Deux villes au parfum de rêve et d`aventure

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102 | MM24, 13.6.2016 | AU QUOTIDIEN
Les tanneries font la renommée
de Fès. La plus ancienne existe
depuis près de 1000 ans.
Escapade
Deux villes
au parfum
de rêve et
d’aventure
Des médinas grouillantes de vie aux espaces
d’art contemporain épurés, de la tannerie
à la Bibliothèque nationale: bienvenue à Fès
et à Rabat, des cités marocaines riches en contrastes.
F
ès et Rabat… deux noms porteurs de
rêve et d’aventure – et l’occasion
pour l’Office national marocain
du tourisme de faire découvrir deux
villes méconnues. «On parle toujours de
Marrakech, qui est devenue très tendance,
souligne Stéphanie Cassan, l’une de nos
accompagnatrices. Mais Fès et Rabat
gagnent à être visitées et révèlent
des facettes très différentes du Maroc.»
Une médina en effervescence
atteindre le cœur palpitant de la ville:
la médina, restée inchangée depuis le
XIe siècle. Forte de 600 000 habitants et
de 9400 ruelles, la vieille ville grouillante
et colorée se compose d’un lacis de voies
étroites et tortueuses où s’alignent stands
de dattes et de nougat, cascades de
babouches et autres merveilles.
Au détour d’une allée, des graveurs de
pierre. Plus loin, une boutique d’artisanat
et son ciseleur de cuivre. «Un artisan doit
avoir au minimum sept ans d’expérience
pour faire ce travail, nous explique le
patron de la boutique. Et il ne peut pas
œuvrer plus de trois heures par jour, car
cette tâche exige beaucoup de
concentration et fatigue vite les
yeux. Un seul plat demande cinq
à six jours de travail.»
Direction Fès, d’abord, pour un plongeon
dans le passé et les traditions. On s’arrête
devant le palais royal et ses 84 hectares,
protégés par sept portes somptueuses. Sur chacune d’elles,
quatre matières, le bronze, la mosaïque, le marbre et le plâtre, et
quatre couleurs riches en symboles: le rouge pour Marrakech, le
vert pour l’islam et Meknès (une
ville du nord du Maroc, qui en fut
autrefois sa capitale, ndlr), le blanc
pour Casablanca et enfin le jaune
Yasmina Naji,
pour le désert. Quelques minutes
directrice du
en minibus nous suffisent pour
centre d’art Kulte
Des dentelles de versets
Quelques ruelles plus loin se
dessine une entrée dentelée: celle
d’une école islamique, aux murs
recouverts de versets du Coran
délicatement gravés dans le plâtre
ou travaillés en mosaïque. Ici et là,
Photos: Alamy / Office national marocain du tourisme / Véronique Kipfer
Texte: Véronique Kipfer
Les barques de Bouregreg , du nom du
fleuve éponyme, ne sauraient manquer
au paysage pittoresque du littoral de Rabat.
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Carnet de route
Y aller
Il n’y a pas de vols
directs pour Fès et
Rabat au départ de
Zurich ou Genève.
La compagnie Royal Air
Maroc propose des vols
pour Casablanca avec
possibilité de prendre
une correspondance
interne pour la
destination désirée.
Y loger
et y manger
Fès et Rabat sont riches
en hôtels de luxe tout
comme en établissements plus modestes.
> A Fès, les amateurs
de confort pourront
par exemple découvrir
le charme traditionnel
de l’hôtel Les Mérinides,
ou le très design
Hôtel Sahrai.
Pour se sustenter,
pourquoi ne pas
pousser la porte d’un
des somptueux riads?
Le Riad Maison bleue
et le Riad Fès
Relais & Châteaux
offrent un couvert
raffiné, des chambres
luxueuses et un espace
bien-être. On peut aussi
y prendre des cours de
cuisine traditionnelle.
Le travail de
cisèlement du
cuivre se retrouve
tout autant
sur les portes
d’un palais royal
que sur des plats
ordinaires.
www.maisonbleue.com
et www.riadfes.com
> A Rabat, le Sofitel
Jardin des Roses
accueille les visiteurs
dès leur entrée dans
la ville avec son jardin,
ses chambres de luxe
et son spa. Quant au
Boutique Hôtel
& Spa Villa Diyafa,
les fenêtres de ses dix
suites ouvrent toutes
sur un ravissant jardin.
www.sofitel.com/rabat
www.villadiyafa.com
L’art islamique
excelle tout
particulièrement
dans les
ornements
à motifs
géométriques.
Pour manger, l’Hôtel
de la Tour Hassan est
un endroit prisé, avec son
jardin de roses et son
beau restaurant paisible.
www.latourhassan.com
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au fil des rues, quelques plaques de marbre
discrètes à côté de portes joliment ouvra­
gées: derrière se cachent de splendides riads,
transformés en luxueuses maisons d’hôtes.
