phèdre - Cie Le Glob

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Compagnie le Glob/Jean-Luc Ollivier
PHÈDRE
Jean Racine
Saisons 2015/2016/2017
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue.
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler,
Je sentis tout mon corps et transir, et brûler.
Note d'intention.
Le choix de Phèdre trouve sa source dans l'histoire de la compagnie et un tournant
artistique assez radical sur ce qui pouvait inspirer la création.
Après plusieurs années de recherches d'écritures scéniques ne s'appuyant pas sur
un texte initial, j'ai entamé avec Quartett de Heiner Müller (2011) un cycle de
créations où la parole devient l'enjeu même de ce qui se joue. Des textes denses, à
la frontière du théâtre et de la poésie, comme dans Ce nuage à côté de toi de
Florence Vanoli (2013), où déjà se posait la question du désir vécu comme une
presque malédiction. Avec Phèdre, l'écriture dans sa forme remarquable,
l’alexandrin, est bien évidemment la matière même du spectacle, sa beauté
originelle. Et ce qui noue ici le lien tragique est bien la parole. Les aveux parallèles de
Phèdre et d'Hippolyte embrasent les corps et précipitent les évènements vers
l'inévitable issue. La tragédie racinienne est particulièrement spectaculaire car elle
joue sur l'explosive tension entre une forme très écrite, l'alexandrin aux contraintes
fortes, une langue sublime dont il faut respecter les lois, et des sentiments
exacerbés, les pulsions sauvages et meurtrières qui traversent les corps.
Car se pose bien sûr, essentiellement, la question de l'incarnation. Toute la
recherche de plateau est animée par cette question fondamentale. Comment cette
langue peut-elle prendre possession des corps pour les faire s'entrechoquer dans
l'énergie de la passion?
Et comment faire pour qu'aujourd'hui encore on puisse être bouleversé par cette
histoire?
Car ce n'est pas vrai, Racine n'est pas moderne, sa langue n'est plus la nôtre, mais
une langue étrange par laquelle il faut se laisser prendre. Et que faire de ce monde
peuplé de dieux et de monstres? Racine n'est pas notre contemporain et tant
mieux. La distance qui nous sépare de cette écriture est aussi une part importante,
essentielle, de sa beauté, et chercher les moyens de la rencontre, ici et maintenant,
est un des enjeux de cette aventure.
Je ne monte pas ce texte pour dire quoi que ce soit du monde tel qu'il va. Pas de
message caché. Je le monte en quête de sa beauté, qui ne peut se révéler
pleinement que sur la scène, dans le temps réel et incandescent du théâtre, porté
par les voix et les corps des comédiens. C'est écrit pour ça, Phèdre n'appartient à la
littérature qu'en tant que formidable livret à donner à des acteurs. C'est d'abord
cette recherche qui me passionne, qui est l'essence même du théâtre, pour la
beauté du geste, pour la poésie, avec au bout du chemin la rencontre décisive avec
les spectateurs. Là où l'expérience prend sens.
Jean-Luc Ollivier
Jean-Luc Ollivier
Elle a vingt ans. Elle entre. Elle est au comble de la faiblesse.
Elle parle, elle ne pense pas ce qu'elle dit. Oenone la pousse en avant,
alors elle marche en tous sens, les yeux fermés, très serrés.
Elle ne veut pas voir.
Oenone lui ordonne de mourir car elle sait,
Phèdre en tout cas croit qu'elle sait tout d'avance.
Dans la tragédie, même si les personnages ne savent rien,
le poète sait pour eux et anticipe et distribue
dans le texte les mots annonciateurs.
Tout est dit au début, et il faut être fou,
aveugle ou sourd,
aveugle et sourd,
pour ne pas comprendre.
Mais justement ils sont fous,
aveugles et sourds.
Antoine Vitez
« La boîte noire »
C’est le dispositif de représentation de Phèdre, constitué d’un espace de huit mètres sur huit, fait de cloisons en voilages noirs. Cette installation, autonome
techniquement, peut se poser dans n’importe quel espace (Hall, gymnase, salle des fêtes…). Des bancs accueillent les spectateurs, dans une disposition quadri-frontale
proche de l'espace d'un ring (elle était bi-frontale pour Quartett). La lumière, la transparence des voilages, fait de ce dispositif une véritable boîte à images, au plus près
des regards.
