de l'unesco *4 m ï!M . Une fenêtre ouverte sur le monde TRESORS DE L'ART MONDIAL Athéna de Rome La déesse Athéna, jaillie tout armée et casquée de la tête de Zeus, le dieu des dieux, selon la mythologie, a donné son nom à la capitale grecque. Elle lui aurait fait don de l'olivier, symbole de prospérité, mais surtout, de paix. Ce buste d'Athéna, à la tête recouverte du traditionnel casque, a été découverte à Rome, près du Capitole, dans les soubassements de l'église Sant Omobono sur l'ancien Forum Boarium (forum aux boeufs). Terre cuite modelée à la main avec des traces de décoration polychrome, il s'agit d'une sculpture d'inspiration grecque (milieu du 6° siècle avant notre ère). Photo Presses artistiques, Paris Le CoUPFlGF ^e l'unesco page 4 POUR SAUVER L'ACROPOLE par Kharalambos Bouras OCTOBRE 1977 30* ANNEE 10 LE MAL DES CARYATIDES Photos PUBLIÉ EN 16 LANGUES Français Japonais Néerlandais Anglais Italien Portugais Espagnol Hindi Turc Russe Tamoul Ourdou Allemand Persan Arabe Hébreu 12 LES METAMORPHOSES DU ROCHER SACRÉ par Jean Travlos 15 L'ACROPOLE DES KORÈS AVANT PÉRICLÈS Photos 18 AUTOUR DU PARTHENON Photos Mensuel publié par l'UNESCO 20 UNE ANTIQUE DÉMOCRATIE INSCRITE DANS LE MARBRI Organisation des Nations Unies par Manolis Andronicos pour l'Éducation, la Science et la Culture Ventes et distributions : 24 L'ACROPOLE OU LA PASSION DE LA PERFECTION Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris par Alexis Diamantopou/os Belgique : Jean de Lannoy, 112, rue du Trône, Bruxelles 5 ABONNEMENT : 1 an : 28 francs français ; deux ans : 52 francs français. Payement par chèque bancaire, mandat postal, CCP Paris 12598-48, â l'ordre de : Librairie de l'Unesco, 26 L'OEUVRE DE PÉRICLÈS VUE PAR PLUTARQUE 28 POUR COPIES CONFORMES Photos Place de Fontenoy - 75700 Paris. Reliure pour une année : 24 francs. Les articles et photos non copyright peuvent être repro¬ duits à condition d'être accompagnés du nom de l'auteur 29 IL ÉTAIT UNE FOIS... UN VILLAGE A L'OMBRE DES COLONNES et de la mention « Reproduits du Courrier de l'Unesco », en précisant la date du numéro. Trois justificatifs devront par Jacques Lacarrière être envoyés à la direction du Courrier. Les photos non copyright seront fournies aux publications qui en feront la demande. Les manuscrits non sollicités par la Rédac¬ tion ne sont renvoyés que s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponse international. Les articles paraissant dans le Courrier de l'Unesco expriment l'opinion de leurs auteurs et non pas nécessairement celle de l'Unesco ou de les légendes la Rédaction. Les titres des articles et 31 ARISTOTE UN ARCHITECTE DE LA PENSÉE MODERNE par Constantin Despotopou/os des photos sont de la rédaction. Bureau de la Rédaction : 33 NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT 34 LATITUDES ET LONGITUDES Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris, France Rédacteur en chef : René Caloz Rédacteur en chef adjoint : 2 TRESORS DE L'ART MONDIAL ITALIE : ATHÉNA DE ROME Olga Rodel Secrétaires généraux de la rédaction : Édition française : Édition anglaise : Édition espagnole : Francisco Fernandez-Santos (Paris) Édition russe : Victor Goliachkov (Paris) Édition allemande : Werner Merkli (Berne) Édition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire) Édition japonaise : Kazuo Akao (Tokyo) Édition italienne : Maria Remiddi (Rome) Édition hindie : H. L. Sharma (Delhi) Édition tamqule : M. Mohammed Mustafa (Madras) Édition hébraïque : Alexander Broïdo (Tel-Aviv) Édition persane : Fereydoun Ardalan (Téhéran) Édition néerlandaise : Paul Morren (Anvers) Édition portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro) Édition turque : Mefra Arkin (Istanbul) Édition