Sommaire Séquence 02 Éléments de linguistique 19 I. La sémantique 19 A. Les mots ont un sens… voire plusieurs 19 1. Polysémie 2. Dénotation et connotation 19 19 B. Champs lexicaux et relations sémantiques 20 1. Les champs lexicaux 2. Les relations sémantiques fondamentales 20 20 II. La stylistique 21 A. Énonciation/Énoncé – Discours/Récit 21 B. Les éléments constitutifs du discours 22 1. Les pronoms personnels de la 1 et 2 personne 2. L’article défini dit article de notoriété 3. Les adverbes spatio-temporels 4. Un mode et deux temps verbaux 5. Les signes de ponctuation propres aux discours 6. Les questions rhétoriques 7. Les modalisateurs de subjectivité re 22 22 22 23 23 23 23 e C. Les éléments constitutifs du récit 24 1. Les pronoms personnels de la 3 personne 2. Un mode et trois temps verbaux 3. Les phrases nominales 4. Les propositions causales antéposées 24 24 24 24 e III. Les figures de style 26 A. Les figures de style à objectif cognitif : mémoriser pour faire connaître 27 B. Les figures de style à objectif affectif 28 C. Les figures de style à objectif conatif 29 Pour aller plus loin 30 CNED Analyse et production du message 17 18 CNED Analyse et production du message Séquence 02 Éléments de linguistique Objectifs de la séquence • Connaître les procédés textuels afin d’analyser et produire des messages et des écrits pertinents et efficaces de communication. • Répondre aux questions 3 et 5 de la deuxième partie de l’épreuve E1. • Nombre d’heures conseillées : 20 heures Cette séquence semble un peu rébarbative aux étudiants car souvent ils la confondent/assimilent avec la grammaire scolaire. Bien sûr, les termes employés sont ceux de la grammaire mais ici ils servent d’outils à la compréhension d’un message de communication. Aussi, ne vous bloquez pas sur les termes et concentrezvous sur leur utilisation et leur objectif. Vous en aurez besoin pour analyser et pour produire des messages. L’analyse linguistique (accroche, pavé, signature) ou la production d’un écrit de communication interne ou externe (journal interne, mailing, communiqué de presse, pavé rédactionnel, etc.) consiste à montrer à travers le repérage des procédés stylistiques et rhétoriques la validité d’une hypothèse d’interprétation du message de communication global. Il faut partir d’une problématique d’interprétation du message et l’argumenter à l’aide des outils que sont ces divers procédés. Vous devez montrer la pertinence des choix opérés par le concepteur rédacteur en rapport avec la question posée à l’examen. Dans la question 3 de l’épreuve vous devez analyser le message à l’aide des procédés et dans la question 5, produire un message et le justifier à l’aide de ces mêmes procédés. Dans les deux cas, il vous faut les connaître. I. La sémantique Pour rédiger un message, comme pour en interpréter un, il faut bien évidemment maîtriser le sens des mots employés. Si cela peut vous sembler évident, il n’en reste pas moins que le sens d’un mot est une réalité complexe, qu’il n’est pas toujours facile d’appréhender. En effet, un mot dit toujours plus que ce qu’il semble dire, notamment parce qu’il s’insère dans une série de champs (lexicaux, sémantiques) qui viennent élargir l’éventail de ses significations. A. Les mots ont un sens… voire plusieurs 1. Polysémie Un mot a rarement un seul sens : à sa signification d’origine, qu’on appelle le sens propre, s’ajoutent progressivement d’autres significations, qu’on appelle le sens figuré. Le sens propre est généralement celui que donne l’étymologie, autrement dit le sens d’origine du mot ; son sens figuré apparaît ensuite, lorsque le mot est employé dans des contextes ou des domaines qui diffèrent de son sens initial. Un mot a donc plusieurs sens : on dit alors qu’il est polysémique ; l’ensemble de ses significations, propre et figurée, constituent son champ sémantique à ne pas confondre avec son réseau lexical. 