N° 06 FÉVRIER 2015 DOSSIER DU MOIS LE FOOTBALL AU SERVICE DE LA THÉORIE ÉCONOMIQUE TRIBUNE LIBRE 10 20 VEUT-ON SORTIR KEYNES DE LA MACROÉCONOMIE ? 1 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 ÉCONOMIE ET SPORT CRISE FINANCIÈRE ET FOOTBALL PROFESSIONNEL www.lepetitjournaldeleconomie.fr Le concours de tous les talents Intégrer une Grande École de Management, ça vous intéresse ? Le Concours Passerelle est fait pour vous ! 1 concours 12 Grandes Écoles Admission parallèle pour les diplômés Bac +2 à Bac +4 (Licence 2, Licence 3, Master 1). Aucun parcours privilégié Quelles que soient vos études actuelles, le concours Passerelle vous est accessible. Rendez-vous sur www.passerelle-fac.com 150119_AP Passerelle A4.indd 1 14/01/2015 12:27 4 BRÈVES Les dernières news éco/marketing/société/stratégie ÉDITO Chères lectrices, Chers lecteurs, ÉCONOMIE Argentine et Grèce : deux crises distinctes, les mêmes conséquences désastreuses pour la population Ce numéro 6 du Petit Journal de l’Économie est l’occasion d’aborder un tout nouveau thème qui saura certainement ravir bon nombre de nos lecteurs : celui de l’économie et du sport. Plus précisément, vous trouverez un dossier du mois traitant de la théorie économique et de ses rapports avec le football (p.15-16-17-18) et un article traitant des conséquences de la crise financière sur le football (p.19-20). 6 8 ECONOMIE INTERNATIONALE L'élaboration de la zone économique spéciale en Corée 9 BANQUE Financement des entreprises: enfin la desintermediation en Europe ? 10 TRIBUNE LIBRE Veut-on sortir Keynes de la macroéconomie ? 12 ENTREPRISE Consomm’acteur : une menace pour l’entreprise ? MARKETING Aussi, vous trouverez dans ce numéro un article sur la crise économique et financière que subissent l’Argentine et la Grèce (p.6-7) et un article sur la réalité du financement des entreprises par les marchés financiers (p.8-9). Enfin, vous pourrez lire deux articles liés au droit de la concurrence : un article traitant du sujet des barrières à l’entrée sur un marché que peuvent constituer les règlementations environnementales (p.22-23) ; et un articlesur la notion d’élasticité prix (p.24-25). Ces deux articles sont suivis de l’interview de M. Gildas de Muizon, qui dans le cadre de son travail chez Microeconomix, apporte son expertise dans les affaires de concurrence (p.26-27). N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez nous rejoindre et faire partie de l’aventure LPJE en tant que rédacteurs. En attendant, vous pouvez nous envoyer vos articles, mémoires, doctorats et autres travaux de recherche à l’adresse [email protected] Nous vous souhaitons une excellente lecture, Bienvenue dans le Loubiworld : une expérience marketing unique LESLIE BLAQUIÈRES Rédactrice en chef 13 24 CONCURRENCE La prise en compte de la mesure de l'élasticité-prix de la demande par les différents acteurs économiques ÉCONOMIE ET POLITIQUE 14 Les programmes d’ajustement structurels : des institutions internationales remises en cause INTERVIEW Gildas de Muizon, associé et directeur exécutif, Microeconomix DOSSIER DU MOIS 16 La compétition du football a transformé l’esprit rationnel de l’agent et l’a fait sombrer dans une réflexion maximisatrice et individualiste. Ne serait-ce pas l’esprit même de l’homoeconomicus ? ÉCONOMIE ET SPORT 26 20 Crise financière et football professionnel ORIENTATION 22 Les concours Ecricome ÉCONOMIE ET ENVIRONNEMENT Le développement durable : quelle adaptation des entreprises ? 28 MANAGEMENT Quels outils de motivation pour les managers ? 23 START-UP 30 Un ami m'a dit Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 12:27 3 BRÈVES A la recherche de talents féminins... Poussées par les obligations juridiques ou par conviction, les entreprises commencent à se donner les moyens de féminiser leurs effectifs, à tous les niveaux. Depuis deux ans, chez Bouygues construction, la part de femmes cadres de premier niveau augmente, 31 % fin 2013, contre 28 % fin 2010. Concrètement, les entreprises interviennent sur trois axes. Le premier : la communication. En communiquant dans les écoles pour sensibiliser les jeunes filles, dès le collège, aux métiers auxquels elles ne pensent pas forcément. Le deuxième : le soutien à la parentalité, qui est une façon de prendre soin de leurs jeunes salariées et de réduire le décrochage de certaines d’entre elles après leur maternité (Bouygues Construction organise chaque année Women at Work, une journée où des femmes de l’entreprise témoignent de leurs parcours). Le troisième : les réseaux de femmes. Il faut multiplier les témoignages de femmes, faire évoluer les messages sur le site carrière et développer les réseaux (certaines entreprises ont ainsi créé des réseaux de femmes depuis plus de dix ans déjà, comme chez Accenture). LE SAVIEZ-VOUS ? 536 000 TONNES DE RHUM sont bues chaque année dans le monde LA MOYENNE MONDIALE DE CONSOMMATION D'EAU annuelle par habitant est de 1 385 m3 La ville de Paris crée son incubateur ! Le marché de la musique enregistrée perd encore de la voix et le streaming monopolise le devant de la scène 2 842 m3 POUR L'USA (conso. annuelle) 1 089 m3 POUR LA CHINE (conso. annuelle) 1 071 m3 POUR L'INDE (conso. annuelle) Fin 2015, un nouvel incubateur devrait voir le jour à Paris dans le XIXème arrondissement. Co-financé par la région Ile-de-France et la Ville de Paris, l’incubateur MacDonald disposera d’une superficie de 15 000 m2 et sera composé de 6 étages. Ce bâtiment, implanté dans le nord-est de Paris, permettra la réhabilitation des entrepôts MacDonald, construits dans les années 60, et sera divisé en 125 lots. Il abritera des start-up et PME françaises, qui bénéficieront alors de services d’accompagnement dans leur développement et d’hébergement. 3000 m2 seront destinés à accueillir des startups, 7000 m2 serviront d’hôtel d’entreprises et 2800 m2 à divers espaces collectifs. Si le lieu se situe loin derrière la future Halle Freyssinet de Xavier Niel et ses 34000 m2, sa taille n’en reste pas moins imposante. L’objectif est de faire croiser entrepreneurs, chercheurs, artistes, étudiants et acteurs sociaux. En plus de la mise à disposition de locaux, des services d’accompagnements avec des tarifs abordables seront proposés. Un appel à projet vient d’ailleurs d’être lancé par le bailleur social RIVP pour trouver des partenaires capables d’animer le lieu. Le nombre de lieux dédiés aux startups ne cesse d’augmenter dans la capitale qu’il soit d’origine publique, associative ou initié par des entreprises comme le Crédit Agricole. 4 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 Le bilan de l’année 2014 va ternir toute perspective positive pour le marché de la musique enregistrée : son chiffre d’affaires en France a fléchi de 5,3 % pour atteindre 570,6 millions d’euros en 2014, contre 603,2 millions en 2013. Malgré la morosité générale, le SNEP (Syndicat National de l’Édition Phonographique) estime que la croissance du streaming prend le relai et constitue le prélude à un nouveau modèle économique prometteur. La baisse du téléchargement traduit un essoufflement du modèle mis en place par Apple avec iTunes. D’ailleurs, la firme américaine, qui a racheté Beats en mai 2014, entend devenir un des acteurs majeurs du streaming musical. Les chiffres donnent envie : le streaming n’a que 7 ans et pourtant il représente à lui seul 16 % du marché total de la musique. Mais comment le modèle peut-il devenir dominant ? D’abord, il faut monétiser l’offre : il faudra effectuer un travail de persuasion du consommateur afin qu’il paie désormais pour un usage et non pour une possession. Et surtout, il faudra assurer une meilleure segmentation du marché afin d’atteindre tous les publics. Pour rappel, Spotify a réalisé 746,9 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2013. 3% DES HOMMES sont concernés par LA PSYCHOPATHIE 1% POUR LES FEMMES contre Source : Psychologies.com LE NOMBRE D'HEURES DE SOMMEIL nécessaires pour un jeune de 18 à 24 ans est ENTRE 7 ET 9 HEURES 14 À 17 HEURES sont nécessaires pour les nouveau-nés (de 0 à 3 mois) Source : Sleep Foundation Time LES FOYERS FRANÇAIS CONSACRENT 3 H 47DEVANT LA TÉLÉVISION par jour SOIT PRÈS DE 59 Source : Médiamétrie JOURS par an L’aventure de Piketty en Amérique Google shopping, nouveau relai de croissance du géant américain La réponse de Google à Uber Contrairement à ce que les médias en France ont pu annoncer, le succès du livre Le Capital aux XXIe siècle de Thomas Piketty en Amérique n’est pas aussi unanime. Certes, il a porté à la connaissance du plus grand nombre des faits concernant les inégalités sociales qui n’avaient jamais été aussi clairement et fortement mis en évidence. Mais, il n’a mobilisé que des politiques et des intellectuels. Ce manque de reconnaissance outre-mer n’est-il pas dû au fait que Piketty ne reconnaisse qu’un principe de justice, celui de la méritocratie ? En effet, si Piketty s’était intéressé à la philosophie morale et politique de langue anglaise, il se serait sûrement interrogé sur le fait que toutes les grandes théories de la justice qu’elle a produites sont non méritocratiques. Et alors, il n’aurait sans doute pas déçu le rêve américain qui anime cette nation. Google a récemment déçu ses investisseurs : au quatrième trimestre, le moteur de recherche n’a seulement enregistré qu’un gain de 15% de ses recettes, sa plus mauvaise performance depuis plus de cinq ans. Le géant américain est en partie victime du déclin persistant du coût par clic, cette somme que paie un annonceur lorsqu’un internaute clique sur sa publicité. Sur l’ensemble de l’année, la firme a accru ses bénéfices de 12% à 14,4 milliards de dollars (12,7 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires de 66 Le service de véhicules avec chauffeur proposé par Uber, viendrait à être concurrencé par Google qui proposerait un nouveau service de réservation de voitures selon l’agence Bloomberg News. Selon une source proche du conseil d'administration d'Uber citée par l'agence, ce dernier a été informé par Google de ce service potentiel, qui fonctionnerait en liaison avec le projet en développement depuis longtemps de Google Car, une voiture sans conducteur. Mais Google s’attaque à une entreprise milliards (+ 19%). Google n’a en effet pas encore trouvé la solution pour optimiser la monétisation de son audience mobile. Dans ce contexte, la société doit trouver de nouveaux relais de croissance. L’un d’entre eux commence à afficher des résultats probants : les annonces Google Shopping. Selon le baromètre trimestriel de la publicité en ligne établi par Adobe, les achats publicitaires sur cet espace ont grimpé de 47 % au quatrième trimestre par rapport à l’an passé. dotée d’une croissance explosive : Uber est surtout connue pour son application mobile de location de voiture avec chauffeur, pensée comme une alternative aux taxis traditionnels, et elle est désormais présente dans plus de 200 villes et 54 pays. Elle affichait une valorisation de 41 milliards de dollars lors de son dernier tour de table et fait partie des start-up américaines considérées comme de bonnes candidates à une prochaine introduction en Bourse. Alors, Google sortira-t-il en vainqueur ? Six mois après avoir levé cent millions de dollars, le leader européen du covoiturage lance sa première plate-forme asiatique le petit journal de l’Économie par les étudiants, pour les étudiants Après la Russie et la Turquie en 2014, Blablacar attaque son premier pays extra-européen : l’Inde. Sixième marché automobile mondial, ce pays de 1,25 milliard d’habitants, dispose d’un fort potentiel pour le covoiturage d’après l’entreprise. Les transports en commun y sont saturés et l’essence est chère, autour d’un euro le litre. Par ailleurs, pour relier les grands centres urbains, généralement distants de plusieurs centaines de kilomètres, les trains bondés ne suffisent plus. Une opportunité pour les moyens de transports alternatifs. Le nouveau site et les applications smartphones dédiés au sous-continent ont donc été lancés en janvier avec une offre classique de partage du trajet contre une compensation financière. Son fondateur, Frédéric Mazzella, confiait alors au magazine Décideurs : « De Facebook à Linkedin en passant par Airbnb et Dropbox, toutes les start-up couronnées de succès sont passées par les trois étapes de développement suivantes : démontrer la viabilité, se lancer à l’international puis atteindre la rentabilité. » Rubrique dirigée par Marie VINCENT-RENARD et Leslie BLAQUIÈRES En collaboration avec : Tehono MARCHAL; Bertrand CLERMONT; Salomé LEWIS M2/MBA Droit des affaires et mangement-gestion Université Panthéon-Assas Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 5 ÉCONOMIE ARGENTINE ET GRÈCE : DEUX CRISES DISTINCTES, LES MÊMES CONSÉQUENCES DÉSASTREUSES POUR LA POPULATION Malgré l’océan et les dix années qui les séparent, les crises traversées par l’Argentine et la Grèce, respectivement en 2001 et en 2007, se font étrangement échos. Assisterait-on à un recommencement éternel de l’Histoire ? C omment passer de la 5ème puissance économique mondiale (1945) à la 27ème en un peu moins de 70ans ? Prenez une dose de corruption, une dose d'austérité, une dose de dictature, un zeste d’hommes politiques peu vertueux, un petit currency board et, enfin, arrosez le tout avec des recommandations du FMI. Voici, en quelques sortes, la recette magique de la crise argentine de 2001. UNE CRISE, CELLE DE L’ARGENTINE EN 2001… délicat. Croyant tout d’abord aux promesses de fidélité, de boom des salaires, de révolution productiviste, le peuple argentin déchantera rapidement. Dès 1991, une politique de currency board est adoptée pour enrayer l’hyperinflation. Désormais, 1 peso vaudra 1 dollar. La privatisation massive d’entreprises nationales à des prix dérisoires se généralise sous les conseils du FMI et de la Banque Mondiale. Et la dette privée, de son côté, explose. Le choc dû à la revalorisation du dollar en 1998 ne se fit pas attendre… Le volume des exportations dégringole, le chômage grimpe. L’Argentine n’est plus compétitive par rapport à ses voisins, la valeur de sa monnaie étant bien trop élevée. En échange de prêts, le FMI impose des réductions de dépenses publiques drastiques : la suppression de la couverture sociale, du droit au chômage, des indemnités maladies. Les acquis sociaux sont réduits à peau de chagrin. Tout débute avec la dictature militaire de 1976 ; en 7 années, celle-ci laisse l’Argentine avec une dette extérieure de 45 milliards de dollars et 30 000 victimes, les “disparus”. En réalité, la plus grosse part de cette dette est une dette privée d’établissements bancaires étrangers, Cependant, ce n’est qu’avec l’arrivée reprise par l’État argentin. au pouvoir de Fernando de la Rúa Le rétablissement de la démocratie que le coup de grâce est donné. Dans intervient finalement en 1983, avec la lignée de son prédécesseur, et l’élection de Raúl Alfonsín, grâce à un sous la pression du FMI, il