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Pr. Moustapha Kassé : Petit lexique d’économie du développement
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Pr. Moustapha Kassé
1/ La notion de développement
Selon Kuznets, la notion de développement économique qui se distingue de la croissance
économique (élévation du revenu par tête et du produit intérieur brut) combine trois
éléments : une croissance économique auto-entretenue, des changements structurels de
la production et le progrès technologique. Les historiens du développement, les théoriciens
du développement de la nouvelle école institutionnelle et les économistes néoclassiques du
développement ajoutent à ces éléments la modernisation institutionnelle qui permet aux
marchés d’orienter rationnellement les décisions économiques des individus. Les théoriciens
de la modernisation ajoutent le développement politique et social la liste tandis que l’école de
l’esprit d’entreprise insiste sur l’évolution socioculturelle. Enfin, les défaillances du processus
de croissance qu’ont connu les pays en développement ont amené certains à ajouter
l’augmentation du bien-être au bénéfice du plus grand nombre à la liste des caractéristiques
du développement économique.
La notion de développement a fait l’objet de diverses critiques. D’abord, elle fait de
l’accumulation technico-économique le préalable à tout changement social ce qui revient à
nier le caractère indissociablement culturel des processus économiques et la dimension
multidimensionnelle du changement social. Ensuite, elle traduirait la volonté des occidentaux
d’imposer leur modèle culturel. Pour les tenants de cette thèse, le développement est un
paradigme occidental qui recouvre une expérience historique faussement exemplaire, celle de
l’Europe de l’Ouest et un ensemble de croyances (croyance en un temps cumulatif et linéaire,
croyance en l’attribution à l’homme de la mission de dominer totalement la nature, croyance
en la raison calculatrice). En fin, certains soulignent l’origine politique du concept. Ainsi, la
notion de pays sous-développés date-t elle du discours du président américain H. Truman de
41949. a l’époque, il s’agissait de convaincre le contribuable américain d’aider les pays sous-
développés non seulement pour des raisons géopolitiques. Il fallait limiter l’expansion du
communisme. Pour les américains, le système colonial et surtout la misère contribuaient à
l’essor des mouvements révolutionnaires.
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2/ Cinquante ans de développement
qu’avons –nous appris ?
Lors de la seconde conférence européenne le développement organisée par la
Ban,que mondiale et le Conseil d’analyse économique qui s’est roulée à Paris
des 26 au 28 juin 2000, Irma Adelman, dans sa communication intitulée :
« Fifty Years of Economic Development : What Have we learned ? ».
Cinquante ans de développement : qu’avons nous appris »), recense huit leçons :
1. Le développement économique des pays en développement est
possible, ce qui dans les années cinquante n’était pas aussi
évident que cela peut l’être aujourd’hui ;
2. Le processus du développement économique est à la fois
multidimensionnel et non son linéaire. Il correspond à un
changement dynamique non seulement au niveau de la
structure de production et de la technologie mais également au
niveau des institutions sociales, politiques et économiques
aussi bien qu’au niveau des éléments constitutifs du
développement humain ;
3. Il existe pour les gouvernements un éventail de choix en
matière d’institutions de politiques de développement et de
stratégies de mise en œuvre dans le temps, et cela même à des
niveaux de développement identiques. Les choix faits, à leur
tour, génèrent les conditions initiales pour un développement
ultérieur C’est pourquoi comprendre comment le
développement s’est enclenché est tout à fait essentiel à
l’analyse des différentes situations ;
4. Le développement a lieu de manière inégale, les différents
aspects du processus changement par sauts et conduisent à
jeu continuel de rattrapage. Les réussites de chaque phase
constituent les conditions initiales de la phase suivante ainsi
que des fis. L’évolution créatrice, les modifications de
trajectoires mais aussi la destruction constituent l’essence
même d’un développement réussi à long terme ;
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5. Les changements technologiques, démographiques et
économiques, les conditions sociales et institutionnelles
fournissent l’impulsion principale du processus de
développement. Ils entraînent à la fois de nouveaux défis et de
nouvelles opportunités pour le développement du pays. Ils ont
de multiples implications et enclenchent des effets de seuil et
de modifications de trajectoires dans le développement ;
6. Les facteurs nécessaires au développement sont à la fois de
nature matérielle et immatérielle. Par ordre d’importance, ce
sont : l’engagement des autorités politiques en faveur du
développement économique ; le niveau du capital social ( qui
inclut les ressources humaines, le degré de cohésion sociale et
la volonté d’agir en coopération) ; les biens matériels
(infrastructure capital physique et humain, investissement et
système financiers) ; des politiques appropriées notamment en
ce qui concerne la politique commerciale, la politique
d’investissement et la gestion macroéconomique (ces
politiques pouvant être modulées dans le temps et en fonction
des secteurs ; les institutions et la culture ; l’adaptation sociale
et institutionnelle) ;
7. La relation entre croissance et répartition dépend
principalement du facteur intensif de la croissance et de la
manière dont est réparti le plus important des facteurs de
production ;
8. Les facteurs culturels jouent un rôle significatif à former les
institutions et les réponses sociétales aux nouveaux défis et
opportunités.
