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Bulletin N° 109 de la Banque Française des Yeux : 6 quai des Célestins - 75 004 Paris - Tél. 01 42 77 19 21
Voyant le résultat obtenu, Osiris
résolut de répandre ailleurs qu’en
Egypte les bienfaits de la civilisation ;
il remit la régence à Isis, qui est
représentée notamment sous la
forme d’une femme portant sur la
tête le trône sous forme d’un esca-
beau à deux marches, ou bien les
cornes en lyre d’Hathor encadrant
un disque solaire. Osiris, en roi
conquérant, étendit son royaume sur
toute l’Asie Mineure par la douceur et
la persuasion. Heureux de l’œuvre
accomplie, il revint enfin s’installer
sur les rives du Nil dans le Delta en
Basse Egypte, dont il voulait devenir
Roi. C’est ainsi, qu’Osiris personnifie
le Nil, l’eau fertilisatrice, le bienfai-
teur par excellence de l’Egypte (d’où
son nom d’Onnophris, l’être bon).
Son frère Seth surnommé Typhon
par les Grecs, futur roi de Haute
Egypte, avide de pouvoir, incapable
de créer, impie et violent, forme avec
lui le contraste le plus absolu ; il en
était l’exacte contre partie : il repré-
sente non plus le fleuve fertilisateur,
mais le désert aride et brûlant, l’es-
prit barbare et sauvage. Seth, très
jaloux des succès de son frère, orga-
nisa avec grand soin un piège dans
lequel Osiris tomba sans défiance.
Profitant des festivités célébrant le
retour d’Osiris, aidé de 72 conjurés ;
il prépare à l’avance un magnifique
coffre de la taille d’Osiris. Seth
déclare qu’il donnerait le coffre à
celui qui, s’y étant couché le trouve-
rait exactement à sa taille. Les
convives qui avaient participé au
complot en firent l’essai mais vaine-
ment. Osiris sur l’invitation de son
frère Seth vint à son tour s’y instal-
ler. Aussitôt les conjurés referment le
couvercle du coffre sur lequel on
coula du plomb fondu pour le scel-
ler puis ils le jettent dans les eaux du
Nil. Il s’empara ensuite du trône de
son frère, sans que personne ne son-
geât au premier moment à lui faire
opposition.
À l’annonce de ce forfait, Isis éplorée
s’enfuit à la recherche du cercueil de
son époux. Elle arriva à Byblos en
Palestine, où elle avait appris aux
jeunes filles à se coiffer et à se parfu-
mer. Le cercueil s’y trouvait enchâssé
au cœur d’un magnifique acacia
constituant une des colonnes du
Palais Royal. Elle offrit ses immenses
talents de magicienne à la Reine, qui
en retour lui restitua le cadavre
d’Osiris. Isis, chargée de son macabre
fardeau, revient en Egypte et cache
le cercueil dans les marais de Bouto
du Delta. Mais un jour, Seth, qui chas-
sait dans les parages découvrit le
coffre. Ivre de dépit, il dépeça le corps
d’Osiris en 14 morceaux qu’il dispersa
dans le Nil. Folle de douleur, Isis reprit
sa quête, mais ne parvint à réunir que
13 morceaux ; le quatorzième mor-
ceau, le phallus, un poisson du Nil,
l’oxyrhynnque, l’avait mangé.
Alors aidée de Thot, Dieu des
Médecins et des Scribes à tête d’Ibis
ou de babouin - (nb : Il faut rappeler
que les Égyptiens considéraient les
animaux vivants comme des incar-
nations de la divinité ; c’est une
caractéristique de la religion égyp-
tienne) - qui lui donna le morceau
manquant, aidée aussi de sa mère
Nout, déesse du ciel, et de Néphtys
elle reconstitua le corps d’Osiris ; puis
avec Anubis (à tête de chacal) elle
embauma le corps et fabriqua la pre-
mière momie. C’est alors qu’Isis ras-
semblant toutes les ressources de sa
magie, se transforma, le temps néces-
saire en oiselle, rendit la vie à son
époux en agitant ses grandes ailes.
Puis reprenant forme humaine et se
plaçant sur le corps d’Osiris, Isis
conçut un fils posthume, Horus l’en-
fant qu’elle éleva en secret dans les
marais du Delta, afin qu’il puisse
échapper à la vindicte de Seth-
Typhon, son oncle. C’est à Sais dans
le delta qu’Isis se réfugia ; elle
séjourna dans le temple de l’abeille
symbole de la discipline où la foule
des abeilles est soumise à son roi et
protégée par lui. Cet Horus fils d’Isis
et d’Osiris (Fig.2) est nommé par les
grecs Harpocrate, souvent représenté
par un tout petit enfant nu ou paré
uniquement de bijoux ou bien assis
sur les genoux d’Isis qui lui présente
le sein (Fig. 1) ; il suce toujours son
doigt à la manière des bébés.
Ainsi, Roi sur la Terre, Osiris ressus-
cité devint le souverain du royaume
des morts ; devant son tribunal, il
reçoit les morts pour les préparer à
jouir d’une vie nouvelle semblable à
celle de la Terre.
Horus grandit, entretenu par Isis
dans l’adoration d’un père si admi-
rable, disparu dans des circonstances
aussi dramatiques, à la suite du crime
de Seth. Devenu adolescent, révolté
par la perfidie de Seth Typhon, il
résolu de venger son père Osiris (ce
qui lui valut le surnom de
Harendotès, transcription grecque
d’Hor-nedj-itef “Horus vengeur de
son père“).
Rassemblant une armée de fidèles,
il engagea le combat contre Seth et
sa suite. Malgré de nombreuses et
sanglantes batailles, les deux belligé-
rants n’arrivaient pas à se départager.
Constamment Seth cherchait à se
sauver lui-même en se transformant
ainsi que ses compagnons en
monstres de toutes sortes : hippopo-
tames ou crocodiles (symbole des
forces du mal). Un jour cependant,
au cours d’un violent corps à corps,
Horus castra Seth, Seth arracha l’œil
gauche d’Horus, l’œil lunaire, (il
semble selon d’autres manuscrits
que c’est l’œil droit qui fut arraché)
et, funeste habitude, le coupa en
64 morceaux.
L’Œil d’Horus (suite)
Figure 1 : Isis allaitant Horus
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