Les BiBLiothèques de L`odéon - Odéon

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Les Bibliothèques de l’odéon
EXILS
SCÈNES IMAGINAIRES
L’AMITIÉ DANGEREUSE
LES DIX-HUIT HEURES DE L’ODÉON
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Odéon – Théâtre de l’Europe
Direction Luc Bondy
p. 4 à 25
Les bibliothèques
de l’Odéon
Exils
En coproduction avec France Inter
Rencontres littéraires
Animées par Paula Jacques
p. 26 à 33
L’Odéon-Théâtre de l’Europe a souhaité inscrire dans son programme
un important cycle de lectures, rencontres et entretiens dédié à la
littérature, à la philosophie et bien sûr au théâtre, réunis sous le titre
générique des Bibliothèques de l’Odéon.
Scènes imaginaires
En coproduction avec France Culture
Portraits de metteurs en scène européens
Réalisés par Blandine Masson
Animés par Arnaud Laporte
p. 34 à 39
Ce programme, mené d’octobre à juin, a été conçu en
coproduction avec France Inter (Exils) et France Culture (Scènes
imaginaires et L’Amitié dangereuse) ainsi qu’en partenariat avec
de grandes maisons d’édition, Flammarion, Le Seuil, Gallimard
(Les Dix-huit Heures de l’Odéon).
L’amitié dangereuse En coproduction avec France Culture
Rencontres philosophiques
Animées par Raphaël Enthoven
Préparées par Julien Tricard
p. 40 à 56
Les Bibliothèques de l’Odéon présentées en grande salle feront l’objet de
rediffusions radiophoniques.
Les Dix-huit heures
de l’Odéon
En partenariat avec Flammarion, Le Seuil, Gallimard
p. 42 à 47
Rendez-vous philosophiques
Animés par Jean-Marie Durand
p. 48 à 53
Pourquoi aimez-vous ?
Animé par Daniel Loayza
p. 54 à 56
Vingt ans de lectures avec Folio théâtre
Animé par Jean-Yves Tadié
p. 57
Calendrier
p. 58
Informations pratiques
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Photo de couverture (détail)
© David Hurn / Magnum Photos
Exils
En coproduction avec France Inter
Grande salle
p. 6-7
Stefan Zweig
Rencontres littéraires
lundi 12 novembre
En présence de Laurent Seksik
Textes lus par André Marcon
p. 8-9
Sigmund Freud
Animées par Paula Jacques
lundi 26 novembre
En présence de Tobie Nathan
Textes lus par Didier Sandre
p. 10-11
Joseph Roth
En présence d’écrivains ou de personnalités du monde artistique,
Paula Jacques abordera l’œuvre d’auteurs – vivants ou disparus – pour
lesquels l’exil aura tenu une place singulière et fondatrice. Ponctuées
par des lectures confiées à de grands comédiens et des documents
sonores, ces rencontres mettront en lumière des proximités de pensée et de sensibilité qui, au-delà des contingences du temps, peuvent
se tisser entre écrivains – même s'ils ne se sont pour la plupart jamais
rencontrés.
lundi 10 décembre
En présence de Florence Noiville
Textes lus par Michel Vuillermoz
p. 12-13
Bertolt Brecht
lundi 14 janvier
En présence de Gérard Mordillat
Textes lus par Evelyne Didi
p. 14-15
Samuel Beckett
lundi 4 février
En présence de Nancy Huston
Textes lus par Denis Podalydès
p. 16-17
Marguerite Duras
lundi 15 avril
En présence de Philippe Djian
Textes lus par Anne Alvaro
p. 18-19
Marina Tsvetaeva
lundi 22 avril
En présence de Tzvetan Todorov
Textes lus par Anouk Grinberg
p. 20-21
Nina Berberova
Paula Jacques est née au Caire dans une famille juive obligée de quitter l’égypte
en 1957. Elle passe son enfance en Israël dans un kibboutz, avant de venir en
France. à Paris, elle exerce toutes sortes de «petits métiers», puis elle fait de
l'animation culturelle à la Comédie de Saint-Étienne. Depuis 1975, elle est journaliste dans la presse écrite et productrice à Radio France. Elle anime depuis
1999 le magazine culturel «Cosmopolitaine» sur France Inter.
Elle est aussi romancière et membre du prix Femina. Elle a publié entre autres
au Mercure de France, Déborah et les anges dissipés (1991, Prix Femina),
La descente au paradis (1995), Les femmes avec leur amour (1997), Gilda
Stambouli souffre et se plaint (2002, Prix Europe1), Rachel-Rose et l’officier
arabe (2006), Kayro Jacobi, juste avant l’oubli (2010).
lundi 29 avril
En présence d’Andreï Makine
Textes lus par Dominique Reymond
p. 22-23
Vladimir Nabokov
lundi 27 mai
En présence de Lila Azam Zanganeh
Textes lus par Nada Strancar
p. 24-25
Emil Cioran
lundi 24 juin
En présence de Stéphane Barsacq
Textes lus par André Marcon
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Exils
Lundi 12 novembre / 20h
Stefan Zweig
En présence de Laurent Seksik
Textes lus par André Marcon
Stefan Zweig,
Lettre à Richard
Beer-Hoffmann,
11 juillet 1940
Ma petite intelligence m’a fait quitter l’Autriche aussi bien que
l’Angleterre, laissant derrière moi tout ce qui était possession, et
même le manuscrit d’un livre à moitié achevé depuis des années.
Accueilli et chassé aussitôt, j’erre maintenant avec un visa de
transit en Amérique du Sud pour des tournées de conférences,
ce que je n’aime pas. Est-ce que je pourrai revenir ? Y serai-je
autorisé, le voudrai-je ? Mais je ne me pose plus la question, je
me laisse entraîner, animé par la seule pensée de ne pas tomber
entre les mains de ces canailles brunes – c’est la seule peur que j’ai
encore dans ma vie, les autres ont disparu. Il y a longtemps que
je me tenais à l’écart, renonçant à toute fréquentation, heureux
du seul commerce de mes livres et de mon jardin, maintenant il
faut continuer à vagabonder, et pour tout travail je me raconte
(et plus tard à d’autres) ma vie, celle d’un Européen et d’un Juif
dans cette époque.
Stefan Zweig est né en 1881 à Vienne, en Autriche. Fils d’un riche industriel israélite, il peut mener ses études en toute liberté, et développe
son goût pour la littérature, la philosophie et l’histoire. L’atmosphère
cosmopolite de la Vienne impériale favorise chez lui la curiosité du
vaste monde. Il excelle dans les genres littéraires les plus divers : nouvelles, récits, essais, biographies. La Confusion des sentiments, Amok,
Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Le Joueur d’échecs, l’ont
rendu célèbre dans le monde entier. Profondément marqué par la montée et les victoires du nazisme, effondré par l’anéantissement de ses
rêves pacifistes et humanistes d’union des peuples, Stefan Zweig se suicide avec sa femme à Petrópolis au Brésil en 1942 où ils s’étaient exilés.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
25 novembre à 14h
dans Cosmopolitaine
Né en 1962, Laurent Seksik est médecin et écrivain. Il est l’auteur
de plusieurs romans, parmi lesquels La folle histoire (Lattès, 2002),
La consultation (Lattès, 2005), Les derniers jours de Stefan Zweig
(Flammarion, 2010) et La Légende des fils (Flammarion, 2011). Il signe
également l’adaptation théâtrale des Derniers jours de Stefan Zweig
(Flammarion, 2012), créée au Théâtre Antoine en 2012.
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© DR
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Exils
Lundi 26 novembre / 20h
Sigmund Freud
En présence de Tobie Nathan
Textes lus par Didier Sandre
Sigmund Freud
présenté par lui-même
Sigmund Freud,
Lettre à Ferenczi,
30 mars 1922
Je suis né le 6 mai 1856 à Freiberg en Moravie, une petite bourgade
de l’actuelle Tchécoslovaquie. Mes parents étaient juifs, je suis
également resté juif. Pour ce qui est de ma famille paternelle, je
crois savoir qu’elle a longtemps vécu au bord du Rhin (à Cologne),
qu’à la suite d’une persécution des juifs elle s’est enfuie vers
l’est au XIVe ou au XVe siècle et qu’au cours du XIXe siècle, elle a
entrepris de réintégrer progressivement la partie allemande de
l’Autriche à partir de la Lituanie, via la Galicie.
D’étranges nostalgies secrètes montent en moi, peut-être l’héritage
de mes aïeux, pour l’Orient et la Méditerranée, et pour une vie d’une
toute autre sorte. [...]
Sigmund Freud est né en 1856 en Moravie (Autriche à l’époque, République
tchèque aujourd’hui). Médecin, il s’est d’abord spécialisé dans l’anatomie
et la physiologie du système nerveux. Après son stage à Paris dans le
service de Charcot, il s’oriente davantage vers la psychopathologie et
l’étude des névroses et notamment de l’hystérie. C’est en 1896 qu’apparaît
pour la première fois dans un article en français le mot «psycho-analyse».
Bien plus tard, en 1930, Freud reçoit le prix Goethe et la reconnaissance de
l’Allemagne. Mais Hitler se profile à l’horizon et en 1934, les nazis brûlent
ses livres à Berlin. Freud est alors contraint à l’exil. Il quitte Vienne en 1938
pour s’installer en Angleterre où il continue à traiter de rares patients. Il
meurt à Londres en 1939 d’un cancer de la mâchoire.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
30 décembre à 14h
dans Cosmopolitaine
1939-Maresfield Gardens © DR
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Tobie Nathan est né en Égypte, au Caire, en 1948. Il fait ses études en
France et devient professeur de psychologie clinique et pathologique
à l’Université de Paris VIII. Il crée la première consultation d’ethnopsychiatrie en France, en 1979, dans le service de psychiatrie de l’enfant
et de l’adolescent de l’hôpital Avicenne de Bobigny. Il fonde le Centre
Georges-Devereux en 1993, centre universitaire d’aide psychologique
aux familles migrantes. Il a fondé la première revue francophone d’ethnopsychiatrie, Ethnopsychiatrica. De 2004 à 2009, il a été conseiller de coopération et d’action culturelle auprès de l’ambassade de France en Israël
à Tel Aviv puis en Guinée à Conakry jusqu’en 2011. Il est aussi romancier.
Exils
Lundi 10 décembre / 20h
Joseph Roth
En présence de Florence Noiville
Textes lus par Michel Vuillermoz, sociétaire de la Comédie-Française
Joseph Roth,
Juifs en errance
(éd. du Seuil, 2009)
Les auberges juives de la Hirtenstrasse à Berlin sont tristes,
froides et silencieuses. Les restaurateurs juifs parisiens sont
gais, chaleureux et bruyants. Il font tous de bonnes affaires. J’ai
parfois mangé chez M. Weingrod. Il propose d’excellentes oies
rôties. Il fait un bon schnaps, très fort. Il amuse les clients. Il
dit à sa femme : «Donne-moi le livre de comptes, s’il vous plaît.»
Et sa femme lui répond : «Allez le prendre sur le buffet, si vous
voulez.» Ils parlent un charabia vraiment réjouissant.
J’ai demandé à M. Weingrod : «Pourquoi êtes-vous venu à Paris ?»
Et M. Weingrod de répondre : «Excusez-moi, monsieur, pourquoi
pas à Paris ? En Russie on m’expulse ; en Pologne, on me met en
prison et on ne me donne pas de visa pour l’Allemagne. Pourquoi
ne serais-je pas venu à Paris ?» Monsieur Weingrod est un homme
plein de courage, il a perdu une jambe, il a une prothèse et il est
toujours de bonne humeur.
