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De la guerre froide à de nouvelles conflictualités
I. La guerre froide, un monde bipolaire marqué par la confrontation États-Unis/
URSS : un lieu, une crise, un conflit armé emblématiques
La question de l'avenir de l'Allem agne et de Berlin div ise les Alliés. Les Anglo-Saxons ont
peur que des sanctions trop fortes contre l'Allemagne favorisent l'expansion du communisme, ou une
nouvelle montée de l'extrémisme à l'image de ce qui s'est passé après le traité de Versailles. Staline, en
revanche, veut faire pay er à l'Allemagne « le prix du sang », et a déjà entamé le rapatriement d'une
partie des usines et machines allemandes en URSS, en compensation des pertes soviétiques.
Finalement, le sort du pays et de la ville est réglé à la conrence de Postdam entre le 17 juillet et le 2
août 1945. L'Allem agne et Berlin sont divisés en quatre zones d'occupation : une zone
sovtique à l'est et trois zones américaine, britannique et française à l'ouest. L'Allemagne occupée est
dirigée par un Conseil de Contrôle All (ou quadripartite) également chargé de la reconstruction du
pays et de la nazification. À l'est, les Sovtiques favorisent la création d'un parti communiste
unique, le SED. À l'ouest, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France travaillent à la reconstruction de
leurs zones et veulent jeter les bases d'une démocratie libérale.
Berlin-Ouest est dans une situation particulièrement tendue car la ville est en plein milieu de la zone
sovtique, ce qui l'isole du reste de l'Allemagne occupée par les puissances occidentales.
La première crise de Berlin, inévitable, marquera le début de la guerre froide. En 1947 , le président
américain Truman lance l'offensive dans un discours au Congrès où il expose sa doctrine de
l'endiguem ent du com m unisme (ou « containm ent »). Son idée est de favoriser la
reconstruction et le développement des pay s européens durement touchés par la guerre pour éviter
que les peuples dans la misère ne se tournent vers le communisme. Les États-Unis proposent alors à
tous les pays d'Europe le plan Marshall : une aide financière de 12 milliards de dollars qui sera
acceptée par les États voulant se rapprocher des États-Unis et en particulier par l'Allemagne de l'Ouest
(qui recevra 4 milliards de dollars).
À Berlin, la situation se dégrade : les Américains et les Britanniques fusionnent leurs zones en
janvier 1947 (bizone), puis les Français joignent leur zone aux deux autres en juin (trizone). Le 18
juin, les Occidentaux annoncent la cation du Deutsche Mark, la nouvelle monnaie allemande
qui symbolise de fait l'existence d'un État allemand à l'ouest. Staline ne peut accepter cette situation : il
fait bloquer toutes les voies de transport terrestres vers Berlin-Ouest qui se retrouve totalement iso
du reste du monde.
Les États-Unis vont alors utiliser un accord sig à la fin de la guerre les autorisant à survoler
l'Allemagne de l'est jusqu'à la ville dans un couloir aérien précis avec des avions désarmés. Ils
mettent en place le plus grand pont rien de l'histoire. Les Français et les Berlinois ayant
réussi à construire des pistes d'atterrissage, il y a trois « aéroports » dans Berlin-Ouest qui recevront
2,5 millions de tonnes de ravitaillement. Staline cède finalement et lèv e le blocus le 12 mai 1949 après
11 mois de tension.
La crise de Berlin accélère le processus de m ise en place d'une République dérale
allem andem ocratique et intége au bloc de l'Ouest (créée le 23 mai 1949, elle prend Bonn
pour capitale). En réaction, Staline accélère la création de la République dém ocratique
allem ande le 7 octobre 1949 avec Berlin-Est pour capitale. Pendant toute la guerre froide, Berlin-Est
et Berlin-Ouest seront à la fois le sy mbole des deux blocs et le reflet des phases de crises et de détente
entre les deux grands.
Berlin-Ouest connaît une grande prospérité économique et se reconstruit avec l'aide américaine. La
population de Berlin-Est au contraire vit dans davantage de difficultés sous un régime de type
sovtique. me après la mort de Staline, les grèves et manifestations des ouvriers du bâtiment du
17 juin 1953 sont réprimées par les chars sovtiques. Cette situation provoque l'exode vers l'Ouest,
par Berlin, de trois millions d'Allemands de l'Est, majoritairement des jeunes gens diplômés. Les
dirigeants est-allemands et sovtiques veulent stopper l'hémorragie.
