Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Contrôle interne levier de l'Ethique managériale au sein des organisations de la Région Marrakech-Tensift-El Haouz. Jaouad El Mazoudi¹, Mohamed Amine Derhem², Morad SBITI³ ¹ Doctorant, Université Mohamed V, FSJES Agdal Rabat, Maroc Laboratoire de sciences de gestion à la FSJES Agdal Rabat / CRME HEEC [email protected] ² Doctorant, Université de Lille 2, France / CRME HEEC, Maroc, [email protected] ³ Enseignant-chercheur, Université Mohamed V, FSJES Agdal Rabat, Maroc, [email protected] Résumé : Cet article donne une définition de l'éthique managériale. Il traite du contrôle interne comme levier de l’éthique managériale au sein des organisations dans la région Marrakech Tensift Al Haouz à travers une étude. Nous cherchons à comprendre la façon avec laquelle les dirigeants des organisations de la région Marrakech Tensift Al Haouz le contrôle interne pour une éthique managériale et utilisent ses principes dans la gestion quotidienne de leurs affaires. Il s’agit d’un essai d’explication des comportements éthiques des parties prenantes internes et externes, de même que la logique qui les motive dans leurs décisions d’appliquer l’éthique dans des actions qui peuvent avoir un impact positif sur la performance des organisations. Au vu des résultats obtenus, il parait que la notion d’éthique mène encore un long chemin pour se voir adopter dans le système de perception managériale des chefs d’organisations et leaders des organisations de la région Marrakech Tensift Al Haouz. Dans ces conditions, l'avenir de l’éthique managériale est difficilement prévisible. Il dépendra surtout de la volonté des parties prenantes et leur implication pour adopter et adapter les fondements de l’éthique managériale au contexte marocain. Mots clés : Ethique managériale, Contrôle interne, Région Marrakech Tensift Al Haouz. Internal control lever managerial ethics in organizations of the Marrakech-Tensift-El Haouz Region. Abstract : This article defines managerial ethics. It analyzes the internal control of leveraging managerial ethics in organizations in the Marrakech Tensift Al Haouz region through a study. We seek to understand the ethical management employed by the leaders of organizations and their use of its principles in the daily management of their businesses in the region of Marrakech Tensift Al Haouz. This is an attempt to explain the ethical behavior of the various internal and external stakeholders, as well as highlight the logic that motivates the application of ethics in decision-making with the intent to positively impact organizational performance The results indicate that the directors and leaders of organizations in the Marrakech Tensift Al Haouz region have a long way to go toward the adoption of applying ethical principals toward their managerial vision. Under these conditions, the future of managerial ethics is difficult to predict. It will depend on the willingness of stakeholders to adopt and adapt the fundamentals of managerial ethics to the Moroccan context. Keywords: Managerial Ethics, Internal Control, Region Marrakech Tensift Al Haouz. Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Introduction: Suite à la crise du sens dans les activités économiques et managériales à l’échelle planétaire ces dernières années, les préoccupations éthiques sont devenues chroniques dans nos sociétés. Celles-ci se manifestent au travers d’inquiétudes écologiques, de méfiance des acteurs économiques, des manipulations communicationnelles, ou encore par le souci du respect des droits de l’Homme. Face à ces pressions influencées par les ONG, les organisations sont amenées à devenir responsable en tentant aujourd’hui d’allier management et éthique. Ce nouveau concept managéthique passe essentiellement par une forte communication, de plus en plus et par la conception de pratiques et services éthiquement corrects. Les parties prenantes travaillent, largement, à la mise en place d’une organisation responsable. Cependant, on peut s’interroger sur la sincérité de certaines organisations qui voient en ce nouveau phénomène une nouvelle stratégie Business. En matière de recherches scientifiques et face à une évolution remarquable de l’importance de la responsabilité sociale des organisations, l’étude autour de la notion d’éthique semble devenir incontournable pour comprendre ce phénomène et conduire des réflexions profondes à l’évolution de la recherche dans ce domaine. Vu le nombre limité de ces recherches au Maroc dans ce domaine, il s’est avéré indispensable de mener une étude sur l'apport du contrôle interne à la pratique de l’éthique managériale, en mettant en avant dans un premier lieu les soubassements théoriques et conceptuels et dans un second lieu une étude empirique permettant de présenté les résultats sur le niveau de contrôle interne pour la pratique de l'éthique par les managers de la Région Marrakech Tensift El Haouz. 1. Emergence de l’éthique dans le monde de l’entreprise 1.1. L’éthique : Distinctions sémantiques. Avant d’entamer toute discussion autour de l’éthique, il est nécessaire de clarifier les notions proches de celle-ci et faire la distinction sémantique de chacune d’elles. La déontologie : est un ensemble de règles qui s’appliquent à l’exercice d’une profession particulière. Elle existe pour les journalistes, les médecins, les avocats, les comptables… C’est l’ensemble des devoirs que les membres d’une profession se fixent, et des droits nécessaires pour exercer leur métier conformément à ces devoirs. La déontologie, semble faire l’unanimité. Quelle que soit la définition choisie, la déontologie se définit toujours en lien avec la notion de métier, plus particulièrement en terme d’ensemble de valeurs et de devoirs qu’impose à des professionnels l’exercice de leur métier (Ballet et De Bry, 2001 ; Loosdregt, 2004). Droit : Principes qui règlent les rapports entre les personnes et qui servent à définir les lois renforcées par des institutions (Professions et organisations = déontologie) Thierry C.Panchant (2007) Mœurs, culture : Manières de sentir, de penser et d'agir, structurées par des modèles collectifs au-delà du droit et des institutions: normes sociales, valeurs, attitudes ; Thierry C.Panchant (2007) Morale : Ensemble d'impératifs et d'interdits qui résultent de l'opposition du bien et du mal et qui établit des devoirs et des responsabilités, Thierry C.Panchant (2007) Éthique : Réflexion critique et désir diffus de vivre une vie «bonne», influencés mais non dictés par le droit, les mœurs et la morale (En philosophie, domaine dénommé «Philosophie morale») Un détour par l’étymologie démontre à quel point la frontière est floue entre l’éthique et la morale. Néanmoins, une distinction peut être faite à l’aide de l’histoire des idées. Dès 1 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI l’Antiquité, les Grecs considèrent l’éthique comme une réflexion sur les principes qui guident la vie humaine, alors que les Romains donneront une connotation juridique à la morale. La morale enseignera donc à l’homme, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, qu’il doit se plier à des règles qui lui sont imposées. De ce passé, la morale garde une image dogmatique et impérative. A l’inverse, des philosophes contemporains, au même titre que la vision aristotélicienne, associent l’éthique à l’ordre du pratique et accessible à tout un chacun, en ayant pour objet « le domaine de l’activité humaine en tant qu’action reposant sur une décision » (Ballet et De Bry, 2001). Allant dans le même sens, Schumacher (2006) souligne que la tendance est, depuis longtemps, d’utiliser le terme d’éthique pour désigner des normes et des règles de conduite ou les réflexions s’y rapportant, alors que la morale désigne les réflexions et les faits liés au domaine du religieux et de l’obligation. 1.2. Notions d’éthique Pour comprendre l’éthique, un rappel étymologique s’impose. Aristote a introduit le terme ethik theoria qui désigne cette partie de la philosophie qui étudie la conduite de l’homme, les critères de base d’évaluation des choix. En d’autres termes, il s’agit donc de fournir des indications sur les critères et les valeurs qui doivent être respectés dans l’action. Nous tenterons de toujours distinguer morale et éthique bien que l’éthique puisse être aussi considérée come synonyme de philosophie morale. Autant la morale désigne l’ensemble des règles en vigueur au sein d’une communauté humaine et par conséquent, est profondément collective, autant l’éthique est propre à chacun. La morale se réfère à être bon (le but) tandis que l’éthique peut être caractérisé par agir bien (le moyen pour y arriver).Dans la mesure où l’éthique résulte d’une réflexion faite par les décideurs et implique des choix (sélections) dans une situation donnée parmi les différentes solutions possibles (légales, de préférence), elle implique la responsabilité de l’acteur. Elle va ainsi plus loin que la morale. Celle-ci est plus une recherche de conformité aux règles voire de leur respect tandis que l’éthique prône le respect des autres personnes (COCHEREL, 2004). Ainsi, l’éthique s’intéresse au bonheur tant dans sa définition que sa réalisation. Curieusement la loi, n’utilise quasiment jamais ce terme mais fait référence à la morale (conformité aux mœurs), à la loyauté et à la bonne foi. Un comportement éthique relève dés lors d’un engagement social délibéré. Par définition il n’est jamais imposé mais tout au plus recommandé par la loi puisqu’il suppose l’intime conviction de l’auteur-décideur intéressé. Les définitions de l’éthique suggérées par la littérature recouvrent différents champs disciplinaires et souvent différentes réalités. « L’éthique regroupe un ensemble de principes, de valeurs er de croyances qui dirigent la conduite des individus » (MERCIER1999), la définition proposée par l’EBEN (EUROPEAN BUSINESS NET WORK) : « L’éthique n’est pas un ensemble de principes figés mais une ouverture d’esprit conduisant à la réflexion continue dans la recherche du bien (commun et individuel) ».Selon MOUSSE (2001), l’éthique ne peut, en effet, être isolée de la pratique individuelle dans un environnement d’injonctions contradictoires. Dans le monde de l’entreprise, ce sont bien les pratiques de gestion qui sont en cause et non les convictions éthiques des cadres et dirigeants. Cette errance conceptuelle est représentative de la difficulté à fonder une éthique appliquée, l’éthique des affaires n’étant finalement qu’une éthique appliquée parmi d’autres. En effet l’éthique se décline aujourd’hui dans un univers d’éthiques « appliquées », univers apparu aux Etats-Unis dans la décennie 60 avec l’explosion des champs d’interrogation éthique et posant la question de ses lien avec la philosophie morale. Cet univers se stabilise dans la décennie 70 avec les domaines 2 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI suivants : la bioéthique (conséquence des pratiques technoscientifiques en médecine), l’éthique environnementale (autour de la question des rapports entre l’homme, les animaux et la nature), l’éthique des affaires et l’éthique professionnelle (liée aux modes d’organisation propres aux sociétés industrielles et à la représentation des risques liés à l’exercice de telle ou telle profession). Une éthique appliquée propose les contours normatifs d’un comportement acceptable en construisant une instance de jugement, positive à l’égard de certains comportements et négative pour d’autres. Elle contribue ainsi à fonder une sorte d’idéologie des mécanismes de création de valeurs. 