L’origine Du
Mythe D’Horus
Nous ne pouvons mieux faire que de
céder la parole à Plutarque, historien
grec du ler Siècle après J-C pour pla-
cer Horus, fils d’Osiris (os - iris : aux
multiples yeux) et d’Isis dans la
légende des dynasties divines qui
constituèrent l’Egypte. Signalons
qu’Horus, le fils d’Isis et Osiris est
encore désigné sous le nom d’Har-
sièsis - Horus fils d’Isis- ou
d’Harpocrate) protecteur des pha-
raons dont nous allons voir la nais-
sance et la vie mouvementées.
En ce temps-là, les Dieux immortels
vivaient sur Terre. Deux garçons,
Osiris, et Seth, et deux filles Isis et
Nephtys étaient nés dans cet ordre de
Nout Déesse du Ciel et Geb Dieu de la
Terre, eux-mêmes nés de Chou -l’air-
et de Teffiout -l’humidité-, tous deux
nés de Ré Atoum -le soleil- (qui se créa
lui-même en surgissant du Noun, les
Eaux primordiales) ; ainsi était consti-
tuée l’Ennéade héliopolitaine .
Devenus adultes, Osiris épouse sa
sœur Isis, et son frère Seth, sa sœur
Néphtys : les deux frères avaient
épousé les deux sœurs. Il n’y a pas
d’inceste dans le monde des dieux.....
Osiris l’aîné, le plus sage était pré-
destiné à la royauté : secondé par sa
fidèle épouse Isis, il enseigna aux
hommes la culture, l’élevage, l’arti-
sanat, les arts, la religion et ses rites ;
Isis créa la famille, les liens du
mariage ; elle déshabitua les hommes
de l’anthropophagie et leur apprit à
moudre le grain entre deux pierres et
à en faire du pain ; elle leur donna,
avec le métier à tisser, les moyens de
se vêtir et employa pour soulager
leurs maux la médecine et la magie.
Pierre Vital BERARI - Marseille.
Introduction
L'homme est un être essentiellement visuel qui vit dans
un monde presque totalement centré sur la vision ;
l'œil est donc l'organe des sens essentiel, dont la perte
constitue un handicap majeur. Les yeux, siège de la
vision, participent également à l'expression par le
regard : ils sont la fenêtre de l'âme ; les yeux du corps
sont aussi les yeux du cœur ; ils prennent donc part à la
psychologie et au comportement ; d'où l'importance
prise par l'œil et le regard dans toutes les civilisations.
Si l'œil est l'organe de la vision, on l'a longtemps cru
source de lumière ; jusqu'à Newton, contemporain de
Louis XIV, la théorie admise de, la vision était celle de
“l'émission”: la vision est le résultat de l'émission
d'esprits visuels ou “pneuma“ ayant leur origine dans le
cerveau, siège de l'âme ; il y aurait projection sur l'objet
regardé d'une lumière interne qui retourne au cerveau
chargée d'informations.
Il n'est donc pas étonnant que depuis l'origine, les
hommes aient attribué à l'œil des pouvoirs magiques,
pouvoirs que l'on retrouve dans toutes les mythologies
et encore actuellement dans certaines traditions
populaires. On lui a d'abord attribué un pouvoir
maléfique aussi bien chez l'homme que chez l'animal :
c'est le mauvais œil. Le sorcier napolitain est le jettatore
qui jette un sort sur celui que lui-même regarde ou qui
le fascine. L'ennemi qui est regardé par la Gorgone
Méduse est changé en pierre : il est médusé. L'œil peut
aider à commettre le mal : Tiresias, Œudipe, Démocrite,
Ste-Lucie s'arrachent les yeux pour retrouver la sérénité .