2. Dénotation et connotation Un mot a un sens dénoté : c’est le sens donné par le dictionnaire, ce que le mot désigne, autrement dit sa signification objective. Il englobe donc les valeurs référentielles du mot. Mais un mot a aussi un sens connoté : ce dernier englobe toutes les significations implicites que reçoit le mot, en fonction de la subjectivité de celui qui l’emploie, en fonction aussi des références ou des valeurs culturelles qui s’y attachent. La connotation apporte des informations secondaires, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles soient inutiles : au contraire, ce sont bien souvent les connotations qui portent l’information la plus importante. CNED Analyse et production du message 19 L’articulation du sens dénoté et du sens connoté joue un rôle fondamental dans le discours publicitaire, car le message publicitaire joue toujours sur les deux sens, en particulier en usant des figures de style comme l’a bien compris Roland Barthes1. Exemple La nouvelle campagne de la Caisse d’Épargne communique sur des définitions de mots pris dans le lexique quotidien mais ramener à l’univers de la banque. Ces nouvelles définitions signifient une nouvelle définition de la banque. La banque se substitut au dictionnaire et donne sa propre définition de la banque. Prêt auto (n.m.) : Liberté de choisir le véhicule qui vous convient. Épargne (n.f) : solutions pour un avenir plus clair. B. Champs lexicaux et relations sémantiques 1. Les champs lexicaux Un champ lexical est une forme de structuration du lexique, c’est-à-dire un moyen de classer les mots : il regroupe dans un même ensemble des mots se rapportant à un même domaine. Les mots qui constituent un champ lexical ne sont pas nécessairement de même nature grammaticale : ainsi, le champ lexical de la peur est constitué de noms tels que frayeur ou angoisse, d’adjectifs tels que terrorisé ou inquiet, de verbes tels que terrifier ou craindre… Le repérage des champs lexicaux est un bon moyen d’identifier l’axe de communication du message. Inversement, certains mots peuvent appartenir à différents champs lexicaux : ce sont des mots polysémiques, dont le sens varie en fonction du contexte. Prenons par exemple le mot opération : il peut appartenir au champ lexical de la médecine (« opération chirurgicale »), mais aussi à celui des mathématiques (« addition et soustraction sont des opérations ») ou encore à celui de la guerre (« les opérations militaires »). 2. Les relations sémantiques fondamentales Si les mots s’organisent en champs ou en grands ensembles, c’est parce qu’ils sont liés par diverses relations sémantiques. On distingue ainsi : • La synonymie, qui est une relation d’identité sémantique (ou plutôt de quasi–identité sémantique, car il est rare que des mots soient synonymes dans tous leurs emplois) ; autrement dit, deux mots sont synonymes lorsqu’ils ont une signification voisine, comme voiture et automobile. • L’hyperonymie, qui est une relation d’inclusion générique (ainsi, chêne a pour hyperonyme arbre, qui a lui même pour hyperonyme végétal) ; le mot qui englobe est qualifié d’hyperonyme (arbre est l’hyperonyme de chêne, marronnier, platane…), le mot qui est englobé est qualifié d’hyponyme (chêne est un hyponyme d’arbre). b. Fondés sur de faux synonymes ◦◦ Certains messages jouent une rupture d’hyperonymie et placent leur produit au-dessus de la catégorie à laquelle il appartient normalement. Pour ne citer que quelques exemples, on observe cette rupture d’hyperonymie dans « On peut avoir une Volvo pour le prix d’une voiture », « Il y a les chocolats et il y a Lindt », « Une Lancia, c’est plus moderne qu’une voiture »… Pourtant, Lancia et Volvo sont bien des marques d’automobile, et leurs modèles sont divers hyponymes de l’hyperonyme « voiture » ; de la même manière, le chocolat Lindt a bien pour hyperonyme le chocolat tout court ! Mais en refusant l’inclusion de ces marques dans leur hyperonyme naturel, ces différents slogans les distinguent, affirment leur singularité. • L’antonymie, qui est une relation d’opposition (on distingue plus précisément les antonymes complémentaires, par exemple célibataire ≠ marié, les antonymes réciproques, par exemple donner ≠ recevoir, et les antonymes contraires, par exemple chaud ≠ froid ou grand ≠ petit). • L’homonymie, qui désigne l’identité de signifiants dont les signifiés sont distincts (par exemple, le signifiant louer a pour signifié d’une part le fait de « faire l’éloge », et d’autre part le fait de « prendre ou donner en location ») ; autrement dit, deux mots se prononcent ou s’écrivent de la même façon (porc et port ; air et ère…), mais n’ont pas le même sens dénoté : il ne faut donc pas confondre l’homonymie avec la polysémie. 