale. La commission d'unité coopérative, Ayant constaté là parfaite similitude du programme économique et du but coopératif poursuivi par les deux organisations commeri ciales ; Considérant est aussi indispensable que l'Unité commerciale au développement rapide de la coopération française que l'Unité morale ; , Décide la fusion des deux organismes commerciaux en un seul, le Magasin de Gros. Un Comité mixte entre le Magasin de Gros et la Fédération nationale assurera l'unité d?action du mouvement en coopératif et à l'extérieur, en établissant France, à l'intérieur des rapports constants et permanents entre les deux organismes. Pour l'Union coopérative des sociétés françaises de consommation : Alfred Nast, A. Daudé-Bancel, H. Barrault, Maurice Alfassa, Ch. Gide, Marty, B. Lavergne. Pour la Confédération des coopératives socialistes et ouvrières: E. Poisson, G. Boudiôs, L. Lucas, L. Héliès, ' Waseige, Buguet, Sellier. On le voit, le document ci-dessus le prouve surabondamment, les règles pratiques qui se sont imposées au mouvement -coopératif depuis l'époque où les 28 tisserands de Rochdale ouvraient leur petite boutique de la ruelle du Crapeau trouvent place dans l'action Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE SOCIALE DU MOIS 85 coopérative à-côté de l'idéal communiste qui est commun au sociaLes deux- organisations sont d'accord lisme et à la coopération. dans le pacte par lequel elles scellent leur union, pour reconnaître que la coopération est un mouvement d'essence ouvrière, favorable des travailleurs à J'émancipation et semblable dans ses fins au sodoctrine de l'Internacialisme lui-même, tel qu'il est défini parla seulement l'indépendance tionale. Elles réclament de leur action propre vis-à-vis de la politique pure ou de telle autre forme d'action ouvrière utilisée par les travailleurs. L'autonomie que le syn-.. dicalisme français a réclamé pour lui par sa charte d'Amiens, la coopération la revendique à son tour pour sa bataille particulière, aux ouvriers pour son évolution normale propre, ne demandant envisagés sous l'aspect de consommateurs -que de se souvenir de l'identité du but qu'ils s'efforcent d'atteindre pour émanciper le travail humain. Et ainsi se trouve affirmée l'unité profonde de la à la conquête dû conduisant le prolétariat pensée révolutionnaire, mieux-être et de la liberté. Producteurs, les prolétaires associent leurs forces de travail pour faire hausser le salaire jusqu'à la avec le produit intégral du labeur'; puis, limite où il se confondrait d'où pour substituer au salariat lui-même; un système d'association sera exclue la possibilité d'exploitation du travail par le capital.; ils se groupent à nouveau pour défendre la force consommateurs, le salaire,: pour l'affranchir de consommation peu que représente du commerce, à peu de l'impôt prélevé par les intermédiaires auxiliaires^ou agents du capitalisme, pour acquérir progressivement ensuite les moyens de production collecqu'ils posséderont tivement au titre d'asSociés dans le système fédéral coopératif ; citoyens, ils tentent de conquérir la commune, l'Etat, pour y deveet la faire nir les détenteurs de la puissance publique transformée, servir ensuite à exprimer la volonté légale qui favorisera ou créera nouveaux. Dans toutes ces actions fondalés rapports juridiques mentales que règle la nature même des choses au milieu desquelles se meut l'humanité moderne, il y a vraiment, pour ainsi dire, unité organique, unité dé mouvement, unitéN d'efforts, unité de but: le ' , ' communisme. . . la reconnaît, la proclame, la glorifie Cette unitéj la déclaration au coeur de la classe ouvrière, presque et par là, elle maintient la.foi en son avenir et la volonté de conquérir en sa totalité l'instrument de sa libération. 1Et c'est vraiment une grande chose que les travailleurs voient ainsi reconnue et' affirmée par des hommes d'idéal et de progrès, quel que soient, par ailleurs, leurs convictions politiques ou sociales immédiates, la communauté de leurs espoirs et la noblesse du but qu'ils s'efforcent d'atteindre. