T h é ât r e Océan Nord BELGIQUE -BELGIE Journal n° 45 P.P. Bruxelles X 1/2799 L’équipe direction artistique Isabelle Pousseur images et divers Michel Boermans administration Patrice Bonnafoux communication, relations publiques Julie Fauchet coordination Julie Robert organisation Journées-Rencontres, relations avec le public scolaire et associatif Notre tâche ( ou bien tout le reste sera pure statistique et affaire d'ordinateur ) est de travailler à la différence. Emmanuelle Lê Thanh régie générale Nicolas Sanchez stagiaire régie Aurore Bolssens intendance Mina Milienos interview Alain Cofino Gomez traduction néerlandais Heiner Müller Sari Middernacht 02 216 75 55 [email protected] 63-65 rue Vandeweyer 1030 BRUXELLES P204134 / Bimestriel / novembre-décembre 2010 www.oceannord.org 2010/2011 au Théâtre Océan Nord Le PASS à l'acte 22/03 > 02/04 21 > 23/12 Carmen La Compagnie Karyatides L'Institut Benjamenta Robert Walser / Nicolas Luçon MB 21/09 > 9/10 4.48 Psychose (reprise) Sarah Kane / Isabelle Pousseur A.Blanquart Carmen, une passion mythique, un amour qui embrase tout et… une narratrice qui manipule objets et marionnettes. Carmen est figurée par une petite poupée folklorique espagnole, Don José par une figurine militaire articulée. Un univers plastique kitsch, flamboyant : robe flamenca, castagnettes et taureaux aux yeux rouges. MB Prix de la critique 2008 : Meilleur spectacle, Meilleure interprétation, Meilleure scénographie. Loin des interprétations morbides trop souvent attachées à l’univers de Sarah Kane, Isabelle Pousseur nous propose une lecture lumineuse de cette pièce qui parle, certes, de dépression et de suicide, mais aussi et surtout d’amour et de littérature. N.Luçon Simon Tanner, dans Les enfants Tanner, ne faisait que raser les murs et passer par des trous. Il ne voulait prendre sa forme définitive que le plus tard possible. Jacob, dans L'Institut Benjamenta, pousse la logique plus loin : n’ayant, en définitive, aucun but pour lui-même, il en arrive à ne plus désirer se régler que sur les intérêts d’autrui et à s'annuler totalement au profit du service. Jacob, dont le rêve serait d’être un zéro tout rond, et l’Institut Benjamenta, dont la vocation est de fabriquer des zéros à la chaîne, finissent par s’accorder parfaitement l’un à l’autre. 26/03 01 > 12/02 Les poissons rouges 24/05 > 04/06 Ajuste tes pensées petite sœur Martin Crimp & Peter Handke Virginie Strub J-M Wynants - 20/03/ 2008 – LE SOIR 30/11 > 11/12 Affaire d’âme JOURNÉE-RENCONTRE Les Deux Frida asbl Sarah Brahy & Aline Mahaux (reprise) Une aventure pour les élèves de 5ème et 6ème secondaires, à la découvrerte des multiples formes du théâtre contemporain. Un parcours qui permet également de découvrir différents lieux culturels. Le PASS à l’acte réunit quatre théâtres bruxellois : le Rideau de Bruxelles, Les Tanneurs, le KVS et le Théâtre Océan Nord. Outre 4.48 Psychose, les partenaires de ce PASS pourront découvrir Hamelin de Juan Mayorga, mis en scène par Christophe Sermet (Rideau de Bruxelles), Bezette stad / Ville occupée de Jeroen Perceval, mis en scène par Ruud Gielens, d’après le texte de Paul Van Ostaijen (KVS) et I would prefer not to, mis en scène par Selma Alaoui, d’après les œuvres de Guyotat, Melville et Witkiewicz (Les Tanneurs). Différents ateliers, à la fois réflexifs et pratiques seront proposés aux élèves. Prix du PASS : 35 € par élève. Renseignements : Emmanuelle LÊ THANH 02 242 96 89 ANIM'ACTION Un programme de la Commission communautaire française qui vise à développer des projets culturels dans les écoles francophones de la Région bruxelloise. Le premier projet Anim'action que proposera Océan Nord s’élaborera avec le Lycée Emile Max et les artistes de L’Institut Benjamenta. Il sera présenté lors de la Journée-Rencontre organisée en marge de la