RECRUTE
ÉTUDIANTS / ÉTUDIANTES
Pour distribuer devant les salles de concert
et de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.
Disponibilité quelques heures par mois.
Tarif horaire : 9,40 €/brut
+ 2 € net d’indemnité de déplacement
Envoyer photocopies carte d’étudiant
+ carte d’identité
+ carte de sécu et coordonnées à
La Terrasse, service diffusion,
4 av. de Corbéra, 75012 Paris,
ou email : la.terrasse@wanadoo.fr
ÉTUDIANTS / ÉTUDIANTES
AVEC VOITURE
Pour distribuer devant les salles de concert
et de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.
Tarif horaire : 13 €/brut
+ 6 € d'indemnité de carburant
Téléphonez au 01 53 02 06 60
ENTRETIEN e LUC BONDY
THÉÂTRE DE L’ODÉON / LE RETOUR
DE HAROLD PINTER / TRAD. PHILIPPE DJIAN / MES LUC BONDY
PINTER, DIALECTIQUE
ENTRE SCANDALE
ET NORMALITÉ
Avec une distribution très prometteuse et dans une nouvelle traduction
de Philippe Djian, Luc Bondy met en scène la partition pintérienne,
déroutante et dérangeante.
“LE RETOUR N’EST
PAS DU TOUT UNE PIÈCE
MISOGYNE, MAIS UNE
PIÈCE TRÈS FÉMINISTE
AVANT LA LETTRE.”
luc Bondy
au lieu de devenir dépassées. Et je ne crois pas
que la dimension morale puisse compter, on ne
fait pas du théâtre en pensant à la morale. A
quelle morale d’ailleurs ? Essayons de faire du
théâtre de telle manière qu’on puisse se poser
© D. R.
Qu’est-ce qui vous a décidé à mettre en scène
cette pièce de Pinter ?
Luc Bondy : J’avais très envie de monter cette
pièce ! En France, Pinter a parfois été asso-
cié à un univers connoté boulevard alors que
je trouve au contraire que cette pièce est un
drame psychologique hors normes, hors milieu,
elle ne peut pas s’expliquer selon les critè-
res habituels, selon des causes et des effets
clairement identifiés. La nouvelle traduction
commandée à Philippe Djian évite totalement
l’écueil du conventionnel pour au contraire
laisser entendre toute une gamme de ten-
sions. La psychologie atteint ici une dimen-
sion quasi magique. Mais le théâtre n’exige
pas d’être vraisemblable, ce qui compte, c’est
que la construction intérieure fonctionne, que
l’histoire fonctionne en elle-même. Naturelle-
ment, tout le monde se demande comment une
femme peut se prêter à ça, et il est évidemment
très étonnant qu’elle quitte son mari et ses
enfants pour s’installer avec son beau-père,
son frère et ses deux fils et devenir prostituée.
On peut la définir de diverses façons, elle est
selon moi le contraire même d’une idiote qui
subit sa vie, sa décision peut s’apparenter à
une espèce de vengeance de femme contre ce
qu’elle a vécu.
Le Retour
n’est pas du tout une
pièce misogyne, mais une pièce très féministe
avant la lettre. Dans le même esprit, Michel
Tournier explique que la nymphomanie de
Madame Bovary est une vengeance contre la
façon dont elle a été traitée.
Est-on dans une forme de réalisme ?
L. B. : Il faut impérativement que s’instaure
une sorte de normalité. Et soudain, au cœur
de ces situations plus ou moins normales,
surgit un scandale terrible. On ne doit pas
prévoir ce qui va advenir. Il se passe toujours
des choses compliquées, inattendues, qui ne
correspondent pas à nos schémas de pensée.
Les personnages sont un peu comme des ani-
maux dans une cage. C’est Pinter qui a inventé
ce théâtre énigmatique, un théâtre de la sur-
prise et du décalage, qui ne peut cependant
pas être rangé dans la catégorie du théâtre de
l’absurde. C’est une œuvre formidable pour les
acteurs : Bruno Ganz, Emmanuelle Seigner,
Louis Garrel, Pascal Greggory, Jérôme Kircher
et Micha Lescot.
La pièce est-elle toujours aussi dérangeante ?
L. B. : Bien sûr. C’était un véritable scandale
d’écrire une telle pièce au début des années
60. Et aujourd’hui la pièce ouvre d’autres pers-
pectives, faisant par exemple écho à ces faits
divers incompréhensibles liés à des séques-
trations. Les bons auteurs résonnent différem-
ment selon les époques, et ils sont toujours
un peu visionnaires. Les œuvres transcendent
alors leur contexte de création, posent des
questions nouvelles. Elles deviennent fortes
des questions qui nous intriguent, explorer des
problématiques qui nous touchent, sans juge-
ment facile.
Passant de l’invective à des moments d’ac-
calmie, ces personnages semblent capables
de tout…
L. B. : Oui, mais je crois qu’ils sont plus dans
le fantasme que dans la réalité. Le fantasme
est toujours dangereux car proche de son exé-
cution. D’une certaine manière une forme de
mythomanie définit cette pièce.
