Le carnet du mur manteau 7
6Le carnet du mur manteau
Le mur manteau se distingue par quatre caractéristiques qui n’appar -
tiennent qu’à lui. C’est à elles qu’il doit non seulement son origina -
lité au niveau constructif, mais également ses qualités distinctives et
son efficacité énergétique.
Ces quatre caractéristiques sont partagées par toutes les variantes
du mur manteau présentées dans les pages qui suivent – si diffé -
ren tes qu’elles puissent être sur le plan technique et en matière
d’esthé tique.
Ces ponts thermiques sont le talon d’Achille de l’Isolation Thermi -
que par l’intérieur (ITI). Ils sont très difficiles à traiter en rénovation,
et dans la construction neuve, il faut recourir à des so lu tions relati -
vement complexes pour obtenir un résultat satis faisant. Celles-ci,
fondées sur la mise en place systématique de rupteurs thermiques
à la jonction des planchers et
des murs de refend avec les
murs exté rieurs, dégradent par
ailleurs les qualités stati ques du
bâtiment.
Cela peut poser problème sur
les bâtiment situés en zone sis-
mique (rappelons que selon la
nouvelle réglementation, près
des deux tiers du territoire français sont
considérés comme pré sentant un ris que sis-
mique).
Par ail leurs, la mise en place de ces rupteurs
(schéma 3) engendre un coût non négligea ble.
Cela vaut tant pour les produits en eux-mêmes que pour leur pose :
pour une surface habitable de 100 m² sur un niveau, la lon gueur
totale des ponts thermiques linéiques à traiter (planchers + murs de
refend) est de l’ordre de 50 m.
À l’inverse, le principe de l’enveloppe inhérent au mur manteau
diminue radicalement les ponts thermiques linéiques – et cela
sans exi ger aucun aménagement par ti cu lier au niveau de la jonc-
tion des planchers et des murs de refend avec les murs exté rieurs
(schéma 1), que ce soit en travaux neufs ou en réhabilitation.
En réhabilitation, la mise en place de rupteurs n’est pas tech -
niquement envisageable en liaison avec une ITI (schéma 2).
Dans la même situation, l’Isolation Thermique par l’Exté rieur
offre une performance thermique et un confort sensible-
ment supérieurs (schéma 1). La différence est également
marquée en présence d’un balcon (schémas 4 et 5) : celui-ci
fonctionnant comme une ailette de radiateur, les déperdi-
tions par temps froid sont particulièrement importantes. En
ITE également, la déperdition n’est pas négligeable, puisque la pré -
sence de balcon oblige à interrompre l’isolant au niveau du plan cher
traversant, mais le confort n’est que faiblement affecté ; en ITI, en
revanche, la déperdition, particulièrement pro noncée, compromet
notablement la performance thermique et le confort.
NB : pour éliminer à la source la problématique des planchers tra-
versants en réhabilitation, la tendance est au découplage complet
des balcons avec mise en place d’une structure porteuse autonome
(voir fiche technique en pages 38-39).
Sur un plan général, notons que l’impact négatif des ponts thermi -
ques est d’autant plus sensible que les attentes sont élevées en
termes de performance énergétique. Les dispositions de la RT 2012
– et plus encore celles de la RT 2020 – rendent incontournable le
traitement des véritables ‘boulevards à calories’ que constituent les
ponts thermiques linéiques.
Parallèlement à la performance énergétique, le mur manteau – comme
son nom même le suggère – protège les murs extérieurs des intemp é -
ries (gel, ruissellement, pluie battante, etc.) et des
agressions chimi ques d’origine environnementale ou
organique.
Par ailleurs, il préserve l’ouvrage d’un certain nom-
bre de sollicitations mécaniques dommageables :
en éliminant les chocs thermi ques et en limitant
fortement les variations de température à l’inté -
rieur de la maçonnerie, il prévient en particulier les
risques de fissuration liés au phénomène de la dila -
tation différentielle. il mini mise éga le ment, pour les
mêmes raisons, les risques de dégradation des bé-
tons par infiltration – un phénomène qui affecte
fortement les immeubles d’habitation et les infra-
structures de type ERP cons truits entre 1950 et
1980. Rappelons à ce propos que les logements
collectifs datant de cette période représentent encore aujourd’hui
une part majeure du parc locatif français.
Enfin, en évitant que le point de rosée se situe à l’intérieur du volume
habitable, le mur manteau prévient l’apparition des désordres dus à la
condensation (moisissures, décollement des tapisseries, dégradation
des peintures), qui peuvent aller jusqu’à présenter un risque sani-
taire pour les occupants.
La capacité du mur manteau à faire rimer confort d’hiver et con-
fort d’été n’est pas le moindre de ses mérites. Pourtant, l’efficacité
du mur manteau reste souvent méconnue lorsqu’il s’agit de pré -
ser ver la fraîcheur du volume habitable en cas de fortes cha leurs.
Nous allons y revenir en détail.
Les fondamentaux du mur manteau
1. Diminution radicale des principaux ponts thermiques
j
1j
2j
3
j
4j
5
Comparatif des ponts ther -
miques linéiques entre ITE et
ITI : coupe verticale au niveau
de la jonction entre le plancher
et le mur extérieur (représen-
tations schémati ques).
1ITE en mur manteau (neuf
ou rénovation)
2ITI sans rupteur ther mique
(rénovation)
3ITI avec rupteur ther mique
(neuf)
4ITE en mur manteau avec
balcon (rénovation)
5ITI avec balcon (rénovation)
2. Le principe du manteau protecteur
3. Le confort en toute saison
Réhabilitation en mur manteau
d’un immeuble d’habitation typi -
que des années 60-70, niveau de
perfor mance BBC Rénovation.
Une section relativement faible,
des balcons en ailettes, une struc-
ture en béton préfabriquée : sur le
plan de la performance thermique,
les logements collectifs de type
‘tour’ cumulent tous les handicaps.
On les qualifie communément de
‘passoires thermiques’. Le niveau
de performance atteint dans cet
exemple situé à Agen n’en est que
plus probant. Photo : Seigneurie.
Villa bioclimatique, construction de
type MOB (Maison à Ossature Bois),
Marseille. L’Isolation Thermique par
l’Extérieur fait alte rner ici système
sous enduit mince et bar dage bois.
Une approche très cohérente du
développement durable a conduit à
privi lé gier un isolant en fibre de bois.
Architecte : Jérôme Solari, Marseille.
Photo : Sto.