Générale de PHEDRE. Théâtre National de Bordeaux Aquitaine. 25 janvier 2016. Photo : Guy Labadens
Cette expérience scénographique a montré à quel point la très grande proximité entre acteurs et spectateurs créait une situation particulièrement intense, vécue par les
spectateurs comme une expérience forte. Le choix de Phèdre est dans la continuité de cette expérience première, par sa démesure même. La tragédie se joue au plus
près, et le spectateur est traversé par l’énergie du plateau, le souffle de l’acte théâtral, la densité des corps.
Théâtre pour tous
Phèdre prolonge l'expérience du dispositif scénographique dit de « la boîte noire »
inauguré par Quartett et qui a montré son potentiel dans le rapport qu’il créait entre
acteurs et spectateurs. Nous souhaitons utiliser à nouveau cette installation en
exploitant plus encore ses possibilités nomades, en allant dans les lieux où,
techniquement, il est difficile de recevoir des spectacles.
Phèdre au lycée
La compagnie travaille depuis des années dans le secteur du théâtre-éducation. Elle est
en charge des classes théâtre du lycée Montesquieu et intervient à l’université Bordeaux
III en « Arts du spectacle ». Ce travail de la transmission, d’un nécessaire contact avec
les jeunes, est depuis sa création au cœur de sa démarche. Pour Phèdre, nous
souhaitons mettre sur pied une tournée des lycées, en installant dans les établissements
notre dispositif, en mettant en place un programme de rencontres et d’échanges, en
amont et en aval de la représentation. Quartett avait ainsi été créé en résidence au lycée
G. Leygues de Villeneuve/Lot, et l’expérience, pour les lycéens et leurs professeurs,
comme pour nous, avait été enthousiasmante.
Hors la ville
Il en va de même pour les petites villes ou villages ne disposant pas d’un plateau de
théâtre apte à accueillir des productions professionnelles habituelles avec des exigences
techniques de plus en plus lourdes. L’installation de la boîte noire se fait dans la journée
et son système d’éclairage est pensé pour ne nécessiter qu’une installation électrique
simple (cette « simplicité » n’est pas pour nous un rabotage d’ambition, mais au
contraire une source d’inventivité et d’originalité. Ainsi, Quartett n'était éclairé que par
les films que projetaient trois vidéoprojecteurs, et le résultat était d’une très grande
beauté formelle). Pour ces raisons d’ordre technique, beaucoup de communes se
privent d’un répertoire plus « ambitieux », voilà une occasion pour nous, avec ce
dispositif, de prolonger l’action d’un théâtre populaire dans le sens de l'exigence voulu
par ses inventeurs, d’en défendre l’esprit, et de s’en donner les moyens.
Des acteurs
Roxane Brumachon/Phèdre
Née le 11 novembre 1987, Roxane entre au Conservatoire de Théâtre de
Bordeaux où elle reste deux ans, après avoir obtenu un baccalauréat
littéraire option théâtre à Nantes. Elle intègre ensuite l’ESTBA en 2007 et
achève sa formation en juin 2010, jouant Merlin ou la terre dévastée, de
Tankred Dorst, mis en scène par Dominique Pitoiset et Penthésilée à bout
de souffle d’après Kleist, mis en scène par Johannes VonMatuschka. Dans
la foulée, elle fonde Le Collectif Os’O avec quatre autres jeunes comédiens
passionnés. Le groupe monte rapidement ses premiers projets et Roxane
participe à la création de Il faut tuer Sammy 2011 de Ahmed Madani puis
de Timon /Titus 2014 en collaboration avec le metteur en scène allemand
David Czesienski.
Elle joue et met en scène Baba écrit par Adrien Cornaggia, auteur
dramatique de l’ENSATT, puis dirige les comédiens et collabore à la mise
en scène de Percolateur blues Fabrice Melquiot pour la compagnie Le
Dernier Strapontin. Avec Catherine Riboli, elle joue dans As you like it de
Shakespeare en 2010/2013, puis Sganarelle d'après Molière en 2013. Elle
débute sa collaboration en 2013 avec la compagnie le Glob/Jean-Luc
Ollivier en interprétant Ce nuage à côté de toi de Florence Vanoli. En 2014,
Elle tourne pour FR3, puis France 2, dans 2 téléfilms au coté de Patrick
Chesnais, puis Jean François Balmer.
