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Suzanne Simonin, enfant adultérin, est contrainte et forcée par sa mère de rentrer au couvent de Longchamp afin de taire le scandale de sa naissance et de préserver ainsi la bienséance bourgeoise. Dans ce couvent elle doit faire face à la Mère Sainte Christine. Véritable sadique, elle stigmatise Suzanne qui tente une action en justice pour faire résilier ses vœux. Considérée comme une apostate par toute la communauté, Suzanne subira de multiples sévices (enfermement dans un cachot, simulacre d’exorcisme…) Après l’échec de son procès, son avocat, Maître Manouri, lui trouve une place au couvent d’Arpajon. Couvent aux allures libertaires, il est en apparence tout l’opposé de Longchamp. Mais Madame***, la supérieure, jette son dévolu amoureux sur Suzanne. Suzanne résiste alors à une manipulation sourde, à un harcèlement incessant, à une tentative de viol. Madame***, rejetée par Suzanne sombre dans une folie qui la mènera à la mort. Suzanne se réfugie dans son espoir de sortir un jour, alors que son cauchemar continue avec l’arrivée de la prochaine Supérieure… Extrait LE GRAND VICAIRE Pourquoi votre cellule ne ferme-t-elle pas ? SUZANNE C’est que j’en ai brisé la serrure. LE GRAND VICAIRE Pourquoi l’avez-vous brisée ? SUZANNE Pour ouvrir la porte et assister à l’office le jour de l’Ascension. LE GRAND VICAIRE Vous vous êtes donc montrée à l’église ce jour-là ? SUZANNE Oui, monsieur... SAINTE CHRISTINE Monsieur, cela n’est pas vrai ; toute la communauté... SUZANNE Assurera que la porte du chœur était fermée ; qu’elles m’ont trouvée prosternée à cette porte, et que vous leur avez ordonné de marcher sur moi, ce que quelques-unes ont fait. ! O! Adapter La Religieuse de Diderot « Je ne crois pas qu’on ai jamais écrit une plus effrayante satire des couvents » dit Diderot de sa Religieuse. Ce texte, mis sous cellophane pendant nombre d’années, encore interdit lors de son adaptation cinématographique par Jacques Rivette en 1967, dérange parce qu’il démonte la perversité du système catholique et celle d’une société toute entière fondée sur le faux semblant bourgeois, mais il dérange aussi parce qu’il met en scène un personnage (Suzanne Simonin) perdu au plus profond de son identité. C’est cette quête identitaire qui nous semble avoir toute sa légitimité sur une scène de théâtre, qui nous semble théâtrale déjà dans le roman de Diderot. La peur d’une adaptation est bien sûr de trahir. Comment passer du roman de Diderot au théâtre ? De sa narration à l’action et au dialogue ? De son « passé » au présent du théâtre ? Comment donner à voir l’enfermement, l’impuissance, l’oppression de Suzanne ? Comment répondre à toutes ces questions en gardant l’esprit de Diderot ? Roger Lewinter dans son analyse de La Religieuse dit : - « Le roman (La Religieuse) ne se situe non pas dans le temps mais dans l’instant. Les différents épisodes se jouent non pas successivement mais simultanément : ils se superposent, comme différents plans d’un seul tableau. » - « Diderot fait appel à la technique théâtrale et ordonne le récit en une succession ininterrompue de « tableaux » dont la « présence », instantanée, empêche toute réflexion, distanciation, et transforme le lecteur en spectateur : témoin, impliqué dans la représentation. La religieuse est la pièce idéale, dont rêve Diderot : une galerie de tableaux qui s’exposent devant l’œil captivé et captif du spectateur ; le tableau étant (…) un instant parfait : une cristallisation de sens, où la matière est sémantisée en emblème. Cette technique, inspirée du théâtre, lui-même inspiré