20 CNED AnAlyse et production du messAge
L’articulation du sens dénoté et du sens connoté joue un rôle fondamental dans le discours publicitaire, car le
message publicitaire joue toujours sur les deux sens, en particulier en usant des figures de style comme l’a
bien compris Roland Barthes1.
Exemple
La nouvelle campagne de la Caisse d’Épargne communique sur des définitions de mots pris dans le lexique
quotidien mais ramener à l’univers de la banque. Ces nouvelles définitions signifient une nouvelle définition
de la banque. La banque se substitut au dictionnaire et donne sa propre définition de la banque.
Prêt auto (n.m.): Liberté de choisir le véhicule qui vous convient.
Épargne (n.f): solutions pour un avenir plus clair.
B. Champs lexicaux et relations sémantiques
1. Les champs lexicaux
Un champ lexical est une forme de structuration du lexique, c’est-à-dire un moyen de classer les mots: il
regroupe dans un même ensemble des mots se rapportant à un même domaine. Les mots qui constituent un
champ lexical ne sont pas nécessairement de même nature grammaticale: ainsi, le champ lexical de la peur
est constitué de noms tels que frayeur ou angoisse, d’adjectifs tels que terrorisé ou inquiet, de verbes tels que
terrifier ou craindre… Le repérage des champs lexicaux est un bon moyen d’identifier l’axe de communication
du message.
Inversement, certains mots peuvent appartenir à différents champs lexicaux: ce sont des mots polysémiques,
dont le sens varie en fonction du contexte. Prenons par exemple le mot opération: il peut appartenir au
champ lexical de la médecine («opération chirurgicale»), mais aussi à celui des mathématiques («addition
et soustraction sont des opérations») ou encore à celui de la guerre («les opérations militaires»).
2. Les relations sémantiques fondamentales
Si les mots s’organisent en champs ou en grands ensembles, c’est parce qu’ils sont liés par diverses
relations sémantiques. On distingue ainsi:
• La synonymie, qui est une relation d’identité sémantique (ou plutôt de quasi–identité sémantique, car
il est rare que des mots soient synonymes dans tous leurs emplois); autrement dit, deux mots sont
synonymes lorsqu’ils ont une signification voisine, comme voiture et automobile.
• L’ hyperonymie, qui est une relation d’inclusion générique (ainsi, chêne a pour hyperonyme arbre,
qui a lui même pour hyperonyme végétal); le mot qui englobe est qualifié d’hyperonyme (arbre est
l’hyperonyme de chêne, marronnier, platane…), le mot qui est englobé est qualifié d’hyponyme (chêne
est un hyponyme d’arbre). b. Fondés sur de faux synonymes
◦Certains messages jouent une rupture d’hyperonymie et placent leur produit au-dessus de la
catégorie à laquelle il appartient normalement. Pour ne citer que quelques exemples, on observe
cette rupture d’hyperonymie dans «On peut avoir une Volvo pour le prix d’une voiture», «Il y
a les chocolats et il y a Lindt», «Une Lancia, c’est plus moderne qu’une voiture»… Pourtant,
Lancia et Volvo sont bien des marques d’automobile, et leurs modèles sont divers hyponymes
de l’hyperonyme «voiture»; de la même manière, le chocolat Lindt a bien pour hyperonyme le
chocolat tout court! Mais en refusant l’inclusion de ces marques dans leur hyperonyme naturel,
ces différents slogans les distinguent, affirment leur singularité.
• L’ antonymie, qui est une relation d’opposition (on distingue plus précisément les antonymes
complémentaires, par exemple célibataire ≠ marié, les antonymes réciproques, par exemple donner ≠
recevoir, et les antonymes contraires, par exemple chaud ≠ froidou grand ≠ petit).
• L’ homonymie, qui désigne l’identité de signifiants dont les signifiés sont distincts (par exemple, le
signifiant louer a pour signifié d’une part le fait de «faire l’éloge», et d’autre part le fait de «prendre
ou donner en location»); autrement dit, deux mots se prononcent ou s’écrivent de la même façon
(porc et port; air et ère…), mais n’ont pas le même sens dénoté: il ne faut donc pas confondre
l’homonymie avec la polysémie.
1 Le message publicitaire paru dans Les Cahiers de la publicité en juillet 1963.