La mondialisation de l`économie – quels défis pour les arts et

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La mondialisation de l’économie –
quels défis pour les arts et métiers ?
Exposé de Luzius Wasescha, Ambassadeur,
Secrétariat d’État à l’économie (seco), Berne
présenté à Genève le 9 mai 2001 dans le cadre de l’Assemblée générale
de la Fédération des syndicats patronaux à Genève
EMBARGO : 8 mai 2001 à 18 heures
#258363.1
1.
45,1 % (en 2000) du revenu global suisse provient des relations
économiques extérieures de la Suisse. C’est une moyenne ! Si elle
augmente, le pouvoir d’achat augmente en Suisse, si elle baisse, il
diminue. Les dix dernières années ont montré que si la croissance
s’essouffle, l’économie se ralentit, le pouvoir d’achat diminue – les
commandes aussi. Depuis une année – fort heureusement – nous
enregistrons la tendance inverse. C’est là une première vérité qui
vaut pour tous, tous les arts et métiers, orientés ou non vers
l’exportation ou vers la prestation de services à des étrangers.
Avec une telle moyenne, l’économie suisse est fortement
intégrée dans le marché mondial. Elle y accède par au moins
deux voies :
-
l’exportation directe vers les marchés extra-européens ;
l’exportation vers l’Union européenne (qui fait elle aussi
partie du marché mondial).
63,1 % des exportations suisses sont destinées au marché
européen. Une partie y est travaillée et intégrée dans des produits
d’exportation de l’Union européenne.
Les exportations suisses sur les marchés non européens
comprennent donc une part directe (36,9%) et une part
indirecte (une partie des 63.1 % d’exportations vers l’UE).
2.
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Le phénomène de la mondialisation permet aux entreprises de
considérer le marché mondial comme un marché global. La
stratégie d’une entreprise peut donc s’orienter vers ce marché
global. Le marché mondial est toutefois incomplet : bon
nombre de pays en développement et de pays en transition n’y
sont pas encore intégrés. Des marchés régionaux n’existent pas et
ne leur offrent aucune alternative.
3.
Les entreprises concluent des alliances stratégiques – de la simple
coopération (sur la base) de projets jusqu’à la fusion, il y a toute
une panoplie de possibilités.
Ces alliances ne se font pas uniquement entre
multinationales, mais entre multinationales et PME et entre
PME elles-mêmes. C’est là un défi pour certains acteurs des
arts et métiers :
-
-
faut-il s’allier pour l’achat commun des matières premières
ou des produits semi-fabriqués ou encore pour certains
services (informatique, comptabilité, parc à véhicule) ?
faut-il s’allier à d’autres entreprises pour la recherche, la
production, la distribution ?
comment rester compétitif comme sous-traitant par rapport
à des concurrents meilleurs marchés mais nouveaux sur la
scène (mondialisation de la soutraitance) ?
Ce sont là quelques défis économiques pour les PME et
pour les arts et métiers.
4.
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La mondialisation progresse à un rythme accéléré. Sans efforts
des gouvernements, nous arriverons à un triomphe de la loi du
plus fort – la loi de la jungle. Pour que les gouvernements
puissent agir, il faut qu’ils en aient les moyens. Soutenir l’idée
d’un gouvernement fort constitue un défi pour les arts et
métiers. Mais la force d’un gouvernement ne se mesure pas en
nombre de règlements adoptés et publiés dans les recueils de lois.
Un gouvernement fort est un gouvernement démocratique –
seul système à satisfaire les exigences d’un certain fair-play - et
de ce fait garant de la stabilité politique. C’est aussi un
gouvernement efficace qui peut intervenir sur la scène
internationale là où les décisions se prennent. Accepter ce
concept constitue un autre défi pour les arts et métiers.
5.
La mondialisation offre des chances aux pays qui sont déjà
intégrés dans le marché mondial. L’intégration des pays en
développement et des pays en transition est une nécessité
si nous voulons préserver un équilibre politique et le
renforcer par un équilibre économique. Une telle intégration
de ne peut pas se faire sans coûts : il faut de l’aide, beaucoup
d’aide, il faut de la disponibilité des spécialistes et de la formation
continue. De telles initiatives ne peuvent guère être assumées par
le seul secteur privé. Il faut donc l’aide de l’État qui a besoin de
moyens.