de la peinture, de Greuze en particulier, fait de la Religieuse un roman absolument nouveau, quasi expressionniste. » - La Religieuse est « une analyse des mouvements du corps, une clinique des passions. L’âme est toujours signifiée par le corps ». Suzanne Simonin, au début du roman de Diderot s’est évadée de son couvent, elle est clandestine et écrit au marquis de Croismare pour lui demander secours. C’est ainsi qu’elle raconte son histoire. Au passé donc. Mais un passé très actualisé, comme si le fait de le raconter le rendait à nouveau présent. Elle revit plus qu’elle ne raconte. C’est-à-dire que le récit ne bénéficie pas de ce recul, de cette distance propre au temps et qui permet de raconter avec une maturation, avec sans plus d’émotions. Suzanne est tout le contraire de ! P! quelqu’un qui s’est digéré. Elle est à vif, comme coincée dans un espace temps qui échappe au passé ou au futur. Pour renforcer cette actualisation - le présent de l’action propre au théâtre - nous avons choisi de situer le temps de narration de notre religieuse dans le couvent. Elle n’est jamais sortie, tout comme Marguerite Delamarre, cette vraie religieuse dont Diderot s’est inspiré pour son roman. Toujours dans le même lieu, dans sa cellule dont les murs ne céderont jamais, elle raconte au passé ou au présent des événements qu’elle revit et qu’elle revivra. Elle se souvient et revit continuellement les mêmes scènes éternellement comme dans un rêve. Quel âge a-t-elle ? Depuis combien de temps est–elle enfermée ? Diderot n’est pas toujours cohérent sur la chronologie, et de nombreuses invraisemblances traversent son récit. L’anecdote raconte qu’un de ces amis, M. d’Alainville, l’ayant surpris « le visage inondé de larmes » et le questionnant sur son état, Diderot aurait répondu « je me désole d’un conte que je me fais », il travaillait alors à sa Religieuse. Il s’agit bien d’un conte, où le temps n’est pas logique, où les frontières du présent, du futur et du passé sont bien floues, où l’on entend des portes battre en pleine nuit, des piétinements et des froissements de robes s’agiter dans des couloirs sombres, où les jeux de lumière font voir des fantômes ou même Satan. La réalité n’est que le reflet de l’œil de Suzanne, sujette aux hallucinations tant visuelles que sonores, enfermée dans ce couvent contre sa volonté, tentant désespérément de faire entendre l’injuste, luttant pour sa liberté tant physique que mentale. C’est cette sensation toute particulière, d’un cri sans son, d’un être perdu depuis l’abandon de sa mère, depuis l’aveu qu’elle n’est pas la fille de son père, depuis ce prétendant qu’on lui a refusé, depuis qu’on l’a désignée comme indigne de vivre, c’est cette sensation là donc qu’il nous faut théâtraliser. Christelle Reboul Marie-Laurence Tartas MADAME*** Mais voyez comme elle est belle ! Comme ce voile noir relève la blancheur de son teint ! Comme ce bandeau lui sied ! Comme il lui arrondit le visage ! Comme il étend ses joues ! Comme cet habit fait valoir sa taille et ses bras ! ! Q! Mettre en scène La Religieuse! La Religieuse de Diderot est un chef d’œuvre d'intelligence, de style, d'audace pour l'époque ... et d'ambiguïté… Ce texte, à l'instar du Neveu de Rameau, non publié du vivant de Diderot, m'a donné la chair de poule. La mise en scène, selon moi, part de la rencontre avec les acteurs, comme une évidence tout d'un coup. J'ai trouvé ces acteurs là. Ce qu’il faut donner à voir ici, c’est l’enfermement de Suzanne. On est donc dans la tête de Suzanne. La viole de Gambe est sa voix intérieure, féminine, mélancolique, solitaire, son chant, au