Le Tutu – Éditions Tristram :
Tous les personnages du Tutu sont des excentriques, des extravagants,
voire des monstres – au sens propre du mot.
Le premier d'entre eux, Mauri de Noirof, épouse une riche héritière obèse
et portée sur la boisson, engrosse une femme à deux têtes qui s'exhibait
dans les cirques, devient député, ministre de la Justice, et se livre en
compagnie de sa mère à des orgies de débris anatomiques.
Imprimé en 1891 par Léon Genonceaux (alors éditeur de Rimbaud et de
Lautréamont), découvert par Pascal Pia qui en révéla l'existence dans un
article de la Quinzaine Littéraire en 1966 : Le Tutu n'a été rendu public
qu'en 1991, par les Éditions Tristram, provoquant émoi et sidération chez
nombre de critiques et de lecteurs.
Si l'absence d'un auteur clairement identifié et la surprenante modernité de
l'écriture – qui annonce Jarry, Queneau, le Surréalisme – ont pu faire
soupçonner une supercherie, l'authenticité de ce chef-d'œuvre est
aujourd'hui établie de manière irréfutable.
Le Tutu (couverture originale 1891)
Extrait :
" Ce bouleversement coïncida avec une communication très grave faite à l'Académie de
Médecine par Messé-Malou. Tous les souverains d'Europe - à l'exception de ceux
notoirement connus comme étant ennemis de la France - y assistaient. Il s'agissait du
Rajeunissement de l'Homme. L'illustre médecin présenta à l'assemblée des sujets âgés de
plus de cent ans, qui jouissaient d'une vigueur, d'une santé, d'une souplesse, d'une
fraîcheur vingtenaires. Ce retour à la jeunesse était obtenu au moyen de l'infusion, dans
le sang, de la vitaline, liqueur obtenue par l'écrasement de la tête d'un enfant vivant ; on
extrayait de la bouillie des cultures de bacilles en forme de points et virgules, et ces
bacilles en se carapatant dans l'homme renouvelaient les nerfs, les métallisaient en
quelque sorte, rendaient impossible leur usure, prévenaient les maladies ; la vitaline
faisait repousser une jambe coupée, une dent tombée, un oeil perdu, un nez ravagé par