Dossier de presse - Théâtre Prospero

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DOSSIER DE PRESSE
et Pétrus présentent
de Martin Crimp
Traduction Guillaume Corbeil
Mise en scène Jérémie Niel
Avec Delphine Bienvenu, Victoria Diamond, Justin Laramée
Du 4 au 22 octobre 2016
SOMMAIRE
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
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CRÉDITS
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NOTES D’INTENTION DE JÉRÉMIE NIEL
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MARTIN CRIMP
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ENTRETIEN AVEC MARTIN CRIMP BIBLIOGRAPHIE
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EXTRAIT Page 9
ÉQUIPE DE CRÉATION
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Communiqué pour diffusion immédiate
et Pétrus présentent
LA CAMPAGNE
de Martin Crimp
Un thriller. Des non-dits, des doutes, des mystères.
Présenter ce texte de Martin Crimp, c’est l’occasion pour La Veillée d’explorer pour une première fois cet
auteur majeur de la dramaturgie contemporaine, parmi les plus joués dans le monde, de faire entendre la
virtuosité et l’extrême précision de ses dialogues qui entremêlent si bien humour et cruauté. Pour Jérémie
Niel et la compagnie Pétrus, c’est la chance de recréer de manière nouvelle ce texte présenté dans une
première version, il y a maintenant dix ans.
La campagne de Crimp est intranquille, houleuse, inconfortable, la vérité y est insaisissable,
dissimulée dans les nons-dits, le mystère et les violences masquées. Tout l’envers de la paix et
du calme que son titre laisse présager. C’est en quelque sorte un voyage au bout de la nuit.
Résumé de l’action
Corinne et son époux Richard ont emménagé loin de la ville, pour échapper à un passé dérangeant
qu’ils cernent mal. Puis surgit au coeur de la nuit, une jeune inconnue, Rebecca, dont l’étrange présence
lézarde leur monde fragile. Tous trois se regardent, mais ne se voient pas ; leurs yeux ne se pénètrent
pas, ils glissent sur les surfaces. Les personnages mentent l’un à l’autre, ils se mentent à eux-mêmes.
Pourtant les fissurent, les écueils se font bien sentir. Et dans la pénombre : des seringues, un châle,
une sacoche. Puis des souliers, une roche, des enfants qui ne se doutent de rien et des malades qui
meurent de solitude. Et ça craque tout autour, et il vente dehors, dans une nuit poisseuse qui n’en finit
plus. Et au matin, un pâle soleil s’élève ; mais il laisse encore place à la simulation. Parce que c’est
justement ce dont il s’agit, se cacher, simuler, simuler l’amour, le bonheur, et s’y accrocher comme
un héroïnomane à sa dose, sourd au monde qui gronde.
L’AUTEUR / MARTIN CRIMP
Crimp naît à Dartford, dans le Kent, en 1956. Figure essentielle du théâtre postdramatique en Angleterre,
il n’a cessé de questionner la forme afin de redonner au théâtre une place dans un monde qui semblait
ne plus lui en laisser. Ses textes sont une métaphore de l’errance existentielle des personnages et
le langage est leclieu où ceux-ci se disent, s’inventent et se rendent réels. C’est également le lieu du
pouvoir et de la menace, ce qui n’est pas sans rappeler l’univers de Harold Pinter. Parmi ses œuvres,
notons Le traitement, Atteintes à sa vie, Face au mur, Getting attention, Into the little hill, La Ville, Dans
la république du bonheur.
Source : Encyclopaedia Universalis
1
LA CAMPAGNE de Martin Crimp
L’Arche est agent théâtral du texte représenté
arche.editeur.com
ÉQUIPE de CRÉATION
TRADUCTION
Guillaume Corbeil
Mise en scène
Jérémie Niel
Avec
Delphine Bienvenu
Victoria Diamond
Justin Laramée
Éclairages
Régis Guyonnet
Conception sonore
Francis Rossignol
Soutien à la scénographie
Simon Guilbault
Vidéo
Jérémie Battaglia
Œil extérieur
Catherine Vidal
Costumes
Fruzsina Lanyi
Assistant à la mise en scène
Jonathan Riverin
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LE MOT DE JÉRÉMIE NIEL
La campagne n’est pas paisible, elle est bruyante, elle grouille. Les hommes et les bêtes rodent,
les yeux grand ouverts, tournent autour de cette grange reconvertie en maison et isolée du monde,
qui n’attire que les fantômes. La campagne est un long cauchemar, un voyage au bout de la nuit
que seuls la nature, le soleil pourront adoucir.