3/ Le développement en 18 concepts
1) Le « consensus de Washington ». d’où à Williamson, il désigne
l’ensemble des recommandations des organisations internationales
(Fonds monétaire international, Banque mondiale) vis à vis des pays
en développement pour rétablir les équilibres interne et externe et
pour accélérer la croissance. Les recommandations portent sur la
réduction des déficits budgétaires, l’élimination des subventions,
l’affectation des dépenses publiques en faveur de l’éducation, de la
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santé et de l’infrastructure, la libéralisation du système financier, la
fixation d’un taux de change compétitif, la libéralisation des
échanges, l’encouragement de l’investissement direct étranger, la
privatisation la déréglementation de l’économie et une meilleure
définition des droits de propriété.
2) La croissance appauvrissante. Cette situation peut se produire
lorsqu’un pays pratique le libre-échange et qu’il connaît une
amélioration de ses techniques de productions et/ou une amélioration
de sa dotation factorielle. Ces améliorations entraînent une baisse du
prix mondial du bien exporté d’où une détérioration des termes de
l’échange. Cette situation a d’autant plus de chances de se produire
que la croissance provient essentiellement du seul secteur des
exportations, que l’élasticité élevée, que le pays en question a été le
seul à connaître ces améliorations.
3) Développement durable ou soutenable. Définie par le Rapport
Brantland, cette notion affirme la nécessité d’assurer une croissance
économique soutenue qui soit compatible avec la gestion et qui assure
l’équité intra et intergénérationnelle.
4) Economie politique de l’ajustement. Les objectifs sont d’analyser
comment les intérêts de groupes de pression et des hommes politiques
ainsi que les institutions influencent l’échelonnement dans le temps,
la cohérence et la crédibilité des politiques d’ajustement et d’étudier
les conséquences sociales et politiques du processus d’ajustement.
5) Esprit d’entreprise et développement économique. Cette théorie
recherche les barrières socioculturelles et psychologiques aux
attitudes entrepreneuriales et les différents dans la prévalence des
attitudes entrepreneuriales ce qui expliquerait l’incapacité de la
société sous-développée à générer et à mettre en œuvre l’innovation
technologique et organisationnelle.
6) Inégalité et développement. Kuznet (prix Nobel 1971) montre que le
rapport entre le PNB individuel et les inégalités dans la répartition
des revenus prend la forme d’une courbe en « U » renversée. Lorsque
les revenus individuels augmentent, les inégalités s’aggravent un
maximum pour un niveau intermédiaire de revenus, puis déclinent
pour des niveaux de revenus élevés.
7) Le modèle d’économie duale de Lewis. Le modèle décrit une
économie duale constituée de deux secteurs, le secteur capitaliste et le
secteur traditionnel. Dans ce dernier, il existe une offre illimitée de
main-œuvre. Si les disponibilités de mains-d’œuvre dans le secteur
traditionnel, jusqu’à présent inemployés, sont utilisés dans le secteur
moderne, le salaire reste stable durant la phase de transfert en raison
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précisément de l’excédent de l’offre de travail comparativement à la
demande. Dans le secteur en expansion, la croissance permet des
profits qui sont épargnés puis investis. La hausse du taux
d’accumulation du capital permet d’accélérer le développement.
8) Stratégie de développement par substitution d’importations. Il
s’agit de repérer les débouches importants du marché intérieur, de
s’assurer de la capacité des industriels locaux à maîtriser les
techniques de production et d’ériger des obstacles protecteurs (tarifs
douaniers ou contingents à l’importation) afin de couvrir les coûts
initiaux élevés de production et éviter la concurrence étrangère.
9) Stratégie de spécialisation dans la production de matière
premières pour l’exportation. Le libre échange conduit à des
résultats optimaux pour tous les pays échangistes et cela quelles que
soient les différences de départ dans les proportions capital/ travail.
Pour un pays donné, la croissance des échanges et de la production
entraîne une augmentation des coûts initialement faibles du facteur
relativement abondant car ce dernier devient de plus en plus rare.
L’avantage relatif initial va progressivement disparaît. Au final, la
spécialisation généralisée des revenus mondiaux et créera partout les
mêmes conditions et les mêmes chances de développement en raison
de la tendance à long terme à l’égalisation des prix de facteurs.
10) Théorie de la croissance équilibrée. Toute croissance repose sur un
effort minimum d’investissement de départ mais à la condition de
respecter en permanence l’interdépendance entre l’offre et la
demande aussi bien au niveau global qu’au niveau de chaque secteur
ce qui à terme permet un équilibre de croissance auto entretenue.
11) Théorie de la dépendance. L’économie mondiale est constituée de
deux pôles, le centre capitaliste représentant les nations occidentales
industrialisées, la périphérie constituée des pays du tiers monde. La
dépendance de ces derniers vient de la dégradation des termes de
l’échange des multinationales des transferts de technologie de l’aide
et de l’alliance objective des classes dominantes capitaux. Seule une
modification des relations économiques avec les pays industrialisées
peut permettre un développement des pays du tiers monde.
12) Théorie de la gouvernance. Cette théorie combine les approches de
la science politique et de l’économie institutionnelle. Elle vise à
démontrer que les Etats qui son les plus aptes à favoriser le
développement sont ceux qui exercent les fonctions galiennes
universelles et les seules politiques publiques que d’autres acteurs
que l’état ne seraient pas en mesure d’élaborer à sa place avec la
même efficacité. Ce sont également des Etats suffisamment
désengagés de la société civile et du marché pour laisser les
mécanismes d’autorégulation de ceux ci produire tous leurs effets
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