projecteur > économie Monaco au Liban Le Prince Albert II se rendra du 12 au 14 janvier prochain au Liban. Visite qui stimule le monde de l’entreprise : la Chambre de Développement Economique prépare, en parallèle, une mission économique. Boutros Assaker, ambassadeur du Liban en France, invité le 4 novembre de l’Ambassador’s Club, a dressé, en préambule, le portait économique du Liban qui connaît un taux de croissance de 8 % ! mission économique sans précédent Entretien avec Boutros Assaker, ambassadeur du Liban en France La résistance des acteurs économiques L’actualité vient prouver ces qualités : alors qu’une grande récession frappait le monde entre 2007 et 2009 et en dépit des moments difficiles qu’il traversait, le Liban a réussi à minimiser l’impact de la crise financière mondiale et à réaliser des performances économiques considérées par nombre d’analystes comme un message de confiance envoyé aux hommes d’affaires, aux chefs d’entreprises et aux décideurs internationaux ; une confiance en la solidité de ses institutions financières et le dynamisme du peuple libanais. par les politiques éclairées du gouverneur de la Banque centrale, la résilience et la solidité des banques libanaises ont attiré d’importants flux de capitaux et assuré une croissance exceptionnelle à notre secteur financier. Ainsi, les banques libanaises ont affiché des résultats records l’année dernière et les dépôts sont passés de 80 milliards de dollars en 2008 à 130 milliards en 2009, soit quatre fois la taille de l’économie libanaise. A leur tour, ces capitaux sont venus soutenir les activités économiques -en particulier dans les secteurs de la construction et de l’immobilier-, servir les investissements -notamment dans le secteur du tourisme- et dynamiser la consommation intérieure. Les projets se multiplient Des grandes tours de Beyrouth aux microvillages écologiques dans les montagnes, les projets se multiplient. Ce cycle vertueux observé en 2009 s’est poursuivi en 2010 et le Liban devrait maintenir cette année son taux de croissance du PIB proche des 9%. Excédent de la balance des paiements, flux des capitaux en provenance de l’étranger (notamment des pays arabes) et hausse des dépôts en monnaie étrangères : de telles performances ont prouvé la viabilité de nos choix économiques et nous © CDE En dépit des malheurs dont il a été souvent été victime, le Liban repart toujours de l’avant. Existe-t-il un modèle ou un miracle libanais ? Modèle ou miracle, je ne sais pas ; exception, certainement : des décennies de conflits internes et de désordres régionaux ont forgé la résistance et l’adaptabilité des acteurs économiques libanais. Noëlle Bine-Muller Son secteur financier est un des atouts de l’économie libanaise. Quels en sont les points forts, et comment conciliez-vous régulation et secret bancaire ? Notre secteur financier très performant tire la croissance de l’économie. En effet, favorisées 14 La Gazette de Monaco N°440 / 15 novembre - 14 décembre 2010 Moustapha El-Solh, consul du Liban à Monaco, Boutros Assaker, ambassadeur du Liban en France, Michel Dotta, président de la CDE et Bechara El Khoury, consul de Monaco au Liban économie < projecteur Quelles sont les incitations fiscales ou en matière de coût qui motivent les investisseurs ? Outre les nombreux avantages que présente le pays (localisation stratégique, ouverture économique, fiscalité, RH,…), les performances actuelles et le potentiel du Liban sont susceptibles d’attirer de nombreux investisseurs internationaux en quête de relais de croissance. Dans son effort de modernisation et de développement, l’Etat recherche et encourage activement l’apport des capitaux étrangers. L’IDAL, agence pour le développement des investissements au Liban, a ainsi été créée en 1994 avec pour mission de promouvoir le Liban comme une destination viable pour les capitaux étrangers, de les attirer, de les faciliter et de les retenir. L’IDAL a ainsi prévu de nombreuses mesures incitatives comme l’exemption des impôts sur le revenu et sur la distribution des dividendes, la délivrance de permis de travail multiples ou des réductions de taxes pour les permis de travail, de résidence, et de construction. Des incitations fiscales fortes En quelques années, cet environnement rénové