1 Le message publicitaire paru dans Les Cahiers de la publicité en juillet 1963. 20 CNED Analyse et production du message • La paronymie, qui est la ressemblance approximative de signifiants distincts, et qui induit parfois un rapprochement des signifiés, voire une confusion entre les signifiants (conjoncture et conjecture n’ont pas du tout le même sens, mais se ressemblent, si bien que les gens ont parfois tendance à les confondre). II. La stylistique Avant d’analyser les différents procédés stylistiques, revenons sur quelques définitions pour mieux comprendre qui parle à qui et de quoi ? L’annonceur s’adresse-t-il directement à la cible ? La cible n’est-elle toujours qu’un récepteur ? A. Énonciation/Énoncé – Discours/Récit « L’énonciation peut se définir par rapport à la langue comme un processus d’appropriation. Le locuteur s’approprie l’appareil formel de la langue et il énonce sa position de locuteur par des indices spécifiques d’une part, et au moyen de procédés accessoires, de l’autre ».2 Autrement dit, l’énonciation se distingue de l‘énoncé, comme l’acte de fabrication du produit fabriqué. Mais l’énonciation n’est pas purement une activité individuelle, une part notable peut être décrite en système que l’on nommera « discours » C’est donc ce système qui seul rend possible la production d’énoncés. On parle de discours lorsque l’émetteur dit lui-même son énoncé (1re personne : je/nous). Exemple Dans la signature de l’Oréal « parce que je le vaux bien », le locuteur croit émettre un énoncé (acte individuel) mais il ne fait que s’approprier le discours de la marque. Le « je » du locuteur se confond avec le « je » de la marque. Chaque énoncé de communication (accroche, signature, pavé, ou écrits professionnels), constitue le message de l’annonceur et son discours de communication est toujours générateur d’univers. De plus, l’étude de l’énonciation permet de mesurer le degré d’implication de l’émetteur et du récepteur dans le message. Voici un schéma récapitulatif des différentes notions. Communication (au sens large) Énonciation Communication des organisations Locuteur/allocutaire Émetteur Annonceur énoncé Message Message Locuté/allocuté Récepteur Cible Dans le discours, le locuteur/l’émetteur/annonceur (fonction expressive) et l’allocuté/récepteur/cible (fonction conative)3 s’impliquent et veulent dialoguer. L’annonceur recherche ainsi une certaine proximité avec le récepteur. À l’inverse, le récit est l’autre plan de l’énonciation. On parle de récit lorsque dans les énoncés, l’émetteur reste indéterminé (3e personne : il, elle, on). Il s’efface au profit de l’histoire qu’il raconte. En littérature, dans une autobiographie, on parle de discours car le je employé est celui de l’émetteur. Dans un roman à la première personne, on parle de « récit » car le je du narrateur n’est pas celui de l’auteur. En publicité, les témoignages, même s’ils racontent une histoire s’apparentent au « discours ». Il est donc très important, en communication, de déterminer la situation d’énonciation d’un énoncé pour comprendre les objectifs de communication de l’annonceur. 2 Émile Benveniste in Problèmes de linguistique générale. 3 Sur les fonctions conative et expressive, voir les fonctions de Jakobson dans le fascicule intitulé « Cultures de la communication – La communication et ses acteurs ». CNED Analyse et production du message 21 Nous verrons dans la séquence 04, les différentes situations d’énonciation propres à chaque écrit professionnel lié à la communication. Nous étudierons les différents procédés stylistiques en deux grandes parties, tout d’abord ceux propres au discours puis ceux propres au récit. B. Les éléments constitutifs du discours 1. Les pronoms personnels de la 1re et 2e personne • En disant je, le locuteur indique qu’il s’approprie l’énoncé. Il personnalise le locuteur, souvent relayé par le visuel figurant un regard dans les yeux afin d’accentuer la fonction conative. Il est au centre du discours et cela donne un effet de réel qui crédibilise l’énoncé et facilite l’identification