Parallèlement, se constitue tout un symbolisme pour se
protéger contre le mauvais œil : le nœud, les potions
odoriférantes, le phallus avec ses dérivés : la mano fica
ou la main obscène, la corne, la croix ansée. Puis on en
vient progressivement à utiliser l'œil non plus pour son
action maléfique, mais pour son pouvoir bénéfique de
protection ; les esprits visuels ne sont plus alors au
service du mal, mais au service du bien : c'est l'œil
apotropaïque ou bon œil. Dans ce cadre entre l'œil
d'Horus, symbolisé par l'œil Oudjat, qui eut un
rayonnement spirituel et magique important dans
l'Egypte ancienne.
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L'Œil d'Horus
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Voyant le résultat obtenu, Osiris
résolut de répandre ailleurs qu’en
Egypte les bienfaits de la civilisation ;
il remit la régence à Isis, qui est
représentée notamment sous la
forme d’une femme portant sur la
tête le trône sous forme d’un esca-
beau à deux marches, ou bien les
cornes en lyre d’Hathor encadrant
un disque solaire. Osiris, en roi
conquérant, étendit son royaume sur
toute l’Asie Mineure par la douceur et
la persuasion. Heureux de l’œuvre
accomplie, il revint enfin s’installer
sur les rives du Nil dans le Delta en
Basse Egypte, dont il voulait devenir
Roi. C’est ainsi, qu’Osiris personnifie
le Nil, l’eau fertilisatrice, le bienfai-
teur par excellence de l’Egypte (d’où
son nom d’Onnophris, l’être bon).
Son frère Seth surnommé Typhon
par les Grecs, futur roi de Haute
Egypte, avide de pouvoir, incapable
de créer, impie et violent, forme avec
lui le contraste le plus absolu ; il en
était l’exacte contre partie : il repré-
sente non plus le fleuve fertilisateur,
mais le désert aride et brûlant, l’es-
prit barbare et sauvage. Seth, très
jaloux des succès de son frère, orga-
nisa avec grand soin un piège dans
lequel Osiris tomba sans défiance.
Profitant des festivités célébrant le
retour d’Osiris, aidé de 72 conjurés ;
il prépare à l’avance un magnifique
coffre de la taille d’Osiris. Seth
déclare qu’il donnerait le coffre à
celui qui, s’y étant couché le trouve-
rait exactement à sa taille. Les
convives qui avaient participé au
complot en firent l’essai mais vaine-
ment. Osiris sur l’invitation de son
frère Seth vint à son tour s’y instal-
ler. Aussitôt les conjurés referment le
couvercle du coffre sur lequel on
coula du plomb fondu pour le scel-
ler puis ils le jettent dans les eaux du
Nil. Il s’empara ensuite du trône de
son frère, sans que personne ne son-
geât au premier moment à lui faire
opposition.
À l’annonce de ce forfait, Isis éplorée
s’enfuit à la recherche du cercueil de
son époux. Elle arriva à Byblos en
Palestine, où elle avait appris aux
jeunes filles à se coiffer et à se parfu-
mer. Le cercueil s’y trouvait enchâssé
au cœur d’un magnifique acacia
constituant une des colonnes du
Palais Royal. Elle offrit ses immenses
talents de magicienne à la Reine, qui
en retour lui restitua le cadavre
d’Osiris. Isis, chargée de son macabre
fardeau, revient en Egypte et cache
le cercueil dans les marais de Bouto
du Delta. Mais un jour, Seth, qui chas-
sait dans les parages découvrit le
coffre. Ivre de dépit, il dépeça le corps
d’Osiris en 14 morceaux qu’il dispersa
dans le Nil. Folle de douleur, Isis reprit
sa quête, mais ne parvint à réunir que
13 morceaux ; le quatorzième mor-
ceau, le phallus, un poisson du Nil,
l’oxyrhynnque, l’avait mangé.