De plus, les pays développés doivent ouvrir leurs marchés
aux produits où les pays en développement sont
compétitifs : agriculture, textiles, parapluies, souliers, meubles,
jouets, etc. Ce sont autant de défis additionnels, aussi pour les
arts et métiers.
6.
La mondialisation exige des gouvernements qu’ils
défendent leurs intérêts dans les enceintes où l’avenir du
monde est façonné. La Suisse est membre des institutions de
Bretton Woods (FMI, Banque mondiale) sur le plan financier et de
l’OMC sur le plan du commerce mondial. Elle participe activement
aux travaux de l’OCDE et utilise son appartenance à l’AELE pour
tisser des liens de libre-échange en Europe et au-delà.
La Suisse n’est pas encore membre de l’ONU. Elle n’entend pas, à
ce stade, entamer la discussion sur son adhésion éventuelle à
l’Union européenne. Toutefois, l’édifice européen est érigé, pierre
par pierre, et certaines décisions nous affectent directement.
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L’engagement international et européen de la Suisse est un
autre défi pour les arts et métiers. Les représentants de la
Suisse dans toutes ces enceintes sont ses avocats. Peut-on
demander à un avocat de se taire, de bouder la cour ou d’être
neutre et non armé ?
7.
L’orientation internationale des activités d’une PME peut
être semée d’embûches. Le seco est là pour vous aider.
N’hésitez pas à nous contacter.
Depuis 1998 le seco a développé une task force PME qui permet
aux PME de trouver un sentier à travers les méandres de
l’administration (www.pmeinfo.ch). Cette activité évoluera vers un
véritable portail PME.
Les règles de l’OMC aident parfois à surmonter les difficultés
suivantes :
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droits de douane, structure des tarifs, règle d’origine ;
prescriptions administratives complexes ;
subventions versées à vos concurrents ;
actions de dumping ;
prescriptions techniques qui gênent l’importation ;
procédures complexes de licences ;
compétition avec une entreprise d’État ;
exportation de services ;
droits de propriété intellectuelle ;
achats publics
L’OMC est un moyen pour les gouvernements de relever les
défis de la mondialisation. C’est aussi un instrument pour
vous faciliter la vie !
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8.
La mondialisation exige également du gouvernement
prendre des mesures sur le plan national :
-
-
de
offensive pour l’amélioration de la formation en général et
de la formation professionnelle,
libéralisation
et
re-réglementation
des
services
d’infrastructures (Telecom, gaz, électricité, rail, etc.),
réforme agricole,
réformes du droit de la concurrence, du droit sur les
prescriptions techniques et achèvement juridique du marché
intérieur,
réformes du droit fédéral et des droits cantonaux sur les
marchés publics,
réforme du modèle de coopération Confédération – Cantons,
réforme de la promotion des exportations et du tourisme,
mesures d’accompagnement pour des motifs sociaux,
écologiques ou de politique régionale.
Toutes ces réformes constituent et constitueront des défis
pour les arts et métiers.
9.
Pour terminer, j’aimerais encore traiter un cas particulier qui vous
intéresse : les marchés publics.
C’est le seul domaine, où le cadre réglementaire qui vaut pour la
Confédération, les cantons et les communes, est défini à l’OMC.
Trois axes guident cette réforme dans une trentaine de pays.
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•
•
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le principe de la non discrimination
le principe de la transparence
le droit de recours auprès d’une instance indépendante.
La réforme se fait par étapes. La libéralisation progressive, la
simplification des procédures et le rapprochement des législations
sont les prochains défis, pour la Suisse, pour l’UE, pour l’OMC.
10.
En conclusion, la mondialisation apporte des chances,
comporte aussi des risques mais est incontournable. Elle
incite tous les pays et tous les corps de métiers à relever
de nombreux défis. La PME qui trouve sa clientèle dans les
régions rurales aura toutefois des perceptions différentes
de
celle
qui
apporte
sa
réponse
technique
au
développement
d’un
produit
ou
d’un
système
commercialisé par un acteur global. Les deux s’orientent
selon les besoins de leurs clients. Ce n’est pas la différence
d’intérêts qui est déterminante, mais leurs capacités de
s’adapter. Si elles ont ces capacités elles survivront toutes
les deux ! La même chose vaut pour les Etats : affrontentils les défis seuls ou comme partenaires ? Quant à moi, je
ne plaide pas pour la solitude !
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