Gérard Warin – Annie Tubiana Marques sous licence les acheter les vendre les gérer Préface de Jean-Noël KAPFERER professeur à HEC Q Éditions d’Organisation, 2003 ISBN : 2-7081-2864-7 Chapitre 4 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise Pour les licencieurs, l’aboutissement d’un choix stratégique Q Éditions d’Organisation Un choix marketing Les royalties et les autres avantages financiers constituent le principal intérêt du licensing. Le rapport risque/revenu est excellent car un programme de licensing ne nécessite aucun investissement en capital et permet de réguler les flux de ventes. Introduire le licensing dans une société est positif et générateur de revenus. Enfin, le licensing est un placement financier intéressant (cf. valorisation de la marque p. 116). Mais on fait également appel au licensing pour des raisons demarketing. Dix d’entre elles ont été retenues. Marques sous licence 10 bonnes raisons de licencier une marque 1. Accélérateur de notoriété Les créateurs de mode ont lancé, très vite après la création de leur société, leur parfum et d’autres produits dérivés pour se faire connaître. 2. Renforcement de l’image Les marques peuvent accroître leur visibilité en grande distribution par le référencement de plusieurs de leurs produits dérivés. Le co-branding est souvent utilisé pour renforcer l’image des marques automobiles (la Twingo Perrier, la Peugeot Roland-Garros, la Xsara Picasso) auprès de clientèles bien spécifiques. 3. Proximité/ affectivité Pour se rapprocher de sa clientèle et créer un courant de sympathie, une marque comme Michelin lance une gamme de produits dérivés autour du concept de la route et du voyage. 4. Aide au repositionnement Le licensing aide à repositionner une marque : • Conquête d’une nouvelle clientèle : Princesse Tam-Tam a utilisé la marque Kookaï pour des collections de sous-vêtements et de maillots de bain destinés à une clientèle plus jeune. • Reconquête des clients perdus : depuis 1999, Orangina a entrepris de reconquérir les ados en s’appuyant sur une campagne de publicité décalée. 5. Mondialisation Le licensing permet aux marques d’étendre leurs territoires dans le monde. Lacoste choisit des partenaires/licenciés internationaux pour renforcer ses positions partout où la société s’implante. 6. Fidélisation et accroissement des achats Une femme qui achète les accessoires de la même marque que ses vêtements est fidélisée à la marque. 7. Protection de la marque En créant des produits dans des classes nouvelles, la marque est mieux protégée juridiquement. Exemple : Picasso. 8. Source de revenus Les marques qui ont été retirées du marché, notamment pour des raisons de marketing international, conservent une image et une notoriété qui peuvent être monnayées. 9. Répartir les ventes sur l’année Barbie, Action Man, Power Rangers sont devenus de véritables marques qui ont développé des gammes de produits dérivés vendus toute l’année, permettant ainsi de mieux réguler les flux financiers (70 % des ventes de jouets ont lieu pendant la période de Noël). 10. Remplacer la publicité Les cigarettes et les alcools, interdits de toute publicité, utilisent le licensing pour rester présents en communication. Dernier exemple en date, le Raid Gauloises. Q Éditions d’Organisation 102 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise Le licensing de Picasso La succession Picasso a déposé sa marque internationalement dans toutes les classes de produits afin d’éviter la commercialisation de produits de mauvaise qualité qui nuiraient à son image. Pour l’avoir fait trop tardivement, la succession Picasso se trouve confrontée à des licenciés non agréés revendiquant un dépôt antérieur de la marque (ce qui dans certains pays l’emporte sur les droits d’auteur). Picasso se protège La notoriété de Picasso varie entre 90 et 95 % selon les pays, ses œuvres sont présentes dans tous les musées du monde et son génie est universellement reconnu. Alors, pour quelles raisons les héritiers ont-ils entrepris depuis quelques années une politique de produits dérivés ? Claudia Nivelon-Andrieu, juriste de Picasso administration, répond. « L’œuvre a été