Comme les pourparlers engas entre Khrouchtchev et Kennedy n'aboutissent pas, le président
sov iétique fait bâtir le mur de Berlin (« mur de la honte » pour les Occidentaux) dans la
nuit du 12 au 13 août 1961 : il devient le symbole du « rideau de fer » qui coupe l'Europe en deux
et sépare durablement des familles. Dans Berlin-Est, la population vit dans le monde sov tique sous
contrôle de la police politique est-allemande, la Stasi. Les Berlinois de l'Ouest attendront deux ans la
venue du président Kennedy, en 1963, qui rappellera le soutien du bloc occidental à Berlin-Ouest
Ich bin ein Berliner »).
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Entre les années 1960 et les années 1980 la situation se normalise avec la tente, en particulier à
partir de 1969 lorsque le chancelier ouest-allem and Willy Brandt lance l'ostpolitik pour
améliorer les relations avec la RDA. Mais la situation des Allemands de l'Est n'est pas enviable et
beaucoup de ceux qui tentent de franchir clandestinement le rideau de fer et le mur y laissent leur vie.
Les gouvernements de RDA maintiennent l'ordre av ec l'aide des forces du Pacte de Varsovie et des
chars soviétiques. Lorsque Gorbatchev annonce que l'URSS n'interviendra plus dans les pays de l'Est,
avec l'ouverture de la frontière hongroise vers l'Autriche, des milliers d'Allemands de l'Est fuient vers
l'Allemagne de l'Ouest. Le 9 novembre 1989, les manifestations en RDA poussent les
autorités à ouv rir un mur que la foule a déjà com m encé à détruire. Avec la chute du mur,
c'est le symbole de la guerre froide qui tombe. L'Allem agne et Berlin seront réunifiés le 3
octobre 1990.
La crise des missiles de Cuba en 1962 : le symbole de l'alternance des phases de
tensions et de détente entre États-Unis et URSS
La crise des missiles de Cuba est une crise majeure de la guerre froide et marque un pic
de tensions entre les deux superpuissances. Elle intervient pourtant dans une période de
changements des relations entre les États-Unis et l'URSS après la mort de Staline (partisan de la ligne
« dure » avec les États-Unis) en 1953.
Son successeur, Khrouchtchev, est partisan d'une « cœxistence pacifique » avec le bloc de
l'Ouest mais il ne renonce pas pour autant à la logique de la guerre froide. Cuba est en 1962 dans une
situation particulre qui explique l'enjeu qu'elle représente pour les deux grands. Jusqu'en 1959, l'île
était une dictature favorable aux États-Unis. Mais la v olution cubaine m enée par Fidel
Castro et Che Guev ara triom phe en 1959 et l'ancien dictateur, Batista, est chassé du
pouvoir. Le nouveau gouvernement affiche dès 1960 sont appartenance au camp socialiste et au
bloc de l'Est, ce qui n'est pas acceptable pour les États-Unis et constitue une « brèche » dans la
doctrine Mon en vigueur depuis 1823 (président des États-Unis, Monrœ ne veut pas
d'intervention des puissances européennes sur le continent américain ; cette doctrine est complétée
en 1904 par Roosevelt qui justifie, si besoin est, l'intervention des États-Unis dans un pays du
continent américain).
Les États-Unis établissent donc un blocus de l'île de Cuba, ils multiplient également les alliances
avec les pays d'Amérique Latine et lancent un programme d'aide économique pour empêcher
l'expansion du communisme sur le continent.
Le régime cubain nationalise les biens des entreprises américaines sur l'île et obtient le soutien de
l'URSS. Les tensions montent avec les États-Unis qui arment des Cubains anticastristes et des
mercenaires pour débarquer sur l'île le 15 av ril 1961, dans la Baie des Cochons. C'est un échec
cuisant (les soldats capturés seront rendus aux Américains en 197 5 contre des produits alimentaires
et pharmaceutiques).
L'URSS continue d'envoyer des « conseillers militaires » et des armes aux Cubains. Le 14 octobre
1962, des avions espions am éricains (U2) photographient des rampes de lancement de
missiles sur l'île. Ils apprennent également que des navires sovtiques font route vers Cuba avec
des missiles à bord. Or, Cuba est à portée de tir des grandes villes de la côte est des États-Unis.