ourdoue : Hakim Mohammed Saïd (Karachi) Notre couverture WL^m w^ L'Acropole d'Athènes est aujourd'hui en danger. Wa& M * ¿M B- Des mesures sont prises par le gouvernement grec pour préserver et restaurer ses chefsd'*uvre de l'architecture et de la sculpture -p% classique de la Grèce. Ce numéro du Courrier de /'Unesco est consacré à l'histoire de l'Acropole jusqu'à nos jours. Notre couverture Rédacteurs : Édition française : Philippe Ouannès Édition anglaise : Roy Malkin Édition espagnole : Jorge Enrique Adoum Br y\ f*H montre la tête d'une Caryatide entourée d'un masque de plâtre qui servira â en faire un 1 moulage fidèle (voir aussi couverture de dos tI et photos page 10). /'. Documentation : Christiane Boucher WÊ ^^ ^r'áf Maquettes : Robert Jacquemin Toute la correspondance concernant la Rédaction doit être adressée au Rédacteur en Chef. \ 1 bZTHH«' P ' Photo Walter Mori © Mondadori, Milan L'Acropole d'Athènes, où s'élève l'un des plus prestigieux ensembles architecturaux de l'Antiquité, domine les bâtiments modernes de la capitale grecque. L'Acropole, ou Rocher sacré, tire son nom de deux mots grecs : akros (élevé) et polis (ville). Il s'agissait déjà d'un sanctuaire plusieurs fois séculaire, lorsque, au 5e siècle avant notre ère, Périclès, le grand homme d'Etat athénien, lança l'incomparable projet de construction de ces monuments dont nous admirons encore les vestiges. Sur cette vue aérienne de l'Acropole (voir aussi page 18) on reconnaît le Parthenon (vaste construction rectangulaire du centre), l'Erechthéion (â gauche du Parthenon), les Propylées et le temple d'Athéna Niké (groupe à gauche sur la photo). Au pied de la colline, deux des anciens théâtres d'Athènes : l'Odéon (à gauche) et celui de Dionysos (â droite). Le 10 janvier 1977 au Parthenon d'Athènes le Directeur général de l'Unesco M. Amadou-Mahtar M'Bow a lancé solennellement une campagne internationale pour la sauvegarde des monuments de l'Acropole. En témoignage exemplaire de solidarité internationale, nombreux sont les Etats membres de l'Unesco qui ont déjà répondu â cet appel. Non moins nombreux sont ceux qui se proposent d'apporter à la Grèce qui de son côté a décidé d'assumer les frais des travaux de sauvegarde leur coopération scientifique et technique pour la préservation et la restauration, notamment pour combattre les maladies dont souffrent les marbres des monuments, et assurer la stabilité du rocher de l'Acropole. par Kharalambos Bouras Pour sauver KHARALAMBOS BOURAS, prolesseur de l'histoire de l'architecture à l'Université technique nationale d'Athènes, est membre du groupe de travail formé par le gouvernement grec pour la préservation des monu¬ ments de l'Acropole. Ancien architecte auprès du Ser¬ vice archéologique grec, il a publié de nombreux ouvra¬ ges et articles sur les monuments de la Grèce ancienne et médiévale. 'Acropole an. í &>*' Ä -V" .-2* w . - «i ** < V. »'^làr^ **Ä.i jrfm - y>* *Vr*- r~*f QUARANTE ans nous séparent de la veaux problèmes, qu'il nous faut à présent d'une petite ville tranquille, pleine de sou¬ période qui a précédé la seconde venirs petit affronter. Et ces problèmes sont si graves que certains parlent de destruction de nombre d'années, comparé à l'âge d'Athè¬ nes, mais des années capitales pour l'évo¬ l'Acropole, ou du moins d'altération pro¬ fonde et irréparable de ses chefs-d'éuvre lution d'architecture et de sculptures classiques. guerre et mondiale. l'aspect de Un .la bien ville. Pour l'Acropole, ces quatre décennies se sont apparemment écoulées sans grands chan¬ gements : les grands travaux de restaura¬ tion de Nicolas Balanos étaient terminés depuis 1933. Elles ont cependant créé, secrètement mais irrévocablement, une série de nou En fait, ces