Compagnie le Glob/Jean-Luc Ollivier PHÈDRE Jean Racine Saisons 2015/2016/2017 Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue. Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler, Je sentis tout mon corps et transir, et brûler. Note d'intention. Le choix de Phèdre trouve sa source dans l'histoire de la compagnie et un tournant artistique assez radical sur ce qui pouvait inspirer la création. Après plusieurs années de recherches d'écritures scéniques ne s'appuyant pas sur un texte initial, j'ai entamé avec Quartett de Heiner Müller (2011) un cycle de créations où la parole devient l'enjeu même de ce qui se joue. Des textes denses, à la frontière du théâtre et de la poésie, comme dans Ce nuage à côté de toi de Florence Vanoli (2013), où déjà se posait la question du désir vécu comme une presque malédiction. Avec Phèdre, l'écriture dans sa forme remarquable, l’alexandrin, est bien évidemment la matière même du spectacle, sa beauté originelle. Et ce qui noue ici le lien tragique est bien la parole. Les aveux parallèles de Phèdre et d'Hippolyte embrasent les corps et précipitent les évènements vers l'inévitable issue. La tragédie racinienne est particulièrement spectaculaire car elle joue sur l'explosive tension entre une forme très écrite, l'alexandrin aux contraintes fortes, une langue sublime dont il faut respecter les lois, et des sentiments exacerbés, les pulsions sauvages et meurtrières qui traversent les corps. Car se pose bien sûr, essentiellement, la question de l'incarnation. Toute la recherche de plateau est animée par cette question fondamentale. Comment cette langue peut-elle prendre possession des corps pour les faire s'entrechoquer dans l'énergie de la passion? Et comment faire pour qu'aujourd'hui encore on puisse être bouleversé par cette histoire? Car ce n'est pas vrai, Racine n'est pas moderne, sa langue n'est plus la nôtre, mais une langue étrange par laquelle il faut se laisser prendre. Et que faire de ce monde peuplé de dieux et de monstres? Racine n'est pas notre contemporain et tant mieux. La distance qui nous sépare de cette écriture est aussi une part importante, essentielle, de sa beauté, et chercher les moyens de la rencontre, ici et maintenant, est un des enjeux de cette aventure. Je ne monte pas ce texte pour dire quoi que ce soit du monde tel qu'il va. Pas de message caché. Je le monte en quête de sa beauté, qui ne peut se révéler pleinement que sur la scène, dans le temps réel et incandescent du théâtre, porté par les voix et les corps des comédiens. C'est écrit pour ça, Phèdre n'appartient à la littérature qu'en tant que formidable livret à donner à des acteurs. C'est d'abord cette recherche qui me passionne, qui est l'essence même du théâtre, pour la beauté du geste, pour la poésie, avec au bout du chemin la rencontre décisive avec les spectateurs. Là où l'expérience prend sens. Jean-Luc Ollivier Jean-Luc Ollivier Elle a vingt ans. Elle entre. Elle est au comble de la faiblesse. Elle parle, elle ne pense pas ce qu'elle dit. Oenone la pousse en avant, alors elle marche en tous sens, les yeux fermés, très serrés. Elle ne veut pas voir. Oenone lui ordonne de mourir car elle sait, Phèdre en tout cas croit qu'elle sait tout d'avance. Dans la tragédie, même si les personnages ne savent rien, le poète sait pour eux et anticipe et distribue dans le texte les mots annonciateurs. Tout est dit au début, et il faut être fou, aveugle ou sourd, aveugle et sourd, pour ne pas comprendre. Mais justement ils sont fous, aveugles et sourds. Antoine Vitez « La boîte noire » C’est le dispositif de représentation de Phèdre, constitué d’un espace de huit mètres sur huit, fait de cloisons en voilages noirs. Cette installation, autonome techniquement, peut se poser dans n’importe quel espace (Hall, gymnase, salle des fêtes…). Des bancs accueillent les spectateurs, dans une disposition quadri-frontale proche de l'espace d'un ring (elle était bi-frontale pour Quartett). La lumière, la transparence des voilages, fait de ce dispositif une véritable boîte à images, au plus près des regards. Générale de PHEDRE. Théâtre National de Bordeaux Aquitaine. 