216 | La Lettre de l’Infectiologue Tome XXIII - n° 6 - novembre-décembre 2008
MISE AU POINT
Chimioprophylaxie du paludisme
pour les séjours de longue durée
en zone d’endémie
Malaria chemoprophylaxis for long-term travelers
T. Ancelle*
* Faculté de médecine Paris-
Descartes ; consultation des mala-
dies tropicales et parasitaires, hôpital
Cochin, Paris.
L
a chimioprophylaxie antipalustre n’est pas
aussi bien codifiée pour les séjours de longue
durée en zone d’endémie que pour les voyages
brefs, pour lesquels il existe un consensus général.
Les recommandations publiées dans le Bulletin
épidémiologique hebdomadaire (1), comme celles
édictées par les autres pays occidentaux, restent
très succinctes. Lobjet de cet article est de dégager
quelques règles concrètes de chimioprophylaxie
antipalustre à appliquer lors d’un séjour de longue
durée, dépassant 6 mois.
Population cible
Elle est constituée de quatre grandes catégories.
Les expatriés pour raisons professionnelles, dans le
cadre d’études scientifiques, de campagnes militaires,
de missions humanitaires et religieuses, les membres
d’ONG. Ils restent généralement dans un lieu de rési-
dence stable où les risques de transmission sont connus,
ont une assez bonne connaissance des risques et accep-
tent bien les recommandations médicales.
Les voyageurs itinérants, type routard. Ils se
caractérisent plutôt par leur jeunesse, leur sous-
évaluation des risques, par des passages en zones
de transmission et de chloroquino-résistance diffé-
rentes, par un éloignement des centres de soins et
par un bagage et un budget limités.
Les étrangers retournant provisoirement dans
leur pays d’origine pour une visite familiale. Leur
budget est limité, ils ne sont pas conscients d’avoir
perdu leur immunité protectrice, dont bénéficient
leurs proches restés au pays, et éprouvent parfois
une certaine gêne à prendre pour eux-mêmes des
mesures préventives.
Le personnel aérien navigant. Ils connaissent
des expositions discontinues mais pendant de très
longues périodes, dans des destinations aléatoires ;
une vigilance maximale est nécessaire chez les
pilotes.
Risque de paludisme au cours
des séjours de longue durée
Données statistiques générales
Environ 14 % à 16 % des cas de paludisme d’impor-
tation répertoriés chez des voyageurs originaires
de pays non endémiques sont observés chez des
personnes ayant séjourné plus de 6 mois en zone
d’endémie (2, 3). Ces chiffres sont sous-estimés
en raison des cas traités sur place. On estime
qu’environ 30 % des expatriés en zone d’endémie
contractent un paludisme dans les 2 ans suivant
leur installation (4, 5). Le risque de contracter un
paludisme augmente avec la durée d’exposition (4),
sans contre-effet dû à l’acquisition d’une éventuelle
immunité. Chez les expatriés, le risque de paludisme
est multiplié par un facteur 4 à 10 en l’absence de
chimioprophylaxie (6, 7).
En France, la létalité du paludisme s’élève à 10,1 décès
pour 1 000 expatriés ayant contracté un paludisme à
Plasmodium falciparum (8), quelle que soit la durée
du séjour. Elle est 3 fois plus élevée chez les Euro-
péens non immuns que chez les Africains, qu’ils
soient migrants récents ou de retour de voyage. La
longueur du séjour d’un expatrié initialement non
immun n’assure aucune garantie de protection vis-
à-vis de la gravité de la maladie.
La Lettre de l’Infectiologue Tome XXIII - n° 6 - novembre-décembre 2008 | 217
Résumé
Cet article passe en revue les risques de paludisme en fonction des groupes cibles et des zones géographiques, les effets
indésirables des médicaments antipaludiques observés au cours des prises de longue durée, les méthodes de remplacement
(autotraitement, autodiagnostic) et les stratégies de chimioprophylaxie en fonction des caractéristiques du séjour, chez l’adulte,
l’enfant et la femme enceinte. Une observance parfaite étant impossible, il importe d’informer le voyageur ou l’expatrié sur les
risques réels de paludisme dans les zones où il va résider et sur leur évolution saisonnière. Lorsque ces risques sont faibles, il est
possible de proposer un arrêt de la chimioprophylaxie. Les modalités de diagnostic et de traitement d’un accès palustre doivent
être longuement expliquées lors de la consultation avant le départ, qui doit devenir un véritable entretien de formation.