La crise éclate entre les États-Unis et l'URSS. Le président John F. Kennedy lance un
ultim atum à Khrouchtchev le 22 octobre 1962, il exige le démantèlement des rampes et le
rapatriement des missiles en URSS. Il utilise une tactique de dissuasion graduée dans ses échanges
avec le président soviétique : sa fermeté l'emporte finalement et Khrouchtchev accepte le 28 octobre
de retirer ses rampes de lancement et ses missiles en échange de la promesse par les États-Unis de ne
pas intervenir à Cuba.
Durant cette crise, et au vu des moyens militaires mobilisés (y compris des troupes en Floride et au
Nicaragua, et des sous-marins dans toute la zone), un conflit majeur et m eurtrier entre les
deux puissances nucléaires a été évité de justesse. Le spectre d'une troisme guerre mondiale
et la peur nucaire sont alors dans tous les esprits. Les conséquences sont importantes : conscientes
de lacessité de maintenir un « équilibre de la terreur », et de duire les im portantes
dépenses engendes par la course aux arm em ents, les deux puissances font le choix de la
détente et de la « cœxistence pacifique ». Elles décident d'entretenir davantage de contacts entre
elles (installation d'un télex le « téléphone rouge » entre le Kremlin et la Maison Blanche), mais
elles poursuivent la confrontation dans d'autres lieux et d'autres domaines, de manre plus prudente.
C'est ainsi qu'une compétition effrénée est lancée dans le domaine spatial ou pour l'obtention de
médailles aux Jeux olympiques. Mais cet affrontement indirect se fait aussi par États interpos
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comme lors de la guerre du Vietnam .
La guerre du Vietnam est l'exemple type des conflits « périphériques » de la guerre
froide.
Le Vietnam est né après l'indépendance de l'Indochine, ancienne colonie française, au terme d'une
violente guerre de décolonisation menée en particulier par le Vt Minh, une guérilla nationaliste
fondée par le parti communiste indochinois qui a le soutien de lapublique de Chine populaire et de
l'URSS. Après les accords de Genève en 1954, l'ancienne colonie est divisée en deux États de part et
d'autre du 17 e paralle : le Vietnam du nord communiste (leader : Hô Chi Minh) et le Vietnam du sud
pro-américain (régime autoritaire diri par un catholique, Diem).
Hô Chi Minh ne se satisfait pas de cette situation : il v eut un Vietnam unifié sous la bannre du
communisme (il a eu une formation à Moscou). Il est donc à l'origine de la création en 1960 d'un
« front de libération nationale du Sud-Vietnam (FNL)» nationaliste et communiste, plus connu sous le
nom de Vietcong. Ce mouvement rencontre un certain succès.
• Cette situation n'est pas acceptable pour les États-Unis. L'intervention américaine est motiv ée
par la peur de la contagion du com munism e dans toute l'Asie du sud-est. J.F.Kennedy
envoie donc en 1961 plus de 16 000 conseillers militaires américains pour former les troupes du Sud-
Vietnam, mais il refuse prudemment de les engager directement dans la guerre contre le Vietcong. Il
est assassi en 1963.
La même année, un coup d'État militaire renverse Diem remplacé par les généraux Thieu et Ky. En
1964, le président Johnson obtient du Congs l'autorisation d'engager m assivem ent
l'armée am éricaine dans la guerre (résolution du T onkin) : 85 000 GI's sont envoyés en Asie
du sud-est. C'est le début d'une escalade dans l'envoi de matériel et de soldats américains au Vietnam.
La Chine populaire et l'URSS restent prudemment en retrait : elles se contentent de ravitailler la
guérilla Vietcong par la frontre du Laos et la « piste Hô Chi Minh » qui achemine les armes vers le
sud. Johnson fait bombarder cet axe vital en 1965, mais sans succès.
Les Am éricains s'enlisent dans une guerre terrible, m eurtrière et de plus en plus
impopulaire au Vietnam : des milliers de tonnes de bombes, de nouvelles armes chimiques, des
bombes au napalm (incendiaires), des exfoliants, etc. sont lancés sur le Vietnam et touchent durement
les populations. Des massacres de civils ont également lieu presque sous les yeux de la population
américaine qui reçoit par les médias les images de la guerre.