1.3. L’éthique managériale Accoler le mot éthique au mot management, c’est rapprocher deux disciplines bien identifiées mais dont l’histoire, il faut bien le remarquer, n’est en rien comparable. Si l’éthique a une longue histoire, des textes classiques et des noms prestigieux, le management quant à lui demeure une discipline récente, aux contours épistémologiques sans cesse renégociés et qui n’a certainement pas encore atteint sa pleine maturité terminologique. Autre ment dit, évoquer une éthique managériale, c’est faire référence dans le champ du management à une branche de la philosophie qui remonte à près de trois mille ans. Faire fi de cette tradition ferait du management éthique un vain mot, sans doute même une mystification. Parmi les très nombreuses définitions de l’éthique managériale qui ont été présentées dans la littérature depuis une vingtaine d’années, nous retiendrons ici celle qui la caractérise comme « interpellation », « réflexion », « discernement » (Puel, 1989), qui oblige l’acteur à élaborer sa propre réponse, individuelle ou organisationnelle, face à une situation perçue comme étant moralement problématique. De nombreux sociologues et économistes ont traité la question de l’éthique dans l’entreprise. L’éthique selon Weber : une des idées forte de Max Weber est que les fondements du capitalisme sont éthiques, religieux et psychologiques plutôt que, ainsi que le pensait Marx, techniques, financiers ou économiques. L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, son œuvre majeure écrite vers 1904-1905, révèle les liens étroits entre foi protestante et capitalisme, en rappelant notamment la valeur sacrée du travail. Weber pense même que l’esprit du capitalisme trouve sa source dans l’ascèse du travail telle qu’elle est valorisée dans le calvinisme. « Le travail est la fin en soi de la vie, prescrit par Dieu. La maxime de Paul : « Que celui qui ne travaille pas, ne mange pas » vaut inconditionnellement et pour tout un chacun. L’aversion envers le travail est le symptôme d’une absence d’état de grâce. » Weber a également laissé une distinction désormais classique entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité, qui sont selon lui « deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées ». La première ne se soucie pas des conséquences des principes qu’elle défend (on pourrait la rapprocher de l’impératif catégorique de Kant, qui correspond au devoir inconditionnel). La deuxième, au contraire, s’attache aux résultats. Un management éthique ne peut, bien sûr, faire fi de ses objectifs ; on attend plutôt de lui une éthique de responsabilité. L’éthique dans un contexte informel Dans un contexte professionnel où la hiérarchie classique tend à s’effacer devant des modèles relationnels souples et fonctionnels, l’éthique est plus nécessaire que jamais pour réguler la communication entre les acteurs. Comment définir un management éthique ? L’éthique se distingue par son caractère relatif, individuelle, elle est paradoxale, conjoncturelle, elle s’applique à une situation spécifique. Mais alors qu’est-ce qu’une posture éthique ? Il manque aujourd’hui un modèle pertinent, intégrant la morale, la déontologie et la performance professionnelle, qui serve de référence au management éthique. Voici quelques applications nécessaires et non suffisantes à l’éthique dans le management : 3 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Définition d’objectifs précis et atteignables. - Délimitation du champ d’action, c’est-àdire des moyens disponibles pour atteindre les objectifs. - Accès à l’information utile. - Mise en perspective de l’action dans le contexte global, en vue de donner du sens à la contribution de chacun. - Droit à la formation, à l’accompagnement et, de manière générale, au développement du potentiel. - Rémunération juste et justifiable. - Instauration d’un dialogue ouvert et participatif. - Ancrage dans des valeurs fortes comme la culture d’entreprise, la charte éthique. Il existe un outil de mesure simple pour évaluer l’éthique dans une entreprise. Moins il y a de différence entre le discours du dirigeant et la réalité de l’entreprise, plus l’entreprise est éthique. On retrouve ici la notion de congruence « cohérence », parfois appliquée à la structure elle même, dont on attend qu’elle soit cohérente et respectueuse de toutes ses parties. Plus généralement, l’entreprise a obligation de se conformer aux lois et réglementations en vigueur dans le domaine où elle s’inscrit. Voici une typologie de l’éthique qui peut se révéler utile dans le management : • Ethique appliquée C’est une branche de l’éthique qui s’applique à un ensemble de pratiques spécifiques. L’éthique des affaires, l’éthique financière, la bioéthique sont des exemples de l’éthique appliquée. L’éthique du management en est pour l’heure à ses balbutiements. • Ethique normative Par opposition à l’éthique descriptive qui s’attache à restituer la croyance en ce qui est juste ou injuste, l’éthique normative s’engage à dèfinir ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. • Ethique de réciprocité C’est la base des religions universalistes. Elle pourrait se résumer par la règle suivante : ne fais pas à l’autre ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse. Malgré son ancrage dans les valeurs traditionnelles, l’éthique de réciprocité est frappée au coin du bon sens et reste valable dans les postures les plus pragmatiques. Dans l’entreprise, un manager qui pratique couramment la rétention d’information risque fort de provoquer chez ses collaborateurs une attitude similaire, dont il sera la première victime. Plutôt que d’encourager l’individualisme, l’éthique de réciprocité engage chacun à agir de manière à enclencher un cercle vertueux dont chacun sortira gagnant. Ainsi, tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux. 1.4. Le contrôle interne 1.4.1 Définition et évolution La notion de contrôle interne fut fortement développée depuis que l'incertitude des marchés et de l'environnement en général a pris une dimension risque importante pour les organisations dans le monde des affaires. Ainsi dans son volet définition le contrôle interne s'inscrit comme étant un dispositif mis en place en vue de rendre les risques environnementaux et internes acceptables pour l'organisation (P. Noirot, J. Walter, 2009). Chaque entité, unité, intra structure à l'organisation est placée sous contrôle dans le sens du contrôle de bon fonctionnement, de détection des dysfonctionnements et le développement de signaux d'alertes nécessaires pour intervenir de manière efficace et efficiente (P. Noirot, J. Walter, 2009). L'évolution de la perception de l'importance du contrôle interne au sein des organisations a évolué depuis quelques années et surtout des évènements de l'année 2000 avec l'effondrement de WorldCom et Enron, exemples même du modèle américain de confiance de pratiques libres en la matière. Celui-ci a impliqué un choc profond sur les marchés financiers et la confiance en les sociétés cotées. Les conséquences ont été de verrouiller l'accès au Marché Boursier américain et de ne permettre l'accès qu'aux organisations en ligne en termes de procédures de contrôle interne dénommée Sox ou Sarbannes & Oxley act, définissant ainsi la corrélation risques-actions. 