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE SOCIALISTE , 86 nécessaire Si, comme nous le croyons, l'unité, ainsi reconnue se réaet propre à féconder les efforts de tous les coopérateurs, si idéaliste et si animée d'ardente française, lise, la coopération un moyen foi, ne tardera pas-à devenir aux mains du prolétariat de la ne sont les Ce d'affranchissement. partisans pas puissant à notre * République République coopératiste », si semblable d'avoir aidé à doter les travailregretter sociale, qui pourraient dans et plus sûre pour atteindre leurs d'une arme plus parfaite ses oeuvres vives le régime sous lequel- ploie la société humaine tout entière; ce ne sont pas, en tout cas, les socialistes dont nous désord'un événement les conséquences sommes qui déploreront et par ses résultats immédiats et par le retentismais considérable sement qu'il ne peut manquer d'avoir sur toute l'étendue de la vie même de l'activité sociale. coopérative et dans les profondeurs JEAN GAUMONT. LA VIE INTELLECTUELLE f du placement La question ici le résumé du Nous sommes heureux de pouvoir reproduire très intéressant exposé que Max Lazard a fait, le 30 avril dernier, au Groupe d'Etudes sur la brûlante question du. placement qui publie Les Cahiers du Socialiste. En France, dans presque toute l'industrie, le placement est encore tout à fait inorganisé : l'embauchage se fait par relations directes ou indirectes. Toutefois, dans quelques proindividuelles, fessions ayant conservé un caractère domestique (gens de maison, employés de l'alimentation, coiffeurs), le placement organisé existe depuis le moyen âge soùs la forme d'agences privées ; le en est, d'ailleurs, fonctionnement très défectueux des et présente abus qui ont à plusieurs reprises soulevé l'hostilité violente des L intéressées. corporations En 1904, après une agitation particulièrement vive, le Parlement s'est enfin décidé à intervenir. Mais, comme trop souvent, il s'est borné à une manifestation La loi rédigée, ou mieux platonique. improvisée à ce moment-là, se ramène en somme aux trois points suivants: 1* les municipalités sont « autorisées » à supprimer, les bureaux payants ; 2° toute associationmoyennant indemnité, légalement constituée le droit conserve, sans aucune restriction, d'ouvrir des bureaux gratuits ; 3° les communes de plus de 10.000 habitants sont tenues de créer un bureau de placement municipal. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE SOCIALE DÛ MOIS 87 cette dernière prescription, Malheureusement, qui aurait pu et dû être le point de départ d'une réforme profonde est restée lettre ont omis dé s'y conformer, les préfets ont morte. Les municipalités fermé les yeux, si bien que sur 258 villes de plus de 10.000 habitants, 107 seulement, soit 41 pJ 100, ont ouvert un ou plusieurs bureaux municipaux. Au fond, le but essentiel de la loi était beaucoup moins la réorganisation positive du placement, sous la forme de service public, que la suppression des bureaux payants ; et encore ce dernier objectif n'était-il poursuivi que bien mollement ! La liberté du placement gratuit, reconnue aux associations, permit d'ailleurs aux agences « supprimées » de se reconstituer sous un masque de sociétés amicales ou mutuelles ; le prélèvement sur les salaires est perçu sous la forme de Cotisations (sans parler des pots-de-vin) ; les anciens abus persistent avec, en plus, quelques nouveaux, qui résultent du pullulement et de la clandestinité dés « sociétés de Ainsi, en France, le placement est ou inexisplacement gratuit». tant, ou anarchique et exploiteur ; les pouvoirs publics s'en désintéressent presque complètement; quant aux ouvriers, dans les professions où le placement existe, ils manifestent leur exaspération contre ses abus ; dans les autres, ils n'en sentent pas lé besoin et montrent une complète indifférence. L'étude de ce qui se fait à l'étranger fait ressortir l'imperfection des méthodes françaises de plafeement. En, Allemagne et en Anglela situation est beaucoup meilleure, ef cela terre, notamment, des pouvoirs