Fès et Rabat… deux noms porteurs de
rêve et d’aventure – et l’occasion
pour l’Oce national marocain
du tourisme de faire découvrir deux
villes méconnues. «On parle toujours de
Marrakech, qui est devenue très tendance,
souligne Stéphanie Cassan, l’une de nos
accompagnatrices. Mais set Rabat
gagnent à être visitées et révèlent
des facettes très diérentes du Maroc.»
Une médina en effervescence
Direction s, d’abord, pour un plongeon
dans le passé et les traditions. On s’arrête
devant le palais royal et ses 84 hectares,
protégés par sept portes somp-
tueuses.Sur chacune d’elles,
quatre matières, le bronze, la mo-
saïque, le marbre et le plâtre, et
quatre couleurs riches en sym-
boles: le rouge pour Marrakech, le
vert pour l’islam et Meknès (une
ville du nord du Maroc, qui en fut
autrefois sa capitale, ndlr), le blanc
pour Casablanca et enn le jaune
pour le désert. Quelques minutes
en minibus nous susent pour
atteindre le cœur palpitant de la ville:
la médina, restée inchangée depuis le
XIesiècle. Forte de 600 000 habitants et
de 9400 ruelles, la vieille ville grouillante
et colorée se compose d’un lacis de voies
étroites et tortueuses où s’alignent stands
de dattes et de nougat, cascades de
babouches et autres merveilles.
Au détour d’une allée, des graveurs de
pierre. Plus loin, une boutique d’artisanat
et son ciseleur de cuivre. «Un artisan doit
avoir au minimum sept ans d’expérience
pour faire ce travail, nous explique le
patron de la boutique. Et il ne peut pas
œuvrer plus de trois heures par jour, car
cette tâche exige beaucoup de
concentration et fatigue vite les
yeux. Un seul plat demande cinq
à six jours de travail.»
Des dentelles de versets
Quelques ruelles plus loin se
dessine une entrée dentelée: celle
d’une école islamique, aux murs
recouverts de versets du Coran
délicatement gras dans le plâtre
ou travaillés en mosaïque. Iciet là,
Escapade
Deux villes
au parfum
de ve et
d’aventure
Des médinas grouillantes de vie aux espaces
d’art contemporain épurés, de la tannerie
à la Bibliothèque nationale: bienvenue à s
et à Rabat, des cités marocaines riches en contrastes.
Texte: ronique Kipfer
Yasmina Naji,
directrice du
centre d’art Kulte
Les barques de Bouregreg , du nom du
euve éponyme, ne sauraient manquer
au paysage pittoresque du littoral de Rabat.
Les tanneries font la renommée
de s. La plus ancienne existe
depuis près de 1000 ans.
Photos: Alamy / Oce national marocain du tourisme / ronique Kipfer
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Carnet de route
Yaller
Il n’y a pasde vols
directs pour s et
Rabat au départ de
Zurich ou Genève.
La compagnie Royal Air
Maroc propose des vols
pour Casablanca avec
possibilité de prendre
une correspondance
interne pour la
destination désirée.
Y loger
et ymanger
s et Rabat sont riches
en hôtels de luxe tout
comme en établisse-
ments plus modestes.
> A s, les amateurs
de confort pourront
par exemple découvrir
le charme traditionnel
de l’hôtel Les Mérinides,
ou le très design
Hôtel Sahrai.
Pour se sustenter,
pourquoi ne pas
pousser la porte d’un
des somptueux riads?
Le Riad Maison bleue
et le Riad s
Relais & Châteaux
orent un couvert
rané, des chambres
luxueuses et un espace
bien-être. On peut aussi
y prendre des cours de
cuisine traditionnelle.
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et www.riadfes.com
> A Rabat, le Sotel
Jardin des Roses
accueille les visiteurs
dès leur entrée dans
la ville avec son jardin,
ses chambres de luxe
et son spa. Quant au
Boutique Hôtel
& Spa Villa Diyafa,
les fenêtres de ses dix
suites ouvrent toutes
sur un ravissant jardin.
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www.villadiyafa.com
Pour manger, l’Hôtel
de la To ur Hassan est
un endroit prisé, avec son
jardin de roses et son
beau restaurant paisible.
www.latourhassan.com
Le travail de
cisèlement du
cuivre se retrouve
tout autant
sur les portes
d’un palais royal
que sur des plats
ordinaires.
L’art islamique
excelle tout
particulièrement
dans les
ornements
à motifs
ométriques.
AU QUOTIDIEN |MM24, 13.6.2016|103
Ne sont pas inclus dans le prix afché: vaisselle,couverts, casseroles. Vous trouverez les informations relatives àchacun desprix sur www.migros.ch/m-budget.