problèmes sont directement liés à la modification rapide et incontrôlée de la vie dans l'environnement des monu¬ ments antiques. Les quarante historiques et de modestes bâti¬ ments néo-classiques, une grande capitale. Il lui faut compter avec deux millions d'habitants, des industries importantes, de grands immeubles ports des ports et des aéro¬ internationaux et une impression¬ nante pollution de I environnement. dernières Le paysage urbain perd de jour en jour années ont vu se produire à Athènes de ses rapports à la morphologie du terrain grandes transformations économiques, démographiques et sociales. Elles ont fait phie classique et aux restes des édifices de I naturel, aux points de repère ae la topogra- 1 l'Antiquité l'Attique, constructions qui ornent le Rocher sont les On a tout d'abord examiné le rocher de célèbre pour sa transparence cristalline, est ; l'atmosphère de éléments les plus précieux de leur patri¬ l'Acropole dans son ensemble. Après une assombrie par les fumées, tandis qu'une moine Grèce, recherche exhaustive, géologues et ingé¬ marée de touristes submerge la ville, et en particulier l'Acropole. toute personne cultivée y voit la plus belle nieurs ont écarté toute inquiétude quant à Bien que le Service archéologique grec n'ait jamais cessé d'effectuer sur les tem¬ ples de l'Acropole des travaux d'entretien, d'étendue limitée, il y a seulement une dizaine d'années que la nouvelle situation et les nouveaux problèmes ont commencé d'attirer l'attention des spécialistes. En Juin 1968, un article de Georges Don- architectural et, hors de expression de l'esprit classique du monde la stabilité du rocher et quant à sa résis¬ antique. tance à l'érosion par les eaux souterraines. Aussi bien le gouvernement grec que les services compétents, conscients de cet tions des monuments sont en bon état (à Ils ont également démontré que les fonda¬ l'exception de la Pinacothèque, c'est-à-dire intérêt et de leur responsabilité scientifique l'aile septentrionale des Propylées, et du à socle de la statue d'Agrippa). l'égard des monuments, ont déployé depuis deux ans une activité importante, d'une part lançant un appel à l'aide interna¬ L'étude de la condition statique de la tionale pour le financement des travaux de superstructure sauvetage et d'autre part organisant, au cours. Tous ces monuments sont faits de pole, paru dans le Courrier de l'Unesco, niveau national, la meilleure étude possible blocs de marbre du Pentélique, taillés et donna une large diffusion aux inquiétudes des dangers qui menacent les monuments, afin d'en supprimer les causes. Dans ce tas, Directeur des monuments de l'Acro¬ des archéologues grecs. envoyer deux missions L'Unesco allait scientifiques à dernier domaine, ils ont également fait des monuments est en parfaitement ajustés, sans mortier. De ce fait, chaque bâtiment peut être examiné dans son ensemble du point de vue de la Athènes : trois spécialistes en 1969 et une appel à l'assistance internationale, qui s'est résistance aux séismes et à la pression du équipe de traduite par l'envoi d'une autre mission vent, d'experts de c'est-à-dire que l'on détermine dans quelle' photogrammétrie de l'Institut Géographique National français en 1971. Cependant, pour que les problèmes de l'Acropole soient étudiés et abordés de façon véritablement active, il faudra atten¬ dre encore jusqu'en février 1975. A cette date, en effet, se constituent à Athènes une commission et une équipe de spécialis¬ tes dont les travaux sont désormais géné¬ reusement financés. l'Unesco en octobre 1975. mais aussi dans ses composantes, mesure les divers éléments de l'organisme L'étude des problèmes de conservation porteur (colonnes, chapiteaux, poutres) de l'Acropole