Alors aidée de Thot, Dieu des
Médecins et des Scribes à tête d’Ibis
ou de babouin - (nb : Il faut rappeler
que les Égyptiens considéraient les
animaux vivants comme des incar-
nations de la divinité ; c’est une
caractéristique de la religion égyp-
tienne) - qui lui donna le morceau
manquant, aidée aussi de sa mère
Nout, déesse du ciel, et de Néphtys
elle reconstitua le corps d’Osiris ; puis
avec Anubis (à tête de chacal) elle
embauma le corps et fabriqua la pre-
mière momie. C’est alors qu’Isis ras-
semblant toutes les ressources de sa
magie, se transforma, le temps néces-
saire en oiselle, rendit la vie à son
époux en agitant ses grandes ailes.
Puis reprenant forme humaine et se
plaçant sur le corps d’Osiris, Isis
conçut un fils posthume, Horus l’en-
fant qu’elle éleva en secret dans les
marais du Delta, afin qu’il puisse
échapper à la vindicte de Seth-
Typhon, son oncle. C’est à Sais dans
le delta qu’Isis se réfugia ; elle
séjourna dans le temple de l’abeille
symbole de la discipline où la foule
des abeilles est soumise à son roi et
protégée par lui. Cet Horus fils d’Isis
et d’Osiris (Fig.2) est nommé par les
grecs Harpocrate, souvent représenté
par un tout petit enfant nu ou paré
uniquement de bijoux ou bien assis
sur les genoux d’Isis qui lui présente
le sein (Fig. 1) ; il suce toujours son
doigt à la manière des bébés.
Ainsi, Roi sur la Terre, Osiris ressus-
cité devint le souverain du royaume
des morts ; devant son tribunal, il
reçoit les morts pour les préparer à
jouir d’une vie nouvelle semblable à
celle de la Terre.
Horus grandit, entretenu par Isis
dans l’adoration d’un père si admi-
rable, disparu dans des circonstances
aussi dramatiques, à la suite du crime
de Seth. Devenu adolescent, révolté
par la perfidie de Seth Typhon, il
résolu de venger son père Osiris (ce
qui lui valut le surnom de
Harendotès, transcription grecque
d’Hor-nedj-itef “Horus vengeur de
son père“).
Rassemblant une armée de fidèles,
il engagea le combat contre Seth et
sa suite. Malgré de nombreuses et
sanglantes batailles, les deux belligé-
rants n’arrivaient pas à se départager.
Constamment Seth cherchait à se
sauver lui-même en se transformant
ainsi que ses compagnons en
monstres de toutes sortes : hippopo-
tames ou crocodiles (symbole des
forces du mal). Un jour cependant,
au cours d’un violent corps à corps,
Horus castra Seth, Seth arracha l’œil
gauche d’Horus, l’œil lunaire, (il
semble selon d’autres manuscrits
que c’est l’œil droit qui fut arraché)
et, funeste habitude, le coupa en
64 morceaux.
L’Œil d’Horus (suite)
Figure 1 : Isis allaitant Horus
Les deux ennemis se précipitèrent
alors devant le Tribunal Divin à
Héliopolis pour réclamer le juste
héritage du royaume :
- Horus fils posthume d’Osiris n’a
aucun droit légitime sur le royau-
me, plaida Seth
- Seth s’est emparé du pouvoir de
façon criminelle et par traîtrise,
répondit Horus.
Le Tribunal Divin se rendit à l’arbi-
trage du Dieu Thot fidèle allié
d’Horus. Il rétablit d’abord l’intégrité
anatomique des deux combattants :
-Seth retrouva ses testicules et sa
fécondité
-Horus retrouva dans un premier
temps seulement 63 morceaux de son
œil mutilé, mais le Dieu Thot recons-
titua la partie manquante, le 64ème
morceau : grâce à Thot l’œil complet
(oudjat) est reconstitué. (Oudjat
signifie “complet“ en égyptien.)
D’autres textes disent que Seth coupa
l’œil d’Horus en six morceaux, ce qui
est moins logique pour l’interpréta-
tion du symbole mathématique.
