XI cahier [ [ LA CAVALCADE DES MOTS OCTOBRE 1997 / MAI 2000 LA CAVALCADE DES MOTS OCTOBRE 1997 / MAI 2000 Dialogue socratique [suite] Cahier XI page 2 Le Xe cahier s’achevait sur une promesse : à suivre. La suite a suivi d’elle-même, et pourtant avec une allure, une direction de marche et des couleurs nouvelles. Car les temps changent. Les saisons se succèdent. Dans les papiers du NTE a été retrouvé un texte qui date de déjà presque un an. Le voici : Ce qu’a dit Lucie Hier, lorsque accompagné de mon jeune ami Euthydème, je quittais la boulangerie qui était devenu notre lieu de rencontre quotidien, j’ai rencontré Lucie qui nous a pris à partie. Elle était assez véhémente. Et, comme toujours quand elle l’est, irrésistible. Elle m’a ramené chez elle et durant des heures m’a étourdi de ses discours. «On change de siècle, de millénaire. Bien sûr ! m’a-t-elle dit. Puis ? Ça n’a aucune espèce d’importance. Sauf pour les niaiseux puérils comme certains que je ne nommerai pas. Millénaire de quoi ? Millénaire de qui ? m’a-t-elle dit. De quel agenda ? de quelle écriture ? de quelle naissance ? de quels dieux ? Je ne me sens pas concernée… N’empêche que lorsque, dans les dates à inscrire en haut des lettres, on passe du 999 au 000, on a beau dire, m’a-t-elle dit en affectant d’être sérieuse, on a beau dire, il se passe quelque chose. Comme dans les petits matins des septembres d’autrefois lorsqu’on rentrait en classe pour une nouvelle année… Moi, j’aimerais que le 000 qui va s’ouvrir soit seulement le sol où poussent de nouvelles graines, inespérées, inattendues, dégagées du 999 trop lourd enfoncé dans sa glaise. 999 ! Quelle fatigue ! Trop de queues basses ! m’a-t-elle dit. Oublie les chiffres, chevauche les mots. Et prends garde de ne pas trébucher. Je t’attends au tournant ! » Voilà ce que m’a dit Lucie… Lucie dit n’importe quoi, je sais. Elle déparle sans gêne et sans raison. Surtout aux petites heures quand le vin, la fatigue et l’amour brouillent la vue, quand la nuit flanche. Mais j’aime l’entendre. Elle est branchée sur l’essentiel. Oui, je l’aime beaucoup. Agathon une étude théâtrale Cahier XI page 3 Jean-Pierre Ronfard, Sylvie Morissette Dialogue entre une éclairagiste et un metteur en scène RITUEL Metteur en scène : Comment se fait-il qu’au théâtre, presque tous les spectacles commencent par un fade out – oh pardon ! un baisser de lumière ? C’est vrai, ça ; à croire que c’est une convention, un code que tout le monde connaît et auquel on obéit sans broncher. Tu vas dans n’importe quel théâtre, dès que la lumière baisse, tu entends le bruit des programmes qui se referment ; les conversations tombent ; vite on tousse une dernière fois. On entre dans le noir. La pièce peut commencer. plus comme toutes les habitudes ? J’avoue que par moments, ça m’énerve. Toutes ces pièces de théâtre, quelles qu’elles soient, qui débutent toutes de la même façon, par un même plongeon dans le noir. Éclairagiste : C’est peut-être un signe, une façon de dire qu’on va se couper de la réalité banale. Metteur en scène : Et faire apparaître une réalité supérieure? Éclairagiste : Quelque chose comme ça. Éclairagiste : T’aimes pas ça ? Metteur en scène : Je trouve étrange que ce soit une pratique aussi unanime. Est-ce que c’est nécessaire ? Est-ce que ça veut dire quelque chose ? Si oui, qu’est-ce que ça veut dire ? Ou bien est-ce que c’est seulement une habitude qu’on n’interroge Metteur en scène : Je trouve encore une fois que nous autres, les gens de théâtre, on est très prétentieux, on joue aux mystificateurs, aux gourous sérieux qui veulent mener le public dans des révélations profondes ! Alors qu’en fait, c’est un jeu, rien qu’un jeu, un jeu auquel on croit, d’ac- cord ! et on s’y livre avec tout ce qu’on est, mais ce n’est quand même pas la messe ! On devrait pouvoir se passer de rituel. CQFS IR] FAUT SAVO [CE QU’IL Conception ette, Sylvie Moriss nfard Jean-Pierre Ro n Distributio lhander, Micheline Da e te, Jean-Pierr et iss or Sylvie M re iè m lu la Ronfard et ie Jean Bard Scénograph te lvie Morisset Sy e ag ir la Éc chnique Direction te i Yvan Zanett tian Gagnon Régie Chris ateau Régie de pl mand Michel St-A Nouveau Production rimental Théâtre Expé 98 17 janvier 19 au 5 Du e Dat 0 à 20h3 Libre Lieu Espace ANECDOTE ÉCLAIRANTE : Au moment où l’étude théâtrale Lumière était à l’affiche, une tempête extraordinaire jetait dans la pénombre plusieurs régions du Québec. La tempête du Verglas. Plus d’électricité, plus de chauffage, la grande noirceur. Mais, par une coïncidence pour le moins mystérieuse, Espace Libre fut épargné. On se demande, à la lumière de cet événement, si le succès de Lumière n’est pas dû au fait que le public, épuisé de vivre dans le noir et le froid, venait tout simplement se réchauffer à Espace Libre pour y voir clair. À ce jour le mystère reste entier. LES OMBRES (Une musique répétitive du genre Arvo Part démarre, on voit l’ombre d’une prisonnière se projetant sur le mur. Long temps de jeu simple.) Éclairagiste : Dis donc, elle a l’air de s’ennuyer à mort. Metteur en scène : Attends, tu vas voir. Il va lui arriver quelque chose. Éclairagiste : Le happening ! Cahier XI page 4 Metteur en scène : Ou plutôt quelqu’un. Un jour, voici qu’on enferme un nouveau prisonnier dans la cellule voisine. La femme ne peut pas le voir. Elle ne peut pas l’entendre. Mais son ombre, à elle, est soudain visitée par une autre ombre. L’ombre de l’homme, prisonnier dans la cellule voisine. (En effet, on voit apparaître une deuxième ombre qui attire la première.) Et les jours passent ; et les nuits ; et chaque soir, silencieusement, les deux ombres se retrouvent, correspondent, se touchent, s’aiment. (On voit successivement sept monters et baissers de l’ombre. Chaque fois avec un nouveau sentiment d’intimité et d’amour.) La femme voudrait que son ombre se libère, qu’elle ne reste pas accrochée à elle-même, à sa réalité pesante, à sa condition de captive. Elle voudrait être comme ce héros d’un conte romantique allemand qui vend son ombre au diable pour conquérir le bonheur... Éclairagiste : Et après ? Metteur en scène : Après ?... Il y a une révolution dans le pays. Les portes des prisons sont enfoncées. Les prisonniers s’échappent. La femme erre par la ville. Elle rencontre le prisonnier qui était enfermé dans le cachot voisin et dont l’ombre la faisait monter au ciel. Ils ne se reconnaissent pas. La vie les sépare pour toujours. Seules leurs ombres auront connu l’amour... CONFRONTATION UN CORPS TRAVERSE LE JARDIN DES LUMIÈRES. Micheline Dalhander, Jean-Pierre Ronfard, Sylvie Morissette Éclairagiste : [...] Mais c’est toujours la même chose avec les gens de théâtre. Et particulièrement les metteurs en scène, vous ne reconnaissez pas l’importance, la DEUX OMBRES SE MÉLANGENT Micheline Dalhander, Michel St-Amand, Jean-Pierre Ronfard, Sylvie Morissette valeur, la qualité de la lumière en soi. Vous la traitez comme une esclave. Metteur en scène : Mais qu’estce que tu racontes ? Éclairagiste : «La meilleure lumière, c’est celle qu’on ne remarque pas !» Oui ! Oui ! Je t’ai déjà entendu dire des niaiseries pareilles ! Metteur en scène : Mais... Éclairagiste : Moi, j’aime la lumière. Je n’aime pas qu’on la méprise, qu’elle soit traitée comme une servante qu’on est bien content de voir servir à table mais qu’on se dépêche de renvoyer à la cuisine quand on n’en a plus besoin. Metteur en scène : Dis donc, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu parles de la lumière comme si tu étais une amante passionnée ou bien une mère tigresse qui se bat pour son bébé. Faut pas en dire du mal, faut pas s’en moquer. Faudrait surtout pas qu’on y touche ! (S’ensuit une altercation entre le metteur en scène et l’éclairagiste. Elle se plaint qu’on convoque toujours la lumière deux jours avant la première au lieu de l’intégrer au cœur même du processus théâtral. Discussion violente. Furieuse, l’éclairagiste sort en coupant l’éclairage de scène et en rallumant les néons de la salle.) LA BOUCANE Metteur en scène : La boucane ! Il ne nous manquait plus que cela ! Éclairagiste : Je sais, tu n’aimes pas la boucane. Est-ce que par hasard tu ferais partie de la croisade antifumée ? Metteur en scène : Ne m’insulte pas. Le mélange de la santé, de la vertu et des discours de la délation, bref, tous les ronrons de la lutte antitabac, ça m’horripile profondément. LA LUMIÈRE MÉCHANTE Metteur en scène : En tout cas, toi et moi, il y a une chose sur laquelle on a l’air de se rejoindre, et pas dans le meilleur je dois le dire, c’est que nous nous faisons une idée assez, somme toute, assez gentille de la lumière. Même ton interprétation est au fond sans danger. Un peu bonbon fondant. Metteur en scène : Non, là, tu es de mauvaise foi. Ce que je n’aime pas, mais alors pas du tout, c’est l’utilisation systématique de la fumée. Aujourd’hui quand tu entres dans une salle de théâtre, avant que la pièce commence, déjà la fumée est là. Comme si c’était un décor naturel, nécessaire, obligatoire. Autrefois, dans les vieux théâtres, il y avait trois décors en toiles peintes : le salon, la rue, la campagne. Au- EN TRAVERSANT UN PAIN DE GLACE, LA LUMIÈRE SE RÉFRACTE Jean-Pierre Ronfard, Sylvie Morissette jourd’hui, c’est comme s’il y avait un seul décor valable pour toutes les pièces : la Boucane. C’est dans ce sens-là que je proclame la formule qui me fait haïr autant par les metteurs en scène que par les éclairagistes : la fumée est au théâtre moderne ce que le tutu est au ballet classique. Une convention ou plutôt une mode qui s’est répandue à partir des années soixante ; à ma connaissance, elle est venue des ateliers de l’Université du théâtre des Nations ; la première fois que je l’ai vue utilisée ici, très bien d’ailleurs, c’était dans un spectacle biblique de l’UQAM monté par Serge Ouaknine. Ça devait être en 72 ou 73. Il y a un quart de siècle. Une mode, c’est bon, c’est beau, mais par définition, il faut que ça change. Éclairagiste : C’est peut-être pas juste une mode, mais tout simplement un moyen de faire dire à la lumière tout ce qu’elle peut nous dire. LA LUMIÈRE PEUT ÊTRE BRUTALE Michel St-Amand, Micheline Dalhander, Jean-Pierre Ronfard, Sylvie Morissette Éclairagiste : Comment ça ? Metteur en scène : Eh bien, oui. Cette fameuse lumière, elle est comme étrangère au drame, on la fait parader au salon, en noir et blanc ou en couleurs, on la fait tourner avec grâce ; elle est molle, elle est douce ; elle arrive sur des fade in sans à-coups ; elle s’en va noblement comme une vieille dame fatiguée. Regarde, toi et moi, comment on la traite, ce qu’on a fait avec elle depuis une demi-heure qu’on