Dans ce monde menaçant, doit-on être vrai et asocial (et partir en courant), ou bien hypocrite et
jouer le jeu social (pour faire société avec les autres personnages) ? Corinne, Richard et Rebecca
ont fait le choix du jeu. Mais ils connaissent mal ses règles. Ou plutôt, ils ne parviennent pas à
bien les appliquer. Alors ils ne jouent pas, ils mentent. Ils mentent à l’autre, ils se mentent à euxmêmes. Ils ne jouent pas, ils simulent, ils simulent l’amour, le bonheur. Simulation et mensonge
s’articulent dans La campagne pour parler en même temps de l’être social que nous sommes et
de la question de la théâtralité, sur scène comme dans la vie.
Les conventions des relations sociales, la difficulté, voire l’impossibilité que pose le devoir de les
respecter, la notion de solitude inhérente à l’appréhension du monde, de soi et de l’autre... Ces
thèmes se contractent dans un huis clos étouffant où les émotions contenues et chuchotées sont
somatisées plutôt qu’exprimées.
Les paroles de Corinne, Richard et Rebecca surgissent de leurs entrailles, elles sont compulsives,
elles se posent dans l’oreille du spectateur comme un dernier souffle, elles sont une caresse qui
cherche à occuper le silence, assourdissant et envahissant. Les mots de Crimp, traduits par
Guillaume Corbeil dans une langue orale et sèche qui rend hommage au texte d’origine, décrivent
la surface, mais ils ne cessent de prendre les couleurs des bas-fonds. Par eux, fissures, on voit
plus bas, et ce n’est pas toujours beau.
Un espoir ? L’espoir est dans l’art, la littérature, dans cette écriture d’une construction troublante
de précision. L’espoir est dans l’humour que portent malgré eux ces personnages perdus. L’espoir
est aussi dans la nature qu’on voit par la fenêtre, cette nature qui nous appelle. La campagne est
une pièce romantique. La contemplation, la fuite vers l’ailleurs, cette pulsion vers l’inaccessible
géographique ou métaphysique ; ces thèmes sont centraux, en contraste avec l’enfermement
que vivent les personnages. Là-bas se rejoignent ce qu’on ne peut trouver ici : le fantasme, le
bonheur – l’utopie finalement. Là-bas, assis sur une pierre, au bout de la trail, on peut admirer la
campagne, et les humains s’y débattre, on peut aussi regarder le ciel et respirer. Romantique, je
vous dis…
3
Martin Crimp
Repères biographiques
Martin Crimp naît à Dartford, dans le Kent, le 14 février 1956.
Sa mère est femme au foyer et son père ingénieur pour la
British Rail Cie. À cause de l’emploi du père, la famille se
voit contrainte à déménager souvent au cours de l’enfance
de Martin, ce qui ne l’empêche pas d’être très doué à l’école.
Il se démarque rapidement, particulièrement en langues, en
musique et en littérature anglaise. C’est d’ailleurs au collège
qu’il écrit Clang (s.d.), sa première pièce, ainsi que deux
recueils de nouvelles: An Anatomy (1978) et Still Early Days
(1978). Toutefois, il ne se met véritablement au théâtre qu’à
partir des années 1980.
Les six premières pièces de Martin Crimp – Living Remains (1982), Four Attempted Acts (1984), A
Variety of Death-Defying Acts (1985), Definitely the Bahamas (1987), Dealing with Claire (1988) et
Play with Repeats (1989) – sont créées à l’Orange Tree Theater de Richmond, un théâtre d’avantgarde qui s’inscrit dans la pensée alternative du début des années 1970. Parallèlement, Crimp
écrit plusieurs pièces pour la radio dont certaines seront adaptées pour la scène, comme Four
Attempted Acts. Plusieurs critiques estiment d’ailleurs que l’expérience de Crimp comme auteur
radiophonique influence son écriture de manière fondamentale et expliquerait que son théâtre
en soit un de « voix ». Ce « théâtre de voix » se caractériserait entre autres, et comme c’est le
cas dans Atteintes à sa vie, par exemple, et dans la deuxième partie de Dans la République du
bonheur, par une absence de distribution.