mise en scène de Nicolas Luçon. Le second réunira le Rideau de Bruxelles, l'Institut Notre-Dame des Champs et l'Institut Saint-Luc. Il portera sur l’auteur Robert Walser et sera alimenté par L’Institut Benjamenta et RW (premier et deuxième dialogue) mis en scène par Pascal Crochet au Rideau, présentations au Théâtre Océan Nord les 7 et 8 mai. Ingmar Bergman / Myriam Saduis S.Lozet Tarifs plein : 10 € réduit : 7,50 € (seniors, chômeurs, étudiants) hyper-réduit : 5 € Théâtre partenaire du réseau chèques Accès Culture de la Sabam Paiement uniquement en liquide réservation 02 216 75 55 [email protected] JOURNÉE-RENCONTRE Laufenauer Ajuste tes pensées petite sœur met en scène la rencontre d’Alma et Myriam, deux nouvelles pensionnaires dans un hôpital psychiatrique et de leurs deux infirmières. Tout aurait pu se passer selon les lois de la médecine si Alma n’avait pas refusé sa médication. Un accident thérapeutique qui prend la tournure d’un étrange road trip où se mêlent fiction et réalité. 28/05 JOURNÉE-RENCONTRE Gare du Nord rue d’Aerschot rue de Brabant place Liedts Océan Nord rue r eweye Vand (professionnels, groupes) art 27 : 1, 25 € 5/02 OUVERTE arrêt pl. Liedts : 25 / 33/55/94 rue Gallait rue Royale St Marie St Servais ch. de Haecht novembre-décembre 2010 / page 4 maison communale JOURNÉE-RENCONTRE Ingmar Bergman : images inédites Pa lai s 4/12 es N.Crousse - 7/12/2010 - LE SOIR ed Prix de la critique 2009 : Meilleure découverte. Qu'est-ce que cette bizarrerie qu'on appelle l'âme? Bergman nous propose d'entrer dans le champs de bataille de l'intimité d'une femme, incarnée sur la scène du théâtre schaerbeekois par deux visages complémentaires. (...) Victoria, c'est la femme en morceaux. Est-ce une comédienne ou une malade mentale? Pourquoi pas les deux, suggère Bergman chez qui tout est possible. Connaissez-vous la blague du poisson rouge? Les biologistes ont découvert que le poisson rouge a une mémoire d’environ deux secondes. Or donc : Un poisson rouge tourne dans son bocal en faisant des bulles, quand soudain, il tombe sur un caillou. « Qu’est-ce donc ? Un caillou ! Que faire ? Le contourner ! Hop ! » Deux secondes plus tard, le poisson rouge a refait le tour du bocal et une série de bulles, et il retombe sur le même caillou. « Qu’est-ce donc ? Un caillou !... » Connaissez-vous la tragédie humaine ? Les anthropologues ont découvert que l’homme avait une mémoire collective d’environ cinquante ans. Or donc : …. ru MB Deux Conversations Ouvertes sont prévues en deuxième partie de saison en présence de Michel Dupuis (philosophe à l’UCL et à l’ULg, vice-président du comité consultatif de bioéthique) et de Paul Camus (metteur en scène et comédien) sur la question d'un théâtre juste, définitions et conséquences. PENSER LE THEATRE CONVERSATION arrêt St Servais : tram 92 ANIMATIONS En amont des spectacles, le Théâtre Océan Nord propose des ANIMATIONS. Elles sont destinées aux associations et écoles et permettent de préparer le public à une représentation. Notre animatrice se rend dans votre institution. NOUVEAU ! Chaque mercredi (représentation à 19h30) RENCONTRE APRES LE SPECTACLE entre équipe artistique et public. Faim de spectacle ? Le bar du Théâtre vous accueille 45 minutes avant les spectacles et bien sûr après ceux-ci. Vous y trouverez boissons chaudes et froides et petite restauration selon l'humeur du jour... Le Théâtre Océan Nord est subventionné par le Ministère de la Communauté Wallonie-Bruxelles - Service du Théâtre. Il reçoit en outre le soutien de la Commission Communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale (COCOF): Service Cohésion sociale, du Centre pour l'égalité des Chances et la lutte contre le Racisme-Fonds d'Impulsion à la Politique des Immigrés. Le journal du Théâtre Océan Nord est imprimé par Vervinckt. Editeur