25 janvier 2016. Photo : Guy Labadens Cette expérience scénographique a montré à quel point la très grande proximité entre acteurs et spectateurs créait une situation particulièrement intense, vécue par les spectateurs comme une expérience forte. Le choix de Phèdre est dans la continuité de cette expérience première, par sa démesure même. La tragédie se joue au plus près, et le spectateur est traversé par l’énergie du plateau, le souffle de l’acte théâtral, la densité des corps. Théâtre pour tous Phèdre prolonge l'expérience du dispositif scénographique dit de « la boîte noire » inauguré par Quartett et qui a montré son potentiel dans le rapport qu’il créait entre acteurs et spectateurs. Nous souhaitons utiliser à nouveau cette installation en exploitant plus encore ses possibilités nomades, en allant dans les lieux où, techniquement, il est difficile de recevoir des spectacles. Phèdre au lycée La compagnie travaille depuis des années dans le secteur du théâtre-éducation. Elle est en charge des classes théâtre du lycée Montesquieu et intervient à l’université Bordeaux III en « Arts du spectacle ». Ce travail de la transmission, d’un nécessaire contact avec les jeunes, est depuis sa création au cœur de sa démarche. Pour Phèdre, nous souhaitons mettre sur pied une tournée des lycées, en installant dans les établissements notre dispositif, en mettant en place un programme de rencontres et d’échanges, en amont et en aval de la représentation. Quartett avait ainsi été créé en résidence au lycée G. Leygues de Villeneuve/Lot, et l’expérience, pour les lycéens et leurs professeurs, comme pour nous, avait été enthousiasmante. Hors la ville Il en va de même pour les petites villes ou villages ne disposant pas d’un plateau de théâtre apte à accueillir des productions professionnelles habituelles avec des exigences techniques de plus en plus lourdes. L’installation de la boîte noire se fait dans la journée et son système d’éclairage est pensé pour ne nécessiter qu’une installation électrique simple (cette « simplicité » n’est pas pour nous un rabotage d’ambition, mais au contraire une source d’inventivité et d’originalité. Ainsi, Quartett n'était éclairé que par les films que projetaient trois vidéoprojecteurs, et le résultat était d’une très grande beauté formelle). Pour ces raisons d’ordre technique, beaucoup de communes se privent d’un répertoire plus « ambitieux », voilà une occasion pour nous, avec ce dispositif, de prolonger l’action d’un théâtre populaire dans le sens de l'exigence voulu par ses inventeurs, d’en défendre l’esprit, et de s’en donner les moyens. Des acteurs Roxane Brumachon/Phèdre Née le 11 novembre 1987, Roxane entre au Conservatoire de Théâtre de Bordeaux où elle reste deux ans, après avoir obtenu un baccalauréat littéraire option théâtre à Nantes. Elle intègre ensuite l’ESTBA en 2007 et achève sa formation en juin 2010, jouant Merlin ou la terre dévastée, de Tankred Dorst, mis en scène par Dominique Pitoiset et Penthésilée à bout de souffle d’après Kleist, mis en scène par Johannes VonMatuschka. Dans la foulée, elle fonde Le Collectif Os’O avec quatre autres jeunes comédiens passionnés. Le groupe monte rapidement ses premiers projets et Roxane participe à la création de Il faut tuer Sammy 2011 de Ahmed Madani puis de Timon /Titus 2014 en collaboration avec le metteur en scène allemand David Czesienski. Elle joue et met en scène Baba écrit par Adrien Cornaggia, auteur dramatique de l’ENSATT, puis dirige les comédiens et collabore à la mise en scène de Percolateur blues Fabrice Melquiot pour la compagnie Le Dernier Strapontin. Avec Catherine Riboli, elle joue dans As you like it de Shakespeare en 2010/2013, puis Sganarelle d'après Molière en 2013. Elle débute sa collaboration en 2013 avec la compagnie le Glob/Jean-Luc Ollivier en interprétant Ce nuage à