En 1990, l’auteur reçoit une bourse du Conseil des Arts de la Grande-Bretagne et sa pièce No
One Sees The Video est montée au Royal Court Theater de Londres. L’année suivante, il est
invité comme auteur en résidence au New Dramatists de New York et y écrit Getting Attention
et The Treatment, une de ses pièces les plus marquantes et pour laquelle il reçoit, en 1993, le
prix John Whiting. En 1997, alors qu’il est auteur en résidence au Royal Court Theater, Crimp
écrit Attempts on her Life, pièce que plusieurs considèrent comme son chef-d’œuvre. Sa carrière
atteint alors un sommet. Sa réputation traverse la Manche et rejoint le continent où il est traduit
et monté, particulièrement en France et en Allemagne.
Depuis lors, on lui doit The Country (2000), Face to the Wall (2002), Cruel and Tender (2004),
Fewer Emergencies (2005) et The City (2008). Écrite en 2012, In The Republic of Happiness est
sa dernière pièce.
Martin Crimp est considéré comme un des auteurs les plus novateurs de sa génération. Figure
essentielle du théâtre postdramatique en Angleterre, il n’a cessé de questionner la forme afin
de redonner au théâtre une place dans un monde qui semblait ne plus lui en laisser. Ses pièces
dressent le portrait d’une société contemporaine occidentale, consommatrice et centrée sur elle-
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même, qui se veut parfaite – saine, prospère et performante –, mais sous le masque de laquelle
se creusent de graves problèmes. L’univers de Crimp présente souvent des êtres troublés qui
ont du mal à définir leur identité et qui entretiennent entre eux des rapports de force, des jeux de
pouvoir et d’abus, de manipulation ou de dépendance.
Sous la plume de Crimp, le réel est déformé – exagéré – de façon à créer un effet d’étrangeté
dans le regard du spectateur. L’univers est malsain, parfois cruel ou choquant, mais toujours
empreint d’ironie (voire d’humour). Le théâtre qu’il propose est parfois énigmatique tant les notions
d’histoire et de personnages sont évincées. Toutefois, sa langue est celle de la « vie normale »
avec son rythme, ses répétitions et ses pauses.
On peut dire de Martin Crimp qu’il est un auteur critique. Par contre, il n’énonce pas d’opinion
à proprement parler avec ses pièces. Au contraire, il travaille plutôt à déjouer les partis-pris en
considérant le monde dans toutes ses contradictions ; il utilise des stéréotypes déjà existants et
les dégénère afin qu’ils parlent d’eux-mêmes.
À cause de son ton un peu cru, on a longtemps associé Crimp, à tort, au New Brutalism des
années 1990, association à laquelle l’auteur s’est toujours vivement opposé (une étiquette qui fut
également accolée – encore là, à tort – à Mark Ravenhill et Sarah Kane). Si on ne peut lui apposer
d’étiquette quelle qu’elle soit, on peut toutefois s’entendre pour dire qu’il s’agit d’un auteur qui,
par opposition au divertissement et/ou à l’art moraliste, défend l’idée d’un théâtre qui bouscule les
idées reçues afin d’inciter le public à réfléchir sur notre époque et sur nous-mêmes.
Source : Théâtre Blanc
-----------------------------Martin Crimp par lui-même
«Si la violence est dans le texte, il n’y a aucune nécessité de la représenter sur le plateau. Ce sont
les mots qui créent les images. Plus j’écris, plus cela me paraît évident. La violence est présente
partout, sourde, affleurant à la surface de nos vies. Par exemple, dans Getting Attention , qui parle
de la maltraitance des enfants, il n’y a pas de démonstration de violence, pas davantage dans
Tendre et cruel , transposition des Trachiniennes de Sophocle dans notre quotidien contemporain,
qui évoque la guerre d’Irak, le mensonge, le cynisme politique, la barbarie de notre temps. Cette
forme d’écriture a trouvé son accomplissement dans Atteintes à sa vie, où la parole est action
; tout ce qu’on fait, tout ce qui se produit est raconté. On pourrait imaginer une mise en scène
qui consisterait uniquement en une narration avec juste des voix. Des situations, des actions
très violentes qu’on raconte, mais qu’on ne voit pas. Avec cette pièce, je me suis libéré de la
nécessité de montrer l’action sur scène en prenant le parti de l’imagination. Le récit opère plus
profondément dans l’esprit du spectateur que des images toutes faites. On trouve cette technique
dans le théâtre grec qui raconte avec une force extraordinaire les guerres, la violence, sans cet
appareil de décors, de moyens technologiques, d’images virtuelles. »
Propos recueillis par Irène Sadowska-Guillon
5
Entretien avec Martin Crimp
publiè dans Le Petit Bulletin, édition de Lyon, n°759. Propos recueillis par Nadja Pobel.