publies. La loi grâce à l'intervention grandissante les bureaux publics de placement (Labour anglaise, organisant ex changes), date seulement d'il y a trois sans, et l'institution est et grandit sans cesse. Dans tous déjà en plein fonctionnement les pays où existe le "placement public, l'attitude des ouvriers a , suivi la même évolution : d'abord, hostilité véhémente, crainte que le placement municipal lie Vienne gêner l'organisation et la lutte syndicales ; peu à peu les préventions se dissipent ; enfin, adhésion chaleureuse, le bureau public apparaissant, comme le seul moyen de lutte efficace contre le placement l'arme la plus patronal, terrible dés patrons dé combat. sociale du placement organisé se justifie par des L'importance considérations théoriques, qui doivent frapper tout particulièrede l'organisation du marché du ment les socialistes, préoccupés aussi exact que possible de l'offre et de la travail. L'ajustement d'éviter les pertes de temps,'les demande de travail permettra et démoralisantes et cette partie du chôrecherches énervantes En industrielle. mage qui résulte de notre présente, inorganisation à aura un rôle important outre, le service public du placement Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 88 REVUE SOCIALISTE des jeunes ouvriers Vers les professions jouer dans l'orientation où la demande de main-d'oeuvre est, abondante. Mais surtout, comme l'a démontré Beveridge, le directeur actuel le chômage partiel permanent des Labour exchanges, ou «sousen particulier qui sévit dans beaucoup d'industries, emploi», non-qualifiés, dockers, etc., tient essentielleparmi les travailleurs ment aux méthodes d'embauchage routinières et vicieuses, qui sont employées aujourd'hui. Chaque entreprise dispose d'une réserve de main-d'oeuvre qui lui est propre et qui correspond au maximum de ses besoins ; en temps normal, elle y puise au petit bonheur, de sorte qu'aucun ouvrier n'a suffisamment d'emploi. Le placement public peut seul remédier à cet état de choses, d'une part en substituant aux « mares stagnantes » de main-d'oeuvre une réserve commune, suffisante mais unique dans chaque localité, et d'autre part en agençant les tâches en séries continues. Bien entendu, il assurer l'absorpfaudra, par d'autres réformes complémentaires, des travailleurs surnuméraires tion, dans l'organisme industriel, ainsi éliminés. Ainsi, le placement public est un rouage absoludu travail. ment, essentiel de la future organisation Il faut que la France se décide à entrer dans cette voie, où divers pays étrangers l'ont précédée ; et les socialistes ont le devoir de soutenir éhergiquement la campagne en ce entreprise sens par l'Association française pour la lutte contre le chômage. à souffrir de la «liDéjà, les corporations, qui ont aujourd'hui berté » du placement, se sont ouvertement ralliées à l'idée du placement municipal selon la formule paritaire. Il appartient aux socialistes de travailler à secouer l'inertie des pouvoirs publics et à des ouvriers' que la question dissiper la méfiance ou l'indifférence n'intéresse pas encore. . " La discussion a porté sur les garanties qu'il convient d'introduire dans la loi pour que le placement public ne porte pas atteinte à l'action syndicale en matière de grèves et de tarifs de salaires. D'autre part, Simiand fait des réserves sur la théorie de Beveridge, qui ne lui paraît pas tenir un compte suffisant des flottements et du i<sur-nombre » nécessaires dans l'industrie. Les Cahiers du Socialisme Le Bureau d'informations a continué à fonctionner municipales régulièrement jusqu'au jour du scrutin. Il a été répondu à une trentaine de lettres environ. Quant au caractère de ces lettres, voici le bilan établi par le secrétaire du bureau, G. Gelly : «Trois Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE SOCIALE DU MOIS 89 ou quatre demandes, vraiment relatives à des articles du prode ce programme gramme municipal ; une dizaine s'inquiétant d'une façon générale ; la plupart du temps, les questions portent sur le droit électoral et la jurisprudence des