La Newsletter de l'AFFEP : Mars 2015
EGORA 10 02 2015
Santé mentale : médiateurs et infirmiers
prennent le relais
D’après les communications de D. Moussaoui (Casablanca), M.A. Meyer (Paris), M. Pérez
(Paris), Adrien V. (Paris), et un entretien avec Ph. Maugiron (Paris).
Les difficultés de prise en charge sont importantes dans le champ de la santé mentale.
Pour autant se mettent en place de nouveaux modes d’organisation reposant sur de
nouvelles compétences infirmières ou de nouveaux métiers comme celui de médiateur.
C’est un "constat effroyable" qu’a dressé, selon ses propres mots, le Pr Driss Moussaoui
(université Ibn-Rush, Casablanca), ancien président de l’Association mondiale de psychiatrie
sociale, quant à l’impact de la crise économique sur l’offre de soins en psychiatrie. Oui, "la
crise pourrait diminuer de 30 à 50 % le nombre d’actes médicaux, car le nombre de
spécialistes va, sinon diminuer, au mieux stagner, alors que la demande de soins
explose". Et ces inégalités médicales risquent encore de s’amplifier avec l’accroissement des
inégalités économiques*.
La dépression est un problème partout dans le monde. "Elle représente la moitié des
troubles mentaux en population générale et majore le risque de décès prématuré de 40%.
Or, la santé mentale est en fort mauvais état sur la planète, car peu de moyens lui sont
alloués : 10 % des coûts de santé dans les pays riches les mieux dotés, moins de 1%
parfois dans les pays pauvres, alors que les troubles mentaux arrivent en deuxième
position en termes de charge pesant sur la santé globale. Du fait de l’augmentation de la
demande, on estime que le coût économique associé aux troubles mentaux va doubler en
2030".
Une formation courte
À l’égal du Pr Moussaoui, qui a pendant des années été seul en charge avec un interne de la
santé mentale des 5 millions d’habitants de l’agglomération de Casablanca, les psychiatres
tentent de répondre aux besoins de leurs patients. Dans les pays riches, un des moyens
d’améliorer la prise en charge pourrait être de s’appuyer sur d’autres professionnels. Parmi
ceux-ci, les infirmiers. À l’hôpital Sainte-Anne à Paris, plusieurs d’entre eux prennent en
charge des séances de méditation pleine conscience proposées à certains malades pour
prévenir les rechutes dépressives. D’autres, comme Marie-Astrid Meyer, conduisent des
thérapies cognitivo-comportementales chez des malades souffrant de troubles anxieux. La loi
impose, depuis 2011, aux psychothérapeutes de justifier d’un diplôme universitaire de niveau
supérieur ou égal à bac + 5.
Ce qui n’a pas été le cas de Marie-Astrid Meyer, qui a reconnu ne s’être formée que durant
deux ans aux thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et admet "ne pas se considérer
comme psychothérapeute". Néanmoins, la jeune femme estime pouvoir "utiliser dans le
cadre d’une équipe pluridisciplinaire des techniques à visée thérapeutique et
psychothérapique. Ce qui entre pleinement dans le champ d’un travail infirmier". Ce
sont les médecins qui lui adressent (ainsi qu’aux psychologues) les malades.