a convaincu de nombreuses entreprises internationales à s’implanter au Liban, notamment dans le secteur touristique où l’ouverture de prestigieuses enseignes s’est multipliée, et nous savons l’expertise des Monégasques en la matière ! Si le développement récent de notre industrie touristique a été spectaculaire et offre encore de grandes promesses, de nombreux autres secteurs d’activités sont particulièrement porteurs pour les IDE, comme les technologies d’information et de communication, l’industrie (agroalimentaire, ameublement, joaillerie, cosmétiques,) et l’agriculture. La porte du Moyen-Orient © CDE incitent à persévérer sur la voie des réformes. Depuis la loi de 1956, la régulation financière libanaise prévoit le secret bancaire, afin de protéger l’épargnant et l’investisseur et cette régulation englobe également une loi contre le blanchiment d’argent. Vous semblez attendre beaucoup des partenariats public /privé. En général ou pour des projets particuliers ? En effet, les besoins de reconstruction et de modernisation nécessitent l’apport des capitaux et des compétences du secteur privé : l’Etat seul ne dispose pas des moyens suffisants pour atteindre ces objectifs dans un délai optimal. « Le Liban doit rapidement remédier à son déficit d’infrastructures, pour exploiter son potentiel et assurer une croissance durable. Les conférences de Paris I, II et III, ont d’ailleurs prévu la libéralisation de secteurs clés comme l’Energie et les Telecoms. Ressources naturelles De plus l’Etat projette également la privatisation de 25% de la compagnie aérienne nationale, la MEA, et de nombreux autres projets dans le domaine des transports sont à l’étude comme l’établissement d’une liaison ferroviaire entre les villes côtières et la Syrie. Nous voulons également développer les ressources naturelles du pays, comme notre potentiel hydrologique, photovoltaïque et éolien pour l’industrie des énergies renouvelables. Enfin, nous encourageons également le secteur privé à s’impliquer pour le progrès social du pays par la création d’écoles, d’universités, de laboratoires et d’hôpitaux. Du pétrole a été découvert au large de Beyrouth. Quelle est l’importance de ce gisement ? Qui va l’exploiter ? Suite à la découverte par la société norvégienne d’un important gisement de gaz aux larges des cotes méridionales du Liban, une loi a été adoptée au Parlement pour l’organisation de ce secteur : forage, exploitation, production, ect… Le ministère de l’Energie adoptera prochainement une « data room »pour fournir aux compagnies qui le souhaitent les données disponibles sur les fonds marins et procèdera dans une phase, ultérieure à la délimitation des blocs de prospection qui feront l’objet d’adjudication. Sur un plan politique, qu’attendez-vous de l’UPM ? Le Liban a-t-il d’autres projets de coopération méditerranéens ? Dès le départ, le Liban a adhéré au projet de l’Union pour la Méditerranée avec conviction pour l’intérêt global qu’il a suscité. Le Président Moustapha El-Solh, consul honoraire du Liban à Monaco, qui représente le Liban sur le plan des affaires et proche des autorités de Beyrouth, a exprimé sa reconnaissance envers Michel Dotta, président de la CDE, pour sa mise en avant du Liban. Une délégation d’une centaine de dirigeants se rendra du 11 au 14 janvier à Beyrouth. Elle regroupera les entrepreneurs de Monaco, les membres de l’Amaf (Association monégasque des activités financières), les directions du tourisme et de la SBM. « Nous cherchons à entrer dans le secteur du Moyen-Orient. Le puissant secteur bancaire libanais présente une réelle opportunité », explique Anthony Torriani, vice-président de l’Amaf « Nous allons voir avec nos homologues quels sont leurs produits d’investissement et si le Liban n’aurait pas l’utilité de certains des nôtres. Nous pouvons en retour offrir à nos interlocuteurs une porte d’accès à l’Europe. » Audi : un acteur bancaire de premier plan à Monaco La banque libanaise Audi est désormais officiellement implantée à Monaco. C’est en début d’année que le groupe avait fait connaître son intention de racheter la Dresdner Bank Monaco. SAM au capital de 20 millions d’euros, celle-ci est présente à Monaco depuis 2006 où elle emploie une vingtaine de personnes sous la direction