Martine Amanieu/Oenone
Comédienne autodidacte, elle a participé aux créations de la Cie Lubat, la Cie
des Labyrinthes, la Cie Apsaras, la Cie Marie Céline, avant de créer la Cie de
l’âne bleu. Suivent alors des créations où elle est tour à tour ou en même temps
metteur en scène et comédienne. Les spectacles les plus marquants: Pour voix
seule, monologue travaillé à partir d’une nouvelle de Suzanna Tamaro, crée en
1999 à la Boîte à jouer à Bordeaux, repris en 2013 au festival d’Avignon et joué
régulièrement dans toute la France. Ma Supplication extrait du livre de Svetlana
Alexievitch "La Supplication, Tchernobyl ou l’apocalypse" créée en 2002;
L’amante anglaise et Moderato cantabile de Marguerite Duras joués en
Aquitaine, Auvergne, entre 2003 et 2010. Le funambule de Jean Genêt créé en
2005 et tourné entre 2006 et 2009. Des souris et des hommes de John
Steinbeck (2007- 2009). Vies, sur Arthur Rimbaud, création 2010, J’étais dans
ma maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean Luc Lagarce où elle joue la
Mère. Propose des Lectures partagées avec des musiciens (Bernard Lubat,
François Corneloup, Marc Perrone, Julie Laderach, Fabrice Viera). Participe aux
créations d’autres compagnies pour Novart 2010 dirigée par Monique Garcia sur
un texte de F. Melquiot ; pour le festival de Blaye 2013 une présentation de
Mélancholia 2 de J. Fosse dirigée par Jean Luc Terrade.
Baptiste Girard/Hippolyte
Après un Bac option théâtre, il entre au conservatoire de
Rouen dans la classe de Maurice Attias. En 2007, il intègre
l’Ecole Supérieure de Théâtre de Bordeaux Aquitaine
(ESTBA). Il travaille avec Anton Kouznetsov, Eric Louis,
Catherine Marnas, Jacques Vincey, Brigitte Jaques, Marc
Paquien, Denis Marleau, Nuno Cardoso, Johannes von
Matuschka. A sa sortie en 2010, il joue Perceval dans
Merlin ou la terre dévastée de Tankred Dorst, mis en scène
par Dominique Pitoiset et Nadia Fabrizio et dans
Penthésilée, à bout de souffle d’Heinrich von Kleist, mis en
scène par Johannes von Matuschka. Il joue dans
L’assommoir d’après Zola, mis en scène par David
Czesienski au TnBA en janvier 2011. En octobre 2011, il
joue dans Le village en flammes, de RW Fassbinder, mis
en scène par Yann Dacosta au Volcan, scène nationale du
Havre. Il signe sa première mise en scène avec Débris de
Dennis Kelly en mars 2012 au TnBA. Il est l’un des
fondateurs du collectif Os’O, collectif d’acteurs basé à
Bordeaux. Timon/Titus en 2014.
Bess Davies/Aricie
Née de parents britanniques, elle grandit entre deux cultures et deux
langues différentes. En 2005, elle passe deux ans à Paris aux
conservatoires du 11 ème arrondissement et du centre de Paris. En
2007, elle intègre l'Ecole Supérieure de Théâtre de Bordeaux
Aquitaine. Depuis sa sortie, elle a joué dans Merlin ou la terre dévastée
de Tankred Dorst, mis en scène par Dominique Pitoiset, Penthésilée à
bout de souffle, de Kleist mis en scène par Johannes von Matucshka,
Don Quichotte, d'après Cervantès mis en scène par Laurent Rogero
et Percolateur blues de F. Melquiot mis en scène par Augustin Mulliez.
Avec le collectif Os'O qu'elle crée en 2011 avec 4 autres comédiens
de sa promotion, elle joue dans L’assommoir d’après Zola, mis en
scène par David Czesienski, dans Débris de Dennis Kelly mis en scène
par Baptiste Girard en mars 2012 au TnBA, puis Il faut tuer sammy,
mise en scène collective. En 2013, elle est assistante à la mise en
scène sur Class enemy de Nigel Williams, mis en scène par Nuno
Cardoso. Timon/Titus en 2014.
Fréderic Guerbert/Thésée
Il fait ses débuts de comédien à Paris. Arrivé à
Bordeaux en 1993, il travaille avec la compagnie
Gardel pendant cinq ans. Il fait la rencontre de
Claude Clin, compositeur et pianiste en 2000 et
commence une carrière de chanteur, en devenant
l'auteur-interprète du duo "Deux Figurants". Depuis
les années 2000, joue au cinéma et à la télévision
dans des réalisations de Laure Duthilleul, Edouard
Molinaro, Xabi Molia, Francis Girod... Joue au
théâtre dans Les femmes savantes mis en scène par
Jean-Luc Terrade de la compagnie Les marches de
l'été, Le triptyque des voluptés mis en scène par JL
Ollivier (compagnie Le Glob), Dracula ou la nonmort par Y. Blanloeil (cie Intérieur-nuit). Depuis 2013,
joue dans le spectacle Faut voir de Didier Delahais
mis en scène par Jean-Luc Terrade.