Les mouvements pacifistes se développent et certains dénoncent le fait que ce sont presque
exclusivement de jeunes hommes des catégories les plus pauv res ou de jeunes afro-américains qui
sont envoyés se battre.
Le 31 janvier 1968, le Vietcong lance une vaste offensive m ilitaire le jour de la fête du T êt
(nouvel an vietnam ien) et ussit à tenir plus de 100 bases am éricaines et villes du Sud-
Vietnam pendant plusieurs heures. Cette année là, il y a pourtant plus de 540 000 soldats
américains au Vietnam et il devient clair que cette « sale guerre » n'est pas gagnée. Conscient de la
situation, Johnson se désengage peu à peu et ordonne l'art des bom bardem ents sur le
Nord-Vietnam . Le Vietcong accepte alors de se mettre à la table des gociations à Paris, mais les
deux parties peinent à s'entendre.
En 1969, le FNL se transforme en Gouvernement révolutionnaire provisoire (GRP) alors que les
Américains transrent peu à peu la responsabilité de la guerre aux troupes du Sud-Vietnam et
commencent le rapatriement de leurs troupes. En février 197 2, Nixon (nouveau président des États-
Unis) fait un voyage en Chine, puis à Moscou en mai. Le 28 janv ier 197 3, un cessez-le-feu est
ainsi finalem ent signé aps des pourparlers secrets entre Le Duc T ho et Henry
Kissinger, qui auront duré quatre ans. Les États-Unis retirent leurs troupes du Vietnam (mais
laissent pour 5 milliards de matériel militaire à leurs alliés du sud).
Les accords de Paris sigs en 197 3 prévoient la formation d'un « conseil national de réconciliation »
avec des membres du GRP, et des élections libres. Mais une guerre civile éclate entre le nord et le sud.
Finalem ent, le GRP et les nord-Vietnam iens prennent Saïgon en 1975 et réunifient le
Vietnam qui devient un État com m uniste.
La guerre du Vietnam a affaibli les États-Unis du point de vue des relations
internationales (ils ont montré qu'ils pouvaient être vaincus, ce qui a encouragé les velléités
d'indépendance des alliés vis-v is du leadership américain) , mais aussi du point de vue de la
politique intérieure (l'opinion publique vit mal la défaite, les mouvements contestataires se sont
renforcés, situation qui va encore empirer avec le scandale du Watergate et la démission de Nixon).
Pourtant, la volonté de paix du président Carter fera long feu avant un retour des tensions.
Finalement, le combat ne cessera qu'avec la chute d'un des deux grands, faute de combattants.
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2. De nouvelles conflictualités depuis 1991 : vers une nouvelle gouvernance mondiale
qui reste à définir
En 1991, l'URSS a éclaté (elle est alors rem placée par la CEI : Com m unauté de États
Indépendants). Les États-Unis sont la seule superpuissance surv ivante.
Ils sont de loin la premre puissance mondiale avec un énorm e potentiel m ilitaire (la question
de l'héritage de l'armement soviétique pose de gros problèmes) : on parle même d'hyper-puissance
américaine. Sous le gouvernement de Georges Bush père, les bases de la politique internationale des
États-Unis sont jetées : ils ont conscience de leur puissance, sont persuadés d'avoir le devoir
d'étendre leur modèle de dém ocratie libérale et de m aintenir la paix et le droit
international dans le m onde destinée m anifeste ») tout en défendant les intéts de
leur pay s. Mais en 1991 ils veulent le faire dans le cadre de l'ONU et en négociant avec les autres
États. La guerre du Golfe et l'opération « tem pête du désert » seront le sy m bole de cette
politique.
La guerre du Golfe est déclenchée le 2 août 1990 avec l'invasion du Koweït par l'Irak
qui contle alors 20 % des serves mondiales detrole.
Le dictateur irakien Saddam Hussein joue un jeu complexe et risqué. Entre 1980 et 1988, la
dictature irakienne a été le champion d'États pétroliers (« pétromonarchies »), avec le soutien des
démocraties occidentales, en s'opposant à la publique islamique iranienne, alors dirigée par des
fondamentalistes religieux après la révolution lancée par l'ayatollah Khomeiny. Mais Saddam Hussein
a également des ambitions expansionnistes : il veut faire de l'Irak l'État le plus puissant de la région et
cherche à obtenir des armes de destructions massives, en particulier l'arme nucaire (Saddam
Hussein a même fait tester des armes chimiques lors d'une répression contre les Kurdes en 1988). Le
discours du dictateur est de surcroît hostile à Israël. L'Irak inquiète donc les États-Unis mais aussi une
partie de la Ligue des États Arabes ; de plus, en envahissant le Koweït, les troupes de Saddam Hussein
arrivent aux portes de l'Arabie Saoudite, un allié des États-Unis et un important fournisseur de
pétrole.