en parle. Éclairagiste : Ah oui ! Eh bien, dis-moi ce que tu penses de ÇA. (ÇA, c’est d’abord une décharge épouvantable de son – l’ouverture d’un morceau de Chostakovitch de je ne sais plus quelle symphonie. La comédienne arrive à la vue du public par la petite porte de l’entrée Coupal en haut d’un podium. Elle est poussée par derrière par une lumière brutale. Elle dévale les marches du podium et tente de fuir droit devant elle. Mais elle bute sur une autre lumière qui la rejette en arrière, puis une troisième et une quatrième. Ensuite, elle est chassée dans tous les coins du théâtre par deux projecteurs (de poursuite, évidemment !) montés sur roulettes et manipulés par le régisseur et le metteur en scène. Le véritable ballet qui suit illustre le thème de la lumière méchante (intensités, rup- tures, mouvements, flashes...) et maintenant la lumière est vraiment en action comme un personnage, tandis qu’un texte enregistré avec les voix plus ou moins déformées du metteur en scène et de l’éclairagiste poursuit la malheureuse.) Cahier XI page Éclairagiste : N’empêche qu’au théâtre tu te comportes comme si tu étais allergique à la fumée. À chaque fois qu’on a travaillé ensemble, tu refusais qu’on se serve d’une machine comme ça, qui fournit de la fumée non toxique, non nocive. Il fallait que la fumée soit «naturelle», comme tu dis ! Ça, ça veut dire que pour justifier un effet de fumée, tu faisais allumer une cigarette à un personnage qui n’avait vraiment pas d’affaire à fumer dans une scène d’amour ; ou brûler de l’encens comme dans le fameux show destruction du temple... On suffoquait, on avait tous les yeux pleins d’eau, Robert avec son asthme a failli en crever, Ou bien encore, ça c’était la meilleure, dans L’Histoire du monde en 7 épisodes, le vrai feu avec les vraies feuilles mouillées pour évoquer la caverne primitive... et on est passé proche de faire brûler le théâtre. Une ancienne caserne de pompiers, en plus ! Tout cela pour ne pas se servir de la machine à fumée ! 5 CHRONOLOGIE PRINTEMPS 1997, INVITATION Le Nouveau Théâtre Expérimental convie tous ceux qui auraient le goût d’écrire une pièce de moins de 10 minutes à participer, sous le couvert de l’anonymat, à une démarche intitulée Festival de courtes pièces. Les textes doivent parvenir aux trois membres du comité de lecture (Diane Dubeau, Alexis Martin et Jean-Pierre Ronfard) durant l’été. Ils en reçoivent 207. 15 SEPTEMBRE 1997, PREMIÈRE SÉLECTION Le comité se réunit à huis clos pour cumuler les votes. Quarante-quatre textes sont retenus. 11 OCTOBRE 1997, LECTURE PUBLIQUE DES 44 TEXTES DÉCEMBRE 1997, SÉLECTION FINALE Le comité sélectionne les 20 textes qui composeront un spectacle mis en scène et joué comme une production normale du NTE. DU 6 AU 25 AVRIL 1998, FESTIVAL DE COURTES PIÈCES Cahier XI page 6 RÈGLEMENT ET ANONYMAT Le règlement du concours était strict. Toute pièce dépassant 10 minutes serait rejetée. Chaque texte, accompagné d’une enveloppe contenant le nom de l’auteur et le titre de sa pièce, devait être signé d’un pseudonyme. La sélection était assurée par une Académie composée de Diane Dubeau, Alexis Martin et Jean-Pierre Ronfard qui, après avoir lu les pièces deux fois plutôt qu’une, procédait aux votes : deux oui, la pièce était acceptée ; deux non, elle était refusée. Pas de discussion, pas de procès, pas de juge, pas d’avocat. La méthode mathématique la plus stupide qui soit. L’anonymat s’est vite révélé un élément essentiel de la démarche. Le 11 octobre 1997, lors du dévoilement de la première sélection, les trois membres de l’Académie étaient tenus à l’écart du public, mais celui-ci, grâce à la vidéo, pouvait voir les académiciens lire les textes retenus, ceci pour éviter tout contact direct entre les académiciens et le public, constitué en grande partie par les auteurs des 207 pièces. Ce jour-là, 44 auteurs sont repartis le cœur plein d’espoir de voir leur œuvre passer en finale et monter sur la scène d’Espace Libre le 6 avril 1998. Arrivée des trois académiciens Diane Dubeau, Jean-Pierre Ronfard et Alexis Martin CQFS IR] FAUT SAVO [CE QU’IL um BRE 1997 e Ronfard oduction Kabo DU 11 OCTO tin, Jean-Pierr vidéo Une pr ar n M io is at z ex pt re Al APRÈS-MIDI ca , tie German Gu Diffusion et Diane Dubeau Denis Dubuc, Luc Désilets Triade fatale Mario Calvé, que et régie as ni ér ch au m te de r Ca au eu te ib Direct Turcot e Carl Th e Anne-Marie nce à la régi , Olivier Régie d’imag François Grossin Assista illant-Giroux n so n, Vincent Br dine oë au rb Cl Bo li, e Preneur de No qu ni moges, Pier PIÈCES bardier, Véro E COURTES , Jean-Marc Li tian Vanasse, ée t, Louise Bom ris m ne Le Ch Bi e e e, m lin ng FESTIVAL D au ro -O ill Ca te Alexandre St e Laplante, Gu go Bélanger, urdage, Violet ne Raymond, Auteurs Hu tte, Marie-Lin an-Robert Bo Philip, Claudi Je aume Fréche el t, ill ich ul Gu M ba , e, uf am èr ni Arch Choi eau-Lebe issette itras ution Sylvio minick Parent e Sylvie Mor Micheline Po beau Distrib Paquette, Do irage et régi a Lhoumeau, la ik ène Diane Du ar Éc sc M et , en uc ux e is re Do Zoomba M es Jacques Ross Jacques L’Heu e aux costum régie de plateau Daniel ane Dubeau, rd Assistanc Chauveau, Di et Ba e an qu Je ni es ch stum ion te Libre Décors et co Lupin Direct h Lieu Espace sonore Larsen avril 1998 à 20 25 Conception au 6 é ou Du Danielle Br ental Date Registraire tre Expérim ouveau Théâ oduction N Pr Un texte est-il sacré ? Ici, le choix des manuscrits, leur présentation progressive et la composition finale du spectacle étaient régis par trois fantoches d’académiciens, coiffés de bicor- Ce jeu de théâtre a été joyeusement joué par l’ensemble des participants – et il y en a eu 207 ! Mais il n’est pas sûr que la forme ludique proposée par le NTE ait été du goût de tous. À se demander si certains (ou certaines, bien entendu !) n’auraient pas préféré un concours en règle avec des examinateurs pontifiants, des critiques Cahier XI page Le Festival de courtes pièces s’inscrit dans une démarche que le NTE a pratiquée longtemps : jeux de textes et de non-textes où l’écriture est traitée avec désinvolture ou complètement négligée. Il suffit de rappeler quelques titres : la LNI, les trois Pipe à papa, Nouvelles pour le théâtre, La Californie, Le Trésor des pyramides, etc. Dans tous les cas, il s’agissait de pseudo-compétitions aux règles fixées d’avance que les joueurs, en principe, acceptaient de suivre dès lors qu’ils acceptaient de jouer. nes de cérémonie, dont les délibérations se bornaient à additionner les oui et les non. Sans discussion. Sans ombre de critique. L’anonymat préservé jusqu’à la dernière minute, à savoir après la première représentation, ajoutait du piquant à toute l’entreprise. 7 Jacques L’Heureux approfondies, des justifications, des comptes rendus et une remise de prix distinguant les œuvres valables – les leurs – des insignifiantes. Ce n’était pas notre propos. Ni notre style. Mais que signifie alors cette façon narquoise de traiter l’écriture ? Du mépris ? Certainement pas. Quoi alors ? Peut-être un rejet des mystifications romantiques qui font du poète une créature élue des dieux pour être leur porte-parole ou plus simplement une invitation à considérer tout ce que nous faisons, les uns et les autres, gens de théâtre, comme une agitation superficielle, éphémère et futile, même si nous nous y adonnons à plein et parfois avec le sentiment d’être nécessaires à la suite du monde. Humour tourné vers soi-même qui protège sainement de l’amère paranoïa ou de la schizophrénie exaltée. Diane Dubeau, Marika Lhoumeau Que reste-t-il de toute cette aventure qu’a été le Festival de courtes pièces et qui a duré plus de 10 mois ? D’abord, des souvenirs de gamins qui se cachent du voisin trop curieux, qui s’agacent du secret de la fête, qui ruminent leurs «j’aurais-bien–pu-j’auraisdonc-dû» et qui, pour finir, s’amusent du résultat : 20 pièces rassemblées en un spectacle auquel, que leurs textes aient été choisis ou non, ils ont participé. Reste aussi la masse considérable des 207 textes, engrangés aujourd’hui à la bibliothèque de l’École nationale de théâtre du Canada et au CEAD, qui représentent la meilleure radiographie théâtrale qui soit de notre société à la veille de l’an 2000. Le NTE Micheline Poitras, Sylvio Archambault UN PERSONNAGE IMPORTANT – Derrière chaque fredaine du Nouveau Théâtre Expérimental, où l’idée d’un spectacle vient souvent par hasard et où le pourquoi cède souvent au pourquoi pas, il y a toujours une personne sérieuse sans qui ce projet n’aurait jamais lieu. Cahier XI page 8 On m’avait dit une trentaine de textes mais on en a reçu 207. Je n’y arriverai jamais. 1. Réception Tiens, cette enveloppe parfumée me dit quelque chose... Ne serait-ce pas encore cet auteur qui a envoyé au moins 12 autres textes déjà ? Vraiment, y en a qui exagèrent ! Mais les petits mots sont sympas. 2. Triage – A-t-elle bien mis le bon numéro avec le bon auteur sur la bonne enveloppe ? Ça fait seulement 10 fois que je recompte mes enveloppes et me voilà avec ces deux feuilles non paginées, dont une manuscrite ! Allez, hop ! poubelle ! Non mais... 3. Recomptage – Va-t-elle les jeter ou bien? Non, elle résiste. 4. Texte perdu – Ouf! Terminé. Ah non! mais qu’est-ce qu’il fait là lui? Allez, courage! recomptage ! Ah oui ! Le manuscrit absolument illisible. Quoi faire? Rentrer chez les bonnes sœurs ou piler sur sa probité? Elle ne va tout de même pas tout recommencer pour un texte dont l’auteur ne s’est même pas donné la peine d’écrire correctement... Cette personne, dans toute l’aventure rocambolesque du Festival des courtes pièces, fut la registraire. C’est elle qui a colligé tous les textes et veillé à l’anonymat le plus strict. Son intégrité fut mise à rude épreuve. En effet, des auteurs connus et inconnus ont voulu forcer le secret des sélections. Cette dame respectable a préféré garder l’anonymat, mais pour les besoins de la cause, nous l’appellerons Banielle Droué, nom fictif vous l’aurez deviné ! Elle nous a raconté son expérience. Un vrai roman où se déploient l’angoisse, la séduction, la vertu et le mystère. Voici ici représentées LES ANGOISSES D’UNE REGISTRAIRE Ici, ce sera parfait. 5. La cachette – Banielle Droué semble ne pas se méfier, mais des yeux concupiscents cachés dans le dos d’une certaine personne ont tout vu ; celle-ci se prépare peut-être à déflorer le secret de la registraire. 6. La grande angouasse de la méprise – Elle doit absolument téléphoner à cet auteur, elle n’a pas le choix. Il a été choisi pour participer à la sélection finale, mais elle ne sait plus si elle lui a attribué le bon titre de pièce. Il m’a dit que j’avais une belle voix. Il est si gentil, il a l’air si mignon. 