Collège Jules Vallès Vitry-sur-Seine Histoire des arts René Magritte La Trahison des images JJPaul 2016 page
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Connaître
l’œuvre d’art
René Magritte, La Trahison des images, 1929.
Description
Décrire l’œuvre avec
le vocabulaire précis
et adapté à une
œuvre d’art
Huile sur toile, 59 x 65 cm
Genre : Nature morte ? Vani ? Mise en abyme ?
« La Trahison des images » (1929) représente une pipe marron, en bois, sur un fond
beige, une représentation fidèle de la réalité, réaliste, figurative. L'inscription « Ceci
n'est pas une pipe », en écriture manuscrite cursive, pose en revanche une énigme…
Titre
Indiquer et expliquer
le titre de l’œuvre
Le tableau représente un objet banal de la vie quotidienne. À première vue, l'intention
la plus évidente de Magritte est de montrer que, même peint de manière réaliste, un
tableau qui représente une pipe nʼest pas une pipe, mais seulement lʼimage dʼune pipe,
sa représentation. Le titre semble assez clair : ce que lʼon voit, ou que lʼon croit voir,
nʼest pas toujours la réalité. Lʼimage de lʼobjet nʼest pas lʼobjet lui-même. Les images
nous trahissent, comme les mots nous mentent.
Il faut donc se méfier des images… De même pour les titres, dʼautant que Magritte
avait lʼhabitude dʼinviter ses amis pour leur demander de donner des titres à ses
tableaux, titres qui nʼavaient le plus souvent aucun rapport avec le tableau lui-même.
Auteur
Donner des
informations sur
l’auteur, son contexte
historique et
artistique
René Magritte (1898-1967) rejoint le mouvement surréaliste belge en 1926.
Le mouvement surréaliste apparaît durant la période de lʼEntre-deux-Guerres (1918-
1939), après le traumatisme de la Première Guerre Mondiale. Il fait suite au
mouvement Dada, né à Zurich, en Suisse, pendant la guerre (1916-1921).
Contexte
artistique
Dater l’œuvre et la
replacer dans les
courants esthétiques
de son époque
Cʼest le poète Guillaume Apollinaire qui a commencé à employer le terme
« surréaliste ». En 1924 est publié le Manifeste du surréalisme, qui définit ses
principes : libération du contrôle de la raison, dimension onirique du rêve, de
lʼinconscient (influence de la psychanalyse de Sigmund Freud), subversion des valeurs
« bourgeoises ». Les écrivains surréalistes inventent le « cadavre exquis », lʼécriture
automatique. Dans le domaine graphique, ils pratiquent lʼart du collage, des « papiers
collés », quʼavaient initié les cubistes…
Les surréalistes reconnaissent comme précurseurs le peintre Giuseppe Arcimboldo
(1526-1593), les poètes symbolistes Gérard de Nerval (1808-1855 « lʼépanchement du
songe dans la vie réelle»), Lautréamont (1846-1870 : « beau comme la rencontre
fortuite sur une table de dissection dʼune machine à coudre et dʼun parapluie »), Arthur
Rimbaud, ou encore Alfred Jarry, créateur vers 1897 de la Pataphysique, « science des
solutions imaginaires ».
Le mouvement Dada ou « dadaïsme » (1916-1921) prônait lʼincongru, lʼhétéroclite.
Provocateurs, irrévérencieux, extravagants, rejetant la Raison et la logique, les
dadaïstes avaient pour but d'amener le spectateur à réfléchir sur les fondements de la
société. « Le plus acceptable des systèmes est celui de nʼen avoir par principe aucun.
(Tristan Tzara, Manifeste Dada, 1918)
À une époque où, après lʼimpressionnisme et le cubisme, la peinture se dirige de plus
en plus vers l'abstraction, Magritte choisit au contraire de provoquer la curiosité et la
réflexion avec un tableau dʼapparence réaliste, mais dont la signification est
paradoxale : une image parfaitement figurative, mais contradictoire avec la légende.
