
C
AHIER
SPÉCIAL
:
DÉONTOLOGIE
INFIRMIÈRE
Droit, déontologie et soin
Mars 2005, vol. 5, n° 1
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rôles essentiels relevant du personnel infirmier, figure la défense et la promotion
d’un environnement sain, la recherche, la participation à l’élaboration de la poli-
tique de santé et à la gestion des systèmes de santé et des patients, ainsi que l’édu-
cation. ».
Les infirmières doivent évaluer les réponses en fonction des besoins de
santé, pour aider les patients dans le maintien ou le rétablissement de leur santé,
pour accompagner les mourants dans la dignité, et pour les aider, chaque fois
qu’il est possible, à reconquérir tout ou partie de leur indépendance, le plus
rapidement possible
1
.
L’affirmation d’une déontologie infirmière
Le droit s’inscrit dans une démarche fondamentale : il identifie les valeurs
sociales et en organise la protection par un ensemble de règles. Forgé au fil du
temps, le droit offre un fécond corpus de références humaines et sociales.
Chaque pays, chaque culture, chaque époque façonne à sa manière les grands
modèles juridiques : dignité, intimité, confiance, consentement secret… Le droit,
à l’issue d’une construction réfléchie, affirme sa pensée, et cherche à créer l’har-
monie dans la diversité. Sa richesse fournit les éléments du doute, de ce doute
méthodique qui confère qualité aux décisions prises.
S’agissant du soin, le droit dépasse la technicité pour apporter des éléments
de réponses aux questions les plus essentielles. Qu’entendre par le respect de
l’être humain ? Quel contenu à la dignité ? Qu’est-ce que la vie ? Quelle garantie
pour les personnes âgées, privées de ressources ? Quelle protection pour celui
qui, atteint par la souffrance psychique, ne peut assumer sa liberté ? Quelle pro-
tection pour les derniers jours ? Aussi, le droit ne peut rester la très utile tech-
nique commune qu’il est. Il doit avancer vers la réflexion morale, et inclure le
sens du devoir. C’est là qu’intervient la déontologie, indispensable complément
du droit. Pour les infirmières, c’est la contrepartie d’une véritable reconnaissance
fonctionnelle, et un nouveau domaine d’expertise.
Dans tous les pays du monde, l’infirmière est aux avant-postes dans la
pratique des soins, et très souvent, du fait des réalités économiques et sociales,
elle est le principal professionnel rencontré par le malade dans l’accès aux soins.
Au cœur de la technique, c’est elle qui préserve la part d’intimité du malade,
qui sait parler de la souffrance, qui est garante de la protection de la pudeur.
Actrice de la vie sociale, elle rayonne dans la prévention et l’éducation à la santé,
construisant pas à pas un véritable droit à la santé. Experte dans la relation à
autrui, elle sait entendre le non-dit, et confrontée aux situations humaines les
plus préoccupantes, elle garde le cap de la dignité, alliant compassion et tech-
nique, au service de la meilleure thérapie.
Qui sont les véritables garants du droit ? Les juristes jouent le premier rôle,
élaborant une réflexion fondamentale et ajustant les procédés de contrôle. Mais
1. En ce sens, V. H
ENDERSON
,
Basic principles of nursing care
, Conseil international des infirmières, Genève, 1977.