4 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Dans ce sens une approche classique du risque nous fait apparaître les quatre comportements face au risque identifié, tolérer-traiter-transférer-terminer. En conséquence le contrôle interne se positionne dans le traitement du risque pour le rendre acceptable à la perception des managers. Pour cela deux grandes catégories de contrôle interne sont reprises au travers de cette approche du contrôle interne (F.Bernard, 2013) : - Le contrôle interne dit administratif a pour but de s'assurer de l'atteinte des objectifs par l'organisation à l'aide de pratiques devant être appliquées par du personnel compétent. - Le contrôle interne dit comptable et financier qui se caractérise par des procédures et des pratiques organisationnelles totalement liées à la préservation du patrimoine matériel et immatériel de l'organisation. Néanmoins cette approche classique a connu une évolution notable appelée approche actuelle qui ne prend plus en compte le contrôle interne comme un dualisme de dispositifs, ainsi ci-dessus, mais dans un sens plus large tel que (F.Bernard, 2013) : - Il est considéré comme un processus et non plus comme un dispositif uniquement de sécurité - Il remplace l'ensemble du personnel au cœur du contrôle. Ainsi le contrôle interne n'offre pas une garantie de réalisation des objectifs mais permet de les rendre réalisables à titre d'exemple il ne garantit pas de rendre la fraude impossible mais la limite. C'est ainsi qu'interviennent tels le Sox des référentiels et normes de contrôle interne qui dictent les pratiques et les dispositifs nécessaires à améliorer cette assurance face aux risques. Parmi ces systèmes il existe un référentiel de contrôle interne établi par le Committee for Sponsoring Organizations of the Treadway Commission dénommé COSO (PwC COSO, 2013). 1.4.2. Le COSO Le référentiel du contrôle interne COSO définit en 1992 n'apparaît clairement dans les pratiques de management et de gouvernance qu'en 2002 suite au scandale d'Enron. Il établit les bases formalisées du contrôle interne et est utilisé dans la mise en compliance à la norme Sox pour la réglementation des sociétés cotées sur le marché des capitaux américain. Aujourd'hui ce référentiel a évolué vers une version plus complète et plus précise le COSO II version 2013. Pour le référentiel COSO II, le contrôle interne doit répondre à trois objectifs : un objectif d'efficacité des opérations, un objectif de fiabilité des informations financières et un objectif de conformité à la loi. Ils se définissent comme suit : - L'objectif d'efficacité des opérations, il est nécessaire de comprendre que les objectifs définit au niveau stratégique se déclinent en objectifs détaillés et liés aux opérations des structures internes de l'organisation en vue de réaliser les buts de celle-ci (PwC COSO, 2013). Donc le ratio réalisation-objectif est un des objectifs fondamentaux du contrôle interne. - L'objectif de fiabilité des informations financières repère ici les éléments de reporting financier et extra-financier qui permet aux parties prenantes de comprendre le bon déroulement de la stratégie tout en permettant d'agir de manière proactive sur tout risque de déviance des pratiques, sauvegardant ainsi la notion de patrimoine. - L'objectif de conformité à la loi est quant à lui lié à l'environnement surtout juridique. Toute organisation évolue dans un espace juridictionnel et doit s'y conformé sous peine de subir des peines pouvant être très lourdes et ainsi porter préjudice au patrimoine de l'organisation (PwC COSO, 2013). Ces règles minimales de conduite des organisations dans un environnement restent difficiles à cerner et à mesurer. Cela implique une forte volonté de la structure à s'informer profondément sur les pratiques et les risques. Ce même référentiel définit également cinq composants constitutifs du contrôle interne : l'environnement de contrôle, l'évaluation des risques, l'information et la communication, les activités de contrôle et enfin le pilotage du contrôle. Nous pouvons les définir comme suit (PwC COSO, 2013) : L'environnement de contrôle est l'ensemble des normes, des processus et des structures 5 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI qui constituent le fondement de la mise en pratique du contrôle interne dans toute l'organisation. Le Top Management fait preuve d'exemplarité en ce qui concerne l'importance du contrôle interne et les normes de conduite attendues. L'évaluation du risque implique le processus dynamique et itératif d'identification et d'analyse des risques pouvant affecter la réalisation des objectifs. Afin de déterminer la manière dont les risques sont gérés il convient donc de les évaluer tout en prenant compte de l'évolution de l'environnement. L'information et communication entre dans le cadre de responsabilités en matière de contrôle interne afin de permettre la réalisation des objectifs. La nécessité de l'information apparaît clairement dans un souci de permettre une transparence dans la compréhension des attentes face aux réalisations futures. La communication à la fois interne et externe permet à l'organisation d'être fournie en informations pour l'exercice des contrôles courants et aux collaborateurs de comprendre les responsabilités de chacun. Les activités de contrôle désignent les actions définies par des règles et procédures qui visent à apporter l'assurance raisonnable que les instructions du management pour la maîtrise des risques susceptibles de porter préjudice à l'organisation dans la réalisation de ses objectifs sont mises en œuvre. Ces actions sont réalisées à tous les niveaux de l'organisation et même au travers du système d'information. Le pilotage de contrôle est le système d'actions qui procède à des évaluations continues ou ponctuelles ou à une combinaison des deux pour s'assurer que les composantes du contrôle interne et les principes qui leur sont associés sont mis en place et fonctionnent. Les dysfonctionnements sont communiqués en temps voulu et en fonction de leur degré de gravité de risque. A la lumière de ce qui vient d'être discuter cidessus le référentiel COSO II invite les organisations à comprendre les pratiques qui peuvent affecter négativement leur bon fonctionnement et leur durabilité dans le cadre du développement. Ainsi il enseigne les organisations par les objectifs de contrôle interne et les composantes du contrôle interne à se préoccuper dans la pratique du management à la maîtrise des risques qui détérioreront si non maîtrisés, leur patrimoine, tels les fraudes, corruptions, zones d'incertitude, abus de biens sociaux, sabotages... Cela engage l'organisation à construire un contrôle interne sous ce référentiel afin de fournir aux collaborateurs à tous niveaux en son sein un référentiel nécessaire à la pratique du management en respectant l'intégrité dans les actions entreprises. 