Propos recueillis par Agnès Santi
Du 18 octobre au 23 décembre 2012,
du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h.
Odéon-Théâtre de l’Europe, Place de l’Odéon,
75006 Paris. Tél. 01 44 85 40 40.
www.theatre-odeon.fr
e Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.fr
la terrasse OCTOBRE 2012 / N°202 THÉÂTRE DE L’OUEST PARISIEN / SAISON 2012/2013 / FOCUS 9
UN TOP ÉCLECTIQUE
Pour sa huitième saison à la tête du Théâtre de l’Ouest Parisien, Olivier Meyer continue
de creuser le sillon d’une programmation lumineuse et éclectique. Une programmation
qui, à travers la présence de grands textes et de grands artistes, vise à nous faire
parcourir tous les possibles du théâtre.
PROPOS RECUEILLIS e OLIVIER MEYER
UNE SAISON INTENSE
Olivier Meyer, directeur du Théâtre de l’Ouest Parisien, nous présente
une saison 2012/2013 qu’il a voulu intense, créative, pleine de diversité
et de générosité. – confirmant la complicité qui nous lie à
cette institution et à ses interprètes – ainsi
qu’avec les six magnifiques comédiennes qui
composent la 3e édition du festival
Seules…
en scène
. Nous la célébrons également en
nous engageant dans la coproduction de
nouvelles créations :
Les Mystères de Paris
d’Eugène Sue,
Le Journal d’une femme
de
chambre d’Octave Mirbeau,
La Maison d’Os
de Roland Dubillard… »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
pour beaucoup de monde me semble-t-il,
le théâtre doit être une fête pour l’esprit et
pour le cœur, une fête qui se nourrit de tout,
de la tragédie et de la comédie, du rire et
des larmes, des mensonges et des vérités,
des ténèbres et de la lumière, en un seul
mot de la vie. Cette fête, nous la célébrons
cette année encore en compagnie de plu-
sieurs comédiens de la Comédie-Française
« Cette saison, comme chaque saison, le
Théâtre de l’Ouest Parisien fait le pari d’un
théâtre exigeant qui s’inscrit dans notre épo-
que, d’un théâtre qui, de par sa modernité
et son universalité, est capable de parler
à tout le monde. Plein d’élan et de généro-
sité, ce théâtre s’appuie sur la grande qua-
lité des œuvres présentées et sur le talent
des artistes interprètes. Pour moi, comme
© D. R.
© Marc Ginot
ENTRETIEN e GILBERT DÉSVEAUX
L’IMPORTANCE D’ÊTRE SÉRIEUX / D’OSCAR WILDE
MES DE GILBERT DÉSVEAUX
REDÉCOUVRIR OSCAR WILDE
Gilbert Désveaux revisite The Importance of being Earnest, d’Oscar Wilde, dans
une mise en scène cherchant à provoquer un rire foncièrement critique.
Wilde apparaît-il aujourd’hui comme un auteur
à redécouvrir ?
Gilbert Désveaux : En France, sa noto-
riété est paradoxale : il est reconnu comme
théâtre public a souvent plus de facilité à
réfléchir qu’à rire. Peut-être se passera-t-il
pour Wilde ce qui s’est passé pour Feydeau,
il y a vingt ans, lorsqu’une nouvelle généra-
tion de metteurs en scène s’est approprié cet
“IL FAUT UN RIRE
QUI SOIT INTELLIGENT
ET CRITIQUE.”
GilBert désveaux
THÉÂTRE DE L’OUEST PARISIEN,
1 place Bernard-Palissy,
92100 Boulogne-Billancourt.
Tél. 01 46 03 60 44
et www.top-bb.fr
PROPOS RECUEILLIS e JEAN-PHILIPPE VIDAL
DE GEORGES FEYDEAU
MES JEAN-PHILIPPE VIDAL
LE SYSTÈME RIBADIER
Un homme hypnotise son épouse pour pouvoir s’évader dans les bras
d’autres femmes. C’est Le Système Ribadier de Georges Feydeau, que
Jean-Philippe Vidal met en scène entre comédie et poésie.
« Ce qui me semble, au premier abord, le plus
intéressant dans le théâtre de Georges Fey-
deau, c’est ce qu’on appelle
“la mécanique”
.
C’est-à-dire la forme. La construction d’une
logique imparable et implacable, en même
temps que l’absurdité de situations impro-
bables. Comment se frotter aujourd’hui aux
codes très appuyés et presque désuets du
vaudeville, tout en restant fidèle à la volonté
de l’auteur :
“être crédule et même pousser
la crédulité au maximum, croire à tout ce qui
arrive”
? Ici, à part deux fauteuils, il n’y aura
aucun décorum, ce qui contraint les acteurs
à une grande précision, une grande économie
gestuelle.