Daniel Strugeon/Théramène
ll se forme auprès de Y. Sevasticouglou, à l’École nationale du cirque A. Fratellini, Il rencontre Jean-Luc Terrade en 1983 qui l’a
dirigé depuis dans une douzaine de spectacles ; il joue également pour Fabrice Dugied, Jean-Pierre Chérès, Louis Morand, Matthew
Jocelyn, Véronique Widock, Olivier Maltinti, Pascale Bonnet. Il dirige des ateliers de formation théâtrale de 1990 à aujourd’hui. A joué
le vicomte de Valmont dans Quartett de Heiner Müller, mise en scène de Jean-Luc Ollivier (2011/2012). En 2013, spectacle Faut
voir de Didier Delahais mis en scène par Jean-Luc Terrade. Les petites boîtes, nouvelle création de JL Terrade en 2015.
Maëlle Gozlan/Ismène
Après son bac en 2005, se forme auprès des
compagnies du Théâtre en miettes et des Marches
de l'été. Joue dans Le prince en deux avec la
compagnie Prométhée, Je suis sang des Marches
de l'été, mis en scène par Babeth Fouquet, Les
désapeurées mis en scène par Jérémy Chapelet.
Conservatoire de Bordeaux de 2011 à 2013 où elle
obtient son diplôme d'études théâtrales. En
préparation d'un spectacle avec le Théâtre des
Chimères.
Alice Amanieu/Panope
De 2005 à 2009, elle suit la formation "Temps d'm espace pour l'acteur" dirigée par
Luc Faugère et les stages sur l'acteur de Boris Rabey et Robert Castle. Pianiste
depuis son plus jeune âge, elle se forme en parallèle au chant auprès de Denise
Laborde et Nadine Gabard et apprend l'accordéon en autodidacte.Depuis 2009,
elle crée et tourne plusieurs spectacles de théâtre et musique au sein de la
compagnie Betty Blues. Elle travaille avec la cie de l'Ane bleu dans "J'étais dans ma
maison et j'attendais que la pluie vienne" de Jean-luc Lagarce (2011-12), avec la cie
Théâtr’action dans "La mort de Danton" de Georg Buchner (2013-14) et la cie
Fenêtre sur (théâtre de prévention-2015).
Compagnie le Glob/Jean-Luc Ollivier
Après une période d’exploration de textes presque exclusivement contemporains (Pinter, Müller,
Havel…), Jean-Luc Ollivier s’oriente à partir du spectacle La Couleur de l’Homme qui file (1995) vers
des créations plus inclassables entremêlant théâtre, danse et arts plastiques. Des scénographies
imposantes (Blouses en 2000), ou "déambulatoires" (Portraits d’avant la nuit en 2001) deviennent
fondatrices de l’œuvre qui se crée. La démarche du metteur en scène rejoint celle d’un auteurconcepteur travaillant la matière-même du plateau ; importance des interprètes, de l’espace, de
l’environnement sonore, de la mise en lumière, mais aussi participation des auteurs au processus
global de création comme le firent Eugène Durif pour Blouses, Sophie Avon pour vers une
géométrie sentimentale ou le bosnien Safet Plakalo pour La Chambre des Visions en 2003. Depuis
1999, la compagnie a noué des liens artistiques et humains forts avec le SARTR/Théâtre de guerre
de Sarajevo, développant une collaboration qui s’est traduite par une mobilité des artistes et des
œuvres. Echanges de spectacles, mais aussi coproductions comme pour La chambre des visions
(Soba od visjie), spectacle franco-bosnien créé à Bordeaux puis en tournée en Bosnie-Herzégovine
et en Slovénie en 2003. En 2006, le SARTR propose à JL. Ollivier de créer un spectacle dans le
cadre du festival international MESS. Ce fut Oblacna Nebesa (Ciels sombres), repris dans le cadre
de Novart à Bordeaux .Ce spectacle, inscrit au répertoire du SARTR, a tourné de 2006 à 2009 en
Bosnie-Herzégovine.
