HISTOIRE DU ROMAN
Recherche d’une définition
L’époque du roman par excellence voit son apogée au XIXème siècle.
Certes certains critiques ont jugé que le roman était un genre moderne.
Mais le roman est né bien avant !
« A l’époque classique, le roman balbutie…Au XVIIIème siècle, le roman se
cherche » dit un de nos contemporains, et pour un autre tout ce qui précède
Stendhal et Balzac constitue « la préhistoire du roman ».
Mais qu’est-ce qu’un roman ?
Un roman est une œuvre en prose
C’est avant tout une histoire, une intrigue
avec création de personnages fictifs implantés le plus souvent
dans une société réelle
soit
contemporaine
à celle de l’auteur
: roman réaliste
soit
antérieure à celle de l’auteur
: roman historique.
Il raconte et se caractérise donc par la fiction tout en illustrant la situation de
ses contemporains ou de ses ancêtres dans un milieu réel.
Le roman énonce et raconte et fait donc partie des discours narratif et
descriptif ; la description apportant information ou faisant une pause dans le
récit pour davantage relancer l’action qui suivra.
La poésie suggère et transmet un message ou un ressenti en vers et par la
prédominance d’images.
Le théâtre représente et donne un spectacle mis en scène à partir d’une
pièce écrite par un dramaturge.
Pourquoi le terme de roman?
Il désigne le premier ouvrage écrit en langue romane, transition entre le Latin et
le Français. L’octosyllabe des romans médiévaux vouait le roman à la prose ; il en
était une étape. Et cet emploi de la prose vouait le roman au réalisme car ses
fictions s’appuient sur le concret, qui est sa matière première.
Le roman
désigne à l’origine la langue vulgaire- c'est-à-dire parlée par le peuple !-
, langue dérivée du Latin populaire par opposition au Latin classique ; d’où le
verbe
romancier
qui signifie alors « traduire un texte latin en français puis
raconter en français. »
Le roman se définit donc par :
Une œuvre en prose
Un récit
Une fiction
Une histoire avec des personnages fictifs
Un cadre précis, social et/ou historique
Evolution du roman
XIème siècle
Vie de Saint Alexis, un des premier récit en vers de langue française, d’où
l’étymologie du terme « roman », premier texte en langue romane et non plus en
Latin.
Le roman courtois :
Ce sont les romans qui se situent à l’époque de l’amour courtois, du fin’amor
médiéval.
Le terme de
courtois
désigne la Cour du roi et des nobles. Cette Cour royale est
le point de départ du roman en général !
Le terme de
courtois
a donné celui de
courtoisie
et fait donc référence à une
société courtoise, polie (Politesse venant de « polis », qui désigne la Cité en Grec
ancien, l’endroit où les gens sont plus « polissés », raffinés !) doù sera donc exclu
le « vilain » toujours vu en termes dévalorisants à l’époque.
Cette forme de littérature apparaît vers le XIIème siècle, dans une société plus
raffinée où semble s’installer l’influence de femmes, désireuses de trouver un
nouvel idéal de vie ; ainsi nos premiers romans naissent-ils à la Cour d’Aliénor
d’Aquitaine, avec le célèbre Tristan et Yseult ou en France avec les Lais de Marie
de France.