Comment êtes-vous venu au théâtre?
- C’était un peu par hasard. Au début, dans les années 80, j'ai commencé par écrire des textes
que personne ne voulait publier. C’était une bonne décision, je crois (rires). Mais un petit théâtre à
côté de chez moi, en banlieue de Londres, l’Orange Tree Theater, s’intéressait à ce que je faisais.
On a monté une pièce et ça a marché. Maintenant, je me rends compte que c’est rare de trouver
un théâtre qui veut investir dans un auteur presque chaque année. J’ai eu beaucoup de chance.
Puis j’ai commencé à travailler au Royal Court, plus visible.
Que vouliez-vous faire en écrivant du théâtre? Travailler une forme ? Émettre des propos
politiques? Raconter une histoire?
- Je crois que la motivation était presque inconsciente. Quand j’étais à l’école, je jouais dans des
pièces, je faisais des mises en scène, de la lumière, donc pour moi c’était naturel d’écrire. La
parole parlée est très importante. Aujourd’hui, j’ai une conception tout à fait différente du théâtre,
le texte est toujours important, mais je vois bien que ce sont les êtres humains dans l’espace et
la voix qui comptent. C’est l’ensemble qui fait la chose théâtre.
Est-ce vrai que vous travaillez à voix haute pour entendre votre langue?
- Oui. J’écris avec un stylo, mais c’est vrai que c’est très important pour moi d’entendre le texte à
haute voix. Je ne lis pas en même temps que j’écris, je ne suis pas complètement fou ! Mais après
avoir écrit, oui, je teste le texte en le lisant.
Écrivez-vous pour que vos textes soient joués ou pour être lus ? Le théâtre n’existe-t-il que
sur scène?
- Maeterlinck [poète et dramaturge belge, Prix Nobel de littérature 1911, NdlR] a dit qu’il préférait
Hamlet en tant que texte, donc qu'il ne voulait pas le voir au théâtre. Bien sûr, je crois que
quelqu’un peut lire une pièce avec un plaisir littéraire, mais le vrai but d’un texte théâtral est d’être
joué. Il est en tout cas important d’écrire des textes qui puissent durer dans le temps, sinon on
n’aurait pas les textes grecs, ceux de Racine…Je ne suis pas trop fasciné par ces metteurs en
scène qui travaillent à partir d’un roman. Ce n’est pas un vrai texte de théâtre.
Vous avez d'ailleurs déjà travaillé avec de la matière ancienne. Notamment avec Les
Trachiniennes de Sophocle pour Cruel and Tender, adapté par Luc Bondy...
- Oui, deux fois j’ai travaillé en me basant sur d’anciens textes. En 2004 avec Luc Bondy, où
j’ai trouvé des équivalents des personnages, changé le chœur en trois individus, tiré la matière
au XXIe siècle, et plus récemment avec Katie Mitchell sur un texte d’après Les Phéniciennes
d’Euripide. Là, j’ai gardé l’essentiel du texte grec, je n’ai pas voulu faire de choix contemporains,
j’ai laissé ça à la metteur en scène.
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Expliquez-nous ce travail sur la répétition des mots qui vous caractérise, comme si les
personnages cherchaient à se convaincre eux-mêmes?
- Peut-être que moi je ne vois pas cette caractéristique (rires). Je ne peux pas répondre
directement à cette question. Je crois que ça remonte à l’histoire du théâtre, car, jusqu’au XIXe
siècle, la plupart des textes de théâtre étaient en vers. On a ensuite écrit en prose. Il y a toujours la
question, pour un dramaturge, de trouver la même force en prose qu’il y en avait en vers. Presque
inconsciemment, il faut trouver un moyen de faire que les mots se mettent ensemble comme un
cristal. Chaque mot doit avoir sa propre place.