si ce dernier est déclaré par une personnalité (Mimmy Matie pour Décolor Stop), un expert (un éleveur de chien pour les croquettes Pal) ou un consommateur témoignant de la baisse de son cholestérol pour Pro Activ. • Le Nous n’est pas le pluriel de Je mais renvoie à tout un ensemble de locuteurs comprenant le locuteur lui-même : c’est un pluriel argumentatif. Il fait intervenir une notion de solidarité, un esprit d’équipe. On le troue beaucoup en communication interne, de recrutement et dans les signatures d’entreprises publiques. Émetteur et récepteur assument ensemble l’énoncé. Ils s’impliquent tous les deux. • La deuxième personne du singulier instaure une évidente proximité, voire une intimité, entre le locuteur et le destinataire, elle suppose la familiarité (aussi, elle est souvent utilisée pour s’adresser à une cible jeune (Lacoste : Deviens ce que tu es.) La deuxième personne du pluriel Vous, est plus polie, elle instaure une forme de distance relative entre l’annonceur et sa cible tout en la valorisant. Il permet de cibler plus précisément d’autant plus que le consommateur est disposé à se reconnaître dans un message si laudatif. Ex. : « Vous qui aimez les performances, savez-vous que le papier a cinq vies ? » Biogaran. Cet emploi est très utilisé dans les mailings pour accrocher le destinataire : « Vous, qui êtes abonné à …. depuis 10 ans…. », car il traduit un effort pour personnaliser le message. • Le jeu des pronoms entre eux évoque une relation intime, privilégiée et exprime une volonté de dialogue de la part de l’annonceur. Nous caressons vos rêves, nous ne vous berçons pas d’illusions. CARITA. À retenir • Les pronoms personnels, adjectifs et pronoms possessifs, de la première personne du singulier et du pluriel sont des indices évidents de la présence du locuteur/émetteur/annonceur dans le discours. • Les pronoms personnels, adjectifs et pronoms possessifs de la deuxième personne du singulier et du pluriel sont des moyens d’impliquer le récepteur. 2. L’article défini dit article de notoriété C’est celui que l’on retrouve le plus souvent. Il renvoie à une réalité connue ou supposée connue de tous. Il marque une valeur d’exclusivité. Il exprime la notoriété. On affirme ainsi une supériorité sans discussion. Il renforce le prestige du produit. 3. Les adverbes spatio-temporels Ils correspondent à divers découpages de l’espace et du temps. C’est souvent là qu’intervient la fonction de relais du texte par rapport à l’image (cf. Roland Barthes) car le récepteur doit connaître la position de l’émetteur et pouvoir situer le discours dans le temps ou l’espace. Pour tout de suite et aussi pour demain. Mercedes. Nouvelle Classe V. 22 CNED Analyse et production du message 4. Un mode et deux temps verbaux • L’impératif, contrairement à l’indicatif, oppose une forme simple et une forme composée mais ses relations avec le temps sont tout à fait particulières puisqu’il ne peut connaître par nature qu’un seul temps : le présent et qu’une seule personne : la deuxième. La première personne « partons » contient nécessairement la deuxième. Il peut exprimer un conseil un ordre. La juxtaposition des impératifs donne le sentiment de la rapidité et persuade la facilité. « Posez, coupez : c’est prêt ! » Mondial moquette • Le présent de l’indicatif indique ce qui se passe à l’instant même où l’on formule l’énoncé. Il exprime l’actualité et confère au message un caractère évènementiel propre à susciter l’attention. Sorte de scoop. Il actualise le propos et lui donne une crédibilité. • Le futur exprime un fait postérieur au moment de l’énonciation. Il a valeur de promesse car il apportera la solution. Dans les briefs créatifs, la promesse est le plus souvent rédigée au futur. Associé au « tu » il a valeur de prescription et s’apparente aux commandements bibliques : Tu ne tueras point, etc. 5. Les signes de ponctuation propres aux discours Les signes de ponctuation ont en général trois fonctions : prosodique, syntaxique et sémantique. C’est cette dernière que l’on va approfondir car elle explique le découpage de la phrase en thème principal et faits secondaires et permet de hiérarchiser une argumentation. • Le point final marque la fin d’une phrase et lui