élections, ou sur la être que pendant la tactique électorale. » La conclusion paraît ' les militants sont moins préoccupés période électorale, d'approfondir le programme que de gagner la bataille où ils sont engagés ; en somme, nous ne pouvions choisir de plus mauvais moment C'est ainsi que nous avons pour faire, de l'éducation municipale. été amenés à nous demander s'il ne. conviendrait pas de ifans-former le Bureau en une institution permanente, ses qui offrirait' services non aux candidats, mais aux élus municipaux. ' D'ans le même ordre d'idées, nous avons reçu, il y a quelque dé notre camarade Dormoy, lé temps, une lettre fort intéressante de la Seine, qui, vient, à notre grande secrétaire de la Fédération dans le 12e., Voici le passage joie, d'être élu 'conseiller municipal essentiel de cette lettre : « J'ai l'intention de constituer à la Fédé^ ration de la Seine, aussitôt les élections terminées, un Bureau de renseignements municipaux, où les conseillers pourront venir prennon seulement sur lés points de doctrine, dre dés informations, mais encore sur les menus détails de la gestion d'une municipalité. La Fédération de la Seine devra faire appel pour cela, d'une part, à des représentants des municipalités déjà conquises au Parti, qui auront la pratique des affaires municipales, et, d'autre part, à des à la Fédération de la Seine dé théoriciens. Je compte proposer faire appel au Groupe d'Etudes, socialistes pour l'examen des Conet' j'insisditions dans lesquelles ce Bureau pourrait fonctionner à son établissement. terai très vivement pour que vous participiez nos municipalités Il est, en effet, nécessaire d'orienter qui, même suffisantes jusqu'à ce jour, se les meilleures, sans connaissances de l'Administrasont trouvées envahies par l'esprit conservateur de ce sur l'institution tion préfectorale... Je compte beaucoup et pour leur Bureau pour donner des armes' aux municipalités d'ensemble.» Nous, aurons à exaune impulsion communiquer intéresminer, le 21 mai, la réponse à faire à cette proposition sante et très flatteuse pour notre Groupe. Le dernier scrutin paraît, dans l'ensemble, avoir, été favorable au socialisme; les membres du Groupe auront appris, avec une l'élection de nos camarades Emmanuel Lévy, au vive satisfaction, conseil municipal de Lyon, et Ernest Lafont, à Firm'iny. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF Revue des Livres L. CHACHOIN.— Evolution des idées religieuses Paris, Crès, 1911, in-8, iv-73 p. et des religions. Selon "l'auteur, les religions sont nées d'un besoin poétique, puis elles se sont-organisées et développées sous l'action des prêtres des dogmes qui, en vue de diriger les hommes, leur imposèrent issus d'une prétendue révélation. L'humanité actuelle s'avance vers une religion de vérité, basée sur nos connaissances et positives, n'affirmant rien au delà. Pour appuyer cet agnosticisme mystique, l'auteur passe rapidement en revue les principales transformations des religions, modernisme cathodepuis l'hindouisme jusqu'au des progrès religieux et de lique, et il insiste sur, le parallélisme la civilisation le générale (pp. 65-66). Enfin, il trace rapidement programme dogmatique et cultuel de la religion moderne, qui doit être conforme à la science et inspiré par l'esprit de tolérance. Ce programme nous paraît sortir un peu du pur agnosticisme, puisqu'il admet la croyance à un Dieu unique et à une vie dans un autre monde comportant des peines et des récompenses décernées d'après nos mérites et démérites dans la Vie présente. — R. P. FIRMIN LAVALETTE.