Magritte nous confronte à un paradoxe, une contradiction logique, voire à une aporie,
une impossibilité logique.
Contexte
historique
Établir un lien entre
le sens de l’œuvre et
le contexte historique
et artistique
Dans cette période de lʼentre-deux-guerres, de la montée des totalitarismes après le
traumatisme de la 1ère Guerre Mondiale, les artistes et écrivains surréalistes se
partagent entre deux tendances : dʼune part une préoccupation purement artistique,
dʼautre part un engagement politique qui sʼincarne entre 1924 et 1929 dans la revue La
Révolution surréaliste et à partir de 1932 dans lʼAssociation des écrivains et artistes
révolutionnaires (AEAR).
Contrairement à AndBreton, Paul Éluard ou Louis Aragon, Magritte semble donner
davantage d'importance à une remise en cause de l'Art lui-même qu'à un engagement
politique. En 1932, il adhère cependant au Parti communiste belge. Beaucoup de
surréalistes adhérent ainsi au parti communiste, dont ils partagent la volonté de rupture
avec l'ordre bourgeois.
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Magritte partage avec les autres surréalistes lʼesprit de provocation. Lʼœuvre crée un
effet de surprise, elle décontenance le spectateur. La façon dont la pipe est
représentée, les tons utilisés, évoquent un intérieur bourgeois ou « petit-bourgeois », la
banalité rassurante dʼun objet quotidien, quand lʼinscription au contraire nous invite à
remettre en cause ce qui semble évident au premier abord.
Portée
historique
Identifier l’école de
l’œuvre, l’apport de
son auteur et la
portée historique de
l’œuvre
Ce tableau peint d'une manière extrêmement précise, très réaliste, est néanmoins
« surréaliste ». Il suscite chez le spectateur - confronté à lʼabsurde, au saugrenu ou à
lʼirrationnel -, une réflexion, une mise à distance, voire un sentiment dʼ« inquiétante
étrangeté » dans lʼenvironnement familier (all. Unheimlich < !"#$%#&!'(!"#$%&'#()*+),#(-.(
/01#23(-#(!&(/&,)!!#3(-.($#'2#+), selon lʼexpression utilisée par Sigmund Freud : un malaise
derrière les apparences du quotidien.
Le propos de Magritte est de remettre en question les évidences, lʼécart entre le
signifiant et le signifié. Il introduit un doute sur la réalité comme sur la représentation de
la réalité. Il interroge les rapports entre lʼobjet de la vie quotidienne, son identification,
sa représentation, et nous invite à réfléchir sur la polysémie des mots et des images.
La Trahison des images est un tableau dont le sujet est paradoxal, tout comme la façon
dont il est traité : cette pipe est-elle réellement une pipe ? Accrochée au mur, elle
apparaît plutôt comme une invitation à réfléchir à ce que nous croyons savoir dʼune
pipe, et de là, à notre rapport au monde, à une réalité entourée des énigmatiques
mystères de lʼinconscient… Une vision poétique de la réalité quotidienne,
lʼirrationnel se cache derrière le rationnel.
Le succès de lʼœuvre de Magritte tient sans doute aux multiples paradoxes quʼelle
renferme : œuvre surréaliste, mais de facture figurative, réaliste ; aux significations
mystérieuses, mais aux images familières, et qui invitent à porter un autre regard sur
notre environnement quotidien et de simples objets, une pipe, un peigne, une
savonnette… Nature morte ? Clin dʼœil aux Vanités du XVIIème siècle ? Trompe-lʼœil
sémantique ? La trahison des images est une véritable mise en abyme dʼinterrogations
multiples, une œuvre polysémique qui suscite une réflexion sur lʼArt lui-même.