côté de toi de Florence Vanoli. En 2014, Elle tourne pour FR3, puis France 2, dans 2 téléfilms au coté de Patrick Chesnais, puis Jean François Balmer. Martine Amanieu/Oenone Comédienne autodidacte, elle a participé aux créations de la Cie Lubat, la Cie des Labyrinthes, la Cie Apsaras, la Cie Marie Céline, avant de créer la Cie de l’âne bleu. Suivent alors des créations où elle est tour à tour ou en même temps metteur en scène et comédienne. Les spectacles les plus marquants: Pour voix seule, monologue travaillé à partir d’une nouvelle de Suzanna Tamaro, crée en 1999 à la Boîte à jouer à Bordeaux, repris en 2013 au festival d’Avignon et joué régulièrement dans toute la France. Ma Supplication extrait du livre de Svetlana Alexievitch "La Supplication, Tchernobyl ou l’apocalypse" créée en 2002; L’amante anglaise et Moderato cantabile de Marguerite Duras joués en Aquitaine, Auvergne, entre 2003 et 2010. Le funambule de Jean Genêt créé en 2005 et tourné entre 2006 et 2009. Des souris et des hommes de John Steinbeck (2007- 2009). Vies, sur Arthur Rimbaud, création 2010, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean Luc Lagarce où elle joue la Mère. Propose des Lectures partagées avec des musiciens (Bernard Lubat, François Corneloup, Marc Perrone, Julie Laderach, Fabrice Viera). Participe aux créations d’autres compagnies pour Novart 2010 dirigée par Monique Garcia sur un texte de F. Melquiot ; pour le festival de Blaye 2013 une présentation de Mélancholia 2 de J. Fosse dirigée par Jean Luc Terrade. Baptiste Girard/Hippolyte Après un Bac option théâtre, il entre au conservatoire de Rouen dans la classe de Maurice Attias. En 2007, il intègre l’Ecole Supérieure de Théâtre de Bordeaux Aquitaine (ESTBA). Il travaille avec Anton Kouznetsov, Eric Louis, Catherine Marnas, Jacques Vincey, Brigitte Jaques, Marc Paquien, Denis Marleau, Nuno Cardoso, Johannes von Matuschka. A sa sortie en 2010, il joue Perceval dans Merlin ou la terre dévastée de Tankred Dorst, mis en scène par Dominique Pitoiset et Nadia Fabrizio et dans Penthésilée, à bout de souffle d’Heinrich von Kleist, mis en scène par Johannes von Matuschka. Il joue dans L’assommoir d’après Zola, mis en scène par David Czesienski au TnBA en janvier 2011. En octobre 2011, il joue dans Le village en flammes, de RW Fassbinder, mis en scène par Yann Dacosta au Volcan, scène nationale du Havre. Il signe sa première mise en scène avec Débris de Dennis Kelly en mars 2012 au TnBA. Il est l’un des fondateurs du collectif Os’O, collectif d’acteurs basé à Bordeaux. Timon/Titus en 2014. Bess Davies/Aricie Née de parents britanniques, elle grandit entre deux cultures et deux langues différentes. En 2005, elle passe deux ans à Paris aux conservatoires du 11 ème arrondissement et du centre de Paris. En 2007, elle intègre l'Ecole Supérieure de Théâtre de Bordeaux Aquitaine. Depuis sa sortie, elle a joué dans Merlin ou la terre dévastée de Tankred Dorst, mis en scène par Dominique Pitoiset, Penthésilée à bout de souffle, de Kleist mis en scène par Johannes von Matucshka, Don Quichotte, d'après Cervantès mis en scène par Laurent Rogero et Percolateur blues de F. Melquiot mis en scène par Augustin Mulliez. Avec le collectif Os'O qu'elle crée en 2011 avec 4 autres comédiens de sa promotion, elle joue dans L’assommoir d’après Zola, mis en scène par David Czesienski, dans Débris de Dennis Kelly mis en scène par Baptiste Girard en mars 2012 au TnBA, puis Il faut tuer sammy, mise en scène collective. En 2013, elle est assistante à la mise en scène sur Class enemy de Nigel Williams, mis en scène par Nuno Cardoso. Timon/Titus en 2014. Fréderic Guerbert/Thésée Il fait ses débuts de comédien à Paris. Arrivé à Bordeaux en 1993, il travaille avec la compagnie Gardel pendant cinq ans. Il fait la rencontre de Claude Clin, compositeur et pianiste en 2000 et commence une carrière de chanteur, en devenant l'auteur-interprète du duo "Deux Figurants". Depuis les années 2000, joue au cinéma et à la