— Le droit au travail 1912, m-8", 182 p.. en 1848. Paris, Rousseau, La formule du droit au travail, qui domine tout le grand mouvement populaire de 1848, était « dans l'air » bien avant cette date et M. Lavalette, en étudiant l'histoire de cette revendication en 1848, n'a pas de peine à lui trouver des antécédents. Cette recherche des sources de la doctrine du droit au travail, bien que rapide, est'clairement conduite à travers les-deux premiers de chapitres ' des ateliers nationaux l'ouvrage. L'histoire et principalement de leur organisation, nettement établie par d'excellents aujourd'hui travaux, n'en devait pas moins être résumée ici pour appuyer l'exposé critique des doctrines soutenues à la Commission du Luxembourg et à l'Assemblée Constituante, qui forme l'objet propre de ce travail. L'auteur a su en dégager avec vigueur les idées maî- Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE DES LIVRES 91 tresses, et il conclut, ' avec justesse, que le droit au travail, dont l'inscription dans la Constitution de 1848 fut repoussée, ne saurait être que le terme et non le point de départ d'une législation ; sa reconnaissance, impossible dans une société bourgeoise, ne peut résulter que d'une organisation socialiste. — R. P. ".' • / RENÉBLOCH et HENRY CHAUMEL.— Traité théorique et pratique Conseils des. prud'hommes. Paris, Alcan, 1912, in-8°, 840 p. dés Il" ne faut pas chercher autre chose dans ce volumineux ouvrage juridique de la loi du 27 mars 1907, qu'un simple commentaire mais il y est présenté d'une façon extrêmement détaillée et, sansnul doute, très utile. Les auteurs se sont bornés à étudier l'insabstraction faite du milieu , 'titution des Conseils de prud'hommes, dans lequel elle fonctionne, à un simple point de vue descriptif, ils en font l'anatomie, on pourrait presque dire l'autopsie, tant leur livre donne peu l'idée qu'on se; trouve en-face d'une institution vivante et agissante. Il serait possible de concevoir un livre tout pareil à celui-ci (qui-vise un corps bien vivant), consacré à telle création mort-née de nos lois, les Conseils de Travail du 17 juin, 1908, par exemple. Les auteurs - du présent ouvrage ne nous ont donné qu'une èimplé étude de textes, qu'ils paraphrasent plus^qu'ils ne les critiquent, mais ils ne nous apprennent, rien sur la statistique sur la jurisprudence de judiciaire des Conseils de prud'hommes, ces tribunaux, sur l'utilisation qui en est faite par les intéressés. est traitée, (La question de l'abus des .-demandes reconventioiineiïes et sans qu'on en fasse assez voir l'importance .et la rapidement usé des signification). MM. Bloch et Chaumel ont principalement débats parlementaires pour commenter leurs textes ; ils ont négligé et la doctrine et la littérature, pourtant abondante, que constituent lès .rapports, débats et voeux des syndicats professionnels patroauBon nombre d'industriels, naux sur les questions prudhomales. commerciale des con-^ jourd'hui, réclament l'électorat à la'section de celui dont ils jouissent pour leur section seils, indépendamment négligée dans industrielle propre ; cette question est complètement enfin, aucune place ce livre. Parmi les documents parlementaires n'est faite aux projets et propositions de loi, qui depuis 1907 n'ont pas manqué cependant : il eût au moins fallu mentionner l'impordu 11 juillet 1910 (1). tant projet Barthou-Viviani (1) Signalons la récente loi du 8 mars 1912. (postérieure au livre de MM. B... et C...), qui modifie les dispositions relatives au relèvement-dés incapacités et déchéance des prud'hommes. Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 92 REVUE SOCIALISTE Ces observations faites, il y a plaisir à louer l'effort apporté ici par MM. Bloch et Chaumel ; leur traité rendra certainement les plus grands services aussi bien aux conseillers prud'hommes qu'à leurs justiciables. Ils y trouveront, distribués, méthodiquement tous les renseignements intéconcernant la création, l'organisation et la le rôle judiciaire ou extra-judiciaire rieure, la discipline, Les conseillers y trouveront procédure des conseils de prud'hommes. également une étude théorique, qui tient un quart de l'ouvrage, des matières sur lesquelles ils seront appelés à juger : contrat de travail et contrat d'apprentissage, une des parties et qui constitue les meilleures— 'quoique non la plus neuve — de ce traité. Enfin, les auteurs désireux de justifier leur titre, qui promet un ouvrage pratique, ont rédigé un formulaire complet de tous les actes et jugements qu'un conseiller prud'homme peut être appelé à