7. Le dragueur – Peut-être est-ce le début d’une grande histoire d’amour. Lui a-t-elle dit s’il a été choisi ou pas ? Ça fait quand même plusieurs fois qu’il appelle. Pauvre petit lui, comme il doit être angoissé ! 8. La liste – Banielle Droué, déguisée en agent secret, une disquette à la main devant l’ordinateur. Cahier XI page Usons de ruse. Je vais commencer par lui demander comment vont ses parents, ensuite... Ensuite, on verra. 9 MANIFESTE 6 avril 1998 • L’ORGANE • No1 Pour célébrer cette époque opaque que nous traversons la main rivée sur le manche usé de notre hors-bord existentiel, nous érigeons L’Organe comme moyen d’expression, véhicule de communication et objet journalistique à géométrie variable. La devise «Soyons sérieux» témoigne du fait qu’il nous arrive de ne pas l’être ; toutefois, nous tenons à parler sérieusement d’une chose : le théâtre, le théâtre et encore... le théâtre. Cahier XI page 10 L’Organe vient d’un désir, d’une envie, peut-être d’un besoin de se commettre par écrit sur des sujets qui nous touchent plutôt que de s’en tenir aux propos fuligineux des fins de party, tout en conservant de ces heures de brume l’humeur gouailleuse, l’indignité assumée, la désinvolture, l’humour plus ou moins bas, l’invention, l’incohérence, la liberté. Quelle forme d’écriture ? Toutes les formes d’écriture : critiques corrosives, pensées profondes, didascalies débridées, poésies pures, témoignages, anecdotes, journaux intimes, etc, etc, etc... L’Organe ne veut pas se substituer aux journaux et périodiques existants. Il tente d’être un forum ouvert à tous ceux qui – public et praticiens – s’intéressent au théâtre. Un forum privilégiant une écriture des plus personnelles. Il n’y a pas de censure. Chaque écrivain est responsable de son écriture. À l’exemple de la pratique théâtrale, chaque numéro est un objet original, sans préalable et sans suite obligatoire. Chaque exemplaire est unique. Le comité éditorial se sabordera après chaque parution et laissera la place à de nouvelles équipes qui réinventeront de nouvelles formules. Un journal, pour quoi ? Pourquoi pas? L’Organe o n1 Le plus beau sur les murs : un dazibao, sorte de murale Explicage - Sophie Dion, Claudine Raymond, François Archambault, Paul Savoie, Alexis Martin Dans les cuisines de L’Organe Évidemment, pour mettre L’Organe au monde, une foule de collaborateurs ont été mis à contribution. Pour l’écriture des articles, bien sûr, mais aussi pour la mise en forme finale. C’est-à-dire : plier, décorer, dessiner, lécher, coller, relier, étendre, rouler, peindre, sécher, vérifier, encourager, rigoler. Il y eut donc quatre joyeuses corvées avec repas cuisinés par le maîtr queux d’Espace Libre, J.P. Petit pliage - Éric Loiseau, Pascale Montpetit Pour L’Organe no un, journal à placarder sur les murs, nous avons mangé des moules des plus exquises et bu quelques verres de vin. Pour L’Organe no deux, carnet intime à mettre dans la poche, il y eut au menu un cassoulet selon une recette originale. Pour L’Organe no trois et ses 31 lettresmessages à déterrer du sol d’un terrain vague proche d’Espace Libre, il y eut deux repas, le travail étant beaucoup plus laborieux que pour les précédents. Tout d’abord un gigot d’agneau le premier jour, puis un saumon de taille supranormale le lendemain. Bien sûr, nous avons arrosé cela. Pour L’Organe no quatre, nappe de table porteuse de textes consistants, nous avons dégusté, sur ladite nappe fraîchement sortie des presses, des lentilles au lard. Les taches de vin ont été déclarées authentiques et conservées comme pièces à conviction. Mirage - Alexis Martin Coloriage - Sophie Dion, Paul Savoie, François Archambault Fixage - Olga Claing CQFS d, o 1 LE PLUS BEAU dine Raymon L’Organe n is Martin, Clau ex Al n io ct da e Comité de ré Baril, Martin nfard ult, Chantal Jean-Pierre Ro çois Archamba lga Claing, O an e, Fr s gn ur pa te am Collabora ne, Louis Ch Léger, Éric de Cambron Jean, Roger Gagnon, Éric Beaulne, Mau ve Provencher, -E ie ie ar ar M -M e, ne tt An Richard Fréche artin, Pascale Montpetit, ssins et de on isi is M nfard Superv Ro e Loiseau, Alex rr ie -P an ond, Je ie Daigle Claudine Raym aphisme Sylv elle Broué Gr couleur Dani èces 6 avril 1998, de courtes pi Lancement re du Festival iè em pr e la br lors de Espace Li répétition d’ Lieu Salle de Cahier XI page Gros pliage Claudine Raymond, François Archambault, Roger Léger IR] FAUT SAVO [CE QU’IL 11 Coloriage - Martine Beaulne, Pascale Montpetit, Paul Savoie, Éric Jean (à l’avant : Éric Loiseau) Rigolage - Pascale Montpetit, Paul Savoie, Éric Jean Démêlage - Claudine Raymond, Jean-Pierre Ronfard Coloriage Nicole Morissette Coloriage - Sophie Dion, Pascale Montpetit Numérotage - Jean-Pierre Ronfard Triage Tiraillage – Alexis Martin, Marthe Boulianne Séchage [Moules] Jean-Pierre Ronfard Fin de la corvée o L’Organe n 2 Le plus intime dans la poche : petit tout petit L’Organe format poche Le plus antique dans la terre : un paquet de lettres dans un sac de plastique exhumé le jour du lancement Manuel d’assemblage à l’usage des fabricants de l’Organe no 3 L’organe no3 c’est : 300 copies de 31 lettres de une ou deux pages dans 31 enveloppes de format variable à assembler et à décorer. Nous vous l’avouons (et nous en sommes conscients) : il faudra exécuter un grand nombre de manipulations avant de pouvoir donner à cet organe le nom de journal... Donc, afin de réussir cette corvée qui s’annonce pleine de joie, voici un déroulement proposé, par pile de lettres. Cahier XI page 12 Didier Lucien, futur lecteur, le comité de rédaction : François Archambault, Marie-Eve Gagnon et Éric Jean, et la coordonnatrice Claudine Raymond CQFS IR] FAUT SAVO [CE QU’IL E o 2 LE PLUS INTIM L’Organe n çois an Fr n io ct da Comité de ré gnon, Marie-Eve Ga Archambault, Éric Jean urs François Collaborate rdier, Louise Bomba t, ul ba Andrée Vachon, Jacques Samson, Marie-Eve Gagnon (de dos), am Arch sard, as Br ie ar ault, M Roch Aubert, Robin Aubert, Robert Claing (de dos), e, Gary Boudre scal Contamin Pa s, an Diane Dubeau, Charlotte Rouleau, Jean-Pierre Ronfard, m le Pascal Brul bois, Lük Du ice tr Jules et Alice Ronfard Pa , Diane Dubeau Isabelle Eve Gagnon, Fleury, Marie ante, pl La e ev Jean, St Hubert, Éric , al nt Pi , Lorraine Alexis Martin illia Roger, isc Pr d, on Claudine Raym tte nfard, Charlo minik Jean-Pierre Ro Do y, Ro lle manue le Rouleau, Em ig Da ie lv hisme Sy Thurber Grap lemans, ul Br al sc Pa Illustrations tion de andin Correc Frédéric Norm ce fran textes Paul La e 1998, : 23 novembr Lancement du re tu er lors de l’ouv ots Temple des m répétition de lle Sa : Lieu e br Li d’Espace SECTION PLIAGE • Plier la lettre selon le modèle d’enveloppe qui lui est destiné (suivre le plan affiché sur le mur ou demander l’aide de Sylvie Daigle). • Étamper un nombre sur l’enveloppe en le faisant concorder avec la date se trouvant sur la lettre (attention aux 6 et aux 9, ce serait dommage de mélanger des journées...). • Encarter chaque lettre dans son enveloppe. • S’assurer que votre lettre ne comporte pas d’ajouts spéciaux (sable noir, aiguille de pin, plume de couleur, cendres...) Si oui, l’insérer dans l’enveloppe avant de coller. • Coller la lettre à l’aide d’une éponge mouillée ou avec l’objet révolutionnaire apporté par Stéphane Crête (manipulation expliquée par Stéphane). • Empiler les lettres par tranche de 100 et les mettre en quelque part (dans une boîte ou le long du mur). VOLET ARTISTIQUE Chaque lettre étant unique, un soin particulier sera accordé à la décoration d’enveloppes. À votre disposition : ciseaux, colle en bâton, encrier, timbres, ainsi qu’une innombrable quantité d’images et de petits collants recueillis minutieusement par les membres du comité. Consulter le département de la décoration avant d’entreprendre une série d’enveloppes. Soyez créatif dans les limites de votre commande. OPÉRATION ASSEMBLAGE Les 300 lettres de chaque jour sont pliées, encartées? Les enveloppes sont numérotées, décorées, cachetées ? Tout est dans des boîtes ? Bien ! Maintenant, assemblons ! Le travail à la chaîne est recommandé pour les prochaines étapes. • Assembler dans l’ordre un paquet de 31 lettres (de 1 à 31). • Attacher le paquet à l’aide d’un ruban (fourni par le comité). o n3 Stéphane Crête Jean-Pierre Ronfard, Maryse Warda, Martine Beaulne Cahier XI page • Insérer le tout dans un ziploc de format approprié. • Ajouter le carton de présentation ainsi que la page de garde. • Ajouter une cuillerée de terre en provenance de Sainte-Béatrix (prévoir exécuter cette opération sur une surface recouverte de papier journal). • Refermer le ziploc hermétiquement. • Agiter le sac afin de donner au paquet de lettres cet aspect «découverte archéologique» tant recherché. • Finalement, apposer l’étiquette du prix et constater que c’est donc pas cher pour tout le travail que vous venez de faire. • Ne partez pas avant d’avoir empilé le produit final dans de grandes boîtes pour faciliter la manutention. Martine Beaulne, Maude Côté Leduc, Claudel Taillon Boulianne 13 François Archambault, Caroline Dardenne, Claudine Raymond et le bébé d’Hélène Mercier Éric Jean CONSEIL FINAL Malgré l’ampleur de la tâche, ne vous découragez jamais. En période de doute, imaginez les yeux émerveillés de l’acheteur qui saura apprécier l’effort manuel et reconnaître la beauté de votre travail. Merci d’avance. De par la nature bricolatoire de la corvée, vos enfants sont les bienvenus pour contribuer à la tâche. Huy-Phong Doan, Sylvie Daigle, Martine Beaulne, Yvan Bienvenue Stéphane Crête, Anne Catherine Lebeau, Zoomba Stéphane Crête un dévoué de L’Organe et de ses extensions Marie-Eve Gagnon, Zoomba CQFS IR] FAUT SAVO [CE QU’IL E o 3 LE PLUS CÉLÈBR L’Organe n tine Beaulne, ar M n io ct da Comité de ré Stéphane Crête e, is Yvan Bienvenu bour, Franço urs France Ar e tin ar M Collaborate ti, et Angelo Bars Archambault, uise Huy-Phong Doan, le maître queux Jean-Pierre Bienvenue, Lo an Yv e, ln bois, Beau ul Co e Ronfard, France Arbour, Zoomba et le gigot ud -Cla an Je r, ie rd yBomba ie Daigle, Hu lv Sy e, êt Cr Stéphane gnon, David , Marie-Eve Ga Phong Doan Silvy Grenier, e, tt ye Go de , Gaucher, Clau Alexis Martin ul Lefebvre, r, cie Éric Jean, Pa er M ne çon, Hélè , André Melan Étienne Paré nar, Françoisan Je Georges Mol d, on audine Raym iel Luc Proulx, Cl lain Roy, Gabr Al d, ar nf Ro ne ni Ja Pierre , nd ra es Sioui Du , Sabourin, Yv aryse Warda M , ay bl em Tr Sutto, Larry Daigle ie lv Sy e sm hi Zoomba. Grap france textes Paul La , lors de la Correction de 99 19 e br 5 novem Moussia