donne une valeur assertive, officielle. Il participe du discours autoritaire de la publicité et de la doxa. Pensez à l’expression « un point, c’est tout ! ». • Les points de suspension marque une interruption de la phrase qui reste inachevée. Ils créent un effet de teasing4 et insiste sur la fonction phatique du message. Placés en fin de phrase, ils s’assimilent au langage oral et joue sur la proximité de l’émetteur et du récepteur. Le point d’interrogation et surtout le point d’exclamation sont aussi appelés « ponctuation affective ou émotionnelle ». • Le point d’interrogation se place à la fin de phrases interrogatives afin d’interpeller le récepteur et de renforcer la fonction conative. La phrase interrogative permet de poser un problème supposé et la réponse affirmée figure comme solution au problème. • Le point d’exclamation exprime, quant à lui, l’étonnement, l’indignation, la surprise, l’admiration et renforce l’émotion du locuteur. Il endosse une valeur hyperbolique, d’exagération. Ils suivent le plus souvent un impératif. 6. Les questions rhétoriques Ce sont des questions qui n’attendent pas de réponse, ou dont la réponse est évidente ; néanmoins, elles impliquent le destinataire en attendant de lui une réponse, même implicite. La question rhétorique est un bon moyen d’introduire la fonction référentielle en dramatisant un peu le propos, autrement dit en jouant sur un (léger) effet de teasing : « Qui veille sur votre maison lorsque vous n’êtes pas là ? Ce sont les alarmes X ». 7. Les modalisateurs de subjectivité Ce sont des mots (essentiellement des adjectifs ou des adverbes) qui portent un jugement de valeur. Ils marquent la présence du locuteur, dans la mesure où ils expriment un jugement subjectif. Ils relèvent de la fonction expressive. Ils expriment le degré d’adhésion de l’émetteur à son énoncé. Ce peut être un adverbe ou une locution adverbiale (« sans doute », « vraisemblablement », « peut-être », « bien sûr », etc.), un auxiliaire de mode comme « devoir » ou « sembler », des tournures impersonnelles (« il est évident que », « il se peut que », etc.), des verbes d’opinion (« certifier », « penser », « supposer », « douter », etc.), et même certains emplois du conditionnel, qui expriment alors l’incertitude. Ils sont évidemment nombreux dans les messages publicitaires, en particulier en termes positifs. 4 On qualifie de teasing, ou de teaser, tout message publicitaire qui génère une forme de suspens. CNED Analyse et production du message 23 C. Les éléments constitutifs du récit 1. Les pronoms personnels de la 3e personne Ils sont les substituts des groupes nominaux et renvoie au contexte linguistique, c’est-à-dire à quelque chose qui a déjà été dit ou montré dans le visuel. Ces pronoms peuvent utilisés pour préserver le plus longtemps possible l’anonymat du produit ou de la marque et crée un effet de teasing en levant l’ambigüité. 2. Un mode et trois temps verbaux • Le récit a pour temps de base le passé simple et pour temps complémentaire l’imparfait. Le passé simple est le temps de la narration et l’imparfait celui de la description. • Le présent de narration ou présent historique perme de faire revivre un temps du passé en le rendant plus actuel. Il renforce la valeur émotive en donnant une intensité particulière au récit. Il peut aussi renvoyer à un fait permanent, il a, alors, valeur de vérité générale (dicton, morale des Fables). • À la fois impersonnel et atemporel, l’infinitif exprime un concept. Il donne, aussi, aux formules qu’on énonce le caractère définitif et incontestable d’un aphorisme. Il renforce le caractère didactique et dogmatique des assertions. Il est très employé dans la communication de prévention, publique et institutionnelle et équivaut à un impératif atténué. C’est aussi, le mode des aide-mémoire, des notices d’utilisation, des modes d’emploi, des recettes. 