piratée sur tous les marchés du monde : reproductions non autorisées, dépôts non autorisés du nom à titre de marque (un millier de marques multiclasse) enregistrement du nom sur Internet (plus de 500 à ce jour). Et de nombreux produits dérivés, la plupart du temps de mauvaise qualité (bien entendu sans l’accord de la succession), ont été mis sur le marché. Les héritiers qui ont le devoir de protéger l’image et la renommée du peintre ont considéré qu’il existait un risque et ont mis en place une stratégie. Q Éditions d’Organisation Protection juridique La protection par les droits d’auteur étant insuffisante dans un certain nombre de pays, il a fallu faire le dépôt international de la marque Picasso dans toutes les classes de produits et poursuivre classe par classe les contrefacteurs partout où ils se trouvaient. De nombreuses actions juridiques sont en cours notamment dans les cas où la législation locale a donné la priorité à l’antériorité du dépôt. Licensing Le licensing, qui fait partie intégrante de notre politique, s’est imposé à nous comme la solution pour bloquer certaines classes de produits aux contrefacteurs, pour protéger l’image de Picasso en rassurant les licenciés qui payent des droits et pour financer les frais juridiques qui se chiffrent par dizaines de millions de francs. Tout le travail consiste à sélectionner les catégories de produits dérivés en fonction des classes de produits à défendre sur le marché international et de leur compatibilité avec l’image du peintre et de son œuvre. Au final, il y a peu de produits dérivés Picasso mais ils respectent tous le peintre par leur qualité et leur créativité : papeterie, puzzles, accessoires de mode (parapluies, foulards), linge de maison, tapis, objets en céramique... ». Co-branding L’art est entré dans la mode et la publicité. En mariant Picasso à la Xsara, la succession Picasso a choisi une catégorie où la marque risquait d’être exploitée de façon illicite. Les valeurs de créativité et d’innovation de la marque Citroën rejoignent celles de la marque Picasso et le cobranding a bien fonctionné puisque les ventes des Xsara Picasso se sont envolées. Licence & Business No 20 avril-mai 2002 103 Marques sous licence L’élaboration du plan de licensing et de la vente de licences Passer la marque au crible Pour que le licencié, le distributeur et le public aient une même représentation de la marque, ses valeurs et ses spécificités doivent être décrites avec précision : • La créativité, l’originalité, la nouveauté, • L’ambiance : prestige, humour, santé, environnement, gaieté..., • La cible en termes socio-économiques et psychologiques, • Les caractéristiques propres comme les logos ou autres représentations graphiques, • La concurrence des marques ciblant la même clientèle. À titre d’exemple voici comment une étude qualitative a permis de définir les éléments constitutifs de la marque Ushuaïa. Dans les années 80/90, on assiste à l’avènement d’un nouveau concept d’émission s’appuyant sur un courant socioculturel : Ushuaïa, le magazine de l’extrême. • Cœur de cible : 15-35 ans, mixte à tendance féminine • Univers sémantique fédérateur : extrême, nature. Les résultats des études préalables Étude sémiologique • Ushuaïa, dernier village de Patagonie, à la pointe de l’Amérique latine • Nom symbolique qui évoque : Émission TV : Evasion TV : Nicolas Hulot : 38 % 34 % 16 % Hygiène-beauté : Amérique du Sud : 16 % 15 % Étude du territoire de l’émission télévisée Courant socioculturel de quête de l’équilibre : • Le physique et le psychologique Le quotidien et l’exploit L’homme et la nature Un imaginaire puissant, un champ d’application important dans les secteurs du sport, des loisirs, de la découverte. Q Éditions d’Organisation 104 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise De la marque culturelle à la marque produit Qualité subjective : polysensualisme • Couleurs : bleu 37 %, jaune 29 %, orange 21 % • Sons : bruit de vagues 20 %, eau, douche 12 % • Odeurs : vanille 17 %, exotisme 16 % Qualité narrative : découverte, nature, authenticité, lien avec l’eau. Qualité objective : charte de qualité produit, sensorialité, narration. Les