plus grande dans son utilisation. Les modérés de cette thèse énonçait que la couverture à 100%
était un gâchis et une précaution inutile et qu’il fallait que la contrepartie des billets émis reposât
partiellement sur le stock d’or et partiellement sur les crédits consentis aux entreprises et aux
particuliers. La thèse inverse de celle de la « Currency school », la « Banking school » jugeait que
l’émission monétaire devait correspondre à l’activité et aux besoins des agents économiques, les
modérés, penchant pour un frein à l’émission sous la forme d’une encaisse or minimum, les ultras
prétendant ne se reposer que sur la sagesse économique fruit de la liberté d’ entreprendre et de la
main invisible.
La théorie de la banking school l’a finalement emporté. Bien sûr, le stock d’or détenu par la
Banque centrale n’est pas pour rien dans la monnaie d’un pays et dans la confiance dont on peut
l’investir, mais il ne représente plus au passif de l’institut d’émission qu’une modeste fraction de la
masse monétaire. La monnaie est donc créée par les Banques de second rang, c'est-à-dire les
banques qui sont en relation directe avec les agents économiques particuliers et entreprises, à qui
elles prêtent des fonds sous toutes leurs formes. Ces prêts se traduisent par des dépôts dans le
système bancaire, reflétant une lapalissade comptable : le prêt de 100 que la banque X fait à la
veuve de Carpentras pour acheter une télévision, se traduit par le dépôt que le vendeur de
télévision fait à sa banque pour le montant exact du prêt consenti. Or les dépôts sont un élément
constitutif de la masse monétaire. La banque X, a contribué par son prêt à l’émission de monnaie
scripturale, i.e. les dépôts supplémentaires.
Cette parfaite identité entre crédit et dépôts doit cependant être nuancée de deux façons. La trappe
à monnaie ou les « fuites » dans le système : si le vendeur de télévision convertit le paiement reçu
en billets de banques… alors, la banque de second rang aura financé l’émission de monnaie
fiduciaire de la banque de premier rang au lieu de financer l’émission de monnaie scripturale. Si le
vendeur, use de cette somme pour payer son fournisseur étranger… il détruira de la monnaie, plus
exactement la banque centrale du pays dont il est ressortissant se trouvera débitrice à l’égard de
son homologue dont le fournisseur est le ressortissant. Le prêt de la banque x aura financé un
dépôt de la banque centrale étrangère…
En France, la grandeur macro-économique qui caractérise la masse monétaire est M3. Elle a pour
contrepartie, les crédits que consentent les institutions financières au secteur privé, au secteur
public et les créances nettes sur l’étranger. Dans ce dernier cas, on notera que les créances sur
l’étranger sont contributrices de la création monétaire. Un pays exportateur dont la balance
commerciale est excédentaire, se trouve en situation de création monétaire permanente. Il en est de
même pour les pays importateurs nets de capitaux.
Il n’est pas mauvais de quitter l’orthodoxie « des comptes publics » pour aller poser des questions
qui commencent à fâcher. Dans les lignes qui précèdent, on a indiqué le rôle des banques de
second rang dans la création monétaire.
Question : qu’est-ce qu’une banque de second rang ? Dans cet abécédaire, on en a présenté la
version classique. C’est une banque qui reçoit des dépôts et qui consent des crédits aux agents
économiques privés et publics, sans que sur le plan des principes la deuxième activité soit causée
par la première. C’est par son entremise que les crédits font les dépôts.
Dans ce cas la question ne pourrait-elle pas être : qui fait les crédits ? Avec derrière la tête que ce
n’est pas uniquement la banque, mais ses clients. La réponse viendrait alors immédiatement: celui
qui décide, c’est le banquier!!!…vraiment ? Que se passe-t-il alors quand le client est si grand, si
gros, si colossal qu’il devient un agent macro-économique peut-être plus grand et plus puissant et