Mots-clés
Paludisme
Chimioprophylaxie
Antipaludiques
Longs séjours
Highlights
This paper reviews the risks
of malaria according to target
groups and geographical areas,
the side effects associated with
the prolonged use of antima-
larial drugs, the alternatives
(self-treatment, self-diagnosis),
and strategies for chemopro-
phylaxis according to the char-
acteristics of the long-term stay,
in adults, children and pregnant
women. A perfect compliance
is impossible to achieve. It is
thus important to inform the
traveler or expatriate about the
real risks of malaria in areas
where he will reside and its
seasonal patterns. Where the
risks are low, it is possible to
propose a discontinuation of
chemoprophylaxis. The methods
of diagnosis and treatment of
malaria must be explained
during the consultation before
departure, which must become
a real training session.
Keywords
Malaria
Chemoprophylaxis
Long-term travel
Risques liés à la zone d’endémie
Les risques les plus élevés sont observés en Afrique
subsaharienne, d’où proviennent près de 95 % des
cas de paludisme d’importation observés en France.
L’Inde et le sous-continent indien sont des zones
à risque moyen. LAmérique centrale, l’Amérique
du Sud et l’Asie du Sud-Est sont des zones à risque
faible, même si certaines régions sont à haut risque,
comme l’Amazonie.
Risques liés à la densité vectorielle
Le risque de contracter le paludisme varie aussi très
fortement à l’intérieur même d’une zone d’endémie.
Cette variation est proportionnelle au taux de
piqûres infectantes, lié à la densité des anophèles,
qui croît avec l’éloignement des centres urbains (9).
En Afrique le taux d’attaque est 20 à 30 fois plus
important en zone rurale qu’au centre des villes
(10). Les risques croissent également en fonction
du climat : quasiment nuls à la saison sèche en
savane aride, ils sont multipliés par un facteur 10
à la saison des pluies en zone de savane humide et
en zone forestière. À l’intérieur d’un même “faciès”
épidémiologique, la transmission peut varier forte-
ment en fonction de micro-environnements.
Schémas de chimioprophylaxie
La chimioprophylaxie antipalustre prescriptible en
France repose sur 5 médicaments : la chloroquine
(Nivaquine
®
), l’association chloroquine-proguanil
(Savarine
®
), la méfloquine (Lariam
®
) , le monohydrate
de doxycycline (Doxypalu
®
ou génériques) et l’associa-
tion atovaquone-proguanil (Malarone
®
). L’association
sulfadoxine-pyriméthamine (Fansidar
®
), le proguanil
seul (Paludrine®) et l’amodiaquine (Flavoquine®) ne
sont plus indiqués. La primaquine n’a pas d’autori-
sation de mise sur le marché (AMM) en France. Les
autres antipaludiques (quinine, artémisinine, etc.) ont
des propriétés pharmacodynamiques qui ne sont pas
compatibles avec les contraintes de la prophylaxie.
Le choix d’un antipaludique dépend de la chimiorésis-
Tableau I. Schémas de chimioprophylaxie antipaludique (1, 29).