Joseph Roth est né à Brody en Galicie en 1894 dans une famille juive
modeste de langue allemande. Il mène une carrière de journaliste à
Vienne, Berlin, Francfort, Paris, et une carrière de romancier. Ses textes,
nombreux et divers, sont marqués par un regard particulièrement lucide
sur son époque et ses contemporains et la nostalgie d’un monde qui disparaît. Opposant de la première heure au national-socialisme, il quitte
l’Allemagne dès janvier 1933 pour s’exiler à Paris en 1934, où il meurt
malade, alcoolique et sans argent en 1939.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
27 janvier à 14h dans
Cosmopolitaine
Après un début de carrière dans la finance, Florence Noiville se réoriente
vers ce qui l’a toujours attirée, l’écriture et la littérature.
Elle devient journaliste, critique littéraire au Monde où elle travaille
depuis 1994. Parallèlement, elle écrit. Elle publie entre autres une biographie : Isaac Bashevis Singer (Stock, 2003) qui reçoit le Prix du récit
biographique 2004. Depuis 2007, elle anime «Le Monde des livres», une
émission littéraire sur la chaîne de télévision LCI, et tient une chronique
sur les livres de poche sur LCIRadio.
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© Sammlung Senta Lughofer
Exils
Lundi 14 janvier / 20h
Bertolt Brecht
En présence de Gérard Mordillat
Textes lus par Evelyne Didi
Bertolt Brecht, Poèmes
de Svendborg, 1939
(éd. L’Arche, 1966)
Sur le sens du mot Émigrant
J’ai toujours trouvé faux le nom qu’on nous donnait : émigrants
Le mot veut dire expatriés ; mais nous
Ne sommes pas partis de notre gré
Pour librement choisir une autre terre ;
Nous n’avons pas quitté notre pays pour vivre ailleurs, toujours
s’il se pouvait.
Au contraire nous avons fui. Nous sommes expulsés, nous sommes
des proscrits
Et le pays qui nous reçut ne sera pas un foyer mais l’exil.
Ainsi nous sommes là, inquiets, au plus près des frontières,
Attendant le jour du retour, guettant le moindre changement
De l’autre côté, pressant de questions
Chaque nouveau venu, sans rien oublier, rien céder,
Sans rien pardonner de ce qu’on a fait, sans rien pardonner. […]
Bertolt Brecht est né en 1898, fils d’un père catholique, dirigeant d’une
fabrique de papier, et d’une mère protestante. Il commence à écrire très
tôt et en 1918 il rédige sa première pièce, Baal. La montée du nazisme le
force à quitter l’Allemagne en 1933, où son œuvre est interdite et brûlée.
Il parcourt l’Europe (Danemark, Finlande, puis Russie), et après une traversée en bateau au départ de Vladivostok, il s’installe en Californie en
1941. Chassé des États-Unis en 1947 en raison du maccarthysme, il se
rend alors en Suisse et s’installe définitivement à Berlin-Est en 1948. En
1949, il fonde avec sa femme le Berliner Ensemble. Il meurt à Berlin d’un
infarctus en 1956.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
24 février à 14h dans
Cosmopolitaine
© DR
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Gérard Mordillat est écrivain et cinéaste. Il a publié de nombreux romans,
parmi lesquels L’Attraction universelle, Les Vivants et les Morts, Notre
part des ténèbres et tout dernièrement Ce que savait Jennie (éditions
Calmann-Lévy). Il a tourné une vingtaine de films : La Voix de son maître,
Vive La Sociale !, En compagnie d’Antonin Artaud... Avec Jérôme Prieur, il
est l’auteur de la trilogie documentaire sur les origines du christianisme
Corpus Christi. Pour France 2 et Arte, il a écrit et réalisé l’adaptation de
son roman Les Vivants et les Morts.
Exils
Lundi 4 février / 20h
Samuel Beckett
En présence de Nancy Huston
Textes lus par Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française
Samuel Beckett
Mal vu mal dit
(Les éditions de
Minuit, 1981)
[…] Plus qu’à repartir. Où changer encore. D’où trop tôt revenus.
Changés pas assez. Étrangers pas assez. à tout le mal vu mal dit.
Puis revenir encore. Faibles de ce qu’il faut pour en finir enfin.
Avec elle ses cieux et lieux. Et si encore trop tôt repartir encore.
Changer encore. Revenir encore. Sauf empêchement. Ah. Ainsi de
suite. Jusqu’à pouvoir en finir enfin. Avec tout le fatras. Dans la nuit
continue. La pierre partout. Donc d’abord partir [...]
Absence meilleur des biens et cependant. Illumination donc repartir cette fois pour toujours et au retour plus trace. à la surface. De
l’illusion. Et si par malheur encore repartir pour toujours encore.
Ainsi de suite. Jusqu’à plus trace. à la surface. Au lieu de s’acharner
sur place. Sur telle et telle trace. Encore faut-il le pouvoir. Pouvoir
s’arracher aux traces. De l’illusion. Vite des fois que soudain oui
adieu à tout hasard. Au visage tout au moins. D’elle tenace trace.
Samuel Beckett est né en 1906 dans la banlieue de Dublin. Il s’installe à
Paris en 1928 et devient lecteur d’anglais à l’École normale supérieure. Il
fait la connaissance de James Joyce avec qui il se lie d’amitié. Il séjourne
à Londres et écrit ses premiers romans qui sont refusés par les éditeurs
britanniques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Beckett participe
à la Résistance en France. Après la guerre, il se consacre entièrement
au théâtre et accède à la notoriété. Il obtient le prix Nobel de littérature
en 1969. Beckett meurt à Paris en décembre 1989.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
31 mars à 14h dans
Cosmopolitaine
Nancy Huston est née en 1953 à Calgary en Alberta (Canada). Après le
départ de sa mère, elle est élevée par son père aux États-Unis. À vingt
ans, elle arrive à Paris pour poursuivre ses études puis décide de s’y
installer. Après avoir écrit un roman en anglais refusé par les éditeurs
anglophones, elle décide d’écrire ses romans en anglais et français
selon un principe de double écriture. Elle est l’auteur de nombreux
romans et essais publiés chez Actes Sud, parmi lesquels Instruments
des ténèbres (1996), L’Empreinte de l’ange (1998), Lignes de faille (2006,
prix Femina), et Reflets dans un œil d’homme (2012).
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© Long Wharf Theatre
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Exils
Lundi 15 avril / 20h
Marguerite Duras
En présence de Philippe Djian
Textes lus par Anne Alvaro
Marguerite Duras,
L’Amant de la Chine du
Nord (éd. Gallimard,
1991)
La mère. Elle leur rappelait aussi que ce pays d’Indochine était leur
patrie à eux, ces enfants-là, les siens. Que c’était là qu’ils étaient nés,
que c’était là aussi qu’elle avait rencontré leur père, le seul homme
qu’elle avait aimé. Cet homme qu’ils n’avaient pas connu parce
qu’ils étaient trop jeunes quand il était mort, qu’elle ne leur en avait
que très peu parlé pour ne pas assombrir leur enfance. Et aussi que
le temps avait passé et que l’amour pour ses enfants avait envahi
sa vie. Et puis la mère pleurait. Et puis Thanh chantait dans un
langage inconnu l’histoire de son enfance à la frontière du Siam
lorsque la mère l’avait trouvé et qu’elle l’avait ramené au bungalow
avec ses autres enfants. Pour lui apprendre le français, elle disait,
et être lavé, et bien manger, et ça chaque jour.
Elle aussi, l’enfant, elle se souvenait, elle pleurait avec Thanh
lorsqu’il chantait cette chanson qu’il appelait celle de «L’enfance
lointaine» qui racontait tout ça qu’on vient de dire sur l’air de la
Valse désespérée.
Marguerite Donnadieu est née en 1914 dans la banlieue de Saïgon. En 1923,
sa mère, veuve, s’installe avec ses trois enfants dans le delta du Mékong.
En 1932, alors qu’elle vient d’obtenir son baccalauréat, elle quitte Saïgon et
vient s’installer en France pour poursuivre ses études. En 1939, elle épouse
Robert Antelme, avec qui elle s’engage dans la Résistance. Elle publie Les
Impudents, son premier roman, sous le pseudonyme de Marguerite Duras
en 1943 . Son œuvre est considérable (cinéma, théâtre, articles de presse,
romans et récits). Elle obtient le prix Goncourt en 1984 avec L’Amant.
Elle meurt à Paris en mars 1996.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
28 avril à 14h dans
Cosmopolitaine
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photo Roger Parry / © Gallimard
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Philippe Djian est né en 1949 à Paris d’un père d’origine juive et d’une
mère issue d’une famille catholique. Il a exercé de nombreux métiers :
pigiste pour des journaux, employé dans un péage, magasinier, vendeur...
Son premier livre, 50 contre 1, paraît en 1981. Bleu comme l’enfer a été
adapté au cinéma par Yves Boisset, et 37°2 le matin par Jean-Jacques
Beineix. Il a publié chez Gallimard en 2012 «OH...» ainsi qu’une nouvelle
traduction du Retour de Harold Pinter, créée par Luc Bondy à l’OdéonThéâtre de l’Europe.
Exils
Lundi 22 avril / 20h
Marina Tsvetaeva
En présence de Tzvetan Todorov
Textes lus par Anouk Grinberg
Dis-tance : des verstes, des milliers...
On nous a dis-persés, dé-liés,
Pour qu’on se tienne bien : trans-plantés
Sur la terre à deux extrémités.
Dis-tance : des verstes, des espaces...
On nous a dessoudés, déplacés,
Disjoint les bras — deux crucifixions,
Ne sachant que c’était la fusion
De talents et de tendons noués...
Non désaccordés : déshonorés,
Désordonnés...
Mur et trou de glaise.
Écartés on nous a, tels deux aigles —
Conjurés : des verstes, des espaces...
Non décomposés : dépaysés.
Aux gîtes perdus de la planète
Déposés — deux orphelins qu’on jette !
Quel mois de mars, non mais quelle date ?!
Nous a défaits, tel un jeu de cartes !
Marina Tsvetaeva, Vivre dans le feu –­­ Confessions,
24 mars 1925 (éd. Robert Laffont, 2005)
Née en 1892 à Moscou , fille d’un professeur d’université, Marina Tsvetaeva
commence à écrire dès l’âge de six ans. C’est en 1922 qu’elle part à l’étranger, afin de rejoindre son mari, ancien officier de l’armée blanche. Ils vivent
d’abord à Berlin, puis à Prague, avant de s’installer à Paris. Ses rapports
avec les écrivains russes en exil se détériorent et la pauvreté l’oppresse ;
elle écrit beaucoup mais n’est pas ou peu publiée. Après s’être dressée
contre le fascisme, elle rentre en Russie en 1939 mais l’Union des écrivains
lui refuse son aide. Évacuée avec son fils à Elabuga, en République Tatare,
elle s’y suicide par pendaison en août 1941.
Né en 1939 à Sofia en Bulgarie, Tzvetan Todorov est à la fois philosophe,
sémiologue, linguiste et historien. Il obtient en 1963 un visa pour étudier
en France et vit depuis à Paris. En 1968, il intègre le Centre de recherches
sur les arts et le langage du CNRS, dont il deviendra directeur en 1987.
Dans L’homme dépaysé (éditions du Seuil, 1998), il livre ses réflexions
d’homme «arraché» à son milieu, déraciné, et interroge cet espace singulier à la fois dedans et dehors.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
26 mai à 14h dans
Cosmopolitaine
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© DR
Exils
Lundi 29 avril / 20h
Nina Berberova
En présence d’Andreï Makine
Textes lus par Dominique Reymond
Nina Berberova,
C’est moi qui souligne
(éd. Actes Sud, 1993)
Je suis libre de vivre où et comme je veux, de lire, de penser ce que
je veux, d’écouter qui je veux. Je suis libre dans les rues des grandes
villes lorsque, perdue dans la foule, je déambule sans but sous une
pluie battante en marmonnant des vers, quand je me promène en
forêt ou au bord de la mer dans une solitude bienheureuse, bercée par ma musique intérieure, quand je referme derrière moi la
porte de ma chambre. Je choisis mes amis. Je suis heureuse que les
énigmes de ma jeunesse aient été élucidées. Je ne fais jamais semblant d’être plus intelligente, plus belle, plus jeune, ni meilleure que
je ne suis. Je vis au milieu d’un invraisemblable et indescriptible
foisonnement de questions et de réponses et pour être tout à fait
franche, les malheurs de mon siècle m’ont plutôt servi : la révolution m’a libérée, l’exil m’a trempée, la guerre m’a projetée dans un
autre monde.