Beaucoup de vos personnages sont invisibles. Par exemple dans The Country, The City et
surtout Attempt on Her Life. Ils ont une puissance plus forte hors champ?
- On peut inventer des personnages qui, si on les voyait sur scène, seraient ridicules ou de trop.
C’est un moyen d’élargir le monde imaginaire du théâtre. Mais ce n’est pas tellement bizarre
de faire ça. C’est comme Moscou chez Tchekhov. Tout le monde en parle, mais il ne faut pas le
voir.
Un mot sur vos grands maîtres. En avez-vous eu ? On parle toujours de Pinter vous
concernant.
- Quand j’ai commencé, je ne connaissais pas tellement Pinter. Comme beaucoup de gens de ma
génération, j’étais fasciné par l’œuvre de Beckett et il a fallu assez de temps pour échapper à ça.
C’était le vrai maître et la vraie ombre derrière moi.
7
Bibliographie
• Personne ne voit la vidéo, traduit de l’anglais par Danielle Merahi en 2001
• La Campagne, traduit de l’anglais par Philippe Djian, L’Arche éditeur, 2002
• Le Traitement (suivi de Atteintes à sa vie), traduit de l’anglais par Élisabeth Angel-Perez,
L’Arche éditeur, 2002
• Atteintes à sa vie (précédé de Le Traitement), traduit de l’anglais par Christophe Pellet
avec la collaboration de Michelle Pellet, L’Arche éditeur, 2002 ; réédition seule de Atteintes à sa
vie chez le même éditeur en 2009
• Face au mur, suivi de Tout va mieux, traduit de l’anglais par Élisabeth Angel-Perez, L’Arche
éditeur, 2004
• Tendre et cruel, traduit de l’anglais par Philippe Djian, L’Arche éditeur, 2014 (réimpression, 2012)
• Getting Attention, traduit de l’anglais par Séverine Magois, L’Arche éditeur, 2006
• Claire en affaires, suivi de Probablement les Bahamas, traduit de l’anglais par Jean-Pierre
Vincent et Frédérique Plain, L’Arche éditeur, 2006
• Into the Little Hill, traduit de l’anglais par Philippe Djian, L’Arche éditeur, 2006
• La Ville, traduit de l’anglais par Philippe Djian, L’Arche éditeur, 2008
• La Pièce et autres morceaux, traduit de l’anglais par Philippe Djian, L’Arche éditeur, 2012
• Dans la République du bonheur, traduit de l’anglais par Phlippe Dijan, L’Arche éditeur, Collection
“Scène ouverte”, 2013
8
EXTRAIT
Échange entre Richard, le mari et la jeune femme Rebecca.
- RICHARD : Viens-t’en. On s’en va.
- REBECCA : Où ça?
- Je te ramène.
- Je te fais pas confiance.
- Ben oui tu me fais confiance.
- Pourquoi est-ce que je te ferais confiance? Tu m’as laissée toute seule.
- Je t’ai laissée toute seule, oui, mais je suis revenu te chercher.
- Pourquoi tu m’as emmenée ici?
- Tu sais très bien pourquoi je t’ai emmenée ici.
- Parce que tu voulais m’engager?
- Pour faire quoi?
- Parce que tu voulais m’engager? Pour que j’aide ta femme, c’est ça? To be the maid. You
wanted me to be the maid?
- Ma femme a pas besoin d’aide. Elle s’occupe de tout.
- Get a maid. Fuck the maid.
- J’ai pas envie de fucker the maid.
- Tout le monde veut fucker the maid.
- Pas moi. En fait, c’est le contraire.
- C’est le contraire? Really? (rire forcé)
- Really, oui. Tu trouves ça drôle?
- Et c’est quoi le contraire de fuck the maid?
- Le contraire de fuck the maid c’est not fuck the maid.
(Elle serre sa main dans la sienne.)
- Tu me fais mal.
- Je te fais pas mal.
- J’ai dit: tu me fais mal.
- Comment ça? Ça fait mal?
- Oui. Ça fait mal. Arrête. Qu’est-ce que tu — ?
- Pour vrai? Ça fait mal?
- Oui.
(Il retire sa main de la sienne. Les petits ciseaux tombent sur le plancher.)