1.4.3. Intégrité et Ethique Le COSO II en définissant les références en matière de contrôle interne définit les attitudes à adopter par les acteurs et parties prenantes au sein de l'organisation en vue de garantir l'intégrité dans les actions réalisées. Selon la Treadway Commission« Un environnement fortement imprégné d'éthique à tous les niveaux hiérarchiques de l'entreprise est vital au bien-être de celle-ci, à celui des entreprises et des personnes rentrant dans son rayon d'influence et à celui du public en général. Un tel état d'esprit contribue de manière importante à l'efficacité des politiques et des systèmes de Contrôle mis en place par l'entreprise et exerce une influence sur les comportements, qui échappent aux systèmes de contrôle, aussi sophistiqués soient-ils ». Ainsi l'intégrité est liée à la notion de l'éthique par les comportements. Comme cité plus haut le contrôle interne n'est pas une garantie infaillible face au risque mais une assurance acceptable. Dans ce sens la pratique de l'éthique et du contrôle sont intégrées dans une dynamique où le contrôle interne met en place des moyens de suivi de vérification et de coercition au sein de l'organisation quant aux déviance en manière de bonnes pratiques et de bonnes conduites tandis que l'éthique s'applique sur la construction d'une intégrité, autant des collaborateurs que de ceux qui créent les contrôles, considérée comme système d'auto-contrôle dans les zones où le contrôle interne ne peut s'appliquer de manière normative. 6 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Résultat de cette revue de littérature nous concluons que dans une condition de pratique de l'éthique des affaires, l'évaluation du degré d'implémentation du contrôle interne nous permet d'affirmer à quel point l'intérêt des managers au sein de ces organisations pour la définition et l'assurance d'une intégrité des pratiques. Le contrôle interne assure raisonnablement l'intégrité qui sur cette base l'éthique se développe et se pratique. 2. Etude empirique sur l'évaluation du contrôle interne pour la pratique de l'Ethique par les managers des organisations de la Région Marrakech Tensift El Haouz 1. 1. Méthodologie Cette recherche étant d’une approche confirmatoire pour tester l’objet théorique, il nous est de confirmer ou infirmer à travers notre étude quantitative une telle démarche, qui exige de la rigueur conceptuelle et méthodologique et qui obéît à des critères de fiabilité et de validité, communément admis par la communauté scientifique. L’objectif principal a consisté à illustrer le cadre théorique développé précédemment en adoptant une méthodologie quantitative fondée sur une enquête, regroupant un échantillon varié de 100 organisations dans les secteurs économiques principaux de la région. Les secteurs économiques ont été choisis par leur poids de création de richesse à hauteur de 70% du PIB de la région (Haut Commissariat au Plan, 2013). La recherche quantitative est motivée ici par la dimension de l’étude et par le fait qu’on s’intéresse aux niveaux de contrôle permettant un comportement éthique (Drucker-Godard, Ehlinger, Grenier, 1999, p. 281). Nous 1 La région de Marrakech-Tensift-Al Haouz fut créée en 1997 est située dans le centre du pays à l’ouest, s’étend sur une superficie de 31.160 km² soit l’équivalent de 4,4% du territoire national, La population de la région s'élève à 3 102 652 habitants dont 40% est urbaine. L’économie de la région repose principalement sur l’agriculture et l’élevage, le tourisme, l’industrie de transformation, l’artisanat et dans une moindre mesure sur la pêche. sommes dans une logique de compréhension de la distance entre les managers et l'éthique en tant que moyen de développer et d'ériger des structures dynamiques capables de modifier la dynamique économique de la région. Notre étude est axée sur la démarche hypothético-déductive du fait que nous avons constitué deux hypothèses et nous les avons confronté ensuite à la réalité du terrain. 2. Problématique Dans un intérêt de développement de la recherche autour de l'éthique et de sa perception au sein du tissu économique dans nos régions, nous nous sommes concentrés sur une problématique nécessaire à la compréhension de la conduite de la recherche dans ce domaine. Il est nécessaire au préalable de comprendre le comportement des managers face à ce phénomène en posant la question : « Dans quelle mesure le management des organisations de la région de Marrakech-Tensift-El Haouz exerce-t-il le contrôle interne pour la pratique de l’Ethique managériale ? » 3. Hypothèses H1 : Les structures organisationnelles de la région de Marrakech-Tensift-El Haouz ont une pratique non formalisée de l’Ethique H2 : Les structures organisationnelles de la région Marrakech-Tensift-El Haouz ont une faible évaluation du risque de détérioration du Patrimoine de l’organisation conséquence des pratiques managériales 4. Etude et discussion Notre étude a englobé un échantillon de 100 organisations de la région Marrakech-TensiftEl Haouz dans différents secteurs économiques : Bancaire Agro-industrie BTP Services 7 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Dont le capital est national à 78 % des organisations enquêtées et international à 22 % des organisations enquêtées. Le questionnaire administré pour cette enquête a en fait été basé sur la