et de ses monuments doit pris séparément conservent la résistance être menée à terme avant qu'on ne déplace voulue aux épreuves de toutes sortes. ' la moindre pierre et tout traitement doit se fonder sur l'analyse exhaustive des phéno¬ mènes. D'autre part, les interventions obéi¬ ront à trois exigences : modifications aussi L'intérêt du public pour le sort des monu¬ réduites que possible dans l'apparence des monuments, respect scrupuleux des dispo¬ restauration ments de l'Acropole a toujours été très vif. sitions de la Charte de Venise (1), garantie Congrès international des architectes et techniciens Les Grecs d'aujourd'hui pensent que les de réversibilité pour chaque intervention. des monuments historiques, Venise, 25-31 mai 1964. (1) Charte Internationale des pour la monuments, conservation adoptée lors et la du II" Photo © Département des Antiquités de l'Acropole, Athènes Le à ballon la rescousse... Un ballon (à droite) approche de l'Acropole pour une mission photographique. Les photos doivent aider â Identifier les centaines de pierres et fragments de construction répandus sur le site. Celles qui appartiennent aux monuments encore existants pourront retrouver alors leur place originelle. Autre étude en cours, celle de la surface même du rocher : les campagnes de fouilles successives ont fait disparaître les couches de sol qui la protégeaient. On le voit bien autour des soubassements du Parthenon (à gauche). Quant aux reliefs de marbre qui demeurent sur l'Acropole (en bas à droite), déjà erodes par 24 siècles de pluie et de vent, leur dégradation s'est I fortement accélérée depuis peu en raison de la pollution atmosphérique. L'anhydride sulfureux rejeté dans l'air par l'industrie et le chauffage central provoque sur les reliefs et les statues la formation de croûtes de. suie, lesquelles provoquent des fissures dans le marbre (en bas, â gauche : tête d'un cavalier sur la frise occidentale du Parthenon). Le gouvernement grec a pris des mesures pour réduire la pollution dans la zone environnant , l'Acropole. Photos © Deutsches Archäologisches Institut, Athènes . Le premier examen comporte entre utilisées dans ses importantes et rapides autres l'étude expérimentale des phénomè¬ restaurations nes probablement les possibilités de l'acier. sur le Parthenon par la méthode moderne, dite de "photoélasticité", à l'aide d'une maquette en résine synthétique à l'échelle du 1/100e, qui est soumise à des forces transversales, proportionnelles aux forces naturelles. (1896-1933). Il surestimait marbre, quand les plans laissés par Balanos C'est ainsi qu'ont été ajoutées à presque Au cours du second examen, on recher¬ marbres, provoqués jadis par les explosions et les incendies, au moyen de méthodes modernes : ultrasons et gammagraphie. les pour réunir des éléments brisés, L'humidité et l'environnement marin de principes que nous avons exposés, exige de En rouillant, elles perdent leur résistance, mais aussi elles augmentent de elles ont été insérées. Il existe à présent de nombreuses fissures et, en certains points, mesurer un danger immédiat d'effondrement. des ultrasons dans la masse du marbre ; elle a gramme aussi vaste, respectant tous les rouillent. ver d'échantillons. La première consiste à transmission tage de toutes les parties des monuments l'Attique font que toutes ces pièces d'acier volume et brisent le marbre dans lequel de d'acier suppos« le démontage et le remon¬ formant l'Acropole qui ont été restaurées au cours des 19° et 20° siècles. Un pro¬ dans le portique des Caryatides. Ces deux méthodes permettent d'effec¬ vitesse Le remplacement des chevilles et poutres ou même des poutrelles d'acier pour soutenir tuer des mesures de résistance sans préle¬ la ne fournissent pas de détails suffisants. tous les bâtiments de l'Acropole des chevil¬ chapiteaux et poutres de marbre, comme che les fissures et les vides intérieurs des La gammagraphie sert aussi à localiser les pièces d'acier insérées dans les blocs de travail, une excellente organisation et, surtout, étude préparatoire complète. nombreuses années de une En même temps que l'on rassemble tous les renseignements disponibles dans les L'étude exhaustive de la question a mon¬ bibliographies, les archives et les rapports tré que la seule solution de ce problème antérieurs sur les bâtiments de l'Acropole, extrêmement grave est la suppression- de voici deux ans que l'on a entrepris la vérifi¬ toutes ces pièces d'acier et leur remplace¬ cation systématique de la forme actuelle ment par des chevilles d'un autre métal, des monuments (photographies et dessins mière fois sur les blocs de marbre, consiste possédant très détaillés). Ce travail, ainsi que les pro¬ à prendre des photographies à l'aide de serait le titane, rayons gamma émis par du cobalt. quelles que soient les circonstances. déjà été appliquée aux points d'appui du plafond à caissons, dans la partie ouest du Parthenon. La seconde, mise en 'uvre pour la pre¬ Ces une résistance illimitée. Tel parfaitement inoxydable, positions précises d'intervention, sont presque achevés pour l'Erechthéion. rayons traversent les éléments architectu¬ raux en marbre, et impressionnent une pel¬ licule photographique, donnant quelque chose d'analogue aux radiographies médi¬ cales. Ces photographies permettent de distinguer les fissures et les solutions de continuité à l'intérieur de la masse du mar¬ bre, rendant possible le diagnostic des cau¬ ses d'affaiblissement de la pierre. Mais les inquiétudes les plus vives que suscitent les monuments de l'Acropole pro¬ viennent moins de leur condition statique générale que des fissures provoquées par les pièces d'assemblage métalliques pla¬ cées à l'intérieur des éléments de marbre. Les Anciens utilisaient dans leur archi¬ tecture des chevilles de fer de petite taille qu'ils rendaient pratiquement insensibles à Déposition d'un roi l'oxydation en les recouvrant de plomb. Mais Nicolas Balanos n'a pas pris de telles précautions pour les pièces d'acier qu'il a mythique Ces sculptures du fronton ouest du Parthenon représentent Kékrops et sa fille Pandrosos, figures légendaires de l'histoire athénienne. Selon les anciens mythes, Kékrops fut, au 16° siècle avant notre ère, le premier roi d'Athènes. Rongé par le temps et l'érosion, ce bel exemple de l'art classique grec (5e siècle avant notre ère) était tellement endommagé qu'il fallut, en 1976, le déposer de son fronton (â gauche) pour le conserver au Musée de l'Acropole. 8 Un Parthenon dans la boîte à épreuves Réalisée en résine synthétique, cette maquette, au 1/100è, du Parthenon (ci-dessus) sert â mesurer les tensions qui affectent le monument. On peut ainsi évaluer sa stabilité et sa résistance aux pressions exercées par le vent ou par d'éventuelles secousses séismiques. Grâce à un appareillage particulier, on peut ainsi varier ces tensions et les rendre visibles sur la maquette. Ci-dessous, simulation de tensions sur la façade occidentale du monument. Quant au relevé architectural des temples de l'Acropole, la méthode moderne de la photogrammétrie terrestre a été employée de façon limitée. On lui a préféré des méthodes traditionnelles, qui permettent le diagnostic des altérations subies par cha¬ que élément de marbre, en même temps que sa mesure. Autre sujet d'alarme : la détérioration superficielle des éléments architecturaux, et surtout des sculptures d'à peu près tous les monuments de l'Acropole. Le marbre du Pentélique, matériau