rendre. Par du commentaire, ce traité là, aussi.bien que par ia précision semble, vraiment le meilleur qui existe sur la matière. — Roger Picard. . G. LYN, L'évolution socialiste du haut commandement (Paris, Lavauzelle, broch. in-8° de 23 p.). -— D'ESTOURNELLES DE CONSTANT, Limitation des charges navales et militaires (Rapport de l'Union broch. in-8 de 44 p.). — CAPITAINE PIERRE interparlementaire, Et maintenant? Le désar= FÉLIX, Après le traité f ranco=a!lemand. mement ou la guerre! (broch. in-8° de 108 p., 6e édit.,_Paris, Grasset, 1912). G. Lyn, -sous un titre assez inexact, provoqué par le livre de Jaurès sur VArmée nouvelle, développe d'intéressantes considérations historiques 1sur l'évolution du commandement et la question du haut commandement dans une démocratie. Il conclut que « la d'acguerre se présente de plus en plus comme une manifestation tivité nationale » ; « tandis qu'autrefois le commandement suprême se trouvait fréquemment exercé par un délégué du pouvoir souverain et jouissait d'une autonomie complète sur le théâtre des ce commandement tend désormais à s'exercer opérations, par le souverain lui-même disposant, en temps de guerre comme en temps de paix, "de tous les éléments de son gouvernement » (21) ; «le haut commandement de la nation armée s'exercera, non plus par une émanation du gouvernement, mais par le gouvernement luimême » : c'est en somme l'application de l'organisation allemande de 1870.-^L'Union interparlementaire pour la limitation des armements publie dans les principales langues du globe les conclusions de sa Commission et l'important rapport de son président, le sénateur Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE DES LIVRES 93 d'Esto'urnelles de Constant; celui-ci se place à un point de vue résolument patriotique et pratique, et démontre que «l'accroissement des est un affaiblissement et non une force pour charges improductives chaque,pays, une imprudence et non une mesure de précaution» ; il ne s'agit pas de demander à chaque pays de supprimer ses armements, mais de faire cesser une rivalité qui les ruine tous, qui les ruine sans utilité, car «-un minimum d'armements donne plus moins de frais qu'un maximum», de sécurité'a et qui les mène à une catastrophe, car «dans dix ans la révolution sera née de la paix armée, et la question sera résolue sans les gouvernements, malgré eux, contre eux, par l'absurde, par l'excès du mai». Les, dépenses de la paix armée pour l'Europe seule se sont élevées de 4 milliards par an en 1883, à près de 8 milliards en 1908. La manie des forts tonnages aboutit à créer des vaisseaux géants trop grands est si élevé pour les ports, des navires dont le prix d'entretien qu'on les fait naviguer le moins possible, et qui sont à la merci militaires poussées avec une du, moindre accident. Les fournitures ' hâte fiévreuse font, tort aux autres industries nationales ; les grandes puissances militaires sont en état d'infériorité, économique. La "guerre a cessé d'être la «bonne affaire» qu'elle était jadis ; on ne des détruit plus' le commerce d'une nation rivale ; la destruction est interdite ; le débarquement d'une armée en pays propriétés 1«même est ennemi est de civilisé pratiquement imposimpossible ; sible, l'exemple de l'Espagne et de la Russie le prouve, la défense de colonies lointaines par une armée navale. Il n'y a point de et le Japon ont un égal besoin guerres -inévitables. : les Etats-Unis d'éviter la guerre ; lés guerres entre la France et la Russie sont ' d'erreurs couramment politiques. La limiqualifiées aujourd'hui tatign des armements est donc possible ; mais comme chaque pays est le meilleur juge de ses moyens de défense, qui d'ailleurs varient à l'infini d'un jour à l'autre, on ne saurait établir un plan général mais il faut que chaque pays arrête un plan national délimitation, et que cette question soit inscrite à l'ordre du jour de tous les pays au lieu d'être reléguée parmi les problèmes insolubles. — Le ton de la brochure du capitaine est beaucoup moins pacifique que celui du rapport du sénateur, bien