télévision dans des réalisations de Laure Duthilleul, Edouard Molinaro, Xabi Molia, Francis Girod... Joue au théâtre dans Les femmes savantes mis en scène par Jean-Luc Terrade de la compagnie Les marches de l'été, Le triptyque des voluptés mis en scène par JL Ollivier (compagnie Le Glob), Dracula ou la nonmort par Y. Blanloeil (cie Intérieur-nuit). Depuis 2013, joue dans le spectacle Faut voir de Didier Delahais mis en scène par Jean-Luc Terrade. Daniel Strugeon/Théramène ll se forme auprès de Y. Sevasticouglou, à l’École nationale du cirque A. Fratellini, Il rencontre Jean-Luc Terrade en 1983 qui l’a dirigé depuis dans une douzaine de spectacles ; il joue également pour Fabrice Dugied, Jean-Pierre Chérès, Louis Morand, Matthew Jocelyn, Véronique Widock, Olivier Maltinti, Pascale Bonnet. Il dirige des ateliers de formation théâtrale de 1990 à aujourd’hui. A joué le vicomte de Valmont dans Quartett de Heiner Müller, mise en scène de Jean-Luc Ollivier (2011/2012). En 2013, spectacle Faut voir de Didier Delahais mis en scène par Jean-Luc Terrade. Les petites boîtes, nouvelle création de JL Terrade en 2015. Maëlle Gozlan/Ismène Après son bac en 2005, se forme auprès des compagnies du Théâtre en miettes et des Marches de l'été. Joue dans Le prince en deux avec la compagnie Prométhée, Je suis sang des Marches de l'été, mis en scène par Babeth Fouquet, Les désapeurées mis en scène par Jérémy Chapelet. Conservatoire de Bordeaux de 2011 à 2013 où elle obtient son diplôme d'études théâtrales. En préparation d'un spectacle avec le Théâtre des Chimères. Alice Amanieu/Panope De 2005 à 2009, elle suit la formation "Temps d'm espace pour l'acteur" dirigée par Luc Faugère et les stages sur l'acteur de Boris Rabey et Robert Castle. Pianiste depuis son plus jeune âge, elle se forme en parallèle au chant auprès de Denise Laborde et Nadine Gabard et apprend l'accordéon en autodidacte.Depuis 2009, elle crée et tourne plusieurs spectacles de théâtre et musique au sein de la compagnie Betty Blues. Elle travaille avec la cie de l'Ane bleu dans "J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne" de Jean-luc Lagarce (2011-12), avec la cie Théâtr’action dans "La mort de Danton" de Georg Buchner (2013-14) et la cie Fenêtre sur (théâtre de prévention-2015). Compagnie le Glob/Jean-Luc Ollivier Après une période d’exploration de textes presque exclusivement contemporains (Pinter, Müller, Havel…), Jean-Luc Ollivier s’oriente à partir du spectacle La Couleur de l’Homme qui file (1995) vers des créations plus inclassables entremêlant théâtre, danse et arts plastiques. Des scénographies imposantes (Blouses en 2000), ou "déambulatoires" (Portraits d’avant la nuit en 2001) deviennent fondatrices de l’œuvre qui se crée. La démarche du metteur en scène rejoint celle d’un auteurconcepteur travaillant la matière-même du plateau ; importance des interprètes, de l’espace, de l’environnement sonore, de la mise en lumière, mais aussi participation des auteurs au processus global de création comme le firent Eugène Durif pour Blouses, Sophie Avon pour vers une géométrie sentimentale ou le bosnien Safet Plakalo pour La Chambre des Visions en 2003. Depuis 1999, la compagnie a noué des liens artistiques et humains forts avec le SARTR/Théâtre de guerre de Sarajevo, développant une collaboration qui s’est traduite par une mobilité des artistes et des œuvres. Echanges de spectacles, mais aussi coproductions comme pour La chambre des visions (Soba od visjie), spectacle franco-bosnien créé à Bordeaux puis en tournée en Bosnie-Herzégovine et en Slovénie en 2003. En 2006, le SARTR propose à JL. Ollivier de créer un spectacle dans le cadre du festival international MESS. Ce fut Oblacna Nebesa (Ciels sombres), repris dans le cadre de Novart à Bordeaux .Ce spectacle, inscrit au répertoire du SARTR, a tourné de 2006 à 2009 en Bosnie-Herzégovine. A partir de 2004, les créations de Jean-Luc Ollivier alternent les expériences, un spectacle de danse-lecture en collaboration