Victime de l`ambition, de la jalousie et d`une rivalité amoureuse

Victime de l’ambition, de la jalousie et d’une rivalité amoureuse, Edmond Dantès avait été arrêté
injustement en 1815, le jour de ses noces. Lorsqu’il s’évade de sa prison, après quatorze longues
années, Edmond est devenu un autre homme : c’est le comte de Monte-Cristo. Devenu richissime grâce
au trésor de l’abbé Faria, il va utiliser sa nouvelle identité pour retrouver les fantômes de son passé. Ira-
t-il jusqu’au bout de sa vengeance implacable?
Alexandre Dumas aura été le plus populaire des écrivains romantiques. Il a commencé sa brillante
carrière au théâtre avant de donner près de trois cents ouvrages dont le célèbre Comte de Monte-Cristo.
Le succès de l’adaptation de la première partie du roman commandait une suite attendue avec
impatience.
Texte de
Alexandre Dumas, père
Adaptation
Elizabeth Bourget
Mise en scène
Robert Bellefeuille
Avec
François-Xavier Dufour, Catherine De Sève, Geoffrey Gaquere, Simon
Rousseau, Pierre-Étienne Rouillard, Olivier Aubin, Bénédicte Décary,
Jean-Robert Bourdage, Alexandre Fortin, Erwin Weche, Johanne
Haberlin, Isabelle Guérard, Hubert Proulx, Louis-David Morasse, Brigitte Pogonat, Nicholas Rousselle,
Vincent Côté
Décor
Patricia Ruel
Costumes
Sarah Balleux
Éclairages
Nicolas Descôteaux
Accessoires
Jasmine Catudal
Maquillages
Suzanne Trépanier
Musique
Louise Beaudoin
Du 18 janvier au 18 février 2005
par David Lefebvre
La voilà enfin, cette suite à Edmond Dantès (voir notre critique en cliquant ici) ! L'attente est finalement
récompensée : on a droit à un spectacle passionnant aux multiples rebondissements...
Mais rappelons un peu l'histoire. (Première partie, présentée en novembre 2003:) Victime de l’ambition,
de la jalousie et de la rivalité amoureuse, Edmond Dantès est arrêté en 1815, le jour de ses noces. Il sera
enfermé durant quatorze longues années, faussement accusé par une lettre anonyme. La solide amitié et
les leçons d’un autre prisonnier, l’abbé Faria, lui permettront de démasquer les trois auteurs de cette
lettre et de préparer sa vengeance. Une évasion spectaculaire, une île mystérieuse et un trésor fabuleux
permettront à Edmond de devenir le comte de Monte-Cristo...
Geoffrey Gaquere (Danglars) et François-Xavier Dufour (Dantès)
Crédit photo: Robert Etcheverry
Nous voici donc 23 ans après l'incarcération, à Rome. Albert de Morcef (fils de Fernand dit comte de
Morcef et de Mercédès) rencontre le comte de Monte Cristo qui lui demande de lui servir de guide à
Paris. Ils montent donc vers la Ville Lumière. Dantès, toujours sous les traits de Monte Cristo, fréquente
tous ceux qui l'ont trahi. Il s'aperçoit rapidement qu'ils ont fait fortune et trempent dans la politique. Il
découvre aussi des squelettes dans les placards de ces messieurs, des secrets bien gardés qui pourraient
les terrasser. Bref, il place ses pièces sur l'échiquier de la vengeance, visualise l'ennemi et l'anéantit.
Mais au bout du compte, il constate qu'être ce qu'il croyait, soit la Providence ou la vengeance de Dieu,
n'était peut-être pas son rôle, mais qu'il aurait dû pardonner, voyant les conséquences de ses actes
toucher des gens qui n'étaient pas destinés à souffrir...
