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I A S 3 6 - D é p r é c i a t i o n d ’ a c t i f s
3.1.4
Deux
méthodes
possibles
pour
déterminer
les flux et
le taux
Ce que dit la norme IAS 36
Paragraphes 32 et A2
Les éléments (b), (d) et (e) susmen-
tionnés peuvent être intégrés dans le
calcul de la valeur d’utilité :
- soit par un ajustement du taux d’ac-
tualisation (approche « traditionnelle »)
- soit par un ajustement des flux de
trésorerie (approche par « les flux de
trésorerie espérés »)
Quelle que soit l’approche utilisée pour
refléter les attentes concernant des varia-
tions éventuelles du montant ou de
l’échéancier de ces flux de trésorerie
futurs (i.e. élément b susmentionné),
le résultat doit refléter la valeur actuali-
sée attendue des flux de trésorerie futurs,
c’est-à-dire la moyenne pondérée de tous
les résultats possibles.
Paragraphe A4
L’approche « traditionnelle » s’appuie
sur un ensemble unique de flux de tré-
sorerie estimés (i.e. les flux les plus
probables ou « best estimates ») et
suppose qu’un unique taux d’actuali-
sation peut intégrer toutes les atten-
tes relatives aux flux de trésorerie
futurs et la prime de risque appropriée.
Par suite, cette approche met surtout
l’accent sur la détermination du taux
d’actualisation.
Paragraphe A7
Les « flux espérés » de l’approche
alternative sont les flux moyens espé-
rés, calculés en considérant toutes les
attentes relatives aux flux de trésore-
rie potentiels (au lieu de l’unique flux
le plus probable) et en affectant une
probabilité d’occurrence à chacun des
scénarios possibles. A la différence de
l’approche « traditionnelle », l’accent
est donc mis sur la détermination des
flux.
Paragraphe A15
Quelle que soit l’approche adoptée,
les taux utilisés pour actualiser les flux
de trésorerie ne doivent pas refléter les
risques au titre desquels les flux de tré-
sorerie estimés ont été ajustés. Autre-
ment, l’effet de certaines hypothèses
serait compté deux fois (voir aussi IAS
36 § 56).
La pratique des évaluateurs
La pratique des évaluateurs recouvre
peu ou prou les principes de l’appro-
che « traditionnelle » décrite par la
norme, mais diffère dans la mise en
œuvre notamment au niveau de la
détermination du taux d’actualisation.
Bien plus, les deux approches décri-
tes dans la norme ne correspondent
pas véritablement aux deux méthodes
susceptibles d’être mises en œuvre par
les évaluateurs et désignées ci-après
« méthode usuelle » et « méthode
alternative des équivalents certains ».
La méthode usuelle des évaluateurs
consiste effectivement à actualiser des
flux de trésorerie à un taux d’actuali-
sation ajusté pour le risque. Cepen-
dant, l’ajustement du taux d’actuali-
sation n’est destiné à intégrer que la
seule partie du risque qui ne peut être
éliminée par la diversification (i.e. le
risque systématique). Par suite, l’autre
composante du risque (i.e. le risque
spécifique) est théoriquement inté-
grée dans les flux grâce à l’estimation
de « flux espérés » sur la base de plu-
sieurs scénarios probabilisés. En réa-
lité cependant, dans un souci de com-
modité, les évaluateurs fondent le plus
souvent leurs travaux sur un unique
jeu de prévisions en assimilant un peu
rapidement les « flux les plus pro-
bables » aux « flux espérés ».
La méthode alternative des équivalents
certains consiste à intégrer la totalité
du risque (i.e. risque spécifique et ris-
que systématique) dans les flux de tré-
sorerie en opérant des abattements sur
les flux espérés. Les flux de trésorerie
ainsi obtenus sont alors logiquement
actualisés au taux d’intérêt sans risque.
Conseils pratiques de mise en oeuvre
Retenir la méthode usuelle des éva-
luateurs qui consiste à intégrer le
risque spécifique dans les flux (via la
construction de scénarios probabili-
sés et le calcul de « flux espérés ») et
le risque systématique dans le taux
d’actualisation (en ajoutant au taux
sans risque une prime de risque tirée
du marché financier).
Dans ce cadre, la priorité des priori-
tés est sans doute de « challenger »
le business plan fourni par l’entreprise
à propos de l’UGT concernée afin d’exa-
miner dans quelle mesure les flux de
trésorerie extériorisés recouvrent bien
la notion de « flux espérés ». Une telle
analyse sera d’autant plus nécessaire
que l’entreprise aura fourni un jeu de
prévisions unique et non plusieurs scé-
narios de développement.
La qualification des flux de trésorerie
pourra être améliorée avec le temps
en comparant année après année les
réalisations avec les prévisions. A cet
égard, le normalisateur a envisagé
d’introduire dans la norme un test sub-
séquent analogue à celui prévu par la
norme anglaise sur les dépréciations
de goodwill (UK Financial Reporting
Standard 11) et consistant à comparer
les réalisations aux prévisions sur une
période de cinq ans. L’objectif du test
est d’examiner si la connaissance ex
ante des réalisations futures aurait
conduit à une dépréciation et, le cas
échéant, de procéder a posteriori à une
telle dépréciation. Le normalisateur a
finalement renoncé à cette sophisti-
cation de la norme (voir à ce sujet les
paragraphes BC195 à BC198) en consi-
dération des trois éléments suivants :
(i) les entreprises chercheront plutôt
à favoriser les dépréciations d’actifs
qu’à les éviter afin d’alléger leur bilan
et améliorer ainsi le ratio de rentabi-
lité des capitaux engagés (roce), (ii) en
sus de la comparaison des flux,
d’autres éléments comme l’évolution
des taux d’intérêt devraient également
être pris en compte, (iii) la mise en
œuvre de ce type de tests pourrait
s’avérer trop coûteuse au regard des
avantages retirés.
In fine, la pertinence du taux d’actua-
lisation utilisé ne pourra être appré-
ciée qu’après avoir « qualifié » les flux
comme évoqué ci-dessus.
Tous droits réservés à l’Académie des Sciences et Techniques Comptables et Financières - Février 2005