3. Les phrases nominales C’est une phrase dont l’élément central n’est pas un verbe et qui correspond à une ellipse. Très utilisée dans les gros titres des journaux, elle suscite la curiosité. C’est une construction dynamique qui suggère la rapidité et reflète la langue orale. Elle a pour effet de nous introduire dans l’intimité du personnage. Elle permet de faire passer une émotion et induit une impression d’urgence. Elle va aussi dans le sens de l’économie de la langue et attire l’attention du lecteur. De plus, l’absence de verbe évite de donner une valeur temporelle précise et accentue l’omni temporalité du message ce qui renforce son caractère de loi. 4. Les propositions causales antéposées On note depuis quelques temps aussi bien dans les accroches que dans les signatures l’utilisation immodérée de la subordonnée causale introduite par « parce que », antéposée à la principale ou carrément employée en phrase simple tronquée de sa principale. Exemples • Parce que l’emploi dans nos régions nous est aussi précieux que votre snaté. Biogaran • 7 places. Parce que la vie de famille est une grande aventure. Nissan pour la Nissan X-TRAIL Cette utilisation introduit immédiatement le thème et centre le propos sur ce dernier. En effet, en mettant en valeur le thème, cet énoncé exprime la cause d’un fait principal et affirme la validité du message. L’interlocuteur est pris au piège d’un constat qu’il doit admettre et qui autorise la question qu’on lui pose. La marque ou le produit apparaît comme étant la seule réponse à une question qu’il ne s’est peut-être jamais posée. Le pourquoi est supposé être posée par le locuteur. À la question supposée du récepteur : Comment vais-je voyager avec ma famille recomposée ? Nissan répond qu’il comprend les nouvelles familles et que la vie conjugale n’est plus un long fleuve tranquille. Pour Biogaran. C’est la réponse à la question sous-entendue par la phrase nominale servant d’accroche. Ce n’est plus un laboratoire pharmaceutique qui annonce mais une entreprise citoyenne, un partenaire économique. L’axe de communication ne porte plus sur la qualité des médicaments mais sur l’engagement citoyen de la marque et l’incitation à en faire autant pour le « consomacteur ». 24 CNED Analyse et production du message Tableau récapitulatif des éléments propres au discours Éléments stylistiques Dénotation Connotation/effet produit Exemple Personnalise l’émetteur en l’impliquant Fonction expressive. Le locuteur s’approprie l’énoncé et parfois l’émetteur et le récepteur se confondent. Parce que je le vaux bien. L’Oréal. Je suis sociétaire CASDEN donc je vote ! 2e personne tu/te/toi/ton/ta/tes/le tien/ la tienne/les tiens/vous/ votre/vos/le vôtre/la vôtre/ les vôtres) Personnalise le récepteur en l’impliquant Fonction conative Volonté de dialogue et de proximité À vos côtés même après l’achat. DARTY Article défini Le/la/les Renvoie à une réalité connue de tous Exprime la notoriété. A valeur d’exclusivité. Le Mâle. Parfum de JeanPaul Gauthier Le contrat de confiance. DARTY Adverbes spatio-temporels Hier/aujourd’hui/ maintenant/ici/là-bas Permet de connaître le moment d’énonciation Il englobe l’espace/le temps du locuteur ou il renvoie à un extérieur/ futur à lui-même. Le changement, c’est maintenant. Campagne 2012 de François Hollande L’impératif Met en présence l’émetteur et le récepteur Fonction conative A valeur d’injonction Prenez le temps d’aller vite. TGV Le présent d’énonciation Coïncidence d’un événement avec l’acte d’énonciation Actualise et crédibilise le message L’huile de palme peut être respectueuse des hommes et de l’environnement, c’est à dire durable. Le futur Exprime un fait postérieur au moment de l’énonciation Exprime le futur de la promesse et apporte la solution. A valeur de commandement employé avec la 2e personne Modalisateurs de subjectivités Marque la présence du locuteur Fonction expressive Expriment un jugement de valeur 1re personne je/me/moi/mon/ma/mes/le mien/la mienne/les miens/ nous/notre/nos. Il vous ouvrira bien des portes. Ford KUGA Vous allez aimer conduire à nouveau. Toyota Hybrid C’est tellement mieux avec Visa. Carte Visa CNED Analyse et production du message 25 Tableau récapitulatif des éléments propres au récit Éléments stylistiques Dénotation Connotation/effet produit Exemple Ca fait 100 ans qu’on lui casse les oreilles. LU. Seul le visuel (le biscuit entamé aux 4 coins) permet d’identifier la victime et de lever l’ambigüité. Elle prend peu de place mais elle en offre beaucoup. SMART 3e personne il/elle Substitut de groupes nominaux Effet de