même titre que sa parole qui se cherche, comme se dédouble la note sur l’archet. Elle est aussi un élément dramatique qui ponctue les diverses situations du récit de Suzanne, qui cimente sa pensée éparpillée, qui soutient son élan de liberté. Deux acteurs entourent Suzanne et se partagent sept personnages : retour perpétuel du même comme de son cauchemar sans issue. Une femme : sa mère qui revient sous les traits de toutes les mères religieuses. Un homme : son avocat, qui se cache derrière tous les pères religieux. Le dispositif scénique est épuré à extrême. Des bribes de costumes évoquent le souvenir très ancien d’une certaine réalité vécue… La lumière avec ses ombres et ses reflets, suggère les déformations du regard de Suzanne… On est donc même à l’intérieur du corps de Suzanne, enfermé dedans comme dans le couvent. Nicolas Vaude La viole entame une berceuse, La Rosa Enflorence… SUZANNE La main qu’elle a posée sur mon genou se promène sur tous mes vêtements, depuis l’extrémité de mes pieds jusqu’à ma ceinture, me pressant tantôt dans un endroit, tantôt en un autre ; enfin il vient un moment, je ne sais si c’est de plaisir ou de peine, où elle devient pâle comme la mort, ses yeux se ferment, tout son corps se tend avec violence, ses lèvres se ferment d’abord, elles sont humectées comme d’une mousse légère ; puis sa bouche s’entrouvre, et elle me parait mourir en poussant un profond soupir… ! R! Le metteur en scène Nicolas Vaude Molière 98 de la révélation théâtrale pour Château en Suède de Françoise Sagan, Nicolas Vaude vient de terminer L’Intrus d’Antoine Rault qu’il joua cet automne au Théâtre de la Comédie des Champs avec Claude Rich. Ce printemps, il était au Théâtre Antoine dans Inconnu à cette Adresse au côté de Thierry Frémont. Au Cinéma, Nicolas Vaude tourne en ce moment avec Daniel Auteuil dans La Trilogie de Marcel Pagnol où il incarne Monsieur Brun. Récemment, il était le Majordome de Largo (alias Tomer Sysley) dans le film de Jérôme Sale Largo Winch 2 aux côtés de Sharon Stone et Laurent Terzieff. Toujours au cinéma, on a pu le voir dans Le Pacte des Loups de Christophe Ganz, Un air si pur d' Yves Angélo, Molière de Laurent Tirard. Pour la télévision française, il a tourné avec François Luciani Les Moissons de l'Océan (film pour lequel il a obtenu le prix d'interprétation aux Rencontres Internationales de la Télévision à Reims), avec Jean Daniel Verhaeghe Le Destin des Steenfort et La Chronique des Pasquier, et avec Simon Brook L'Histoire de la tour Eiffel. Prix Jean-Jacques Gautier de la critique 1995, Nicolas Vaude vient du théâtre qu'il pratique depuis 30 ans. On retiendra Clérambard de Marcel Aymé, avec Jean Pierre Marielle et Danièle Lebrun, La Mouette de Tchékhov, avec Mikael Lonsdale, Le Menteur de Corneille, mise en scène de Nicolas Briançon, ainsi que Pygmalion de Shaw, avec Barbara Schulz, sans oublier Château en Suède de Sagan, dans une mise en scène d'Annick Blanchetau, et Falstafe de Novarina d'après Shakespeare, auprès de Marcel Maréchal. Nicolas Vaude a créé pour le théâtre les trois premières pièces de Florian Zeller (L'autre, Le Manège et Elle t'attend où il était le frère de Laetitia Casta et qui lui valut une nomination aux Molières pour le meilleur acteur dans un second rôle en 2009) … et l’on retiendra surtout le Neveu de Rameau de Diderot, dans une mise en scène de Jean-Pierre Rumeau au Théâtre Le Ranelagh et dans toute la France. En 1999, Nicolas Vaude a mis en scène Le Mariage Forcé de Molière, avec la musique de Lully, Olivier Baumont au clavecin et à la direction musicale. ! S! Les comédiens Christelle