CNED AnAlyse et production du messAge 17
Sommaire
séquence 02
Éléments de linguistique 19
I. La sémantique 19
A. Les mots ont un sens… voire plusieurs 19
1. Polysémie 19
2. Dénotation et connotation 19
B. Champs lexicaux et relations sémantiques 20
1. Les champs lexicaux 20
2. Les relations sémantiques fondamentales 20
II. La stylistique 21
A. Énonciation/Énoncé – Discours/Récit 21
B. Les éléments constitutifs du discours 22
1. Les pronoms personnels de la 1re et 2e personne 22
2. L’article défini dit article de notoriété 22
3. Les adverbes spatio-temporels 22
4. Un mode et deux temps verbaux 23
5. Les signes de ponctuation propres aux discours 23
6. Les questions rhétoriques 23
7. Les modalisateurs de subjectivité 23
C. Les éléments constitutifs du récit 24
1. Les pronoms personnels de la 3e personne 24
2. Un mode et trois temps verbaux 24
3. Les phrases nominales 24
4. Les propositions causales antéposées 24
III. Les figures de style 26
A. Les figures de style à objectif cognitif: mémoriser pour faire connaître 27
B. Les figures de style à objectif affectif 28
C. Les figures de style à objectif conatif 29
Pour aller plus loin 30
18 CNED AnAlyse et production du messAge
CNED AnAlyse et production du messAge 19
séquence 02
Éléments de linguistique
Objectifs de la séquence
Connaître les procédés textuels afin d’analyser et produire des messages et des écrits pertinents et
efficaces de communication.
Répondre aux questions 3 et 5 de la deuxième partie de l’épreuve E1.
Nombre d’heures conseillées: 20 heures
Cette séquence semble un peu rébarbative aux étudiants car souvent ils la confondent/assimilent avec la
grammaire scolaire. Bien sûr, les termes employés sont ceux de la grammaire mais ici ils servent d’outils à
la compréhension d’un message de communication. Aussi, ne vous bloquez pas sur les termes et concentrez-
vous sur leur utilisation et leur objectif. Vous en aurez besoin pour analyser et pour produire des messages.
L’analyse linguistique (accroche, pavé, signature) ou la production d’un écrit de communication interne
ou externe (journal interne, mailing, communiqué de presse, pavé rédactionnel, etc.) consiste à montrer
à travers le repérage des procédés stylistiques et rhétoriques la validité d’une hypothèse d’interprétation
du message de communication global. Il faut partir d’une problématique d’interprétation du message et
l’argumenter à l’aide des outils que sont ces divers procédés. Vous devez montrer la pertinence des choix
opérés par le concepteur rédacteur en rapport avec la question posée à l’examen. Dans la question 3 de
l’épreuve vous devez analyser le message à l’aide des procédés et dans la question 5, produire un message
et le justifier à l’aide de ces mêmes procédés. Dans les deux cas, il vous faut les connaître.
I. La sémantique
Pour rédiger un message, comme pour en interpréter un, il faut bien évidemment maîtriser le sens des mots
employés. Si cela peut vous sembler évident, il n’en reste pas moins que le sens d’un mot est une réalité
complexe, qu’il n’est pas toujours facile d’appréhender. En effet, un mot dit toujours plus que ce qu’il semble
dire, notamment parce qu’il s’insère dans une série de champs (lexicaux, sémantiques) qui viennent élargir
l’éventail de ses significations.
A. Les mots ont un sens… voire plusieurs
1. Polysémie
Un mot a rarement un seul sens: à sa signification d’origine, qu’on appelle le sens propre, s’ajoutent
progressivement d’autres significations, qu’on appelle le sens figuré. Le sens propre est généralement celui
que donne l’étymologie, autrement dit le sens d’origine du mot; son sens figuré apparaît ensuite, lorsque le
mot est employé dans des contextes ou des domaines qui diffèrent de son sens initial.
Un mot a donc plusieurs sens: on dit alors qu’il est polysémique; l’ensemble de ses significations, propre et
figurée, constituent son champ sémantique à ne pas confondre avec son réseau lexical.
