SANTÉ SOCIÉTÉ HUMANITÉ – La dimension éthique de la relation médecin-malade
L'autonomie suppose l'exercice de la réflexion. Le médecin a une vertu cardinale : l'indépendance. Il n'a
d'ordre à recevoir de personne. :
« L'officier dit : “ne raisonnez pas, exécutez !“
Le percepteur : “ne raisonnez pas, payez !“
Le prêtre : “ne raisonnez pas, croyez !“
Je réponds : l'usage public de notre propre raison doit toujours être libre, et lui seul peut emmener les lumières
parmi les Hommes ». (Kant, Qu'est-ce que les lumières?)
Les conséquences du principe d'autonomie sont que l'on doit être informé sur la nature exacte de sa maladie.
Cette information a du sens lorsqu'elle est au service de la liberté. Cette information peut permettre de :
―Régler sa succession,
―Choisir une personne de confiance,
―Rédiger ses directives anticipées,
―Réaliser un dernier voyage,
―Revoir des proches pour leur dire adieu,
―Se suicider …
Cette école de pensée rationaliste a été critiquée sur deux points essentiellement:
―Le manque de réalisme : les hommes ne se conduisent pas de façon rationnelle.
―Le risque de dérive normative à vouloir imposer la raison aux peuples (qui sont sujets à des passions,
de l'imaginaire).
C'est une illusion dans ce sens ou il y a dans les conduites humaines des facteurs leur donnant l'impression
d'être libre, alors qu'ils sont en réalité influencés psychologiquement.
Ceci a été développé dans le livre Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens (2002). Les auteurs
ont voulu montrer que lorsqu'on pense être libre, il n'est pas exclu que nous soyons en réalité manipulés.
D'après ce livre, certains facteurs vont rendre nos décisions plus « engageantes » :
―Le caractère public de notre engagement : quand les autres nous regardent, que nous prenons une
décision, il est plus difficile de s'en désengager, même si elle est mauvaise.
―Le caractère explicite de notre engagement. Exemple : si on dit « on se revoit Lundi à 10h », on est
obligé d'y être, alors que si on est plus vague, on pourra se désengager plus facilement.
Exemple :
Une institutrice doit quitter la salle de classe plus tôt et demande aux élèves de penser à éteindre la lumière de
la salle avant de partir. Le lendemain matin, la maitresse trouvera la lumière allumée, car les élèves étaient
plusieurs et il n'existe pas de responsabilité collective (« Si tout le monde est responsable, personne ne se sent
responsable »). Si l'institutrice demande à un élève désigné d'éteindre la lumière : il s'engage alors
publiquement et explicitement, et sera plus susceptible de l'éteindre.
La manipulation consiste à faire consentir une personne à ce qu'on attend d'elle, la faire consentir « librement »,
chose que l'on va retrouver dans diverses campagnes publicitaires, des campagnes de dons etc.
Une décision que nous croyons libre est plus « engageante ».
Il existe d'autres facteurs qui font qu'une décision n'est jamais complètement libre :
―Le caractère irrévocable
―Le caractère répétitif (si on consent plusieurs fois à un acte, il est plus probable qu'on le réitère de
nouveau à chaque fois)
―Le sentiment d'être libre
―Conséquences de notre décision (si on donne de l'argent à une secte à plusieurs reprises, on ne voudra
pas croire que l'on s'est trompé car ce serait admettre que l'on a perdu de l'argent, donc on va préférer
continuer)
5/10