Zone Molécules Âge1Posologie (mg) Nom commercial Retour2Femme enceinte Limité3
1 Chloroquine A
E
100/j
1,5/kg/j
Nivaquine®4 sem. OK
2 Chloroquine -
proguanil
A
E
100/j-200/j
1,5/kg/j et 3/kg/j
Savarine®
Nivaquine® et
Paludrine®
4 sem. OK
2 et 3 Atovaquone -
proguanil
A 250/j-100/j Malarone®7 j Possible 11 kg4
E 62,5/j-25/j Malarone® enfant
3 Doxycycline A 100/j Doxypalu®,
génériques5
4 sem. Non 8 ans
E 100/j ou 50 /j si < 40 kg
3 Méfloquine A 250/semaine Lariam®6 3 sem. Possible 15 kg7
E 5/kg/semaine
1, 2 et 3 Primaquine8A
E
30/j
0,5/kg/j
1 sem. Non
1. A : adulte, E : enfant. 2. Prolongation du traitement après le retour. 3. Limite inférieure d’âge ou de poids. 4. La Malarone
®
peut
être prescrite hors AMM à partir de 5 kg cp pédiatrique/j de 5 à 7 kg et ¾ de cp pédiatrique/j de 7 à 11 kg) [24, 34, 43]. 5. Il existe de
nombreux génériques de monohydrate de doxycycline (Tolexine
®
, Granudoxy
®
, etc.). Seul le Doxypalu
®
possède l’AMM pour l’indication
de chimioprophylaxie antipaludique. 6. S’il s’agit de la première cure, commencer les prises 10 jours avant le départ pour vérifier la bonne
tolérance sur deux prises hebdomadaires. Pour un long séjour, on peut proposer 3 prises avant le départ, soit un début 17 jours avant. 7. Les
auteurs britanniques l’autorisent à partir de 6 kg (¼ cp à 250 mg/sem. de 6 à 15,9 kg) [4]. Les auteurs américains préconisent la dose de 5 mg/
kg/sem. en dessous de 9 kg quel que soit le poids (29). 8. Ce produit ne possède pas l’AMM en France. Prescriptible sous ATU en traitement
curatif, il est commercialisé dans de nombreux pays. Les auteurs américains admettent son utilisation en prophylaxie lorsque les autres pro-
duits sont contre-indiqués, et sous réserve de consultation spécialisée. Il est contre-indiqué en cas de déficit en G6PD, à vérifier avant usage.
Posologie d’après Hill et al. (29).
218 | La Lettre de l’Infectiologue Tome XXIII - n° 6 - novembre-décembre 2008
Chimioprophylaxie du paludisme pour les séjours
de longue durée en zone d’endémie
MISE AU POINT
tance de P. falciparum vis-à-vis de la chloroquine et des
autres antipaludiques. Les pays d’endémie se répartissent
en 3 zones en fonction de la chloroquino-résistance (CR) ;
absence de CR présence de CR ou prévalence élevée
de CR et multirésistance (1). Le tableau I, page 217
résume les différents schémas de chimioprophylaxie
chez l’adulte et l’enfant en fonction de ces zones.
Effets indésirables des anti-
paludiques en prise prolongée
Chloroquine
Utilisé depuis plus de 50 ans, en chimioprophylaxie
du paludisme ou, à des doses plus fortes, dans le trai-
tement du lupus et d’autres maladies systémiques,
ce produit bénéficie du recul le plus grand. Sa tolé-
rance est excellente aux doses usuelles. Les mentions
légales n’indiquent pas de limite de durée d’utilisation.
Cependant, le risque de toxicité rétinienne apparaît
à partir d’une dose totale cumulée de 100 g, ce qui
correspond à une durée continue d’utilisation de 3 à
6 ans (selon la dose hebdomadaire, qui va de 300 à
600 mg/ semaine). Lorsque cette dose cumulée est
atteinte, il est recommandé de pratiquer un examen
de contrôle ophtalmologique bisannuel (10).
Proguanil
Utilisé depuis plus de 40 ans, le proguanil bénéficie
aussi d’un grand recul. La tolérance est bonne. Les
effets indésirables à type d’intolérance gastrique et
d’aphtose cèdent en général avec la durée. Aucune
des études réalisées, dont la plus significative portait
sur 96 personnes-années, n’a montré d’effets indé-
sirables liés à la durée du traitement (11).
Savarine®
Il n’y a pas de limite de durée d’utilisation pour cette
association de la chloroquine et du proguanil. Les
effets indésirables propres à l’association (douleurs
abdominales) n’ont pas été reliés à la durée d’uti-
lisation (12, 13).
Méfloquine
Les mentions légales n’indiquent pas de limite de
durée d’utilisation. Le recul le plus long publié porte
sur une période de 2,5 ans (13). On retrouve 7 cas de
survenue d’effets sévères pour 1 000 utilisateurs (14).
Les effets neuro-psychiatriques – principalement des
syndromes psychotiques et des crises d’angoisse
aiguë (17) – sont les plus fréquents, avec 1 cas sévère
pour 100 000 personnes-semaines (15, 16). Le risque
est plus élevé chez les femmes et en cas d’antécé-
dents psychiatriques (18). Les effets apparaissent
précocement. La survenue d’effets tardifs est peu
probable si la tolérance a été bonne en début de
cure (13).
Doxycycline
Les risques de photosensibilisation ont été démon-
trés lors de prescription de longue durée (60 mois) à
des doses de 200 mg/j (19). Des études portant sur
des périodes de 1 an montrent une bonne tolérance
aux doses prophylactiques (100 mg/j) dans plus de
95 % des cas (20).