d'aspect splendide et de grande résistance, perd son ancienne surface, il se corrode, il se désagrège. La principale cause du mal est la transforma¬ tion du marbre en plâtre sur une profon¬ deur plus ou moins grande, sous l'influence de l'anhydride sulfureux présent dans l'at¬ mosphère polluée. Les fumées d'usines et de chaudières de chauffage central dans la ville moderne ren¬ les deux sculptures du fronton ouest ont La solution radicale du problème de la ferment un taux dangereux de ce gaz, qui été provisoirement abritées au Musée de pollution atmosphérique d'Athènes préoc¬ se l'Acropole et remplacées par des copies. cupe sérieusement le gouvernement grec. On a délimité autour de l'Acropole une répand partout. Une quantité infime d'humidité suffit pour que le marbre anti¬ On a suggéré d'enfermer les Caryatides que soit attaqué et se transforme en plâtre, lequel est dissous et entraîné par l'eau de pluie, ou alors retient la suie et la poussière et forme des croûtes qui bientôt s'effritent. dans une boite transparente climatisée, afin Si l'on ajoute à cela la détérioration natu¬ relle du marbre, ininterrompue pendant vingt-quatre siècles, sous l'effet de la pluie, de la grêle, des vents et surtout du gel, on comprend pourquoi les chefs-d'duvre d'Athènes courent depuis quelques années un danger inconnu jusqu'ici. Il est évident que le problème est particu¬ lièrement aigu pour les sculptures, c'est-àdire les Caryatides de l'Erechthéion, la frise et les sculptures qui demeurent sur les fron¬ tons du Parthenon. Comme remède à tous ces maux, on pro¬ indépendamment de la solution pose radicale du nettoyage de l'atmosphère des solutions d'attente, mais dont la mise en application serait bien plus rapide. Des de les protéger pleinement jusqu'au jour où commencera l'inévitable démontage du portique sud de l'Erechthéion, pour le rem¬ placement de l'armature métallique de ses poutres. On a proposé également, mais la déci¬ zone, à l'intérieur de laquelle il est interdit de chauffer les maisons au mazout, riche en soufre. Parallèlement, une étude technico-économique complète a été entre¬ prise sur le remplacement, à plus grande échelle, du mazout par d'autres sources d'énergie : gas-oil, gaz de ville ou même sion définitive n'a pas encore été prise, de énergie transporter les Caryatides dans les salles dépenses entraînées par ce remplacement climatisées du Musée, réservant la possibi¬ lité de les remettre en place dès que l'état de l'environnement le permettra. Les mou¬ d'habitations lages qui, en pareil cas, prendraient provi-. soirement la place des originaux sont déjà électrique. L'importance des il faut chauffer quelque 5 millions de M3 ainsi que le temps néces¬ saire à la réalisation de ce changement, sont actuellement examinés par les services publics d'Athènes. en cours de fabrication. Enfin, on ne cesse d'étudier la possibilité Le sentiment de l'espace sur le rocher de de protéger les marbres in situ ; dans ce l'Acropole a beaucoup changé depuis l'Antiquité. Cela est dû principalement aux fouilles qui ont été effectuées par les archéologues au 19e siècle (surtout après domaine, le 2e Symposium sur la détériora¬ tion des pierres dans les constructions s'est tenu à Athènes en septembre 1976. Cepen¬ dant l'exigence de réversibilité imposée à toute intervention pratiquée sur les élé¬ 1885), et qui ont presque partout dénudé le rocher. Ainsi ont été découvertes les fon¬ abris en bois provisoires, d'aspect neutre, ments antiques a immédiatement exclu la dations des bâtiments, invisibles à l'époque protègent déjà de la pluie et du gel la frise quasi-totalité des matériaux de protection locale utilisés aujourd'hui dans le bâtiment. classique, et le terrain est