A partir de 2004, les créations de Jean-Luc Ollivier alternent les expériences, un spectacle de
danse-lecture en collaboration avec Muriel Barra, Sous la Peau; les tableaux d'Alain Bergeon
comme personnages du Triptyque des Voluptés; le musée imaginaire de DEDALEs (2009/2010).
Dans un registre plus "conventionnel", il met en scène La Confession d'Abraham de Mohamed
Kacimi en 2008.
Création de Quartett de Heiner Müller en 2011/2012, suivi de Ce nuage à côté de toi de Florence
Vanoli en 2013 et 2014.
La compagnie le Glob développe, depuis sa création et dans une même dynamique, son activité de
formation et de création sur le territoire aquitain. Chacune de ces deux orientations fonctionne en
synergie l’une avec l’autre, la formation (Lycée Montesquieu/Bordeaux, Université Bordeaux
III/Bordeaux) et son prolongement dans son activité de recherche artistique.
Article du Sud-Ouest 27 janvier.ou
À bout portant.nt «
Soit un carré de 15 spectateurs de côté, au centre du carré, dans
l’espace fort bien occupé par la mise en scène de Jean-Luc Ollivier,
Racine régale et « Phèdre » est ardente. On conseillera aux spectateurs
de laisser vêtements, accessoires et sacs au vestiaire car il y a peu de
place. Qu’importe, c’est du théâtre à bout portant. Roxane Brumachon
est une Phèdre à la chevelure auburn et aux yeux embués, elle ne fait pas
semblant. C’est fort, radical, sans décor, violent. Inceste, alexandrins,
grecs orgueilleux… Encore faut-il que ce soit réussi pour que personne ne
bouge.
DE BELLES PRÉSENCES. Le tournant de la compagnie Le Glob vers le
texte, et d’abord le texte, est passé avec brio et haut le verbe. Frédéric
Guerbert est très convaincant en Thésée, force de la nature qui se laisse
emporter. Un Thésée convaincu qu’Hyppolyte, fils de son premier lit, a
couché avec sa deuxième femme en son absence. Ce n’est pas que
Phèdre ne voulait pas. Mais Hyppolyte est un de ces héros parfait que
réclamait l’âge classique pour mieux en faire une victime. Cela finit donc
très mal et avec des alexandrins, si c’est mal fait, c’est tellement dur
qu’on s’en moque que cela finisse mal, pourvu que ça finisse. Ici non, on
est vraiment effondré par cette tragédie qu’on n’a pas lâchée une
seconde. Pas besoin de décor, à peine de costumes. Juste de belles
présences sur ce petit espace du Studio de Création… Ne pas rater ce «
Phèdre » comme si c’était votre voisine. 60 personnes, cela fait de trop
maigres applaudissements pour un tel travail…
Joël Raffier
Extraits des articles écrits par les élèves de Madame Elvie Lario, du lycée Georges Leygue de Villeneuve/Lot, qui ont assistés à la première le 5 novembre 2015.
C'est avec grand succès que cette mise en scène a su remettre au goût du jour ce grand classique du théâtre racinien. Tout d'abord, par le dispositif inhabituel de la
"boîte noire" qui nous permet de faire partie du spectacle. Entre quatre murs, la pièce jouée en quadri-frontal nous englobe et nous fascine. Nous voyons les larmes
briller dans les yeux de Phèdre et nous ressentons les moindres peines des acteurs, comme si elles étaient nôtres.
Emma
Une boîte noire, des costumes contemporains, Jean-Luc Ollivier, le metteur en scène, révolutionne la pièce tout en respectant le texte et les alexandrins raciniens. Le
spectateur est dans la scène, à proximité des acteurs, il entre dans l'histoire...
Auranne
J'ai beaucoup aimé le choix des costumes: la pièce antique devient moderne grâce aux costumes, mais aussi grâce à d’autres inventions. Ainsi, l’idée de faire
apparaître du sang et un corps sur scène est audacieuse ! La pièce était vraiment bien jouée : elle force l’admiration. Nous sortons de cette prison noire, laissant toutes
ces morts, nos yeux se battent après tant de démesure tragique face à la lumière blanche...
Elie
Les acteurs jouent parfaitement leurs rôles, la mise en scène fait varier l'apparition des personnages et les alexandrins de Racine modulent à la perfection les
émotions : au total, deux heures de spectacle et un moment de tragédie qu'on ne regrette pas.