notion du COSO II en utilisant les différents piliers qui forment ce système de normes de contrôle. L'intérêt de cette démarche de questionnaire est de vérifier l'importance du contrôle interne et des pratiques de management entre autre en termes de valeurs et de clarté managériale. L'éthique en tant que phénomène et comme stipulé plus haut lors de la discussion autour de l'art est influencée par une multitude d'éléments mais sa pratique est subjective à chacun d'entre nous. Ainsi l'éthique doit être intégrée dans les pratiques de chaque organisation et formalisée pour une meilleure assurance à la responsabilité sociale des organisations. d’influencer l’éthique positivement et de favoriser sa position de comportement clé dans le management. Au regard du résultat observable dans la figure1 nous constatons que 86,05% des organisations de la région de Marrakech-Tensift-El Haouz n’incorpore pas le code de bonne conduite dans les pratiques de contrôle et d’appartenance au sein de leur organisation. En conséquence les organisations de notre échantillon développent un risque environnemental de contrôle du à l’inexistence d’un référentiel de normes admis par l’ensemble des acteurs de l’organisation. 4.1. Environnement de contrôle Les référentiels d’intégrité sont mis en place par les instances dirigeantes considérées comme référence en la matière. Leur clarté et explicité doit être cascadées et comprises par l’ensemble de l’organisation. Ainsi la formalisation de ces référentiels conduit à les rendre à la portée des responsables pour les appliquer par toute la structure. Figure 2 : Mesures pour corriger les manquement au code ou régles. Les mesures correctives lors de manquement à des règles dans l’organisation ont pour objectif de remédier aux erreurs et failles de contrôle en agissant via des outils coercitifs efficaces. Dans notre échantillon 53,49% des organisations ne possèdent pas de mesures de correction aux manquement aux règles contre 46,51% détenant ce système de mesures. Nous en déduisons que si l'approche formelle pour les valeurs et les comportements à appliquer sont rares dans notre échantillon il reste néanmoins existant un système de valeurs non codifier et subjectif à la pratique des comportements considérés justes par le top management. Figure 1 : Code de conduite au sein des structures. L’existence d’un code de bonne conduite au sein de l’organisation induit que celle-ci intègre dans son comportement des valeurs communes à la structure qui permettront 8 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Figure 4 : Fixation des objectifs face aux risques par des procédures claires Figure 3 : Système de valeur clairement identifié par la structure et formalisé L'enquête a révélé lors de cette première partie de l'étude relative à l'environnement interne, c'est à dire quelle appétence au risque l'organisation développe-t-elle ? Il ressort de ce premier point que peu d'organisations intègrent dans leur système de management un Code de Bonne Conduite source des normes éthique et système de valeurs, qui a pour objectif de formaliser et normaliser les bonnes pratiques en termes de management et de relations afin de donner un référentiel à l'éthique. En conséquence peu d’organisations peuvent se féliciter de cette pratique. Néanmoins pour la question « Existe-t-il des mesures afin de corriger les manquements à ce code ou règles ? » il est recensé que 27,91 % des organisations enquêtées ont un système de mesures tandis que 72,09 % affirme ne pas en avoir. Cela confirme l'inexistence d'un référentiel normatif. En ce qui concerne la fixation des objectifs face aux risques par des procédures claires il est question sur ce point de comprendre si l'organisation construit sa gestion du risque sur une responsabilisation des acteurs par une fixation des objectifs comme indicateurs mesurables. Dans le cas de notre étude il est constaté que 95,35% de notre échantillon n'a jamais fixé d'objectifs clairs face aux risques et donc ne possèdent pas de moyens de contrôle performant face à la génération des risques et des responsabilités face à ces risques 4.2. Processus de gestion de risques Le management définit les niveaux de tolérance des risques et fixe comme référentiel des objectifs mesurables, qui si non atteint entraîneront un risque majeur de détérioration du patrimoine. En général il est question ici des risques de fraudes préjudice majeur à toute organisation et les moyens d’y remédier si le préjudice est réalisé. Figure 5 : Existence d'un plan de gestion de crise. Pour la question la structure possède-t-elle un plan de gestion de crise? Il est question ici de comprendre si les organisations possèdent dans leur politique de gestion des crises un 9 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI moyen structuré pour lancer les actions nécessaires à la correction des risques. Dans notre échantillon nous constatons que 60,47% des organisations ne possède pas de plan de gestion de crise et donc ne possède pas de moyen structuré pour une organisation formelle à la lutte contre les risques de fraudes et de mauvais comportement éthique. Figure 6: Dispositif d'information permettant d'identifier les principales faiblesses de la gestion des risques management du risque réactif avec un délai plus ou moins long. 4.3. Activité de contrôle Les éléments de bonne gouvernance impliquent des actions de contrôle autant permanent que périodique pour la vérification des bonnes pratiques et formaliser l’éthique managériale. Ces activités formalisées garantissent la réalisation des objectifs et la maîtrise des risques tout en cadrant les comportements éthiques contre les déviances et la sauvegarde du patrimoine par la responsabilisation de chaque niveau organisationnel. Figure 7 : Existence de procédures de contrôle appropriées Pour ce point il est question ici de comprendre si l'organisation dispose d'un système d'information efficace permettant de localiser et de quantifier ou qualifier les principales failles dans la gestion même des risques. Dans le cas de notre échantillon nous constatons que 53,49 % des organisations ne possède pas ce genre de système contre 46,51 % reconnaissent le posséder. Ainsi et au regard des deux