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RESUME
Objectifs : Vérifier la validité des prises en charge des patients traités par
endoprothèses aortiques, pour anévrisme de l'aorte abdominale [AAA], tant sur le plan
des dépenses engagées par l'Assurance Maladie que sur le respect des référentiels
médicaux. En effet, le remboursement par l'Assurance Maladie est lié à l'obligation de
l'élaboration d'un protocole d'expérimentation selon les recommandations de l'ANAES.
Méthode: Cette enquête est descriptive et rétrospective. Elle concerne tous les
établissements susceptibles de poser des endoprothèses aortiques [EA] pour AAA,
durant la période du 1er juin 1999 au 31 mai 2001. Le recueil d'informations sur site a
permis de comparer les pratiques par rapport aux recommandations de l'ANAES de juin
1999 et de l'AFSSAPS d'avril 1999 et de décembre 2000 ; notamment d'évaluer le
nombre de poses d'EA réalisé dans le cadre d'un protocole expérimental ("Loi Huriet"),
ainsi que le respect des contraintes d'information des patients et le champ des
indications (qui doit correspondre à celles reconnues pour la chirurgie des AAA, à
savoir un diamètre de l'anévrisme >ou= à 50mm)
Résultats : L'enquête a permis de recenser en France, de juin 1999 à mai 2001, 1012
poses d'endoprothèses aortiques, pour AAA.
Sur 65 établissements enquêtés, 46 étaient sous dotation globale, 19 sous objectif
quantifié national.
293 anévrismes de l'aorte abdominale (30,1%) avec un diamètre strictement inférieur à
50 mm ont été traités par pose d'EA. 47 décès (4,6%) ont été répertoriés dans l'année
suivant l'intervention, parmi eux 27 (2,1%) sont survenus en péri opératoire (<30jrs).
Les complications non mortelles ( endofuites, embolies, ruptures, occlusions et autres)
sont au nombre de 290 (28,7%)
Cette étude montre que 20% seulement des endoprothèses ont été posées dans le cadre
d'un protocole d'expérimentation "Loi Huriet". La proportion de non respect de cette loi
s'observe dans tous les établissements quel qu'en soit le type. Elle est significativement
plus importante dans les établissements sous objectif quantifié national.
Le consentement éclairé du patient n'a pas été retrouvé dans le dossier médical du
patient dans plus de la moitié des cas.
Discussion : Cette étude permet de démontrer que les recommandations de l'ANAES et
de l'AFSSAPS n’ont été respectées que dans un faible pourcentage de cas.
Le taux d’endoprothèses posées dans le cadre de la loi Huriet confirme les difficultés
qui existent dans le développement des nouvelles techniques médicales, avec le plus
souvent diffusion de la technique sans évaluation. Ainsi sur 2 ans, les professionnels ont
posé au moins 627 EA pour AAA en dehors du cadre légal de l'expérimentation malgré
les recommandations de l'ANAES.
Ce travail confirme aussi la nécessité d’encadrer l’évaluation de toute nouvelle
technique médicale. Il faut donc trouver la meilleure formule pour mener à bien cette
évaluation, car ni le rôle des sociétés professionnelles, des industriels, de l’Etat, de
l’ANAES, de l’AFSSAPS et des caisses d’Assurance Maladie, ni la source de
financement ne sont encore fixés en pratique.
Les résultats de cette enquête montrent que des EA ont été posées en dehors des
conditions de prise en charge par l’Assurance Maladie. Ces anomalies vont conduire la
CNAMTS à entreprendre des récupérations d’indus et des actions contentieuses.