Situation sanitaire en Nouvelle-Calédonie - Année 2006 – Le R.A.A I.2.8 - p 1
I.2.8. Le rhumatisme articulaire aigu
Source : registre de suivi des personnes atteintes de R.A.A. - Agence sanitaire de Nouvelle-Calédonie (Dr B.
ROUCHON)
DEFINITION ET CONTEXTE
Le rhumatisme articulaire aigu touche majoritairement les enfants et les adolescents, et
représente une pathologie dont les conséquences sont particulièrement lourdes sur le plan
médical, humain, social et économique.
Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est une conséquence possible de mécanisme probablement
auto immun dans les suites d’une angine bactérienne due au streptocoque bêta hémolytique du groupe A (SBHA).
Il est plus fréquent chez l’enfant mais en Nouvelle-Calédonie, des poussées peuvent être observées très
tardivement (35 ans).
En règle générale, la population est peu informée de l’importance du traitement des infections des voies
aériennes supérieures et, en dehors d’une plainte spécifique de l’enfant, le recours aux consultations médicales
n’est pas systématique pour ce type de pathologie.
Ce n’est souvent que lors d’une première poussée de rhumatisme articulaire aigu ou même lors de
conséquences de l’atteinte cardiaque que le médecin sera consulté.
De même certains professionnels de santé comme les auxiliaires de santé dont le rôle est pourtant de
promouvoir l’utilisation adéquate des ressources mises à disposition de la population ne semblent pas assez
sensibilisés sur l’importance de la prise en charge des pharyngites streptococciques.
Une stratégie de lutte contre le rhumatisme articulaire aigu ne peut être basée uniquement sur la
prévention primaire d’autant que dans plus de trente pour cent des cas de RAA en poussée primitive, on ne
retrouve pas d’élément infectieux dans les antécédents immédiats. Elle concerne aussi la promotion et le suivi de la
prévention secondaire chez les malades ayant présenté un premier épisode de rhumatisme articulaire aigu.
Les facteurs de vulnérabilité prédisposants classiques sont ceux de la précarité avec un
environnement défavorable ; promiscuité et surpopulation dans un habitat restreint, ressources financières faibles
ou absentes, et la malnutrition qui en découle.
Une prédisposition du sujet est suspectée depuis plusieurs décennies, un déterminant familial
fréquent a été noté dans cette maladie, mais il n’a jamais été possible de démontrer un profil génétique spécifique
et cette prédisposition familiale ne pourrait être en fait que la conséquence de l’environnement socio-économique.
La prévention des rechutes est essentielle.
En effet, une prophylaxie bien conduite prévient tout risque de récurrence, sans cela les rechutes sont
plus fréquentes dans les 3 à 5 années suivant le premier épisode. A chaque poussée, le risque d’atteinte cardiaque
augmente et s’il existe déjà dès la phase initiale, chaque rechute peut en augmenter la gravité.
L’efficacité de cette prévention repose sur sa continuité. Le rôle des soignants est capital pour entraîner
l’adhésion du patient et de sa famille à un suivi médical long et astreignant.
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PROGRAMME DE LUTTE CONTRE LE RAA
Par délibération du 11 août 1994, le Congrès du Territoire a décidé le que le rhumatisme articulaire
aigu faisait partie de 9 thèmes de prévention prioritaires.
La réglementation prévoit que tous les nouveaux cas doivent être déclarés, qu’ils soient
découverts à la phase aiguë ou au stade des séquelles, de même pour toutes les rechutes.
La détermination du niveau des actions à mettre en place pour la lutte contre le rhumatisme
articulaire aigu, repose sur la fiabilité des données statistiques recueillies sur le registre.
La qualité de ces données dépend donc de la démarche de chacun des médecins qui
diagnostiquent cette pathologie.
Programme et réseau de prévention du RAA
Le programme vise :
La prévention primaire des infections des voies aériennes supérieures à streptocoque bêta
hémolytique du groupe A (SBHA).
le dépistage systématique des valvulopathies rhumatismales en facilitant l’accès à l’échographie.
2005 a vu l’acquisition de 2 échographes réservés au RAA et la mise en œuvre de vacations de
cardiologues et d’échographistes généralistes.
la réduction des complications secondaires du RAA par l’amélioration du suivi du traitement
prophylactique des rechutes. Cet objectif est la première raison d’être du fichier de veille. Celui-ci est mis à
jour en continu grâce aux données transmises par les acteurs intervenant auprès des patients (personnels
des dispensaires, médecins et infirmiers libéraux, infirmiers scolaires…). Les informations concernent
l’administration du traitement antibioprohylactique, le suivi cardiologique, les consultations dentaires. La
communication des données est bonne voire très bonne pour les dates d’injection d’Extencilline dans les
secteurs public et scolaire et en ce qui concerne les infirmiers libéraux ; elle est moins systématique pour
les médecins libéraux et le suivi cardiologique et dentaire.
En cas de rupture de traitement des recherches sont entreprises soit par les professionnels de proximité,
soit par la cellule RAA de l’Agence Sanitaire.
Recensement initial des patients suivis pour antibioprophylaxie en Nouvelle-Calédonie (1999)
Les données existantes pour la Nouvelle-Calédonie étaient incomplètes. En effet, la dispersion des
critères de diagnostic et une sous déclaration des cas, ne permettait pas d’obtenir des données précises. Ceci a
conduit en 1999 la DASS - NC à réaliser un recensement rétrospectif des patients présentant un RAA et suivis
dans le cadre d’une antibioprophylaxie secondaire.