produits attendus : vêtements, matières tissu et papier, articles de sport plutôt individuel, produits pour le voyage et le tourisme, boissons. Les produits impossibles : alimentation, voiture, banque, assurance, chimie, hôtel/restaurant. L’opération de licensing Ushuaïa a été un succès :14 contrats de licence ont été signés de 1992 à 1997 pour un chiffre d’affaires de 91 millions €, prix détail. Déterminer le cycle de vie de la licence La durée de vie de la licence sera plutôt courte pour les licences du divertissement et de sport, plutôt longue pour des produits dérivés de la mode et des marques institutionnelles. Q Éditions d’Organisation Choisir des produits dérivés qui collent à la marque Les produits, la distribution et la zone géographique seront déterminés en tenant compte des caractéristiques de la marque (Tous les produits par secteurs en annexe). Le principal critère de sélection des produits est la compatibilité du produit avec la marque. Les produits dérivés doivent s’inscrire naturellement dans l’univers de la marque. On imagine difficilement de la confiserie Adidas ou des produits de toilette M&M. La sélection de ces produits étant délicate, il est souhaitable d’affiner ses choix et de vérifier les hypothèses par des études qualitatives ad hoc. 105 Marques sous licence Produits que l’on peut associer à Tintin et Astérix Tintin Astérix Accessoires +++ Fournitures scolaires Bagages Vêtements Pyjamas ++ Hygiène/toilette Produits alimentaires « équilibre » Jouets & Jeux Jeux vidéo – Confiserie Confiserie +++ Charcuterie Aliments « énergie » (céréales, goûters) ou « gourmandises » (ketchup) ++ Boissons Jeux d’extérieur Glaces Jeux vidéo – Produits de toilette Source : étude Junior City • Le nombre des produits, fonction de la durée de vie de la licence Les produits dérivés seront lancés par vagues successives pour renouveler l’intérêt du public. C’est la stratégie adoptée pour Harry Potter avec le lancement de produits dérivés à chaque nouveau film. Dans le cas de grandes marques, il est souhaitable de lancer d’abord les produits dérivés les plus proches du produit principal et par la suite des produits plus éloignés. Le premier produit dérivé Michelin a été la chaîne de neige. Choisir la meilleure date de lancement La date de lancement d’un produit dérivé dépend du contexte et du type de produit. Le produit dérivé d’une licence cinéma, mis en place en distribution deux semaines avant la sortie du film, agit comme teaser. Le produit dérivé d’une série télévisée est lancé lorsque la série atteint un certain niveau de notoriété. Si le produit est une grande marque, on choisit pour son lancement un anniversaire ou la présentation d’un nouveau produit dans un salon. Pour fixer la date de lancement du produit, le licencieur doit tenir compte du délai nécessaire (de six mois à un an) entre le début de la négociation avec le licencié et la mise en place du produit sur les linéaires. • Négociation avec le licencié et signature du contrat : six semaines. • Développement du produit et fabrication : trois mois à un an selon les produits. • Délai entre la présentation du prototype à la distribution et la mise en vente : deux mois à six mois selon les produits. Q Éditions d’Organisation 106 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise Établir un soutien média et de promotion pour la licence La licence sera soutenue par des actions publi-promotionnelles : • Lancement de nouveaux produits dérivés. • Nouveaux produits média, cassettes vidéo, opérations avec les chaînes de télévision, éditions, série télévisée tirée d’un film et inversement... • Promotions (Promotions p. 94). Prévoir des produits évolutifs Les produits doivent être réactualisés périodiquement en tenant compte des tendances de la mode : design, nom, couleurs, nouveaux modèles... Sélectionner soigneusement le licencié Le choix du licencié est fondamental pour la réussite de l’opération de licensing. Une évaluation du licencié sera réalisée à partir de certains critères1 : La fabrication La qualité des produits, le type de matériau utilisé, le type de fabrication et la capacité de production