Mais il suffit d’évoquer «
les Chevaliers de la table ronde
», tous les romans de
Chrétien de Troyes pour trouver la matière de tous ces récits : l’aventure, une
place dominante au « merveilleux » et l’exaltation de l’amour. L’Amour courtois ou
fin’amor
, apparaît d’abord dans la langue lyrique d’oc, puis d’oil, et dans le roman
du XIIème siècle. Il est lié à la courtoisie, ensemble de valeurs (loyauté,
générosité, honneur et bravoure chevaleresque) propre à l’homme de cour opposé
au vilain, toujours représenté comme monstrueux. La Dame est la suzeraine de
l’amant qui est souvent de rang inférieur à elle, et qui est à son service et doit la
conquérir par ses prouesses ; cet amour est très longtemps platonique, car
adultère et toujours menacé de témoins hostiles. Lire les romans de Chrétien de
Troyes et les légendes du Roi Arthur. (Lancelot et Guenièvre, Gauvain…)
L’intrigue se fonde toujours sur la quête ou l’errance dans laquelle le Chevalier
doit s’illustrer par des faits de bravoure souvent motivés par le code de la
fin’amor et font intervenir le merveilleux paien mais aussi chrétien. Le héros
évolue et sait déjà s’interroger sur son action personnelle. Toujours beau et
fort, il illustre bien le roman courtois qui a pour fonction sociale de sceller la
communauté de la cour autour de valeurs différentes de celles des chansons de
geste. Il a le respect de la Dame, politesse et courtoisie, prouesses individuelles
et non plus exaltation d’une cause collective. Le roman arthurien peut se lire
comme la tentative toujours recommencée par le Chevalier pour éradiquer les
formes de violence et imposer un nouvel idéal de vie en société désigné par le
terme de « courtoisie », vie à la cour du roi.
Fin du siècle : La Chanson de Roland, première chanson de geste, épopée écrite
en laisses de décasyllabes qui décrit les prouesses de Roland à Ronceveaux face
aux Maures…Sa cause : défendre l’armée de Charlemagne, repousser les Maures
jusqu’à la mort…Il mourra donc le visage tourné vers son beau pays de France et
un ange vient emporter son âme en Paradis…Héros épique qui illustre
l’épopéeHauts faits (gesta) et présence du merveilleux !!
XVIème siècle : La Renaissance et l’Humanisme.
C’est le siècle des découvertes (Magellan, Jacques Cartier et l’imprimerie
découverte dans la deuxième moitié du XVème siècle). L’Homme croit donc au
progrès et en lui au centre du monde.
De son côté, François Ier revient d’Italie en rapportant avec lui l’éblouissement
de la Renaissance italienne et en ramenant Léonard de Vinci qu’il installe à côté
du château d’Amboise au Clos Lucé. Ce roi sera un des plus grands mécènes des
artistes de l’époque et diffusera en France l’Esprit de la Renaissance.
C’est la recherche d’une sagesse, d’une morale mise au service d’un total
épanouissement de l’homme : confiant dans les capacités de la nature humaine,
l’Humaniste recherche l’équilibre, le sens de la mesure par le développement
harmonieux du corps et de l’âme : « Mens sana in corpore sano » comme reprend
la philosophie de Rabelais et Montaigne.
Cet Humanisme est illustré par L’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci,
l’homme au centre et en harmonie avec le monde.
A lire Rabelais, Pantagruel et Gargantuaant qui symbolisent le passage
d’un monde du moyen-âge au monde de l’Humanisme, géants pour symboliser la
« boulimie » du Savoir et un retour aux textes et à la sagesse de l’Antiquité.
Rabelais est sans aucun doute l’exemple le plus accompli de l’esprit Humaniste :
moine défroqué, humaniste et penseur, médecin, il laisse sur ce siècle son œuvre
comme expression des idées humanistes à travers des chroniques merveilleuses
héritées de la littérature populaire mettant en scène des géants et mêlant le
sublime au grotesque, le rire et le sérieux. Il joue avec le langage, cultive la
parodie et crée tout un monde pittoresque assoiffé de savoir…La devise de
Rabelais : « Buvez toujours, ne mourez jamais » confirme cette soif du savoir.
XVIIème siècle : Siècle du classicisme, marqué surtout par le théâtre.
Mais le roman est présent aussi, sous deux appellations dans la première
moitié du siècle :
1. Le roman héroique : Il se caractérise par son idéalisme : des héros
parfaits et amants passionnés sont confrontés à des aventures sans fin
pour plaire à la femme aimée ; ici c’est le monde de l’hyperbole et de la
surprise. Mais ce qui le différencie de l’amour courtois sont les digressions
psychologiques sur l’amour et la passion amoureuse. Le cadre est le plus
souvent pastorale comme l’Astrée, d’Honoré d’Urfée.