L’ÉTONNEMENT DE L’INSTANT PRÉSENT
Ils sont dans l’obligation de jouer cette par-
tition musicale à la virgule près, au point
d’exclamation près. Je leur demande ainsi
d’être constamment dans l’étonnement de
l’instant présent, d’assumer totalement la
naïveté que cet étonnement suppose. Cela,
afin que puisse émerger toute la poésie des
personnages. Dans
Le Système Ribadier
, ce
n’est pas ce qui se passe qui fait avancer la
pièce, mais ce qui se dit. Il s’agit, sans doute,
plus d’une comédie que d’un vaudeville. Une
certaine forme de gravité surgit même par
moment : par exemple, lors de la scène où
Angèle Ribadier est supposée jouer un tour
pendable à son mari pour le punir de ses
tromperies. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
Du 6 au 14 octobre 2012.
DE MARIVAUX
MES DE CLÉMENT HERVIEU-LÉGER
L’ÉPREUVE
Clément Hervieu-Léger met en scène
L’Epreuve, de Marivaux. Un hommage rendu
à une « langue infiniment belle ».
Lucidor veut s’assurer qu’Angélique l’aime
pour lui-même et non pour son argent. Il met
en place un stratagème pour mesurer l’atta-
chement de sa belle… Deux rencontres ont
décidé Clément Hervieu-Léger à s’emparer de
L’Epreuve
. Celle avec Patrice Chéreau,
« dont
les mises en scène ont considérablement
modifié notre regard »
sur Marivaux. Celle avec
le rôle d’Azor, qu’il a interprété dans
La Dispute
,
sous la houlette de Muriel Mayette.
L’Epreuve
est
« une analyse minutieuse et spirituelle de
la subtilité, de la fantaisie et de la sincérité du
jeu amoureux »
, fait remarquer le pensionnaire
de la Comédie-Française. C. Robert
Du 10 au 20 janvier 2013.
DE MADAME DE LA FAYETTE
MES DE JACQUES VINCEY
HISTOIRE DE
LA PRINCESSE
DE MONTPENSIER
Marie-Armelle Deguy adapte et interprète, en
compagnie de la harpiste Constance Luzzati,
les amours passionnées de Madame de
Montpensier.
« J’ai essayé de combiner l’intimité du récit
et l’art du conteur pour servir cette “sublime
histoire d’amour” »,
dit Marie-Armelle Deguy.
La comédienne interprète, sous le regard de
Jacques Vincey, le texte de Madame de La
Fayette
« comme on fait rêver un enfant, le
soir, dans son lit, comme on chuchote un récit
à l’oreille de quelqu’un tendu dans l’écoute »
.
Un texte chuchoté et accompagné à la harpe.
« La harpe apporte un prolongement sublime
à cette langue et magnifie le texte,
explique
la comédienne
. C’est un peu comme un récit
à deux voix. »
C. Robert
Du 8 au 12 février 2013.
DE ROLAND DUBILLARD
MES D’ANNE-LAURE LIÉGEOIS
LA MAISON D’OS
Anne-Laure Liégeois s’empare de l’invention
dubillardienne pour en faire surgir l’ironie et
la noirceur truculente.
Sharif Andoura, Sébastien Bravard, Olivier
Dutilloy, Anne Girouard et Pierre Richard,
accompagnés par trente comédiens ama-
teurs, s’emparent de
La Maison d’os
qui,
plus qu’une œuvre dramatique classique,
est
« un rêve à traverser, une expérience de
féerie théâtrale »
. Tours de magie, explosions
sémantiques, langue travaillée comme un
magma surgissant des entrailles aurifères du
mystère,
« Dubillard signe une œuvre à mille
entrée, pleine de portes, d’alcôves, de cana-
lisations et de génie »
. Anne-Laure Liégeois,
qui
« sait créer un monde miroir, hilarant et
secouant, en phase avec les vivants chahutés
par les catastrophes d’aujourd’hui », « s’en-
gouffre avec bonheur dans l’œuvre fleuve,
noire et lumineuse »
de cet auteur. C. Robert
Du 20 au 24 mars 2013.
Comment mettez-vous en scène cette pièce ?
G. D. : Wilde la situe dans l’Angleterre vic-
torienne et puritaine de 1895. On ne peut
pas transposer la pièce aujourd’hui, car la
société qu’il décrit (la grande aristocratie
européenne qui vit de ses rentes) a dis-
paru. Sans faire un spectacle en forme de
musée, je veux explorer l’inconscient de
cette époque.
Comment traiter la dimension comique de
L’Importance d’être sérieux ?
G. D. : Je veux justement honorer cette
dimension. On doit rire, car c’est écrit pour
ça ! Et en même temps, il y a une folie, une
dinguerie, quelque chose de charnel et de
sexuel. Il faut mettre en scène cette chair,
ces corps qui s’appellent, ce que le sexe a
de scandaleux quand le désir vient bouscu-
ler l’ordre du monde. Ça doit être brillant,
désopilant, et en même temps contenir une
noirceur et une rage qui ne sont pas inof-
fensives. Il faut un rire qui soit intelligent
et critique.
Propos recueillis par Catherine Robert
Du 30 janvier au 5 février 2013.
romancier, mais son théâtre est un peu laissé
de côté, ou réservé au théâtre privé. Car le
auteur. A part
Salomé
, qui est une tragédie,
Wilde a écrit quatre comédies.
L’Importance
d’être sérieux
est son chef-d’œuvre absolu.