Reboul Après le Conservatoire National d’art dramatique de région de Nice, l’Ecole Claude Mathieu et l’Atelier International Blanche Salant - Paul Weaver, elle s’intéresse au masque (Rafaël Bianchiotto et Benoît Lavigne), au clown, au trapèze fixe (Cirque des Noctambules), au chant (Isabelle Lagarde et Cécile Bonardi). Elle participe également à des travaux de recherche avec Andréas Voutsinas comme avec Jean-Michel Rabeux. Elle débute au théâtre en 1992, à Nice, avec Chérubin dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (Théâtre Francis Gag) puis la Reine Marie dans Le Roi se meurt de Ionesco (Théâtre de la Tour) en 1995. Ensuite, vient la rencontre avec Les Baladins en Agenais, compagnie théâtrale dans laquelle elle sera mise en scène par Patrick Andrieu, (Fais-moi une scène d’amour en 1998 et Les Contes de Maupassant en 1999), Guy Louret (Picoline d’Aurélie Viel 2000), Aurélie Viel (Le Terrier Magique -2001). C’est là aussi qu’elle découvre l’univers du Cabaret. Elle fait, ici, sa première mise en scène, Conversations Conjugales de Danièle Sallenave en 2000. Après un travail sur Les Nouvelles d’Edgard Poe à la résidence d’artistes de Montreuil et Comédie de Beckett mis en scène par Claude Crétien (Théâtre Agitakt 14ème- 2002), elle joue sous la direction de Jean-Luc Moreau (123 Sardines, à La Comédie Bastille – 2004/2005), de Jean-Pierre Dravel et Olivier Macé (Les Héritiers d’Alain Krief – 2005/2006, aux côtés d’Agnés Soral, et Les Demoiselles d’Avignon – 2008, aux côtés de Catherine Allégret, au Théâtre Rive Gauche), de Thierry Harcourt (Nos belles Espérances de Laurent Sillan –Théâtre de Poche en Aquitaine 2007), de Didier Caron (Good Bye Charlie – en tournée Artémis et au Théâtre de la Michodière 2009, aux côtés de Marie-Anne Chazel), de Thierry Lavat (Venise sous la Neige – 2011, au Théâtre de La Tête d’Or). Elle participe aux Lectures autour de Diderot dirigées par Nicolas Vaude au Théâtre du Ranelagh en 2009. A l’écran, elle joue dans plusieurs courts-métrages (Don Giovianni de Gilles d’Elia, Mon Ange de Jacques-Hervé Fichet, Lisa de Morgan Gangnant, La cage aux Oiseaux de Nicolas Guillo, A la campagne de Sandrine Dumarais, Macadam de Gérard Golman) et moyens-métrages (Je m’indiffére d’Alain Rudaz, Corps étranger de Victoria Musiedlak). Pour la télévision, elle tourne notamment dans la série SOS 18 (rôle récurent de Josy), dans R.I.S. et dans Bienvenüe aux Edelweiss. Elle participe également depuis 2001 à de nombreuses dramatiques radio pour France Culture et France Inter. Depuis peu Christelle Reboul est visible tous les soirs dans le nouveau programme court de TF1, Nos Chers Voisins, où elle interprète le rôle d’Amélie Dubernet-Carton. ! T! Frédéric Andrau ! Nommé aux Molières 2003 comme révélation pour La Nuit du Thermomètre. Il a travaillé comme comédien sous la direction de : André Bénichou : Le Cercle de craie Caucasien de B. Brecht. Cyril Grosse : Un Roméo et Juliette de Shakespeare, Ulysse de James Joyce, Madeleine Musique d’après Salah Stetié et Le Jubilé de Tchékhov. Jeanne Mathis : L’Ours de Tchékhov et Quelques Conseils Utiles aux Elèves Huissiers de Lydie Salvayre. Maurice Vinçon et Pierre Carrelet (chorégraphe) : Les Nourritures Terrestres d’après Gide. Eric de Dadelsen : A demain cette nuit de Claudine Galéa. Denis Guénoun : chantiers, lectures et enregistrements de Tout ce que je dis, Scène, Le Pas, Paysage de Nuit avec Œuvre d’Art, Mr Ruisseau… Marc Vincent (chorégraphe) : Acéphale. Philippe Calvario : Electre de Sophocle. Maurice Bénichou : Inconnu à cette adresse de Kressman Taylor Jean-Luc Palliès : Vienne 1913 de Alain Didier-Weil. Diastème : La Nuit du Thermomètre, 107 Ans, L’Amour de L’Art de Diastème et Les justes de Camus. Anne Montfort : premier chantier de Quelqu’un Dehors, Moi Nulle Part de Sonia Willy. Au cinéma sous la direction de : Guy Marignane, Karim Dridi, Park Kwang Su, Mathieu De Pasquale, Gérard Corbiau, Sandrine Ray, Cécile Vargaftig, Patrick Roc, Nicolas Namur, Anthony Byrne, Jha & Rajhans Abhigyan, Stanley Woodward, Diastème, Mona Achache, Matthieu Ponchel et Julien Lessi. À la télévision sous la direction de : Gazdag Gyula, Christine François, Bruno Gantillon, Denis Granier Deferre, Edouard Niermans, Didier Lepècheur, Stéphane Kurc et Marion Vernoux. Il met en scène : Les Euménides d'après Eschyle. La Décision de Brecht. Je suis né dans 10 jours de Jeanne Mathis. Texte sans Sépulture d’après des textes d’auteurs anonymes internés à St Anne et Ville Evrard entre 1850 et 1930. Le Chant du Cygne de Tchékhov. Le Racisme expliqué à ma fille de Tahar Ben Jelloun. Un Visible Théo de Renaud Le Bas. La Petite Robe de Paul de Philippe Grimbert. L’Enfance du Christ de Berlioz sous la direction musicale de Laurent Petit Girard. L’Ennemi de Samuel Gallet. ! U! Marie-Laurence Tartas Formée au cours Florent puis par Pierre Santini à l’AktéonThéâtre, très vite elle fera ses premiers pas au théâtre dans la Compagnie Roger Louret, aux côtés de Nicolas Briançon, Muriel Robin, Elie Semoun, Nicolas Marié. Elle y jouera des pièces classiques - Les Folies Amoureuses de Regnard , L’Arlésienne de Daudet, Les Troyennes d’Euripide , Arlequin Serviteur de deux maîtres de Goldoni - mais aussi des pièces contemporaines Les vacances brouillées de Roger Louret, Le Tigre et Les Dactylos de Murray Schisgal et Sotoba Kamachi de Yukio Mishima. En parallèle elle obtiendra une licence d’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre (spécialité : Iconographie Chrétienne). La télévision et le cinéma feront appel à elle. Elle tournera d’abord dans des séries télévisées, Louis Page, Docteur Sylvestre, Julie Lescaut, Commissaire Moulin et ensuite au cinéma sous la direction d’Albert Dupontel dans Enfermées Dehors, de Caroline Huppert dans Un homme en colère, de JeanLouis Bertucelli dans Le serment d’Hippocrate, de Jean Paul Lilienfeld dans Qui mange quoi, de Denis Malleval dans Marie Tempête et Les Innocents, de Laurent Jaoui dans Jeanne et le loup, ou encore de Joyce Bunuel dans La Juge des enfants. ! SUZANNE Que je trouve les portes ouvertes un jour, que le feu prenne à la maison, que les murs de la clôture tombent, que quelqu’un me secoure. Quand je suis dans ma cellule, je saisis les barreaux, je les ébranle ; quand je regarde par la fenêtre, si j’entends passer quelqu’un, mon cœur palpite, j’espère… ! "V! La musicienne ! ! ! Christine Plubeau Elle étudie la viole de gambe au Conservatoire Royal de La Haye (Pays-Bas), dans la classe de Wieland Kuijken et y obtient un diplôme de soliste. De retour en France, elle intègre de nombreux ensembles, Les Follies Françoises (dir. Patrick Cohen-Akhenine), La Grande Ecurie (dir. Jean-Claude Malgoire), L'Arpeggiata (dir. Christina Pluhar), Cantus Köln (dir. Konrad Junghänel)... avec lesquels elle travaille régulièrement. Par ailleurs, elle poursuit une carrière de soliste et se consacre également au répertoire de musique de chambre en collaboration avec des musiciens et des chanteurs talentueux, Olivier Baumont, Philippe Jaroussky, Jean-Paul Fouchécourt, Patricia Petitbon, F. Fernandez... Elle est invitée dans les festivals les plus prestigieux, en France : Ambronnay, La Chaise-Dieu, Festival de Beaune... et