La Responsabilité Sociétale des Institutions Financières Jérôme COURCIER Responsable RSE Crédit Agricole SA Théorie de la RSE 1 2 3 4 Qu’est-ce qu’être responsable? La théorie de la valeur actionnariale et de l’agence La théorie des parties prenantes Qu’est-ce qu’une institution financière responsable? Jérôme COURCIER, membre du bureau de l’ORSE. Il a débuté au Crédit Lyonnais en 1984 comme chargé d’affaires entreprises. Chef du projet « Espace Saint-Lazare », puis directeur d’un groupe d’agences particuliers-professionnels en 1989, il est nommé directeur de la Région Est au Crédit Lyonnais Canada en 1992. En 1995, il s’occupe du marketing entreprises-institutionnels à la Direction des affaires internationales et prend la tête de la Direction des financements internationaux de 1997 à 2002. Avant de rejoindre la Direction du développement durable de Crédit Agricole SA en 2009, il a coordonné un projet de titrisation au sein de la Direction des marchés de capitaux, et était responsable de conformité international. Qu’est-ce qu’être responsable? • Etymologiquement le mot responsable vient du latin respondere (répondre), construit avec le verbe spondere (s’engager, épouser), et le préfixe re (en retour). Etre responsable, c’est s’engager en retour, répondre de ses actes, se porter garant, accepter de rendre des comptes. • Dans un discours de campagne de juillet 2012, caricaturé par le camp républicain (« If you got a business, you didn't build that »), Barack Obama a rappelé que c'est la collectivité qui crée les conditions de la réussite individuelle, au travers des biens ou services publics que sont les infrastructures, l’école, la police …. • Pour les anglo-saxons, le fait de maintenir ces biens ou services publics pour la génération future fait partie du contrat social. “La terre a été donnée en partage à tous les humains” • Au-delà des biens et services publics, la notion de RSE propose une représentation élargie des externalités de l’entreprise, qu’elles prennent la forme de manquement à l’éthique des affaires, de violations des droits des salariés, en particulier, ou des droits humains, en général, ou d’appropriation et d’épuisement des ressources et des biens communs de l’humanité (eau, air, terre, énergie, biodiversité). St. Thomas d’Aquin Somme Théologique • Comme le dit St Thomas d’Aquin, “la terre a été donnée en partage à tous les humains”, et, selon le principe de destination universelle des biens, chacun a donc le même droit aux ressources: - dans l’espace (dialogue Nord-Sud) - et dans le temps (dialogue intergénérationnel). La théorie de la valeur actionnariale et de l’agence • L’objectif principal d'une société est de maximiser sa rentabilité pour assurer sa viabilité. « La responsabilité sociale de l’entreprise est d'accroître ses profits ». Milton Friedman • Une société n'est pas une personne et ne peut donc pas avoir de responsabilité sociale. Celle dernière est un mandat pour les particuliers et non pour les entreprises. • Les dirigeants d'entreprise ont eux pour mandat de représenter les intérêts des propriétaires / actionnaires, qui est généralement de faire et d’augmenter les profits, et de les leur retourner. • Comme les prix des actions reflètent tous les informations pertinentes disponibles, la valeur d'une entreprise est égale à sa capitalisation boursière. Les actionnaires ne s’intéressent-ils qu’aux “valeurs comptables”? Aujourd’hui le capital immatériel représente plus de 80% de la valeur des entreprises cotées. Ainsi, alors que la valeur comptable expliquait 83% de la capitalisation boursière cumulée des entreprises du S&P 500 en 1975, elle n’en représentait plus que 19% en 2010. L'entreprise n’appartient-elle qu’à ses actionnaires qui choisissent les dirigeants et leur délèguent le pouvoir de gérer? La personne morale de la société de capitaux institue un écran entre la société et ses actionnaires, qui porte tant sur leurs responsabilités que sur leurs pouvoirs. Dans un marché liquide, les actionnaires peuvent vendre leurs titres instantanément et, quoi qu’il arrive, leur responsabilité est limitée au seul montant de son apport. Le droit des sociétés accorde une très large autonomie au mandataire social, et assortit la responsabilité limitée des Lynn Stout Professeur de Droit des Affaires à actionnaires