responsable, photo couverture, graphisme : Michel Boermans. Road trip absurde qui voit des personnages dans et autour d’une voiture tenter des variations sur le thème du « groupe », de son essence et de sa survie. Ce spectacle, espèce de Mon oncle d’Amérique déjanté, nous demande, à nous public, d’endosser le rôle de joyeux anthropologue un peu voyeur. A la fois cynique, drôle et effrayant, c’est notre espèce, notre groupe d’êtres qui est ausculté avec la science du théâtre comme outil. La mise en abîme de notre animalité et de nos cycles courts de mémoire collective est le fond de recherche spectaculaire de cet étonnant et vivifiant objet scénique. Les poissons rouges Création d’après Ciel bleu ciel, Face au mur et Tout va mieux de Martin Crimp et Prédiction de Peter Handke Mise en scène : Virginie Strub Kirsh Compagnie (1942) auteur autrichien de multiples romans, scénarios, pièces de théâtre, essais. Primé par de nombreux grands prix littéraires autrichiens et allemands, il réussit en 1966 une entrée provocante avec sa pièce Outrage au public. En 2006, il déclenche la polémique avec ses écrits en faveur de la Serbie. Le rendez-vous avec Virginie est fixé chez elle. C’est visiblement un endroit de bouillonnement dramaturgique. Sur un mur une fresque occupe l’espace ; c’est le spectacle dessiné en une suite de tableaux graphiques. D’emblée on devine un mouvement fait de glissements parfois dramatiques parfois amusés. cer. C'est ce qui m'a plu chez Peter Handke, car c'est exactement ce qu'il fait, Martin Crimp aussi d'ailleurs. Ils jouent tous deux de ce que j'appelle «la part manquante» comme révélateur. Cette «part manquante», c'est tant de ne pas consommer l'imaginaire du spectateur que d'ôter une des composantes habituelles du langage ; c'est enlever un bout, pour que tout apparaisse. Mais je ne donne pas à consommer dans un spectacle… Je ne consomme rien sur le plateau, j'expose, de façon très pure et symbolique, des pièces de puzzle qui peuvent se voir et se combiner à des niveaux et sous des angles différents. Dans ce sens, j’expose plus que je ne démontre… Alain Cofino Gomez – Où en es-tu de ton approche du spectacle à venir ? Virginie Strub – Je suis en fin de travail préparatoire… quelques jours avant le travail de plateau et la mise en route, donc, de la création. A.C.G – Quelle est la matière à partir de laquelle tu bâtis Les poissons rouges ? V.S – Deux textes sont à la base du spectacle. Une trilogie de Martin Crimp (Ciel bleu ciel, Face au mur et Tout va mieux) et Prédiction de Peter Handke. Pour résumer l’idée de cette réunion de textes, je dirais que l’un, le Crimp, me sert de couplet tandis que l’autre, le Handke, serait plutôt le refrain. Il y a donc deux niveaux spécifiques de narration. Mais à ces deux éléments viennent s’ajouter d’autres couches dramaturgiques. Il ne s’agit pas de texte à proprement parler, ni de « parler » au sens strict… une partie sans le son, en somme, qui vient s’ajouter à la structure. Je suis donc occupée à mettre en place une articulation à plusieurs niveaux, assez complexe pour au final donner à voir et surtout à ressentir quelque chose d’assez simple. A.C.G – Mais ce qui est exposé touche également de manière précise à l’actualité, en tout cas à ce que l’Europe semble vivre présentement, non ? A.C.G – D’où sans doute ce travail graphique accroché à ton mur qui ressemble à la BD du spectacle ? A.C.G – Comment en es-tu arrivée à cette accumulation de textes et de récits parallèles ? V.S – Dans un premier temps, je voulais prolonger le travail de fond et de forme amorcé au travers de mon premier spectacle, Les amantes. Sur le fond je voulais continuer mon observation de la nature humaine et de son mécanisme profond. Ce qui m’intéresse, ce sont les fonctionnements plus que les résultantes. Mais je