Alan
Finalement, on peut dire que cette pièce est déroutante. Le personnage de Phèdre m'a énormément plu, ce qui est étonnant car habituellement la tragédie et l'excès
ne me plaisent pas…
Sarah
Et nous, acteurs malgré nous, nous nous sommes presque oubliés le temps d'un instant et avons laissé place à nos émotions et à notre stupéfaction. Roxane
Brumachon a été pour moi l'actrice la plus touchante de la pièce ! Sa souffrance, son amour, sa fatalité étaient ancrés en elle. Sa gestuelle, ses expressions, ses
larmes : tout paraissait réel. Jusqu'aux cheveux roux, elle représentait Phèdre, fille du Soleil, dans toute sa splendeur. C'était beau, sobre et c'était captivant,
touchant. Le corps d'Hippolyte est au sol recouvert d'un drap blanc plein de sang, Aricie pleure sa mort, Phèdre tombe empoisonnée, elle expire, Thésée est
désemparé. Et c'est sous nos yeux ébahis que s'est finie cette tragédie.
Manon
Silencieux. Immobiles. Nous sommes conquis. Nous sommes acteurs. Phèdre, avec sa couleur de cheveux flamboyante nous subjugue. Roxane Brumachon interprète
ce rôle avec beauté, elle illustre la souffrance de son personnage d'une manière extrême et sublime. Elle nous touche et nous tourmente. Aucune musique, aucun son,
la parole triomphe, elle nous oblige à nous focaliser sur la force des mots, la beauté des alexandrins.
Aurore
Et pour finir, la dernière règle d’or à respecter : faire une mise en scène originale. Je vous avoue que j’avais des doutes quant à l’utilisation du concept de boîte noire.
Puis petit à petit, je me suis rendu compte que ce système était vraiment stupéfiant. Nous sommes plongés dans l’histoire avec les acteurs pendant toute la pièce, on
ne risque pas de s’ennuyer. Le dispositif scénique est prévu de façon à ce que les acteurs puissent rentrer sur scène par chaque angle de la boîte. De ce fait, chaque
acteur sait nous surprendre par son entrée.
Arthur
Finalement, alors que l'on appréhendait cette réadaptation (décor simplifié à l’extrême, difficultés pour suivre les alexandrins et proximité avec les acteurs...), ces
derniers ont su rythmer et faire vivre leur texte afin de ne pas tomber dans une musique monotone. Ce fut une première réussie ! Bravo à l'actrice jouant Phèdre ! Ses
longs cheveux roux, “de feu”, ses expressions faciales et corporelles nous ont montré à quel point elle brûlait, elle, fille du soleil, et ceci, dans cette petite boîte noire
trop petite pour supporter l'incendie qui la consumait...
Grégoire
La sobriété et la simplicité de la pièce laissent place à une sorte de mystère, sublimant les sentiments exaltés des personnages et la beauté des vers du texte classique.
Jean-Luc Ollivier nous transmet à travers cette mise en scène sa passion et sa volonté de mettre en valeur la puissance et l’esthétique de la poésie racinienne.
Juliette
Malgré le défi pour les acteurs qui doivent porter le texte de Racine et pour les spectateurs qui sont obligés d’être concentrés durant deux heures, Jean-Luc Ollivier
mais surtout ses acteurs arrivent à rendre cette pièce vivante et poignante. Une expérience qui sort de l’ordinaire, au plus près des acteurs, que l’on peut rarement voir
jouer d’aussi près. Éblouissant !
Esther
Dramaturgie: Vincent Taconet
Costumes: Hervé Poeydomenge
Construction de la boîte noire: Jean-Luc Petit
Chargé de production: jean-Yves Deman
Scénographie et mise en scène: Jean-Luc Ollivier
Compagnie LE GLOB /
Jean-Luc Ollivier
06 72 57 44 20/[email protected]/www.cie-leglob.fr
Coproduction Théâtre G. Leygues de Villeneuve/Lot, Office Artistique de la Région Aquitaine,
Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel, DRAC Aquitaine.
Avec le soutien du Théâtre National Bordeaux Aquitaine et du centre Simone Signoret de
Canéjan, les lycées Georges Leygue de Villeneuve/Lot, Saint Exupéry de Parentis, et
Montesquieu de Bordeaux.
La compagnie LE GLOB/Jean-Luc Ollivier est subventionnée par la DRAC Aquitaine, le
Conseil Général de la Gironde et le Conseil Régional d’Aquitaine
Photos : Guy Labadens. Théâtre National de Bordeaux Aquitaine. Janvier 2016
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