Cardinal Lancement ots e br Li ce pa reprise des M Es d’ vague à côté Lieu Terrain Lyne Nault, Angelo Barsetti Olga Claing Maryse Warda, Yvan Bienvenue o L’Organe n 4 Le plus mangeable sur la table : une longue nappe conviviale Cahier XI page 14 Table d’emballage : Antoine Laprise, Fanny Britt, Muriel Dutil, Louise Lavoie, sa fille Thanh, Daniel Desjardins, Sylvie Daigle, François Archambault et, de dos, Émilie Bibeau et Claudel Taillon Boulianne Table de décoration : Jean-Pierre Ronfard, Muriel Dutil, Jeanne la fille de Marie-Eve Gagnon, Antoine Laprise, Sylvie Daigle, Clermont Jolicœur et, de dos, Claudine Raymond et Daniel Desjardins Table d’alimentation : Muriel D., Antoine L., Claudel T.B., Sylvie D., François A., Stéphane Crête, Claudine R. et, de dos, Émilie B., Moussia Cardinal, Clermont J., Luc Proulx et Daniel D. CQFS Le comité de rédaction : Muriel Dutil, Antoine Laprise et Huy-Phong Doan, lors du lancement à Québec IR] FAUT SAVO [CE QU’IL GEABLE o 4 LE PLUS MAN ong Doan, L’Organe n l Dutil, Huy-Ph ie ur nM io ct da ré Comité de Archambault, ise s lard, François Antoine Lapr , Jean-Françoi s Catherine Al au ur be te Bi ra e ili bo Colla e Beaulne, Ém le, ig tin ar Da M ie , lv ril Sy Ba Jacques hane Crête, , Sylvie ne Côté, Stép Phong Doan Caron, Lorrai sjardins, HuyDe el , ni an Da Je ic é, lp , Ér Jean-Marc Da ie-Eve Gagnon e Laprise, Louise iel Dutil, Mar ncas, Antoin Jo Drapeau, Mur e in er th Nadeau, Luc œur, Ca tpetit, Michel Clermont Jolic Pascale Mon aphisme , Gr tin d ar ar M nf is Lavoie, Alex Jean-Pierre Ro d, on ustrations ym Ill Ra ce an ne xtes Paul Lafr Proulx, Claudi te de n tio ec Corr ille Sylvie Daigle y de Boucherv l’école Gentill dre du ca le es enfants de ns da , 14 mai 2000 uébec Lancement théâtre de Q rnational de te in r ou ef c rr be Ca Qué ns d’Edgar, à Lieu Les Salo L E S AT E L I E R S D U N T E Ce ne sont pas des «work in progress» (étrange mot qui sert souvent à couvrir et à justifier des erreurs possibles). ATELIER ÉTRANGE «Je suis une machine-à-cauchemars. J’en sécrète comme l’érable sa sève. Mille enfants terrorisés se cachent dans mes placards. À mon grand étonnement, l’insoutenable horreur qui m’habite se transforme en grotesque lors du passage au récit. Je fais dans l’enfance et dans le conte. J’adore la manière courte-musclée du genre. Ogresse dans la forêt des songes, je bouffe la chair trop tendre, ma compassion est sans limite, il me faut goûter là où ça gicle.» – LOUISE BOMBARDIER Texte Louise Bombardier Mise en scène Diane Dubeau Distribution Violette Chauveau, Diane Dubeau, Marie-Josée Forget, Maxim Gaudette, Dominique Leduc, Jacques L’Heureux Musique Hélène Bombardier Régie Luc Désilets Direction technique Michel St-Amand Aide à la production Luc Taillon Production Nouveau Théâtre Expérimental Date 25 et 26 avril, 2 et 3 mai 1999 à 20h30 Lieu Salle de répétition d’Espace Libre Faites de beaux rêves ! paraissent. Derrière les fissures des murs, leur C’est la nuit, l’heure fantasmatique du caucheœil mauvais vous épie. mar et de l’insolite. La réalité disjoncte pour Dans un chalet perdu, une femme accouche vous jouer de mauvais tours. Tout est possible : d’un monstre. Il fume la pipe et mange des aberrantes atrocités et désirs incongrus. souris. Le rire sardonique du M.C. vous surprend. Un faux prophète emprisonne sa fille pour Ce vieil homme hermaphrodite décadent à la la préserver du monde. Tania, vierge salvavoix brûlée par l’alcool vous invite à pénétrer trice, écrit pour se relire. La voix claire du dans son petit musée des horreurs. «Pénétrez, jeune pianiste l’envoûte. À travers le mur, elle pénétrez, ladies and gentlemen... Soyez pas lui fait l’amour. Les rires mélangés du père et du gênés. Entrez voir mes beautiful monsters.» jeune homme. Le couteau. Les coups dans le Un cirque du cauchemar, that’s entercorps bourré du mannequin. Le sang. tainment ! Le M.C. part le show. Tania, prêtresse, s’envole par la «Ousqu’a l’est la limite ? Y en a fenêtre après avoir mystérieusepu my friend ! Je fais honneur ment assassiné son père. aux petites horreurs.» Le Week-end à la campagne. bon vaudou opère. Il livre Lili vient soigner son mal ses monstres aux voyeurs de vivre au chalet de son et s’en délecte. Vous amie. Il fait sombre et plongez dans le freak froid. Myriam prend la show des difformités de hache... pour couper du l’âme humaine, où des bois. Dans un coin, un créatures tordues pousétrange landau. Le bébé sent l’horreur aux limites grogne. Il appelle Lili. Le de l’absurde. L’enfer et le rire de Myriam éclate. cauchemar peuvent parfois «Une petite partie de cartes, devenir comique. Lili ?» Dans cet univers glauque, les Un air de banjo. Deux idiots histoires s’entremêlent comme des cherchent leur mère. Avec le bidon vipères. Les contes de fée traversant Marika Lhoumeau, d’essence, ils ont flambé l’oncle Jessie. les miroirs déformants du cauchemar Violette Chauveau Une fausse mère ogresse les fait enet de l’innocence des enfants ont queltrer. Elle ne mange pas, elle les baise. que chose d’étrangement pervers. Les objets se Le feu purifie tout. métamorphosent et les animaux parlent. Les L’enfant monstre a 13 ans. Son corps velu et maisons craquent, les enfants assassinent les son rire lubrique ont conquis la pauvre Lili, faux prophètes. Leur ardent désir de liberté tue. quadragénaire en mal d’amour. Elle est Rien n’est normal, il n’y a que l’apparence douce. L’enfant l’a attachée. C’est un jeu. Ses passagère de la normalité. bas de nylon pendent sur ses chevilles. «Non, Une élégante femme-cheval apparaît derpas la culotte !» Le feu de la bougie sur la rière sa longue chevelure noire. Elle hennit peau. La vodka qui coule. Sur le visage de Lili, l’histoire de son extraordinaire vie, un verre la peur et le désir mêlés. Doux sévices. de champagne à la main. Sur un piano, une «Good fucking dreams, mes petits chéris.» étrange peau d’ours ensorcelle Fanny, l’enDominique Leduc fant prodige. Des femmes apparaissent et dis- Les ateliers du NTE – Cahier XI page 15 Ce sont des spectacles montés à peu de frais dans une salle de répétition, pour quelques soirs, devant un petit nombre de spectateurs. C’est aussi, espérons-le, un moyen d’éprouver, hors du cadre d’une grande salle, des modes de communication inhabituels. Quoi qu’il en soit, ce devrait être un moment de plaisir pour les uns et les autres. ATELIER ARISTOPHANE : LES CLONES Un atelier politique ?… À partir de l’œuvre d’Aristophane ? !… Parler de politique au théâtre ? ! !… Ah, tiens… Aristophane écrit des comédies qui traitent de la cité grecque. La Polis. D’où notre mot “politique”. Les affaires de la cité… la nôtre ! Lire Aristophane, déceler les procédés de l’auteur, concocter une comédie dite aristophanesque. À ceux qui veulent en savoir plus : lire Aristophane. À ceux qui veulent en faire plus : s’intéresser aux affaires de la cité… Un objet théâtral qui tente de retrouver, dans la pratique du jeu, la liberté et la folie imaginative du vieux modèle TOUT PEUT SE DIRE, TOUT DOIT SE DIRE SUR UNE SCÈNE, les choses les plus légères qui nous amusent, mais aussi les choses les plus graves auxquelles le destin de la cité est lié. Les ateliers du NTE – Cahier XI page 16 Dirigé par Alexis Martin et Jean-Pierre Ronfard Auteurs-metteurs en scène-comédiens Daniel Brière, Michel Charette, Sophie Clément, Evelyne de la Chenelière, Alexis Martin, Jean-Pierre Ronfard Environnement visuel Paul Savoie Graphisme Folio et Garetti Production Nouveau Théâtre Expérimental Date 16, 17, 23 et 24 mai 1999 à 20h30 Lieu Salle de répétition d’Espace Libre QUAND Alexis Martin m’a téléphoné pour participer à l’atelier Aristophane, j’étais très excité à l’idée de jouer avec Alexis et Jean-Pierre ; par contre, quand Alexis m’a expliqué le projet en mentionnant qu’on allait tous, je dis bien tous, participer à l’écriture du texte, mon excitation a diminué. «Alex, je suis un acteur, pas un auteur» que je lui réponds... Il m’a dit, en riant «Voyons, c’est pas grave, si tes textes sont pas bons, on les jettera...» C’est effectivement cela qui est arrivé. N’ayant pas de talent pour l’écriture dramatique, je me suis dit qu’il fallait que je sois utile à autre chose... Après maintes rencontres avec la troupe, nous avons décidé d’arrêter notre choix sur le clonage, sujet passionnant et surtout très actuel (notre première rencontre remonte à novembre 1998 : Dolly la brebis était un sujet chaud). Donc, ayant le clonage comme thème et surtout le devoir de bâtir une pièce de style aristophanesque, nous nous demandions comment nous allions réussir à réunir ces deux éléments qui sont complètement opposés. Le clonage, sujet sérieux, et Aristophane, auteur dérisoire qui aimait bien provoquer, déranger et surtout ne pas se prendre au sérieux. C’est là que mon travail a commencé. La manipulation génétique ou clonage était un thème plus ou moins connu, donc j’ai eu la tâche d’aller fouiller... Livres, Internet, beaucoup d’Internet, pour apporter l’information nécessaire pour bâtir notre chef-d’œuvre, Ah ! Ah ! Ah ! Cela m’a permis de ramasser une multitude de renseignements concernant le côté “technique“ de la manipulation génétique. Ainsi, nous avons pu construire une pièce comportant le plus de termes médicaux exacts, côté sérieux de la chose, tout en s’éclatant dans la dérision la plus totale. Imaginez Janette Bertrand, le pape, Jean Chrétien, Jean Coutu, Dolly, Zeus et plusieurs autres parler de clonage de façon négative ou positive dans une tenue digne des plus beaux costumes grecs. Non seulement l’atelier nous a permis d’explorer un univers théâtral peu répandu chez nous, mais en plus, nous avons découvert un univers médical que nous connaissions à peine. Ce fut un spectacle médicalement culturel... Merci Ian Wilmut, créateur de Dolly la brebis, et ce n’est pas fini, y parait que Raël veut cloner des humains... C’est pas une pièce.... C’est vrai... À suivre... Michel Charette clown grec, bassiste des Metaxa Le célèbre duo Lanoix et Legrand : Michel Charette et Dan À droite : Alexis Martin en visionnaire Ci-contre : Michel Charette Ci-dessous : Jean-Pierre Ronfard, bricoleur Naïf et sava Aristophane ne qui inquiétaient démocratie, l’ar culture, etc. De toucher, sans ga des sujets brûlan Comme on ne posait un travai ignorants que n lorsque se retro l’Institut Pasteur il y en a un dans invités au specta Ils ont même a humaines que n eux-mêmes et n Il faut dire Legrand-Lanoix. Legrand, celui q Personnages ass la vie. Ci-dessous, quelques-uns des artisans des Clones : Isabelle Gingras, adjointe du NTE, et Sophie Clément ; l’élégant Alexis Martin au photocopieur ; Evelyne de la