poursuit le discours social fort. Dès 1985, Alfonsín mouvement de réduction des salaires de cède à la pression du pouvoir financier la fonction publique et d’augmentation et change de discours en mettant des impôts des ménages. En coulisse, en place une politique d'austérité. les privatisations se sont poursuivies, DEPUIS LE DÉBUT DE LA POLITIQUE La situation économique du pays ne privant encore davantage le pays de D’AUSTÉRITÉ EN GRÈCE* s’arrange pas, et s’aggrave même : dès ses ressources. Tandis que l’économie la fin des années 1980, on assiste à un s’embourbe, les fonctionnaires ne sont phénomène d’hyperinflation et, avec lui, une explosion plus payés que par des reconnaissances de dettes alors que de la pauvreté. Sur l’unique année de 1989, les prix le monde de la finance spécule allégrement sur la valeur de la augmentent de 3000% ; la pauvreté, elle, passe de 25 à monnaie nationale. Une mesure limitant les retraits bancaires 47%. Alfonsín démissionne avant la fin de son mandat, provoque une panique générale, des émeutes fleurissent un laissant le pays en proie à des pillages généralisés. peu partout dans le pays - émeutes violemment réprimées L’élection de Menem intervient donc dans ce climat par le pouvoir. HAUSSE DE 30% DES SUICIDES 6 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 La situation finit par se stabiliser en 2002 avec la renonciation à la parité peso-dollar. L’Argentine prend désormais ses distances avec le FMI (à qui elle a continué de rembourser petit à petit sa dette renégociée) et prend soin de ses industries en ajustant ses tarifs douaniers. Cette distanciation vis-à-vis de l’institution internationale n’est pas anodine, cette dernière étant largement perçue par la nouvelle classe dirigeante et la population comme étant grandement responsable de la débâcle économique qu’a connue le pays. Lors d’un rapport, le CADTM remet pourtant en perspective ces coupes budgétaires : “Certains analystes ont calculé que les coupes exigées à la Grèce sont 16 fois supérieures à ce qui avait été tenté en Argentine.” … RAPPELANT CELLE DE LA GRÈCE ACTUELLEMENT taux de pauvreté sont respectivement de 57% en Argentine au plus fort de la crise, et en Grèce, en 2011, de 35% avant redistribution et de 15% après redistribution. La corruption et l’économie souterraines sont des fléaux que connurent les deux pays avant et pendant les périodes de déséquilibre Une autre similitude frappante est la perte de la souveraineté monétaire qui a caractérisé les deux économies lors de leur crise respective. Si cette situation est évidente dans le cas de la Grèce avec son adhésion à la zone euro en 2001, il nous faut également rappeler que l’Argentine a eu recours à la parité peso-dollar dès 1991 afin d’enrayer une hyperinflation galopante. Dans les deux cas, le recours à une politique monétaire efficace était impossible afin de prévenir ou de diminuer les effets d’une crise économique inévitable. La crise en Argentine fait étonnamment écho Face à ces contraintes, les dettes à la crise actuelle qui sévit depuis 7 années en respectives de ces deux pays ont pris une Grèce. Il suffit de comparer quelques données dimension gargantuesque et insoutenable. macroéconomiques pour mettre en lumière La dette a ainsi provoqué un caractère une situation similaire à bien des égards. d’instabilité, expliquant en grande partie le Un premier point intéressant est la montée recours à l’aide d’institutions internationales. d’une dette rapidement devenue insouteDès lors, ces institutions vont rapidement nable. En Argentine, entre 2001 et 2004, s'imposer dans la gestion économique des la dette passe de 54% à 127% du PIB. En nations et le plus souvent appliquer une Grèce, de manière analogue, la dette de même recette à des pays, certes victimes 105% en 2007 – déjà élevée, mais stable des mêmes symptômes, mais ne possédant depuis une dizaine d’années – enfle jusqu’à pas la même culture, ni la même histoire ou représenter 147% du PIB en 2007. les mêmes ressources. Dans ces deux situations, des débats EN ARGENTINE houleux se sont catalysés pour définir si ces David MOREIRA AU PLUS FORT DE LA CRISE dettes étaient odieuses. La définition de la Master management des projets et des dette odieuse est la suivante : il s’agit d’une organisations dette contractée par un régime, et qui sert à financer des actions contre l’intérêt des citoyens de Nastasya WINCKEL l’État et dont les créanciers avaient connaissance. Master macroéconomie et politiques européennes 57% LE TAUX DE PAUVRETÉ Si dans le cas de l’Argentine, le pays ayant été sous le coup d’une dictature, la conclusion est simple et a d’ailleurs mené vers un défaut partiel de la dette, le cas de la Grèce est plus complexe. En effet, il reste à savoir si certains des créanciers étaient conscients des usages frauduleux de ces sommes prêtées. * Source : AFP egc eco-gestionConseil La corruption et l’économie souterraines sont d’ailleurs des fléaux que connaissent les deux pays avant et pendant les périodes de déséquilibre subi. En 2003, l’Argentine est classée 92ème en terme de transparence démocratique par l’ONG Transparency, tandis que la Grèce est classée 71ème en 2009. Pour comparaison, la France – n’étant pourtant pas un modèle – est classée dans les 30 premiers seulement. Dans le cas de ces deux pays, nous assistons à un recours important du travail informel pour pallier à une augmentation forte du chômage. Ce dernier est de 23% au plus fort de la crise argentine et de 27% en 2013 en Grèce. Les POUR EN SAVOIR + Memoria del Saqueo de Pino Solana (film documentaire 2004) La crédibilité des régimes de currency board : les enseignements de l'expérience argentine Cahier de recherche de Dupuy Michel, parus en 2000 Mythes et paradoxes de l'histoire économique de Paul Bairoch, traduit par Anne Saint-Girons, parus en 1994 Site Transparency.org site de l'ONG Transparency International, résultats de 2014 Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 7 ÉCONOMIE INTERNATIONALE L’ÉLABORATION DE LA ZONE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE EN CORÉE Selon les données de la Banque de Corée, les échanges inter-coréens ont représenté en 2012 97 milliards de dollars. Cette forte activité est à 99,5% due à la création en 2000 de la zone économique spéciale (ZES) de Kaesong. R appelons qu’une ZES est une zone géographique limitée dans laquelle un gouvernement applique une législation particulière afin d’inciter les investisseurs et entreprises à créer, innover et exporter pour que la zone fonctionne comme des « laboratoires » de l’économie de marché et des nouvelles technologies ». Le projet de la ZES de Kaesong a été mené par les deux gouvernements coréens, à la suite de la déclaration commune du 15 juin 2000 qui venait clore deux jours de rencontre entre les deux dirigeants coréens qui, pour la première fois depuis la Guerre de Corée, s’engageaient dans un véritable processus de coopération économique. Deux mois plus tard, l’accord pour la création de la ZES de Kaesong entre la compagnie Hyundai Asan (filiale du groupe Hyundai) et le gouvernement nord-coréen était signé, et la zone inaugurée en 2004. ou équipements automobiles). Concernant le sud, les 120 entreprises implantées bénéficient d’avantages fiscaux ainsi que de coûts de production et d’une main d’oeuvre peu coûteuse (les salaires, d’environ 67 dollars par mois sont directement versés aux autorités nord-coréennes). De plus, les produits ainsi fabriqués à Kaesong sont exonérés de droits de douane et sont vendus au sud, donc près du lieu de production. UNE RECONNAISSANCE INTERNATIONALE EN DEMI-TEINTE Les États-Unis ont tenu un discours paradoxal, en ce qu’ils ont applaudi la création de la ZES et la façon dont elle incite l’ouverture du marché nord-coréen, alors qu’ils continuent d’exclure du champ d’application de l’accord de libre-échange passé avec la Corée du Sud, les produits manufacturés à Kaesong. Ils n’ont également accepté que tardivement (fin 2005) qu’une ligne téléphonique soit établie entre Kaesong et Séoul, et refusent toujours que soient manufacturés dans la ZES des produits soumis à l’embargo américain contre la RPDC. Aussi, la présence de ressortissants sud-coréens à Kaesong est soumise aux aléas des relations diplomatiques. Ainsi, en avril 2013, le complexe de Kaesong avait été fermé par Pyongyang à la suite d’essais nucléaires. À la suite de négociations, le site ré-ouvrit et Séoul put imposer certaines conditions comme la possibilité pour des investisseurs étrangers de s’installer à Kaesong, afin de dissuader Pyongyang de fermer complètement le site en cas de crise diplomatique. Les ZES et autres accords signés par Pyongyang et ses voisins témoignent ainsi d'une timide possibilité d'ouvrir le marché nord-coréen, mais on peut se demander si la politique du pays fragilisera ou renforcera cette démarche… UNE ALLIANCE ENTRE LES DEUX CORÉES Kaesong était la capitale du Royaume de Koryo au Xe siècle (918-1392). La ville se trouve à moins d’une centaine de kilomètres de Séoul et à quelques kilomètres de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées. Si les capitaux et la technologie viennent du sud, la main d’oeuvre et le terrain sont au nord. L’avantage pour la RPDC est donc l’utilisation d’une technologie de pointe par plus de 44.600 travailleurs nord-coréens, qui ainsi produisent un bénéfice annuel pour le pays de 600 millions de dollars (les principales productions sont liées aux textiles, vêtements, 8 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 Léa BUSSY POUR EN SAVOIR + « Les zones économiques spéciales en Pologne : un tremplin pour l'emploi régional ou des miettes de la mondialisation ? » L. COUDROY de LILLE, Annales de géographie 6/ 2007 (n° 658), pp. 645-666. La Corée vers la réunification R. CHARVIN, G. DUJARDIN, Paris, L’Harmattan, 2010. BANQUE FINANCEMENT DES ENTREPRISES : ENFIN LA DESINTERMEDIATION EN EUROPE ? Face à la rigueur des banques dans l’octroi de prêts, les entreprises européennes se tournent vers d’autres méthodes de financement. Parmi ces méthodes, le financement direct par les marchés financiers. Ce procédé, très peu utilisé en Europe, est déjà bien exploité et fonctionnel aux Etats-Unis. Toutefois il reste peu accessible pour les PME qui elles, demeurent encore largement dépendantes des banques. M algré la prédominance du financement bancaire en Europe (les entreprises européennes se financent en effet à 70% auprès des banques), l’on voit poindre une méthode de financement à l’américaine, à savoir la désintermédiation. LA DÉSINTERMÉDIATION À L’AMÉRICAINE ARRIVE EN EUROPE La désintermédiation : passage d’une économie d’endettement à une économie de marchés financiers, s’est accrue depuis 2008 avec le contexte de crise dans lequel les crédits bancaires sont difficilement accordés. Ainsi dans la zone euro, entre janvier 2009 et février 2014, l’endettement par titre des entreprises a augmenté de 430 milliards d’euros. En parallèle on constatait une diminution à hauteur de 270 milliards d’euros des demandes de crédit bancaire. Selon certains économistes, la désintermédiation pourrait engendrer sur le long terme des avantages majeurs pour la croissance économique européenne. Selon le Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII), les différences de méthode de financement des entreprises américaines et européennes (zone euro) ont créé depuis 2007 un écart de croissance de 11 points de PIB en faveur des Etats-Unis. En effet, si les banques américaines ont également rechigné à accorder des crédits aux entreprises, celles-ci ont su facilement se tourner vers les marchés financiers. Ainsi, le crédit et l’investissement sont repartis à la hausse en 2009 aux Etats-Unis, alors que l’Europe était en récession en 2011. Néanmoins, tous les économistes ne tiennent pas la désintermédiation pour responsable de la reprise américaine : certains mettent en avant la hausse de l’activité industrielle américaine. La tendance à l’émission d’obligations devrait cependant croître en Europe. En cause, la réglementation Bâle III. Cette réglementation prudentielle vient renforcer le système financier. En imposant aux banques de détenir des fonds propres plus conséquents. Ces règles plus strictes impactent directement la prise de risque : diminution des risques pris par les banques, soit une réduction de leurs engagements concernant les crédits. Les entreprises européennes ont intérêt à se financer autrement que par le recours aux banques. LES PME FIDÈLES AUX BANQUES? Toutefois, les marchés financiers demeurent difficilement accessibles pour les PME, qui restent massivement soumises aux prêts bancaires pour leurs financements (à hauteur de 92%). En effet, les techniques complexes que nécessite l’émission d’obligations pour les PME appellent l’expertise de spécialistes, ce qui ajoute un coût supplémentaire. Egalement, l’intermédiaire d’un banquier permet aux PME de rattraper leur manque de visibilité sur le marché: les marchés financiers restent quasiment inaccessibles si l’entreprise ne dispose pas d’une taille suffisante pour convaincre d’acheter ses obligations. Ainsi, a été créée en 2013 une bourse dédiée au PME : Enternext (filiale commerciale d’Euronext). Une bourse des L’émission d’obligations PME peut effectivement être sur les marchés la solution pour redynamiser financiers offre ainsi leurs financements, mais aux entreprises une Enternext doit encore faire ses preuves… Or, l’économie alternative pour européenne repose en majeure réaliser leurs projets partie sur les PME, ce qui laisse penser, comme l’estime l’agence de notation Standard & Poor’s dans un rapport publié en 2013, l’évolution vers la désintermédiation « prendra des années en Europe ». Élisa MORANDINI Master 2 Entreprise et droit de l'Union Européenne Université Sceaux (Paris XI) POUR EN SAVOIR + « Financement : les entreprises moins dépendantes des banques » Les Echos.fr « Financement des PME : pas si simple de se passer des banques... » La Tribune Mid-marketevaluation Etude, Standard &Poor’s Ratings Services, p 4 « Comment se financer sans les banques ? » Alternatives Economiques, janvier 2015, p 73 Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 9 TRIBUNE LIBRE VEUT-ON SORTIR KEYNES DE LA MACROÉCONOMIE ? Tel chaton, tel chat. C’est à croire que l’héritage félin entre mon chat et ses parents-miaous est plus qu’intériorisé parfois – surtout lorsqu’il renverse le sapin un peu sec qui trône toujours dans le salon à la mi-janvier. L’héritage de mon chat n’est pas toutefois d’ordre idéologique. Mon chat n’a pas ce trait de personnalité qu’avaient Hicks et Samuelson lorsqu’ils étaient de simples étudiants – et qui les a poussés à modéliser la théorie keynésienne. L a macroéconomie contemporaine est dite stochastique et dynamique, de la grande mouvance intellectuelle qui saisit les universités du monde entier dans les années 1970. En France, le spasme a touché Toulouse et Panthéon dès les