Née en 1901 d’un père arménien et d’une mère russe, Nina Berberova grandit à Saint-Pétersbourg dans le milieu de la bourgeoisie libérale. Dès son
enfance, elle écrit des poèmes. En raison des répressions systématiques
contre l’intelligentsia russe, elle quitte la Russie en 1922 pour rejoindre son
compagnon, le poète Khodassevitch. Le couple vit dans plusieurs villes
européennes dont Berlin, avant de s’installer à Paris en 1925. La précarité
due à son passeport d’apatride mais aussi la perte de «nourriture intellectuelle» la pousse à émigrer aux états-Unis en 1950. Elle y demeurera
jusqu’à sa mort, survenue à Philadelphie en septembre 1993. Son œuvre
est publiée en France par Actes Sud.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
30 juin à 14h dans
Cosmopolitaine
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© DR
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Né à Krasnoïarsk en Sibérie en 1957 de parents disparus probablement
déportés, Andreï Makine passe son enfance et son adolescence dans un
orphelinat sibérien. Boursier, il rédige une thèse sur la littérature française
contemporaine à l’Université de Moscou et à trente ans il s’installe à Paris.
Il obtient le prix Goncourt et le prix Médicis ex æquo pour son roman
Le testament français (Mercure de France) en 1995. Le Goncourt lui vaut
la nationalité française préalablement refusée.
Exils
Lundi 27 mai / 20h
Vladimir Nabokov
En présence de Lila Azam Zanganeh
Textes lus par Nada Strancar
Vladimir Nabokov,
L’exploit, 1931 (éd.
Julliard 1981)
[…] Il se dit que la vie lui avait réservé un drôle, bien drôle de sort ; il
lui semblait n’avoir jamais quitté ce rapide, n’avoir fait que traîner de
wagon en wagon.[…] Là, dans ce wagon-lit, son enfance a dû voyager,
a dû frissonner en défaisant le bouton du rideau de cuir ; et, en s’aventurant un peu plus loin le long du couloir bleu, on arrivait au wagonrestaurant où ses parents prenaient leur souper, et il y avait toujours
sur la table la même fausse tablette de chocolat dans son enveloppe de
papier violet, et au-dessus de la porte un ventilateur à hélice chatoyait
au mieux d’un jardin de réclames. Juste à ce moment-là, comme en
réponse à ses souvenirs, Martin aperçut à travers la fenêtre ce qu’il avait
vu quand il était enfant : un collier de lumière dans le lointain, parmi
les collines obscures. Il lui sembla que quelqu’un les faisait passer d’une
main dans l’autre et les empochait.
Né en 1899 dans une famille aristocratique, cultivée et libérale, Vladimir
Nabokov apprend très jeune les langues étrangères. La révolution russe
met un terme à son adolescence dorée et sa famille doit quitter SaintPétersbourg et se réfugier à Londres. Diplômé de Cambridge en 1923,
Vladimir Nabokov s’installe à Berlin. Poussé par la montée du nazisme, il
quitte l’Allemagne en 1936 pour Paris, Londres puis les États-Unis, où il
enseigne la littérature russe dans les meilleures universités. Il est naturalisé américain en 1945. Sa notoriété devient mondiale en 1958 avec la
publication de Lolita. En 1959, il s’installe en Suisse, dans un hôtel de
Montreux, où il demeure jusqu’à sa mort en 1977.
Diffusion sur France
Inter le samedi
6 juillet à 14h dans
Cosmopolitaine
Enfant d’immigrés iraniens, fuyant la révolution de 1979, Lila Azam
Zanganeh a grandi à Paris. Normalienne, elle est envoyée à Harvard, où
elle enseigne la littérature, le cinéma et les langues romanes. Elle écrit
et vit aujourd’hui à New York. Fascinée par Vladimir Nabokov depuis son
enfance, elle a publié L’enchanteur. Nabokov et le bonheur (éditions de
l’Olivier, 2011), une promenade littéraire dans l’imaginaire de Nabokov,
entre essai et fiction.
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© The Estate of Yousuf Karsh. All Rights Reserved.
Exils
Lundi 24 juin / 20h
Emil Cioran
En présence de Stéphane Barsacq
Textes lus par André Marcon
Emil Cioran, Avantages
de l’exil in La tentation
d’exister (coll. Quarto,
éd. Gallimard)
C’est à tort que l’on se fait de l’exilé l’image de quelqu’un qui abdique,
se retire et s’efface, résigné à ses misères, à sa condition de déchet.
à l’observer, on découvre en lui un ambitieux, un déçu agressif, un
aigri doublé d’un conquérant. Plus nous sommes dépossédés, plus
s’exacerbent nos appétits et nos illusions. Je discerne même quelque
relation entre le malheur et la mégalomanie. Celui qui a tout perdu
conserve comme dernier recours l’espoir de la gloire, ou du scandale
littéraire. Il consent à tout abandonner, sauf son nom. Mais son nom,
comment l’imposera-t-il, alors qu’il écrit dans une langue que les
civilisés ignorent ou méprisent ?
Va-t-il s’essayer à un autre idiome ? Il ne lui sera pas aisé de renoncer
aux mots où traîne son passé. Qui renie sa langue, pour en adopter une
autre, change d’identité, voire de déceptions. Héroïquement traître, il
rompt avec ses souvenirs et, jusqu’à un certain point, avec lui-même.
Emil Cioran est né en 1911 en Transylvanie (alors Autriche-Hongrie)
d’un père pope orthodoxe et d’une mère athée. Il a sept ans lorsque la
Transylvanie rejoint la Roumanie. Il fait des études de philosophie à l’université de Bucarest dès l’âge de 17 ans. Il étudie deux ans à Berlin, rentre
en Roumanie puis arrive en France à la fin de l’année 1937 comme boursier
de l’Institut français de Bucarest. Il ne reviendra jamais en Roumanie, où
ses livres sont interdits par le régime communiste au pouvoir. Après la
guerre, il écrit toute une partie de son œuvre en français, abandonnant
totalement sa langue maternelle. Il meurt à Paris en 1995.
Diffusion sur France
Inter le dimanche
7 juillet à 14h dans
Cosmopolitaine
24
photo Jacques Sassier © Gallimard
25
Né en 1972, Stéphane Barsacq grandit à Moscou, dans une famille aux
ramifications russes et françaises. Après ses études secondaires au
Lycée Condorcet à Paris puis à l’Université Paris-IV, il travaille comme
grand reporter pour la presse écrite et publie dans de nombreuses revues
(Europe, L’Infini, Commentaire…). Il devient directeur littéraire à partir de
2001. Il a publié Cioran, éjaculations mystiques, au Seuil (2011).
SCÈNES IMAGINAIRES
En coproduction avec
Portraits de metteurs
en scène européens
De quoi est fait l’imaginaire d’un metteur en scène ?
C’est la question que nous poserons à tous les metteurs en scène invités
pour cette série de portraits, des portraits composés comme un puzzle,
mêlant entretien et lectures.
«Qu’est-ce qu’on a lu et qu’est-ce qui nous reste de ces lectures ?» se
demandait un jour Luc Bondy, dans un entretien pour France Culture. C’est
à partir de cette question que se sont organisées les Scènes imaginaires.
Que font-ils, ces metteurs en scène, des livres qu’ils ont lus ? Comment ces
lectures les ont-ils changés, formés ou déformés ? De quelle manière ces
livres ou la mémoire de ces livres ont-ils pu influencer leurs mises en scène ?
à travers une conversation et des extraits de livres qui leur sont chers,
lus par des comédiens complices et choisis par les metteurs en scène
eux-mêmes, nous tenterons des portraits impressionnistes de chacun
de ces artistes.
Grande salle
p. 29
Luc Bondy
p. 30
Alain Françon
p. 31
Patrice Chéreau
p. 32
Peter Stein
p. 33
Joël Pommerat (sous réserve)
lundi 22 octobre lundi 28 janvier
lundi 25 mars
lundi 8 avril
lundi 10 juin
Réalisés par Blandine Masson
Préparés par Baptiste Guiton
Animés par Arnaud Laporte
Blandine Masson commence à réaliser des fictions radiophoniques pour France
Culture en 1996. Depuis 2004, elle est conseillère de programmes pour la fiction.
Elle continue à réaliser des fictions ou des lectures en public, en particulier pendant le Festival d'Avignon.
Arnaud Laporte entre à France Culture en 1987 et s’est formé à la double école
des Nuits Magnétiques et du Pays d’Ici. Depuis 2000, il a produit et animé
plusieurs magazines d’actualité culturelle quotidiens, d’abord en soirée, avec
Multipistes et Culture Plus, puis pendant cinq saisons à la mi-journée avec Tout
Arrive ! Il produit et anime depuis septembre 2011 La Dispute.
26
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SCÈNES IMAGINAIRES
Lundi 22 octobre / 20h
Luc Bondy
Lectures
Toronto, de Luc Bondy, recueil de poèmes, éd. Zsolnay, Vienne, 2012.
Traduction de Daniel Loayza.
Lu en allemand par Bruno Ganz.
De passage, de John Cheever, nouvelle tirée de L’homme de ses rêves,
éd. Joëlle Losfeld. Traduction de Laetitia Devaux.
Lue par Pascal Greggory, Micha Lescot, Dominique Reymond.
Joseph Anton une autobiographie, de Salman Rushdie, éd. Plon.
Traduction de Gérard Meudal.
Lu par Pascal Greggory.
Ma vie, d’Anton Tchekhov, nouvelle, éd. Gallimard, «Bibliothèque de la
Pléiade». Traduction d’Édouard Parayre, révision de Lily Denis.
Lue par Dominique Reymond.
Diffusion sur France
Culture le dimanche
4 novembre à 21h dans
Théâtre et Compagnie
© DR
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Directeur des Wiener Festwochen depuis 2001 et de l’Odéon-Théâtre
de l’Europe depuis mars 2012, Luc Bondy est né en 1948 à Zurich. Après
avoir fréquenté à Paris l’école de pantomime de Jacques Lecoq, il fait
ses débuts au Théâtre Universitaire International. Il a signé à ce jour une
soixantaine de spectacles, d’abord en Allemagne (Wietkiewicz, Genet,
Büchner, Fassbinder, Ionesco, Goethe, Bond, Ibsen, Botho Strauss,
Beckett, Shakespeare...) puis dans le monde entier. En 1984, il met en
scène Terre étrangère d’Arthur Schnitzler au Théâtre des Amandiers,
que dirige Patrice Chéreau. Un an plus tard, il succède à Peter Stein à la
direction de la Schaubühne de Berlin. Il est également metteur en scène
d’opéra et a réalisé trois films. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont le
dernier, La Fête de l’instant (édition revisitée), vient d’être publié par Actes
Sud/Académie expérimentale des théâtres.
SCÈNES IMAGINAIRES
SCÈNES IMAGINAIRES
Lundi 28 janvier / 20h
Lundi 25 mars / 20h
Patrice Chéreau
Alain Françon
1997-1998 LEXI/textes
(Théâtre national de la
Colline/Les éditions de
l’Amandier).
Diffusion sur France
Culture le dimanche
3 février à 21h dans
Théâtre et Compagnie
Je continue de croire que toute représentation théâtrale est susceptible d’arracher un bout de sens au chaos du monde. Comment ne pas
être déclaratif quand ce monde est devenu un immense abattoir et
un égout à déverser du langage ? [...]