Chenelière ; Sophie Clément et Jean-Pierre Ronfard ; le concepteur visuel Paul Savoie ; à gauche, une colonne de marbre ATELIER FANTASTIQUE Il s’agit pour l’essentiel d’une courte pièce de moins de quatre heures, où il est espéré que l’auteur saura rendre quelques vertus propres au genre fantastique, tangibles dans l’espace et le temps, par la voix et le corps interposés d’acteurs et d’une actrice. Il s’agit non pas de livrer un objet définitif, mais un intéressant objet de transition, véhicule d’une prochaine exploration. Conférence d’ÉRIC DELVAL suite à la présentation de l’atelier Fantastique niel Brière ants craignait pas d’aborder dans ses comédies les sujets t ses concitoyens : la guerre, les périls menaçant la rgent, la corruption du langage, la décadence de la même, l’équipe de l’atelier Aristophane a prétendu ants protecteurs autres que l’humeur bouffonne, l’un nts de notre époque : le clonage. e peut quand même pas dire trop d’idioties, cela supil sérieux de documentation, indispensable pour les nous sommes en la matière. Ce qui fut fait. Pourtant ouvèrent dans la salle une chef de laboratoire de r et un directeur de la recherche médicale de McGill, la troupe qui n’en menait pas large, celui qui les avait acle. Mais non! Ils ne nous ont pas trouvés ridicules. affirmé que toutes les questions éthiques, sociales, nous, les bouffons, nous posions, ils se les posaient e savaient pas mieux que nous les résoudre. e que, comme meneurs du jeu, œuvrait le couple . Lanoix, celui qui ne sait rien et qui veut tout savoir. ui prétend tout savoir et qui ne sait pas grand-chose. sez semblables à bien des gens que l’on connaît dans Madame, Monsieur, bonsoir ! Mon nom est Éric Delval... Nous avons tenté avec nos camarades, au long... de cette courte séance, d’explorer un tant soit peu la relation aléatoire qu’il peut y avoir entre le genre fantastique et le théâtre. Vous pardonnerez aisément le dénuement et la simplicité des accords que nous avons formés avec nos pauvres outils... Quoique nous ne nous en excusions nullement, puisque, jusqu’à un certain point, nous aimons notre maladresse, et la cultivons même, sachant qu’il vaut mieux être poète avec un crayon à mine que peintre en bâtiment avec force rayons laser et autres patentes à gosse. Brièvement, je voudrais revenir sur trois moments précis de cette fable, où nous avons tenté d’utiliser des moyens théâtraux, c’est-à- dire inscrits dans une grammaire de l’acteur ou encore dans celle des effets de la lumière, du son et de l’espace, pour traduire ce qui nous semble l’essentiel du genre fantastique. Premier moment : la BANALITÉ, la banalité en guise de prélude à l’étrange, à l’inusité, à l’informe... Oui, le fantastique ne serait-il pas le moment précis du glissement, le glissement (et nous reviendrons sur cette notion de glissement un peu plus loin), glissement donc, translation presque imperceptible du BANAL vers le plus-que-banal ? Au cœur même du pays familier, une aporie ! Le pays étranger surgit ! Un exemple : j’appelle les acteurs Daniel Brière et Pierre Lebeau. Daniel et Pierre, je vous invite à revivre devant nous un moment de la fable, page 11 : L'épidiascope permet au sol - atelier Fanta Plan de projeter des images du texte, l'écriture dans Sur la table, séance d'hypn sa réalité matérielle, pour le lieu où l'on note laretrouver le nost-algo et le détruire : la maladie mémoire. l'exil intérieur. [EXTRAIT] Pierre entre. Il est ledit professeur. PIERRE – Hé bien, Daniel... DANIEL – M. Lévesque... PIERRE – Ça fait une entrée couliss traite. épidiascope fenêtre DANIEL – Dix ans. Jean-Pierre Ronfard table tapis bibliothèques PIERRE – C’est incroyable comment tu ressembles à ton oncle en vieillissant. DANIEL (esquissant un sourire) – Oui... Luc va bien. Il est à un an de la retraite. PIERRE – Ça ne l’effraie pas trop ? porte de la salle public DANIEL – Oh non... Il se promet des heures et des heures de golf ! PIERRE – Tu travailles chez Fides, c’est ce que tu me disais au téléphone, non ? Les bibliothèques contiennent des centaine intimes qui relatent dans le détail absolu [FIN DE L’EXTRAIT] du professeur et celle de son élève. Les ateliers du NTE – Cahier XI page 17 Texte et mise en scène Alexis Martin Distribution Daniel Brière, Sophie Dion, Pierre Lebeau Les artisans : Régie et manutention générale Allain Roy Conseil scénographique Jean Bard Conseil technique et d’éclairage Stéphane Mongeau Bande son Pierre Lebeau Accessoires et costumes Sophie Dion Direction de production Daniel Brière Stagiaire Denis Marleau Production Nouveau Théâtre Expérimental Date 15, 16, 22 et 23 février 1998 à 20h30 Lieu Salle de répétition d’Espace Libre LA SALLE D’ATTENTE Les ateliers du NTE – Cahier XI page 18 Dans la grise salle d’attente d’une clinique, une femme timide. Elle est torturée intérieurement depuis plus de 20 ans par la voix cruelle d’Érato, Muse de la poésie lyrique et érotique. Duel mortel ou pas de deux torride, entre minimalisme et chorégraphie, un spectacle sans nudité mais très impudique. Cette pièce de théâtre d’Anne Dandurand a été tirée du roman du même nom, La salle d’attente. Ce roman a été publié en 1994 chez XYZ. En effet, quoi de plus banal que de s’inquiéter pour un oncle ; surtout quand cet oncle a pour loisir le golf ? Banal jusqu’à l’écœurement. Un deuxième exemple dans cette recherche de la dénomination fantastique : la SUSPENSION DU TEMPS. Nous savons tous que le silence entre deux êtres demande à être interprété, que le silence n’est pas pure absence de signe, mais, bien au contraire, manifestation concrète de malaise ou d’assentiment, ou encore de joie insondable, ou même de tristesse irréparable... Le silence «foisonne», dirions-nous”. Reportons-nous à la page 13 : j’appelle les acteurs Pierre et Daniel, de nouveau : [EXTRAIT] Pierre ne répond pas. Il le fixe. Puis au bout de quelques instants qui semblent interminables : quer les ombres dans les moindres recoins. DANIEL (saisi d’une idée soudaine) – Les livres ici... tous les livres... Texte Anne Dandurand Interprétation Alexandrine Agostini et Anne Dandurand Musique composée et exécutée sur scène Pierre Tanguay Conception des éclairages et direction technique Éric Locas Régie Olga Claing Répétitrice Irène Olney Graphisme Folio et Garetti Production Nouveau Théâtre Expérimental Date 7, 8,14,15, 21 et 22 mai 2000 à 20h30 Lieu Salle de répétition d’Espace Libre SOPHIE – Notre Récit. Ça couvre à peine la période de l’université. Il y a une centaine d’autres bouquins dans la cave. Daniel se lève, en proie à un grand trouble. Il regarde les livres, mesure l’ampleur du travail. DANIEL – Mais c’est... dément ! SOPHIE – Je t’ai quitté Daniel parce que je n’ai jamais ressenti ce que j’ai senti cette nuit-là : une communication tellement forte... comme si... attends, je l’ai dit au livre 122. Elle retire un des volumes de l’étagère. [FIN DE L’EXTRAIT] PIERRE – Pourquoi. DANIEL – Quoi ? PIERRE – Pourquoi tu me demandes pas pourquoi je t’ai demandé de venir ici ce soir ? [FIN DE L’EXTRAIT] C’est dans le silence, sorte d’interzone, que l’absolument autre, le radicalement autre éclate de sa voix minérale... Dans le silence, le visage muet de l’autre est un APPEL ; un APPEL à sortir de l’ordinaire, à rejoindre la Marge ; le visage de l’Autre, de l’absolument Autre, pour paraphraser Lévinas, est un APPEL divin ; le silence du visage dit : je suis dans une relation originaire face à toi, nous sommes, dans notre altérité inaliénable, la même personne, et me mentir à moi, c’est te mentir à toi-même ! J’invite les acteurs Sophie et Daniel à revisiter pour nous la page 23 de la fable... [EXTRAIT] DANIEL – Se souvenir de quoi ? ! SOPHIE – De TOUT, Daniel ! De tout. Si tu veux éradiquer la maladie, il faut tra- Enfin, permettez-moi de revenir sur un événement de la fable qui met en cause, cette fois, une impossibilité organique qui serait le miroir d’une antinomie : peut-on à la fois ÊTRE et NE PAS ÊTRE ?... Sophie, couchée sur la table de travail du professeur, respire toujours, quoique son cœur ne batte plus... Elle est à la fois morte et vivante... N’est-ce pas là le thème fondamental du genre fantastique ? C’est-à-dire... la question fondamentale que nous nous posons tous un jour ou l’autre : mais qui donc est vivant, et qui... mort ? Des vivants que nous côtoyons et des morts dont nous nous souvenons, qui sont les plus réels ? Le genre fantastique, plus que toute autre forme artistique, nous plonge au cœur même du glissement que j’évoquais plus avant : cet éternel glissement de la vie vers la mort, voilà pour moi l’ambiguïté constitutive de notre séjour halluciné sur cette terre ; ambiguïté qui a pu faire dire à Edgar Allan Poe : «Je ne puis aimer que là où la MORT Mêle son souffle à celui de la BEAUTÉ...» Alexis Martin Les Muses se promènent toujours parmi nous : à travers un graffiti exalté, ou la musique de Mozart sifflotée par un chauffeur d’autobus, elles nous poussent autant à une tourbillonnante rêverie qu’à l’action. Mais parfois aussi, plus rarement, elles s’incarnent devant nous. En novembre 1998, Ronfard le grand sourcier réunissait les artisans/es du Temple des Mots. Parmi eux, une grande jeune femme à la beauté d’une héroïne de Rohmer, Alexandrine Agostini. Les coups de foudre artistiques sont aussi impitoyables que ceux de l’amour : je résolus sur-le-champ d’inventer ce qui me permettrait de la revoir et de créer avec elle. Alexandrine devint donc pour moi à la fois Thalie et Melpomène, les Muses de la comédie et de la tragédie, et je dus leur obéir avec joie. Anne Dandurand NDLC TRICE) ONNA ’un OORD C A L é n e d DE mpag (NOTE , acco e reste lettre somm Cette la jolie néficiaires, e dont bé s e d chèqu n c qui, iscrétio de de cho à la d n o tits à e e p n u des a créé ns-le, fera ito . souha ndiale lle mo l’éche Montréal, le 31 août 2000 Camarades, Ceci est une occasion de rappeler ces prétendus principes : 1. Le NTE a pour vocation non pas de faire de l’argent mais de le dépenser. 2. Notre cadre budgétaire est la saison et nous n’avons pas à thésauriser d’une année sur l’autre. 3. Le NTE tente, selon ses moyens, de payer les artisans de théâtre le plus cher possible et de faire payer le public le moins cher possible. 4. Dans l’échelle des cachets, en considération du temps qu’ils consacrent à l’exercice de leur métier, les auteurs, metteurs en scène et comédiens sont privilégiés par rapport aux autres artisans. 5. La masse salariale attribuée à l’humain dans toutes les productions dépassera toujours l’argent consacré au matériel et à l’administration. 