voulais élargir cette réflexion. Dans mon premier spectacle il s’agissait d’observer un groupe sociétal réduit, la famille et le couple, ainsi que ses rapports au pouvoir. Ici, il sera question de la notion de société qui appelle à l’idée du groupe de façon plus étendue et plus générale. Le propos est de continuer l’exploration la dynamique humaine dans le groupe. Et en ce qui concerne la forme, je voulais pousser plus loin mon travail sur l’oralité. C'est-à-dire que pour moi le son peut faire sens à lui seul ; parfois il fait même plus sens que le fond. Ce qui m’intéresse encore ici c’est de montrer le comment et pas le pourquoi. De jouer des questions du langage, du discours, de l’oralité et du son qui fait sens. S’il devait y avoir une étape suivante à mon parcours, un troisième spectacle, il se pourrait qu’il soit muet, qu’il s’agisse d’un spectacle totalement sans le son. J’ai envie de gommer tout commentaire. Bon, cela donne une idée sur ce qui a pu m’amener à réunir toutes ces sources textuelles dans un seul 01 > 12 /02 / 2011 20 h30, mercredis 19 h30 relâche dimanche et lundi à novembre-décembre 2010 / page 2 Martin Crimp (1956), auteur britannique de nombreuses pièces, écrits pour la radio et adaptations théâtrales. Récompensé par plusieurs prix (John Whiting Award for Drama 1993), il est avec Sarah Kane l’un des rares dramaturges du théâtre contemporain anglais qui ait su franchir les frontières avec succès. Peter Handke Entretien avec Virginie Strub V.S – C’est un peu le synopsis visuel de ce qui va se tramer sur la scène. Il y a un jeu de couches successives et d’évolution parallèle de récits divers dont il est difficile de se rendre compte autrement que par cette mise à distance dessinée. On y voit esquissés une voiture et des personnages en fil de fer qui s’agitent… Deux maîtres dans l’art de questionner et critiquer le monde avec finesse, humour et cruauté. spectacle. Je veux dire que lorsque j’ai rencontré chacun des textes, je me suis dit que c’était exactement le bon support pour aller plus loin dans ma recherche de metteur en scène. Et c’est justement le terreau de mes réflexions qui a rendu possible la rencontre de ces deux textes, leur imbrication dans un même spectacle. Je suis certaine qu’ils parlent de la même chose, qu’ils se complètent même en quelque sorte. Les trois textes de Crimp, sont un peu comme trois cadavres exquis qui mettent en scène des personnages dont on ne sait rien et dont tout l’intérêt réside non pas dans ce qu’il raconte, mais dans le comment il raconte. À l’intérieur de chacune de leurs prises de parole, les personnages de cette trilogie relatent une succession de prises de pouvoir des uns sur les autres. On assiste ainsi à trois déclinaisons où le langage est le cheminement de pensée lui-même, et non plus sa traduction. Les protagonistes ne dialoguent pas, ils construisent ensemble un cheminement de pensée, un puzzle, une sorte d'équation ; ils n'ont donc pas chacun un langage propre, mais ils utilisent et déplacent des pièces de puzzle, des données d'équation, les mêmes pour tous, afin de créer collectivement un trajet qui les mènera «quelque part». C'est comme si on voyait en direct des neurones travailler. Et si un neurone meurt, un autre reprend sa fonction telle quelle. Je rebondis sur cette image de l'équation qui se retrouve à l'échelle de tout le spectacle : si on schématise ce qu'est la vie en groupe, à petite échelle ou à l'échelle de l'humanité, on peut dire que le jeu est de choisir et de définir une équation qui comporte toujours les mêmes variables indispensables … Qui sont les nôtres ? Qui sont les autres ? Quel est le juste ? Quel est le faux ? Quelle est notre perception de la réalité, et quelles sont les «vérités» qu'on en tire ? … plus toutes les pulsions et passions humaines, la