Adorno a écrit que la poésie n’était plus possible après les bombes et
les camps, elle l’est toujours, mais en enfer, avec les grands poètes qui
sont nos guides parmi les ruines. J’entends les reproches de catastrophisme, je lis que tout ça est noir, froid, sans générosité. Comme si le
sens ne pouvait pas aller avec le plaisir et la jubilation !
Un des sophismes employés est de prétendre que les publics déprimés ont besoin d’être divertis, doivent oublier. Je crois au contraire
que le public a le droit d’accès à un théâtre ni simplifié, ni réduit, ni
effroyablement réconfortant, à un théâtre qui produise des paradoxes
et d’où l’on sorte en ayant «faim de changement».
Patrice Chéreau,
J’y arriverai un jour
(Actes Sud, coll. Le
temps du théâtre, 2009)
Alain Françon est né à Saint-étienne en 1945 où il découvre le théâtre grâce
à Jean Dasté. Inscrit dans une école d’art lyonnaise, il y fait la connaissance
d’André Marcon, Christiane Cohendy, Evelyne Didi, et fonde avec eux le
Théâtre éclaté en 1971 à Annecy. Françon y restera dix-huit ans, montant
notamment Brecht, O’Neill, Ibsen, Kroetz, Enzo Cormann, Michel Vinaver,
Marie Redonnet... En 1989, il est nommé au CDN de Lyon et un an plus tard,
il prend la tête du CDN de Savoie. Il y entame notamment sa longue exploration de l’œuvre d’Edward Bond. À la Colline, qu’il dirige de 1996 à 2010,
il met en scène une vingtaine de spectacles, essentiellement d’auteurs
contemporains (Bond, Danis, Deutsch, Durif, Mayenburg, Vinaver), mais
aussi des textes d’Ibsen, Tchekhov, Gorki ou Feydeau. En 2010, il fonde
sa propre compagnie, le Théâtre des Nuages de Neige.
Diffusion sur France
Culture le dimanche
31 mars à 21h dans
Théâtre et Compagnie
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C’est je crois la seule chose importante pour un metteur en scène :
travailler avec des écrivains qui soient ses contemporains, être à l’écoute
des auteurs, à l’affût si je puis dire, chercher à collaborer avec eux. J’ai
débuté en mettant en scène des textes classiques ou des textes chinois
– très beaux au demeurant – et j’ai mis beaucoup de temps pour rencontrer des écrivains contemporains. Puis il y a eu la rencontre avec Koltès
qui a changé ma vie en ceci que j’avais la possibilité de lire le monde à
travers la perspective d’un auteur. C’est-à-dire de quelqu’un qui avait
un univers, une réflexion bien à lui et qui n’étaient pas les miens mais
au service desquels j’ai eu envie de me mettre. Quelqu’un qui disposait
d’un point de vue absolument irréductible – souvent plus rebelle que
moi ! – sur le monde et son cours, sur les gens qu’il regardait et auxquels
il savait donner la parole.
Après un passage au Piccolo Teatro de Milan, Patrice Chéreau devient
codirecteur du TNP de Villeurbanne en 1972. Dix ans plus tard, il prend
la direction du Théâtre des Amandiers de Nanterre, où il crée plusieurs
pièces de Bernard-Marie Koltès. En 1983, L’Homme blessé le fait connaître
des cinéphiles et obtient le César du meilleur scénario. Viennent ensuite
La Reine Margot (prix du jury au Festival de Cannes de 1994) ou encore
Intimité (Ours d’or au Festival de Berlin 2001 et prix Louis-Delluc) ; son
dernier film, Persécution, est sorti en décembre 2009. Pour l’inauguration
des Ateliers Berthier en 2003, Chéreau revient au théâtre en montant
Phèdre, de Racine, avec Dominique Blanc dans le rôle-titre. Il la retrouve
six ans plus tard pour La Douleur, de Marguerite Duras ; la même année,
il dirige Romain Duris dans La Nuit juste avant les forêts, de Koltès.
à l’opéra, Chéreau a notamment collaboré avec Pierre Boulez (Der Ring
des Nibelungen, la Tétralogie de Wagner à Bayreuth, De la maison des
morts de Janácek) ou Daniel Barenboim (Wozzeck de Berg, Don Giovanni
de Mozart, Tristan et Isolde de Wagner) ; en juillet 2013, il mettra en scène
Elektra, de Strauss, au Festival d’Aix-en-Provence, sous la direction musicale d’Esa-Pekka Salonen.
SCÈNES IMAGINAIRES
SCÈNES IMAGINAIRES
Lundi 8 avril / 20h
Lundi 10 juin / 20h
Joël Pommerat (sous réserve)
Peter Stein
Propos recueillis
par Brigitte Salino,
Le Monde (24 août 2005)
Diffusion sur France
Culture le dimanche
21 avril à 21h dans
Théâtre et Compagnie
Il n’était pas dit que je devienne un homme de théâtre. Mais quand
j’ai commencé à étudier la littérature et l’histoire de l’art à l’université,
j’ai remarqué que je pouvais lire des textes de théâtre beaucoup plus
facilement que mes collègues. Ils me demandaient toujours : qu’est-ce
que cela veut dire ?
Parallèlement, j’avais un certain talent pour imaginer les situations
dans l’espace. C’est la base : il faut, si on lit une pièce, développer immédiatement une vision spatiale en trois dimensions. D’une certaine
manière, c’est très banal, le théâtre : c’est une action qui requiert au
moins deux personnes ­– je déteste les monologues – qui agissent dans
un moment coordonné du temps et de l’espace.
Pour les comprendre, il faut avoir cette imagination. Quand on découvre
qu’on l’a, on se sent unique dans un certain sens, ou au moins un peu
spécial. Et on a envie d’explorer ce «talent».
Né à Berlin en 1937, Peter Stein a forgé sa réputation internationale au
cours des années 1970 en prenant la direction artistique de la Schaubühne
am Lehninerplatz, à Berlin. Cofondateur de la Schaubühne am Halleschen
Ufer en 1970, il y travaille notamment avec Jutta Lampe, Edith Clever, Bruno
Ganz, signant des mises en scène d’Ibsen, Kleist ou Handke ainsi qu’une
version historique de l’Orestie d’Eschyle en 1980. En 1985, Stein reprend
sa liberté. De 1992 à 1997, il est responsable de la programmation théâtrale
des Salzburger Festspiele. À Hanovre, pour l’Expo 2000, il met en scène
un Faust, en version intégrale, avec Bruno Ganz dans le rôle-titre. Parmi
ses dernières mises en scène de théâtre : I Demoni, d’après Dostoïevski
(Ateliers Berthier, 2010) et Ödipus auf Kolonos de Sophocle. Il monte aussi
des opéras. Peter Stein vit aujourd’hui en Italie.
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Joël Pommerat,
Théâtres en présence
(Actes Sud-Papiers,
2007)
Diffusion sur France
Culture le dimanche
23 juin à 21h dans
Théâtre et Compagnie
33
J’aime aussi que mes histoires soient improbables, tordues. Qu’elles ne
tiennent pas vraiment debout comme on dit, au contraire qu’elles soient
bancales et que ce soit un vrai tour de force ensuite qu’elles tiennent
quand même debout sur le plateau. Rien n’est plus beau selon moi que
l’équilibre précaire. J’aime que ça ne soit pas gagné d’avance, que ça
ne tienne pas tout seul, que l’écriture des mots, l’écriture du texte ne
révèlent pas tout, ne disent pas tout. Que tout ne soit pas joué d’avance.
Parce que, dans le fond, mes histoires sont aussi des prétextes à révéler des instants, révéler de la présence, la présence qui est tout à la fois
mystère et concret.
Joël Pommerat est né en 1963 à Roanne. Il fonde en 1990 la compagnie Louis Brouillard et crée depuis ses propres textes parmi lesquels
Au monde (créé en 2004 au TNS avant de partir en tournée en France
et à l’étranger), Les Marchands (TNS, 2006 ; Grand prix de littérature
dramatique, 2007). Deux spectacles apportent à la compagnie Louis
Brouillard deux Molières des compagnies consécutifs : Cercles / Fictions
créé aux Bouffes du Nord (2010) et Ma chambre froide créé aux Ateliers
Berthier (ce dernier spectacle, qui vaut également à Pommerat le
Molière 2011 de l’auteur francophone vivant et le prix Europe Nouvelles
Réalités Théâtrales, reçoit aussi le Grand prix du syndicat de la critique).
Joël Pommerat est actuellement artiste associé à l’Odéon-Théâtre de
l’Europe et au Théâtre National de Bruxelles. Ses œuvres sont publiées
chez Actes Sud-Papiers.
L’amitié dangereuse
En coproduction avec
Grande salle
p. 36
Par Raphaël Enthoven
Montaigne / La Boétie
samedi 19 janvier
Assisté de Julien Tricard
avec Pierre Magnard
lectures par Georges Claisse et Jean-Louis Jacopin
p. 36
Platon
Comment se fait-il que les philosophes aient si peu parlé d’amitié ?
à quel malentendu doit-on un silence qui court, quasiment, de
l’Antiquité jusqu’à Montaigne ? Est-ce parce que l’amitié n’est pas
une vertu chrétienne mais héritée du paganisme ? Parce que l’universel n’est pas son affaire ? Ou qu’une vertu sélective n’est pas une
vertu ? Et si l’amitié, cette évidence, ce communisme à deux, était
plus dangereuse qu’on ne pense ? Et si, loin d’être un amour pâle, elle
délivrait la formule secrète d’un amour sans amour-propre ? C’est à
ces questions, entre autres, que nous tenterons de ne pas répondre
lors des six rencontres organisées au Théâtre de l’Odéon, en coproduction avec France Culture selon le même dispositif que l’an dernier : un invité spécialiste de l’auteur en question, deux lecteurs, un
animateur, un public nombreux et une diffusion sur France Culture.
samedi 9 février
avec Dimitri El Murr
lectures par Georges Claisse et Julie-Marie Parmentier
p. 37
Sartre / Aron
samedi 23 mars
avec Frédéric Worms
lectures par Georges Claisse et Jean-Louis Jacopin
p. 38
Aristote samedi 23 février
avec Francis Wolff
lectures par Julie-Marie Parmentier
p. 38
Diderot / Rousseau
Rediffusions radiophoniques.
Dates communiquées ultérieurement sur theatre-odeon.eu
samedi 20 avril
avec Raymond Trousson
lectures par Georges Claisse et Guillaume Gallienne (sous réserve)
p. 39
Camus / Char
Raphaël Enthoven enseigne la philosophie sur France Culture depuis neuf ans.
Après avoir construit une bibliothèque orale de 2003 à 2006 dans le cadre de
l’émission Commentaires, il a produit et animé les Nouveaux chemins de la
connaissance de 2007 à 2011, tout en présentant l’émission Philosophie sur ARTE.
Depuis septembre 2012, toujours sur France Culture, il anime Le Gai Savoir tous
les dimanches. samedi 6 avril
avec Agnès Spiquel et Franck Planeille
lectures par Georges Claisse et Marion Richez
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l’amitié dangereuse
l’amitié dangereuse
Samedi 19 janvier / 15h
Montaigne / La Boétie
avec Pierre Magnard
lectures par Georges Claisse et Jean-Louis Jacopin
photo Jacques Robert © Gallimard
Pierre Magnard est un philosophe et Professeur de philosophie
émérite à la Sorbonne, lauréat du Grand Prix de Philosophie de
l’Académie Française. Très influencé par l’humanisme de la
Renaissance et par la figure de Dieu dans la métaphysique classique,
il a produit une œuvre reconnue d’élucidation de l’histoire de la pensée occidentale et française. Sa contribution essentielle aux lectures
et compréhensions contemporaines de Montaigne, et son immense
talent de pédagogie et de clarté, en font l’interlocuteur idéal pour évoquer la relation d’une amitié si singulière entre Montaigne et La Boétie. Samedi 23 mars / 15h
Sartre / Aron
avec Frédéric Worms
lectures par Georges Claisse et Jean-Louis Jacopin
Samedi 9 février / 15h
Platon
Sartre et Aron : l’amitié à l’épreuve de l’opinion
«Mon petit camarade, pourquoi as-tu si peur de déconner ?»