6. Chaque spectacle commande une gestion spécifique. Un même artisan selon les circonstances pourra être payé une fois, deux fois ou trois fois le minimum syndical. Il n’y a pas de droit acquis. L’idéal est d’établir entre tous ceux qui participent à un spectacle donné un équilibre qui nous semble juste. Sachant que la justice parfaite n’existe pas. Salut et multiples amitiés. Le NTE Les subventions... et alors? Les principes étalés dans la lettre du 31 août 2000 reposent sur l’idée que nous nous faisons des subventions. Nous tous, producteurs de spectacles artistiques, nous vivons en grande partie des subventions des trois gouvernements. Ce n’est ni une gloire, ni une honte, ni un privilège discrétionnaire, mais ça devrait nous faire réfléchir. Outre le fait d’impliquer les gouvernements dans des responsabilités qui dépassent le cadre des échéances électorales, les subventions devraient avoir essentiellement pour effet de maintenir les billets à des prix accessibles à la masse de nos concitoyens. On sait en effet que s’il fallait s’en tenir – ce qui est dans l’air du temps ! – aux strictes lois du marché, c’est- à-dire au rapport entre le coût réel d’un spectacle et l’argent attendu au guichet, les prix des billets pourraient aller chercher dans les 60 $, 80 $, 100 $, parfois beaucoup plus. La subvention permet, devrait permettre de ramener ces prix à des taux plus acceptables. Devrait… Ce qui est scandaleux, dans notre joyeuse société prétendument démocratique et libérale, c’est que les compagnies bénéficiaires de subventions ne soient soumises contractuellement à aucune limitation du prix des billets. Les compagnies de théâtre, d’opéra, de danse, les orchestres symphoniques, nourris par l’État, devraient en contrepartie se voir interdire d’afficher des prix semblables à ceux que j’évoquais plus haut. Exclure des manifestations de l’art et des célébrations de la culture des gens qui ne peuvent pas payer 30 $ pour une soirée, c’est dégueulasse ! C’est un attentat contre l’esprit qui, à longue échéance, s’avérera néfaste. Devrait. Devrait. Il y a beaucoup de devrait dans ce qui précède. Les devrait sont l’opium des bienpensants. On bout, on s’exalte, on s’indigne et on s’endort en déplorant l’état des choses. Mais, là, aujourd’hui, nous autres, sans attendre des lendemains qui chantent, que faire ? Avec un arbitraire absolu – mais il faut bien se donner des règles absurdes, quand les sages règles du profit nous dégoûtent ! –, le NTE a décidé de ne jamais faire payer un billet plus du double du prix du cinéma. Un billet quel qu’il soit et pour quelque spectacle que ce soit. Et foutre les prix réduits pour étudiants et vieillards argentés ! Ce ne sont que charités condescendantes ou ruses subtiles de la mise en marché. Il faut que nous tentions expérimentalement de vivre la quadrature du cercle : payer cher les artistes qui travaillent chez nous ; faire payer le moins cher possible le public qui vient nous visiter. Et on verra bien où cela nous mène. La faillite ? Pas forcément. Et même si cela était… Ce n’est peut-être pas aussi grave qu’on pourrait le croire. Jean-Pierre Ronfard Cahier XI page Les machines à $ous Le Nouveau Théâtre Expérimental, grâce à vous tous, a réalisé, pour sa saison 99-00, un surplus. Essayant d’être fidèles à certains de nos principes concernant le fric, nous envoyons aux 35 personnes ayant travaillé chez nous durant cette saison un petit chèque de partage des bénéfices. 19 JOYEUX DÉLIRE Jean-Pierre Ronfard Cahier XI page 20 BONJOUR CHÉRIE Marcel Pomerlo LE MOT ET LA CHOSE Martin Dion ET LES DICTIONNAIRES, QUE DISENT-ILS ? Marie-Josée Picard LES MOTS QUI MANQUENT Pascale Montpetit (1998) MOTS D’AMOUR Danièle Panneton (1999) ET LES DICTIONNAIRES, QUE DISENT-ILS ? Emmanuelle Jimenez Les mots peuvent-ils, par leur seul charme, au mépris des conventions spectaculaires et des effets spéciaux de la haute technologie, engendrer un objet théâtral capable de retenir l’intérêt du public, de le séduire ? C’est la question que pose cette étude. C’est Jean-Pierre qui a tout manigancé. Et j’ai sauté dans sa barque à pieds joints. L’aventure était double. Celle des mots d’abord : le goût des mots, ceux qu’on dit, qu’on cache, qu’on ose, qu’on murmure, qu’on dénature, qu’on associe, qu’on clame, qu’on décrète, qu’on agglutine. Les mots et leurs destin, dessin, histoire, glissements, double sens, formation, déformation, graphie, usage, décrépitude. On part d’un tout petit A et on se retrouve chez les Sumériens ; on dit bonjour et c’est le drame ; on dit toujours et c’est parfait. Et puis, l’aventure du travail au NTE [...]. Les mots qu’on aime – ils sont sur les murs ; les mots qu’on déteste – ne me les dites plus. Ceci n’est pas un spectacle, c’est une étude théâtrale. Ceci n’est pas un décor, c’est une énorme maquette. Sylvie Daigle Une maladie avouée Étrange habitude ? Vice ? Ou bien mal génétique qui n’étonne plus personne au NTE : le boursouflement. Il sévit de cette façon : on commence par dire «Ce sera un petit spectacle, sans décor, sans costumes, sans effets de lumière ou de son, pas beaucoup d’interprètes.» Propos que redoute plus que tout la co-directrice-administratrice-en-chef-maîtresse-des-budgets, car, à tous les coups, les choses irrésistiblement gonflent comme des soufflés au fromage ou des quenelles. C’est ainsi que le spectacle Les Mots, prévu au départ comme un exercice discret dans la lignée des études théâtrales précédentes, s’est boursouflé au point d’engendrer Le Temple des mots qui abritait une exposition de dessins et peintures relatifs à l’écriture depuis l’Antiquité, des présentations de textes romanesques ou poétiques à 19 heures, suivies du gros spectacle à 20 heures 30, lui-même suivi à 22 heures 30, d’une veillée de conteurs. On avait même parlé d’après-midi de calligraphie… Cette dernière activité a été abandonnée. Peut-être que la maladie du boursouflement est tout compte fait un signe de santé, comme s’il fallait toujours en rajouter. Un fonctionnaire du Conseil des arts, pour refuser toute augmentation de subvention, chapitrait récemment le NTE : «Vous n’avez qu’à en faire moins.» Eh oui, il y a des maladies dont on devrait se guérir. Mais lorsqu’elles sont innées et donnent du plaisir, que faire ? Jean-Pierre Ronfard ntaires : , Paul Corvées volo Diane Dubeau Bruno Cléry, re tu viève Côté ne Ge ti à la pein fi af illon aux gr enez, Savoie, Luc Ta manuelle Jim tombent Em i audel Cl qu ] , IR s rd ot VO fa n m SA x e Ro au FAUT [CE QU’IL rd, Jean-Pierr ca ostini, Pi Ag e e sé in -Jo dr Marie ÉÂTRALE choirs Alexan TH po E x UD e au ÉT qu e E le ill hi UN Daig et sa fam n typograp LES MOTS – nfard, Sylvie à l’expositio ille an-Pierre Ro ng d ire Je ai ar M Cl il nf on a Ro ti ue lg e cc O ep rr l’a Conc Jean-Pie le Chenelière à e en scène n es Sylvie Daig Evelyne de la Texte et mis pin, Jean Loga el et graphi Pé su , lle vi ez be t en Isa en , Jim in périmental lle do Ex Jo ue e tr an m éâ Environnem Th Em u on, 20h30 cel tion Nouvea n Martin Di ar uc io M mbre 1998 à , od ut ce rd Pr ib dé ca tr Pi 19 is e D au it, Marie-José 24 novembre et tp Du on te M e Da al Pasc d Libre -Pierre Ronfar direction Lieu Espace Pomerlo, Jean technique et n io ct re di , ez, Éclairages anuelle Jimen arbel Massoud pe REPRISE on Pierre Ch tin Dion, Emm ui ti ar cel M uc éq ar n d’ od M io , pr ef ut rd ch de Pica et Distrib Marie-Josée production e Panneton, èl Assistant de ni Da d on ar s ill nf s Luc Ta s lettreur -Pierre Ro langer des lettreur d’équipe de Pomerlo, Jean régie Jean Bé mple et chef chnique et te n io on ct Régie du Te ill ire Ta D Luc production Diane Dubeau deau, Daniel Direction de es Alain Bilo re Lavoie taford, tr er, er Ca Pi in lie pe er Ju s si , ui rd de ha pe uc Men iche, Guy Rich ui Bo Ra Éq re el er ni Pi Da , intres g , Julie Fox, therine Côte er as Ca , m nb Équipe de pe re de Du iè e ou Br sé W n archais, Jo Claudine SteWerf, Pim va Mélanie Desm ine Philibert, Paul van der gnon, Cather 21h n Éric Locas ie ic tr ec él Marthyne Ga mbre 1999 à Chef e au 11 déce br m ve no 5 ie Mar Date Du Libre Lieu Espace CQFS Cahier XI page Un professeur un peu pédant, un peu rétrograde, aimablement ridicule mais passionné par la linguistique rêve en donnant une dictée à ses étudiants. Les mots bourdonnent, grossissent, prennent du poids ou des ailes ; les idées, les images surgissent ; des jeux se développent... 21 PLAIDOIRIE Marcel Pomerlo Alexandrine Agostini, lectrice Suzanne Jacob, auteur Cahier XI page 22 Anne Dandurand Contes à fleur de peau d’Anne Dandurand André Lemelin Contes inventés de l’Abitibi d’André Lemelin Christian Vézina, poète Patrick Peuvion Les histoires de la rue de Lorimier de Gaétan Lavoie Patrick Peuvion est mort au mois de mars 2000. Nous lui adressons très chaleureusement notre salut transplanétaire. Les oirées romanesques Salon confortable. Divans, tapis, coussins accueillants. Éclairage tamisé. Comme au coin du feu quand la bise est venue. Alexandrine Agostini Cahier XI page En 1991, je découvrais L’Obéissance de Suzanne Jacob. Je ne finissais pas de le relire, d’en fouiller les passages. Avec le temps, je n’ai cessé de le citer, de le prêter, de le recommander, de l’offrir. Depuis deux ans, ça ne me suffit plus : j’en fait la lecture à qui veut bien l’entendre, la plupart du temps dans mon salon. J’en suis à une dizaine de personnes. On me dit : «Ah mais, c’est comme La Lectrice !» Non, puisque je me limite à ce roman. Par quel mystère ? L’hiver dernier, j’ai pensé : «Coudon! J’suis comédienne, moi !...» Les encouragements de Sylvie Legault et de Daniel Brière m’ont décidée. Il était hors de question d’adapter ou d’extraire quoi que ce soit de l’œuvre. Cela aurait dilué la densité et le souffle. Avec la permission de Suzanne Jacob, l’appui de JeanPierre Ronfard et de Marthe Boulianne, j’ai souhaité reconstituer l’intimité de mon salon. Grignotez, buvez, fumez à votre aise ! J’ai aussi gagné une auditrice inespérée : l’auteur elle-même ! Sans compter l’équipe. En fait, les rencontres, c’est vraiment ce que je préfère... 