années 1980 (depuis : tout le monde a succombé – sauf Nanterre peut-être, l’irréductible village gaulois de la pensée économique française ?). La pensée « nouvelle classique », portée par Lucas tout particulièrement, a accentué la rupture d’avec les trente années de pensée macroéconomique keynésienne. L’histoire qui en est faite aujourd’hui est celle d’un oubli – celle d’une grande négation : celle d’une mort de l’économie keynésienne1 inventée. L’histoire de la macroéconomie s’appuie en effet sur deux éléments : ses figures et ses modèles – ou apports théoriques. Pour faciliter les lectures macrohistoriques, c’est une association directe qui est régulièrement faite entre les deux. Pourtant, l’éclatement contemporain en département et sous-champs de recherche empêche l’identification claire et précise d’une notion à un auteur – plus encore du fait des cosignatures de plus en plus nombreuses. STOCKS ET FLUX : LES ABEL ET CAÏN CONTEMPORAINS ? La genèse de la modélisation macroéconomique s’écrit sur l’autel du temps présent. Les encartés orthodoxes de nos jours répondront que l’économie keynésienne n’en a que le nom, en insistant avec délectation sur le manque de scientificité des « lois psychologiques ». Je laisse ces débats vaniteux ou bibliométriques de côté pour me focaliser sur la modélisation-même. Keynes n’a jamais eu la prétention – bien qu’il en eût beaucoup – à dessiner les contours d’un modèle axiomatique. L’ensemble des fondements 10 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 économétriques des modèles macroéconomiques keynésiens sont le fruit de jeunes économistes de l’époque, Hicks et IS-LM en tête. Keynes se trompe, revient régulièrement sur ses travaux. Son grand déficit intellectuel – pour l’époque, peut-on lui en vouloir ? – tient à son inconstance du modèle. Keynes sent, en 1930, dans ses essais sur la monnaie, que son équilibre de flux est instable. Il en offre une nouvelle vision en 1936 dans la Théorie générale mais reste « insatisfait » et « mécontent »2. Il passe à côté des stocks, jusqu’à ce que les théories dynamiques les intègrent à la dimension intertemporelle des décisions des agents. D’un point de vue bibliométrique, malgré la fondation de l’économie dite keynésienne, c’est le modèle hicksien qui gagne la première place. Lorsqu’on parle d’économie keynésienne [sauf bien sûr pour les dix individus en Harris tweed du département de Cambridge], nous faisons tous une erreur : celle de penser qu’elle reflète les méthodes, orientations et conclusions de l’ouvrage de 1936. Keynes est mort en juillet 1937 avec Hicks. Il était néanmoins devenu éternel en janvier 1937, avec le véritable article d’interprétation linéaire de la Théorie générale : celui d’Harrod. La pensée économique et ses historiens ont, en effet, en partie forgé une histoire à la Polybe, celle des grands hommes de la discipline, plutôt que des apports modélisés successifs. Lucas est de ces prophètes. La mort de l’économie keynésienne relève d’un immense coup de bluff. KEYNES EN HÉRITAGE L’héritage de Keynes est passé au travers d’une modélisation macroéconomique qu’il n’a jamais explicitement défendue avec verve, même s’il avait lui-même des affinités immenses avec la méthode probabiliste. La formation keynésienne des auteurs est connue et affirmée par tous. Lucas lui-même, dans sa célèbre prise de parole My Keynesian Education en 2003 insiste sur cette formation totalisante en macroéconomie. Depuis 1948, Samuelson accorde une place conséquente dans son manuel Economics à la macroéconomie keynésienne, si ce n’est la totalité des fondements de pensée. Mankiw suit cette fibre de manière évidente3. L’histoire des manuels économiques éclaire en partie cet héritage, symbolique dans tous les cas mais bien souvent effectif. Le Mankiw ou le Blanchard, des plus célèbres d’entre eux, font la part belle à tout un inconscient keynésien – ou devrais-je dire hicksien – depuis les relations intra-sphériques entre la monnaie et l’économie réelle à l’action étatique sur le court terme. On ne pourrait en ce sens, dans la formation commune des économistes, que constater l’aura de la macroéconomie keynésienne. Mais l’histoire de la macroéconomie a entamé depuis plusieurs années un rejet keynésien qui n’arrive pas à saisir le fait que ces conclusions ont déjà imbibé la discipline, malgré des positions parfois ambiguës, tout particulièrement de Wickens. RÉÉCRIRE L’HISTOIRE DE LA MODÉLISATION Mon but n’est pas d’écrire un article d’histoire de la modélisation macroéconomique. Il est de montrer en partie que celle qui s’écrit de nos jours est une histoire directive, pleine de rancœur à l’égard de l’économie non-dynamique. Les seules bribes d’histoire enseignée dans les cursus d’économie touchent bien régulièrement aux introductions des manuels ou à quelques articles résolument binaires. La modélisation est de celle-ci : si je ne peux qu’admirer la scientificité de la stochastique en finance ou des modèles d’équilibre général dynamique en théorie de l’investissement, ces progrès se font aux dépens des fondements de la discipline. La grande aventure keynésienne s’efface ou s’écrit en quelques lignes, encore plus diluée dans les apports de Klein ou Tinbergen. Keynes est réduit à ses approximations ou à l’obscurité de son ouvrage. Pratiquer et maîtriser une discipline comme l’économie, c’est saisir son ancrage historique dans un temps, notamment via ses méthodes. La modélisation macroéconomique n’est pas un bloc fondamental d’équations invariables : c’est une perception du monde. Chaque lecture d’un manuel économique entre dans cette conception. C’est le rôle de tout scientifique, celui, comme l’expliquait Bachelard, de trouver le caché de toute chose. ET SI KEYNES N’Y ÉTAIT FINALEMENT JAMAIS ENTRÉ ? Je suis parti du postulat que l’histoire de la modélisation macroéconomique voulait faire sortir Keynes de son grand récit. Mais si celui-ci n’avait en fait jamais pris place au sein de cette histoire ? J’ai déjà souligné que le terme keynésien était impropre en modélisation macroéconomique. C’est le Keynes « méthodologique » dont parle Mankiw. Celui-ci est mort en 1946 et n’a jamais pénétré l’histoire économique de la modélisation, malgré des inspirations au génie sans équivoque. Ce Keynes n’est, en un sens, jamais entré dans la macroéconomie. Mais tel n’est pas le Keynes que l’étudiant La modélisation connaît au fond de macroéconomique n’est lui-même durant sa pas un bloc fondamental scolarité. Il connaît d’équations invariables : c’est l’auteur du chapitre 24 de la Théorie générale une perception du monde sur la philosophie sociale possible. Le Keynes « politique ». Ce Keynes-ci est bien entré dans la modélisation macroéconomique, puisqu’il en est le père absolu dans sa finalité : c’est le Keynes économiste, philosophe et homme politique entièrement fusionné. C’est celui qui ne sortira plus de l’histoire. Quentin MESSERSCHMIDT 1. Lucas, Robert E. Jr. 1980. “The Death of Keynesian Economics”, Issues and Ideas, pp. 18-19. Vindication personnelle, l’article est d’un orgueil très intelligent. A savourer au plus vite pour concevoir le gouffre entre l’écrivailleur universitaire et le géant macro-économiste. // 2. Skidelsky, Robert. 2005. John Maynard Keynes: 1883-1946. Economist, Philosopher, Statesman, Ed. Penguin, 1056 p. Ouvrage dont le poids de l’histoire équivaut au poids réel. C’est la grand Bible biographique de Keynes. On ira avec délectation lire le récit des années d’études de Keynes, notamment de ses épreuves et de sa thèse, où la vanité de l’homme dépasse tout le savoir de l’économiste. Le reste est… dense. // 3. Mankiw, Gregory. 2006. “The Macroeconomist as scientist and engineer”, Working Paper, National Bureau of Economic Research, 28 p. Excellent article de Mankiw, même si la première partie présente une histoire un peu simplifiée de la modélisation. La deuxième partie de l’article est succulente au regard des guerres idéologiques avec les Classiques. BIOGRAPHIE Nom complet : John Maynard Keynes Naissance : 5 juin 1883 à Cambridge Mort : 21 avril 1946 à Firle Sa force réside dans le fait qu'à la différence de ses prédécesseurs, il élabore une théorie nouvelle ainsi que les outils conceptuels nécessaires à la mise en place de politiques économiques alternatives. Ses travaux sont utilisés après la Seconde Guerre mondiale dans le cadre de la mise en place de l'État-providence. Keynes aurait eu à son époque une position « centriste » entre d'une part Friedrich Hayek et d'autre part Harold Laski, un des inspirateurs de l'aile gauche du parti travailliste. Il est souvent considéré comme ayant donné aux sociaux-libéraux britanniques la théorie économique qui leur manquait. Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 11 ENTREPRISE CONSOMM’ACTEUR : UNE MENACE POUR L’ENTREPRISE ? La loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) du 31 juillet 2014 a profité de la période estivale pour discrètement faire son apparition. L’attention s’est alors portée, notamment par choix des médias, sur l’obligation d’information préalable aux salariés en cas de cession de leurs entreprises. L’ article 93 de la loi ESS, codifié à l’article L117-1 du Code de la consommation, oblige le fabricant, le producteur ou le distributeur d’un bien commercialisé en France à renseigner le consommateur sur un certain nombre d’informations (origine géographique des matériaux, composants utilisés dans la fabrication, contrôles de qualité et audits, organisation de la chaîne de production et identité, implantation géographique et qualités du fabricant, de ses sous-traitants et fournisseurs). L'INFORMATION SUR LES CONDITIONS SOCIALES DE FABRICATION DU PRODUIT Afin de se faire délivrer, le consommateur doit faire état de connaissances portant sur des éléments sérieux mettant en doute le fait qu’un bien ait été fabriqué dans des conditions respectueuses des conventions internationales relatives aux droits humains fondamentaux. S’il parvient à démontrer ces irrégularités, en retour le fabricant, le producteur ou le distributeur a une obligation de réponse auprès du consommateur. Seule atténuation de cette obligation de réponse: si le fabricant, producteur ou distributeur ne détient pas l’information nécessaire à la demande du consommateur, ou encore si cette information est de nature à compromettre gravement ses intérêts stratégiques ou industriels. Dans ces deux derniers cas, son obligation se restreint à un refus motivé. Cette loi fait suite au scandale du Rhana Plaza : en effet, à l’origine, cette disposition avait été rejetée par le Sénat lors des débats concernant la loi du 17 mars 2014. Elle a finalement été adoptée sans amendements cet été. 12 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 UNE OBLIGATION DE REPORTING Ainsi, l’article L171-1 impose une obligation de reporting au fabricant, au producteur ou au distributeur auprès de leurs sous traitants directs et indirects. Cette obligation de reporting pose en pratique de nombreuses questions. Ils doivent notamment divulguer des informations sur les composants. Or, il n’est pas précisé s’il s’agit seulement des composants principaux ou de la globalité des composants. Les informations relatives aux sous traitants et aux fournisseurs du fabricant doivent également être communiquées. Les entreprises devront organiser des audits chez leurs fabricants et remonter toute la chaine de production de ces derniers ce qui implique un coût financier important et une stratégie à redéfinir. Si cette disposition était effective, il pourrait alors être plus opportun pour les sociétés de relocaliser leurs outils de production en France afin de mieux pouvoir veiller à la phase de fabrication du produit. Se situant déjà dans un climat d’insécurité juridique quant aux informations à réellement fournir, la loi alourdit les obligations de transparence pesant sur les entreprises. Cela n’encourage pas la compétitivité des entreprises françaises et renforce le dumping social. Par ailleurs, cet article a été très peu commenté. Ni la doctrine, ni même les associations de consommateurs ne se sont emparées de cette disposition. Pourtant, celle-ci repose entièrement sur l’opportunité offerte au consommateur de se positionner en véritable acteur de la consommation responsable. Enfin, il n’y a pas de sanctions particulières attachées au non respect de cette obligation. Toutefois, puisqu’il s’agit d’une disposition d’ordre public, son irrespect pourrait être condamné par le droit général de la consommation ou de la concurrence déloyale. Donc cette obligation de transparence pour le fabriquant, le producteur ou le distributeur est à prendre au sérieux à défaut de voir leur responsabilité engagée. Il s’agit maintenant pour les entreprises de s’organiser en conséquence… Sarah BARBE Master 2 Droit et éthique des affaires, parcours finances et investissement responsable POUR EN SAVOIR + Article du blog Vogel & Vogel Une nouvelle obligation pour les entreprises : l’information sur demande des consommateurs sur les conditions sociales de fabrication d’un produit. MARKETING BIENVENUE DANS LE LOUBIWORLD : UNE EXPÉRIENCE MARKETING UNIQUE Entrer dans le monde Louboutin, dans une boutique ou sur le e-shop, c’est vivre un incroyable moment de marketing expérientiel. L e marketing expérientiel est une forme contemporaine de marketing qui regroupe l’ensemble des techniques de marketing fondées sur l’expérience client. Il permet à la marque d’établir des relations individualisées et interactives avec le consommateur afin de le fidéliser. Ainsi engagé dans une relation durable et plongé dans l’univers de la marque, l’achat en devient une expérience particulière pour le consommateur. LES DÉBUTS D'UNE SUCCESS STORY L’expérience de consommation unique vécue constitue la base de l’avantage concurrentiel de la marque. Agé de seulement 28 ans, le passionné de chaussures Christian Louboutin ouvre, le 21 novembre 1991, sa première boutique dans le premier arrondissement de la capitale, rue Jean-Jacques Rousseau. Cette année là, la petite entreprise artisanale vendra 300 paires de souliers. Depuis sa création la marque a connu un essor fulgurant et gagné en notoriété à l’international. Ainsi, en 2011, le nombre de paires de souliers vendues dans le monde s’élève à près de 700 000 et c’est près de 2 000 paires qui sont fabriquées chaque jour dans les 10 usines italiennes. Aujourd’hui, les escarpins, sandales, bottes, compensées et autres baskets à semelle rouge sont commercialisées dans toutes les plus grandes villes d’Europe, d’Asie et d’Amérique, à travers un réseau de distribution sélectif d’une cinquantaine de boutiques en nom propre. Outre la vente dans les boutiques, se procurer les précieux souliers est également possible sur les boutiques en ligne. LA CRÉATION D'UN UNIVERS LOUBOUTIN Le succès commercial de la marque s’explique par son positionnement singulier permettant de faire sortir le consommateur de son univers quotidien