d’une limitation stricte de leurs prérogatives. Ils l’Université de Cornell ne peuvent ni vendre l’entreprise, ni intervenir directement dans sa conduite (sous peine d’abus de biens sociaux), ni fixer les revenus de leurs actions. Ils sont simplement les propriétaires d’un titre, et des droits de vote qui y sont rattachés. Les marchés financiers fournissent-ils une bonne mesure de la valeur créée par l’entreprise? Selon Henry Ford:« There are two most important things in any business that do not appear on its balance sheet - they are its people and its reputation ». S’il avait su qu’un jour: - les pollutions commises par Exxon ou BP, - les accidents causés par Union Carbide ou TEPCO, - les produits défectueux vendus par Dow Corning ou Toyota, - ou les suicides chez Foxconn ou France Télécom, se matérialiseraient dans le bilans de ces entreprises par des milliards de dollars de provisions, il aurait sûrement ajouté la RSE, car les marchés, ne prenant en compte que les informations financières, sont incapables de prendre la pleine mesure de la valeur créée ... ou détruite par les entreprises. Les actionnaires sont-ils seulement intéressés par les profits? Les actionnaires, comme leurs attentes, ne sont pas homogènes. Un grand nombre est à la fois actionnaire et salarié, ou client, voire sociétaire (dans les groupes mutualistes). Certains sont diversifiés, et ne souhaitent pas que, pour maximiser à tout prix la valeur de leur action, les entreprises posent des gestes qui nuisent à ces autres placements. D’autres ont une vision à long terme, et ne sont pas avides de rendements rapides. Enfin, la plupart sont pro-social, et souhaitent que, s'ils font des profits, cela soit en contribuant au monde, pas en lui nuisant. Ne sommes nous que des « homines economici »? Jean-Claude Michéa Philosophe Pour Jean-Claude Michéa, une société qui aurait fait de la dissolution de toutes les structures du don et de la réciprocité sa condition permanente de fonctionnement se retrouverait, ni plus ni moins, dans l’impossibilité constitutive de se conserver comme telle. En effet, « la simple possibilité pratique d’établir des échanges économiques et des contrats juridiques suppose, entre les individus qui décident de privilégier ces relations particulières, un certain degré de confiance préalable. Or, aucun calcul rationnel, c’est-à-dire aucun calcul ancré dans la seule axiomatique de l’intérêt, ne peut jamais permettre à des individus supposés égoïstes d’entrer d’eux-mêmes dans le cercle enchanté de la confiance ». L’Empire du moindre mal La théorie des parties prenantes • Pour le philosophe américain Ed Freeman, professeur et chercheur à la Wharton Business School, le but de l’entreprise est de répondre aux besoins des parties prenantes (stakeholders), c’est à dire toute personnes concernée par les décisions prises par l’entreprise (comme par exemple les clients, les employés ou les fournisseurs), sans qui d’ailleurs cette dernière ferait faillite; et c’est ce qui permettra de réaliser ensuite du profit. • Selon Freeman, le profit est une conséquence de l’activité de l’entreprise, et non pas sa cause première. L’entreprise ne peut garantir une performance durable à ses actionnaires que si elle prend en compte les intérêts de toutes les parties prenantes de son écosystème. • La théorie des parties prenantes est désormais largement diffusée, reprise notamment dans l’ISO 26000, le texte international de référence en matière de responsabilité sociétale des entreprises. Qu’est-ce qu’une institution financière responsable? • « À l'heure où les institutions bancaires subissent encore un feu nourri de critiques et où les réglementations s'intensifient, soulever la question des pratiques de Responsabilité sociale et environnementale (RSE) dans le secteur bancaire peut paraître secondaire, voire incongru. Caroline Delerable Senior Manager, Département Environnement et Développement Durable Ernst & Young • Pourtant, l'intégration des enjeux ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) constitue pour les banques une opportunité non seulement de mieux maîtriser leurs risques, mais également de démontrer l'utilité sociale de leur activité et, par là, de restaurer la confiance ». Qu’est-ce qu’une institution financière responsable? • Selon la Fondation