La question, de Sartre à Aron, résume peut-être le lien qui unit ces deux
philosophes, suffisamment différents pour devenir amis dans les années
1920, mais trop pour le rester dans un monde bipolaire où chacun, après
1947, fut sommé de choisir entre l’Est et l’Ouest.
avec Dimitri El Murr
lectures par Georges Claisse et Julie-Marie Parmentier
Platon, ou l’impossible amitié
L’amitié est-elle impossible si elle naît de la contrariété ?
Dimitri El Murr est agrégé de philosophie et Maître de conférences
en Histoire de la philosophie antique à la Sorbonne. Il est devenu en
quelques années une référence incontournable des études platoniciennes et des lectures des dialogues du grand Platon. Son érudition
et sa clarté rendront l’élucidation de la philia, ou l’amitié grecque,
aussi passionnante que profonde. photo Jacques Sassier © Gallimard
Montaigne, La Boétie et le deuil de soi
«Parce que c’était lui, parce que c’était moi» : quelle définition de l’amitié
recouvre le plus bel alexandrin de la pensée française ?
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Frédéric Worms est philosophe et Professeur de philosophie à Lille.
Il propose une vision originale de la philosophie française du XXe
siècle, qui fait se rencontrer des thèmes généraux de philosophie (la
vie, l’existence, la liberté) avec la particularité des configurations et
des contextes historiques. Il viendra donc évoquer la façon dont la
relation entre Sartre et Aron s’inscrit dans la guerre froide, et comment est tombé entre leur deux pensées ce rideau imperméable
d’idées. l’amitié dangereuse
l’amitié dangereuse
Samedi 23 février / 15h
Aristote
avec Francis Wolff
lectures par Julie-Marie Parmentier
© Collection Gallimard
Francis Wolff est philosophe et Professeur de philosophie à l’école
Normale Supérieure, spécialiste de philosophie antique. Depuis des
années, son engagement pour le renouvellement de la «philosophie
générale» l’a conduit à ériger la simplicité des idées et la force des arguments en une méthode philosophique redoutablement efficace. Fin
connaisseur de la métaphysique et de la politique d’Aristote, il saura
reconstruire avec nous sa pensée et sa pratique de l’amitié.
Samedi 20 avril / 15h
Diderot / Rousseau
Samedi 6 avril / 15h
Camus / Char
avec Raymond Trousson
lectures par Georges Claisse et Guillaume Gallienne,
sociétaire de la Comédie-Française (sous réserve)
avec Agnès Spiquel et Franck Planeille
lectures par Georges Claisse et Marion Richez
Diderot et Rousseau : touche pas à mon antipode !
«Il n’y a que le méchant qui soit seul» écrit un jour Diderot en pensant à
son ancien ami. Mais comment le plus joyeux et le plus mélancolique
des hommes ont-ils pu, auparavant, être les meilleurs amis du monde ?
Raymond Trousson est Professeur à l’Université libre de Bruxelles
et membre de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. Il est, depuis le début des années 1960, celui qui
remit au goût du jour la thématologie, c’est-à-dire l’étude de la résurgence des thèmes dans l’histoire littéraire et philosophique. Spécialiste du Siècle des Lumières, il connaît comme ses amis les esprits
de Rousseau et de Diderot, et nous expliquera comment leur histoire au demeurant assez simple peut engager de lourds problèmes
philosophiques.
photo Jacques Robert © Gallimard
Aristote et Philia
Un homme heureux a-t-il besoin d’amis ? L’amitié entre inégaux est-elle
pensable ? Comment passe-t-on de l’amour de soi au bien-être d’autrui ?
Camus et Char : versions du soleil
Le dernier chapitre de L’homme révolté d’Albert Camus ne se comprend
vraiment qu’à la lumière de Fureur et mystère de René Char. Et pour cause :
il est normal «quoique merveilleux» que deux amis solaires finissent par
s’éclairer l’un l’autre.
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Agnès Spiquel est Professeur de littérature à l’Université de Valenciennes et Présidente de la Société des études camusiennes. Ardente
défenderesse de la singularité et de l’irréductibilité de Camus, elle
dialoguera avec Franck Planeille, à qui l’on doit l’édition de la correspondance entre Camus et Char. Leur talent et leur complicité rendront vivante et fertile l’évocation de cette amitié poétique et politique, empreinte de transformation mutuelle.
Les dix-huit heures
de l’odéon
Salon Roger Blin
p. 42 à 47
Rendez-vous philosophiques
p. 54 à 56
Animé par Jean-Marie Durand
à quoi peuvent donc servir la philosophie et de manière plus large
les sciences humaines. Dans nos sociétés et notre époque de plus
en plus complexes, formuler les questions, penser et comprendre le
monde, éclairer le sens de nos existences, est quelque chose d’essentiel. Dans cette perspective, les Rendez-vous philosophiques donneront à entendre la parole d’auteurs engagés dans cette démarche avec
comme promesse, selon la belle formule de Sébastien Charbonnier :
«Que peut la philosophie ? être le plus nombreux possible à penser le
plus possible».
Jean-Christophe Bailly / Le Dépaysement
Eva Illouz / Pourquoi l’amour fait mal
Michaël Fœssel / Après la fin du monde
Gérard Genette / Apostille
Fabrice Midal / Auschwitz, l’impossible regard
Bernard Sève / L’instrument à l’œuvre
p. 48 à 53
Animé par Jean-Yves Tadié
Né en 1993, «Folio théâtre» se voue à l’édition des plus grandes pièces
classiques et contemporaines du répertoire français et étranger. Le
catalogue compte aujourd’hui 134 titres avec une majorité d’auteurs
du XXe siècle. Si le théâtre français est très présent, la scène anglosaxone, et les théâtres de langue allemande, italienne, espagnole et
russe figurent en bonne place. Ces vingt ans d’édition seront célébrés
à l’Odéon avec six textes choisis pour leur lien avec l’exil.
Sophocle / Antigone
James Joyce / Exils
Paul Claudel / L’échange
William Shakespeare / Le Marchand de Venise
Albert Camus / Le Malentendu
Luigi Pirandello / Henri IV
jeudi 25 octobre
jeudi 15 novembre
jeudi 20 décembre
jeudi 24 janvier
jeudi 21 février
jeudi 21 mars
Pourquoi aimez-vous ?
mardi 20 novembre
mardi 18 décembre
mardi 22 janvier
mardi 19 février
mercredi 27 mars
mardi 23 avril
en partenariat avec
40
mardi 15 janvier
mardi 5 février
mardi 2 avril
mardi 16 avril
mardi 4 juin
mardi 25 juin
Le Salon Roger Blin, créé à la fin du XIXe siècle, à l'origine un
petit foyer ouvert sur le grand foyer du théâtre, est aujourd'hui
dédié aux lectures et aux discussions littéraires et philosophiques inscrites dans le cadre des Bibliothèques de l'Odéon.
En 1967, Jean-Louis Barrault avait fait transformer cet espace
en un «laboratoire pour textes inédits, un théâtre intime pour
création d’œuvres nouvelles», baptisé pour l'occasion Petit
Odéon. C'est en 1984 qu'il prend le nom de Salle Roger Blin,
en hommage à celui qui fut à l'Odéon un immense artisan
du théâtre. C'est lors des derniers travaux de rénovation
(2002-2006) que l'architecte a décidé la remise en l'état du
foyer public. Ses quatre-vingt places en font l’espace idéal
pour accueillir l’actualité des maisons d’édition et des auteurs,
dans un quartier où la littérature a toujours occupé une place
essentielle.
Animé par Daniel Loayza
Parce que la littérature d’aujourd’hui se nourrit de celle d’hier, la GF
a interrogé des écrivains contemporains sur leur «classique préféré».
à travers l’évocation intime de leurs souvenirs et de leur expérience de
lecture, ils nous font partager leur amour des lettres, et nous laissent
entrevoir ce que la littérature leur a apporté. Ce qu’elle peut apporter
à chacun de nous, au quotidien.
Mathias énard / Joseph Conrad
Christian Garcin / Honoré de Balzac
Philippe Jaenada / Denis Diderot
Laurent Seksik / Stefan Zweig
Philippe Forest / Marcel Proust
Olivier Rolin / Homère
Vingt ans de lectures avec Folio théâtre
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les dix-huit heures de l’odéon
les dix-huit heures de l’odéon
rendez-vous philosophiques
Jeudi 25 octobre / 18h
rendez-vous philosophiques
Jeudi 15 novembre / 18h
Eva Illouz
Le Dépaysement
Pourquoi l’amour fait mal
Voyages en France
L’expérience amoureuse dans la modernité
© Hermance Trihay
© Susanne Schleyer
Jean-Christophe Bailly
Jean-Christophe
Bailly est un auteur
indéfinissable, à la
croisée de l’histoire,
de l’histoire de l’art,
de la philosophie et
de la poésie. Il est
auteur entre autres
de Le propre du langage (1997), Basse
continue (2000), Le
champ mimétique
(2005), L'instant et
son ombre (2008)
parus aux éditions
du Seuil.
«Qu’est-ce qui, de la France, résonne en moi ? Qu’est-ce qui fait que,
à ce pays, je me sens appartenir ?».
Porteur de cette interrogation délicate et profonde qu’une récente
actualité politique a malheureusement enlaidie, l’auteur a entrepris
toutes sortes de petits voyages en France, dans des endroits où il sentait
devoir aller, parfois historiques (Bibracte, Varenne, Verdun…), parfois
poétiques (un fleuve, une rivière, la ferme où habita Rimbaud…), tantôt
dans des villes (Nîmes, Arles, Beaugency, Lorient…), ou encore le long
d’un parcours en train, ou d’une frontière. Ce peut être aussi une activité industrielle, un lieu utopique, un jardin, la source de la Loue… Ce
que Bailly cherche à dire, c’est une forme de bonheur dans une France
qui ne s’enracine pas, mais qui produit les signes parfois anciens de sa
mémoire collective et des plis ou replis de son territoire.
C’est un livre de traces, de souvenirs personnels ou empruntés ; c’est
un pays avec ses façons de faire, ses pénétrations étrangères qui participent elles aussi à une culture. C’est un vivre ensemble, qui accueille
ou rejette. Non pas une nostalgie, mais un recueil de temps, de lieux,
de parcours, de vies.
42
Eva Illouz est professeur de sociologie à
la Hebrew University
de Jérusalem. Elle
est l’auteur de nombreux livres, parmi
lesquels Les sentiments du capitalisme, paru au Seuil
en 2006.
43
Qu’est-il arrivé à l’amour dans les sociétés modernes ?
Tout le monde a fait dans sa vie l’expérience de la souffrance amoureuse, s’identifiant parfois aux héros ou héroïnes de la littérature,
de Madame Bovary aux personnages de Jane Austen. Pourtant, si le
mal d’amour a toujours existé, il y a une manière spécifiquement
moderne d’aimer et de souffrir de l’amour, que le livre d’Eva Illouz
entend comprendre et éclairer.
À partir de nombreux témoignages et d’exemples issus de la culture
populaire, elle dresse le portrait de l’individu contemporain et de
son rapport à l’amour, de son fantasme d’autonomie et d’épanouissement personnel, ainsi que des pathologies qui lui sont associées :
narcissisme, incapacité à choisir, refus de s’engager, évaluation
permanente de soi et du partenaire, psychologisation à l’extrême
des rapports amoureux, tyrannie de l’industrie de la mode et de
la beauté, marchandisation de la rencontre (internet, sites de
rencontre), etc. Tout cela dessine une économie émotionnelle et
sexuelle propre à la modernité qui laisse l’individu désemparé, pris
entre une hyper-émotivité paralysante et un cadre social qui tend à
standardiser, dépassionner et rationaliser les relations amoureuses.