générale de Charles Sirna. Elle vient d’adopter la raison sociale de Banque Audi SAM – Audi Saradar Group et devrait connaître de nouveaux développement grâce à l’appui de son nouvel et puissant actionnaire. Audi Saradar Group est issu du rapprochement, en 2004, des activités bancaires d’Audi fondée en 1830 et transformée en SA libanaise en 1962 et de la banque créée par Marius Saradar au milieu du siècle dernier. Aujourd’hui, les deux familles Audi et Saradar en sont les principaux actionnaires avec la famille Al Homaizi. Parmi les toutes premières banques arabes, elle est très solidement implantée au Liban, bien sûr, mais aussi en Jordanie, en Egypte, en Arabie Saoudite, au Soudan, en Syrie, au Koweït, dans les Emirats et bientôt dans tout le Maghreb. Elle dispose aussi de filiales en France et en Suisse où elle est la seconde banque arabe par le montant des actifs gérés. Son implantation à Monaco est donc un évènement majeur pour la place financière. N°440 / 15 novembre - 14 décembre 2010 La Gazette de Monaco 15 projecteur > économie Libanais Michel Sleiman, a même proposé lors du premier sommet à Pris en juillet 2008 la création d’une Agence de Recherches Scientifiques dont le siège serait à Beyrouth. Par la suite, d’autres projets dans le domaine de l’énergie, de ‘environnement, de la culture et de l’économie ont été formulés par nos autorités concernées. L’UPM butte sur l’échec du processus de paix Mais à la veille du prochain sommet de l’UPM qui se tiendra à Barcelone, des doutes planent toujours sur l’efficacité et les perspectives d’avancement et de progrès de cette instance qui butte toujours sur l’échec du processus de paix au Proche-Orient. Tant qu’il n’y a pas un progrès sur le volet politique, on voit mal comment une coopération collective saine pourrait s’opérer et avancer entre les pays membres de l’UPM. Pour en revenir aux liens avec la Principauté, peut-on envisager d’étendre la coopération et dans quels domaines ? La Principauté de Monaco est activement engagée dans une politique de coopération avec le Liban, initiée dès 1993, notamment avec la mise en œuvre conjointement avec, le ministère de l’Agriculture libanais, de projets de reboisement et d’agroforesterie. Mais plus ré- cemment encore, la Principauté est présente au Liban par un soutien aux programmes internationaux d’aide sociale telle que le développement des services de santé de base, l’assistance aux ONG de soutien à la jeunesse défavorisée, ou au développement du commerce équitable. Renforcer les liens économiques avec Monaco Prochainement et parallèlement à la visite d’Etat de se Son Altesse le Prince Albert II, une délégation de la Chambre de Commerce et de développement de Monaco se rendra au Liban, afin de renforcer les liens économiques déjà existant entre nos deux pays. Cette visite, sera, je le souhaite, l’occasion pour ceux qui s’y rendront, de constater le climat d’affaires très positif qui y règne, les avancées économiques du Pays et la diversité des secteurs d’investissent porteurs dont je viens de vous parler. • Ressortissants : ce lien particulier avec Monaco Le consul Moustapha El-Solh s’en explique : « C’est une communauté riche de plus de 300 personnes, qui occupe une position prépondérante dans le tissu socioculturel et fait la fierté de chacun. Des hommes et des femmes qui participent dans plusieurs secteurs à l’activité économique du pays. Finances, assurances, hôtellerie, restauration, promotion immobilière, bijouterie et prêt-à-porter. Aujourd’hui, la banque Audi Sal, fleuron de l’économie libanaise, s’est implantée en Principauté ». Monaco-Liban : évolution des relations diplomatiques L’ambassadeur du Liban en France l’a annoncé : « Nous devrions assister prochainement à une concrétisation officielle des relations entre la Principauté et le Liban : à la nomination d’un ambassadeur. Il nous faut un diplomate de carrière, oeuvrant pour les relations entre la Principauté et le Liban. Nous espérons que ce sera fait dans les plus brefs délais. Il existe un vrai élan d’amitié et d’affection, dirais-je, de la part de Son Altesse envers le Liban. » 'SQQYRMGEXMSR-[[[QMXMQG Ensemble, agissons durablement Choisissez Edenergie tél. 92 05 05 00 www.smeg.mc Notre énergie au service de notre environnement