du licencié doivent être conformes à la stratégie produit qui a été définie. La qualité souhaitée pour une montre Mickey ne sera pas la même que pour celle d’une montre mode. Le licencié fournira des échantillons de produits proches du produit dérivé à venir et pourra éventuellement organiser une visite de l’unité de fabrication. Q Éditions d’Organisation L’expérience On se renseignera sur l’expérience passée du licencié, sur les méthodes de la fabrication et de la vente de produits licenciés ainsi que sur les résultats obtenus. Les références de distributeurs fournies par le licencié candidat permettront de juger de la qualité des relations du licencié avec les responsables-clés, de la qualité des produits livrés, du respect des délais de livraison... La distribution On analysera les forces et les faiblesses de la distribution des équipes de vente du licencié. 1. Un formulaire type d’évaluation est présenté en annexe p. 165. 107 Marques sous licence Le nombre de licences gérées par le licencié Quelle place accordera-t-il à la licence dans son programme de vente ? Gère-t-il une série de licences ou espère-t-il mettre en avant la licence proposée pour augmenter les ventes de ses autres produits ? L’experience montre que dans le secteur du divertissement, les licencieurs acceptent que les licenciés gèrent plusieurs licences à condition qu’elles n’entrent pas en concurrence avec la leur, et en contrepartie d’une meilleure négociation du contrat. Quant aux licences de mode, le licencieur recherche un licencié qui s’implique dans l’exploitation de la licence en la mettant en avant dans son plan promotionnel et en participant financièrement au merchandising et à la publicité. La situation financière du licencié On vérifie la bonne santé financière du licencié au vu des renseignements bancaires et des bilans mais aussi par des entretiens avec des professionnels. On évaluera ses capacités à réaliser un programme de licences nécessitant des investissements marketing. La taille et le chiffre d’affaires du licencié ne sont pas forcément des critères prépondérants. On peut obtenir une meilleure implication et plus de dynamisme d’une petite entreprise. Négocier le taux de royalties • Un taux variable, fonction du type de licence et de marché La détermination du taux de royalties est l’exercice le plus délicat d’un plan de licensing. Le taux varie selon le type de licence et le type de marché. Il baisse quand la licence s’applique à des produits vendus avec de faibles marges (alimentation, distribution). Ce taux monte lorsque la licence est très demandée (14 % pour Pokémon) ou lorsqu’il s’agit d’un événement très médiatisé (jusqu’à 20 % pour la coupe du monde de football). Le taux de royalties est négocié à la hausse lorsque le licencié a de fortes marges sur la vente de ses produits. Le minimum garanti et ses modalités de paiement (voir contrat de licence p. 119) peuvent faire partie de la négociation. Si le minimum garanti est supérieur à celui initialement prévu ou si le licencié participe financièrement à la campagne publi-promotionnelle, le taux de royalties sera moins élevé. En France, dans la plupart des cas, le taux oscille entre 8 et 12 % (estimation). Q Éditions d’Organisation 108 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise À titre de comparaison, voici les résultats d’une étude portant sur les taux de royalties par type de licence aux États-Unis entre 1998 et 2001. Variation du taux de royalties US Année Art Star Divertissement Université Institutionnel Designer Sport 1998 5-8 % 3-7 % 8-12 % 6-8,5 % 5-8 % 3-7 % 8-10 % 2000 5-8 % 3-7 % 8-12 % 6-8,5 % 5-8 % 3-7 % 8-12 % 2001 5-8 % 3-10 % 8-12 % 6,5-10 % 5-9 % 3-8 % 8-11 % Avec l’autorisation d’Aspen Publishers 2002 – www.aspenpublisers.com Les experts qui ont réalisé cette étude prévoient dans l’avenir un taux de royalties qui devrait baisser (8 % en moyenne pour les licences qui ont actuellement les taux les plus élevés). • La publicité et la promotion financées par le licencié Pour faire face à une forte concurrence, les investissements publicitaires et promotionnels sont aujourd’hui devenus nécessaires pour toutes les catégories de licences. Le licencié peut en prendre une partie à sa charge de deux façons : – Le licencié affecte 1 ou 2 % de royalties supplémentaire(s) pour financer des actions publicitaires et promotionnelles ou des actions ciblées sur la distribution. – Il déduit ce même pourcentage du taux de royalties global fixé auparavant. Q Éditions d’Organisation • Des royalties qui évoluent en fonction des ventes réalisées par le licencié Le licencieur ou son agent de licence fait périodiquement un état des royalties à partir des relevés de ventes du licencié. 