Un grand livre de sciences sociales sur le destin de l’amour dans
les sociétés modernes.
les dix-huit heures de l’odéon
les dix-huit heures de l’odéon
rendez-vous philosophiques
Jeudi 20 décembre / 18h
rendez-vous philosophiques
Jeudi 24 janvier / 18h
Michaël Fœssel
Gérard Genette
Après la fin du monde
Apostille
© Ulf Andersen
© Emmanuelle Marchadour
Critique de la raison apocalyptique
Michaël Fœssel,
né en 1974, est
philosophe, maître
de conférences
à l’université de
Bourgogne et
membre de l’Institut
universitaire de
France. Il est notamment l’auteur de
Kant et l’Équivoque
du monde (CNRS
Éditions, 2008), de La
privation de l’intime
(Seuil, 2008) et d’État
de vigilance. Critique
de la banalité sécuritaire (Le Bord de
l’eau, 2010).
Textes lus par
David Botbol
Comment résister au catastrophisme ?
Notre temps est, dit-on, celui des catastrophes. Sur les nouveaux
fronts de l’écologie, du changement climatique ou de la menace
nucléaire, les idéologies du progrès ont cédé la place à l’angoisse.
Michaël Fœssel interprète les peurs apocalyptiques actuelles à partir
des expériences contemporaines où les sujets se sentent dépossédés
du monde : triomphe de la technique sur l’action, du capital sur le
travail, du besoin sur le désir. Pour cela, il propose une généalogie de
l’idée de «fin du monde» qui distingue deux voies de la modernité :
celle qui privilégie la vie et sa conservation, aujourd’hui à l’œuvre
dans la plupart des conceptions écologiques et précautionneuses du
réel ; celle qui fait du monde le thème principal de la philosophie en
même temps qu’un enjeu politique de premier ordre.
Nous sommes désormais face à une alternative : perpétuer la vie
ou édifier un monde. Les théories de la catastrophe ne se soucient
plus de savoir quel monde mérite d’être défendu. En ce sens, le fait
que la fin du monde a déjà eu lieu est une bonne nouvelle : cela nous
invite à inventer des espaces pour l’action et à fonder un nouveau
cosmopolitisme.
44
Gérard Genette est
né à Paris en 1930.
Visiting professor à la New York
University, ancien
directeur d’études
de l’École des
hautes études en
sciences sociales, il
dirige la collection
«Poétique» aux
éditions du Seuil.
Il est l’auteur de
Bardadrac (2006)
et Codicille (2009),
publiés au Seuil.
45
«Apostille. Si j’en crois mon dictionnaire habituel, ce nom provient,
par dérivation à rebours, du (plus ancien) verbe apostiller, qui signifie
«ajouter par après (postea)». Une apostille c’est donc simplement,
comme le savent au moins depuis 1983 les lecteurs d’Umberto Eco, ce
qu’il arrive qu’on fasse quand on apostille. Étymologiquement, donc,
la poste n’y est pour rien, ni les postillons de tous acabits, quoi qu’en
puisse suggérer l’homophonie...»
Après Bardadrac et Codicille, l’auteur livre avec Apostille le troisième
volume de son abécédaire personnel. Une succession de souvenirs
et de pensées qui se bousculent entre un point de vue politique, une
rêverie musicale ou un avis littéraire – Flaubert, Stendhal, Proust ont
une place de choix et viennent scander ce récit à tiroirs.
Tout est servi avec délicatesse et élégance quand il s’agit des autres et
avec dérision ou pudeur quand il s’agit de soi-même. L’humour n’est
pas en reste et s’inscrit comme un des dénominateurs communs de ces
petites chroniques parfois nostalgiques et souvent incisives.
les dix-huit heures de l’odéon
les dix-huit heures de l’odéon
rendez-vous philosophiques
Jeudi 21 février / 18h
rendez-vous philosophiques
Jeudi 21 mars / 18h
Bernard Sève
Auschwitz,
l’impossible regard
L’instrument à l’œuvre
© DR
© Astrid di Crollalanza
Fabrice Midal
Docteur en philosophie, Fabrice Midal
est le fondateur de
l’école Occidentale
de méditation.
Il est par ailleurs
éditeur, dirigeant
deux collections
aux éditions Belfond
et Pocket. Il est
l’auteur de plusieurs
ouvrages marquants
dont Risquer la
liberté (Seuil, 2009)
et Pourquoi la poésie ? (Pocket, 2010).
«Auschwitz n’est pas figurable, il n’y a aucune leçon à en tirer. Je crois
que seule la poésie peut nous l’apprendre.»
Auschwitz est comme un trou dans notre histoire, au-delà même d’une
tragédie, si l’on donne à ce terme les connotations nobles et élevées
qu’on lui associe d’ordinaire. Dès lors, la question, pour nous tous, est de
savoir dans quel espace nous pouvons vivre si nous acceptons d’ «habiter cette catastrophe», si, au lieu de vouloir l’intégrer dans un ordre
quelconque en tentant d’en tirer des leçons, nous la vivons comme
indépassable.
Ce livre passe en revue les catégories devenues classiques pour analyser
la Shoah : génocide, banalité du mal, devoir de mémoire... Il les critique
toutes. Il ne les refuse pas, mais s’efforce, respectueusement, d’en montrer les limites. Par sa seule existence, la Shoah récuse d’une manière
abyssale nombre de présupposés de la tradition philosophique et politique occidentale : par exemple la représentation de l’homme comme
«animal raisonnable» et l’opposition entre cette rationalité et des passions qu’il faudrait dompter. Elle nous oblige à reconsidérer l’histoire
de l’Occident, et à repenser l’homme.
Si le sol de nos certitudes est ainsi ébranlé d’une manière décisive, dans
quelle «maison» pouvons-nous vivre désormais ? Fabrice Midal nous
fait entendre la parole de Nelly Sachs et de Paul Celan : la «cabane»
dans laquelle nous séjournerons ne pourra plus annuler notre exil.
46
Bernard Sève
est professeur
d’esthétique et de
philosophie de l’art
à l’Université Lille-3.
Il a, entre autres,
publié La Question
philosophique
de l’existence de
Dieu (PUF, 1994,
2ème édition revue,
2000) ; L’Altération
musicale, ou ce que
la musique apprend
au philosophe (Seuil,
collection Poétique,
nouvelle édition
2013) ; Montaigne.
Des règles pour
l’esprit (PUF, collection Philosophie
d’aujourd’hui, 2007).
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à quelques exceptions près (Hegel, K. Levinson, St. Davies), l’instrument de musique est le grand oublié des philosophies de la musique
(qui privilégient, pour des raisons complexes, la voix humaine).
Or l’instrument de musique présente une originalité unique : il ne
doit être confondu ni avec l’accessoire de théâtre ni avec un outil
artistique (comme le pinceau du peintre), ni avec une machine (la
caméra), lesquels n’ont plus à être utilisés quand l’œuvre est achevée. L’usage de l’instrument de musique est coextensif à l’existence
actuelle et complète de l’œuvre musicale (écrite ou improvisée).
La musique est, en ce sens, le seul art qui use d’instruments. C’est
à la lumière de cette thèse que j’entends penser l’instrument, la
musique, et, d’une certaine façon, les autres arts (qui ne se servent
pas d’instruments à la façon de la musique). Mais c’est bien la
musique et ses instruments qui sont au cœur du livre.
L’humanité dispose, dans les milliers d’instruments de musique
qu’elle a inventés, d’un extraordinaire archivage matériel de ses
techniques, des formes de sa sensibilité, de ses croyances et de ses
rêves. Le livre entend faire droit à cette richesse, qu’il entend penser philosophiquement. C’est-à-dire penser le statut ontologique et
esthétique de l’instrument de musique, dans son lien notamment
avec la question de l’écriture, du temps musical, de la technique,
de l’histoire, de l’interprétation, de l’ontologie de l’œuvre musicale.
les dix-huit heures de l’odéon
les dix-huit heures de l’odéon
pourquoi aimez-vous ?
Mardi 20 novembre / 18h
pourquoi aimez-vous ?
Mardi 18 décembre / 18 h
Mathias énard
Christian Garcin
Au cœur des ténèbres
Le Colonel Chabert
Honoré de Balzac
© Witi de Tera / Opale / Flammarion
© Melania Avanzato / Opale / Flammarion
Joseph Conrad
Né en 1972, Mathias
Énard a étudié le
persan et l’arabe et
fait de longs séjours
au Moyen-Orient. Il
vit à Barcelone. Il est
notamment l’auteur
de cinq romans
parus chez Actes
Sud : La Perfection
du tir (2003),
Remonter l’Orénoque (2005), Zone
(2008), Parle-leur de
batailles, de rois et
d’éléphants (2010),
et Rue des voleurs
(2012).
La destinée. Ma destinée ! C’est une drôle de chose que la vie – ce mystérieux arrangement d’une logique sans merci pour un dessein futile. Le
plus qu’on puisse en espérer, c’est quelque connaissance de soi-même
– qui vient trop tard –, une moisson de regrets inextinguibles. J’ai lutté
contre la mort. C’est le combat le plus terne qu’on puisse imaginer. Il
se déroule dans une grisaille impalpable, sans rien sous les pieds, rien
alentour, pas de spectateurs, pas de clameurs, pas de gloire, sans grand
désir de victoire, sans grande peur de la défaite, sans beaucoup croire à
son droit, encore moins à celui de l’adversaire – dans une atmosphère
écœurante de scepticisme tiède. Si telle est la forme de l’ultime sagesse,
alors la vie est une plus grande énigme que ne pensent certains d’entre
nous.
J’étais à deux doigts de la dernière occasion de me prononcer, et je
découvris, déconfit, que probablement je n’aurais rien à dire. C’est pour
cela que j’atteste que Kurtz fut un homme remarquable. Il avait quelque
chose à dire. Il le dit. Depuis que j’avais moi-même risqué un œil pardessus le bord, j’ai mieux compris le sens de ce regard fixe, qui ne voyait
pas la flamme de la bougie, mais qui était assez ample pour embrasser
tout l’univers, assez perçant pour pénétrer tous les cœurs qui battent
dans les ténèbres. Il avait résumé – il avait jugé. « L’Horreur !»
Né en 1959,
Christian Garcin
est l’auteur de
plusieurs romans,
parmi lesquels
Le Vol du pigeon
voyageur (Gallimard,
2000), La Jubilation
des hasards
(Gallimard, 2005),
La Piste mongole
(Verdier, 2009) et
Des femmes disparaissent (Verdier,
2011), de récits de
vies (Vidas et Vies
volées, Gallimard,
«Folio», 2007),
de nouvelles, de
poèmes, de récits
de voyages et d’essais sur la peinture
et la littérature.
Le Colonel Chabert
Au cœur des ténèbres
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Savez-vous, mon cher, reprit Derville après une pause, qu’il existe dans
notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l’Homme de justice,
qui ne peuvent pas estimer le monde ? Ils ont des robes noires, peut-être
parce qu’ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions.
Le plus malheureux des trois est l’avoué. (...)
Nous autres avoués, nous voyons se répéter les mêmes sentiments
mauvais, rien ne les corrige, nos études sont des égouts qu’on ne peut
pas curer. Combien de choses n’ai-je pas apprises en exerçant ma
charge ! J’ai vu mourir un père dans un grenier, sans sou ni maille,
abandonné par deux filles auxquelles il avait donné quarante mille
livres de rente ! J’ai vu brûler des testaments ; j’ai vu des mères dépouillant leurs enfants, des maris volant leurs femmes, des femmes tuant
leurs maris en se servant de l’amour qu’elles leur inspiraient pour les
rendre fous ou imbéciles, afin de vivre en paix avec un amant. J’ai vu
des femmes donnant à l’enfant d’un premier lit des goûts qui devaient
amener sa mort, afin d’enrichir l’enfant de l’amour. Je ne puis vous
dire tout ce que j’ai vu, car j’ai vu des crimes contre lesquels la justice
est impuissante. Enfin, toutes les horreurs que les romanciers croient
inventer sont toujours au-dessous de la vérité.