peur, l'instinct de domination, le désir, le besoin de croire en quelque chose, etc. On peut faire des tas d'équations différentes avec ça, mais les variables fondamentales sont toujours les mêmes. Et bien, quelle que soit l'équation qu'on en tire, on va aboutir, plus ou moins vite, avec une violence plus ou moins exprimée, à la même chose. C'est ce que je fais dans le spectacle : trois équations complètement différentes, comme les trois textes de Crimp, et qui pourtant aboutissent à la même chose. A.C.G – Mais il y également du Peter Handke ? V.S – Oui ! Il s’agit d’une partie de son célèbre texte, Outrage au public. Cela prend la forme d’une longue liste assez répétitive construite autour d’une même phrase dont seuls varient le sujet et le complément. Il y a un côté hypnotique à cette construction poétique et formelle. Au-delà du fait que ce texte raconte notre invariabilité et notre interchangeabilité face à la mort, c’est également un support formidable pour donner à sentir le pouvoir du langage. Je l’ai donc utilisé comme liant dramaturgique et musical entre les trois variations sur le thème de l’impasse de la condition humaine et du groupe que sont à mes yeux les textes de Crimp. A.C.G – Je pressens, dans ce que tu dis là, comme le développement d’une démonstration ? V.S – La clé de voûte de tout le contenu du spectacle, et de toute ma recherche en tant que metteur en scène, c’est la question du langage, de l'oralité. C'est lui qui nous différencie des animaux, et c'est derrière lui qu'on se dissimule pour croire et faire croire que nous ne sommes pas des animaux. Alors que nous le sommes ; nous avons juste un outil en plus pour «noyer le poisson». Dans mon travail, je cherche, dans la forme, à voir jusqu'où je peux pousser ce langage, et surtout qu'est-ce qui le définit et le fait fonctionner. Dans le contenu, je cherche à montrer ce qu'il est, sa place, son pouvoir, je cherche à le magnifier autant qu' à le dénon- V.S – J’ai la sensation qu’aujourd’hui, en 2010, on trouve les mêmes réponses aux mêmes problèmes. Il y a par exemple des systèmes de pensée qui se développent aujourd’hui que je trouve assez monstrueux et effrayants. Ils ressemblent à s'y méprendre à ce qui se pensait au début des années trente. Cela se fait comme s’il s’agissait de pensées qui viennent de naître, qui surgissent, alors que l’Histoire dément cette prétendue originalité. Cela me donne d’étranges impressions de déjà vu. C’est bien entendu une vue de l’esprit puisque je n’ai pas connu les années trente. Mais je trouve cela intrigant et je me suis beaucoup interrogée là-dessus. Je dévore des livres entiers d’anthropologie pour constater que l’être humain fait et refait les mêmes choses et qu’il ne peut pas s’en rendre vraiment compte parce que les événements auxquels il pourrait se référer se sont déroulés un peu trop tôt. À une époque que sa mémoire ne peut pas atteindre. Cela pose une question fondamentale sur la mémoire du groupe et sur le côté cyclique de notre comportement d’espèce. Je veux parler de cela, de ces cycles, de ces structures de comportement. Je veux parler de nous comme d’un poisson rouge qui a une mémoire trop courte pour s’effrayer de sa propre condition et de sa condamnation à reproduire son Histoire, de la faculté qu’a notre espèce de tourner en rond dans son bocal et de s’émerveiller de la perpétuelle redécouverte de petits cailloux au fond de l’eau. Mise en scène Virginie Strub assistée de Meryl Moens Jessica Gazon, Mathilde Lefèvre, Viviane Thiébaud, Cyril Briant , Pedro Cabanas, Christophe Lambert, Achille Ridolfi Costumes et scénographie Anne Sollie assistée de Ledicia Garcia Création lumière, régie Nicolas Sanchez Construction décor, régie plateau Christophe Wullus assisté de Patrick Léonard Son Iannis Héaulme Traducteurs Elisabeth