Atovaquone
Son utilisation en longue durée a été étudiée chez
des sujets atteints de sida dans la prophylaxie de
la pneumocystose et d’autres infections. Plusieurs
essais avec un recul de 6 mois à 3 ans (21-23)
montrent des fréquences d’effets indésirables obli-
geant à arrêter le traitement dans 19 à 24 % des cas
(22), mais à des doses 3 à 6 fois plus élevées que les
doses prophylactiques antipaludiques.
Malarone®
La durée d’administration maximale de l’association
atovaquone-proguanil est limitée à 3 mois dans
l’AMM française ; il n’y a pas de limite aux États-
Unis (24). Trois essais contrôlés évaluant l’utilisation
combinée des deux molécules à des doses utilisées
pour la prévention du paludisme sur des périodes de
20 à 34 semaines ont montré une excellente tolé-
rance (25-27). Néanmoins, la Malarone® est associée
dans 12 % des cas à des effets indésirables modérés
à type de vertiges et d’insomnie, nécessitant l’arrêt
de la prophylaxie chez 2,4 % des voyageurs (28).
Primaquine
La primaquine, non autorisée en France, est consi-
dérée par les auteurs américains (29) comme effi-
cace et sans danger chez les patients ne présentant
pas de déficit en G6PD. Elle a une action radicale
sur les stades intrahépatiques. L’indication de sa
prescription réside plutôt dans le “déparasitage” du
retour, notamment après les séjours en zone d’en-
La Lettre de l’Infectiologue Tome XXIII - n° 6 - novembre-décembre 2008 | 219
MISE AU POINT
démie à P. vivax. Un essai portant sur une période
de 52 semaines conclut à une bonne tolérance du
produit malgré une méthémoglobinémie moyenne
de 5,8 % à 50 semaines, diminuant de moitié dans
les 7 jours suivant l’arrêt de la prophylaxie (30).
De façon générale, le risque de survenue d’effets
indésirables dus à un antipaludéen plafonne au bout
d’un certain temps (4). En dehors de l’effet cumulatif
de la chloroquine, il n’y a pas d’augmentation de la
fréquence des effets indésirables en fonction de la
durée d’utilisation pour l’ensemble des molécules
utilisées à des doses de chimioprophylaxie. Dans les
zones de forte transmission, le risque de contracter
un paludisme reste beaucoup plus élevé que le risque
d’effets indésirables (31).
Attitudes et pratiques
de prévention et de traitement
du paludisme chez les expatriés
Spécificité de la population
Les expatriés appartiennent à une communauté
restreinte, souvent privée de référents médicaux
spécialisés et échangeant des informations en circuit
fermé. Progressivement, les conseils du prescripteur
vu en France avant le départ s’estompent, et les stra-
tégies adoptées se calquent sur celles de l’entourage
local. Les expatriés ont en outre la possibilité de
se procurer des médicaments antipaludiques non
commercialisés en France, mais autorisés par les
autorités sanitaires d’autres pays. Il est donc néces-
saire, pour le prescripteur, de connaître l’existence
de ces produits et d’informer le patient de leurs
caractéristiques. Il est prudent d’avertir également
le patient de l’existence de nombreuses contrefaçons
et de leurs dangers : absence de molécule active, date
de péremption dépassée, dosage erroné, adjuvants
toxiques ou allergisants, etc.
Observance
Elle est faible chez les voyageurs au long cours (32)
et diminue au cours du temps, s’effondrant à 29 %
chez les sujets effectuant des séjours de plus de
3 mois (33). Les causes de mauvaise observance
sont diverses (tableau II). L’abandon est encore
plus fréquent lorsque la prophylaxie est quotidienne
plutôt qu’hebdomadaire. En prenant acte de ce
phénomène, il est préférable, lors de la consultation
du départ, d’adopter une attitude réaliste et adaptée,
plutôt que d’appliquer avec rigidité un schéma qui
a toutes les chances de ne pas être suivi.
Autotraitement
ou traitement de réserve
Il s’agit du traitement décidé par le malade lui-même
ou par son entourage lorsqu’un accès de paludisme
est suspecté. Cette attitude est admise lorsqu’il est
impossible pour le malade d’être pris en charge par une
structure médicale dans les 24 heures suivant le début
d’un accès présumé et pour toutes les personnes qui
ne prennent pas de chimioprophylaxie et qui vivent
en zone d’endémie, quel que soit le niveau de risque.