Quant au royaume, il revenait en
totalité à Horus, tandis que Seth-
Typhon était relégué dans le désert
de Nubie, à l’extrême sud du pays.
Ainsi ceint de l’investiture divine,
Horus régna en maître légitime sur la
terre d’Egypte. Il porte la double cou-
ronne symbole de l’unité de la Haute
et Basse Egypte. Après lui, régnèrent
ses descendants, d’abord Ménès pre-
mier roi de la première dynastie pha-
raonique : il ouvre l’époque thinite
avec comme capitale politique
Thinis et comme capitale religieuse
Abydos ville voisine, puis c’est la
longue succession des Pharaons tota-
lisant XXX dynasties égyptiennes. La
Titulature d’un Pharaon qui com-
porte cinq noms débute toujours par
le nom d’Horus et en troisième posi-
tion très souvent à partir de la IV
dynastie la filiation avec Horus est
encore rappelée par la formule
“Faucon d’or“.
Ce récit largement inspiré du texte
de Plutarque n’est qu’une légende
qui se veut didactique en rassem-
blant les données de 3 sources :
Les idées religieuses de l’ancien
Empire (Epoque des pyramides),
les traditions égyptiennes de la
dernière période avant tout ptolé-
maïque.
les conceptions grecques en cours
à l’époque de Plutarque.
Faisons remarquer que l’étude des
mythes selon les époques et les lieux
montre l’existence de plusieurs
Horus, plus d’une vingtaine, plus ou
moins mêlés au mythe osirien1.
Selon la capitale religieuse, les
mythes varient : Horus d’Abydos que
nous avons rapporté, Horus d’Edfou,
de Thèbes, de Dendera, d’Héliopolis.
Mais il n’en reste pas moins qu’à par-
tir de ce récit de Plutarque, il est rela-
tivement aisé de faire l’analyse des
mythes et symboles qui entourent
l’œil d’Horus2.
La suite de l’aricle sera présentée dans
le prochain numéro de Revoir.
1 : Les dieux Horus : citons par exemple :
Horus Mekhenti-lrty ou Mekhenti-En-Irty, Harsomtous
(Horus qui réunit les deux terres), Hor-pa-neb-taoui (Horus
maître des deux terres), Antywey, Iounmoutef, Harsiésis .
forme la plus connue du dieu Horus dans l'ancienne Egypte
(Horus fils d’Isis), Harakhtes, Amset, Harmakhis (Horus dans
l'horizon), Hor-merty (aux yeux de lune et de soleil),
Qebehsenouf, Behedetite l’Horus aux deux yeux, Doua-
moutef, Soped, Hor-noubti (vainqueur de Seth), Hapi, Hor-
sa-iset (fils d'Isis la magicienne), Hor-pa-khered ou en grec
Harpocrate (Horus l'enfant) .
2 : Io déesse d'Argolide était la prêtresse d'Héra (Junon)
femme de Zeus ; mais Zeus tombe amoureux d'Io est affreu-
sement jalouse et menace Io. Pour la sauver Zeus la trans-
forme en vache sacrée. Héra prit l'initiative de charger Argos
de la garde de Io, transformée en vache sacrée ; Zeus en fut
contrarié ; c'est pour cela qu'il demanda à Hermés (Mercure)
d'endormir Argas au son de sa flûte et de le tuer, ce qu'il fit.
Mais Io était libre .et, pour échapper à Héra, elle s'enfuit en
Egypte en franchissant le Bosphore (passage du bœuf) ; elle
rencontre Zeus qui lui redonne forme humaine, ce qui lui
permet à leur fils Epaphoros de venir au monde. Mais impru-
demment ils laissent Héra s'emparer du bébé qui va le cacher
à Byblos où Io le retrouve. Héra, en souvenir d'Argos, sema
les yeux d'Argos sur la queue du paon qui fut dès lors consa-
cré à cette déesse. Les yeux d'Argos symbolisent la sur-
veillance incessante. Cette légende symboliserait la fusion
des religions grecque et égyptienne : Io devient Isis, Zeus
devient Osiris et Epaphoros devient Horus .