teasing Le présent de narration Fait revivre un moment du passé Renforce la valeur émotive de l’énoncé Le présent de vérité générale Renvoie à un fait permanent Dégage une norme, une morale Tous les papiers ont droit à plusieurs vies. Ecofolio Exprime un concept ou un ordre, ou un conseil Renforce le caractère didactique des assertions et renvoie au mode d’emploi. Faire du ciel le plus bel endroit de la terre. Air France Fumer tue L’infinitif III. Les figures de style Les figures de style servent évidemment à l’analyse textuelle, mais aussi à l’interprétation d’un message visuel : l’image exploite souvent les figures de rhétorique que la tradition a élaborées pour les textes. À votre tour, vous serez amené à utiliser des figures de style pour produire des messages, dans leur dimension rédactionnelle comme dans leurs aspects plus visuels. Nous donnons ici, pour chacune des principales figures de style, une définition, effet escompté, et un exemple. Il n’est nécessaire de retenir le nom des figures de style, qui apparaissent souvent comme des noms de maladie ou d’insectes, mais plutôt leur description et leur objectif. Tous les jours, nous utilisons des figures de style (sans les nommer ni même les connaître) telle la prose de Monsieur Jourdain. 26 CNED Analyse et production du message A. L es figures de style à objectif cognitif : mémoriser pour faire connaître Nom Définition Objectif Allitération Répétition d’une même consonne Assonance Répétition d’une même voyelle ou diphtongue Jouer sur la musicalité des sonorités pour faire mémoriser le produit ou la marque. Exemple Vittel, la vitalité qui est en vous. Vittel Zéro tracas, zéro Bla-bla. MMA Carapelli ; tout en elle chante l’Italie. Vas-y-WASA ! Anaphore Répétition d’un même mot en début de phrase Faire mémoriser le message par le rythme pour entrainer l’adhésion de la cible. Tautologie Définir le même par le même Le deuxième élément apparaît comme un concept Le cognac, c’est le Cognac Elle est bonne et en plus elle est bonne. Lesieur Parallélisme Reprise de la même forme syntaxique ou morphologique Persuader par la répétition Sans lui ça n’existerait pas ; sans vous ça n’existerait plus. Les Resto du cœur avec un visuel de Coluche Polyptote Variante morphologique d’un terme unique ou de visuels pour. Permet la valorisation de l’élément décliné. Découvrir un pays insolite. Partez à la découverte de l’Australie. Toutes les déclinaisons de concepts dans les campagnes de communication. Polysyndète Répétition d’une conjonction de coordination Favorise la mémorisation par l’amplification. Procédé de l’éloge ou du blâme. Crème hydratante et raffermissante et hypoallergénique. Chiasme Symétrie en miroir AB/BA Persuader par la répétition Le logo de Newman Tout n’est pas clair aujourd’hui en France, mais Aujourd’hui en France est toujours clair. (PQN) Transfert entre nom propre et noms communs Le nom propre sera remplacé par le nom de la marque et sera considéré comme unique. Un Kleenex pour un mouchoir en papier. Du Sopalin pour un essuie-tout. Antonomase Le spot de Quézac où le narrateur répète « je suis… ». À voir sur www.youtube CNED Analyse et production du message 27 B. Les figures de style à objectif affectif Nom Apocope Définition Suppression d’une syllabe en fin de mot Effet escompté Séduire une cible jeune. Très tendance Exemple Daily Monop’ P’tit déj’ L’avis des gens ne m‘intéressent pas. Mais on entend aussi « la vie des gens ne m’intéresse pas « et cela provoque une réaction de révolte puis de complicité lorsque l’on comprend le calembour Antanaclase ou calembour Un même signifiant pour deux signifiés Facilite la connivence et le rire en créant un jeu de mots. zeugma Met sur le même plan, par coordination ou juxtaposition des éléments incompatibles Effet comique par l’absurde. À manier avec précaution Pour réussir un fils, il faut un père exceptionnel et beaucoup de fromage. Comparaison sans outil de comparaison, fondée sur une relation d’analogie Transfert du dénoté au connoté. Représentation symbolique du monde pouvant aller jusqu’au cliché. Il confére au comparé les qualités reconnues du comparant. Caviar d’Italie pour un visuel représentant une cuillère à caviar où coule de l’huile d’olive