L’EGLISE ET LES RELIGIONS
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les yeux sur les erreurs et sur les pièges qui sont toutefois présents dans les religions.
Même la Constitution Dogmatique du
Deuxième Concile du Vatican
,
Lumen Gentium
affirme : « Les hommes, très souvent trompés par le Malin divaguent dans leurs médi-
tations, et ils ont échangé la vérité divine avec le mensonge, en servant la créature plu-
tôt que le Créateur » [
Lumen Gentium
, 16].
On peut comprendre que dans un monde qui s’accroît toujours plus globalement, les
religions et les cultures aussi se rencontrent. Cela ne conduit pas seulement à une approche
extérieure d’hommes de religions différentes, mais plutôt aussi à une croissance d’inté-
rêt envers des mondes religieux inconnus. Dans ce sens, en ce qui concerne la connais-
sance réciproque, il est légitime de parler d’enrichissement réciproque. Cela n’a toutefois
rien à voir avec l’abandon de la prétention de la part de la foi chrétienne d’avoir reçu en
don de Dieu dans le Christ la révélation définitive et complète du mystère du salut, et il
faut au contraire exclure cette mentalité d’indifférentisme empreinte d’un relativisme re-
ligieux qui amène à retenir que « une religion en vaut une autre » [
Redemptoris Missio
, 36].
L’estime et le respect envers les religions du monde, de même que les cultures qui ont
apporté objectivement un enrichissement à la promotion de la dignité de l’homme et au
développement de la civilisation, ne diminue pas l’originalité et l’unicité de la révélation
de Jésus-Christ et ne limite en aucune façon le devoir missionnaire de l’Eglise : « l’Eglise
annonce et elle est tenue à annoncer sans cesse le Christ qui est la voie, la vérité et la
vie [
Jn
14, 16] en qui les hommes trouvent la plénitude de la vie religieuse et dans lequel
Dieu a réconcilié à soi toutes les choses » [
Nostra Aetate
, 2]. Ces simples paroles indiquent
en même temps la raison de la conviction qui retient que la plénitude, l’universalité et
l’accomplissement de la révélation de Dieu sont présents seulement dans la foi chré-
tienne. Cette raison ne réside pas dans une préférence présumée accordée aux mem-
bres de l’Eglise, et encore moins dans les résultats historiques obtenus par l’Eglise dans
son pèlerinage terrestre, mais dans le mystère de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Hom-
me, présent dans l’Eglise. La prétention d’unicité et d’universalité salvatrice du chris-
tianisme provient essentiellement du mystère de Jésus-Christ qui continue sa présen-
ce dans l’Eglise, son Corps et son Epouse. C’est pourquoi l’Eglise se sent engagée, de par
sa constitution, à l’évangélisation des peuples. Même dans le contexte actuel marqué par
la pluralité des religions et par l’exigence de liberté de décision et de pensée, l’Eglise est
consciente d’être appelée « à sauver et à renouveler chaque créature, afin que toutes les
choses soient récapitulées dans le Christ et que les hommes constituent avec lui une seu-
le famille et un seul peuple » [Décret.
Ad Gentes
, 1].
En réaffirmant les vérités dans lesquelles la foi de l’Eglise a toujours cru et qu’el-
le a gardées en ce qui concerne ces arguments, et en sauvegardant les fidèles d’erreurs
et d’interprétations ambiguës actuellement répandues, la Déclaration
Dominus Iesus
de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, approuvée et confirmée
certa scientia
e
apostolica sua auctoritate
par le Saint-Père lui-même, assume un double rôle : d’une
part elle se présente comme un témoignage ultérieur et renouvelé, qui fait autorité,
pour que le monde voie « resplendir l’Evangile de la gloire du Christ » [2
Co
4, 4] ; d’au-
tre part elle indique que la base doctrinale à laquelle on ne peut pas renoncer comporte
une obligation pour tous les fidèles et qu’elle doit guider, inspirer et orienter soit la ré-
flexion théologique, soit l’action pastorale et missionnaire de toutes les communautés
catholiques répandues dans le monde.
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