Le licensing de Picasso
La succession Picasso a déposésa marque internationalement dans toutes
les classes de produits afin d’éviter la commercialisation de produits de
mauvaise qualitéqui nuiraient àson image. Pour l’avoir fait trop tardi-
vement, la succession Picasso se trouve confrontéeàdes licenciés non
agréés revendiquant un dépôt antérieur de la marque (ce qui dans certains
pays l’emporte sur les droits d’auteur).
Picasso se protège
La notoriétéde Picasso varie entre 90
et 95 % selon les pays, ses œuvres
sont présentes dans tous les musées
du monde et son génie est universel-
lement reconnu. Alors, pour quelles
raisons les héritiers ont-ils entrepris
depuis quelques années une politique
de produits dérivés ? Claudia
Nivelon-Andrieu, juriste de Picasso
administration, répond.
«L’œuvre a étépiratée sur tous les
marchés du monde : reproductions
non autorisées, dépôts non autorisés
du nom àtitre de marque (un millier
de marques multiclasse) enregistre-
ment du nom sur Internet (plus de
500 àce jour). Et de nombreux pro-
duits dérivés, la plupart du temps de
mauvaise qualité(bien entendu sans
l’accord de la succession), ont étémis
sur le marché.
Les héritiers qui ont le devoir de pro-
téger l’image et la renomméedu
peintre ont considéréqu’il existait un
risque et ont mis en place une straté-
gie.
Protection juridique
La protection par les droits d’auteur
étant insuffisante dans un certain
nombre de pays, il a fallu faire le
dépôt international de la marque
Picasso dans toutes les classes de
produits et poursuivre classe par
classe les contrefacteurs partout où
ils se trouvaient. De nombreuses
actions juridiques sont en cours
notamment dans les cas oùla légis-
lation locale a donnéla prioritéà
l’antérioritédu dépôt.
Licensing
Le licensing, qui fait partie intégrante
de notre politique, s’est imposéà
nous comme la solution pour bloquer
certaines classes de produits aux
contrefacteurs, pour protéger l’image
de Picasso en rassurant les licenciés
qui payent des droits et pour financer
les frais juridiques qui se chiffrent par
dizaines de millions de francs.
Tout le travail consiste àsélectionner
les catégories de produits dérivésen
fonction des classes de produits à
défendre sur le marchéinternational
et de leur compatibilitéavec l’image
du peintre et de son œuvre. Au final,
il y a peu de produits dérivés Picasso
mais ils respectent tous le peintre par
leur qualitéet leur créativité: pape-
terie, puzzles, accessoires de mode
(parapluies, foulards), linge de mai-
son, tapis, objets en céramique... ».
Co-branding
L’art est entrédans la mode et la
publicité. En mariant Picasso àla
Xsara, la succession Picasso a choisi
une catégorie oùla marque risquait
d’être exploitéedefaçon illicite. Les
valeurs de créativitéet d’innovation
de la marque Citroën rejoignent cel-
les de la marque Picasso et le co-
branding a bien fonctionnépuisque
les ventes des Xsara Picasso se sont
envolées.
Licence & Business No20 avril-mai 2002
QÉditions d’Organisation
Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise
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