avec Muriel Barra, Sous la Peau; les tableaux d'Alain Bergeon comme personnages du Triptyque des Voluptés; le musée imaginaire de DEDALEs (2009/2010). Dans un registre plus "conventionnel", il met en scène La Confession d'Abraham de Mohamed Kacimi en 2008. Création de Quartett de Heiner Müller en 2011/2012, suivi de Ce nuage à côté de toi de Florence Vanoli en 2013 et 2014. La compagnie le Glob développe, depuis sa création et dans une même dynamique, son activité de formation et de création sur le territoire aquitain. Chacune de ces deux orientations fonctionne en synergie l’une avec l’autre, la formation (Lycée Montesquieu/Bordeaux, Université Bordeaux III/Bordeaux) et son prolongement dans son activité de recherche artistique. Article du Sud-Ouest 27 janvier.ou À bout portant.nt « Soit un carré de 15 spectateurs de côté, au centre du carré, dans l’espace fort bien occupé par la mise en scène de Jean-Luc Ollivier, Racine régale et « Phèdre » est ardente. On conseillera aux spectateurs de laisser vêtements, accessoires et sacs au vestiaire car il y a peu de place. Qu’importe, c’est du théâtre à bout portant. Roxane Brumachon est une Phèdre à la chevelure auburn et aux yeux embués, elle ne fait pas semblant. C’est fort, radical, sans décor, violent. Inceste, alexandrins, grecs orgueilleux… Encore faut-il que ce soit réussi pour que personne ne bouge. DE BELLES PRÉSENCES. Le tournant de la compagnie Le Glob vers le texte, et d’abord le texte, est passé avec brio et haut le verbe. Frédéric Guerbert est très convaincant en Thésée, force de la nature qui se laisse emporter. Un Thésée convaincu qu’Hyppolyte, fils de son premier lit, a couché avec sa deuxième femme en son absence. Ce n’est pas que Phèdre ne voulait pas. Mais Hyppolyte est un de ces héros parfait que réclamait l’âge classique pour mieux en faire une victime. Cela finit donc très mal et avec des alexandrins, si c’est mal fait, c’est tellement dur qu’on s’en moque que cela finisse mal, pourvu que ça finisse. Ici non, on est vraiment effondré par cette tragédie qu’on n’a pas lâchée une seconde. Pas besoin de décor, à peine de costumes. Juste de belles présences sur ce petit espace du Studio de Création… Ne pas rater ce « Phèdre » comme si c’était votre voisine. 60 personnes, cela fait de trop maigres applaudissements pour un tel travail… Joël Raffier Extraits des articles écrits par les élèves de Madame Elvie Lario, du lycée Georges Leygue de Villeneuve/Lot, qui ont assistés à la première le 5 novembre 2015. C'est avec grand succès que cette mise en scène a su remettre au goût du jour ce grand classique du théâtre racinien. Tout d'abord, par le dispositif inhabituel de la "boîte noire" qui nous permet de faire partie du spectacle. Entre quatre murs, la pièce jouée en quadri-frontal nous englobe et nous fascine. Nous voyons les larmes briller dans les yeux de Phèdre et nous ressentons les moindres peines des acteurs, comme si elles étaient nôtres. Emma Une boîte noire, des costumes contemporains, Jean-Luc Ollivier, le metteur en scène, révolutionne la pièce tout en respectant le texte et les alexandrins raciniens. Le spectateur est dans la scène, à proximité des acteurs, il entre dans l'histoire... Auranne J'ai beaucoup aimé le choix des costumes: la pièce antique devient moderne grâce aux costumes, mais aussi grâce à d’autres inventions. Ainsi, l’idée de faire apparaître du sang et un corps sur scène est audacieuse ! La pièce était vraiment bien jouée : elle force l’admiration. Nous sortons de cette prison noire, laissant toutes ces morts, nos yeux se battent après tant de démesure tragique face à la lumière blanche... Elie Les acteurs jouent parfaitement leurs rôles, la mise en scène fait varier l'apparition des personnages et les alexandrins de Racine modulent à la perfection les émotions : au total, deux heures de spectacle et un moment de tragédie qu'on ne regrette pas. Alan Finalement, on peut dire que cette pièce est déroutante. Le personnage