- Tu m’as coupé la main.
- J’ai quoi?
- T’as planté la lame dans ma main.
- Oh my — t’es fâché.
- Oui.
- (elle rit) T’es tellement fâché, Richard.
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- Parle moins fort.
- C’est profond? Ça fait mal? Un temps. Il faut que tu fasses une pression.
- C’est ça que je fais.
- Laisse-moi faire.
- Touche-moi pas.
(Il la laisse prendre sa main.)
- C’est juste la chair.
- Il y a juste de la chair.
- Est-ce que je peux les voir?
- Si tu peux voir quoi?
- Tes enfants?
- Non. (Un temps.)
- Comment ils s’appellent?
- Ils ont pas de nom.
- Ils ont pas de nom.
- Non. (Un temps.) Tu le sais, qu’ils ont pas de nom. On avait une entente.
- Je pense pas que notre entente soit encore valide.
- On avait une entente. Rien a changé.
- Tout a changé. « Rien a changé »? Comment ça?
- Ils ont pas de nom. (Un temps.) Je vais marcher sur la pointe des pieds. S’il te plaît, je veux
juste les voir. Je veux juste les entendre respirer. S’ils sont réveillés, je pourrais leur raconter une
histoire.
- Ils veulent pas se faire raconter une histoire.
- Tout le monde veut se faire raconter une histoire. Je pourrais dire: Bonjour. Je m’appelle Rebecca.
Je suis la bonne. Je vais vous raconter une histoire. Il était une fois une petite fille, elle était belle,
jeune et brillante, mais elle était malade et elle avait besoin de médicaments. Elle est allée voir
un médecin —
- Écoute ce que je te dis.
- Mais le médecin refusait de lui en donner. Il lui a dit, va-t’en d’ici — tu me fais perdre mon temps
— j’ai pas de médicaments. La petite fille est retournée le voir, une fois, deux fois, trois fois… Un
jour, le médecin a barré la porte derrière elle. Il a dit: je vais te faire passer un petit examen. Il a
pris un instrument pour regarder dans ses yeux. Et un autre instrument pour écouter son cœur.
Et il lui a demandé de se déshabiller.
- Rebecca.
- Et quand elle s’est déshabillée, il a dit: je vois que t’es vraiment très, très malade.
— Est-ce que je vais mourir?
— Mais non, tes yeux sont très sombres et ta peau est très pâle, c’est tout. Ta peau est tellement
mince que, quand je la touche, comme ça, avec mes lèvres, je peux sentir le sang couler dans tes
veines. T’es malade, c’est tout. T’as besoin de médicaments. Et les traitements ont commencé.
Les traitements étaient terribles. Ils pouvaient avoir lieu à n’importe quelle heure. Et n’importe
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où dans la ville. Et n’importe où sur le corps de la petite fille. Le corps de la petite fille… est
devenu la ville. Le médecin la connaissait par cœur — ses quartiers, ses rues.
Mais un jour, la petite fille a voulu que les traitements s’arrêtent — parce que plus elle prenait
de médicaments, plus elle avait besoin de médicaments —, mais aussi, elle s’en allait vivre à la
campagne.
Le médecin était très, très fâché. Parce que pour elle, il avait violé toutes les règles — les règles
qu’il s’était lui-même imposées. Il avait violé toutes ces règles-là — toutes ces lois. Il pleurait.
Crisse de pute, qu’il disait. Petite crisse de pute.
En fait, les enfants, il y avait un terrible malentendu. Ce que la petite crisse de pute, ce que la
belle, jeune et brillante petite crisse de pute pensait être un traitement, le médecin — qui était
malade lui aussi — qui avait lui aussi besoin de médicaments — le médecin, donc, s’imaginait
— quoi? — qu’il se passait quelque chose entre eux. Quelque chose d’humain. Et c’est pour ça
qu’il l’a suivie.
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JÉRÉMIE NIEL
METTEUR EN SCÈNE
Jérémie Niel est né dans le béton et ne peut trop s’en éloigner. Il aime
la mer, la route, la littérature et le cinéma américains, imaginer les
premiers frémissements des cultures humaines. Il a été animateur,
serveur, il a compté des trains dans une gare, il a trié des lunettes,
© Ulysse Lemérise
il a été chauffeur de stars. Il a un peu étudié les sciences, l’histoire
et les sciences politiques. Il a complété une formation en mise en
scène au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. En 2005,
il fonde la compagnie Pétrus qu’il dirige aujourd’hui. Au fil de son
parcours, il a développé un style qui teinte fortement son travail:
jeu hyperréaliste et introverti laissant une place importante au silence, à une présence majeure
du son, dans une scénographie épurée. Autant d’éléments qui font la singularité de son travail.