Lorsque l'émir du Koweït demande l'aide internationale, les États-Unis et une coalition d'États
envoient donc des troupes d'interposition en Arabie Saoudite (opération « bouclier du désert »).
Saddam Hussein prétend alors être le défenseur des « lieux saints » contre les infidèles et relie
habilement son action au conflit palestinien, favorisant la montée d'un antiaméricanisme dans une
partie de l'opinion publique arabe. Le 15 janvier 1991, le conseil decurité de l'ONU vote une
résolution autorisant une intervention armée de « casques bleus » contre l'Irak. Les sites stratégiques
du pays sont bombardés le 17 janvier. Saddam Hussein réplique en incendiant les puits de pétrole
koweïtiens ce qui déclenche une énorme pollution dans le Golfe. Du 24 au 27 janvier les forces de la
coalition menées par les États-Unis envahissent l'Irak et arrivent aux portes de Bagdad.
• Georges Bush (père) n'a pas lancé son pays dans une opération solitaire et unilatérale de maintien de
l'ordre. Il ne veut pas de la montée de puissances régionales comme l'Irak mais doit respecter les
alliances existantes dans un monde qui devient complexe, d'autant plus qu'il est conscient de la
dépendance économique des États-Unis vis-à-vis du reste du monde. De plus, l'opinion publique
américaine n'accepte plus de pertes humaines dans les rangs de son armée, c'est pourquoi les
bombardements sont privilégs. Les États-Unis acceptent cependant leurs responsabilités
de prem ière puissance mondiale garante du droit international : de « gendarm es du
monde ». La politique américaine se caractérise donc par un réel pragmatisme, et respecte l'idée
d'une « sécurité collective ».
Le problème irakien n'est cependant pas totalement résolu : Saddam Hussein est laissé à la tête de
l'Irak par peur d'une montée des instabilités et conflits provoqués par un changement de
gouv ernement, un embargo est maintenu sur l'Irak et une commission spéciale des Nations Unies est
nommée pour la destruction des armes non conventionnelles en Irak (UNSCOM). Les tensions
persistent d'autant plus que l'armée irakienne a lancé une répression contre les Kurdes et les chiites
qui a poussé l'ONU à intervenir.
La Yougoslavie est une mosque de com m unautés et d'ethnies régulièrem ent en
conflits depuis des siècles. La dictature du maréchal T ito a maintenu la paix par la force d'un
gim e autoritaire. Mais la fin du régime communiste réveille les nationalismes et des tensions
ethniques anciennes. En 1991, la Yougoslavie éclate en plusieurs pays qui réclament leur
indépendance (Slov énie, Croatie, Macédoine, Bosnie-Herzégov ine).
Cette situation n'est pas acceptable pour la Serbie, la plus puissante des régions de l'ex-Y ougoslavie,
héritre de sa puissance militaire. Les Serbes se lancent dans une guerre de reconquête et la
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région des Balkans finit par sombrer dans une sanglante guerre civile.
Le conflit est particulièrement dramatique en Bosnie-Hergovine, dont l'indépendance a été
reconnue par l'ONU en 1992, mais où les Serbes engagent une véritable politique d'épuration
ethnique contre les Bosniaques. Les civils sont également bombardés par l'artillerie et tués dans
la rue par des snipers qui font régner la terreur. Le calv aire des 400 000 habitants de la ville va durer
quatre ans.
• Cet épisode montre les limites du pouvoir de l'ONU : les casques bleus de la FORPRONU doivent
assister impuissants aux exactions et aux crimes de guerre, à la politique d'épuration ethnique des
Serbes. Ils ne sont en effet qu'une force d'interposition qui n'a pas le droit d'intervenir si elle n'est pas
directement menacée. Ils peuvent donner de l'aide humanitaire aux assiégés de Sarajevo
car ils contrôlent l'aéroport, m ais ils ne peuvent pas les protéger. Il faudra finalement
l'intervention des forces de l'OTAN en 1994 (bombardements et force de réaction rapide) pour
imposer une paix fragile. Le président américain Bill Clinton fait ainsi signer l'accord de Dayton le 21
novembre 1995 : la Bosnie-Herzégovine est partagée entre la « publique serbe de Bosnie » et la
«dération croato-musulmane ».