La plupart des comédiens sont de retour pour reprendre leurs rôles : François-Xavier Dufour en
Dantès/Monte Cristo, solide; Geoffrey Gaquere en baron et banquier Danglars, drôle et sordide; Olivier
Aubin en Caderousse; Simon Rousseau en Villefort, procureur du roi. Quelques comédiens de la
première heure occupent d'autres rôles: Jean-Robert Bourdages en Bertuccio, Erwin Weche en Ali,
Bénédicte Décary en Haydée, princesse grecque (nouvelle flamme de Dantès - à noter qu'elle jouait
Mercédès dans la première partie: joli clin d'oeil!). S'ajoutent Pierre Étienne Rouillard en Fernand,
comte de Morcef, Johanne Haberlin (Mme Danglars), Catherine De Sève (qui joue une Mercédès très
posée, mature), Alexandre Fortin (Albert de Morcef), Isabelle Guérard (Mme de Villefort), Louis-David
Morasse (Maximilien), Brigitte Pogonat (Valentine), Hubert Proulx (Andréa Cavalcanti alias Benedetto,
et Franz D'Épinay), Nicholas Rousselle (Debray) et Vincent Côté (Beauchamps). Dix-sept personnes
sur scène pour donner vie au Comte de Monte Cristo.
On retrouve cette facette du théâtre du 19e, avec cette entrée masquée, ces apartés et beaucoup de
narration pour se mettre en contexte et se retrouver dans les lieux. Cette dynamique exemplaire et ce jeu
passionné qui m'avait séduit en novembre 2003 ne se sont pas dissipés et nous accrochent dès les
premiers mots. Malgré, donc, beaucoup de ressemblances avec la première partie, la pièce est quand
même sensiblement différente. Le décor, par exemple : un immense escalier côté jardin, des alcôves
avec des rideaux rouges, comme des boîtes qui s'ouvrent sur plusieurs personnages ou différents
endroits, de petits théâtres dans lesquels Dantès tirent les ficelles. Impressionnant. Grâce aux jeux de
lumière savamment exploités, on isole un sujet, on illumine une matinée, on crée une ambiance
nocturne, un opéra, une chambre. On joue sur deux étages, ce qui dynamise l'espace. Les costumes sont
magnifiques et colorés. La redingote de Monte Cristo est bleue et jaune à motif, ce qui lui donne un côté
très excentrique. Il y a aussi ce côté beaucoup plus politique, plus sombre. Et comme la vitesse est
constante et sans temps mort, il faut rester concentré pour ne pas perdre une seconde du récit. L'argent
fait partie du coeur de l'histoire, elle se retrouve partout : elle permet tout ou détruit. Grâce à elle nous
sommes quelqu'un, sans elle nous ne sommes personne. On la désire, la déteste, elle nous permet de tout
avoir ou nous pousse au crime, au pire de ce que l'homme peut être. Mais la fortune, c'est aussi la
chance, et pour certains, elle tourne. La vengeance vaut-elle vraiment la peine d'être assouvie? Peut-on
faire payer coûte que coûte à ces personnes sans éclabousser ceux et celles qui les entourent? Est-il
possible de (re)vivre après de tels actes, de telles souffrances?
François-Xavier Dufour (Dantès) et Catherine De Sève (Mercédès)#
Crédit photo: Robert Etcheverry
Robert Bellefeuille a relevé le défi de mettre en scène l'adaptation (d'Élizabeth Bourget) d'un très grand
roman de Dumas. Tout y est: suspense, récit bien ficelée, vengeance, amour, honneur, orgueil... On a
même droit à un petit combat à l'épée qui fait assez réaliste. L'histoire nous envoûte et on passe au
travers des trois heures (avec entracte) que la pièce dure avec facilité et bonheur. Comme on retrouve
beaucoup d'explication sur le passé de Dantès, il n'est pas nécessaire d'avoir vu la première partie. Donc
aucune raison n'est valable pour ne pas voir cette merveilleuse aventure...
22/01/2004
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