Revoir
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Fig. 2 : Osiris entre Isis et Horus à tête de faucon
respectivement épouse et fils d'Osiris (9 cm x 6,6 cm)
Epoque Osorkon 11, 874 -850 av.J.C. pharaon Iybien XXII dynastie
(Osiris figure ici le souverain Osorkon 11)
Représentation de l’œil
d’Horus l’Oudjat
Les Egyptiens représentaient souvent leurs dieux sous
forme d’un corps humain tête animale. Horus est repré-
senté avec une tête de faucon ; d’ailleurs, à l’origine le mot
“Horus” servait à nommer le faucon, dont la vue perçante
en fit d’emblée le symbole de la puissance royale.
C’est donc naturellement que l’œil stylisé du faucon ser-
vit de signe hiéroglyphique pour désigner l’œil d’Horus.
Le symbole initial de l’œil d’Horus, l’Oudjat, est donc
constitué par l’œil avec ses deux paupières, dont l’angle
externe est prolongé au fard du côté temporal, surmonté
d’un épais sourcil dont les extrémités se projettent au
niveau des limites interne et externe de l’œil qui présente
deux appendices inférieurs s’échappant du tiers moyen de
la paupière inférieure : le plus interne est vertical, orné
d’une petite saillie à sa partie supérieure (c’est le menti),
le plus externe oblique en bas et en dehors avec l’extré-
mité distale en spirale. Ces deux prolongements caracté-
risent l’œil Oudjat dont les premières représentations
apparaissent sous le moyen Empire (fig 3). Ici sur la figure
on voit une pupille.
Pierre Vital BERARD - Marseille.
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L'Œil d'Horus - 2epartie
Fig. 3 : Oudjat
œil gauche
Plus tard, sous le nouvel Empire, on
ajoute sous la paupière inférieure
deux bras tendus ou deux ailes
(Oudjat ailé). Dans le Livre des
morts, on trouve même des yeux
Oudjats avec deux ailes et deux
pieds. E. Ratiu dans un travail parti-
culièrement remarquable fait l’in-
ventaire des différentes représenta-
tions de l’œil d’Horus au cours de
l’histoire de l’Egypte ancienne et en
donne 459 illustrations. Il fait
notamment remarquer que l’Oudjat
est souvent incomplet : suppression
des deux appendices inférieurs,
pupille en général non représentée
mais une surface circulaire noire
englobe la zone comprenant l’iris et
la pupille.
L’œil droit est l’œil solaire ou œil de
Ré, l’œil gauche est l’œil lunaire ; ce
fut l’œil blessé, redevenu sain par
l’intervention de Thot. Au départ,
l’Oudjat a été l’œil gauche (il res-
semble à notre R majuscule) ; ulté-
rieurement sous l’influence de
considérations magiques, le côté
droit étant celui de la chance et de
l’œil solaire, l’œil Oudjat devient
l’œil droit et est ainsi assimilé à l’œil
de Ré.
Cet œil est gravé sur les objets
usuels ; il peut constituer, nous
allons le voir, une amulette.
L’œil d’Horus peut être double :
l’œil droit et l’œil gauche sont repré-
sentés en position normale. On
trouve l’Oudjat simple ou double sur
les sarcophages de façon à permettre
au mort de suivre sans se déplacer le
spectacle du monde extérieur ; on le
trouve également le plus souvent
double sur les stèles funéraires où il
surmonte souvent une fausse porte
séparant le défunt du monde des
vivants.. Les yeux du mort s’identi-
fient au dieu suprême Ré ou Atoum
dont les yeux sont le soleil et la lune
épanchant leurs rayons.