Croissance Responsable qui a récemment remis un rapport sur « La Finance responsable », une IF responsable doit réconcilier deux paramètres : un financement efficace de l’économie et une prise de risque mesurée. • La première des responsabilités d’une institution financière est donc de contribuer à la stabilité financière, ainsi que d’assumer pleinement sa mission de financement de l’économie et son rôle de tiers de confiance. • Les banques ont pour responsabilité de maitriser les risques et de mettre en place des procédures garantissant des comportements d’acteur responsable, en ligne avec les meilleures pratiques sectorielles. Pratique de la RSE 14 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Risques: les Principes Equateur Risques: les politiques sectorielles Risques: la jurisprudence du droit dur Risques: la jurisprudence du droit souple Risques: la notation RSE des contreparties Exemplarité: l’éthique des affaires Exemplarité: les parties prenantes Exemplarité: la comptabilité durable Exemplarité: l’empreinte carbone induite Accompagnement: l’offre verte Accompagnement: l’ISR La mise en œuvre opérationnelle: FReD La maitrise des risques: les Principes Equateur • Les Principes de l’Equateur (EP) sont un ensemble de dispositions et normes volontaires qui posent, depuis 2003, que: - les projets doivent être catégorisés (Principe 1), - ceux considérés comme sensibles (A) doivent faire l’objet d’une évaluation sociale et environnementale (Principe 2), - afin d’être rendus conformes aux critères de durabilité sociale et environnementale de la SFI / Banque Mondiale (Principe 3). Notons de plus qu’un plan d’action revu par un expert indépendant (Principe 7) doit décrire et hiérarchiser les actions requises (Principe 4), et que les communautés affectées doivent être consultées (Principe 5) et bénéficier d’un mécanisme de recours (Principe 6). La maitrise des risques: les Politiques sectorielles RSE • Les Politiques Sectorielles sont un ensemble de dispositions volontaires qui visent, pour chaque secteur concerné, à: - rechercher quelles sont les bonnes pratiques reconnues par des instances internationales ou des organisations professionnelles importantes, - et formuler des critères d’analyses et d’exclusion à partir de ces références. • La mise en œuvre desdits critères peut aboutir à exclure a priori certaines activités comme les forages pétroliers offshore en Arctique, les projets de sables bitumineux à ciel ouvert, les centrales à charbon de technologie souscritique, les centrales hydroélectriques pour lesquelles la taille du réservoir est disproportionnée par rapport à l’énergie produite, voire les mines artisanales. La maitrise des risques: la jurisprudence du droit dur • Lorsque ABB Ltd (ABB) a acquis Combustion Engineering Inc. en 1989, pour 1,6 milliard de dollars, ses dirigeants pensaient n’acheter que l'activité de conception et de construction d'installations de production d'électricité aux États-Unis, mais pas les engagements pris pour avoir exposé les Américains à l'amiante. Depuis, pour couvrir les réclamations collectives liées à l'amiante, c’est près de 2 milliards de dollars de plus qu’ABB a dû provisionné. • Le 10 janvier 2014, le ministre de l'environnement indien a annulé un projet minier de plusieurs milliards de dollars porté par une multinationale cotée à Londres, Vedanta Ressources, suite à la requête d’un peuple autochtone de quelques milliers de personnes, les Dongria Kondh, qui n’avaient pas donné leur consentement préalable . La maitrise des risques: la jurisprudence du droit souple • Dans le champ social, en septembre 2012, le PCN français a pris note de l’engagement de la société DEVCOT de « ne plus s'approvisionner en Ouzbékistan jusqu'à l'amélioration et la cessation du travail des enfants », et rappelé à cette entreprise ses « responsabilités dans le cadre de la chaîne d'approvisionnement ». • En matière environnementale, le PCN français a estimé en juin 2013 que, comme le groupe BOLLORÉ entretenait une « relation d’affaires » avec la Société Camerounaise de Palmeraies, il était de sa responsabilité de faire pression sur elle pour un meilleur respect de l’environnement, alors même qu’il n’en était qu’un actionnaire minoritaire. La maitrise des risques: la notation RSE des contreparties • Ilva, la plus grande aciérie d'Europe, située à Tarente dans la région des Pouilles, a été mise sous séquestre en juillet 2012 puis fermée à la production en novembre 2012 dans le cadre d'une enquête pour catastrophe environnementale, menaçant 11.500 emplois directs. L’activité a pu reprendre après la mise sous séquestre par l'Etat italien de 8 milliards € d'actifs appartenant aux actionnaires, la famille Riva, et la nomination d’un administrateur judiciaire. • L’intégration des éléments extra-financiers dans la décision de crédit est donc l’occasion de réévaluer tant la volonté que la capacité de rembourser de toute contrepartie. De la même façon, Al Gore estime que « les émissions colossales de carbone de certaines entreprises ne sont pas intégrées dans les calculs de leur valeur boursière et des risques qui lui sont liées.» L’exemplarité: l’éthique des affaires • Au-delà de la maitrise des risques, nous nous devons: - d’être exemplaire vis-à-vis des clients, des collaborateurs et dans notre fonctionnement; - et d’accompagner nos territoires / clientèles dans tous les grands enjeux de développement durable auxquels ils sont confrontés. • Fides, « la confiance », c’est le volet économique de la RSE où on retrouve l’ensemble des responsabilités du Groupe à l’égard de ses clients : les engagements en matière de responsabilité économique, l’exemplarité dans la conformité à la réglementation et la déontologie des activités bancaires (lutte contre la fraude, déontologie, lutte contre les abus de marché, sécurité financière, etc.). L’exemplarité: les parties prenantes Être exemplaire, c’est aussi: • rechercher une excellence relationnelle avec nos clients, en protégeant leurs intérêts et en veillant à l’accessibilité de nos offres. • agir en employeur responsable de référence, en encourageant le développement et l’employabilité des collaborateurs, en garantissant l’équité, en promouvant la diversité, en favorisant la qualité de vie au travail et le dialogue social. • limiter et réduire notre empreinte environnementale directe, notamment en matière d’énergie, de papier et de déchets. • prendre en compte les facteurs sociaux et environnementaux dans nos processus d’achat et les relations avec nos fournisseurs et soustraitants. L’exemplarité: le reporting intégré • Alors que le management des entreprises doit de plus en plus tenir compte des facteurs humains, environnementaux, et du contexte extérieur (attentes des clients, exigences des fournisseurs, etc.), aujourd’hui le reporting privilégie les éléments financiers, qui aboutissent souvent à des solutions à court terme. • Piste de réflexion: évaluer notre empreinte économique & sociale, pour, à partir des salaires, achats, taxes, et autres dépenses d'exploitation et d'investissement, quantifier les retombées directes, indirectes, induites de nos implantations. Il s’agit de mesurer la richesse créée sur un territoire, tant directement via le nombre d'emplois créés, qu’indirectement via la chaine de fournisseurs, ou de façon induite via l'impact de la fiscalité et des recettes publiques. L’exemplarité: l’empreinte carbone induite Comment mesurer l’externalité environnementale que représentent les émissions carbone induites par les financements ? • L’approche développée conjointement par Crédit Agricole SA et la Chaire Finance & Développement durable de l’Université Paris Dauphine, présente l’intérêt d’affecter les montants de gaz à effet de serre en partant des inventaires nationaux, ce qui évite les doubles comptages. • La méthodologie permet de définir des priorités en fonction des ordres de grandeur qui apparaissent pour les différents macro-secteurs et les différentes zones géographiques, tout comme le fait le bilan carbone pour les émissions directes et indirectes. L’accompagnement des clients: l’offre verte • Banque de détail: fabrication progressive de toutes les nouvelles cartes de paiement CA en écomatériau (amidon de maïs). • Gestion d’actifs: reconfiguration d’« Atout Valeurs Durables » qui combine une approche « Best in class » avec une approche sectorielle et thématique liée aux technologies vertes (gestion de l’eau, énergies renouvelables, efficacité énergétique). • Banque de financement et d’investissement: développement de projets visant à la fois une rentabilité