pour le faire entrer dans le Loubiworld. Les chaussures de la marque se distinguent, tout d’abord, par leur emblématique semelle en cuir rouge (rouge chinois selon le code pantone). Le choix de cette couleur remonte à une journée de 1993 où le créateur aurait appliqué le vernis à ongle vermillon de son assistante sur les semelles initialement noires du modèle Pensée. Pour le chausseur « les semelles rouges, c’est une signature, et les gens adorent se référer à une identité. Les couleurs ont souvent des côtés sombres, le blanc dans certaines civilisations est la couleur du deuil alors que le rouge est toujours positif. En Chine, c’est la fortune ; en Europe, c’est l’amour… Disons que le rouge s’est installé comme une identité de bienvenue ». L’autre élément symbolique des modèles confectionnés par Louboutin est leur hauteur souvent vertigineuse, qui a pour origine les souvenirs d’enfance du créateur. En effet, c’est un écriteau à l’entrée du musée des arts d’Afrique et d’Océanie interdisant aux visiteuses de porter des talons aiguilles, qui risqueraient de rayer le parquet, qui a marqué le jeune Christian et continué à alimenter ses croquis une fois devenu grand. Forte de son succès, la marque cherche à attirer les consommatrices dès leur plus jeune âge. Ainsi, pour le 50ème anniversaire de Barbie, le chausseur a créé 3 poupées, chacune dotée de quatre paires de chaussures déclinées à partir de modèles existants, le tout vendu dans des boites imitant les véritables boîtes Louboutin. Outre les chaussures, l’expérience d’achat chez Louboutin contribue également à faire vivre à la consommatrice un moment unique, telle une Cendrillon chaussant son soulier de cristal… Bertille RUSÉ POUR EN SAVOIR + Site internet Definitions-marketing.com « La saga Louboutin, un chemin très escarpins » Olivier Séguret, 26 janvier 2012 Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 13 ÉCONOMIE ET POLITIQUE LES PROGRAMMES D’AJUSTEMENT STRUCTURELS : DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES REMISES EN CAUSE Lorsqu’une crise se déclenche et se développe, tumeur affaiblissant le tissu économique, ses conséquences sociétales sont souvent bien plus larges que les simples modifications qu’elle opère sur les conditions d’échanges que connaissent un pays et ses agents. L es politiques mises en place pour enrayer la crise ne devraient jamais être uniquement évaluées sur leur capacité à résorber le phénomène indésirable. de l’eau, qui est pourtant un bien public essentiel, ainsi que des privatisations massives des infrastructures, des services publics en général et du foncier. En Argentine, les privatisations sont étroitement liées aux mouvements de corruptions et qui ont, par exemple, AJUSTEMENT STRUCTUREL OU résulté en la vente de la compagnie pétrolière du pays à un UN GRAND PAS VERS LA DAMNATION ? dixième de sa valeur réellement estimée. Il est possible de s’interroger si ces privatisations, ayant Les « programmes d’ajustement structurels » du FMI et de pour but officiel de renflouer les caisses des États, n’ont la Banque Mondiale sont les conditions négociées avec les pas pour objectif non avoué d’offrir à vil prix des créneaux pays en difficultés dans le cadre de l’octroi de prêts. Ces à profitabilité garantie à des investisseurs étrangers. Si cela conditions sont décrites par Stiglitz comme étant les « 4 pas ne fait pas partie du dessein initial, cela en est en tout cas vers la damnation » : la privatisation, l’ouverture des marchés la conséquence principale. de capitaux aux investisseurs étrangers, la fixation des prix Il n’est pas étonnant que de nombreuses critiques aient des biens par rapport aux prix du marché et la mise en place été adressées à ces politiques menées par les institutions du libre-échange. internationales, que ce soit de la part de Stiglitz – prix Nobel Fait notable, plusieurs papiers scientifiques d’économistes d’Économie et pourtant ancien économiste en chef au sein évaluent les politiques imposées de la Banque Mondiale – ou de par le FMI comme ayant un Naomi Klein – auteure du livre La impact inexistant, voire négatif, stratégie du choc : la montée d’un sur l’économie des pays capitalisme du désastre. Sont considérés. Décrivant des plus particulièrement pointées conséquences très éloignées de du doigt les conséquences celles officiellement recherchées, sociales douloureuses pour la un papier de Graham Bird indique population. Cette dernière doit – que les prêts conditionnels par exemple, dans le cas la Grèce auraient plutôt un effet négatif sur et de l’Argentine – faire face au la croissance et l’investissement. retour de flammes provoqué Il n’invalide toutefois pas le par la crevaison de la bulle principe d’aide en lui-même. spéculative créée au sein de la Ces politiques ont été largement sphère de la consommation. PAR RAPPORT AU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT (PIB) appliquées en Argentine L’austérité, en particulier, a pour comme en Grèce, qu’il s’agisse conséquence de dépouiller l’État de politiques d’austérité ou de privatisations massives de ses fonctions de redistribution et d’organisation de des entreprises d’État dans le cadre des ajustements la solidarité, et cela à travers la réduction drastique des structurels. En Grèce, on se souvient des pressions dépenses d’éducation, de protection sociale et de santé, fabuleuses exercées par la troïka en vue de la privatisation domaines les plus fortement affectés. 175% LE POIDS DE LA DETTE DE LA GRÈCE 14 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 Du point de vue du droit international, il s'agit également d'une remise en question de la souveraineté des pays concernés à travers l’imposition de conditions que l’État affaibli et exsangue ne peut pas refuser s’il veut bénéficier d’une aide financière qui lui est indispensable. En témoignent les pressions de l’Allemagne - à travers la dépendance de la Grèce à la troïka – sur ses législatives anticipées afin d’empêcher l’élection de la gauche radicale. LA STRATÉGIE DU CHOC plus précisément le mouvement des places en Grèce, ce sont L’austérité imposée librement inspirés du pamphlet par le FMI est une de Stéphane Hessel, Résistant remise en question de Français : «Indignez-vous ! ». Ce la souveraineté des dernier y rappelle notamment l’article 22 de la Déclaration pays car ils ne peuvent universelle des droits de refuser ces mesures l’Homme : « Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité […]. » Se pose alors une question fondamentale : en admettant que les politiques prescrites soient efficaces, les institutions internationales ont-elles le droit d’imposer un remède à une population qui le refuse ? Pire, est-il légitime de faire passer des indicateurs économiques arbitraires avant des principes démocratiques primordiaux ? « Le mal doit se faire tout d’une fois : comme on a moins de temps pour y goûter, il offensera moins […] », conseille Machiavel dans « Le Prince ». Et c’est, selon Naomi Klein, une stratégie largement utilisée par les dirigeants et les institutions, suivant la logique suivante : « en temps de crise – qu’il s’agît d’une crise financière ou, comme l’administration Bush l’illustrerait plus tard, d’un attentat terroriste - les citoyens sont prêts à céder de vastes pouvoirs à quiconque prétend avoir une solution miracle. » Fin 2013, le Conseil de l’Europe ENTRE 1998 ET 2001 a d’ailleurs publié un document David MOREIRA thématique rappelant que les Master management des projets crises économiques étaient des éléments pouvant mettre et des organisations à mal les droits de l’Homme dans les pays touchés, notamment à travers les mesures d’austérité. Ces Nastasya WINCKEL dernières portent atteinte « à l’ensemble des droits de Master macroéconomie et politiques européennes l’Homme, du droit à un travail décent, à un niveau de vie suffisant et à la sécurité sociale jusqu’à l’accès à la justice, la liberté d’expression et les droits à la participation, à la transparence et au respect du principe de responsabilité. » En Argentine, un exemple extrême est celui de Carlos Saul Menem, président de l’Argentine de 1989 à 1999. Par un eco-gestionConseil jeu politique comprenant une corruption massive, Menem obtient, en moins d’un mois, l'appui de la Cour suprême de justice et la délégation de « pouvoir spéciaux » de la part du Parlement. Le Parlement a ainsi autorisé, en quelque LE FMI EN QUELQUES CHIFFRES Nombre de pays membres : 188 pays sorte, que Menem réunisse dans sa main un pouvoir quasi Conseil d’administration : 24 administrateurs représentant absolu, pouvoir que celui-ci s’empressa d’utiliser, non pas des pays et groupes de pays pour réformer son pays et l’aider à sortir de la crise, mais Effectifs : environ 2.600, originaires de 142 pays pour s’enrichir en organisant les ventes des entreprises Total des quotes-parts : 362 milliards de dollars (au 28 publiques, alors même qu’aucun bilan ou compte de août 2014) résultats n’était édité. Dans un second temps, trahissant ses promesses électorales, et suivant les conseils du FMI, ce même président procéda à la suppression de la POUR EN SAVOIR + couverture sociale, du droit au chômage, des indemnités maladies et accidents. « Protéger les droits de l'homme en temps de crise économique » Concernant le programme d’ajustement du FMI, il Document thématique publié par le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe. semblerait, selon Naomi Klein, que le soulèvement populaire est, non seulement, prévisible, mais, également, tout à « IMF Programs: Do They Work ? Can They be Made to Work Better ? » Bird, Graham, 2001. World Development, Elsevier, vol. 29(11), faire intégré par les institutions. Que ce soit en Argentine pages 1849-1865, November. ou en Grèce, les mouvements ont été extrêmement « Grèce 2010, Argentine 2001 » importants. Ils ont également été, au pire, brutalement Claudio Katz, CADTM (Comité pour l'Annulation de la Dette du réprimés, au mieux, ignorés. Le mouvement des Indignés Tiers Monde ), 25 octobre 2010. créé depuis la crise que connait actuellement l’Europe, et 7 ANNÉES D'AUSTÉRITÉ EN ARGENTINE egc Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 15 DOSSIER DU MOIS COMMENT LE FOOTBALL A-T-IL AIDÉ LA THÉORIE ÉCONOMIQUE ? Depuis le début du XXème siècle, le football est entré dans l’ère du professionnalisme. Le championnat de France date de 1932, avec la « division nationale » - aujourd’hui la Ligue 1. Quant à l’Angleterre, le championnat professionnel date de 1888, la plus vieille ligue d’Europe. L e professionnalisme a impulsé de nouvelles contraintes économiques et sportives. Les clubs, en concurrence continue et à la recherche des meilleurs résultats, ont dû multiplier les méthodes pour tenter de performer et de remporter les nombreuses batailles. Certains spécialistes en viennent jusqu’à comparer un match de football à la stratégie militaire : il s’agit d’un affrontement synchrone où chacun défend sa réputation et espère repartir vainqueur, avec la gloire et l’honneur qui lui est dû. Dans l’esprit des joueurs, tout est mis en œuvre pour gagner, pour être le meilleur, pour réussir quoi qu’il arrive. Ils en sont arrivés à un tel point que, lorsqu’on teste l’esprit de footballeurs professionnels dans des expériences de psychologie économique en laboratoire, ce sont eux qui mettent le plus d’impact à réussir la moindre partie. 16 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 LE FOOTBALL INTÈGRE DES HYPOTHÈSES DE L’ÉCONOMIE ORTHODOXE Pour le ministre de l’Economie, le besoin est donc urgent Ce n’est plus une question d’argent, à ce niveau-là, mais un état d’esprit : la compétition du football a transformé l’esprit rationnel de l’agent et l’a fait sombrer dans une réflexion maximisatrice et individualiste. Ne serait-ce pas l’esprit même de l’homo-economicus ? L’homo-economicus, ou Homme Economique, est l’agent représentatif créé par les économistes et philosophes classiques et néo-classiques du XIXème siècle, capable de la plus grande rationalité possible et de la maximisation de son utilité sous la contrainte financière. Il est l’agent qui permettra de valider les théories économiques en adoptant la meilleure psychologie possible. Par exemple, un marché peut garantir un rééquilibrage naturel si et seulement si les agents qui le composent adoptent le meilleur comportement possible, s’ils cherchent tous à garantir à l’optimum individuel afin de réaliser l’optimum collectif. C’est l’idée même de la main-invisible. Game Theory ». Dedans, il a cherché à montrer, à travers de nombreux exemples, comment le sport le plus populaire du monde pourrait servir l’économie et offrir des outils et des données statistiques capables de valider les théories fondamentales. Pour une fois, le football est au service de l’économie et pas l’inverse. De nombreux spécialistes ont Ce concept, né des réflexions du philosophe écossais jusque-là toujours associé l’économie pour le Adam Smith, dans La Richesse des Nations, écrit en 1776, football. Un club étant dirigé comme une entreprise, pose que la somme des intérêts personnels forme le tout il doit répondre à toutes les attentes de l’efficience collectif, qu’il se réduit au jeu des parties. Si chaque individu, économique. A l’ère du professionnalisme, l’argent chaque agent est doué d’une parfaite rationalité égoïste et doit être utilisé de la manière la plus juste afin de cherche constamment à réaliser son intérêt personnel, une maximiser l’utilité sous contrainte. « main invisible » viendra mettre en relation les désirs de L’économiste Français Bastien Drut a, par exemple, écrit chacun et tout le monde y trouvera son compte. le livre Economie du football Professionnel, qui renvoie à « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du l’utilisation des théories économiques les plus connues brasseur ou du boulanger que nous attendons notre afin d’aider des équipes, à performer grâce à l’instrument dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche économique. Dans le même ordre d’idée, on peut aussi de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à noter les travaux de Simon Kuper et David Szymanski qui, leur humanité, mais à leur égoïsme ». Les individus sont avec Soccernomics, ont révolutionné l’art de l’économie en lutte permanente et ne cherchent qu’à maximiser du football. leurs propres intérêts. Le boucher ne viendra pas Mais ici, Palacios-Huerta fait tout l’inverse. Ce n’est vendre sa viande par bonté d’âme mais pour récupérer plus l’économie au service du football mais le football de l’argent. L’amateur de bonne au service de l’économie. Il chair n’achètera pas la viande par ne cherche non pas à tenter altruisme envers le boucher mais d’élaborer les meilleures “ Le sport le plus pour satisfaire son désir. stratégies possibles afin d’aider En économie, pour faire ses clubs favoris mais à utiliser populaire du monde ne fonctionner l’optimum, la théorie ses connaissances sportives classique impose que les individus pour soutenir et prouver des doit pas être vu comme soient rationnels, égoïstes, théories économiques. individualistes et maximisateurs, un événement populaire, qu’ils soient capables de prendre Sa méthodologie est celle Gary les meilleures décisions possibles Becker, économiste à l’Université un simple spectacle, mais à partir d’un calcul coût-avantage de Chicago et prix Nobel. Pour personnel. ce dernier, l’économie ne devait comme le moyen d’offrir pas être considérée comme une Or, cela n’a jamais été prouvé science à proprement parler un nombre considérable empiriquement et jamais réalisé. mais comme une méthodologie de données mettant en jeu A aucun moment dans l’histoire à appliquer dans tous les économique moderne nous domaines de la vie : sociologie, des centaines de milliers n’avons pu assister à la naissance psychologie, marketing, histoire, d’un Homo-Economicus. Il reste criminologie, etc. Ainsi, Palaciosde personne à travers une entité théorique infondée Huerta reprend sa considération dans le monde réel. Ainsi, toutes et applique les outils de le monde ” les théories orthodoxes n’ont l’économie à des matchs de aucune validité empirique tant que football et cherche ainsi à justifier l’hypothèse de base, celle d’un empiriquement des concepts agent représentatif est impossible à appliquer et n’existe théoriques de la science économique. Les agents sontpas. Pourtant, il existe une solution et il nous faut revenir ils rationnels ? Sont-ils capables de prendre la meilleure au football ici. décision possible ? Sont-ils doués d’une rationalité adaptative et apprennent-ils de leurs erreurs ? Sontils influencés par leur environnement ? Sont-ils voués LE FOOTBALL POUR L’ÉCONOMIE à l’amélioration collective via la maximisation de leur intérêt propre ? L’économiste espagnol, Ignacio Palacio-Huerta, Ce sont des questions que la théorie s’est toujours professeur à la London School of Economics et directeur posée, a toujours cherché à appliquer mais n’a jamais de recherche pour l’Athletic Bilbao, club de football dans su apporter une validité empirique. Sauf que maintenant, le nord de l’Espagne, est l’auteur du livre « Beautiful grâce au football, les choses sont vraies. Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 17 DOSSIER DU MOIS UNE APPLICATION À LA THÉORIE DES JEUX Prenons par exemple la théorie du minimax, célèbre réflexion en théorie des jeux appliquée par le mathématicien John von Neumann. En 1928, ce dernier cherche à trouver la meilleure stratégie à adopter lorsque deux adversaires se font faces, doivent prendre des décisions en mêmes temps et où l’action de l’un influence le résultat de l’autre. Il a alors montré que le meilleur moyen de remporter des jeux non-coopératifs était la stratégie de randomisation, de hasard pur. En d’autre terme, puisque l’adversaire raisonne à partir de nos décisions, si l’on veut le battre, il faut garantir un comportement totalement aléatoire, nos actions doivent être imprévisibles. Néanmoins, Von Neumann n’a jamais pu prouver empiriquement sa théorie. Elle n’était basée que sur des estimations mathématiques. Il a fallu attendre les années 1990, avec l’apparition de l’économie expérimentale, pour tester les décisions des agents, lors de jeux non-coopératifs, et essayer de valider le théorème du minimax. Par exemple, avec l’aide des travaux de l’économiste Américain Vernon Smith, des scientifiques ont testé en laboratoire la meilleure façon de gagner à PierreFeuille-Ciseau : l’imprévisibilité de décision, la garantie des choix aléatoires, et le respect du théorème du minimax. Or, cette étude a montré que les agents testés n’étaient pas capables de randomiser leurs actions, ils raisonnaient toujours à partir d’autrui et en fonction de ce qu’ils ont fait précédemment. Les individus ne seraient donc pas suffisamment rationnels pour optimiser leurs chances de résultats à pierre-feuille-ciseau ou dans un autre jeu et personne ne pourrait donc être considéré comme meilleur qu’un autre. Vraiment tous les individus ? L’économiste Espagnol Ignacio Palacios-Huerta a montré que les footballeurs avaient cette particularité de randomiser leur décision de jeu et de la rendre imprévisible lors d’un événement particulier : le penalty. En effet, les joueurs de football ne savent pas, au moment même où ils vont tenter le penalty, de quel côté ils vont tirer. Ils ne raisonnent pas à partir des actions précédentes ou à partir des choix précédents du gardien. Ils agissent sans réfléchir en fonction de leur instinct. En clair, ils garantissent parfaitement le hasard et valident alors l’application de Von Neumann. 1888 NAISSANCE DU CHAMPIONNAT PROFESSIONNEL D’ANGLETERRE 1932 NAISSANCE DU CHAMPIONNAT DE FRANCE 18 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 L’HYPOTHÈSE DES MARCHÉS EFFICIENTS ENFIN DÉMONTRÉE ? Mais ce n’est pas tout Palacios-Huera a aussi réussi à prouver la véracité d’une chimère en économie : l’efficience des marchés. Cette théorie considère qu’à travers le laisser-faire et l’absence de contrainte, n’importe quel marché conduit naturellement à atteindre un équilibre et un ordre spontané. L’information circule librement et aucun agent n’a un avantage sur un autre. Cette théorie a toujours été considérée comme vraie par les tenants d’un libéralisme économique, justifiant ainsi la non-intervention de l’Etat dans les sphères mercantiles, sauf qu’elle n’a jamais été prouvée empiriquement. Jamais aucune recherche n’a pu établir l’efficience parfaite des marchés. Même son fondateur, l’économiste Américain Eugene Fama, parle de « degré d’efficience » allant d’une efficience faible à une efficience forte, la semi-forte étant l’intermédiaire et celle qui est globalement acceptée dans la réalité. Et bien le football offre la possibilité unique de prouver l’existence d’un marché parfaitement efficient. Palacios-Huerta cite une recherche menée par les économistes Karen Croxson et James Reade qui ont analysé la variation des paris sportifs lors des matchs en championnat de football Anglais. Ils ont montré qu’à travers la libre circulation de l’information, l’absence de sélection adversaire et de comportement amorale, le cours d’une cotation n’évoluait qu’en fonction des prises de décision. Il y a un rapport quasiment égal à 100% entre événement observé pendant un match et prise de pari. Normalement, sur un marché inefficient, les ordres passés ne correspondent toujours pas à la réalité du terrain : les actionnaires vendent parce qu’ils disposent d’une information particulière, souvent monnayée illégalement, achètent alors que rien ne le laisse présager et le prix d’un titre ou d’un bien dépasse largement son prix « naturel ». Ici, sur le marché des paris sportifs, l’efficience est parfaite et les prix, les cotations, équivalent précisément au prix réel, au prix naturel. La théorie de l’efficience a pour la première fois était justifiée et démontrée, elle peut exister dans la sphère réelle et c’est le football qui l’a prouvé. Entre 1976 et 2010 la part des joueurs noirs en Angleterre est passé de 2% à 30% 1950 DÉVELOPPEMENT DE LA THÉORIE DES JEUX L’ÉCONOMIE DE LA DISCRIMINATION Palacios-Huerta continue ses recherches et parvient à trouver des implications du football dans l’explication des comportements sociaux, face à la peur, face à des incitations intrinsèques et extrinsèques mais l’une de ses plus intéressantes approches et celle donnée sur la question du racisme et des discriminations. En économie, une voie majoritaire est suivie comme quoi, dans un marché libre et non-faussée, le racisme tend à disparaitre parce qu’il implique le paiement d’une prime additionnelle liée à une préférence particulière : à compétence égale, les entrepreneurs privilégieront des blancs à des noirs et la demande sera supérieure à l’offre sur le marché du travail. Ainsi, dans un cadre compétitif, les agents seraient incités à maximiser leur profit et à se dessaisir de cette taxe discriminante tacite au profit d’une embauche égalitaire. Or, tout ceci n’est que théorie puisque le racisme et la discrimination persistent. Sauf en football. En effet, à partir d’une étude déjà développée par l’économiste Américain Stefan Szymanski, en Angleterre, Palacios-Huerta montre que les clubs de football nondiscriminants ont tendance à performer à la fois leur résultat économique et sportif. Ils ne payent pas la taxe discriminante et s’offrent de meilleurs joueurs grâce aux bénéfices économiques réalisés. spectacle mais comme le moyen d’offrir un Un club étant dirigé nombre considérable de comme une entreprise, données mettant en jeu il doit répondre à des centaines de milliers toutes les attentes de de personne à travers le monde. Par son caractère l’efficience économique compétitif et professionnel, il permet de poser les bases démonstratives des théories économiques courantes. Pour une fois, remercions le football pour l’amélioration de nos connaissances. Pierre RONDEAU @Lasciencedufoot En collaboration avec le site Foot&Stratégie @FootStrategie www.football-et-strategie.com POUR EN SAVOIR + Entre 1976 et 2010, la part des joueurs noirs en Angleterre est passée de 2% à 30%, le racisme a considérablement été battu non pas à cause d’une intervention politique mais seulement à travers le mécanisme du marché. Les agents rationnels cherchent à maximiser leur utilité, en l’occurrence financière pour le cas des dirigeants de club de football. Tout cela est extraordinaire et montre de façon très intuitive comment le sport le plus populaire du monde peut aider l’économie et les sciences. Il ne doit pas être vu comme un événement populaire, un simple Bastien Drut Économie du football professionnel. Simon Kuper, Stefan Szyamnski Les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus. Ignacio Palacios-Huerta Beautiful Game Theory. The beautiful game theory Ignacio Palacio-Huerta va être traduit et publié en France dans les prochains mois. La traduction a été assurée par Pierre Rondeau, l'auteur de cet article. Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 19 ÉCONOMIE ET SPORT CRISE FINANCIÈRE ET FOOTBALL PROFESSIONNEL La période de crise financière qui sévit en France, puis plus généralement en Europe et dans certaines zones du globe, n'est certes pas la première, ni sans doute la dernière, mais il est évident qu'elle atteint violemment l'économie de certaines puissances réputées solides, et qu'elle se manifeste par des phénomènes assez inédits. E n effet, si des crises financières ont déjà marqué marqué le dernier siècle, la crise actuelle ayant commencé dès 2008 est originale en ce qu'elle se ressent à tous les niveaux, dans tous les secteurs de l'économie. Parmi ces secteurs le sport bien évidement, et le football plus précisément. Alors comment expliquer qu'une crise, à l'origine financière et bancaire, puisse produire des impacts dans des domaines tels que le football ? Et ce phénomène atteint il nécessairement tous les acteurs du monde footballistique ? Explications. QU'EST-CE QUE LA SANTÉ FINANCIÈRE D'UN CLUB, ET COMMENT L'ÉVALUER ? la structure même du club, lorsqu'on se penche sur les moyens mis en œuvre, sur la longue durée, pour permettre l'investissement et le développement. Un club peut alors générer un chiffre d'affaires intéressant tout en étant en danger au niveau de sa santé «structurelle», par exemple si l'emprunt est excessivement utilisé ou que les investissements sont irréguliers. Il apparaît clairement aujourd'hui que la situation des clubs n'est absolument pas homogène: alors que certains clubs survolent la crise financière, d'autres la subissent de plein fouet. Même si les apparences sont parfois trompeuses sur la santé financière des clubs professionnels, les phénomènes économiques qui affectent les clubs, dans le bon comme dans le mauvais sens, sont plutôt visibles, voire prévisibles. On parle en effet souvent de santé financière d'un club de football, comme on parlerait de la santé financière d'une petite société locale ou à une autre échelle d'une CES CLUBS QUI SE JOUENT grande entreprise du CAC 40. Il est vrai qu'aujourd'hui, DE LA CRISE ÉCONOMIQUE les clubs professionnels ont de plus en plus tendance à fonctionner telle une entreprise, qui se doit donc Il est des clubs, en Europe notamment, pour lesquels d'être compétitive financièrement la crise financière n'est pas une pour vivre. Dans ces conditions, préoccupation. On pense forcément l'étude des finances du club paraît au Paris Saint Germain, qui bénéficie primordiale, c'est d'ailleurs pourquoi d'un investissement privé Qatari on trouve désormais des services de depuis maintenant 3 ans, et pour qui comptabilité et de gestion, au sein la question des finances n’apparaît de la structure des clubs de football pas comme un souci. professionnels. Des clubs comme le PSG il y en a Pour en revenir à cette question de d'autres: Le FC Barcelone, le Real santé financière, il s'agit en fait de Madrid (Espagne) et le Chelsea FC la réunion de deux questions qui (Angleterre), illustrent parfaitement DE 1ÈRE DIVISION EN 2010 apparaissent complémentaires et ce profil de club qui bénéficiant corrélatives : la question des finances d'investissements privés très à proprement parler, avec une étude des bénéfices importants, disposent de finances au moins saines générés, et une autre question portant sur la santé de voire confortables. PERTES NETTES POUR 56% DES CLUBS EUROPÉENS 20 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 L'aisance financière des ces clubs se manifeste notamment à travers leurs dépenses vertigineuses qui n'ont pas d'équivalence avec des clubs plus modestes (l'achat du Gallois Gareth Bale par le Real Madrid pour la modique somme de... 91 millions d'euros!). Dans ce cadre, peut-on soupçonner un quelconque impact de la crise économique sur la santé financière de ces clubs ? Le cabinet Deloitte avait en 2009 rendu une étude sur cette question, et il apparaît que même si le poids des finances de tels clubs permet une marge de manœuvre sécurisante, il n'en est pas moins inquiétant de remarquer que leur endettement préoccupe : Lorsqu'on sait que le salaire des joueurs représente par exemple 81% des charges du club de Chelsea, on se demande si en cas de contre-performance sportive, cela ne conduirait pas à une situation compromettante pour le club, même s'il bénéficie lui aussi d'investissements privés très généreux (le club avait été racheté en 2003 par le russe Roman Abramovitch). À ce propos d'ailleurs, l'UEFA a depuis la saison dernière mis en place le système du Fair Play financier, une mesure visant à encadrer et réglementer les actions financières des clubs professionnels, par exemple en limitant le recours à l'emprunt. recrutement par la DNCG (Direction Nationale de Contrôle de Gestion) dès l'entame de la saison 2014-2015. Déjà surveillé de près par l'organisme depuis le départ de l'ancien propriétaire Frédéric Sébag en 2013, le club a néanmoins toujours su corriger