23 Le Contes autour d’une Le poète fait du chapeau offre une suite de défis. Défi de mémoire, de versatilité et un incroyable défi d’acteur. Christian Vézina tend son chapeau à qui veut bien piger le titre d’un poème et, sans ambages, entreprend de nous en faire une récitation des plus senties. Plus de 200 pages de textes mémorisés et mis en scène. oète fait du chapeau able Déjà la nuit est bien avancée. C’est l’heure de se serrer autour d’une table et d’écouter une voix inspirée vous raconter des histoires... Cependant que le bar – à bas prix – propose, à qui veut boire, le vin des soirées chaleureuses. Imaginez ! Jeudi soir 22h30, un conteux (comme dans violonneux) avec six histoires en poche, bien assis à une table, entouré d’une douzaine de curieux et d’amis, avec sa parole vernaculaire (vive le joual, crisse !), racontant les faits et gestes de personnages (réels mais plus souvent qu’autrement inventés) de son Abitibi natale, photographies (regardez comme c’est beau par chez nous !) et extraits sonores à l’appui (parce que, oui, j’ai fait quelques enregistrements de complaintes chantées par de vieux ivrognes dans la Taverne du Chasseur, à Senneterre), sortant à un moment donné (je le jure !) un 26 onces de rhum (trois étoiles, svp) et des verres pour trinquer avec les spectateurs (qui ne se sont pas fait prier) et boire un petit coup à la santé du Père Chicoine… et qui pensait retourner à la maison après le spectacle, mais qui se trompait car c’était sans compter sur l’apparition surprise de Jean-Pierre Ronfard, c’était sans compter que les spectateurs avaient aussi leur petite histoire à rajouter, mais surtout, c’était sans compter qu’il y avait un 26 onces de rhum à boire et que tous avaient (grandement) soif. Et finalement, c’est aux petites heures du matin que nous en sommes ressortis : feelings, contents, humains et presque heureux. C’était en 1998, pendant quatre jeudis d’affilée, et ça ne pouvait se produire qu’au Nouveau Théâtre Expérimental. Cric ! Crac ! Voilà, c’est tout. André Lemelin Colette Drouin, Olga Claing Luc Taillon Cahier XI page 24 CQFS IR] FAUT SAVO [CE QU’IL DES MOTS LE TEMPLE Dubeau e an Régie Di UES ROMANESQ S LES SOIRÉE tini os Ag e in dr an Lectrice Alex nne Jacob za Su de ce issan Roman L’obé e tr éâ Th u Nouvea Production l ta Expérimen novembre is, entre le 24 Date Les lund h30 20 à 98 19 e mbr et le 19 déce Libre Lieu Espace TABLE OUR D’UNE UT CONTES A Lorimier de e ru la de Les histoires voie de Gaétan La ion r Patrick Peuv racontées pa l’Abitibi de és nt ve Contes in elin d’André Lem in André Lemel r pa és nt raco peau de ur fle à Contes urand d’Anne Dand and Anne Dandur racontés par tre éâ Th u ea uv No Production l Expérimenta et samedis is, vendredis Date Les jeud 19 décembre le et vembre entre le 24 no 1998 à 22h30 Libre Lieu Espace AU IT DU CHAPE LE POÈTE FA Vézina n tia ris Ch e Le poèt tre Nouveau Théâ Production l Expérimenta is entre redis et samed Date Les vend mbre 1998 ce dé 19 e et le le 24 novembr à 17h30 Libre Lieu Espace REPRISE LES MOTS – manuelle Martin Dion, Em arie-Josée Distribution ,M on et nn Pa e èl Jimenez, Dani an-Pierre l Pomerlo, Je Picard, Marce Ronfard Locas chnique Éric Direction te in ou Dr Régie Colette 00 au 15 mai 20 éâtre Date Du 11 ational de th rn te in r ou ef Lieu Carr de Québec Les tournées du NTE Après Cergy-Pontoise et la Maison de la culture Frontenac, BRUXELLES ! Souvenirs en vrac, sans ordre d’importance ni logique particulière Je me souviens, à mon arrivée, que ma grosse valise n’entrait pas dans la voiture européenne qui s’appelait Renaud ou quelque chose comme ça. Je me souviens que Danielle Proulx sentait toujours bon dans la loge, avec ses crèmes, que Jean-Pierre Ronfard repassait son texte et que Paul se moquait gentiment de mes réchauffements d’écolière. Parfois, j’étais étourdie à force de simuler des orgasmes avec application à 8h30 du matin ; je crois que je respirais mal, je sais pas si le Conservatoire offre des cours d’orgasmes aux comédiens, il faudrait y songer. Jouer le matin donnait l’impression de rêver encore, un rêve érotique en plus, et c’était assez troublant. Il faut dire que je me couchais tard, mais jamais autant que Marthe Boulianne et Sylvie Daigle, qui étaient dangereusement en forme et de plus en plus copines. Depuis, elles ne se lâchent plus. Je me rappelle m’être sentie incroyablement riche. Parce qu’il y avait une piscine dans l’hôtel et qu’on mangeait toujours au restaurant. Depuis que je suis enfant, j’imagine qu’être riche, c’est avoir une piscine et manger au restaurant. Je savais pas ce que c’était qu’un per diem, même si je connais le latin. J’avais pas fait le lien. Jean-Pierre m’a dit, quand j’arriverais à Bruxelles, de demander à voir le père Diem pour qu’il me donne des sous. Je l’ai presque cru. Je me souviens aussi de Pierre Massoud. J’aimais beaucoup quand il souriait, parce que c’était pas toujours du tout. En fait, le père Diem, c’était Von-Von (Yvon Leduc). Lui, avec ses airs mystérieux, il avait toujours l’air d’être sur un coup fumant ou de jouer dans un film policier. Il y avait deux monsieurs belges qui s’occupaient très bien de nous : un avec les cheveux frisés, et l’autre qui ressemblait à Jacques Brel. Je sais plus lequel arrêtait pas de regarder Marthe. Il y a eu un souper chez le délégué culturel, avec serviteurs Évelyne de la Chenelière FICHE TECHNIQUE DEVANT PALLIER LE FLOU DES SOUVENIRS Evelyne de la Chenelière, Jean-Pierre Ronfard et des bouchées et des tables avec notre nom pour s’asseoir et Sylvie qui se cachait derrière les colonnes du salon en disant qu’elle avait trop bu. Il y avait aussi Martine Beaulne, Larry Tremblay et Carl Béchard qui étaient, eux, en tournée pour Ogre. Le délégué et sa femme ont dit qu’ils aimaient le théâtre, mais je crois qu’ils préféraient les serviteurs et les bouchées. On parlait de tout ça, de l’Algérie, du marquis de Sade, de l’égalité des richesses, de Robert Gravel, de la texture des œufs brouillés de Titre : Matines : Sade au petit déjeuner Lieu : Palais des Beaux-Arts, Bruxelles Occasion : Festival des francophonies théâtrales Date : Du 20 au 26 avril 1998 (7 représentations) Heure : 8h30 du matin QUÉBEC ! Les Mots Je me souviens aussi que l’actrice française Bernadette Lafond dormait dans le même hôtel que nous et n’enlevait pas ses lunettes fumées. Elle était du Festival et j’étais très impressionnée d’être en quelque sorte dans le même bateau qu’elle et de fréquenter la même piscine qu’elle, mais quand j’ai su que c’était pour jouer du Marie Laberge elle m’a déçue et je ne veux plus lui parler. Enfin, il y avait le pianiste du bar de l’hôtel qui était si content de nous voir arriver parce qu’on était les seuls à danser sur What a Wonderful World et à l’écouter raconter qu’il avait fait des disques avant d’être obligé de quitter son pays. Il y en a un autre qui nous a parlé de son pays. C’est Fellag dans son spectacle solo Drurdjurassique Bled. Je pense souvent à Fellag et à l’Algérie. L’un et l’autre m’ont montré qu’on peut rire de tout tant qu’il y a de l’amour. S’il venait à Montréal, nos humoristes mourraient de honte et moi je le demanderais en mariage. Une partie de l’équipe de préparation des toiles de tournée : Alain Bilodeau, Guy Richer, Catherine Côte, Daniel Brière, Paul van der Werf, Sylvie Daigle et le chien Tango Boulianne Cahier XI page l’hôtel, de la liberté, du non-jeu, et il me revient des bribes de conversations teintées de bruits de fourchette. Il me revient surtout ce sentiment d’aimer si fort des êtres que je découvrais et dont je souhaitais boire tous les secrets. 25 Cahier XI page 26 Robin Aubert, Éric Forget, Gary Boudreault, Miro Contre le silence Entre la Révolution grâce au poids des mots et la Révolution par l’éclat des bombes, le théâtre d’Alexis Martin ne tranche pas. Certes, les mots durent et le sang fuit, certes le poète esquive les prisons, certes la parole y est un permis de port d’armes contre les barbares, désormais bardés euxmêmes de mots. Mais rend-elle le terrain égal ? Y a-t-il une morale, c’est-à-dire une justice, dans cette histoire mise en théâtre ? À son terme le vent pousse d’un côté, celui du verbe, mais il pourrait dévier. Tout au long de ma lecture de ce texte inquiet, je me suis formé l’image d’un drap de police, blanc avec un corps dessous, dans une ruelle. L’image que je repoussais à l’été 1966, quand on est venu m’interroger sur la mort d’un jeune homme, déchiqueté avec sa propre bombe, et que j’avais connu. Deux nuits par semaine, le printemps d’avant, nous montions ensemble les pages du Quartier latin, dans une imprimerie en surplomb du boulevard Métropolitain. Je corrigeais, il dessinait, les typographes alignaient les mots puis les colonnes de plomb, la presse était une antiquité brûlant encore du gaz, le temps s’effilochait entre les pages, nous pouvions l’employer à causer. Du Québec, de la Palestine, de l’Amérique latine, des inégalités. «Et toi, me dit-il une nuit, que penses-tu de l’action terroriste ?» J’ai répondu n’importe quoi, distraitement. Je n’y pensais pas, j’étais plutôt contre, j’appartenais au monde des mots. Ce fut notre seul échange sur le sujet, qui explosait déjà ici et là dans la ville. Confia-t-il son dilemme à d’autres, plus clairement ? Je n’en sais rien. Longtemps je me suis reproché de n’avoir pas deviné, puis j’ai enfoui ce souvenir troublant et j’ai continué à habiter le monde des mots. Ce qui m’est revenu, en m’imprégnant de Révolutions, et du terme d’une pièce qui n’est en effet qu’une pièce d’un choix plus immense, c’est l’épilogue de la mort du jeune homme. On a beaucoup dit de lui qu’il n’avait pas les dix-huit ans qu’il prétendait, qu’il était mineur, qu’il avait donc été exploité et entraîné par d’autres. Requiem. Effacement à jamais d’un être intense et de ses intentions. Les uns passent pour des voyous, les autres pour des insignifiants. N’était un poème de Gaston Miron, de quelques strophes de mots mal connus mais au moins gravés quelque part, il serait non seulement disparu mais entièrement perdu. Les mots, il les possédait, d’ascendance, d’éducation. Aurait-il su les choisir, les utiliser ? S’en serait-il plutôt gorgé pour radoter d’impuissance ? Là est la suite du drame que le théâtre a le privilège d’inachever. Ce qui est certain, c’est que, sans eux, le destin le plus probable est un embarquement pour les limbes et leur grand silence, fait pour ne pas changer le monde. Lise Bissonnette Les mots et la politique Bon... Simplement : du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu peur des plus grands et des plus forts que moi ; quand vous êtes trois pouces plus petit que les autres, dans une cour d’école, vous apprenez à courir vite. Okay, avec les années, cette peur se métamorphose en un sentiment plus nuancé, mais elle reste là. La violence est omniprésente et il est faux de croire que les mots constituent une déviation accomplie de celle-ci ; ils sont l’exacte continuation de la lutte, animale, pour la souveraineté. Chaque être est une souveraineté qui peut être infirmée par celle du voisin. La lutte pour la reconnaissance continue et ce n’est pas l’État de droit ni la charte des droits et libertés qui l’aboliront. Cahier XI page Seulement