109 Marques sous licence État des royalties Au Période de vente : Du 200 Licencié : Société : Adresse : Ville : Code Postal : Pays : Nom du responsable : Tél. : Fax : Licence/marque : Référence du produit Produit Prix de vente/unité à la distribution Quantité Quantité vendue retournée Total ventes net : Taux de royalties x Total des royalties dues : À déduire, le minimum garanti payé à date : Total des royalties dues : Ventes net Q Éditions d’Organisation 110 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise Signer le précontrat Lorsque la négociation a abouti, les deux parties signent un précontrat ou « deal memo » avant le contrat définitif qui demandera un certain délai. Ce document indique les points essentiels qui ont été négociés. Précontrat de licensing No Date : Licencieur (nom et coordonnées) : Agent (nom et coordonnées) : Licencié : Propriété-licence : Droits d’image : Territoire : Produits licenciés (Exemple : vêtements pour femmes 25-35 ans) : Q Éditions d’Organisation Détail des articles (Exemple : tee-shirts, robes, chemisiers...) : Type de contrat ; nouveau contrat, avenant ou autre : Date de fin de contrat : Exclusivité : oui % non % Si oui, exclusivité sur tous les produits ? : oui % non % Taux de royalties : Avance à la signature : Minimum garanti : Modalités de règlement du minimum garanti : Canaux de distribution (Hypers, grands magasins, magasins spécialisés...) : Date de la mise en place du produit en distribution : Nombre d’échantillons : Périodicité des rapports de ventes : Période de vente après la fin du contrat (vente des stocks existants pendant 3 mois, 6 mois...) : Option de renouvellement du contrat : oui % non % Si oui, à quelle date et pour quelle durée ? : Lieu de fabrication : 111 Marques sous licence Check-list des questions à se poser Questions pour un licencieur Pourquoi licencier sa marque ? Accélérateur de notoriété Renforcement de l’image Proximité/ affectivité Aide au repositionnement Mondialisation Fidélisation et accroissement des achats Protection de la marque Source de revenus Répartir les ventes sur l’année Remplacer la publicité % % % % % % % % % % Autres : Quelles sont les valeurs et les spécificités objectives de la marque ? Quelle sera la durée de vie des produits dérivés à cette marque ? Quels sont les produits dérivés compatibles avec cette marque ? À quelle date ce ou ces produits dérivés pourront-ils être lancés ? Quel est le plan d’accompagnement publi-promotionnel ? Sur quels critères seront choisis les licenciés ? La fabrication ? L’expérience ? La distribution ? Nombre de licences gérées par le licencié ? Situation financière du licencié ? Taux de royalty ? Autres : Q Éditions d’Organisation 112 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise Du côté des licenciés, la recherche d’une licence à succès Le licencié a plusieurs façons d’intégrer la licence dans son plan de marketing : il pourra choisir une licence pour un seul de ses produits, une licence qui deviendra la marque de toute sa gamme de produits ou encore plusieurs licences pour multiplier les chances de succès. La préparation de l’achat de la licence Q Éditions d’Organisation Repérer une licence Le responsable marketing qui connaît bien l’entreprise, son marché et ses objectifs est le mieux placé pour trouver la licence qu’il recherche. La presse professionnelle l’informe souvent trop tard sur les nouvelles licences. Seul l’International Licensing Show qui a lieu chaque année au mois de juin à New York présente les licences en avant-première, notamment les licences du