financière et un impact social ou environnemental. • Crédit-Bail: engagement dans les énergies renouvelables (25% du parc éolien français et 30% du photovoltaïque) et sur la méthanisation (86%). L’accompagnement des clients: l’ISR • L'ISR vise à intégrer de façon systématique l'analyse de critères extra-financiers dans le cadre d'une gestion d'actifs financiers, mais n‘étant pas encadré par un dispositif règlementaire, chaque investisseur peut avoir une vision et une pratique différente. • Ainsi, pour s'assurer que l’approche « best-inclass » retient les entreprises ayant les meilleures pratiques ESG, le label Novethic examine la sélectivité de chaque fonds candidat, c'est-à-dire le rapport entre le nombre d'entreprises exclues et le nombre d'entreprises faisant l'objet d'une analyse ESG. • A contrario Amundi vient d’obtenir la 1ère certification Engagement de Service «Démarche ISR - Critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance de la gestion de portefeuilles» élaborée par AFNOR Certification. L’accompagnement des clients: les “Green bonds” • Une obligation environnementale ou sociale est une dette destinée à financer des projets générant un bénéfice environnemental (énergies renouvelables, efficacité énergétique, adaptation au changement climatique…) ou social (logement social, santé, éducation…) direct. • Les émetteurs s’engagent donc à fournir un reporting sur l’allocation des fonds. Les banques de développement constituent aujourd’hui les principaux émetteurs de ces obligations, mais les collectivités et les entreprises, soucieuses de diversifier leurs sources de financement, s’y intéressent de plus en plus, compte tenu de la demande des investisseurs souhaitant mettre en œuvre une politique d’intégration ESG (Air Liquide en 2012, EDF EN en 2013, Unibail-Rodamco en 2014). La mise en oeuvre opérationnelle de la RSE: FReD • FReD = 3 piliers pour couvrir l’ensemble des enjeux RSE. • Ces 3 piliers se déclinent en 20 engagements plus précis dans lesquels les entités inscrivent leurs actions de progrès • Les piliers, le référentiel et les procédures sont communs à tous, mais chaque entité choisit ses actions RSE. Chaque entité a un portefeuille de 15 actions également réparties entre les 3 piliers. • FreD = une mesure des progrès réalisés plutôt que l’atteinte de valeurs absolues • La moyenne des points de progrès des 240 actions des entités donne l’indice FReD Groupe, qui est audité chaque année par PwC, et contribue pour 1/3 à la rémunération de LT des dirigeants. CONCLUSION: “Le but de l’entreprise doit être redéfinie comme la création de valeur partagée” • « Dans la mesure où elles continuent d’optimiser leur performance financière à court terme dans une bulle en négligeant les besoins les plus importants du client et ignorant les plus larges influences qui déterminent leur réussite à long terme, les entreprises sont prises au piège dans une approche dépassée de la création de valeur ». Michael PORTER Professeur de Management à la Harvard Business School • Les entreprises doivent prendre l'initiative de réunir la sphère économique et la société. • La “Création de Valeur Partagée” consiste à améliorer la compétitivité d'une entreprise tout en améliorant les conditions économiques et sociales des communautés au sein desquelles elles opèrent. C’est le nouveau contrat social. CONCLUSION: l’avènement d’une officina civilis • Dans Condition de l’homme moderne (1958), Hannah Arendt appelait de ses voeux l’avènement d’un animal activus qui pense et agit en public, comme dépassement de l’opposition entre l’animal laborans, qui ne ménage pas sa peine pour satisfaire ses besoins élémentaires, et l’homo faber, œuvrant à l’édification du monde. • De la même façon, après avoir opposé l’usine qui travaille à la tâche en utilisant la force de ses ouvriers – l’officina laborans du XIXe siècle – à l’entreprise qui crée de la valeur ajoutée en utilisant les ressources intellectuelles de ses salariés – l’officina fabra (ingénieuse) du XXe siècle –, on peut œuvrer au travers de la RSE, à l’avènement d’une officina civilis (citoyenne/politique), qui participe pleinement à l’espace public, dans le cadre d’un dialogue renouvelé avec ses « parties prenantes », sur sa responsabilité « vis-à-vis des effets qu’elle exerce sur la société ».