On suit encore quelques ruelles sinueuses,
avant d’entrer au Musée Belghazi, qui ouvre
sur la plus ancienne tannerie du Maroc.
Feuilles de menthe fraîches en bouche,
afin de contrer l’odeur pestilentielle, on
écarquille les yeux devant le spectacle fasci­
nant des tanneurs pieds nus, passant d’une
cuve colorée à l’autre – le rouge est issu des
coquelicots, le brun des noyaux de dattes
et le blanc de fientes de pigeon – pour traiter
les peaux sous un soleil de plomb.
Après cette vision dantesque, on plonge
dans une oasis de tranquillité: le Jardin
Jnan Sbil. Soit 7 hectares de végétation
luxuriante, aménagés au XVIIIe siècle sous
le règne du sultan alaouite Moulay Abdellah.
Devenu parc impérial, le jardin a été ouvert
au public en 1917. Entre les allées de bambous
géants, de washingtonias, d’eucalyptus et
d’orangers, familles et amis se retrouvent
pour bavarder et profiter de la fraîcheur et
de la beauté du lieu. «Avec la mondialisation,
nous vivons dans un monde de plus en plus
stressant, souligne l’artiste peintre
Stéphanie Devico, que nous rencontrons
dans son atelier. Je me rends souvent
dans la médina pour boire un thé et me
ressourcer, parce que là, on a l’impression
que le temps s’arrête. C’est comme
un saut dans le passé.»
La jeune femme sait de quoi elle parle,
elle qui incarne parfaitement le lien entre
tradition et modernité: elle a créé son atelier
dans une des pièces de l’entreprise
de conditionnement de câpres de son père.
En bas, des femmes trient les petits boutons
de fleur vinaigrés, tandis que la jeune artiste
nous montre à l’étage ses premières œuvres
aux couleurs vives et ses nouveaux
monochromes. «Depuis un voyage en Inde
en 2007, j’ai abandonné la couleur pour
me tourner vers le blanc, le gris et
le noir. Pour moi, un tableau sombre
est une forme de méditation.»
L’art contemporain y trouve aussi sa place
A Rabat, Yasmina Naji incarne, elle aussi,
le Maroc contemporain: «Nous devons ré­
fléchir à de nouveaux espaces et à de nou­
veaux modèles économiques pour les struc­
tures culturelles», affirme la créatrice de
Kulte, à la fois galerie d’art et maison d’édi­
tion, ouverte il y a trois ans. Afin de sensibili­
ser un large public à l’art sous toutes
ses formes, elle a acquis un risographe, une
machine d’impression japonaise qui permet
d’éditer des livres d’art de façon économique
et écologique. «Généralement, les livres d’art
sont édités en français ou en anglais, langues
que la population marocaine ne maîtrise pas
forcément, nous explique­t­elle. «Nos livres
sont toujours bilingues ou trilingues,
en arabe, français et/ou anglais. Selon les
projets, nous travaillons avec des artistes,
sociologues, anthropologues, philosophes
ou cinéastes pour approfondir les sujets.»
En visitant la sereine Rabat, on réalise
que le pays évolue rapidement: la nouvelle
Bibliothèque nationale, construite en 2008
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UN MAX DANS LE SAC.
UITS
500 PRObDattables
aux prix im
Ne sont pas inclus dans le prix affiché: vaisselle, couverts, casseroles. Vous trouverez les informations relatives à chacun des prix sur www.migros.ch/m-budget.
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Pour les enfants
Photo: Véronique Kipfer
L’espace Kulte,
se consacre avec
succès et sans
élitisme à l’art
contemporain
du Maroc et d’ailleurs.
et toute de lumière et de transparence,
dresse ses murs modernistes au centre de la
ville. Elle abrite près d’un million de documents et est en train de mettre en place sa librairie numérique. A quelques rues de là,
le Musée Mohammed VI d’art moderne et
contemporain, ouvert en octobre 2014
regroupe les œuvres de plus de cent artistes
marocains. Et propose également ces jours
une rétrospective sur Alberto Giacometti.
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Avant le crépuscule, petit tour rapide dans
la médina: bien différente de celle de Fès,
ses allées plus larges offrent un joli aperçu
de portes colorées et décorées.
On descend ensuite au bord de la mer,
pailletée de rose au soleil couchant.
Les remparts de la cité se nimbent d’or,
et on se perd dans une délicieuse rêverie.
Mais on est déjà en retard pour le repas
yalla, on s’en va! MM
> A Fès, la médina
est déjà un spectacle
à elle toute seule.
Bien se repérer
au départ pour ne pas
se perdre, faire le plein
de gourmandises
et de boissons puis
aller les déguster
au calme dans l’un
des jardins publics
alentour.
> A Rabat, les plages
présentent bien sûr
un intérêt irrésistible.
Mais il y a aussi
le Magic Park,
qui offre de quoi
s’occuper sur
trois hectares
durant des heures.
www.rabatkid.com
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