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au l des rues, quelques plaques de marbre
discrètes à côté de portes joliment ouvra
es: derrière se cachent de splendides riads,
transformés en luxueuses maisons d’hôtes.
On suit encore quelques ruelles sinueuses,
avant d’entrer au Musée Belghazi, qui ouvre
sur la plus ancienne tannerie du Maroc.
Feuilles de menthe fraîches en bouche,
an de contrer l’odeur pestilentielle, on
écarquille les yeux devant le spectacle fasci
nant des tanneurs pieds nus, passant d’une
cuve colorée à l’autre – le rouge est issu des
coquelicots, le brun des noyaux de dattes
et le blanc de entes de pigeon – pour traiter
les peaux sous un soleil de plomb.
Après cette vision dantesque, on plonge
dans une oasis de tranquillité: le Jardin
Jnan Sbil. Soit 7 hectares de tation
luxuriante, aménagés au XVIIIesiècle sous
le règne du sultan alaouite Moulay Abdellah.
Devenu parc impérial, le jardin a été ouvert
au public en 1917.Entre les allées de bambous
ants, de washingtonias, d’eucalyptus et
d’orangers, familles et amis se retrouvent
pour bavarder et proter de la fraîcheur et
de la beauté du lieu. «Avec la mondialisation,
nous vivons dans un monde de plus en plus
stressant, souligne l’artiste peintre
Stéphanie Devico, que nous rencontrons
dans son atelier. Je me rends souvent
dans la médina pour boire un thé et me
ressourcer, parce que là, on a l’impression
que le temps s’arrête. C’est comme
un saut dans le passé.»
La jeune femme sait de quoi elle parle,
elle qui incarne parfaitement le lien entre
tradition et modernité: elle a créé son atelier
dans une des pièces de l’entreprise
de conditionnement de câpres de son père.
En bas, des femmes trient les petits boutons
de eur vinaigrés, tandis que la jeune artiste
nous montre à l’étage ses premières œuvres
aux couleurs vives et ses nouveaux
monochromes. «Depuis un voyage en Inde
en 2007, j’ai abandonné la couleur pour
me tourner vers le blanc, le gris et
le noir. Pour moi, un tableau sombre
est une forme de méditation.»
L’art contemporain y trouve aussi sa place
A Rabat, Yasmina Naji incarne, elle aussi,
le Maroc contemporain: «Nous devons ré
échir à de nouveaux espaces et à de nou
veaux modèles économiques pour les struc
tures culturelles», arme la créatrice de
Kulte, à la fois galerie d’art et maison d’édi
tion, ouverte il y a trois ans. An de sensibili
ser un large public à l’art sous toutes
ses formes, elle a acquis un risographe, une
machine d’impression japonaise qui permet
d’éditer des livres d’art de façon économique
et écologique. «Généralement, les livres d’art
sont édités en français ou en anglais, langues
que la population marocaine ne maîtrise pas
forcément, nous expliquetelle. «Nos livres
sont toujours bilingues ou trilingues,
en arabe, français et/ou anglais. Selon les
projets, nous travaillons avec des artistes,
sociologues, anthropologues, philosophes
ou cinéastes pour approfondir les sujets
En visitant la sereine Rabat, on réalise
que le pays évolue rapidement: la nouvelle
Bibliothèque nationale, construite en 2008
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Pour les enfants
> A s, la médina
est déjà un spectacle
à elle toute seule.
Bien se rerer
au départ pour ne pas
se perdre, faire le plein
de gourmandises
et de boissons puis
aller les déguster
au calme dans l’un
des jardins publics
alentour.
> A Rabat, les plages
présentent bien sûr
un intérêt irrésistible.
Mais il y a aussi
le Magic Park,
qui ore de quoi
s’occuper sur
trois hectares
durant des heures.
www.rabatkid.com
et toute de lumière et de transparence,
dresse ses murs modernistes au centre de la
ville. Elle abrite près d’un million de docu-
ments et est en train de mettre en place sa li-
brairie numérique. A quelques rues de là,
le Musée Mohammed VI d’art moderne et
contemporain, ouvert en octobre 2014
regroupe les œuvres de plus de cent artistes
marocains. Et propose également ces jours
une rétrospective sur Alberto Giacometti.
Avant le crépuscule, petit tour rapide dans
la médina: bien diérente de celle de s,
ses allées plus larges orent un joli aperçu
de portes colorées et décorées.
On descend ensuite au bord de la mer,
pailletée de rose au soleil couchant.
Les remparts de la cité se nimbent d’or,
et on se perd dans une délicieuse rêverie.
Mais on est déjà en retard pour le repas
yalla, on s’en va! MM
L’espace Kulte,
se consacre avec
sucs et sans
élitisme à l’art
contemporain
du Maroc et d’ailleurs.
Photo: ronique Kipfer
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