de Phèdre m'a énormément plu, ce qui est étonnant car habituellement la tragédie et l'excès ne me plaisent pas… Sarah Et nous, acteurs malgré nous, nous nous sommes presque oubliés le temps d'un instant et avons laissé place à nos émotions et à notre stupéfaction. Roxane Brumachon a été pour moi l'actrice la plus touchante de la pièce ! Sa souffrance, son amour, sa fatalité étaient ancrés en elle. Sa gestuelle, ses expressions, ses larmes : tout paraissait réel. Jusqu'aux cheveux roux, elle représentait Phèdre, fille du Soleil, dans toute sa splendeur. C'était beau, sobre et c'était captivant, touchant. Le corps d'Hippolyte est au sol recouvert d'un drap blanc plein de sang, Aricie pleure sa mort, Phèdre tombe empoisonnée, elle expire, Thésée est désemparé. Et c'est sous nos yeux ébahis que s'est finie cette tragédie. Manon Silencieux. Immobiles. Nous sommes conquis. Nous sommes acteurs. Phèdre, avec sa couleur de cheveux flamboyante nous subjugue. Roxane Brumachon interprète ce rôle avec beauté, elle illustre la souffrance de son personnage d'une manière extrême et sublime. Elle nous touche et nous tourmente. Aucune musique, aucun son, la parole triomphe, elle nous oblige à nous focaliser sur la force des mots, la beauté des alexandrins. Aurore Et pour finir, la dernière règle d’or à respecter : faire une mise en scène originale. Je vous avoue que j’avais des doutes quant à l’utilisation du concept de boîte noire. Puis petit à petit, je me suis rendu compte que ce système était vraiment stupéfiant. Nous sommes plongés dans l’histoire avec les acteurs pendant toute la pièce, on ne risque pas de s’ennuyer. Le dispositif scénique est prévu de façon à ce que les acteurs puissent rentrer sur scène par chaque angle de la boîte. De ce fait, chaque acteur sait nous surprendre par son entrée. Arthur Finalement, alors que l'on appréhendait cette réadaptation (décor simplifié à l’extrême, difficultés pour suivre les alexandrins et proximité avec les acteurs...), ces derniers ont su rythmer et faire vivre leur texte afin de ne pas tomber dans une musique monotone. Ce fut une première réussie ! Bravo à l'actrice jouant Phèdre ! Ses longs cheveux roux, “de feu”, ses expressions faciales et corporelles nous ont montré à quel point elle brûlait, elle, fille du soleil, et ceci, dans cette petite boîte noire trop petite pour supporter l'incendie qui la consumait... Grégoire La sobriété et la simplicité de la pièce laissent place à une sorte de mystère, sublimant les sentiments exaltés des personnages et la beauté des vers du texte classique. Jean-Luc Ollivier nous transmet à travers cette mise en scène sa passion et sa volonté de mettre en valeur la puissance et l’esthétique de la poésie racinienne. Juliette Malgré le défi pour les acteurs qui doivent porter le texte de Racine et pour les spectateurs qui sont obligés d’être concentrés durant deux heures, Jean-Luc Ollivier mais surtout ses acteurs arrivent à rendre cette pièce vivante et poignante. Une expérience qui sort de l’ordinaire, au plus près des acteurs, que l’on peut rarement voir jouer d’aussi près. Éblouissant ! Esther Dramaturgie: Vincent Taconet Costumes: Hervé Poeydomenge Construction de la boîte noire: Jean-Luc Petit Chargé de production: jean-Yves Deman Scénographie et mise en scène: Jean-Luc Ollivier Compagnie LE GLOB / Jean-Luc Ollivier 06 72 57 44 20/[email protected]/www.cie-leglob.fr Coproduction Théâtre G. Leygues de Villeneuve/Lot, Office Artistique de la Région Aquitaine, Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel, DRAC Aquitaine. Avec le soutien du Théâtre National Bordeaux Aquitaine et du centre Simone Signoret de Canéjan, les lycées Georges Leygue de Villeneuve/Lot, Saint Exupéry de Parentis, et Montesquieu de Bordeaux. La compagnie LE GLOB/Jean-Luc Ollivier est subventionnée par la DRAC Aquitaine, le Conseil Général de la Gironde et le Conseil Régional d’Aquitaine Photos : Guy Labadens. Théâtre National de Bordeaux Aquitaine. Janvier 2016