Abgel-Perez et Jean Sigrid Avec Avec l’aide du Ministère de la Communauté française, Service du Théâtre. Un accueil en résidence du Théâtre Océan Nord. L’Arche est éditeur et agent théâtral des textes représentés. Le caniche arrosé s’en ira la queue entre les jambes comme un caniche arrosé. Le pauvre diable se sentira comme un pauvre diable. La vache se tiendra devant la clôture neuve comme une vache devant une clôture neuve. Le coq régnera sur le fumier comme un coq sur le fumier. Peter Handke Prédiction De goudvissen en Fewer van de Brit Martin Crimp en Publikumsbeschimpfung und andere Sprechstücke van de Oostenrijker Peter Handke. NL L’asbl Entr’âges restaure une dynamique de l’échange entre les générations. Lors de l’année scolaire 2009-2010, elle a chapeauté un projet théâtral réunissant des personnes âgées et des élèves de 4ème secondaire en Arts d’expression. Un photographe a fixé ces moments. Qu’est-ce qui reste constant de moi, quel que soit mon âge, avec le temps qui passe ? Les spectateurs seront invités à mettre par écrit leur grain de sel dans cette réflexion. Vernissage, atelier d’écriture : mercredi 2 février. Expo visible durant la durée des représentations du spectacle Les poissons rouges. Autour de Les poissons rouges samedi 5 février entrée libre Touchant à deux questions essentielles qui traversent le spectacle, la construction identitaire et le pouvoir du langage, cette Journée-Rencontre vous proposera différents moments, réflexifs et festifs ! Au programme : intervention d’un anthropologue, échange avec l’équipe artistique et concert d’improvisations-variations par Les filles de Hirohito (Jean-Bastien Tinant et Daniel Bajoit) autour des textes qui ont nourri la pièce. L’atelier pour acteurs professionnels HUBERT SELBY Depuis 10 ans, le Théâtre Océan Nord n’avait plus organisé d’ateliers pour acteurs professionnels. Désireuse de relancer cette expérience j’ai proposé, cette saison, un atelier réparti sur deux mois autour de l’œuvre de Hubert Selby Jr Last exit to Brooklyn et plus particulièrement son dernier chapitre intitulé Coda. Cent septante personnes se sont portées candidates à cet atelier et pour des raisons d’organisation évidentes j’ai limité mon choix à septante d’entre elles. Trente cinq ont travaillé durant tout le mois de juin dernier, les trente cinq autres durant le mois d’août. Le choix de cette œuvre d’Hubert Selby était aventureux et risqué. Bien sûr j’éprouvais une sorte d’intuition par rapport aux possibilités de théâtralisation de ce texte, intuition basée principalement sur l’existence d’une langue musicale, très orale et sur la présence d’une structure polyphonique, dans une unité de temps et d’espace : la vie d’un immeuble d’un quartier pauvre de Brooklyn sur une durée se situant très précisément entre le samedi matin et le dimanche matin. Entre les deux, une journée et une nuit, des disputes, des enfants qui braillent, qu’on envoie à la rue où ils apprennent la guerre, du sexe, fantasmé ou réel, des fêtes, de l’alcool, de la drogue, de la solitude, de la méchanceté, de la bouffe, beaucoup de violence et à travers cela, de Les jours s’en vont, je demeure... Journée-Rencontre Regie Virginie Strub – Een project van Kirsh Compagnie De goudvissen is geen toneelbewerking maar een op het eerste zicht onmogelijke ontmoeting tussen twee personaliteiten en twee toneeltalen. Allebei zijn het meesters in de kunst van het in vraag stellen en kritisch bekijken van de wereld. Beiden manipuleren met een finesse, ironie, humor en wreedheid de wapens van de sensualiteit en de schoonheid van de taal. De goudvissen, een kleine antropologische reis onder vrienden. Exposition Les « à-côtés » Creatie – Naar Whole Blue Sky, Face To The Wall temps à autre des bouffées d’humanité, des rayons de chaleur dus au printemps qui