Série de recherche sur les victimes d’actes criminels, Ministère de la Justice Canada / iii
Introduction
On constate, depuis quelques années, une tendance à reconnaître aux victimes le droit de
participer davantage au processus pénal. Au Canada, des mesures importantes ont été
prises pour accorder aux victimes le droit de participer formellement au processus de
détermination de la peine et d'octroi de la libération conditionnelle par le biais des déclarations
de la victime, qui peuvent être présentées oralement ou par écrit. Cependant, jusqu'ici, la
question de savoir s'il convient d'accorder aux victimes un rôle utile dans la négociation de
plaidoyer (ou la conclusion d'ententes sur le plaidoyer) n'a guère suscité d'attention.
Il semble qu'environ 90 p. 100 des affaires pénales soient résolues par la conclusion d'ententes
relatives aux plaidoyers : la plupart de ces plaidoyers découlent directement de négociations
entre le procureur de la Couronne et l'avocat de la défense. Lorsque la poursuite et l'accusé
concluent une entente relative au plaidoyer, ils déterminent en fait la nature des accusations qui
seront portées. Étant donné que la nature et la sévérité des peines sont principalement basées
sur le type d'accusations portées contre l'accusé, il est évident que les parties qui réussissent à
s'entendre sur un plaidoyer possèdent un pouvoir de fait qui influence considérablement la
peine qui sera finalement prononcée par le juge.
Il est incontestable que la négociation de plaidoyer est un mécanisme qui concerne de façon
très fondamentale et personnelle la victime d'un acte criminel. La négociation de plaidoyer n'est
cependant pas reconnue officiellement au Canada et elle n'est donc pas soumise à un régime
d'examen public de la part des tribunaux. Ce processus se déroule généralement en secret et
les victimes ne peuvent donc y participer.
En 1987, la Commission canadienne sur la détermination de la peine a reconnu la nécessité de
tenir compte de l'intérêt des victimes au cours de la négociation de plaidoyer. Elle a proposé que
la négociation de plaidoyer soit encadrée par un processus formel d'examen judiciaire et que les
victimes soient autorisées à jouer un rôle à cette étape critique du processus pénal. Cette
recommandation n'a toutefois pas encore été mise en œuvre.
Aux États-Unis, à la différence de la situation qui existe au Canada, les tribunaux fédéraux ont
mis sur pied un système cohérent d'encadrement judiciaire de la négociation de plaidoyer. Ce
système se fonde sur une structure qui combine la règle 11 des Federal Rules of Criminal
Procedure (Règles fédérales de procédure pénale) et des éléments importants des United
States Sentencing Guidelines (Lignes directrices en matière de peine des États-Unis). En outre,
tous les États américains ont mis sur pied un mécanisme équivalent pour l'encadrement
judiciaire des ententes relatives au plaidoyer. C'est ce qui explique qu'aux États-Unis les
pratiques utilisées tant devant les tribunaux fédéraux qu'étatiques constituent une richesse
inestimable dont il serait possible de s'inspirer pour créer des modèles d'encadrement judiciaire
de la négociation de plaidoyer pour le Canada. Plus particulièrement, l'expérience américaine
peut indiquer aux décideurs canadiens quelles sont les façons les plus efficaces d'aménager la
participation des victimes à la négociation de plaidoyer.
Le présent rapport examine les mesures législatives et les pratiques judiciaires actuelles
concernant la négociation de plaidoyer au Canada et décrit les conséquences négatives qui
découlent de l'absence de mécanisme formel d'encadrement d'une pratique pénale très
répandue. Le rapport examine ensuite la possibilité de s'inspirer du processus d'encadrement
Résumé