La guerre du Golfe a marqué l'émergence d'un nouvel ordre mondial domi par une
« hyperpuissance » tentée par l'unilatéralisme (politique internationale menée sans concertation avec
les autres États), mais obligée de prendre en compte d'autres puissances émergentes dans un monde
finalement complexe. Le conflit en ex-Y ougoslavie symbolise l'instabilité et les conflits engendrés par
l'éclatement du bloc de l'Est. Mais d'autres formes de conflits vont se développer, plus
particulrement au début du XXIe siècle avec les attentats du 11 septembre 2001.
Depuis la fin des années 197 0, avec la révolution iranienne et la guerre en Afghanistan, des
mouvem ents islam istes se sont développés dans le m onde musulman (talibans
afghans). Ces mouvements idéologiques datent du XIXe siècle et de l'opposition à la colonisation. Ils
peuvent être modernistes ou traditionalistes mais veulent mettre la religion musulmane au cœur de la
vie des soctés, de lagislation et des gouvernements des pay s.
L'islamisme se compose de plusieurs mouvances mais semble s'être particulrement radicalisé dans
les années 1990 avec la guerre du Golfe et les déclarations de Saddam Hussein, la montée de
l'antiaméricanisme et la diabolisation de l'Occident par les fondamentalistes. L'arrivée au pouvoir des
néoconservateurs américains (présidence de Georges W. Bush) n'arrange pas la situation : les États-
Unis sont accusés de mener une « croisade » contre l'islam. Les groupes islamiques se multiplient dans
le monde. Celui qui semble être le plus important à partir de 1998 est Al-Qaïda, dirigé par Ben
Laden, qui fonctionne sur le modèle d'une multinationale « sous-traitant » à des cellules terroristes
locales des attentats, comme ceux des ambassades du Kenya et de la Tanzanie le 7 août 1998.
19 terroristes vont durablement marquer les relations et la politique internationale en lançant une
triple attaque contre des sy m boles forts du territoire am éricain le 11 septem bre 2001. Ce
« mardi noir », un av ion détourné par des terroristes s'écrase contre le Pentagone à
Washington, et deux autres av ions viennent percuter les tours jum elles du World T rade
Center à New York. Un quatrièm e av ion rate sa cible : la Maison Blanche. Ni les cibles ni la
méthode n'ont été choisies au hasard. Le Pentagone est le sge de la CIA et de la défense américaine,
les tours jumelles sy mbolisaient la puissance économique des États-Unis dans le monde. Enfin, le
détournement d'avion rappelle les films produits par l'industrie hollywoodienne Presque 3 000
personnes périssent ce jour là : c'est la première fois depuis la guerre d'indépendance que les États-
Unis sont touchés sur leur sol et le traumatisme est énorme car l'attentat démontre queme la
première puissance mondiale n'est pas invulrable. Les terroristes ont également gagné sur le terrain
médiatique : l'information tourne en boucle sur toutes les télévisions du monde.
Cet attentat oblige l'ONU et les grandes puissances à prendre aurieux la menace terroriste,
d'autant plus que depuis l'éclatement de l'URSS une partie des armements conventionnels ou non de
l'ancienne superpuissance circule sur le marché noir. G.W. Bush fait voter aux États-Unis le « Patriot
act » qui limite les libertés indiv iduelles et lui permet de transrer des prisonniers
(jihadistes ou non) vers la base de Guantanamo pour y être internés et parfois même torturés.
En octobre 2001, une offensive est lancée contre legime des T alibans en Afghanistan
sous m andat de l'ONU. Mais G.W.Bush veut aller plus loin : il envahit l'Irak contre l'avis de
l'ONU et de certains de ses meilleurs alliés (France, Allem agne) sous le prétexte de la
présence d'armes de destruction massive qui en fait n'existent pas. Cette politique, loin de résoudre le
problème du terrorisme, accentue au contraire l'anti-américanisme dans le monde. Ses résultats sont
donc très limités.
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