L’autotraitement (tableau III, page 222) ne se conçoit
que par la prise, par voie orale, de médicaments d’ac-
tion rapide, et vis-à-vis desquels les résistances sont
encore rares (atovaquone-proguanil, méfloquine,
artésunate-luméfantrine, quinine). Le patient doit
avoir sous les yeux l’ordonnance lui rappelant le
nombre de comprimés à prendre à chaque prise et les
conditions d’administration. Si le patient est déjà sous
chimioprophylaxie, il est logique et impératif qu’il
utilise un autre produit ; mais la Malarone® pourrait
être mise en échec chez des patients sous Savarine®
et l’halofantrine n’est pas recommandée en cas de
prise de méfloquine (résistances croisées). L’autotrai-
tement est une attitude rationnelle et efficace mais
ses dangers sont nombreux (tableau IV, page 222).
Dès que la situation le permet, tout autotraitement
doit être complété par une consultation médicale,
ayant pour but d’évaluer son efficacité, de vérifier
a posteriori la nature palustre de l’accès (sérologie,
Tableau II. Causes de mauvaise observance d’une chimioprophylaxie de longue durée.
•Raisonsjustiées
– Effets indésirables réels, cumulatifs pour certaines molécules (chloroquine)
– Coût élevé
Absence de disponibilité des produits dans la région de résidence
– Limites de durée de prise selon les mentions légales (AMM)
– Recours à l’autotraitement en cas de crise
– Efficacité imparfaite (de 75 % à 95 % selon Chen et al.
[32]
)
•Mauvaiseinformation
– Difficulté d’évaluation du rapport bénéfices/risques
– Méconnaissance du risque de paludisme en zone de faible incidence
– Effets indésirables supposés, attribués à cause de symptômes dus à d’autres facteurs
– Survenue d’accès palustre chez des proches sous chimioprophylaxie
Doutes sur l’efficacité, alimentés par des accès fébriles faussement étiquetés comme accès palustre
– Croyance en une meilleure immunité acquise en l’absence de chimioprophylaxie
Avis divergents des médecins sur l’efficacité et les effets indésirables
Avis fantaisistes glanés sur les forums Internet
•Attitudesnéfastes
– Lassitude due à l’astreinte de prises régulières
– Insouciance quant au risque réel
– Mimétisme avec l’attitude de l’entourage indigène immun
– Refus de contrôles sanguins réguliers pour vérifier les fonctions hépatiques
222 | La Lettre de l’Infectiologue Tome XXIII - n° 6 - novembre-décembre 2008
Chimioprophylaxie du paludisme pour les séjours
de longue durée en zone d’endémie
MISE AU POINT
test immunochromatographique) et de rechercher
d’autres causes si les symptômes persistent.
Chez l’enfant, sauf en cas de force majeure, l’autotrai-
tement ne doit pas être conseillé aux parents comme
attitude systématique préalablement à un séjour.
L’autotraitement est actuellement recommandé
comme stratégie de remplacement de la chimiopro-
phylaxie par les autorités sanitaires suisses et alle-
mandes pour les séjours en zone de faible risque d’Asie
du Sud-Est et d’Amérique centrale et australe.
Autodiagnostic
Il existe sur le marché des trousses de diagnostics rapide
par immunochromatographie. Très maniables et peu
encombrants, ces tests ont des performances suffisam-
ment élevées en termes de sensibilité (> 90 %) et de
spécificité (> 95 %) [29] pour être utilisés maintenant
dans de nombreux dispensaires de zones dendémie et
en complément au frottis et à la goutte épaisse dans
les laboratoires équipés. Néanmoins, leur utilisation par
des novices est loin d’être satisfaisante. La plupart du
temps, l’utilisateur isolé est en situation de stress dû à la
fièvre, aux céphaes, aux frissons, et ces circonstances
ne favorisent pas la réalisation de gestes techniques
précis ni une interprétation correcte. Par ailleurs, les
composés du test risquent de s’altérer s’ils sont conservés
dans de mauvaises conditions. Ces raisons ont conduit
à ne pas recommander leur pratique en autodiagnostic
(34). anmoins, il ne faut pas les rejeter totalement,
surtout dans les situations d’isolement de longue durée.