précédentes questions concernant cette section de l'enquête il est clair que les organisations de la région Marrakech-Tensift-El Haouz ont une faiblesse marquée de processus de gestion des risques. Il est dans ce cas important de noté que les organisations de notre échantillon ne sont que peu formaliser en termes de gestion des risques. Les objectifs face aux risques ne sont pas établis au sein des structures, instaurant ainsi une inexistence de management proactif. Cela est confirmé par un faible taux de l'échantillon à la mise en place d'un plan de gestion de risque et par un système d'information développé afin de réagir à la déviation des pratiques de management. Le caractère principal de ces organisations est un Cette question concernant l'existence de procédures de contrôle appropriées ne remet pas en cause l'existence formelle ou informelle du contrôle au sein des organisations, mais de son adéquation face aux besoins réels de l'organisation au niveau des actions de contrôles et de leurs pertinences. Dans notre échantillon nous constatons que 65,12 % ne possède pas de contrôles appropriés tandis que 34,88 % reconnaissent le posséder. Cela implique que les organisations sont en majorité en décalage avec leurs besoins en matière de contrôle sans en être conscientes. Les organisations qui affichent la possession de ces procédures ne les appliquent pas de manière systématique. 10 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Figure 8 : Réalisation des activités de contrôles mises en place sauvegarde du patrimoine et la pratique d’une éthique rigoureuse. Figure 9 : Disposition de ressources adéquates pour le système d'information. Pour ce qui est de la réalisation des activités de contrôle mises en place il est question ici de savoir si les organisations réalisent de manière réelle les activités de contrôles établies. Dans notre échantillon nous constatons que 69,77 % ne réalisent pas les activités de contrôle tandis que 30,23 % réalisent ces contrôles. Au regard de la question précédente l'observation est confirmée et plus que les 2/3 des organisations ne sont pas rigoureuses sur les contrôles. L’importance de ce point est que malgré la mise en place de contrôle interne les vérifications et audit ne sont fait que par le tiers des organisations et que l’existence des procédures dans l’esprit du management dans la Région Marrakech Tensift El Haouz n’est pas synonyme de vérification et de restructuration des écarts. Dans ce volet nous constatons que peu d’organisations de notre étude possèdent un système d’information disposant des ressources nécessaires. Au regard des réponses de 76,74% des organisations de l’échantillon nous montre que ces moyens sont faibles et ne garantissent pas la production d’information précise et adéquate pour toute prise de conscience d’une situation de risques au sein de l’organisation. Cela affaiblit le système de reporting autour des risques. Figure 10 : Communication responsabilités en matière de contrôle. des 4.4. Information et communication Les flux importants en termes d’informations « le Big data », permis par l’automatisation des systèmes d’informations modernes créent des déperditions en matière de fiabilité et de pertinence de l’information. Ainsi l’orientation sur les ressources qui permettent d’alimenter le management en matière de prise des décisions adéquates et en temps opportun qu’elles soient stratégiques, tactiques ou d’exception dite aussi d’alerte au manquement à l’éthique est cruciale à la réalisation des objectifs. La formalisation du système d’information et l’affectation de ressources adéquates permettent la En matière de contrôle et de responsabilité du contrôle 86,05% des organisations n’ont jamais communiquées sur les responsabilités en matière de contrôle. Cela nous permet de 11 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI dire que ces organisations ne possèdent aucune grille de responsabilité et tant que les personnes ne sont pas informées sur la nature et les faits générateurs du risque ils ne peuvent opérés dans un environnement clair et donc d’éviter des actions de déviance. Le troisième point de ce volet est conforté par le second du fait de la faiblesse des organisations qui prennent en compte les suggestions du personnel en matière de productivité et de contrôle. 4.5. Pilotage Le management, dans ses actions, conforte le feedback afin de mesurer les orientations et les résultats obtenus face à la stratégie et les risques qui découlent de leurs pratiques. Le monitoring est donc mis en œuvre pour observer le bon fonctionnement du contrôle interne qui formalise la pratique de l’éthique et la fréquence de contrôles et de vérifications garantissant par la même la protection du patrimoine et la correction de déviances nées des pratiques quotidiennes. 48,84 % des organisations interviewées n'ont jamais pris en considération les recommandations des auditeurs, tandis que 13,95 % le font de manière totale et 37,21 % que partiellement. Cela en découle la faiblesse d'importance donnée à ces recommandations. Figure 13 : Fréquence d'évaluation du contrôle interne. Figure 11: Assurance du fonctionnement du contrôle interne Sur ce point de l’enquête nous constatons que 30,67% ont un auditeur interne, 17,33% des organisations ont un auditeur externe et 28% un responsable du contrôle interne. Le reste des organisations de l’échantillon n’ont pas clairement définit leur mode de vérification du système de contrôle interne. Figure 12 : Exécution des recommandations des auditeurs internes et externes. Par la question « à quelle fréquence les évaluations du contrôle interne sont-elles opérées ? » nous constatons que 37,21% des organisations ne le font jamais et 27,91% le font annuellement ce qui nous fait apparaître que près de 65% des organisations possèdent un système de vérification très lâche et uniquement dicté parfois par des obligations légales. 