INTRODUCTION GENERALE
On parle désormais de pilotage dès qu’une entreprise un peu complexe se
dessine. Tout le monde n’a que ce mot à la bouche, si bien qu’il en vienne à désigner
le caractère rationnel de toute action, on pilote sa vie, sa carrière, sa formation, son
mariage, son épargne, sa santé, etc.
Restons dans le monde des organisations. On y parle volontiers de pilotage pour teinter
de modernisme et de " cybernétique " les notions de Direction, d’administration, de
commandement, de leadership ou de gestion. Ces usages ne sont-ils pas abusifs ?
Une première question concerne le rapport au changement. On pilote si l’on va
quelque part. Le pilote, dans son sens étymologique, est quelqu’un qui trace le chemin.
Lorsque l’encadrement ne fait que maintenir un état stable, agit-il en pilote ?
Je suis tenté de dire que ce n’est pas le vrai problème. En des temps troublés et
s’agissant des affaires humaines, maintenir un état d’équilibre demande autant
d’énergie, d’intelligence et de décisions que de faire avancer le bateau. Parfois,
d’ailleurs, l’innovation n’a d’autre fonction que de garantir l’équilibre. C’est pourquoi
on peut conceptuellement élargir le pilotage en visant aussi bien le maintien
d’invariants que la transformation des organisations et des pratiques. On agit sur les
mêmes leviers, les mécanismes, les forces en présence et les contraintes sont les
mêmes.
En pratique, de toute manière, le pilotage est fortement connecté à la problématique du
changement. Les organisations n’ont pas le choix; Car, comment ne rien changer
lorsque le monde change ?