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soit par des obstacles naturels, en l’occurrence la
mer, soit par des obstacles articiels: d’une part,
le fossé voulu par Vauban qui isole le complexe
du quartier du Panier ; d’autre part, la darse qui
le sépare du J4 et que l’on a recreusée pour
rendre au fort son caractère maritime. Encore
fallait-il établir des moyens de franchir ces obs-
tacles. Une passerelle relie aujourd’hui la porte
Royale au parvis de l’église Saint-Laurent (dans
le quartier du Panier et en dehors de la fortica-
tion), tandis qu’une seconde passerelle, longue
de 130mètres, véritable « muscle tendu » selon
le propos de Rudy Ricciotti, permet de rejoindre
le bâtiment contemporain.
Rendre accessible, aménager
etscénographier
Parallèlement aux activités de rénovation, d’im-
portants travaux d’accessibilité ont été rendus
nécessaires par le très important dénivelé
(20mètres) entre les niveaux supérieur et infé-
rieur du fort qui a exigé l’intégration d’un
ascenseur dans la structure de la galerie des
Ociers. L’accessibilité fut l’aaire de Roland
Carta, tout comme l’aménagement des espaces
intérieurs, destinés à accueillir la scénographie
et les « Folies » de Zette Cazalas. Car le fort
Saint-Jean n’intervient pas comme une simple
prolongation du J4. Il a vocation à proposer au
visiteur un parcours muséographique non direc-
tif, variable selon les portes qu’il choisit de
pousser. Ces portes, ce sont par exemple celles
du bâtiment Georges Henri Rivière, situé au
pied de la tour du Fanal et dédié aux expositions
temporaires dont la première, intitulée « Les
choses de ce côté du monde », présente les créa-
tions photographiques et vidéo de huit artistes
contemporains de la Méditerranée. Quant aux
collections permanentes, elles comprennent les
vidéos projetées sous les voûtes de la salle du
Corps de garde (ensemble du Village) consa-
crée à l’histoire du fort, ainsi qu’un accrochage
thématique destiné à être renouvelé tous les
trois à cinq ans, intitulé « L’invention des loi-
sirs ». Plusieurs édicesl’accueillent: la chapelle
Saint-Jean, la galerie des Ociers et deux bâti-
ments du Village (les E et G). Un parti pris
muséographique en accord avec l’ambition de
l’agence paysagiste APS, qui a aménagé les
espaces extérieurs du fort selon une promenade
végétale en quinze tableaux, propice à la déam-
bulation aléatoire.
Le public et les Marseillais pourront redécou-
vrir le fort Saint-Jean, cet îlot extraterritorial
monopolisé depuis le début du e siècle par
l’État et aecté aux fonctions militaires. Outre
les trois accès (la passerelle du J4, celle du parvis
Saint-Laurent et la porte du Vieux-Port), le
fort est rendu à ses habitants grâce au réaména-
gement de la fausse braie en véritable prome-
nade comme, en témoignent des gravures du
esiècle, c’était jadis le cas. Des origines du
fort à nos jours, une promenade à travers le
temps an de rendre à Marseille ce qui est à
Marseille !
À GAUCHE
Montée des canons
© Lisa Ricciotti
La montée donne accès au quartier
du Panier via la passerelle
Saint-Laurent, et à la Place d’armes.
CI-CONTRE
La galerie des Officiers
© Lisa Ricciotti
La galerie des Ociers, ainsi que
le « Village » accolé (les anciennes
casernes), étaient à l’état de ruine
lorsque la restauration a été
envisagée en 2005 et confiée à
François Botton, architecte en chef
des Monuments historiques.
PAGE DE DROITE
Le Village
© Lisa Ricciotti
Sur la façade de ce bâtiment
consacré au cirque et dominant la
cour des orangers, une pergola
en acier Corten (5mètres de haut)
est animée de figures du monde
du cirque inspirées des dessins
des sœurs Vesque du
esiècle.
Place du Dépôt, théâtre
de marionnettes
© Lisa Ricciotti
Sur la place du Dépôt, la
scénographe Zette Cazalas a conçu
un théâtre caché dans cette
sculpture de déesse grecque
àquatre visages, une des « Folies ».
Une fois ouverte, elle déploie une
scène pour marionnettistes.