également à l'étranger : Etats-Unis, Canada, Brésil, Mexique, Liban… Elle s'intéresse également à la musique contemporaine et participe à des créations mondiales "Les Leçons de Ténèbres" de Philippe Fénelon. Grâce à sa rencontre avec Philippe Hersant, elle enregistre avec "Les Eléments" (dir. Joël Suhubiette) un CD qui lui est consacré, dans lequel elle crée une pièce pour viole seule "Le chemin de Jérusalem". En 2006, elle crée au festival d'Ambronay, avec l'ensemble "Les Solistes de Lyon" dirigé par Bernard Tétu : " Falling Star" de Philippe Hersant et en 2008 avec la même formation, "Clair Obscur" unanimement salué par la critique. Son activité discographique est importante et unanimement saluée par la critique. En Juin 2012, elle participe à une tournée européenne avec Philippe Jaroussky et Marie-Nicole Lemieux et l’ensemble Artaserse. Elle est lauréate de la fondation Yehudi Menuhin. ! ""! Dimanche 11 mars 2012 « La Religieuse », d’après Denis Diderot (critique de Céline Doukhan) Théâtre du Ranelagh à Paris Punie de vouloir vivre Nicolas Vaude s!appuie sur une fine adaptation du roman de Diderot pour signer un spectacle âpre et sans concessions.!! On s’attendait à se lover dans les fauteuils et le décor chaleureux du Théâtre du Ranelagh ; on aura le foyer, avec 25 spectateurs en bas et un peu moins en haut. En guise de décor, la porte d’entrée de la salle, ses boiseries élégantes, mais suggérant ici intelligemment le couvent, ses conventions, ses scléroses. Les vitraux des battants surmontés d’une devise en latin ainsi qu’un minuscule bénitier achèvent de créer l’illusion. Il n’y a quasiment pas d’accessoires : deux chaises, un canapé recouvert d’un drap rouge, et une sorte d’étroite barrière en bois : prie-Dieu ? Barre des accusés ? Arrive la religieuse. L’air déjà dévastée, abrutie par on ne sait quoi, mal fagotée, mal coiffée. Elle s’appuie à la barre et, légèrement de côté comme un duelliste s’apprêtant à recevoir ou à donner le coup fatal, elle lâche, sans ciller, d’une voix raide, les premiers mots de son histoire. Le ton est donné : sec, sans afféterie, saisissant d’emblée le spectateur tout proche. Cette histoire, c’est celle de Suzanne, fille bâtarde enfermée contre son gré dans un couvent, transférée ensuite dans un autre, à défaut de pouvoir quitter la vie religieuse. L’adaptation renforce le caractère universel, sans concessions de cette charge contre l’enfermement, l’aliénation, et pour la liberté individuelle. Une charge qui résonne, encore aujourd’hui, avec une puissance inaltérée, quand Frédéric Andrau, incarnant l’avocat de Suzanne, proclame « la prérogative inaliénable de l’homme : la liberté ! ». Plus actuel, on ne fait pas… Et pourtant, le spectateur est en cet instant schizophrène : il vibre à la beauté sauvage de la dénonciation (« Où est-ce qu’on voit des têtes obsédées par des spectres impurs qui les suivent et les ! "#! agitent ? Où est le séjour de la gêne, du dégoût et des vapeurs ? »), mais devine aussi au même instant que rien ne sauvera Suzanne, plaignante misérable d’un procès inique. Et le spectacle de finir comme il avait commencé : la narration par Suzanne de ses premières années. Procédé évident, mais très efficace, effrayant même. Avec ces décors réduits, tout concourt à donner l’impression de l’enfermement dans le temps et dans l’espace. En plus, contrairement à ce qui se passe chez Diderot, il n’y a ici aucune indication de lieu ni de temps. À la place, la sensation écrasante de la répétition sans fin, qui met le spectateur dans la peau de l’héroïne. Du sens grâce à des détails De même, autour de