2. Le roman dit réaliste : qui n’a rien à voir avec le mouvement réaliste qui
naîtra au XIXème siècle. Ce roman est caractérisé par le roman comique
de Scarron. Il est inspiré du roman picaresque espagnol qui met en scène
des personnages issus de milieux plus populaires dans des aventures
pittoresques et amusantes. On y trouve la réalité quotidienne et corporelle
décrites de façon crue et satirique, voire caricaturale. Ce genre joue sur
la parodie du roman héroique ou de l’épopée et sur le burlesque qui vient
de la discordance entre l’être et le paraître…
Un mouvement apparaît un peu plus tard, celui de la Préciosité. C’est
un idéal de raffinement prôné par les femmes et les hommes à la mode des
salons mondains, fondé sur la virtuosité de l’esprit, l’élégance du langage et
des comportements, la galanterie. Les Précieux usent de la rhétorique
baroque, goût de la pointe, de l’hyperbole, de l’antithèse, de périphrases et
personnifications mais aussi de l’idéalisme épuré. La préciosité s’exprime
dans le roman, apte à l’analyse des sentiments et de la poésie. Et il prépare
la route au roman classique de la fin du siècle.
Le roman classique :
Face à l’excès baroque, le roman classique privilégie la concision (les
romans de Madame de Lafayette sont quasiment des nouvelles) de l’intrigue
resserrée sur quelques personnages où la fatalité tragique joue un rôle
important.
Le romancier cherche le vrai et ancre son récit dans une époque historique
précise. Il veut atteindre à la vérité des comportements et des sentiments qui
donnent lieu à des analyses précises ; Madame de Lafayette innove en faisant de
l’évolution psychologique des personnages l’objet même du récit et non le sujet
de digression comme dans le roman précieux. L’action est moins importante que
ses répercussions dans la conscience des personnages. Le narrateur se fait
discret dans ses interventions et disparaît derrière ses personnages auxquels il
prête de nombreux monologues intérieurs qui veulent essayer de remettre un peu
de raison dans les désordres de la passion.
XVIIIème siècle : C’est le siècle des Lumières, siècle qui se veut rationnel : à
l’image de la raison.
Une quête de la sagesse, du Bonheur, d’une âme philosophique se fait jour
sur le modèle des philosophes pour rendre le monde meilleur. Les romanciers
développeront alors les mêmes thèmes que les philosophes :
Critique de l’Eglise (qui empêche de réfléchir)
Critique du Roi de Droit divin
Critique d’une société injuste
Critique de l’importance de l’argent dans la société
Critique de la noblesse
Critique de l’esclavage
Le roman devient donc une véritable contestation sociale et fait une
peinture réaliste de l’existence et du peuple. Le problème principal est celui de
l’argent qui fait obstacle au Bonheur et à l’Amour…Deux romans en sont
l’illustration évidente : Manon Lescaut, de l’Abbé Prévost et Paul et Virginie de
Bernardin de Saint Pierre.
Dans ces romans on évolue vers plus de réalisme. Le genre est désormais
en prise avec le réel ; il va se fondre sur l’expérience vécue par un héros
narrateur et montre différents aspects de la société ainsi que l’évolution d’un
être en formation. Il utilise la satire, l’humour, l’ironie mais aussi tous les
ressorts de l’aventure et de l’émotion. Dans une vision impitoyable de la société,
il souligne le rôle de l’argent qui corrompt et anéantit les élans du cœur.
Dans la seconde moitié du siècle, le roman devient l’outil privilégié pour
rendre compte des mouvements du cœur et de la conscience (le roman
épistolaire) et surtout pour interroger le monde ou proposer d’autres systèmes
de pensée (Les apologues ou contes philosophiques).
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