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même de non-croyance.2 Mais ceci ne serait bien sûr pas possible si, le matérialisme affiché
(l’apparent détachement du théologique) de nos sociétés occidentales n’était pas finalement
qu’un mince verni recouvrant un corpus idéologique foncièrement gangrené par l’Idéalisme depuis
son origine. Et ce sera bien à la suite de ce texte de tenter de le révéler….
Mais pour l’instant, parce qu’abusés collectivement par cette fausseté de surface, il est devenu
vital de réaffirmer sereinement (renouant avec les Lumières) que croire à l’existence supposé d’un
(ou de plusieurs) dieux (de surcroit à notre image) et subséquemment aux fables que les chefs
religieux ont forgées aux cours des siècles à seule fin de légitimer leurs pouvoirs est, au sens
propre, tout simplement impensable ! Dès qu’il y a pensée toute religion s’effondre car elle en
révèle immédiatement la stupidité des fondements. Il n’y a pas lieu au débat juste la nécessité de
prendre conscience et d’affirmer l’incompatibilité intrinsèque de l’idée théocratique avec celle du
logos, indument reliés et appropriés par toutes les théologies. Et bien que notre univers demeure,
par essence, complexe et mystérieux, réfléchir et connaitre ne peut que rejeter, infailliblement,
tout recours à l’explication divine !
Alors, considérons définitivement avec Alain, et comme acquis que dans le champ des croyances,
la religieuse n’est qu’aliénation et appliquons nous d’abord à débusquer les autres là où elles sont
à priori bannies, et en tout premier lieu dans ce que l’on nomme et englobe par le mot science(s)3.
Alors que « le noble physicien» (tout est dans « noble » !) qu’il nous présente en contrepartie4
n’est certainement pas, déjà à son époque, une espèce commune il est à craindre qu’il ne soit plus
qu’extrême rareté dans la nôtre. Car la frontière que le philosophe tentait d’ériger
symboliquement entre ce dernier et ceux qui … « cherchent dans les sciences quelque chose qu'ils
puissent croire, (…) s’accrochent aux idées avec une espèce de fureur ; et si quelqu'un veut les leur
enlever, (…) sont prêts à mordre », certainement déjà illusoire de son temps n’est plus, à de rares
exceptions près, qu’idéaliste prétention. D’abord parce que la formation universitaire des femmes
et hommes de science ne les immunisent en rien de leurs déterminismes sociaux et culturels mais
2 J’ai déjà abordé cette question dans un texte antérieur (cf. « Démocratie et religion ») et ne m’attarderait donc pas à
en démontrer à nouveau longuement l’évidente inanité.
3 La science (latin scientia, « connaissance ») est « ce que l'on sait pour l'avoir appris, ce que l'on tient pour vrai au
sens large, l'ensemble de connaissances, d'études d'une valeur universelle, caractérisées par un objet (domaine) et
une méthode déterminés, et fondés sur des relations objectives vérifiables et que l’on peut répartir ainsi :
- Les sciences dites exactes, comprenant les mathématiques et les « sciences mathématisées » ;
- les sciences dites physico-chimiques et expérimentales (sciences de la nature et de la matière, biologie, médecine) ;
- les sciences dites humaines, qui concernent l'Homme, son histoire, son comportement, la langue, le social, le
psychologique, le politique.
4«…. ! Imaginez un noble physicien, qui a observé longtemps les corps gazeux, les a chauffés, refroidis, comprimés,
raréfiés. Il en vient à concevoir que les gaz sont faits de milliers de projectiles très petits qui sont lancés vivement dans
toutes les directions et viennent bombarder les parois du récipient. Là-dessus le voilà qui définit, qui calcule ; le voilà
qui démonte et remonte son gaz parfait, comme un horloger ferait pour une montre. Eh bien, je ne crois pas du tout
que cet homme ressemble un chasseur qui guette une proie. Je le vois souriant, et jouant avec sa théorie ; je le vois
travaillant sans fièvre et recevant les objections comme des amies ; tout prêt à changer ses définitions si l'expérience
ne les vérifie pas, et cela très simplement, sans gestes de mélodrame. Si vous lui demandez : Croyez-vous que les gaz
soient ainsi ? Il répondra : « Je ne crois pas qu'ils soient ainsi ; je pense qu'ils sont ainsi. ». Propos d’un Normand
(1906) Edités par Jean-Marie Allaire, Robert Bourgne et Pierre Zachary