Suzanne, il n’y a que deux comédiens, un homme et une femme, qui incarnent tous les autres personnages, bons ou méchants, bornant là aussi sans espoir le paysage de la pauvre fille. Frédéric Andrau est excellent, même si on entend avec déplaisir dans les cinq premières minutes un pénible « Est-ce de votre gré que vous êtes venue-zici ? ». Après, heureusement, plus rien de la sorte, l’acteur livre au contraire une prestation limpide et puissante, passant très subtilement d’un personnage à l’autre. Même chose pour Marie-Laurence Tartas, qui incarne des supérieures tyranniques ou par trop caressantes. Mais, là encore, par rapport au roman, le nombre de personnages a été réduit, ce qui permet de rendre le texte et les situations dramatiques plus acérés encore. Dans ce monde répétitif, normé, désespérant, seul le son d’une viole de gambe échappe à la tyrannie, reflétant dans ses accents intimes, mélancoliques ou angoissants, la vie intérieure de Suzanne. Cela contribue à entretenir un certain mystère autour de ce personnage : jusqu’à quel point est-elle naïve ? Victime, elle n’en reste pas moins volontaire. C’est toute la réussite de l’interprétation de Christelle Reboul, petit bout de femme au nez rougi par les pleurs, mais toujours debout, comédienne marchant sur un fil, donnant du sens grâce à des détails. Comme cette série de « oui » désincarnés, dits d’une voix un peu trop aiguë, au prêtre qui lui pose les questions qui vont faire d’elle une religieuse pour le restant de ses jours. ¶ Céline Doukhan Les Trois Coups ! "O! !"#$!%&'(#)*"#+(# ),#-.)/0/.12.# 3!*4'5(#)(#-%&(6%7!!"#$%&'(!!)$&! *+,*! Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Diderot adaptée par Christelle Reboul et Marie-Laurence Tartas, mise en scène de Nicolas Vaude, avec Christelle Reboul, Marie-Laurence Tartas et Frédéric Andrau, accompagnés par Christine Plubeau à la viole de gambe. Dans le foyer du Théâtre Le Ranelagh, entre le bar et la cheminée, quelques éléments de décor sont posés. Trois fois rien : une chaise, une barre en bois, un canapé. Dans ce cadre épuré, contre la porte en bois sculpté, aux carreaux de verre épais à travers lesquels la lumière transparaît comme les vitraux d’une église, trois comédiens et une musicienne jouent "La Religieuse" de Diderot : le récit de Suzanne, enfermée au couvent et qui n’aspire qu’à sa liberté. Son long combat et les souffrances qu’elle doit endurer rendent passionnant cette histoire et les différentes étapes de son calvaire. La mise en scène de Nicolas Vaude, précise et inspirée met idéalement en valeur ce chef-d’œuvre de Diderot et en restitue l’essence dans une sobriété bienvenue. Les quatre artistes sont au diapason avec un jeu juste et épuré. Christelle Reboul, littéralement habitée par son personnage est prodigieuse de densité et d’émotion. Elle traverse ce spectacle avec le même feu et la même grâce. Elle trouve en Marie-Laurence Tartas et Frédéric Andrau, au jeu aussi juste et puissant, de solides appuis. Et la bienveillance de Christine Plubeau qui les accompagne à la viole de gambe avec des airs d’Abel ou de Bach complète ce portrait parfait. Le fait que les comédiens soient de plain-pied avec les spectateurs ajoute encore à la beauté de ce spectacle d’une délicatesse absolue, où les différents tableaux s’enchainent avec une belle fluidité, comme les comédiens changent de costumes et de personnages sans aucune interruption de rythme. Du grand art. Un spectacle d’exception à voir absolument. ! Nicolas Arnstam ! www.froggydelight.com "P! Christelle Reboul et Marie-Laurence Tartas © Chantale Palazon ! ! ! ! ! ! ! ! "Q!