ACE L`antigène carcino-embryonnaire (ACE), décrit pour la

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ACE
L'antigène carcino-embryonnaire (ACE), décrit pour la première fois par GOLD et FREEDMAN en 1965, est
une glycoprotéine de masse relative environ 200 000 Da ; la molécule est composée en moyenne de 45 % de
protéines et de 55 % d'hydrates de carbone.
L'ACE est une protéine oncofœtale, synthétisée essentiellement chez le fœtus (foie, intestin et pancréas) pendant
les deux premiers mois de la gestation. A la naissance, la synthèse d'ACE s'effondre. En dehors de ces trois
localisations fœtales, l'ACE était autrefois uniquement mis en évidence dans les cancers du colon à l'aide d'anticorps
polyclonaux de souris. L'utilisation d'anticorps monoclonaux révèle maintenant la présence d'ACE dans d'autres
tissus. L'ACE est un antigène présent à la surface du pôle apical des cellules épithéliales embryonnaires du tube
digestif. Chez l'adulte, on le retrouve à la surface des cellules de l'intestin grêle, du colon, du rectum, du pancréas, du
poumon et du sein. La quantité d'antigène mise en évidence dans les tissus normaux reste cependant beaucoup plus
faible que dans les tissus néoplasiques.
Les anticorps monoclonaux ont également permis de mieux individualiser l'ACE au sein de sa famille hétérogène
des glycoprotéines membranaires : six structures très proches ont été décrites :
• le groupe des NCA (Non specific Cross reacting Antigen) : NCA 55, NCA 95, NCA 160.
• l'ACE-M, variante membranaire de l'ACE, de bas poids moléculaire.
• la BGPI (Biliary Glycoprotein I), constituant normal de la bile.
• la NFA1 (Normal 1 Fœtal Antigen).
Ces protéines, très proches structurellement de l'ACE, présentent la même distribution fœtale, tissulaire,
physiologique ou oncologique que l'ACE.
De nombreux dosages existent qui reposent tous sur des méthodes immunologiques, utilisant un marqueur
radioactif, fluorescent ou enzymatique avec révélation par colorimétrie, par chimiluminescence ou par fluorescence.
La multiplicité des Ac monoclonaux, des techniques de dosage et des étalonnages, conduit à une importante
dispersion inter-technique des résultats. Par technique immuno-radiométrique en phase solide, la valeur seuil est
couramment fixée à 5,5 µg/l.
Des variations physiologiques s'observent avec le sexe (valeur moyenne à 5,2 µg/l chez l'homme et 3,5 µg/l chez
la femme), avec l'âge (taux plus élevé chez le sujet âgé), avec la grossesse (taux plus élevé au cours des 2 premiers
trimestres). Le tabagisme augmente notablement les taux d'ACE qui sont corrélés à l'intensité du tabagisme : chez le
fumeur, la valeur-seuil couramment admise est de 10 µg/l.
Au cours des pathologies bénignes (polypes coliques, maladie de Crohn, lésions inflammatoires de l'intestin,
hépatites, cirrhoses, pancréatites...), les taux excèdent rarement 30 µg/l.
En oncologie, l'ACE n'est pas spécifique d'un tissu tumoral particulier. La valeur diagnostique de l'ACE est très
faible ; les valeurs détectées n'ont de sens que pour concourir à établir un pronostic et à effectuer un suivi
thérapeutique. Seule la comparaison de taux mesurés sur des prélèvements effectués à des dates régulières, par la
même technique, présente un intérêt.
• Dans les cancers colorectaux, le taux d'ACE est corrélé positivement au stade de la tumeur et négativement au
degré de différenciation : 52 % des cancers colorectaux sans métastases (M0) et 75 % des cancers métastasés
(M1) ont un ACE supérieur à 5 µg/l. Dans les cancers de l'intestin, 24 % des M0 et 60 % de M1 ont des taux
d'ACE supérieurs à 5 µg/l. Pour ces deux derniers types de cancers, le Ca 19-9 doit être associé à l'ACE.
• Dans les cancers de l'estomac, 12 % des M0 et 48 % des M1 ont des taux supérieurs à 5 µg/l. Le Ca 72-4 doit
être dosé simultanément avec l'ACE.
• Dans le cancer du pancréas, l'ACE est également augmenté parallèlement au stade évolutif. Il n'intervient
qu'en seconde intention, après le Ca 195 et le Ca 19-9.
L'ACE est également un marqueur de nombreux cancers extra-digestifs : cancer du sein, où avec le Ca 15-3 il
permet de suivre la réponse au traitement ; cancer médullaire de la thyroïde, où il doit être associé à la calcitonine ;
cancer bronchopulmonaire : adénocarcinome essentiellement, mais aussi cancer à petites cellules (associé à la NSE).
L'ACE peut être dosé dans les liquides biologiques : épanchements pleuraux, liquides d'aspiration et de lavage
broncho-alvéolaire des cancers broncho-pulmonaires et des mésothéliomes, urines dans les cancers de vessie en
association avec le TPA.
L'ACE est le plus ubiquitaire et le plus ancien des marqueurs tumoraux. Il garde son utilité essentiellement pour
préciser un pronostic et réaliser un suivi thérapeutique. Il convient alors dans la très grande majorité des cas de
l'associer à un autre marqueur plus spécifique de l'organe étudié.
- MELEY R., RABY N., BOUSSARD H., CHARRIE A.
L'antigène carcinoembryonnaire, ACE.
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