que les aspirations du capitaine soient pacifistes que celles du sénateur, puisbeaucoup plus radicalement universel tandis que le sénaque le capitaine veut le.désarmement des armements. Pour M. Félix, si teur ne rêve que la limitation on laisse les choses' suivre leur cours, par leur seule force, mathédu et mécaniquement, l'Allemagne sera maîtresse matiquement monde. Il ne suffit pas pour la France de se préparer à une défense futur, car si une offensive rapide énergique contre l'envahisseur Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 94 REVUE SOCIALISTE n'arrête pas la formidable préparation la défende cet envahisseur, sive de la France est d'avance condamnée à un échec. Delenda Carle salut de thagol s'écrie M. Félix. « Il faut désarmer l'Allemagne; en dépendent, et il faut la désarmer l'Europe et de la civilisation de l'Allemagne pendant qu'il est temps encore. » Le désarmement sera du même coup le désarmement du monde entier. «Il faut procéder au 'désarmement universel, complet et immédiat ou se battre des armements laisserait subsister le sans retard. » La limitation malaise actuel sans rien résoudre. La vraie solution est dans la force ou ou la menace de la force : que l'Allemagne désarme spontanément qu'on lui fasse, sans attendre, le moment où elle sera la plus forte, « L'action qui s'impose à désarmer. une guerre qui la contraigne international non germanique est d'insans retard au groupement et si, viter officiellement universel», l'Allemagne au désarmement par impossible, elle s'y refusait, de lui déclarer la guerre éeonomiaue, financière, industrielle, commerciale, et, au besoin par un blocus de l'affamer et de la réduire. Dans cette lutte l'Allecontinental, il est permis de croire qu'elle magne ne pourrait que succomber; ne l'engagerait même pas et que, renonçant au militarisme, elle cesserait-d'être pour le reste du monde une ennemie menaçante, et deviendrait un' membre actif et utile de la société des nations. Voilà dans sa force la pensée de M. Félix ; cette brochure, un peu désordonnée et bruyante, semée d'aphorismes et de cris de guerre qui semblent parfois dire plus que M. Félix n'a pensé {Delenda Germania! Quos vult perdere Jupiter dementat. Derrière nous, suivez! à laquelle il y -aurait à apporter plus Anguis latet in hérba),"et d'un correctif, est néanmoins l'expression nette et sincère d'un état d'esprit qui n'est plus rare ni en France, ni en Angleterre^" comme le prouve l'exemple de socialistes et anglais comme Hyndman Blatchford ; c'est l'état d'esprit de pacifistes qu'exaspère la menace du militarisme croissante et. qui seraient toujours germanique à engager,'pour être libérés de cette menace, la prêts peut-être dernière guerre, comme les premiers chrétiens appelaient de toute leur impatience la lutte suprême et formidable contre l'Antéchrist, parce que cette lutte devait être suivie du définitif avènement du royaume de Dieu. — E. Laskine. G. PRATO. -— Le Protectionnisme ouvrier; G. BOURGIN. Paris, Rivière, 1912, in-8°. traduit de l'italien par ' ' Il faut savoir gré à M. G. Bourgin d'avoir, en traduisant ce livre, comblé une lacune importante de notre littérature française. Nous ne possédions, en effet, aucune étude systématique sur la question Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF REVUE DES LIVRES 95 de la main-d'oeuvre étrangère — abstraction faite-du livre, d'ailleur excellent, de M. P. Gemalhing (Travailleurs au rabais), qui ne l'envisage que comme un aspect du problème général des sousconcurrehees .ouvrières. Sous le titre significatif de Protectionnisme ouvrier, M. Prato a rangé toutes les mesures législatives qui, sur de nombreux points du glèbe, oiit eu pour but de prohiber, ouvrière. En une série de ou,'du moins, de limiter l'immigration très documentés, l'auteur retrace les phases "succeschapitres sives de la. lutte entre ouvriers nationaux et ouvriers étrangers, en marquant très fortement les particularités de cette lutte selon la physionomie économique des, pays et ,1a qualité des immigrants. la question d'une