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les dix-huit heures de l’odéon
les dix-huit heures de l’odéon
pourquoi aimez-vous ?
Mardi 22 janvier / 18h
pourquoi aimez-vous ?
Mardi 19 février / 18h
Philippe Jaenada
Laurent Seksik
Jacques le Fataliste
Vingt-quatre heures
de la vie d’une femme
Denis Diderot
Gérard Uféras © Flammarion
© Hannah Assouline / Opale / Flammarion
Stefan Zweig
Né en 1964, Philippe
Jaenada est
romancier. Il est
notamment l’auteur,
chez Julliard, du
Chameau sauvage (1997), et,
chez Grasset, du
Cosmonaute (2002),
de Vie et mort de la
jeune fille blonde
(2004), de Plage de
Manaccora, 16h30
(2009), et de La
femme et l’ours
(2011).
Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde.
Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe. D’où venaient-ils ? Du
lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ?
Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son
capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas
était écrit là-haut.
LE MAÎTRE : C’est un grand mot que cela.
JACQUES : Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d’un
fusil avait son billet.
LE MAÎTRE : Et il avait raison...
Après une courte pause, Jacques s’écria : «Que le diable emporte le
cabaretier et son cabaret !»
LE MAÎTRE : Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n’est pas
chrétien.
JACQUES : C’est que, tandis que je m’enivre de son mauvais vin, j’oublie
de mener nos chevaux à l’abreuvoir. Mon père s’en aperçoit ; il se fâche.
Je hoche de la tête ; il prend un bâton et m’en frotte un peu durement
les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy ;
de dépit je m’enrôle. Nous arrivons ; la bataille se donne.
LE MAÎTRE : Et tu reçois la balle à ton adresse.
Né en 1962, Laurent
Seksik est médecin
et écrivain. Il est
l’auteur de plusieurs
romans, parmi lesquels La folle
histoire (Lattès,
2002), La consultation (Lattès, 2005),
Les derniers jours
de Stefan Zweig
(Flammarion, 2010)
et La Légende des
fils (Flammarion,
2011). Il a également
signé l’adaptation théâtrale des
Derniers jours
de Stefan Zweig
(Flammarion, 2012),
mise en scène par
Gérard Gelas au
Théâtre Antoine en
2012.
Jacques le Fataliste et son maître
Il n’y a que le premier pas qui coûte. Voilà deux jours que je me prépare à être parfaitement claire et franche : j’espère y parvenir. Vous ne
concevez toujours pas, peut-être, que je vous raconte tout cela à vous
qui ne m’êtes rien, mais il ne se passe pas un jour, pas une heure sans
que je pense à cet événement précis et, croyez-en une vieille dame, c’est
insupportable de rester toute sa vie figée dans le souvenir d’un unique
épisode, d’une unique journée. Tout ce que je vais vous raconter, en
effet, tient sur à peine vingt-quatre heures de mes soixante-sept années,
et, je me le suis dit et redit je ne sais combien de fois, qu’est-ce qu’un seul
instant d’égarement dans toute une vie ? Mais la «conscience», selon
le terme si contestable dont nous la désignons, est une chose dont on
ne se débarrasse pas, et en vous entendant parler sans préventions du
cas Henriette, j’ai pensé que ce ressassement absurde, cette autoflagellation permanente prendraient peut-être fin si j’arrivais à évoquer
librement cette journée de ma vie devant quelqu’un. Si je n’étais pas
anglicane mais catholique, il y a longtemps que la confession m’aurait
donné l’occasion de me soulager en mots ; mais cette consolation nous
est refusée, d’où l’étrange tentative à laquelle je me livre aujourd’hui :
m’absoudre moi-même, en vous prenant pour confident. Oui, tout cela
est très étrange, je sais, mais vous avez accepté ma proposition sans
hésiter et je vous en remercie.
Vingt-quatre heures de la vie d’une femme
50
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les dix-huit heures de l’odéon
les dix-huit heures de l’odéon
pourquoi aimez-vous ?
Mercredi 27 mars / 18h
pourquoi aimez-vous ?
Mardi 23 avril / 18h
Philippe Forest
Olivier Rolin
Un amour de Swann
L’Iliade
Homère
© Basso Cannarsa / Opale / Flammarion
© Beowulf Sheehan / PEN / Opale / Flammarion
Marcel Proust
Né en 1962, Philippe
Forest est romancier, essayiste et
professeur de littérature à l’université
de Nantes. Il est
l’auteur de plusieurs
romans parus chez
Gallimard : L’Enfant
éternel (1997),
Toute la nuit (1999),
Sarinagara (2004),
Le Nouvel Amour
(2007) et Le Siècle
des nuages (2010), et
de différents essais
consacrés notamment à la littérature
et à l’histoire des
avant-gardes.
Mais tandis que, une heure après son réveil, il donnait des indications
au coiffeur pour que sa brosse ne se dérangeât pas en wagon, il repensa
à son rêve ; il revit comme il les avait sentis tout près de lui, le teint pâle
d’Odette, les joues trop maigres, les traits tirés, les yeux battus, tout ce
que – au cours des tendresses successives qui avaient fait de son durable
amour pour Odette un long oubli de l’image première qu’il avait reçue
d’elle – il avait cessé de remarquer depuis les premiers temps de leur
liaison dans lesquels sans doute, pendant qu’il dormait, sa mémoire en
avait été chercher la sensation exacte. Et avec cette muflerie intermittente qui reparaissait chez lui dès qu’il n’était plus malheureux et que
baissait du même coup le niveau de sa moralité, il s’écria en lui-même :
«Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que
j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas,
qui n’était pas mon genre! »
Un amour de Swann
52
Né en 1947, Olivier
Rolin est écrivain.
Il est notamment
l’auteur, aux éditions du Seuil, de
Port-Soudan (1994,
Prix Fémina), Tigre
en papier (2002,
Prix France Culture
2003), Suite à l’hôtel
Crystal (2004), Un
chasseur de lions
(2008) et Bakou,
derniers jours
(2010). Ses romans,
récits et articles
ont récemment été
rassemblés dans
Circus (Seuil, 2 vol.,
2011 et 2012).
53
Chante la colère, déesse, du fils de Pelée, Achille, colère funeste, qui
causa mille douleurs aux Achéens, précipita chez Hadès mainte âme
forte de héros, et fit de leurs corps la proie des chiens et des oiseaux
innombrables : la volonté de Zeus s’accomplissait. Commence à la
querelle qui divisa l’Atride, roi de guerriers, et le divin Achille. Quel
dieu, en cette querelle, les lança l’un contre l’autre ? Le fils de Latone et
de Zeus. Irrité contre le roi, il suscita dans l’armée un mal pernicieux,
et les troupes périssaient, parce que Chrysès avait été outragé, lui, le
prêtre, par l’Atride. Chrysès était venu aux vaisseaux fins des Achéens
pour délivrer sa fille, apportant une rançon immense […] mais l’Atride
Agamemnon en eut du déplaisir au cœur. Méchamment, il renvoya
Chrysès, sur cet ordre rude : «Ne te trouve pas devant moi, vieillard,
près de nos vaisseaux creux, ni aujourd’hui, en t’y attardant, ni plus
tard, en revenant ici ! Ou crains que te soient inutiles le sceptre et les
bandelettes du dieu. Ta fille, je ne la délivrerai pas.»
L’Iliade
les dix-huit heures de l’odéon
les dix-huit heures de l’odéon
Vingt ans de lectures avec Folio Théâtre
Vingt ans de lectures avec Folio Théâtre
Mardi 15 janvier / 18h
Mardi 2 avril / 18h
Sophocle / Antigone
Paul Claudel / L’Échange
(première version)
En présence de Jean-Louis Backès
En présence de Michel Lioure
Traduction de Jean Grosjean
L’exil est une constante de la vie de Paul Claudel et l’un des leitmotive
de son œuvre. L’exil, écrira-t-il dans son Journal, est sa «vraie patrie».
Claudel passa l’essentiel de son existence à l’étranger : «L’exil où il est
entré le suit», écrit-il dans un poème de Connaissance de l’Est. Composé
lors de son premier poste à New York et à Boston en 1893-1894, et situé
sur les lieux mêmes où il exerçait ses fonctions, L’Échange est le reflet des
sentiments du jeune homme éloigné pour la première fois du pays natal
et partagé entre des impressions et des tentations contradictoires : la douleur de la nostalgie et le bonheur de la liberté, le poids de la solitude et le
plaisir de la découverte. Tandis que Marthe, une fille de France, incarne
le regret du sol natal et le dépaysement dans cette «terre d’exil», les autres
personnages illustrent les divers aspects de la vie et de la civilisation
américaines. L’Échange est bien «le drame de l’exil».
Michel Lioure
L’image d’Antigone exilée, qui court les routes pour guider son vieux
père aveugle, apparaît dans d’autres pièces de Sophocle. Dans celleci, l’héroïne ne quitte pas sa ville. Mais le motif de la patrie, partout
présent, se lie plus qu’ailleurs à la vision de l’exil. Étéocle et Polynice
doivent régner en alternance. Polynice s’en va. Quand vient son tour,
il se heurte à un refus ; son frère ne respecte pas le contrat. Polynice
ne peut pas revenir dans sa ville. Il ne supporte pas de devoir vivre à
l’étranger. Il organise l’expédition impie contre sa propre cité. Les deux
frères se tuent réciproquement. Créon leur oncle, qui leur succède, fait
enterrer l’un et refuse à l’autre, à l’exilé, toute sépulture. Les significations de ce geste téméraire sont nombreuses et diverses ; il en est une
qui compte : on refuse à Polynice le lieu auquel il a droit. Il lui faudra
errer à jamais ; il n’entrera pas au pays des morts. Ce pays est une autre
patrie ; on y retrouve le père et la mère. Pour Antigone, quitter la vie
Jean-Louis Backès
n’est pas un exil.
Mardi 16 avril / 18h
William Shakespeare
Le Marchand de Venise
Mardi 5 février / 18h
James Joyce / Exils
En présence de Gisèle Venet et Jean-Michel Déprats (sous réserve)
En présence de Jean-Michel Rabaté
Traduction de Jean-Michel Déprats
Traduction de Jean-Michel Déprats
Sous ce titre énigmatique, Le Marchand de Venise, quelle identité se profile, à la fois appropriée et inappropriée ? S’agit-il d’un personnage de
tragédie en exil dans une comédie ? [...] En fait, ce marchand de Venise
en exil hors de soi dès le début de la pièce, en déficit d’être, indifférent
à ses biens autant qu’à lui-même, semble là en contrepoint du Juif de
Venise, Shylock, frappé, lui, par la tragédie de l’exil dans son être et dans
ses biens – «vous prenez ma vie quand vous me prenez les moyens de
vivre» –, mais qui, sur ce «théâtre du monde» qu’est la scène shakespearienne, s’affirme comme le seul à pouvoir dire «Je» en disant «Je suis
Juif», au nom de l’universelle identité, celle de l’homme qui dit «nous »
et se connaît dans la souffrance comme dans le rire. Gisèle Venet
Exils, seule pièce de Joyce qui ait survécu, recèle des trésors. Véritable
laboratoire donnant accès au cœur de l’œuvre, elle explore hardiment
la cruauté et la jalousie des amants. Jouant sur la structure du marivaudage classique – deux hommes et deux femmes se trouvent pris dans
un quadrille où la tromperie le dispute à la franchise la plus crue –, elle
interroge sans relâche la nature de la relation amoureuse. Annonçant
le théâtre de Beckett et de Pinter, la pièce ne conclut jamais. Une vertigineuse spirale d’introspection et de questionnements de plus en plus
angoissés amène à poser la question ultime : que veut dire se donner à
quelqu’un ? Jean-Michel Rabaté
54
55
les dix-huit heures de l’odéon
Calendrier 12/13
Vingt ans de lectures avec Folio Théâtre
octobre
Mardi 4 juin / 18h
Albert Camus
Le Malentendu
novembre
En présence de Pierre-Louis Rey
Textes lus par Corine Juresco
décembre
Créé aux Mathurins en juin 1944, Le Malentendu se présente comme un
fait divers tragique. Le client d’une sinistre auberge tchécoslovaque est
tué et dépouillé par sa sœur Martha et sa mère, qui ne l’ont pas reconnu.