L’œil de la vache sacrée Hathor est
un œil d’Horus.
Sur certaines amulettes, on trouve
un œil droit au recto, un œil gauche
au verso, parfois, des yeux d’Horus
multiples : quatre ou davantage.
L’œil d’Horus tient une grande place
dans l’écriture hiéroglyphique..
Symbolisme de
l’œil d’Horus
Si la légende telle que la rapporte
Plutarque est sujette à caution, en
particulier dans la mesure où elle se
réfère à des textes tardifs, il est cer-
tain que l’œil d’Horus, représenté
sous la forme de l’Oudjat qui signi-
fie complet, entier, sain, va, au
cours de l’évolution de la civilisation
égyptienne, se charger de nom-
breuses valeurs symboliques. L’his-
toire que nous venons de rappeler
fait comprendre les multiples
facettes de ce symbolisme.
1- Symbole politique
Les disputes familiales entre Seth et
son frère Osiris, puis son neveu
Horus reflètent la bipartition territo-
riale de l’Egypte : il y a opposition
entre la Haute Egypte désertique et
la Basse Egypte marécageuse mais
très fertile, entre le rouge et le noir :
le rouge désignant l’aspect saharien
du pays aux étendues désertiques, le
noir l’aspect nilotique de la vallée et
du delta noirci par les alluvions du
Nil.. En égyptien ancien, l’expression
“Terre Noire” est utilisée pour dési-
gner l’Egypte. (cf David Fabre. Le dieu
Seth in Egypte n° 22 sept 2001). L’œil
d’Horus rappelle donc les luttes pré
dynastiques qui ont abouti à l’unité
égyptienne : il est donc le symbole
de la victoire sur le mal et de l’uni-
fication du royaume (fig.4) (d’où le
surnom de Harsomtous, transcrip-
tion de Hor-sma - taoui “Horus qui
réunit les deux pays” et d’Hor-paneb-
taoui “Horus le maître des deux
terres”), de la protection de la royauté
et donc du Pharaon, de la transmis-
sion patriarcale du pouvoir.
Fig. 4 : Horus et Seth réunissant Haute et
Basse Egypte sous l’autorité du roi
D’ailleurs, depuis l’ancien Empire,
tous les Pharaons portaient le nom
d’Horus... C’est ainsi que la
Titulature du Pharaon comprenait
au moins cinq noms :
1 le nom d’Horus (représenté par
un palais ou serekh avec un fau-
con posé sur le toit)
2 Nom des 2 déesses (Nebty) avec
un vautour(Haute Egypte) et un
cobra (Basse Egypte),
3 Horus d’Or : Horus est sur un
soleil d’or symbolisant son
caractère divin inaltérable,
4-5 cartouches, l’un pour le pré-
nom,l’autre pour le nom de roi
du pharaon. (Fig.5)
Fig. 5 : Titulature royale. Le premier nom
est celui d’Horus qui est au dessus du
serekh qui représente le temple. L’Horus
d’or est ici le cinquième nom : Horus est
assis sur un soleil d’or symbolisant le
caractère divin d’Horus inaltérable comme
l’or. En haut du schéma à gauche la mitre
couronne de Haute Egypte à droite le mor-
tier couronne de Basse Egypte.
2- Symbole religieux
L’œil d’Horus est le symbole du
sacrifice suprême : Horus a perdu
son œil pour venger son père Osiris.
C’est l’offrande par excellence.
Il est aussi le symbole du tribunal
divin présidé par Osiris. La pesée de
l’âme symbolisée par le cœur (Psy-
chostasie) après la mort se fait tou-
jours en présence d’Horus, d’Anubis
et de Thot. La pesée se fait en met-
tant dans un des plateaux de la
balance le cœur du défunt et dans
l’autre la déesse Maât coiffée d’une
plume d’autruche, qui représente la
vérité, la justice, l’ordre dans le
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L’Œil d’Horus (suite)
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