première heure occupent d'autres rôles: Jean-Robert Bourdages en Bertuccio, Erwin Weche en Ali,
Bénédicte Décary en Haydée, princesse grecque (nouvelle flamme de Dantès - à noter qu'elle jouait
Mercédès dans la première partie: joli clin d'oeil!). S'ajoutent Pierre Étienne Rouillard en Fernand,
comte de Morcef, Johanne Haberlin (Mme Danglars), Catherine De Sève (qui joue une Mercédès très
posée, mature), Alexandre Fortin (Albert de Morcef), Isabelle Guérard (Mme de Villefort), Louis-David
Morasse (Maximilien), Brigitte Pogonat (Valentine), Hubert Proulx (Andréa Cavalcanti alias Benedetto,
et Franz D'Épinay), Nicholas Rousselle (Debray) et Vincent Côté (Beauchamps). Dix-sept personnes
sur scène pour donner vie au Comte de Monte Cristo.
On retrouve cette facette du théâtre du 19e, avec cette entrée masquée, ces apartés et beaucoup de
narration pour se mettre en contexte et se retrouver dans les lieux. Cette dynamique exemplaire et ce jeu
passionné qui m'avait séduit en novembre 2003 ne se sont pas dissipés et nous accrochent dès les
premiers mots. Malgré, donc, beaucoup de ressemblances avec la première partie, la pièce est quand
même sensiblement différente. Le décor, par exemple : un immense escalier côté jardin, des alcôves
avec des rideaux rouges, comme des boîtes qui s'ouvrent sur plusieurs personnages ou différents
endroits, de petits théâtres dans lesquels Dantès tirent les ficelles. Impressionnant. Grâce aux jeux de
lumière savamment exploités, on isole un sujet, on illumine une matinée, on crée une ambiance
nocturne, un opéra, une chambre. On joue sur deux étages, ce qui dynamise l'espace. Les costumes sont
magnifiques et colorés. La redingote de Monte Cristo est bleue et jaune à motif, ce qui lui donne un côté
très excentrique. Il y a aussi ce côté beaucoup plus politique, plus sombre. Et comme la vitesse est
constante et sans temps mort, il faut rester concentré pour ne pas perdre une seconde du récit. L'argent
fait partie du coeur de l'histoire, elle se retrouve partout : elle permet tout ou détruit. Grâce à elle nous
sommes quelqu'un, sans elle nous ne sommes personne. On la désire, la déteste, elle nous permet de tout
avoir ou nous pousse au crime, au pire de ce que l'homme peut être. Mais la fortune, c'est aussi la
chance, et pour certains, elle tourne. La vengeance vaut-elle vraiment la peine d'être assouvie? Peut-on
faire payer coûte que coûte à ces personnes sans éclabousser ceux et celles qui les entourent? Est-il
possible de (re)vivre après de tels actes, de telles souffrances?
François-Xavier Dufour (Dantès) et Catherine De Sève (Mercédès)#
Crédit photo: Robert Etcheverry
Robert Bellefeuille a relevé le défi de mettre en scène l'adaptation (d'Élizabeth Bourget) d'un très grand
roman de Dumas. Tout y est: suspense, récit bien ficelée, vengeance, amour, honneur, orgueil... On a
même droit à un petit combat à l'épée qui fait assez réaliste. L'histoire nous envoûte et on passe au
travers des trois heures (avec entracte) que la pièce dure avec facilité et bonheur. Comme on retrouve
beaucoup d'explication sur le passé de Dantès, il n'est pas nécessaire d'avoir vu la première partie. Donc
aucune raison n'est valable pour ne pas voir cette merveilleuse aventure...
22/01/2004