divertissement. Prendre des options sur place est d’ailleurs conseillé aux acheteurs intéressés. On peut également faire appel à un consultant extérieur qui connaît les marchés et les licences à venir (voir le rôle du consultant p. 9). Choisir la meilleure licence Plusieurs critères sont déterminants dans le choix d’une licence : • La notoriété et les valeurs image de la marque mesurées par des études quantitatives et qualitatives. Ces valeurs image peuvent varier dans le temps et seront régulièrement mesurées, en particulier lorsqu’il s’agit d’une star ou de la marque d’un créateur de mode. • Les caractéristiques, l’originalité, la créativité et la cible de la licence. Il est important de connaître les thèmes, les scripts, les campagnes de publicité, les dossiers de presse. • La popularité de la licence auprès de la cible visée (part de marché Nielsen pour les marques et mesures d’audience Mediamétrie pour les licences de divertissement...). • Le plan d’accompagnement marketing, promotionnel et publicitaire du licencieur. La diffusion d’une série télévisée sur une chaîne hertzienne est un élément décisif pour la vente d’une licence du divertissement à la grande distribution. • L’histoire de la licence, le nom des autres licenciés (notamment ceux qui ont obtenu la licence au plan mondial). 113 Marques sous licence Évaluer l’adéquation marque-produit On évalue la cohérence de la licence avec ses produits selon des critères de compatibilité, de crédibilité, de cible et selon les objectifs marketing du licencié. Lorsque celui-ci choisit une marque, il doit veiller à ce qu’elle soit connue et appréciée de sa clientèle habituelle. Tenir compte du design du produit Le licencié tiendra compte des valeurs image de la marque et de sa charte graphique. Arrêter une date de lancement La date de lancement du produit licencié sera fixée en fonction du planning général de l’entreprise. Cette date ne correspond pas toujours à celle du licencieur qui préfère la faire coïncider avec la sortie d’un film (par exemple). Établir une durée de contrat La durée du contrat dépend également des objectifs du licencié. Si le produit licencié demande des investissements importants de production, de marketing et de promotion, le contrat sera signé pour une longue période. Q Éditions d’Organisation 114 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise Check-list des questions à se poser Questions pour un licencié Pourquoi une licence ? Comment cette licence s’intègre-t-elle dans le plan marketing global de l’entreprise ? Sur quels critères sera choisie la licence ? Notoriété et valeurs d’image ? Caractéristiques spécifiques ? Clientèle ciblée ? Popularité auprès de la cible visée ? Plan d’accompagnement publi-promotionnel programmé par le licencieur ? Histoire de la licence, des autres licenciés, les résultats de vente obtenus en France ou à l’étranger ? Autres : Q Éditions d’Organisation La date de lancement du ou des produits dérivés est-elle en phase avec celle choisie par le licencieur pour communiquer sur sa marque ? 115 Marques sous licence Le licensing valorise une marque Le licensing apporte à la marque une valeur additionnelle supérieure aux royalties qui ne représentent qu’une petite partie du chiffre d’affaires de l’ensemble des produits dérivés. Dans le calcul de la valeur de la marque, il faut tenir compte d’un poids de notoriété et d’image qui n’aurait pu être atteint sans le licensing. Si Lacoste faisait une offre publique, les actifs immatériels comme le nom, le marketing et le technologique devraient être quantifiés. Méthode d’évaluation Societex La valeur d’une marque est directement liée aux revenus (et aux profits) qu’elle génère. Selon la méthode d’actualisation des flux nets de trésorerie (la méthode la plus couramment utilisée en matière d’évaluation des marques), les profits (Pm) attachés à la marque sont capitalisés par un taux d’actualisation. Ce taux résulte de l’addition d’un taux dit « sans risque » (« k » : les OAT à 10 ans, aujourd’hui autour de 5 %) et d’une prime de risque (Pr) qui traduit l’ensemble des risques marketing attachés à une marque. Ainsi VM = PM où KM = k + Pr, KM Pour respecter une qualité d’analyse à la fois financière et marketing il est essentiel de combiner deux expertises différentes. L’approche marketing fournit la prime de risque et doit être menée avec la plus grande rigueur. L’analyse marketing fait ressortir, grâce aux études quantitatives et qualitatives, les forces et les faiblesses d’une marque, celles liées au marché comme celles de la marque. L’analyse marketing isole les risques inhérents au marché dans lequel la marque évolue à travers les critères suivants : Attractivité du marché (taille et taux de croissance) Sensibilité du marché aux marques (observée notamment par la pénétration des produits sans marque sur le marché) Barrières à l’entrée (protégeant la marque face à de nouveaux entrants) Mais l’analyse prend également en compte des critères intrinsèques à la marque, dits « les fonds propres » de la marque : • Taux de notoriété • Considération et image attachées à la marque Q Éditions d’Organisation 116 Le plan de licensing, démarche au service de la stratégie globale de l’entreprise • Fidélité à la marque (critère essentiel de la valeur puisque la fidélité permet d’estimer les revenus futurs) Parts de marché Parts de voix Qualité de la distribution (DN/DV, qualité des emplacements, etc.) Déclinabilité de la marque (licences, produits dérivés sur des territoires connexes) • Séparabilité par rapport à un savoir-faire d’entreprise ou un patron charismatique • Présence à l’international • • • • Chacun des critères est noté (scoring) et pondéré pour être ensuite transformé en prime de risque. Les expériences en matière d’évaluation de marque réalisées par Societex dans tous les secteurs depuis plusieurs années ont été conservées dans une base de données qui permet d’étalonner les primes de risque. On observe aussi que le critère de déclinabilité (capacité à se décliner) fait partie intégrante du calcul de la valeur d’une marque. Ainsi, licences et valeurs de marque sont-elles intimement liées. Source : Méthode d’évaluation Societex Extension de marque et licensing Le licensing s’inscrit dans la politique générale de développement de l’entreprise. C’est une technique d’extension de marque qui présente incontestablement des avantages par rapport aux autres solutions. Q Éditions d’Organisation • Signer un contrat de licence avec un partenaire extérieur L’entreprise aura recours au licensing pour développer des produits éloignés de son savoir-faire. Le rapport risque/revenu est excellent. Le licensing ne nécessite aucun investissement en capital et évite ainsi à l’entreprise de prendre des risques financiers et commerciaux. L’entreprise bénéficie de la force de distribution de ses licenciés. • Développer le produit en interne C’est la solution privilégiée si l’entreprise maîtrise la fabrication et la distribution du produit. Elle bénéficiera de la totalité des marges dégagées par les ventes. Ainsi, une entreprise textile choisira de développer en interne une nouvelle collection de foulards parallèlement à ses collections de vêtements. 117 Marques sous licence • Acheter la société qui fabrique ce produit Quicksilver a racheté des entreprises (dans le domaine de la glisse) en conservant leur marque d’origine connue et appréciée (Tony Hawk pour la vente de skateboards). • Sous-traiter la fabrication de ce produit La politique de sous-traitance est de plus en plus pratiquée par les marques de luxe. Pour garantir une certaine qualité, les créateurs souhaitent maîtriser toutes les étapes de développement du produit, de la fabrication à sa vente au public. Excepté pour quelques produits plus techniques (lunettes, parapluies) dont les contrats de licences ont été maintenus. Avec la sous-traitance, les entreprises prennent des risques financiers et commerciaux mais perçoivent des revenus supérieurs aux royalties. • Acheter une marque, développer un marché Une entreprise peut acheter une licence pour se positionner sur un marché qui lui échappe. Princesse Tam Tam a acheté la marque Kookaï pour commercialiser une collection de maillots de bains ciblant une clientèle de femmes plus jeunes. Q Éditions d’Organisation 118