arrive et s’installe, sur les arbres et dans la douceur de l’air, malgré la misère, la pauvreté, la violence. Mais en choisissant ce texte je ne pouvais pas imaginer à quel point il se révélerait un formidable tremplin, à quel point le passage de ce roman à la scène allait mobiliser ces acteurs, les porter, les stimuler. Je n’imaginais pas que nous tracerions autant de pistes diverses, différentes, chacune apportant un éclairage singulier sur l’un ou l’autre aspect du roman, sur son contenu aussi bien que sur sa forme. Parmi les groupes qui se sont formés, il y a ceux qui ont creusé la notion de communauté dans ce qu’elle peut à la fois révéler d’hostilité et de solidarité, ceux qui ont interrogé le couple, dans son animalité et sa puissance conflictuelle, ceux qui ont voulu rendre compte du regard des enfants, ceux qui ont cherché à exploiter la musique du texte, ceux qui ont cherché les glissements, ceux qui ont mis en évidence la polyphonie en faisant vivre en même temps plusieurs familles dans un même espace, ceux qui ont imaginé une sorte de parade fellinienne qui tournerait mal à Coney Island, ceux qui ont construit (plus ou moins) et ceux qui ont préféré rester en improvisation. Partenaires Institut Notre Dame des Champs, Résidence Augustin, Résidence Beeckman et Entr’âges. Photographe Ian Dykmans . Animateur atelier d’écriture Christian Merveille. mené par Il y a eu de la réalité, du quotidien, de l’onirisme, de l’excès, de la performance, des petits bouts de films, de la danse, de la musique… Il y a eu l’amour pour ces personnages de déchus, inspiré de l’amour que Selby lui-même leur portait, l’amour pour Mary, Vinnie, Mike, Irene, Abraham, Nancy, Lucy, Ada… et pour tous les enfants qui font déborder les baignoires ou enflamment les boîtes aux lettres de la Résidence. Il y a eu de l’humour aussi, un humour qui soulageait, qui libérait, rendant possible peut-être tout simplement le fait que nous osions nous emparer de leur vie, de leur détresse, de cette misère, et, dans le même temps, de leur constante aspiration au bonheur. Pendant deux mois je me suis sentie en état d’inspiration, et de cela je ne peux qu’être immensément reconnaissante à tous ceux qui ont partagé cette aventure avec moi. J’espérais leur apporter quelque chose mais ne soupçonnais pas à quel point j’allais être stimulée et nourrie par leurs propositions. Elles vivent encore en moi, avec leur richesse, leur générosité, leur audace. Et je n’en ai pas fini avec Selby. Pas avant un bon moment. C’est une certitude. Isabelle Pousseur Isabelle Pousseur Avec Guillaume Alexandre, Jean-Marc Ame, Mathieu Besnard, Delphine Bibet, Marie Bos, Sarah Brahy, Luc Brumagne, Raphaëlle Bruneau, Pierange Buondelmonte, Pedro Cabanas, Delphine Cheverry, Muriel Clairembourg, Coraline Clément, Zoé Coulée, Christian Crahay, Pauline d’Ollone, Jeanne Dandoy, Anne-Sophie de Bueger, Angelo Dello Spedale, Marie Denys, Sibel Dincer, Jasmina Douieb, Simon Duprez, François Ebouele, Dimitri Fornasari, Estelle Franco, Joëlle Franco, Hélène Gailly, Simon Gautiez, Stella Giuliani, Anne Grandhenry, Geneviève Gühl, Vincent Hennebicq, Julie Istasse, Francesco Italiano, Sophie Jaskulski, Yvain Juillard, Caroline Kempeneers, Christophe Lambert, Gaëtan Lejeune, Anabel Lopez, Seloua M’Hamdi, Aline Mahaux, David Manet, Emilie Maréchal, Quentin Marteau, Marie-Pierre Meinzel, Catherine Mestoussis, Guylène Olivares, Conchita Paz, Nicolas Philippe, Stéphane Pirard, Julie Rahir, Lola Riccaboni, Nathalie Rjewsky, Marie-Rose Roland, Anne Romain, Anna Romano, Mélanie Rullier, Catherine Salée, Michèle Schor, Sarah Sire, Emmanuel Texeraud, Alexandre Tissot, Marcha Van Boven, Benoît Verhaert, Pierre Verplancken, Laurence Warin, Catherine Wilkin. Assistanat Guillemette Laurent et Coline Struy. novembre-décembre 2010 / page 3