Magritte et la publicité
Dès 1927, Magritte collabore à la publicité et dessine des affiches publicitaires, pour
des chocolats, des vêtements de luxe ou des compagnies aériennes. Une activité
alimentaire quʼil n'exerce pas par vocation et qui a continué sporadiquement jusquʼen
1965. Mais, progressivement depuis les années 1960, Magritte est devenu à son tour
une icône de la société de consommation et de communication. À partir des années 80,
ses tableaux ont directement inspiré certaines publicités. La « pub » a puisé dans
lʼunivers pictural de Magritte et, plus largement, dans les collages ou les « cadavres
exquis » des surréalistes.
Ainsi, Magritte a durablement imprimé dans notre paysage mental une distanciation
ironique et onirique, une vision déformée de laalité, une remise en cause de ce que
nous croyons voir, qui sʼinscrit bien dans lʼesprit de subversion des valeurs bourgeoises
prôné par les surréalistes. Les images de Magritte sont partout, à commencer par le
langage publicitaire, qui repose dʼailleurs souvent lui-même sur un « écart », un
décalage entre le contenu du message et la signification du message lui-même. Ou,
comme lʼaurait dit le linguiste Ferdinand de Saussure vers 1890, entre le signifiant et le
signifié.
La « révolution surréaliste », presque un siècle plus tard, aurait donc finalement réussi
son « pied de nez » à la société, et elle serait devenue en quelque sorte aussi naturelle
à lʼhomme de la fin du XXème siècle que la bicyclette ou le téléphone, inspirant à toute
la société, à travers la publicité, le regard distancié, voire la dimension onirique
quʼaffectaient les surréalistes. Tout un chacun se retrouve investi du droit dʼêtre
surréaliste, les images de Magritte font désormais partie de notre paysage, où lʼon ne
sʼétonne plus de la rencontre dʼune machine à coudre et dʼun parapluie. Un monde où
tout devient possible, puisque « Sony lʼa fait ». Ainsi, la portée de son œuvre sʼinscrit-
elle profondément dans lʼimaginaire de la seconde moitié du xxe siècle.
Sources :
https://fr.wikipedia.org
http://www.vivelapub.fr/influence-de-magritte-sur-la-publicite-en-35-exemples/
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La publicité et Magritte
René Magritte, peinture commandée par
la compagnie aérienne Sabena (1965)
Dessin de René Magritte pour une marque de chocolat
(1931)
Publicité pour une marque d’automobiles
Publicité pour des bâtonnets de crème glacée
Publicités années 80
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Les mots et les images
« Les titres des tableaux
ne sont pas des
explications et les
tableaux ne sont pas des
illustrations des titres. »
René Magritte
Mêler du texte à lʼimage nʼest pas habituel en peinture.
Dans Les Mots et les images (in La Révolution surréaliste, n°12, Décembre 1929), Magritte
explore les rapports entre les mots et les images. Le tableau « La Trahison des images »
(1929) prend ici tout son sens : avec Magritte, il ne faut pas nécessairement chercher un
rapport logique évident entre l’image et sa signification. Au contraire, ce sont les rencontres
fortuites, les contiguïtés, les incongruités, qui constituent le ressort même de la démarche
surréaliste.
Dans cet article, Magritte semble faire référence au linguiste Ferdinand de Saussure,
fondateur de la linguistique moderne et des bases de la sémiologie (étude des signes).
Ferdinand de Saussure avait établi la relation «arbitraire» entre le « signifié » (le concept,
l’idée) et le « signifiant » (le mot).
Mais, sʼil reprend lʼidée de Saussure, Magritte ne peut sʼempêcher de la détourner…
Ferdinand de Saussure,
Cours de linguistique générale, 1916.
Les Mots et les images, René Magritte, 1929.
in La Révolution surréaliste, n°12, Décembre 1929
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Exprimez votre opinion personnelle, expliquez en quoi cette œuvre vous fait réfléchir, vous
touche (ou non), pourquoi on peut dire qu’il s’agit d’une « œuvre d’art », justifiez vos choix
en montrant vos acquis en Histoire des Arts…
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