4.6. Signalisation des faiblesses du contrôle interne 12 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Un contrôle interne possédant un système d’identification des dysfonctionnements, conduit à une assurance de la formalisation des bonnes pratiques et donc de l’éthique et de la bonne gouvernance quant aux décisions de gestion et de management nécessaire à la réalisation des résultats et le développement du patrimoine de l’organisation. Ce point est rigoureux pour un développement durable de l’organisation face à son environnement en perpétuel changement. Figure 14: Existence de mécanismes d'identification des faiblesses du contrôle interne. Par la question existe-t-il des mécanismes qui permettent d'identifier les faiblesses du contrôle interne ? Il ressort ici la volonté d'identifier au sein de l'organisation, l'existence de procédures claires et formelles permettant de détecter rapidement et précisément les faiblesses au sein du contrôle interne et ainsi être capable de développer un aspect proactif face à des risques permettant la déviance de l'éthique au sein de l'organisation. Dans le cas de notre échantillon 30,23 % déclarent posséder ces mécanismes face à 69,77 % ne le possédant pas. Cela induit que les organisations au sein de la région Marrakech-Tensift-El Haouz se trouvent dans une zone à risque très importante pouvant mener à la détérioration du patrimoine par une marge d'erreur importante dans la conduite d'une éthique des affaires positive. Un des apports de cet article réside, à nos yeux, dans la construction de l'exercice du contrôle interne en vue de l’éthique managériale chez les dirigeants des organisations de la région Marrakech Tensift Al Haouz. Notre choix se justifie par la rareté des études à notre connaissance qui ont essayé d’appréhender la problématique de l’éthique en entreprise au Maroc. Cette étude n’est pas exempt de limites tant sur le plan conceptuel que sur le plan empirique, sur lesquelles il serait judicieux de s’arrêter. D’une part sur le plan conceptuel nous nous sommes arrêtés fondamentalement sur la notion de l’éthique et du contrôle interne pour cela un travail en profondeur du cadre conceptuel est alors à développer davantage dans un prochain travail. D’autre part sur le plan empirique en tenant compte des contraintes de temps, de moyens, notre travail a été réalisé sur un échantillon de 100 organisations situées dans la région Marrakech Tensift Al Haouz. La taille de l’échantillon constitue la principale limite de notre étude. Ceci a présenté une entrave pour la généralisation des résultats de notre travail sur tout le Maroc. D’où l’utilité d’étendre cette étude auprès des différentes régions du Maroc étant donnée la spécificité de chaque région du Maroc, essentiellement les régions du grand Casablanca et Rabat-Salé-ZemmourZaër, ces deux région en plus de la région de Marrakech Tensift Al Haouz créent plus de 40% du PIB Marocain (2011) selon les statistiques du Haut commissariat au Plan. Il serait donc intéressant d’élargir l’étude à d’autres régions du Maroc. Mieux encore cette étude pourrait être étendue dans une approche comparative, vers d’autres pays de l’Afrique. A travers notre méthodologie, nous avons réussi à mesurer la pratique du contrôle interne comme levier de l’éthique managériale dans la région Marrakech Tensift Al Haouz. Ces résultats nous ont permis d’atteindre les objectifs de l’étude fixés précédemment. Les principaux résultats de la recherche sont les suivants : Conclusion 13 Le 6ème Colloque de l'URAM (Printemps du Marketing), Hammamet, Mai 8-9, 2015 Jaouad El Mazoudi, Mohamed Amine Derhem & Morad SBITI Pour l’hypothèse H1 : Les structures organisationnelles de la région de MarrakechTensift-El Haouz ont une pratique non formalisée de l’Ethique, elle est confirmée. Bibliographie Ouvrages : Pour l’hypothèse H2 : Les structures organisationnelles de la région MarrakechTensift-El Haouz ont une faible évaluation du risque de détérioration du Patrimoine de l’organisation conséquence des pratiques managériales, est confirmée. L’éthique est une notion certes novice, mais qui reste timide et la culture du comportement éthique des organisations de la région Marrakech Tensift Al Haouz, en général, à l’égard de l’environnement est encore à installer. Nous sommes loin d’inculquer cet état d’esprit chez les organisations de la région Marrakech Tensift Al Haouz, surtout que les priorités aujourd’hui sont loin d’être le respect des règles environnementales ou sociales. De là nous déduisons que les organisations de la Région Marrakech Tensift El Haouz ont un management doté d’une faible pratique du contrôle interne comme levier d’éthique des affaires de part ses pratiques et son modèle organisationnelle. Le risques de détérioration du patrimoine de l’entreprise par des pratiques managériales défaillantes est très élevé et montre à quel point le risque de disparition de ces organisations à moyen terme est important. Les managers responsables de ces défaillances ont une responsabilité importante dans le développement de ses failles et dans l’écart entre ce qui est pratiqué et ce qui est dit. Ainsi nous pensons important et dans le cadre d’un développement durable des organisations de la Région Marrakech Tensift El Haouz d’instaurer la connaissance en matière d’éthique managériale au Maroc, souffrant d’un manque aigue, les grandes écoles en Management et Entrepreneurship doivent instaurer des formations en Management d’Ethique, qui comprennent la RSE, le respect du Droit, la Moral, les Origines des valeurs, la place des Principes de la Religion, la place de la déontologie qui influence l’Ethique sans la dicter pour un management responsable. Bernard F. et Gayraud R. Rousseau L. (2013), Contrôle interne, Ed. 4, Maxima. Mcnally I-S. (2013), The 2013 COSO Framework & SOX Compliance: One Approach to an Effective Transition, Ima. Deslandes G. (2012), Management Ethique, Dunod. P. Noirot, J. Walter. (2009), 100 Questions pour comprendre et agir Le contrôle interne, Afnor. Loosdregt Henri-Benoît (2004), Prévenir les risques éthiques de votre entreprise, Paris, Insep. Mousse J. (2001), Ethique des affaires : Liberté, responsabilité, Paris, Dunod. Ballet J., de Bry F., Carimentrand A., Jolivet P (2001), L’entreprise et l’éthique, Paris, Le Seuil. Sternberg, E. (2000). Just business: Business ethics in action (2nd ed.). New York, NY: Oxford University Press. Puel H. (1989), L’économie au défi de l’éthique, Paris, Cerf/Cujas. 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