Carapelli. Métonymie Fondée sur une contiguïté logique Exprime le contenant pour le contenu, une relation de cause à effet, un lieu pour l’objet Boire un verre, des glaçons pour représenter un frigidaire, du Camenbert, le rouge à lèvres pour signifier la féminité. synecdoque Fondée sur une relation d’inclusion. C’est la partie pour le tout. Visée didactique facilement identifiable car stéréotypée. La tout Eiffel pour Paris dans le logo des Galeries Lafayette. personnification Une chose ou un animal deviennent des êtres animés prosopopée Personnification qui fait parler des êtres absents ou inanimés hypallage Transfert syntaxique Caractérise le propos par un terme inattendu Des prix libres. Leclerc Des cuisinières panoramiques. Scholtès Euphémisme et litote Figures d’atténuation, elles disent le moins pour suggérer le plus Lèvent un frein dans certains propos délicats en édulcorant la réalité. « L’assurance vie » pour parler d’une assurance « décès ». hyperbole Figure d’amplification Travestit la réalité en l’exagérant Gros plan dans le message iconique métaphore 28 CNED Analyse et production du message La mascotte Crédito de Cetelem Humanise le propos La campagne Badoit des années axée sur les Fables de la Fontaine et faisant parler les animaux. Nom détournement Définition Effet escompté Exemple Figure de substitution : on remplace un mot de la formule figée par le nom du produit ou le nom de marque. Ou on garde la musique et on change les parloes d’une chanson connue, etc… Complicité ludique et intellectuelle. La fonction référentielle est très sollicitée mais elle ne peut fonctionner que si le récepteur a la même culture (les mêmes référents que l’émetteur) Spot pour Evian qui reprend les tonalités des chansons de Bénabar. À visualiser sur www.youtube. Ou Célestins qui reprend la musique du tourbillon de la vie chantée par Jeanne Moreau. À visualiser sur www.youtube. Un café nommé Désir pour un Tramway nommé Désir. C. Les figures de style à objectif conatif Nom Définition Effet escompté EXEMPLE antithèse Fondée sur une concession Sert à construire une réfutation, le plus souvent la Doxa5 avec un « mais » adversatif Je trompe mon mari mais il aime çà. Ice tea light paradoxe Version longue de l’antithèse. S’oppose à la doxa Établit des relations logiques qui vont à l’encontre de l’opinion publique. La campagne de Liligo. Com. chiasme Symétrie en miroir AB/BA Persuader par la répétition d’un même argument. Le logo de Newman Tout n’est pas clair aujourd’hui en France, mais Aujourd’hui en France est toujours clair. (PQN) parallélisme Reprise de la même forme syntaxique ou morphologique Persuader par une répétition syntaxique et une opposition sémantique Sans lui ça n’existerait pas ; sans vous ça n’existerait plus. Les Resto du cœur avec un visuel de Coluche prétérition Assertion déguisée Feindre de ne pas dire ce qu’on dit Ceci n’est pas une carte, c’est une machine à gagner des Miles. American Express Alliance de termes opposés Développe une vision double de la réalité où s’expriment des conflits et que la marque ou le produit vont réconcilier. La Banque postale. oxymore 5 La doxa, en grec, désigne l’opinion commune ; ainsi, émettre un paradoxe, c’est aller à l’encontre (para-) de l’idée généralement admise (doxa). CNED Analyse et production du message 29 Pour aller plus loin À LIRE • Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d’Alain Rey, 3 volumes, Le Robert, 1998 [pour comprendre l’histoire d’un mot et voir l’ensemble de ses significations]. • Jean-Michel ADAM et Marc BONHOMME, L’Argumentation publicitaire, Nathan, 1997 [pour l’énonciation et la créativité de la langue publicitaire]. • Roland BARTHES, « Le Message publicitaire », Œuvres complètes, volume 1, Seuil, 1994 [pour distinguer dénotation et connotation dans le message publicitaire]. • Catherine FROMILHAGUE, Les figures de style, Nathan Université, 1996, collection 128. • Blanche GRUNIG, Les Mots de la Publicité, Presses du CNRS, 1990 [pour le travail stylistique du slogan]. À VISITER • Iletaitunepub.fr/2013/10/08/lego-on-pardonne-creativite • www.vivelapub.fr, puis le top 50 des publicités pour Lego • Les campagnes citées sur www.youtube.com 30 CNED Analyse et production du message