à travers les mots, dans leur compagnie, j’ai trouvé peu à peu la capacité de déstabiliser l’imparable, de prendre pied. Éric Forget, Tania Lafrance, Gary Boudreault 27 Mais dans la négation mutuelle entre frères humains, donnons au moins des armes égales : la langue coupante, dure, précise, technique, érudite, baveuse, la langue violente et ravageuse des poètes, donnons ça en partage aux combattants de tous les arrondissements sociaux. C’est le P-.S. de Révolutions, de mes révolutions à moi, sans plus. Words, words, words. Alexis Martin CQFS Éric Forget, Catherine Proulx-Lemay, Miro, Robin Aubert, Gary Boudreault IR] FAUT SAVO [CE QU’IL Alexis Martin e en scène Brière Texte et mis scène Daniel en la mise udreault, Bo ry Assistance à Ga , rt Robin Aube , Tania Distribution n, Éric Forget , Gaston Caro re iè ay Br em el -L ni Da oulx , Catherine Pr Lafrance, Miro au be Le re er Pi Narration ie Jean Bard Scénograph n aire Geoffrio Cl es um st Co ne Mongeau ha ép St es ag Éclair ît Charest iginale Beno Musique or on et régie ti uc od pr Direction de in Colette Drou tian Gagnon chnique Chris tal Direction te e Expérimen tr éâ Th Nouveau 0 h3 20 à Production 99 19 ril au 8 mai Date Du 6 av Libre ce pa Es eu Li Robin Aubert, Miro Ci-contre : Gaston Caron Daniel Brière, Catherine Proulx-Lemay Le chapeau de Monsieur Henri Poésie ou théâtre ? Théâtre ou poésie ? Non, reprenons... Poésie et théâtre, théâtre et poésie ! L’une est à l’origine de l’autre, la voie royale de la Lune ! C’est par le théâtre que la poésie trouvera le mieux sa place dans la cité et c’est la poésie qui gardera le théâtre de se réduire en une sorte de petit cinéma en direct et désargenté. Le poème couché sous le regard du lecteur et l’acteur debout face au public ont beaucoup en commun et beaucoup à s’apporter. Cahier XI page 28 Bien sûr, il ne faut pas tout confondre... Un métissage qui nivellerait et abolirait plus de différences qu’il n’en créerait, mélange de tous les pigments de couleur en beau brun uniforme, voilà qui ne nous excite que peu. D’ailleurs, pourquoi voir les différences comme des obstacles ? Et même à ce compte, nous n’avons pas à arroser les piquets de clôture pour qu’ils poussent ni à les arracher ; le plus amusant, c’est de sauter par-dessus ou d’y jouer le funambule, le bel canto des soirs de lune, chats de ruelles, de granges ou de gouttières. J’ai rencontré intimement cette différence poésie/théâtre à plusieurs occasions mais jamais d’une façon aussi éclairante que lors de la création de Henri bricole ; cela m’a parfois déstabilisé mais complètement allumé ! Exemple ? Je me suis rendu compte que depuis des années, je n’avais joué que ce que j’appelle maintenant des personnalités textuelles... Aussi, lorsque Diane Dubeau ou Jean Bard, des professionnels talentueux et expérimentés, me demandaient : «Qui est Henri ?» et surtout «Qui est miss B ?», je tombais des nues ; n’avaient-ils pas lu le texte ! ? Je comprends que cette pensée fasse sourire des gens de formation théâtrale mais, pour moi, le personnage avait toujours été essentiellement celui qui utilise tel vocabulaire, qui répond cela à ceci, qui compte ses mots ou les crache comme le feu, qui trouve asile ou monture dans telle métaphore, etc. Je déduisais tout du texte. Normal : pendant dix ans, je n’ai eu que ça, les mots. Le travail d’équipe, un des gènes du théâtre, est une ardente aventure ! Christian Vézina, Diane Dubeau CQFS IR] FAUT SAVO [CE QU’IL x Henri Michau des poèmes de r su , na zi Vé n Texte Christia zina e Christian Vé Mise en scèn mise en scène Jean Bard la à zina e Assistanc , Christian Vé Diane Dubeau Bard an Je s re Distribution oi es et access ière Décor, costum scénographie Daniel Br la à e nc ta Assis on ch Va rolyne Éclairages Ca ristian Vézina Forget Musique Ch sonore Éric de la bande e Dubeau n an io Di at is e, tt al ue Ré Nathalie Valiq ie ph ra ég Chor ne Paradis Régie Claudi Locas chnique Éric te Direction au se os Br ne lè Hé tal Illustration e Expérimen à 19h uveau Théâtr No on ti uc cembre 1999 Prod dé 11 au e br m ve no 22 Date Du Libre Lieu Espace Miss B : Diane Dubeau Madame Yourcenar a dit un jour : «Lorsque Racine écrivait une tragédie, c’était une aventure ; lorsque Voltaire écrivait une tragédie, c’était déjà de la littérature...» Les recettes, les dogmes, les modus operendi du théâtre et de la poésie ne m’intéressent que peu ; moi, je veux l’aventure... théâtrale et poétique ! Je l’ai trouvée au NTE. Christian Vézina Christian Vézina, Diane Dubeau Cahier XI page 29 Il s’agissait d’HISTOIRE. D’histoires et d’Histoire. En quoi les unes nourrissent-elles la vérité de l’autre ? Comment se fait l’histoire ? Qui la fabrique et qui s’en sert ? À quoi sert l’histoire ? Legrand et Lanoix, les grands explorateurs du XXe siècle Alexis Martin et Jean-Pierre Ronfard sont partis à la rencontre de figures connues, moins connues, anonymes, de notre XXe siècle en Occident pour tenter d’en découvrir le mystère. Ils étaient nés au cours de l’atelier Aristophane. Ils y exploraient alors les mystères du clonage. Legrand et Lanoix, incarnés par Daniel Brière et Michel Charette. Ils réapparaissent dans Transit – section n° 20. Assumant les mêmes emplois. L’un qui ne sait rien mais veut tout SAVOIR] UT FA ’IL [CE QU apprendre. L’autre qui préd ar nf -Pierre Ro Martin, Jean tend enseigner à son comTexte Alexis tin ar e Alexis M lne, au Be pagnon ce que lui-même e tin Mise en scèn ar M Jacques Baril, , ignore. Grâce à eux, grâce à , Sophie Dion Distribution te et ar Ch el , Mich Daniel Brière leur naïveté, leur bonne Jean Maheux volonté stupide, l’histoire Charland lie Ju ie ph Scénogra ie Morissette lv Sy du XXe siècle devient une e gi ré Éclairages et cas Lo ic Ér e qu énigme troublante et, mais re chni re Daniel Briè Direction te bande sono la r oui ! un sujet de réflexion de ie n rim tio Lo Concep les De plateau Char profonde. Ils sont aussi les Régisseur de i tt Folio et Gare tal en éboueurs de ce siècle qu’ils rim pé Ex Graphisme tre Nouveau Théâ 00 à 20h30 expédient aux poubelles. Production 19 février 20 CQFS er vrier au Date Du1 fé bre Li ce Lieu Espa Michel Charette et Daniel Brière, éboueurs Léni Riefensthal (Martine Beaulne) et Maïakovski (Jean Maheux) Ci-dessous : deux paysannes en fuite (Sophie Dion et Martine Beaulne) Cahier XI page 30 Nietzsche (Jean Maheux) Un soldat américain (Jacques Baril) et son capitaine (Jean Maheux) Un démonstrateur (Jacques Baril) et son assistante (Sophie Dion) Anne Frank (Sophie Dion) et François Rochette (Jacques Baril) Cahier XI page Une intervieweuse (Sophie Dion) et Marie Cardinal (Martine Beaulne) Deux réfugiées (Martine Beaulne et Sophie Dion) Jean Maheux, Éric Locas, Jacques Baril, Daniel Brière, Jean-Pierre Ronfard, Charles De Lorimier, Julie Charland, Sylvie Morissette, Alexis Martin, Sophie Dion, Martine Beaulne, Michel Charette, Marthe Boulianne, Olga Claing 31 Cahier XI page 32 Cahier I Cahier III Cahier VII Cahier X JUILLET 1975 / JANVIER 1979 JUILLET 1981 / JUILLET 1982 JANVIER 1989 / OCTOBRE 1990 DÉCEMBRE 1994 / JUIN 1997 ➣ Une femme, un homme ➣ Garden Party ➣ Essai en trois mouvements pour trois voix de femmes ➣ 12 heures d’improvisation ➣ 24 heures d’improvisation ➣ Le secret du colonel (Le théâtre des deux couilles) ➣ Lear ➣ Lumière s’il vous plaît ➣ Finalement ➣ Zoo ➣ Tournée européenne Garden Party (2e version) et Happenings Beau Jeu ➣ La Ligue Nationale d’Improvisation ➣ En Pleine Table ➣ À ma mère, à ma mère, à ma mère, à ma voisine ➣ Orgasme I ➣ Orgasme II ➣ Inceste ➣ Vie et mort du Roi Boiteux ➣ Le grand théâtre du monde ➣ Autour de Phèdre ➣ La pipe à papa I et II ➣ Variations (six objets expérimentaux) ➣ L’Apocalypse de Jean ➣ Nous courons tous le Loup Garou ➣ La Voix d’Orphée ➣ La Mort de Dieu : programme A programme B ➣ Ad Deliro ➣ GTEQ ➣ 50 + 1 : Cinquante Une saison en enfer ➣ Le Cru et le Cuit ➣ Thérèse, Tom et Simon... [prodrome] ➣ Matines : Sade au petit déjeuner ➣ La mort du Roi Boiteux ➣ Soirée Chaude! : Les Amours 15 secondes ➣ Thérèse, Tom et Simon... [l’intégrale] Cahier IV NOVEMBRE 1982 / JUILLET 1984 ➣ Peurs ➣ Gigogne ➣ Marée basse ➣ La Californie ➣ Les mille et une nuits Cahier VIII MARS 1991 / DÉCEMBRE 1992 Cahier V MARS 1985 / DÉCEMBRE 1986 ➣ Le cyclope ➣ Amore Amore ➣ Le temps est au noir ➣ À Beloeil ou ailleurs ➣ La tour ➣ Les objets parlent ➣ Durocher le milliardaire ➣ La Conquête de Mexico ➣ L’homme qui n’avait plus d’amis ➣ Précis d’histoire générale du théâtre en 114 minutes ➣ Cabaret Théâtre I, II et III ➣ Il n’y a plus rien Cahier XI Cahier IX Cahier II DÉCEMBRE 1979 / AOÛT 1980 ➣ Troisième saison de la Ligue Nationale d’Improvisation ➣ Treize Tableaux ➣ Où est Unica Zürn? Cahier VI JANVIER 1987 / MARS 1988 ➣ Nouvelles pour le théâtre : Regards Une histoire qui se répète Sieste ➣ Mao Tsé Toung ou Soirée de musique au consulat ➣ Marylin (journal intime de Margaret Macpherson) ➣ La femme d’intérieur ➣ Le trésor des Pyramides couverture MATINES : SADE AU PETIT DÉJEUNER Mario Viboux conception Jean-Pierre Ronfard Claudine Raymond coordination Claudine Raymond administration-coordination Marthe Boulianne correction de textes Mario Rancourt conception graphique Folio et Garetti Nous tenons à dire merci à ceux et celles qui, par des textes, des photographies ou des renseignements précieux, ont collaboré à ce cahier : Lise Bissonnette, Michel Charette, Evelyne de la Chenelière, Stéphane Crête, Dominique Leduc, André Lemelin, Alexis Martin, Claudine Raymond, Jean-Pierre Ronfard, Christian Vézina (textes) ; Daniel Brière, Samuel Cloutier, Sylvie Daigle, Huy-Phong Doan, Gilbert Duclos, Robert Etcheverry, Josée Lambert, Claudine Raymond, Luc Taillon (photographies). Le Nouveau Théâtre Expérimental a bénéficié d’une subvention spéciale du Conseil des arts de la Communauté urbaine de Montréal pour la réalisation de ces cahiers. Le NTE est subventionné par le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des arts de la Communauté urbaine de Montréal. JANVIER 1993 / NOVEMBRE 1994 ➣ Corps à corps ➣ Violoncelle et voix ➣ La trilogie des tables ➣ Tournée La tragédie de l’homme ➣ Les ateliers du printemps : Les frères Bunker La tragédie américaine : un western souvlaki ➣ Tête à tête OCTOBRE 1997 / MAI 2000 ➣ Lumière ➣ Festival de courtes pièces ➣ L’Organe No 1 No 2 No 3 No 4 ➣ Les ateliers du NTE : Étrange Fantastique Aristophane : Les clones La salle d’attente ➣ Le Temple des mots : Les soirées romanesques Contes autour d’une table Le poète fait du chapeau Les Mots ➣ Les tournées ➣ Révolutions ➣ Henri bricole ➣ Transit – section no 20 XI cahier [ [ LA CAVALCADE DES MOTS OCTOBRE 1997 / MAI 2000