Les arguments en faveur de leur utilisation sont la stabi-
lité du lieu de résidence qui permet la conservation des
trousses au froid ; la possibilité de faire réaliser le test
par l’entourage familial ou professionnel du malade ;
et surtout la formation initiale précédant le départ, qui
peut être réalisée dans le cadre du service médical de
l’entreprise. Ces tests sont disponibles dans la plupart
des pays européens et au Canada.
Quelle stratégie
de chimioprophylaxie pour
un séjour de longue durée ?
Les attitudes de prévention sont extrêmement
diverses selon les pays. La Suisse, l’Allemagne et
la Grande-Bretagne ont adopté le principe de ne
plus préconiser de chimioprophylaxie systématique
dans les zones de faible risque, considérant que le
risque d’effets indésirables des médicaments est
plus élevé que le risque de paludisme (29). Des
auteurs de plusieurs pays européens regroupés
Tableau III. Posologie des traitements de réserve du paludisme simple chez l’adulte.
Nom
commercial DCI Dosage
en mg/cp
Posologie adulte en comprimés
pour un poids de 60kg Grossesse
Malarone®Atovaquone-proguanil 250-100 4/j x 3 j Oui 2e ligne
Lariam®Méfloquine 250 3 à H0 + 2 à H8 + 1 à H161 Oui 2e ligne
Riamet®2 Artéméther-luméfantrine 20-120 4 à H0, H8, H24, H36, H48, H60 Non
Surquina®
Quinimax®4
Quinine3
Quinine3
250
500
2 x 3/j x 7 j
1 x 3/j x 7 j
Oui
Oui
Halfan®5 Halofantrine 250 2 à H0,H6, H12 + 2e cure à J7 Non
1. Si poids < 60 kg, ne pas administrer le dernier comprimé (H
16
). 2. Disponible dans de nombreux pays sous le nom de Coartem
®
. 3. 8 mg/kg
de quinine base toutes les 8 heures, soit 24 mg/kg/j. Ne pas dépasser 2,5 g/j. 4. Le dosage du Quinimax
®
comprend le total de l’ensemble
des alcaloïdes, soit pour un comprimé à 500 mg : quinine 480 mg, quinidine 13,2 mg, cinchonine 3,4 mg et cinchonidine 3,4 mg. Les autres
quinines utilisables par voie orale disponibles dans le commerce sont peu recommandées en autotraitement en raison de la difficulté d’adapter
la posologie en quinine base, dont la teneur varie en fonction des sels (quinine chlorhydrate Lafran
®
1 cp à 500 mg = 449,50 mg de quinine
base ; quinine sulfate Lafran
®
1 cp à 500 mg = 414 mg de quinine base). 5. Non indiqué a priori en autotraitement en raison du risque de
mort subite à l’allongement de l’intervalle QT chez les sujets prédisposés. Il est impératif de réaliser un électrocardiogramme préalable pour
vérifier la conduction auriculo-ventriculaire. Les modalités de la seconde cure (dose réduite) ne sont pas codifiées.
Tableau IV. Le traitement de réserve (ou autotraitement).
•Critèresdechoix
Absence de structure médicale accessible en moins de 24 heures
Zone de faible transmission à
P. falciparum
(Asie, Amérique, Inde du Nord et du Sud)
Zones d’endémie exclusive à
P. vivax
(Proche-Orient et Moyen-Orient)
Intersaisons à transmission diminuée
Expositions répétitives et fragmentées (personnel navigant)
Patient adulte, responsable, avec éducation préalable
Prescription écrite et détaillée
•Avantages
Diminution de l’imprégnation médicamenteuse
Diminution des effets indésirables cumulatifs
Coût très inférieur à celui de la chimioprophylaxie
Solution de remplacement d’une chimioprophylaxie impossible
•Inconvénients
Effets indésirables des fortes doses
Risque de retard au diagnostic de paludisme
Risque de faux diagnostic de paludisme et d’utilisation abusive
Méconnaissance d’une autre pathologie grave nécessitant une prise en charge rapide (fièvre
hémorragique, typhoïde, amibiase tissulaire, etc.)
Dosages mal adaptés, sous-dosage, surdosage
Inefficacité en cas de vomissements
Malabsorption de la Malarone®, si la prise n’accompagne pas un repas
Résistance locale au produit
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