Introduction générale
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INTRODUCTION GENERALE
Le système bancaire est régulièrement confronté à des difficultés bien que ce secteur
soit l’un des plus réglementés de l’économie. L’exemple le plus récent est la crise des
subprimes1. Cette crise a entraîné des défaillances bancaires avec des conséquences néfastes
sur l’économie réelle à travers le monde. Il est donc impératif de protéger les déposants contre
ces défaillances bancaires dans un environnement caractérisé par l’existence d’imperfections
de marché (Dewatripont et Tirole, 1994). Ces défaillances peuvent conduire à une crise
systémique (Bhattacharya et Thakor, 1993) dont les coûts sociaux sont supérieurs aux seuls
coûts privés. Ainsi, les banques doivent respecter un certain nombre de règles dont l’une des
plus importantes est la réglementation du capital. Cette réglementation vise à assurer la
stabilité du système bancaire en contraignant le choix des banques en matière de structure
financière et de prise de risque. Elle est supposée garantir un coussin de sécurité suffisant par
rapport au risque pris par les banques. Cependant, l’impact de la réglementation du capital sur
la prise de risque des banques n’est pas établi avec certitude. La crise bancaire des subprimes
a récemment mis en évidence les insuffisances de cette réglementation. De nombreux auteurs
et autorités de réglementation ont appelé à une nouvelle réforme de cette réglementation pour
assurer la stabilité des institutions bancaires.
Pourquoi une réglementation du capital ?
Pour justifier la mise en place d’une réglementation du capital, il est au préalable
nécessaire de comprendre l’importance des choix en matière de structure financière des
entreprises en générale, et des banques en particulier et leur incidence sur leur prise de risque.
A la différence des autres entreprises, la structure financière des banques est caractérisée par
une part importante de dépôts bancaires.
Le point de départ de la théorie de la structure financière des firmes en général est le
célèbre article de Modigliani et Miller (1958). Ils montrent que dans un monde sans friction,
sans asymétrie d’information et en l’absence de marchés incomplets, la structure financière
n’a pas d’impact sur la valorisation d’une firme. Les firmes devraient être indifférentes aux
différentes sources de financement. Ainsi, le choix de la structure financière ne devrait donc
pas modifier le comportement de prise de risque des firmes. Mais l’existence d’imperfections
1 La crise des subprimes est la crise du marché des crédits hypothécaires américains à risque déclenchée à partir
du second trimestre 2006. Elle s’est transformée en crise financière internationale et a entraîné la faillite de la
banque américaine Lehman Brothers en Septembre 2008. Elle a conduit à une récession économique à travers le
monde.