Martha (Maria Casarès) cherche ainsi à réunir l’argent grâce auquel elle
partira un jour habiter sur des rivages heureux. Quand il compose sa
pièce, Camus est lui-même, en raison de la guerre, exilé du pays ensoleillé où il a grandi. L’exigence des beautés naturelles justifie-t-elle le
meurtre ? Martha apparaît, pour le moins, comme une héroïne tragique,
victime de sa condition, assez endurcie pour affronter son erreur et prête
à mourir plutôt que de transiger sur son droit au bonheur. Pierre-Louis Rey
janvier
février
Mardi 25 juin / 18h
Luigi Pirandello / Henri IV
mars
En présence de Robert Abirached
Textes lus par Bruno Abraham-Kremer
lun22
jeu25
Scènes imaginaires / Luc Bondy
Rendez-vous philosophiques / Jean-Christophe Bailly
20h
18h
lun12
jeu15
mar20
lun26
Exils / Stefan Zweig
Rendez-vous philosophiques / Eva Illouz
Pourquoi aimez-vous ? / Mathias énard - Joseph Conrad
Exils / Sigmund Freud
20h
18h
18h
20h
lun10
mar18
jeu20
Exils / Joseph Roth
Pourquoi aimez-vous ? / Christian Garcin - Honoré de Balzac
Rendez-vous philosophiques / Michaël Fœssel
20h
18h
18h
lun14
mar15
sam19
mar22
jeu24
lun28
Exils / Bertolt Brecht
Vingt ans de lectures... / Sophocle - Antigone
L’Amitié dangereuse / Montaigne - La Boétie
Pourquoi aimez-vous ? / Philippe Jaenada - Denis Diderot
Rendez-vous philosophiques / Gérard Genette
Scènes imaginaires / Alain Françon
20h
18h
15h
18h
18h
20h
lun4
mar5
sam9
mar19
jeu21
sam23
Exils / Samuel Beckett
Vingt ans de lectures... / James Joyce - Exils
L’Amitié dangereuse / Platon
Pourquoi aimez-vous ? / Laurent Seksik - Stefan Zweig
Rendez-vous philosophiques / Fabrice Midal
L’Amitié dangereuse / Aristote
20h
18h
15h
18h
18h
15h
jeu21
sam23
lun25
mer27
Rendez-vous philosophiques / Bernard Sève
L’Amitié dangereuse / Sartre - Aron
Scènes imaginaires / Patrice Chéreau
Pourquoi aimez-vous ? / Philippe Forest - Marcel Proust
18h
15h
20h
18h
mar2
sam6
lun8
lun15
mar16
sam20
lun22
mar23
lun29
Vingt ans de lectures... / Paul Claudel - L’échange
L’Amitié dangereuse / Camus - Char
Scènes imaginaires / Peter Stein
Exils / Marguerite Duras Vingt ans de lectures... / William Shakespeare - Le Marchand de Venise
L’Amitié dangereuse / Diderot - Rousseau
Exils / Marina Tsvetaeva
Pourquoi aimez-vous ? / Olivier Rolin - Homère
Exils / Nina Berberova
18h
15h
20h
20h
18h
15h
20h
18h
20h
lun27
Exils / Vladimir Nabokov
20h
mar4
lun10
lun24
mar25
Vingt ans de lectures... / Albert Camus - Le Malentendu
Scènes imaginaires / Joël Pommerat
Exils / Emil Cioran
Vingt ans de lectures... / Luigi Pirandello - Henri IV
18h
20h
20h
18h
Traduction de Michel Arnaud
avril
Écrit pour ainsi dire dans la foulée de Six personnages en quête d’auteur,
Henri IV reprend et approfondit la problématique proposée par Pirandello
dans sa pièce précédente. Il ne s’agit plus ici du drame qui oppose la vie
(vouée aux aléas et aux souffrances du temps) à la forme (figure accomplie par l’art et close sur elle-même), mais d’un affrontement sans issue
fomenté par l’individu devenu personnage et qui croit dès lors pouvoir
maîtriser à sa guise les va-et-vient auxquels il se plaît : entre la vie de
chaque jour, les figures figées d’une histoire qu’il a reconstruite à l’imitation du réel, et la tentation de revenir par effraction au cœur même de son
vécu le plus intime, gardé intact par une mémoire dont aucun simulacre
ne peut venir à bout. L’armure de cet homme abrité derrière l’hyperpersonnage où il s’est enfermé devient ainsi sa prison et le lieu irrémédiable de son exil dès qu’arrive le moment où sa conscience explose dans
une confusion devenue intenable.
Robert Abirached
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mai
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• Grande salle
• Salon Roger Blin
informations pratiques
La des
écrivains
Librairie
La librairie du théâtre est tenue par L’échappée littéraire, une maison curieuse de littérature et de théâtre, attentive aux beaux-arts
et aux publications jeunesse. Installée au premier étage du Théâtre
de l’Odéon (ainsi qu’aux Ateliers Berthier), la librairie offre un large
choix d’ouvrages en lien avec la programmation de l’Odéon et de ses
Bibliothèques, tout en présentant par ailleurs ses «coups de cœur».
Elle est ouverte avant les spectacles, durant l’entracte et à l’issue des
représentations. Hors nos murs, L’échappée littéraire accueille ses
lecteurs au 7 rue Crébillon, située à deux pas du théâtre.
Ils sont romanciers, dramaturges ou poètes, et ont un point commun :
ils ont été bouleversés par la lecture d’un classique. Tous ont accepté
de nous parler de l’œuvre qui leur est chère, en se prêtant au jeu
des questions et des réponses, au sein d’un questionnaire intime
qui figure dans chacune de nos éditions. Où l’on découvrira que
l’écriture est d’abord l’histoire d’une passion : celle de la lecture...
Récemment parus
ouverture de la location
La location est ouverte pour l’ensemble de la programmation des
Bibliothèques de l’Odéon.
Atiq Rahimi,
pourquoi aimez-vous
Le Procès ?
Linda Lê,
pourquoi aimez-vous
BartLeBy ?
Hélène Frappat,
pourquoi aimez-vous
Manon Lescaut ?
Philippe Jaenada,
pourquoi aimez-vous
Jacques Le FataListe ?
TARIFS
Grande salle
Exils, Scènes imaginaires, L'Amitié dangereuse
Plein tarif 10€
Tarif réduit 6€ (jeune -26 ans, abonnés, demandeur d’emploi)
Salon Roger Blin
Les Dix-huit Heures de l'Odéon
Tarif unique 6€
01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu
Accès
Entrée du public :
Place de l’Odéon Paris 6e
Métro Odéon (lignes 4 et 10) – RER B Luxembourg
Bus : 63, 87, 86, 70, 96, 58
Vélib : 6 rue des Quatre Vents (station 6028) ;
34 rue de Condé (station 6017) ; 11 rue Danton (station 6016)
Dans la même collection
Alice au pays des merveilles avec Véronique Ovaldé, Au Bonheur des dames avec Philippe Claudel, Bouvard et
Pécuchet avec éric Chevillard, Britannicus avec François Taillandier, La Chartreuse de Parme avec Vincent
Delecroix, Le Colonel Chabert avec Christian Garcin, Crime et châtiment avec Jean-Philippe Toussaint, Le Dernier
Jour d’un condamné avec Laurent Mauvignier, Du côté de chez Swann avec Daniel Mendelsohn, L’énéide avec
Laurence Plazenet, La Femme de trente ans avec Mona Ozouf, Les Fleurs du Mal avec Jean-Michel Maulpoix,
Le Grand Meaulnes avec Pierre Michon, Illusions perdues avec Catherine Cusset, Lettres à un jeune poète avec
Arnaud Cathrine, Le Lys dans la vallée avec Catherine Millet, Maître et serviteur avec Tiphaine Samoyault,
La Métamorphose avec Yannick Haenel, Moby Dick avec Camille de Toledo, L’Odyssée avec Pierre Bergounioux,
Orgueil et préjugés avec Catherine Cusset, Phèdre avec éliette Abécassis, La Princesse de Clèves avec Marie
Darrieussecq, Le Temps retrouvé avec Julie Wolkenstein, Les Travailleurs de la mer avec Patrick Grainville,
Trois contes avec François Bégaudeau, Ubu roi avec Jean-Claude Grumberg, Une vie avec Annie Ernaux.
Public en situation de handicap
Pour les personnes dont la mobilité est réduite
Au Théâtre de l’Odéon, passage des fauteuils par la place Paul Claudel
(à l’arrière du théâtre) puis sous les arcades de la rue Corneille ;
ascenseur pour l’accès à la salle, au vestiaire et au bar du foyer.
Pour réserver avec une facilité d’accès 01 44 85 40 40
Renseignement
[email protected] / 01 44 85 40 44
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14 - 21 septembre / Berthier 17 e
GLAUBE LIEBE HOFFNUNG
Foi Amour Espérance
d’Ödön von Horváth
et Lukas Kristl
mise en scène
Christoph Marthaler
27 septembre - 3 novembre Berthier 17 e
La barque le soir
de Tarjei Vesaas
mise en scène Claude Régy
18 octobre - 23 décembre Odéon 6e
LE RETOUR
de Harold Pinter
mise en scène Luc Bondy
01 44 85 40 40
11 - 16 décembre / Berthier 17 e
Meine faire Dame.
EIN SPRACHLABOR
My Fair Lady. Un laboratoire
de langues
mise en scène
Christoph Marthaler
theatre-odeon.eu
Odéon – Théâtre de l’Europe
12/13
16 - 23 novembre / Berthier 17 e
NOSFERATU
d’après Dracula de Bram Stoker
mise en scène Grzegorz Jarzyna
17 janvier - 3 mars / Berthier 17 e
La réunification
des deux corées
une création théâtrale
de Joël Pommerat
20 - 23 février / Odéon 6e
Der Weibsteufel
Le Diable fait femme
de Karl Schönherr
mise en scène Martin Kušej
19 mars - 14 avril / Berthier 17 e
JEUX DE CARTES 1 : PIQUE
d’Ex Machina
mise en scène Robert Lepage
22 mars - 5 mai / Odéon 6e
Le prix Martin
d’Eugène Labiche
mise en scène Peter Stein
23 - 27 avril / Berthier 17 e
FRAGMENTE
Fragments
un projet de Lars Norén
et Sofia Jupither
22 mai - 29 juin / Odéon 6e
Le Misanthrope
de Molière
mise en scène
Jean-François Sivadier
23 mai - 29 juin / Berthier 17 e
Cendrillon
une création théâtrale
de Joël Pommerat
10 janvier - 10 février / Odéon 6e
Fin de partie
de Samuel Beckett
mise en scène Alain Françon
octobre - juin / Odéon 6e
Les bibliothèques
de l’odéon
Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon Paris 6 e
Métro Odéon RER B Luxembourg
Monsieur Pierre Bergé,
AXA France et Dailymotion
sont mécènes de la saison 2012-2013
Licences d’entrepreneur de spectacles 1039306 et 1039307
OD ON
12 - 15 septembre / Odéon 6e
DIE SCHÖNEN TAGE VON
ARANJUEZ
Les Beaux Jours d’Aranjuez
de Peter Handke
mise en scène Luc Bondy
60
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