ses finances de manière à conserver son statut de club professionnel et sa place en ligue 2. La DNCG a d'ailleurs récemment levé son interdiction de recrutement pour la saison en cours. Souhaitons alors au club tourangeau de ne pas subir les mêmes débâcles que son homologue Sarthois deux saisons auparavant. UNE VISION PROSPECTIVE DE LA SANTÉ FINANCIÈRE DES CLUBS PROFESSIONNELS Si le bilan actuel dressé ici paraît primordial, il n'en est pas moins de la question de l’évaluation de ce qui pourrait se passer dans les années à venir. Le contraste établi entre les clubs fortunés et les clubs plus modestes financièrement devrait sans nul doute être confirmé dans les années à venir. En effet, de plus en plus de milliardaires du monde entier n'hésitent pas à investir, notamment en Europe. Mais ce qui semble intéressant ici, c'est de se pencher sur des championnats à la réputation beaucoup LES CLUBS PLUS MODESTES moins établie. Car c'est en effet là où l'activité et le À LA MERCI DE LA CRISE ÉCONOMIQUE ? développement sont les plus croissants depuis peu de temps : de fortes puissances économiques et politiques, Il apparaît évident que des clubs comme le PSG ne qui semblaient traîner des pieds concernant le football constituent pas la majeure partie des clubs de football misent aujourd'hui sur ce domaine, avec parfois des professionnels : même en première division, que ce soit évolutions fulgurantes. Nous pensons bien évidemment en ligue 1 française ou en Liga espagnole par exemple, on à la Chine, la Russie, où grâce à des investisseurs privés trouve au sein du même championnat ce profil de clubs mais de plus en plus influents, on arrive à voir des transferts aussi et surtout, très majoritairement, de grands joueurs européens. De des clubs que l'on peut qualifier de même, les États-Unis, qui longtemps plus modestes. Dans le championnat dépassés dans le monde du football écossais par exemple, nous avons le (appelé « Soccer » outre atlantique), se cas du club des Glasgow Rangers qui, tournent de plus en plus vers ce sport après avoir longtemps figuré en tête notamment grâce au développement du championnat de première division impressionnant des sections et participé à de nombreuses coupe universitaires mais aussi de son d'Europe, a subi une liquidation judiciaire championnat professionnel (MLS), en 2012 et a été contraint à la relégation dans lequel de très grands noms sont en 4ème division. déjà apparus (David Beckham aux L.A DU MANS FC Ce cas n'est malheureusement pas Galaxy's, Thierry Henry aux N.Y Red isolé. En France, nous pouvons citer Bulls, etc.). le cas du club du Mans FC, souffrant Partant de là, il est intéressant d'une dette qui s'élevait à 14,4 millions d'euros. Le club de se demander si dans les années/décennies à Sarthois a en 2013 été relégué en Division d'Honneur venir, ces championnats très florissants viendront (plus haut niveau régional) alors même qu'il évoluait dépasser les championnats européens, qui sur le plan jusque là en ligue 2, et avait auparavant goûté à la ligue 1. qualitatif mais aussi économique, restent aujourd'hui De même, la situation du Tours Football Club est également incontestablement les plus développés. intéressante à étudier en ce que le club tourangeau est sur la sellette depuis quelques années mais a jusqu'ici toujours Julien CHEVY lutté et réussi à conserver sa place dans le championnat Étudiant en Licence 2 Droit de ligue 2. En effet, malgré la vente du joueur vedette Andy Université François Rabelais de Tours Delort au mercato d'été qui a rapporté 4 millions d'euros au club, les finances ne sont pas suffisantes et le Tours FC «Sportif de Haut niveau» à l'université de Tours a été placé sous contrôle de masse salariale et interdit de Joueur amateur au Tours Football Club 14,4 MILLIONS D'EUROS DE DETTE Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 21 ORIENTATION LES CONCOURS ECRICOME : VOTRE TREMPLIN POUR INTÉGRER LES ÉCOLES DE COMMERCE Les concours ECRICOME Tremplin 1 (bac + 2) et Tremplin 2 (bac + 3/4) vous permettent de présenter 6 campus au sein d’écoles renommées et reconnues par les recruteurs afin d’acquérir une double compétence en intégrant une école de commerce et de management. Les écoles de commerce et de management - ICN Business School Nancy-Metz, - KEDGE Business School Bordeaux-Marseille, - NEOMA Business Rouen-Reims L’INTÉRÊT D’UNE DOUBLE COMPÉTENCE EN ÉCOLE DE MANAGEMENT Les candidats issus des admissions parallèles doivent pouvoir afficher une double compétence : celle acquise durant leurs premières années d’études, et celles qu’ils travailleront dans le Parcours Grande École. Il peut s’agir d’une double compétence en management, ou bien d’une première compétence plus technique, complétée par le volet management. Dans tous les cas, les recruteurs seront sensibles à ce profil, qui correspond à des étudiants capables d’évoluer aisément dans des milieux hétérogènes, comme, par exemple l’industrie, ou dans tous les secteurs de l’économie. QUELS SONT LES ATOUTS DE CES CANDIDATS LORS DES ORAUX ? QUE DOIVENT-ILS VALORISER ? Les étudiants ayant déjà étudié le management sauront parler de leurs expériences dans ce domaine, et expliquer pourquoi ils ont souhaité une poursuite d’études dans la même voie, et comment ils l’envisagent. Pour les profils plus techniques, les candidats devront être capables de montrer qu’ils maîtrisent l’articulation entre leur première spécialité et la poursuite d’études qu’ils envisagent. Dans les deux cas, une projection sur des métiers ou des secteurs précis pourra être présentée au jury, car l’expérience professionnelle déjà acquise à l’occasion de stages permettra sans doute aux candidats d’élaborer un projet professionnel plus précis et plus argumentés que ceux issus des classes préparatoires. COMMENT S’INSCRIRE AU CONCOURS ? Les inscriptions se font uniquement par internet www.ecricome.org jusqu’au mardi 24 mars 2015. Les épreuves écrites se dérouleront le samedi 18 avril 2015, 22 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 dans le centre de votre choix. Les épreuves orales se dérouleront du lundi 1er juin au samedi 20 juin 2015 (vous choisirez vos dates de passage parmi les dates proposées par chaque école). COMMENT SE PRÉPARER AU CONCOURS ? Pour préparer les épreuves du concours, les candidats peuvent utiliser les ressources du centre de préparation au concours ECRICOME « le HUB », accessible depuis le site, où sont regroupés les annales des concours précédents, des vidéos de conseils et de nombreux exercices d’entraînement. Pour les concours ECRICOME Tremplin 1 & 2, en plus des rubriques classiques en libre accès (traitant des annales, des journées préparatoires…), une salle d’entraînement est proposée tout spécialement et uniquement aux candidats inscrits. Cette prestation est totalement gratuite et comprise dans le coût d’inscription au concours TREMPLIN 1 & 2. Le tarif du concours reste pour autant inchangé. Une fois inscrit(e) et connecté(e), vous y trouverez pour chaque épreuve : des vidéos de présentation donnant des conseils de préparation, de gestion du temps pour bien maîtriser l’exercice demandé ; des fiches de cours pour revoir les règles de chaque matière à connaître et des exercices supplémentaires à réaliser, en complément des annales. Au total une vingtaine de nouvelles vidéos pour les épreuves écrites et orales, des mémos de cours et des exercices complétant les annales afin de pouvoir vous préparer par vous-même et de vous donner les moyens de réussir ! Tous ces nouveaux contenus pédagogiques ont été élaborés par des professionnels de la Communauté Éducative de l’Enseignement Supérieur, en partenariat avec ECRICOME, qui, en la matière, assure la conception de ses sujets depuis plus de 25 années. Une vraie préparation en ligne ! ÉCONOMIE ET ENVIRONNEMENT LE DÉVELOPPEMENT DURABLE : QUELLE ADAPTATION DES ENTREPRISES ? Les règlementations sur l’environnement ont un effet de barrière structurelle liée aux conditions concurrentielles d’accès au marché, c'est-à-dire qu’elles constituent une norme juridique qui forme une entrave à l’accès au marché. C es mesures jouent un rôle social important car elles visent à protéger l’environnement, et l’analyse de la concurrence potentielle doit les prendre en considération étant donné qu’elles ont pour effet d’empêcher ou de retarder les nouveaux arrivants sur le marché. L’ADAPTATION AUX NORMES ENVIRONNEMENTALES INDUIT UNE AUGMENTATION DES COÛTS IRRÉCUPÉRABLES Les coûts irrécupérables se définissent comme l’investissement nécessaire pour s’implanter dans un secteur, mais qu’une entreprise ne restant pas longtemps sur le marché ne peut pas récupérer à la sortie. Dans le cadre des règlementations environnementales, il s’agira pour les entreprises d’adapter en général leurs modes de production afin qu’ils n’aient pas d’impact sur l’environnement, particulièrement quand ils sont polluants. Les grandes entreprises sont alors favorisées étant donné que le coût unitaire de mise en conformité à la règlementation environnementale sera moins élevé que pour les petites entreprises. A titre d’exemple, dans les années 90, les entreprises du marché américain de ciment de Portland ont dû s’adapter suite à l’adoption d’une nouvelle règlementation environnementale. Selon une estimation, les amendements de 1990 sur la loi américaine sur la pureté de l’air ont augmenté de 35% les coûts irrécupérables d’entrée sur le marché. Cela a conduit à la faillite de nombreuses petites entreprises productrices de ciment, qui n’ont pas été remplacées par la suite. Le rétrécissement du marché pouvait alors se justifier par le fait que les coûts irrécupérables nécessaires afin de s’adapter aux nouvelles normes environnementales avaient augmenté d’au moins un tiers. LE DÉSAVANTAGE DES ENTREPRISES NOUVELLES PAR RAPPORT AUX ENTREPRISES DÉJÀ PRÉSENTES SUR LE MARCHÉ Le deuxième effet qui caractérise une barrière structurelle relève des avantages des entreprises présentes dans un secteur par rapport à celles de l’extérieur. Avantages qui ont pour effet de limiter l’entrée sur le marché aux concurrents, ou de freiner leur développement. Cette situation est caractéristique aux États-Unis, où sont appliquées des règlementations différenciées selon l’année de création des entreprises. L’application de normes environnementales est alors plus stricte pour les entreprises qui sont entrées sur le marché après une date butoir. Ce concept se justifie par une volonté d’influencer l’exploitation des usines existantes, et d’utiliser intensivement les matériaux anciens. Toutefois, ce programme, New Source Reniew, instauré aux États-Unis est contesté comme entrainant une discrimination contre les entreprises susceptibles de s’implanter sur le marché avec des usines neuves. Les petites entreprises La nécessité d’adaptation sont plus fortement pour les entreprises de se touchées par le mettre en conformité avec les phénomène des coûts normes environnementales et les bouleversements entrainés irrécupérables dans les interrelations entre les acteurs du marché nous amènent alors à nous demander si les concepts de développement durable n’auraient pas un effet nocif pour la concurrence. Pourtant, il faut prendre en considération l’intérêt supérieur qui est recherché par la prise en compte de ces principes. Les critiques relatives aux coûts irrécupérables ou encore aux désavantages entre les entreprises déjà présentes sur le marché par rapport aux entreprises nouvelles ne sont que des critiques qui s’inscrivent dans le court terme. Le développement durable n’aura vraisemblablement d’effets positifs sur la concurrence que dans une considération à long terme. Margarita TODOROVA Taline MÉNÉDJIAN Leslie BLAQUIÈRES POUR EN SAVOIR + « Réglementation environnementale et concurrence » OCDE (2008), Revue de l'OCDE sur le droit et la politique de la concurrence, vol.9/2. « Le contrôle de la puissance de marché: Contribution à une approche juridique du marché » Karounga Diawara, Cowansville, édition Yvon Blais, 2011. Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 23 CONCURRENCE QUELLE PRISE EN COMPTE DE L’ÉLASTICITÉ-PRIX PAR LES ACTEURS ÉCONOMIQUES ? Dans l'exercice de son activité, l'entrepreneur est amené à présenter des projets de commercialisation : ceux-ci seront certainement débattus ou transformés pour finalement être adoptés. Que ce soit pour la commercialisation d’un produit ou d’un service, la question essentielle reste celle du prix. S a détermination en fonction des ressources internes et du marché pertinent est le centre d'un arbitrage auquel sont confrontés les entrepreneurs. Il existe un outil de mesure économique qui regroupe ces deux aspects de la mise en œuvre d'un tel projet d'entreprise: l'élasticité-prix de la demande, ci-après "l'élasticité-prix". Afin de mieux déterminer les enjeux de l’application de cette notion, il est nécessaire dans un premier temps de la définir et de comprendre son interprétation. C’est seulement une fois la notion acquise qu’il est opportun de s’interroger sur la manière dont elle est utilisée par les différents acteurs économiques. Ces deux interrogations semblent similaires, pourtant leurs réponses produisent deux informations différentes qui peuvent cependant être complémentaires. L’essentiel à retenir reste l’interprétation des résultats de cette mesure. S'agissant de l'élasticité-prix directe, si elle est inférieure à 1, la demande est dite inélastique. Autrement dit, les consommateurs sont peu sensibles à la variation du prix du bien. Par exemple, en bon français que nous sommes, l’augmentation de 1% du prix du pain ne changera pas significativement notre consommation actuelle de ce bien. À plus grande échelle, les biens dont l’élasticité –prix est très inélastique sont nommés biens de Giffen (Rober Giffen), ils sont essentiels : les consommateurs sont prêts à faire des sacrifices sur le reste de leur consommation pour pouvoir LA NOTION D’ÉLASTICITÉ-PRIX continuer à satisfaire leur demande pour ce bien. Inversement, si elle est supérieure ou égale à 1, la demande L’élasticité-prix est un outil utilisé principalement en est élastique, les consommateurs vont facilement changer microéconomie qui permet de mesurer la variation d’une de comportement face à cette variation. Prenons les offres donnée en fonction de la touristiques pour des destinations variation d’une autre. Enoncée non encore tout à fait reconnues, comme telle, cette notion la baisse des prix va entrainer une semble vague et pour cause : forte croissance de leur demande. pour appréhender la notion S’agissant de l'élasticité-prix d’élasticité-prix il faut d’ores croisée, elle permet également et déjà comprendre qu’elle est d'établir une typographie des dépendante, à la fois du facteur biens de consommation. Si VARIATION EN % DE LA QUANTITÉ DEMANDÉE qu’elle cherche à mesurer et lorsque le prix d’un bien A VARIATION EN % DU PRIX de celui en fonction duquel la augmente, la demande d’un