Produites par Pétrus, il a mis en scène une première version de La campagne (Crimp), puis Son
visage soudain exprimant de l’intérêt (Kroetz et Ducros), Tentatives (Niel), Clichy (l’une des trois
pièces formant le spectacle Chroniques, Schwartz), Cendres (adaptation de Rahimi par Niel),
Croire au mal (Niel), La concordance des temps (adaptation de de la Chenelière par Niel), Phèdre
(Niel, d’après Racine, Ovide, Dante et Sénèque) et La très excellente et lamentable tragédie de
Roméo et Juliette (co-création avec la chorégraphe Catherine Gaudet, adaptation de Shakespeare
et du ballet de Prokofiev). Ses pièces ont été présentées au Théâtre La Chapelle, à l’Usine C, au
Festival TransAmériques, au Centre national des Arts à Ottawa et au théâtre national de Chaillot
à Paris. Il a été par ailleurs invité à participer à plusieurs événements : Le Cabaret Gravel de
Frédérick Gravel, Danse à 10 et 2050, Mansfield, Rendez-vous à l’hôtel de la compagnie La 2e
Porte à Gauche. Pour l’édition de 2011 du OFFTA, il a créé une performance avec le groupe We
are wolves. Parallèlement à son travail artistique, formé en gestion des arts aux HEC Montréal, il
a œuvré comme programmateur et/ou administrateur pour plusieurs organismes : le Théâtre La
Chapelle, le OFFTA, Les 7 doigts de la main, La Compagnie Marie Chouinard.
PÉTRUS, la compagnie
Pétrus défend le concept d’écriture scénique. Il lui importe de proposer une manière singulière
d’investir une scène de théâtre et travaille en ce sens, que ce soit à partir de textes déjà écrits ou
de créations originales. C’est dans le vertige métaphysique de notre finitude qu’il tire les thèmes
qui animent ses œuvres.
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DÉLPHINE BIENVENU
Corinne
Diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, la
comédienne Delphine Bienvenu a eu le bonheur d’interpréter autant
des oeuvres tirées du répertoire classique (Irina, dans Les Trois
Sœurs de Tchekhov et Colombine dans Les Jumeaux Vénitiens
© Maud Chauvin
de Goldoni), que de prêter sa voix aux créateurs québécois (entre
autres 4 fois Mélanie ½ de Justin Laramée, L’éblouissement du
chevreuil, d’Evelyne de la Chenelière, Théâtre Extrême de JeanGuy Legault et Abyme, de Mariflore Véronneau). Elle a également
participé à la première production nord-américaine de la version
anglophone des pièces Félicité et Bliss, d’Olivier Choinière, en mars 2012 à Toronto. Au Théâtre
Centaur, Delphine a participé à The Bacchae, une production de Scapegoat Theatre, ainsi
qu’à Motherhouse, la toute nouvelle création de David Fennario. Au printemps dernier, elle fut
également de la distribution de Blind, de la compagnie montréalaise anglophone Scapegoat
Theatre.
Membre de plusieurs ligues d’improvisation et assistante à la coordination à la LIM, Delphine
Bienvenu a été durant sept saisons joueuse à la LNI. Au cinéma, elle a fait partie de la distribution
des films À trois, Marie s’en va d’Anne-Marie Ngô, Étechelle de François Bégin, Les crânes mous
de Christian Laurence et Continental, un film sans fusil de Stéphane Lafleur. Elle est également
de la distribution du film choral Ceci n’est pas un polar de Patrick Gazé sorti en 2014.