2. Dénotation et connotation
Un mot a un sens dénoté: c’est le sens donné par le dictionnaire, ce que le mot désigne, autrement dit sa
signification objective. Il englobe donc les valeurs référentielles du mot. Mais un mot a aussi un sens connoté:
ce dernier englobe toutes les significations implicites que reçoit le mot, en fonction de la subjectivité de celui
qui l’emploie, en fonction aussi des références ou des valeurs culturelles qui s’y attachent. La connotation
apporte des informations secondaires, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles soient inutiles: au contraire,
ce sont bien souvent les connotations qui portent l’information la plus importante.
20 CNED AnAlyse et production du messAge
L’articulation du sens dénoté et du sens connoté joue un rôle fondamental dans le discours publicitaire, car le
message publicitaire joue toujours sur les deux sens, en particulier en usant des figures de style comme l’a
bien compris Roland Barthes1.
Exemple
La nouvelle campagne de la Caisse d’Épargne communique sur des définitions de mots pris dans le lexique
quotidien mais ramener à l’univers de la banque. Ces nouvelles définitions signifient une nouvelle définition
de la banque. La banque se substitut au dictionnaire et donne sa propre définition de la banque.
Prêt auto (n.m.): Liberté de choisir le véhicule qui vous convient.
Épargne (n.f): solutions pour un avenir plus clair.
B. Champs lexicaux et relations sémantiques
1. Les champs lexicaux
Un champ lexical est une forme de structuration du lexique, c’est-à-dire un moyen de classer les mots: il
regroupe dans un même ensemble des mots se rapportant à un même domaine. Les mots qui constituent un
champ lexical ne sont pas nécessairement de même nature grammaticale: ainsi, le champ lexical de la peur
est constitué de noms tels que frayeur ou angoisse, d’adjectifs tels que terrorisé ou inquiet, de verbes tels que
terrifier ou craindre… Le repérage des champs lexicaux est un bon moyen d’identifier l’axe de communication
du message.
Inversement, certains mots peuvent appartenir à différents champs lexicaux: ce sont des mots polysémiques,
dont le sens varie en fonction du contexte. Prenons par exemple le mot opération: il peut appartenir au
champ lexical de la médecine («opération chirurgicale»), mais aussi à celui des mathématiques («addition
et soustraction sont des opérations») ou encore à celui de la guerre («les opérations militaires»).
2. Les relations sémantiques fondamentales
Si les mots s’organisent en champs ou en grands ensembles, c’est parce qu’ils sont liés par diverses
relations sémantiques. On distingue ainsi:
La synonymie, qui est une relation d’identité sémantique (ou plutôt de quasi–identité sémantique, car
il est rare que des mots soient synonymes dans tous leurs emplois); autrement dit, deux mots sont
synonymes lorsqu’ils ont une signification voisine, comme voiture et automobile.
L’ hyperonymie, qui est une relation d’inclusion générique (ainsi, chêne a pour hyperonyme arbre,
qui a lui même pour hyperonyme végétal); le mot qui englobe est qualifié d’hyperonyme (arbre est
l’hyperonyme de chêne, marronnier, platane…), le mot qui est englobé est qualifié d’hyponyme (chêne
est un hyponyme d’arbre). b. Fondés sur de faux synonymes
Certains messages jouent une rupture d’hyperonymie et placent leur produit au-dessus de la
catégorie à laquelle il appartient normalement. Pour ne citer que quelques exemples, on observe
cette rupture d’hyperonymie dans «On peut avoir une Volvo pour le prix d’une voiture», «Il y
a les chocolats et il y a Lindt», «Une Lancia, c’est plus moderne qu’une voiture»… Pourtant,
Lancia et Volvo sont bien des marques d’automobile, et leurs modèles sont divers hyponymes
de l’hyperonyme «voiture»; de la même manière, le chocolat Lindt a bien pour hyperonyme le
chocolat tout court! Mais en refusant l’inclusion de ces marques dans leur hyperonyme naturel,
ces différents slogans les distinguent, affirment leur singularité.