variation est étudiée. bien B diminue, les deux biens Il existe deux types d’élasticitésont dits complémentaires : on prix: l’élasticité-prix directe qui ne peut consommer l'un sans répond à la question « si le prix l’autre. En guise d'illustration, si VARIATION EN % DE LA QUANTITÉ DEMANDÉE du bien 1 augmente de 1%, le prix des cartouches d'encre VARIATION EN % DU PRIX D'UN AUTRE BIEN comment varie la demande d'imprimante augmente, la du bien 1 ? » et l’élasticitédemande d'imprimante va prix croisée qui répond à la question « si le prix du bien 1 diminuer. En revanche, si le prix d’un bien A augmente, augmente de 1%, comment varie la demande du bien 2 ? ». et que la demande d’un bien B augmente, les biens ELASTICITÉ-PRIX DIRECTE ELASTICITÉ-PRIX CROISÉE 24 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 sont substituables. À titre d’exemple, si le prix du beurre s’envolait, fini la cuisine française pure beurre, en avant la margarine ! Enfin, rassurons-nous de ne pas être dans un monde de consommation binaire: il existe des biens dits indépendants (élasticité-prix = 0) qui, comme leur nom l'indique, ne sont en aucun cas impactés par une quelconque variation du prix de l'un ou de l'autre. Il est impossible de comparer l’augmentation du prix du textile avec la demande grandissante en chocolat ! L’UTILISATION DE L’ÉLASTICITÉ-PRIX DE LA DEMANDE PAR LES ENTREPRISES À DIFFÉRENTS STADES DE DÉVELOPPEMENT L’élasticité-prix de la demande est une mesure, certes, mais se pose alors la question de savoir comment les acteurs économiques aujourd’hui la prennent-ils en compte? Plaçons-nous du côté de l’entrepreneur, plusieurs situations différentes peuvent l’amener à être confronté à cette notion. Supposons une start-up qui cherche à se positionner sur un marché ou, au contraire, une entreprise qui a des parts de marché importantes commercialisant des produits dans un secteur particulier. Il faut envisager de quelle manière l’arrivée d’un nouveau produit peut avoir un impact sur les ventes de l’ancien. Autant de situations qui nécessitent, en amont de la prise de décision stratégique du lancement du produit, une étude à l'aide de l'élasticité-prix. Effectivement, une notion économique telle que l’élasticité-prix joue un rôle important lors d’un positionnement stratégique qui concerne généralement les équipes marketing : l’établissement du marketing mix. Le marketing mix, ou la théorie dite des 4P représente l'ensemble des outils marketing que l'entreprise doit activer de façon cohérente pour faire la promotion d'un produit ou d'un service. Les 4P correspondent aux termes anglo-saxons suivant : price (prix), product (produit), promotion (publicité), place (lieu/moyen de distribution). Sachant cela, il est aisé de comprendre l’influence des résultats donnés par le calcul de l’élasticité-prix. L’élasticitéprix est un levier économique dont il faut se servir pour mener à bien la théorie des 4P. Prenons l’exemple d’un bien substituable, c'est-à-dire dont l’augmentation du prix engendrerait l’augmentation de la demande d’un autre bien à sa place, ne serait-il pas opportun pour ce dernier de valoriser d’autant plus la publicité pour envoyer un message fort ? Cela peut être risqué si l’augmentation de la demande escomptée grâce à l’augmentation du prix du bien auquel le produit en question se substitue n’est en réalité pas suffisante. Dans ce cas, un entrepreneur engageant moins de risque fera le choix d’une promotion plus modérée pour s’assurer un minima de bénéfice. Il s’agit ici d’un exemple reflétant le levier de l’élasticité-prix utilisé via la publicité mais le même raisonnement peut être fait avec la méthode de distribution par exemple. Au-delà de l'aspect du positionnement sur le marché avec un prix compétitif, l'élasticité-prix permet également en aval de faire des études sur les marges réalisées. Prenons l’exemple de l’entreprise ayant des parts de marchés conséquentes dans un secteur particulier. Les études économiques internes prévoient que l'entrée sur le marché du nouveau produit B moins onéreux et substituable au produit A va entrainer une baisse de la demande de ce dernier. Il faut alors que le coût de production de B soit inférieur à celui de A pour en produire et en vendre plus. C'est un arbitrage classique à faire entre une marge réalisée grâce au volume des ventes ou grâce à la qualité des ventes. Les développements précédents mettent en exergue une autre caractéristique de cette mesure. Au-delà de la détermination du prix précédemment évoquée, une évidence apparaît : plus qu’un prix, l’élasticité-prix de la demande aide à définir un marché. AU-DELÀ DE L’ENTREPRISE, UNE MESURE AU SERVICE DU DROIT DE LA CONCURRENCE Au fur et à mesure des années, le droit de la concurrence et sa mise en œuvre ont évolué. C'est un droit essentiellement économique qui a pour principal objectif de maintenir une concurrence équilibrée sur les marchés. Ce notamment grâce à la prévention mais aussi la condamnation des pratiques anticoncurrentielles telles que les ententes, les abus de position dominante ou encore les concentrations. Sachant cela, il est aisé de comprendre tout l'enjeu d'une intégration de notions économiques pour appliquer ce contrôle. Pour répondre au mieux à leurs objectifs, les autorités de la concurrence nationales et la Commission européenne ont mis en exergue l'enjeu de la définition du marché pertinent. En effet, avant même de mettre en application la procédure permettant de déterminer s'il y a ou non une pratique anticoncurrentielle constatée, il faut définir le marché pertinent. Comment? Raisonnons simplement pour comprendre cet enjeu: nous ne comparons pas une tomate avec une pomme de terre. Pourquoi ? Ce ne sont pas les mêmes produits, ils n'ont pas la même utilité, les consommateurs en cas de pénurie de tomate ne vont pas, à la place, consommer des pommes de terre. Les exemples culinaires ont l'avantage d'être caricaturaux et donc assez clairs: nous retrouvons ici la notion de substituabilité des biens chez les consommateurs et donc la mesure de l'élasticité-prix de la demande. Plus concrètement, la Commission européenne définit un marché selon deux critères, un critère géographique et un critère de substituabilité des produits: "un marché de produits en cause comprend tous les produits et/ou services que le consommateur considère comme interchangeables ou substituables en raison de leurs caractéristiques, de leur prix et de l'usage auxquels ils sont destinés." C'est sur cette deuxième phase que l'élasticité-prix de la demande joue un rôle essentiel. Valeska MONTFORT POUR EN SAVOIR + Microéconomie Robert Pindyck et Daniel Rubinfield, 8ème édition, Marson. Site internet Autoritedelaconcurrence.fr Rapports annuels Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 25 INTERVIEW GILDAS DE MUIZON Associé et directeur exécutif Microeconomix, cabinet de conseil en économie spécialisé en matière d’analyse microéconomique et d’économétrie Le conseil en économie est une activité de niche au niveau français Le Petit Journal de l'Économie : Quelles études avezvous faites ? Gildas de Muizon : J’ai à la base une formation scientifique, Math Sup et Spé à Louis-le-Grand, ingénieur de l’Ecole des mines de Paris. J’y découvre l’économie et complète ma formation par un DEA d’économie avant d’entamer une thèse dans le laboratoire d’économie industrielle de l’Ecole des mines. LPJE : Qu’est-ce qui vous a poussé vers le domaine du conseil? Quelles ont été vos motivations premières ? GDM : Durant ma thèse à l’Ecole des mines, j’ai déjà l’opportunité de travailler en tant qu’ingénieur de recherche sur des contrats, par exemple dans le domaine de l’efficacité énergétique avec l’ADEME, l’IFP ou le cabinet de conseil danois COWI. L’application de la recherche académique au monde de l’entreprise me passionne et lorsque François Lévêque me propose à l’issue de ma thèse, de reprendre Microeconomix, je n’ai pas hésité car cela répondait à toutes mes aspirations : réflexion scientifique tout en étant appliquée à des problèmes concrets du monde des affaires et défi entrepreneurial de développer un cabinet de niche. LPJE : Pouvez-vous nous présenter en quelques mots Microeconomix, son activité, les domaines et secteurs auxquels elle offre son expertise ? GDM : Lors de sa création en septembre 2002, Microeconomix est le premier cabinet d’expertise économique appliquée au droit de la concurrence à 26 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 proposer ses services en France. L’activité s’est depuis largement diversifiée même si notre activité historique d’analyse économique appliquée au droit de la concurrence reste importante. Nous analysons le fonctionnement des marchés et les comportements d’entreprises et aidons les avocats de nos clients à renforcer leur stratégie de défense par des arguments économiques solides. Nous intervenons dans les affaires de pratiques anticoncurrentielles comme les cartels ou les abus de position dominante ainsi qu’en matière de contrôle de concentration lors de fusions entre entreprises. Nous intervenons également pour évaluer les préjudices économiques, qu’ils aient été causés par des pratiques anticoncurrentielles ou par d’autres types de pratiques, contractuelles notamment dans le cadre de procédure d’arbitrage. Notre métiers est devenu de plus en plus quantitatif : nous exploitons les grandes quantités de données de marché en mobilisant des outils statistiques et des techniques économétriques pour mesure au mieux les effets, quantifier les préjudices et porter un regard novateur sur certaines problématiques de stratégies d’entreprise. LPJE : Plus particulièrement, pouvez-vous expliciter votre rôle lorsque vous intervenez dans des contentieux de droit de la concurrence ? GDM : Dans les contentieux de droit de la concurrence, nous sommes principalement mobilisés pour analyses les effets de pratiques anticoncurrentielles et quantifier le dommage à l’économie qu’elles ont pu causer. Il s’agit souvent de construire des modèles économétriques permettant par de mesurer le surprix causé par un cartel en tenant compte des facteurs exogènes qui ont pu influencés les prix mais qui ne sont pas imputable au cartel (par exemple les variations des coûts des matières premières). En pratique, nous intervenons en étroite collaboration avec les avocats de nos clients et produisons des rapports aux différents stades de l’instruction. Nous sommes amenés à défendre nos conclusions lors des séances devant les autorités de concurrence et avec leurs économistes. LPJE : Diriez-vous que votre intervention est encore plus utile pour conseiller les entreprises évoluant dans des secteurs régulés, tel que le secteur de l’énergie ? GDM : Les industries de réseau telles que le transport de l’électricité, la téléphonie fixe ou le transport ferroviaire présentent des spécificités dont il faut tenir compte lorsqu’on ouvre à la concurrence des marchés auparavant occupés par des monopoles publics. Par exemple, on parle de monopole naturel pour décrire une situation où il serait inefficace de dupliquer certains actifs comme par exemple un réseau ferré. Dès lors que la concurrence ne peut pas fonctionner, se pose la question de l’intervention publique pour prévenir les abus. Mais il peut très bien y avoir des mesures de régulation qui causent plus de mal que de bien. L’analyse économique est un formidable outil pour évaluer les propriétés de différents modèles de régulation, anticiper leurs effets sur les entreprises et pour le bien-être collectif, etc. LPJE : Enfin, que conseilleriez-vous à un jeune diplômé qui souhaiterait s’orienter vers le conseil ? Quelles qualités sont attendues des nouveaux entrants pour exercer dans votre domaine d'activité ? GDM : Le conseil en économie est une activité de niche au niveau français. On ne compte guère plus d’une cinquantaine de consultants à Paris intervenant sur ces sujets. Il s’agit d’un métier technique et exigeant : chez Microeconomix, nous ne recrutons que des économistes, souvent docteurs en économie, et qui doivent être familiers des logiciels d’analyse de données et des techniques d’analyse quantitative. Il est également très important d’être capable de s’exprimer clairement, de rendre compréhensible des raisonnements qui peuvent parfois être complexes car in fine c’est à des juristes que nous nous adressons et on ne peut convaincre que si l’on est compris. Souvent nos consultants ont un double-profil d’ingénieur et d’économiste. LPJE : Quels sont les apports de votre métier sur le plan personnel ? Ce que je trouve le plus intéressant dans mon métier, c’est d’explorer la complexité du fonctionnement des marchés et la diversité des stratégies d’entreprises. Chaque dossier soulève ses propres questions et nous conduit à découvrir des environnements particuliers. Impossible dans ces conditions de recaser plusieurs fois la même analyse et c’est ça qui est particulièrement stimulant. Le dialogue entre des professionnels aux profils très différents (avocats et juristes, dirigeants d’entreprises, économistes, juges, etc.) est également très enrichissant. Au-delà des travaux d’expertise qui peuvent être très complexes et techniques, il est indispensable d’être capable d’expliquer en des termes simples les raisonnements et hypothèses qui ont conduit aux conclusions obtenues. LPJE : Comment imaginez-vous votre profession dans 10 ans ? Depuis une dizaine d’années, l’expert économiste fonde de plus en plus son analyse sur sa capacité à traiter correctement les données économiques (évolution des prix, des coûts, des quantités vendues, etc.). Cette tendance de fond se poursuit et s’inscrit maintenant dans la généralisation de l’analyse de très grandes quantités de données (big data) qui sont quotidiennement collectées par les entreprises. Les techniques évoluent et l’expert économiste doit élargir ses compétences : statisticien, économètre, data scientist, programmeurs, etc. Marie VINCENT-RENARD Leslie BLAQUIÈRES LE CABINET Création : en septembre 2002 par François Lévêque Siège social : 5 rue du Quatre Septembre 75002 Paris 3 domaines d’expertise : - concurrence - économétrie - énergie L’équipe : tous docteurs en économie, les consultants seniors de Microeconomix sont des ingénieurs et des économistes de haut niveau, polyvalents et dont le professionnalisme et la réactivité font référence. Microeconomix renforce la portée de ses argumentaires économiques en proposant à ses clients la contribution et la signature d’experts académiques renommés. Valeurs : rigueur, créativité et pédagogie sont les maîtres mots de leurs équipes, dont les rapports d'expertise complètent efficacement les travaux juridiques et les réflexions stratégiques de nos clients. Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 27 MANAGEMENT QUELS OUTILS DE MOTIVATION POUR LES MANAGERS ? Outil d’intéressement au capital des managers, le Management Package a pour objectif essentiel d’aligner les intérêts de l’entreprise et de ses managers. Il y a un partage de la valeur actionnariale finale du fait de la prise de risque capitalistique par le manager. É tape préalable à la réalisation d'un projet, la négociation du contrat de management est cruciale non seulement pour la protection des managers investissant dans l'entreprise, mais aussi pour le bon développement de l'entreprise. En permettant aux managers d'investir dans le capital de l'entreprise et en les associant à la réussite du projet grâce à l'attribution d'une part des plus-values réalisées par la société, le Management Package récompense les managers qui ont contribué à cette réussite. Ils ont alors tout intérêt à s'impliquer dans le développement de la société. Cependant, l’investissement requis de la part des managers dans le projet étant souvent conséquent, la négociation du Contrat de management devra être particulièrement réfléchie. Elle devra nécessairement inclure les éléments suivants : la définition des missions confiées aux managers, les droits et obligations des managers, les modalités de la prise de participation des managers au capital de la société, et l'intéressement à la surperformance, en cas de réussite du projet. LES MISSIONS CONFIÉES AUX MANAGERS Il est nécessaire dans un premier temps que le manager se voit confier une mission spécifique, en l'absence de laquelle il ne pourrait arguer de la bonne réalisation de ses tâches. Le manager devra en outre valider que la société présente un véritable potentiel de développement. C'est seulement à l'issue de cette délimitation que la négociation pourra évoluer sur d'autres points. LES DROITS ET OBLIGATIONS DES MANAGERS Les droits et obligations des managers dans le cadre de leur contrat de travail ou de leur mandat social à négocier 28 LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE - Février 2015 sont d'abord les modalités d’exercice de leurs fonctions : prérogatives propres et relations avec les organes sociaux de contrôle, ressources humaines et matérielles à disposition des managers, organisation des délégations de pouvoir… Il faut ensuite débattre, et il ne fait nul doute que les managers y seront particulièrement attentifs, de la rémunération et des avantages accordés par le Contrat de management : rémunération fixe, rémunération variable, avantages en nature, primes exceptionnelles, mutuelle et prévoyance, congés rémunérés, garantie d’emploi… Enfin, le contrat devra envisager les droits après le départ des managers : la durée et la rémunération de la clause de non-concurrence, les indemnités conventionnelles de départ, la couverture chômage… Autant d'éléments sur lesquels il conviendra de se pencher avant de se lancer dans le projet ! LES MODES DE PARTICIPATION AU CAPITAL Les managers peuvent participer au capital de la société par le biais de nombreux outils. Les plus utilisés sont les outils légaux d'intéressement des salariés et mandataires sociaux. Parmi ces outils légaux, on trouve prioritairement des stockoptions, mais aussi des mécanismes d'attribution gratuite d'actions, ainsi que des BSPCE (bons de souscription de parts de créateur d’entreprise) lorsqu'il s'agit de jeunes entreprises. L'intéressement peut également être organisé de manière conventionnelle, par émission de valeurs mobilières au profit des managers, les outils les plus répandus étant alors les ABSA (actions à bons de souscription d'actions), les BSA (bons de souscription d'actions) et les OC (obligations convertibles en actions). De manière résiduelle, certains Management Packages prévoient des mécanismes de sweet equity, des clauses de rétrocession de plus-value dans les pactes d'actionnaires, ou encore des schémas d’intéressement centralisés par l’intermédiaire d’une Manco. Tous ces outils permettront aux managers de recevoir une part des plus-values réalisées par la société. Il convient toutefois d'attirer l'attention sur la manière dont ces outils sont mis en œuvre. L'administration fiscale veille en effet à ce que les managers ne reçoivent pas, sous forme de plus-values, ce qu'elle considère comme étant des salaires et traitements cachés. L'enjeu fiscal étant conséquent le régime des plus-values est plus avantageux pour les managers - l'administration fiscale a tenté à plusieurs reprises de requalifier ces plus-values, et la jurisprudence a dû se mêler au débat. Dans les grandes lignes, il semble que le principe appliqué aujourd'hui soit le suivant : le gain réalisé par un manager dans le cadre de son package est qualifié en tant que plus-value à la double condition que le manager ait pris un risque en capital réel et que ses conditions d’investissement ne soient pas avantageuses. L'INTÉRESSEMENT À LA SURPERFORMANCE (LES "CARRIED INTEREST") Le "carried interest" correspond à la part de la plus-value réalisée par la société qui est restituée au manager lorsque le taux de rendement interne excède un certain seuil, c'està-dire lorsque l'objectif fixé dans le Contrat de management est atteint. C'est le cœur du Contrat de management: c'est dans le but de toucher cet intéressement à la surperformance que les managers vont s'impliquer dans l'entreprise. Il est donc crucial que les conditions d'acquisition de cet intéressement soient précisées. Lors de la négociation du contrat de management, il conviendra donc, dans un premier temps, de déterminer le seuil du TRI (hurdle) à atteindre pour bénéficier du "carried interest". Il faudra également définir le pourcentage de la plus-value accordée au manager : il correspond en général à 20% des profits réalisés dans la plupart des cas, mais peut atteindre 50% dans les cas exceptionnels. Il sera utile en outre d'établir le délai minimum de détention des parts avant d’en bénéficier. Enfin, il faudra décider s’il convient d’accorder uniquement des parts de "carried interest" ou également des parts ordinaires, afin d’associer les managers à la réussite du projet, même lorsque le hurdle n’est pas atteint. Le Management Package est un outil d'intéressement performant, qui permet à la fois des gains conséquents pour les managers motivés, et un développement rapide de l'entreprise concernée. Il convient dès lors d'encourager ces pratiques, favorables à notre croissance économique. Ji-Soo KIM POUR EN SAVOIR + « Le management package, outils d'intéressement au capital des salariés et dirigeants » Laurent Julienne et Alexis Katchourine, édition Lamy. « Le contract management (Performance contractuelle, renégociations, claims : comment sauvegarder et accroître les marges) » Alain Brunet et Franck César, édition Eyrolles. « Pratique du Contract Management - Optimisez la gestion du cycle de vie contractuel » Grégory Leveau, Gualino Editeur. Z OM Serge Clemente VINCI PARK « Le management package, le meilleur outil pour réussir un LBO » Le chairman et CEO de Vinci Park réaffirme l'intérêt des management packages dans le cadre d'un LBO. Le management package est-il le meilleur moyen d’obtenir le maximum d’une équipe dirigeante ? Au sein d’un LBO, deux populations cohabitent : les managers et le reste des collaborateurs. Ainsi, l’alignement des intérêts des actionnaires se fait tant avec les managers qu’avec les salariés. En ce qui nous concerne, les dirigeants ne sont pas les seuls à investir dans l’opération. S’il y a un outil de partage de la valeur au niveau des managers, les salariés bénéficient également d’un fonds commun de placement d’entreprise (FCPE). Cette situation correspond au postulat suivant : les managers investissent à risque alors que le reste des collaborateurs a la faculté de participer au succès du LBO de manière moins risquée. Dans le cadre du FCPE, l’entreprise finance un abondement important permettant de valoriser et de sécuriser l’investissement des salariés. Sous réserve que l’intéressement du management soit assez large et que l’ensemble des salariés de Vinci Park puisse participer aux fruits de la croissance, la mise en place de management packages est le meilleur moyen d’aligner les intérêts de toutes les parties et de partager la valeur. Finalement, c’est l’actionnaire qui demande aux managers d’investir sur la même base que lui et ce, sans garantie ou presque, car la seule protection réside dans la confiance de l’investisseur qui a participé à la vendor due diligence et qui a conçu le plan stratégique. Le fonds demande ensuite à l’investisseur d’allier la parole aux gestes et de montrer qu’il croit en l’opération. D’ailleurs, il faut bien comprendre que si les sommes investies ne représentent qu’au maximum 2 % du capital, elles constituent un engagement important à titre personnel. Pour conclure, le management package est aujourd’hui le meilleur outil pour favoriser la réussite d’un LBO. Propos recueillis par Firmin Sylla pour le magazine Décideurs Février 2015 - LE PETIT JOURNAL DE L'ÉCONOMIE 29 START-UP Un ami m’a dit est une place de marché qui s’appuie sur la force de la recommandation pour générer des ventes. Ainsi, nous mettons en relation des marques et des ambassadeurs en assurant la promotion. Les Ambassadeurs sélectionnent sur notre site les produits qu’ils souhaitent recommander et les partagent à leurs proches par mail ou grâce aux réseaux sociaux. Ils touchent des commissions sur les visites générées sur le site, mais surtout lorsqu’une vente se concrétise. Tous les achats sur le site passent forcément par un ambassadeur. Tout le monde peut devenir ambassadeur, il suffit de s’inscrire. Nous couvrons une large gamme de produits (mode, beauté, puériculture, sport, high tech, alimentaire). COMMENT VOUS FAÎTES-VOUS CONNAITRE ? Nous avons 800 Ambassadeurs qui promeuvent euxmêmes les produits de notre site, et nous diffusons également de nombreuses publications sur les réseaux sociaux et la presse. COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE ? Lancé en janvier 2014, Un ami m’a dit s’inscrit dans la tendance des services « participatifs » se développant sur le web. Aujourd'hui, les internautes sont : - Financeurs : KissKissBankBank, MyMajorCompany... - Créateurs : Quirky... - Taxis : Blablacar, Uber... - Vendeurs : Unamimadit Un ami m’a dit souhaite également capitaliser sur le marché de la vente directe (400 000 vendeurs en France) qui se développe indépendamment de la conjoncture économique. Direction artistique Claire SEICHEPINE Publication – Edition – Rédaction 15 Avenue de la Grande Armée – 75116 Paris Maquettiste Héloïse DAUBANNES Directeur de la publication Adrien CHALTIEL Responsable partenariats Salomé LEWIS Responsable éditorial Laura LIZÉ Dépôt légal 26 septembre 2008 Rédactrice en chef Leslie BLAQUIÈRES Images Shutterstock.com Le parrainage et le bouche à oreille reste néanmoins l’un des meilleurs moyens de se faire connaître. VOTRE PLUS QUEL EST PAR RAPPORT À VOS CONCURRENTS ? Un ami m’a dit n’est pas une place de marché classique. Les ventes sont effectuées par des Ambassadeurs qui effectuent des partages sur les réseaux sociaux ou par mail. Ils mettent en avant les produits grâce à leurs explications et à leur expérience de consommation, ainsi que pourrait le faire un vendeur à domicile. Chaque publication est personnelle et adaptée à une clientèle ciblée. FAIT PAR LES ETUDIANTS POUR LES ÉTUDIANTS Avec la participation de l’ensemble des membres du Petit Journal de l’Économie et de ses rédacteurs. Remerciements particuliers Tous les rédacteurs, qui en plus d’écrire des articles d’une excellente qualité, sont toujours d’un énorme soutien ; l’équipe du MBA de Paris II pour leur aide et leur amitié (Amandine, Tehono, Bertrand, Salomé et Marie) ; le site www.carrieres-juridiques.com; notre régie publicitaire favorite Alpaga Media ; les équipes de Éco-gestion Conseil Strasbourg et de Foot & Stratégie pour leur implication toujours plus active ; et enfin toutes les associations partenaires nous aidant à faire atterrir Le Petit Journal de l’Économie entre vos mains. Communiqué de presse - Agenda Mais où va donc la planète ? - 3ème édition du Printemps de l’Economie Du 13 au 17 avril 2015 à Paris Paris, le 21 janvier 2015 – En 2015, Paris se veut la capitale du changement, changement environnemental, changement sociétal et cela débute avec la 3ème édition du Printemps l’Economie qui a pour thème : « Mais où va donc la planète ? ». Cet événement original, ouvert au grand public compte s’adresser en priorité aux jeunes (lycéens, étudiants, jeunes actifs…) et ainsi œuvrer à la citoyenneté par une meilleure compréhension de l'économie. Du 13 au 17 avril, le Printemps de l’Economie proposera 30 conférences réunissant plus de 100 intervenants (économistes, experts, chefs d’entreprises, politiques mais aussi représentants de la société civile, artistes…) qui interviendront au cours de 5 journées thématiques : Chaque journée sera rythmée par 5 rendez-vous et les soirées seront l’occasion d’événements « grand format » rassemblant économistes, chefs d’entreprises, artistes, grand témoin... Lilian Thuram sera notamment le grand témoin de la soirée d’ouverture sur le thème « inégalité et exclusion, où va-t-on ? ». Le Printemps de l’Economie c’est aussi… Un site Internet, un Blog, une lettre d’information bimensuelle et des rendez-vous entre étudiants et économistes dont la prochaine édition est le 22 janvier à 19h en présence de Selma Mahfouz, Commissaire générale à la stratégie et à la prospective et Xavier Ragot, Président de l’OFCE: Informations et inscriptions A propos des Economiques et du Printemps de l’économie Le Printemps de l’Economie est un événement organisé par l’association les Economiques créée en 2010 et présidée par son fondateur Pierre-Pascal Boulanger, Professeur au Lycée Turgot à Paris et dont l’objectif est d'ouvrir la sphère éducative sur l'économie et d'œuvrer à la citoyenneté par une meilleure compréhension du monde. Le Printemps de l’Economie créé en 2013 a accueilli 1500 personnes et 3000 lors de sa seconde édition en 2014. Le Printemps de l’Economie dispose d’un Conseil Scientifique rassemblant économistes, représentants des médias et des entreprises et aussi d’un Conseil Etudiant (une vingtaine d'étudiants issus d'établissements du supérieur : universités, écoles d'économie, écoles d'ingénieurs et écoles de commerce) qui veille à maintenir un contenu très didactique au programme. Sous le haut patronage de l’Assemblée nationale, ce projet est soutenu par de nombreux partenaires institutionnels, politiques, entreprises (Alternatives Economiques, Assemblée Nationale, Académie de Paris, APSES, CAE, Caisse des Dépôts et Consignation, Centre d’Economie de la Sorbonne, CEPII, Challenges, Cnam, Fondation Croissance Responsable, France Culture, France Stratégie, IGPDE, Insee, Ecole d’économie de Paris, La finance pour tous, Les Economiques de Turgot, Lycée Turgot, Mairie du 3e, Natixis, OFCE, Terra Nova, Xerfi). Suivez nous sur les réseaux sociaux : Contact presse : Agence Ozinfos, RP & Influence – @ozinfos Sophie Odeh - 01 42 85 47 33 / 06 15 55 00 65 [email protected]