Cette phase représentait l’étape préparatoire indispensable avant la mise en place du fichier de suivi
actif de ces patients.
Ce travail a été effectué par l’examen de tous les dossiers médicaux de patients suivis pour RAA, croisé
avec les fiches de déclaration obligatoire reçues par la DASS-NC ainsi que le fichier des patients pris en charge
dans le cadre des Longues Maladies.
Situation sanitaire en Nouvelle-Calédonie - Année 2006 – Le R.A.A I.2.8 - p 3
Cette recherche a été exhaustive pour les Provinces Iles et Nord et pour la Province Sud hors grand
Nouméa. Elle n’a pas pu être effectuée dans Nouméa.
Résultat du recueil de données initial au 31/02/1999 :
795 personnes étaient suivies dans les conditions citées plus haut.
- 168 dans la Province des Iles : prévalence 8 / 1000,
- 408 dans la Province Nord : prévalence de 10 / 1000,
- 219 dans l’intérieur de la Province Sud
Aucune interprétation des données complémentaires ne pouvait être réalisée en raison de leur
non représentativité du fait de la fréquence importante des données manquantes, principalement pour les
patients de la zone du grand Nouméa.
Mise à jour du fichier de veille active et mise en œuvre d’un programme de dépistage et
de suivi des patients (2005 / 2006).
Les données disponibles ont été mises à jour et complétées. Cependant la persistance d’une sous-
déclaration très importante des cas dans le secteur privé nécessite une enquête systématique auprès de chaque
praticien pour obtenir des données fiables. Pour le grand Nouméa la collecte des données est en cours ; pour cette
raison les chiffres concernant cette zone sont probablement sous-estimés.
Actuellement (mise à jour le 31/11/2006) 1 688 cas sont inscrits au fichier dont 212 cas archivés, (modification de
diagnostic, arrêt de la prophylaxie). Certains de ces patients porteurs de séquelles valvulaires sont suivis par les
cardiologues au titre de la valvulopathie résiduelle.
Cas déclarés / cas recensés :
Bien que maladie à déclaration obligatoire, le RAA reste très largement sous déclaré. Ceci a pour
conséquence de rendre difficile la veille du suivi des patients (compliance au traitement…) et de ne pouvoir évaluer
l’incidence de la maladie. Pour limiter ces inconvénients, la DASS procède à des enquêtes systématiques.
Le graphique suivant indique la proportion de cas de RAA figurant dans le fichier et ayant fait l’objet
d’une déclaration spontanée par un médecin.
Evolution du fichier des patients RAA du 31.09.2005 au 31.11.2006
Le graphique ci-dessous montre un accroissement continu du nombre de cas répertoriés dans le fichier.
Ces cas ne correspondent pas tous à de nouveaux diagnostics mais sont, pour la majorité d’entre eux, des patients
non déclarés initialement et découverts par enquête systématique auprès des médecins. La non déclaration des
nouveaux cas a pour conséquence l’impossibilité d’évaluer réellement l’incidence du RAA.
Le nombre de patients perdus/retrouvés* a augmenté depuis la mise en œuvre du fichier en 1999,
reflétant les actions de terrain menées pour « refidéliser » des patients ayant interrompu leur traitement.
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0
200
400
600
800
1000
1200
1400
30/09/2005 31/08/2006 30/11/2006
Patients archivés
RAA actifs
PDV actifs
Perdus/retrouvés
Refus de ttt
PDV non actifs (PDV jamais retrouvés)
Nouvelles DO
Cas découverts par enquête
*Légende
RAA actifs : = patients pour lesquels il existe un suivi en cours
PDV actifs (Perdus De Vue actifs) : patients ne s'étant pas présentés récemment pour leur
antibioprophylaxie et pour lesquels des recherches sont en cours.
Perdus/retrouvés : patients pour lesquels des recherches ont été entreprises, qui ont été retrouvés et
qui sont actuellement bien suivis (sont comptabilisés dans les RAA actifs).
PDV non actifs : patients pour lesquels des recherches ont été entreprises et qui n'ont pas
été retrouvés au bout de trois mois.
Cas découverts par enquête : nouveaux patients introduits dans le fichier et n'ayant pas fait l'objet d'une
déclaration obligatoire.
Ces patients sont découverts lors d'enquêtes systématiques.
Refus de ttt (refus de traitement) : patients perdus de vue, ayant été retrouvés et qui ont déclaré leur
refus de traitement malgré les informations et sollicitations.
Situation sanitaire en Nouvelle-Calédonie - Année 2006 – Le R.A.A I.2.8 - p 5
Prévalence du RAA par commune au 31/08/2006 (pour 10000 hab.).
(Par ordre décroissant de prévalence et regroupement des communes n'ayant pas de médecin référent)
Prévalence du RAA par commune et Province au 31 août 2006
133,0
130,7
124,6
124,3
112,5
111,9
111,9
105,6
97,3
96,5
92,8
91,8
90,8
83,0
75,7
74,5
73,4
67,5
66,6
65,8
65,3
64,2
64,0
61,3
59,6
54,3
51,8
46,7
35,2
34,7
27,6
25,0
14,1
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0 120,0 140,0
HOUAILOU
KOUAOUA
CANALA
YATE
OUVEA
THIO
KOUMAC
Province Iles
LIFOU
VOH
OUEGOA
POUM
MARE
FARINO-LA FOA- SARRAMEA-MOINDOU
DUMBEA
MONT DORE
BOULOUPARIS
La commune d'affectation est celle du médecin référent.
Source pour le nombre d’habitants par commune: ISEE: population communale au 01.01.06.
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