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VICTORIA DIAMOND
REBECCA
Victoria a achevé une formation à l’École de danse contemporaine
de Montréal en 2009. Elle fait ses débuts au théâtre dans plusieurs
productions du Neptune Theater d’Halifax avant de venir s’installer
© Andrée-Anne Gauthier
à Montréal où elle joue, à l’Espace libre, dans Ronfard nu devant
son miroir, mis en scène par Daniel Brière. En 2013, elle foule
les planches du Théâtre la Chapelle pour Empreintes (G.L-Blais
/ Théâtre à Corps perdu) et celles des Écuries pour Ligne de Bus
(Marylin Perreault / Théâtre I.N.K.), qui est produit en anglais au
Centaur Theatre en 2016. Après avoir participé à la création de
Grande Écoute (Claude Poissant / Théâtre PÀP), elle crée avec Mylène McKay Je te vois me
regarder, toujours au théâtre La Chapelle. Comme danseuse, elle travaille pour Thierry Huard
(The Goddess’Return, Windhorse), Manon Oligny (Le carnaval des animaux), Mélanie Demers
(As Yet Untitled), Paula de Vasconcelos (Humanity project). Au grand écran, Maxime Giroux la
choisit pour un rôle dans La tête en bas, en 2012, et la même année, elle participe à Cochemare
une production de Phi Films réalisée par Clyde Henry, Chris Lavis et Maciek Szczerbowski.
Elle En 2014, elle fut de l’aventure Seances, orchestré par Guy Maddin et a défendu le rôle de
Catherine dans le film de Carole Laure, Love projet. On pourra la voir bientôt dans le film Déserts
de Charles-André Coderre. Au petit écran, dans les séries Nouvelle adresse (SRC) et Karl/Max
(TVA).
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JUSTIN LARAMÉE
RICHARD
Diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2003,
Justin Laramée a participé à plus d’une trentaine de productions
© Andrée-Anne Gauthier
théâtrales dont 1984 d’Édith Patenaude au Trident, La Fête sauvage
de Véronique Côté au Quat’sous, Edmond Dantès par Robert
Bellefeuille à Denise-Pelletier, Pensionnat de Michel Monty et de
L’affiche de Philippe Ducros à Espace Libre, de Cérémonials de
Brigitte Pouppart à Espace Go, Champ-de-Mars à La Licorne ou la
première version de La Campagne mis en scène par Jérémie Niel.
Lorsqu’il descend des planches, c’est pour saisir la plume. Il écrit
sept Contes urbains à La Licorne dont deux traduits pour le Centaur Theatre, 4 fois Mélanie ½
(Grand Prix Vue sur la relève Montréal) à La Petite Licorne et Transmissions (Prix-Gratien-Gélinas
2008, finaliste au Prix-Michel-Tremblay 2011) aux Écuries repris à La Licorne en 2013, textes qu’il
met également en scène. Avec sa compagnie, Qui Va Là, il co-cré Toutou Rien, La tête blanche et
La Fugue (Cochon de la meilleure production théâtrale, Prix Opus du meilleur spectacle musical
jeunesse, Dora award for best play in youth theatre). En 2013, il adapte et met en scène Andreï
ou le frère des Trois soeurs d’après Tchekhov à Espace Libre. À l’écran, en plus d’apparaître dans
plusieurs films dont Mommy de Xavier Dolan, il interprète le rôle titre dans la web-série Papa
d’Estrade dont la performance lui a valu le Gémeaux du meilleur acteur. Il est aussi le directeur
éditorial de la collection PIÈCES publiée par Atelier10/Nouveau Projet.
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JOUER AVEC L’AILLEURS
MANDAT DU Groupe de la Veillée
Le Groupe de la Veillée, compagnie de création théâtrale, poursuit depuis plus de 40 ans une
aventure unique en développant un répertoire axé sur les dramaturgies étrangères. La Veillée
contribue aussi à la création de spectacles originaux par l’adaptation scénique d’œuvres littéraires.
Les choix de programmation sont guidés à la fois par la singularité, la richesse d’une écriture et par
les sujets abordés touchant aux préoccupations existentielles et sociales contemporaines.
Non seulement le travail du Groupe de la Veillée bâtit des ponts entre les cultures, mais aussi entre
les générations de créateurs. Les équipes réunies autour d’un spectacle se composent d’artistes
et concepteurs aux formations et aux origines culturelles diverses favorisant une richesse dans les
échanges et le travail.
Source I Le Groupe de la Veillée
Première médiatique mercredi 5 octobre à 19 h
Relations de presse : Karine Cousineau Communications
Contact / Philippe Bergeron : 514 382-4844 - [email protected]
partenaire de saison
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