L’ antonymie, qui est une relation d’opposition (on distingue plus précisément les antonymes
complémentaires, par exemple célibatairemarié, les antonymes réciproques, par exemple donner
recevoir, et les antonymes contraires, par exemple chaudfroidou grandpetit).
L’ homonymie, qui désigne l’identité de signifiants dont les signifiés sont distincts (par exemple, le
signifiant louer a pour signifié d’une part le fait de «faire l’éloge», et d’autre part le fait de «prendre
ou donner en location»); autrement dit, deux mots se prononcent ou s’écrivent de la même façon
(porc et port; air et ère…), mais n’ont pas le même sens dénoté: il ne faut donc pas confondre
l’homonymie avec la polysémie.
1 Le message publicitaire paru dans Les Cahiers de la publicité en juillet 1963.
CNED AnAlyse et production du messAge 21
La paronymie, qui est la ressemblance approximative de signifiants distincts, et qui induit parfois
un rapprochement des signifiés, voire une confusion entre les signifiants (conjoncture et conjecture
n’ont pas du tout le même sens, mais se ressemblent, si bien que les gens ont parfois tendance à les
confondre).
II. La stylistique
Avant d’analyser les différents procédés stylistiques, revenons sur quelques définitions pour mieux
comprendre qui parle à qui et de quoi? L’annonceur s’adresse-t-il directement à la cible? La cible n’est-elle
toujours qu’un récepteur?
A. Énonciation/Énoncé – Discours/Récit
«L’énonciation peut se définir par rapport à la langue comme un processus d’appropriation. Le locuteur
s’approprie l’appareil formel de la langue et il énonce sa position de locuteur par des indices spécifiques
d’une part, et au moyen de procédés accessoires, de l’autre».2
Autrement dit, l’énonciation se distingue de l‘énoncé, comme l’acte de fabrication du produit fabriqué. Mais
l’énonciation n’est pas purement une activité individuelle, une part notable peut être décrite en système que
l’on nommera «discours» C’est donc ce système qui seul rend possible la production d’énoncés. On parle de
discours lorsque l’émetteur dit lui-même son énoncé (1re personne: je/nous).
Exemple
Dans la signature de l’Oréal «parce que je le vaux bien», le locuteur croit émettre un énoncé (acte
individuel) mais il ne fait que s’approprier le discours de la marque. Le «je» du locuteur se confond avec le
«je» de la marque.
Chaque énoncé de communication (accroche, signature, pavé, ou écrits professionnels), constitue le message
de l’annonceur et son discours de communication est toujours générateur d’univers.
De plus, l’étude de l’énonciation permet de mesurer le degré d’implication de l’émetteur et du récepteur
dans le message.
Voici un schéma récapitulatif des différentes notions.
Énonciation Communication
(au sens large)
Communication
des organisations
Locuteur/allocutaire Émetteur Annonceur
énoncé Message Message
Locuté/allocuté Récepteur Cible
Dans le discours, le locuteur/l’émetteur/annonceur (fonction expressive) et l’allocuté/récepteur/cible
(fonction conative)3 s’impliquent et veulent dialoguer. L’annonceur recherche ainsi une certaine proximité
avec le récepteur.
À l’inverse, le récit est l’autre plan de l’énonciation. On parle de récit lorsque dans les énoncés, l’émetteur
reste indéterminé (3e personne: il, elle, on). Il s’efface au profit de l’histoire qu’il raconte. En littérature,
dans une autobiographie, on parle de discours car le je employé est celui de l’émetteur. Dans un roman à la
première personne, on parle de «récit» car le je du narrateur n’est pas celui de l’auteur.
En publicité, les témoignages, même s’ils racontent une histoire s’apparentent au «discours».
Il est donc très important, en communication, de déterminer la situation d’énonciation d’un énoncé pour
comprendre les objectifs de communication de l’annonceur.
2 Émile Benveniste in Problèmes de linguistique générale.
3 Sur les fonctions conative et expressive, voir les fonctions de Jakobson dans le fascicule intitulé «Cultures de la
communication – La communication et ses acteurs».
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