C’est ce que dénonce l’association FHEDLES. Alice Gombault, secrétaire générale de l’association,
reconnaît les progrès du Concile Vatican II en terme d’égalité entre les hommes et les femmes dans
l’Eglise. Mais selon elle, ces progrès ne sont que théoriques:
« Dans la théorie, les choses ont changé: on ne peut plus dire que les femmes sont inférieures aux
hommes. Un principe d’égalité est acquis. Des interprétations de la Bible ne sont plus acceptées,
comme le "Femmes, soyez soumises à vos maris" de Saint Paul.»
En 1988, pour la première fois, un pape aborde des propos nouveaux concernant les relations entre
femmes et hommes: dans sa lettre apostolique sur la vocation et la dignité de la femme, Jean-Paul II
parle d’«égalité essentielle» et de «parfaite réciprocité entre eux».
Cette nouvelle vision se poursuit en 1995, quand le pape écrit aux femmes du monde entier. Il y
exprime des regrets et reconnaît la responsabilité de l’Église dans la dénaturation et la réduction en
esclavage des femmes.
Alice Gombault regrette que «ce progrès ne soit pas suivi de faits pratiques». Aujourd’hui, par
exemple, seuls les hommes ont le droit à l’ordination (sacrement qui permet de devenir prêtre), au
motif que les femmes ont un charisme différent: on leur prête des qualités particulières comme
l’accueil, l’écoute. Elles sont donc animatrices de catéchisme, ou chargées de l’accueil dans les
paroisses…
Cette différenciation entre le rôle des hommes et les femmes dans l’Eglise se fait même dès le plus
jeune âge, raconte Alice Gombault -:
«Il y avait eu un certain progrès quand on a permis aux petites filles d’être enfant de chœur comme
les garçons. Mais aujourd’hui, des évêques y sont opposés. Dans certaines paroisses, les petites
filles apportent le pain et le vin jusqu’en bas de l’autel, et ensuite ce sont les petits garçons qui le
montent à l’autel. Il y a une vraie barrière du sacré!»
L’Evangile transcende les sexes
Si l’Eglise est en désaccord avec la sociologie du genre, l’Evangile, au contraire, la soutient,
affirment les catholiques libéraux.
Jacques*, 25 ans, catholique fraîchement diplômé de l’ENS Lyon, a suivi pendant sa formation des
cours de gender studies. Pour lui, les études de genres ne sont pas incompatibles avec le
christianisme. Les deux discours, pour Jacques*, mettent en avant la "personne", avant le sexe
féminin ou le sexe masculin:
«En fait, plutôt qu’un homme ou une femme, on est avant tout une personne devant Dieu. C’est ce
que dit l’apôtre Paul (Ga 3/28): "Il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni
femme, car tous vous êtes un en Jésus Christ".»
Les gender studies expliquent que le sexe biologique n’a pas forcément d’influence sur la sexualité
des êtres humains? «Même discours dans l’Evangile!», affirme Christine Pedotti, 50 ans,
théologienne et co-fondatrice des associations catholiques féministe Le Comité de la Jupe et la
Conférence Catholique des Baptisés de France. Elle explique:
«L’Eglise a toujours dit que l’être humain n’était pas soumis par sa sexualité biologique. C’est en
se basant sur ce concept que l’Eglise soutient le célibat ecclésiastique. Dans l’Evangile selon
Mathieu, chapitre 19, verset 12, il est même dit: "il y a des eunuques qui se sont fait eux-mêmes
eunuques pour le Royaume!"».