façon synthétique, M., Prato Puis, envisageant se demande ce qu'il faut penser de ces tendances protectionnistes, se manifestent dans tous les variables, qui avec des modalités intensité. étrangère, atteint une certaine pays ou l'immigration C'est la partie la plus intéressante et la plus originale • de son oeuvre. M. Prato conclut dans le sens libéral": il,nie que les ouvriers nationaux et durablement souffrir de la, puissent sérieusement concurrence étrangère ; il s'élève contre le caractère -monopolistique de, l'action syndicale, et" préconise comme le système le meilleur la libre concurrence entre ouvriers nationaux et ouvriers immiseront contestées! et, d'ans sa préface, grants. Ces conclusions le traducteur M. G. Bourgin indique avec beaucoup de finesse les arguments qu'on peut leur opposer. On a souvent remarqué que les convictions libérales s'expliquent la plupart du temps moins par les raisons d'ordre idéologique ou doctrinal qui leur servent d'apparente justification, que par la conformité entre l'abstentionnisme et l'intérêt actuel d'une nation'ou d'une classe. L'exemple de Prato à cette thèse. Il est vraisemblable peut servir d'illustration qu'inconsciemment Prato a été entraîné à affirmer l'excellence de l'attiest' tude libérale par ce fait que. la nation à laquelle'il appartient de main-.d'oeuvre. S'il beaucoup plus exportatrice qu'importatrice de Prato risque.de en est ainsi on comprend que l'argumentation nous où la situation est précisément rencontrer des résistances.chez frontières ont beaucoup inverse et où les ouvriers des départements à souffrir de la concurrence belge et italienne. Le livre de Prato n'en reste pas moins pour nous d'une très grande utilité puisqu'il nous indique, avec une suffisante objectivité, à quels remèdes ont recouru les législations étrangères, et ^— sous réserve d'un pessimisme parfois un peu excessif — quels résultats ces remèdes ont . permis d'obtenir. — Gaétan Pirou. s Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF 96 REVUE SOCIALISTE AUGUST WINNIG. —- Der grosse Kampf im deutscher IOIO, Hambourg, 1911, in-8°, VII-288 p. Baugewerbe la . A. Winnig a été chargé par le Deutscher Bauarbeiterverband, grande association syndicale des ouvriers allemands du bâtiment, de faire l'historique du grand conflit de 1910. Il a écrit, pour répondre à cet objet, un-livre bourré de faits, de chiffres, de documents, et très instructif. sociale Ce conflit est un des événements capitaux de l'histoire Il est le point d'aboutissement d'une évolution que contemporaine. M. Winnig retrace avec précision. Après avoir employé, contre la croissance des syndicats tous les moyens anciens, bris ouvriers, de grèves, listes noires, etc., les organisations en reconpatronales, naissant l'insuffisance, décidèrent de recourir au lock-out. .Les mouvements importants dont les tarifs furent la cause ou l'occasion en 1908 préparèrent le conflit. Après de longs mois de discussion, l'accord fut reconnu impossible et le lock-out prononcé. Dans cette et de retenir grande lutte, chacun des partis, s'efforça de conquérir de la classe ouvrière pour lui l'opinion publique, et la solidarité se manifesta un traité de paix fut signé, largement. Finalement, après de longs débats entre patrons et ouvriers: il détermina toutes les modalités du nouveau tarif. La paix sera-t-elle durable ? Il est probable, au contraire, que de nouvelles luttes, plus vastes que les précédentes, seront nécessaires. La.classe ouvrière doit et veut s'y Elle comprend de mieux en mieux aujourd'hui préparer. que les conflits économiques sont soumis à des lois inévitables, et que pour obtenir le succès une préparation méthodique et disciplinée est nécessaire. Ces conflits seront des conflits de masses ; ils exigeront Vunité, la centralisation, qui, déjà réalisés dans les organisations patronales, y portent au plus haut noint la puissance de combat et d'offensive. — H. B. -Le gérant : LÉON SIMON. L'Union Typographique, imp.coop.ouvr., Villeneuve-St-Georges(S.-et-O.) Coll. CEDIAS-Musée social / Numérisation BnF