devenu difficile- 1 du Parthenon et les Caryatides, tandis que ment praticable. | > Le désordre général est aggravé par des centaines d'éléments architecturaux, petits et grands, provenant des monuments con¬ nus ou inconnus d'époques diverses, qui obstruent les passages et occupent une fraction importante de l'espace libre. Enfin, les pas des visiteurs entraînent des domma¬ ges irréparables. Aussi bien sur le sol des monuments que sur le rocher (sur les surfa¬ ces apparentes dès l'Antiquité) la détériora¬ tion a atteint un degré inquiétant : les entailles antiques, les cavités destinées à asseoir les socles et les fondations, le tracé des voies, tous éléments qui présentent un immense intérêt archéologique, sont mena¬ Le mal des cés de disparaître. L'effort d'aménagement par un examen a commencé complet de la situation actuelle. On a fait des plans topographi¬ ques détaillés, à l'échelle du 1/1008 et on a pris des photographies de la surface du rocher en utilisant un petit aérostat. Un recensement des éléments architecturaux épars est prévu ainsi qu'un système pour les répertorier avant tout déplacement, ce qui facilitera leur identification et leur clas¬ sement pour leur mise en place définitive. On a étudié ensuite la possibilité de recou¬ vrir de terre une grande partie du rocher, de façon à créer des accès faciles vers les anti¬ quités, et une esplanade plus large à l'est de l'Erechthéion. On envisage d'autre part de déplacer les éléments architecturaux et de les disposer de façon à rétablir la lisibilité de l'espace archéologique et à faciliter les études scien¬ tifiques futures. Devant les Propylées, on propose une nouvelle disposition de la rampe d'accès, analogue à la voie antique. Enfin, il a été décidé de construire, dans les environs, un nouveau Musée de l'Acro¬ pole, vaste et doté d'installations modernes, où seront exposées toutes les luvres trouvées sur l'Acropole, et dont un grand nombre s'entassent encore dans les réserves. Un concours d'architecture pour la réalisation des plans de ce nouveau musée a été organisé. Quant à l'altération du paysage urbain d'Athènes et à son rapport avec l'Acropole, quelques améliorations peuvent être appor¬ tées. Des dispositions d'urbanisme ont écarté les grands immeubles des abords de l'Acropole et de tous les lieux archéologi¬ ques voisins, tandis que, parallèlement, des mesures ont été proposées pour la conser¬ vation de Plaka, le vieux quartier qui s'étend au pied du rocher, du côté nord. Enfin des expropriations ont rendu possible le percement nécessaire pour reconstituer le Péripatos, le chemin qui faisait le tour de l'Acropole dans l'Antiquité. L'Acropole et ses monuments ont connu d'autres moments difficiles au cours-de leur longue histoire, avant de nous parvenir dans leur toujours jeune beauté, restes uni¬ ques d'une grande époque de la civilisation occidentale. Aucun effort destiné à trans¬ mettre intact cet héritage de civilisation aux générations à venir ne saurait être qualifié d'excessif. Kharalambos Bouras 10 Caryatides Le portique des Caryatides (à droite) était l'une des trois entrées du célèbre Erechthéion, temple construit sur l'Acropole pour perpétuer certains cultes primitifs. Les Caryatides sont ces statues féminines qui soutiennent l'entablement. Leur conservation et leur restauration posent des problèmes ardus que des spécialistes grecs choisis parmi les meilleurs sont en train d'étudier (voir aussi les deux pages de couverture de ce numéro). La seconde Caryatide â partir de la gauche a bénéficié de "retouches" en 1968-1969 (en bas â droite : avant et après la restauration). Une autre de ces statues (photo de gauche) n'est en fait qu'une copie : l'original se trouve depuis 1816 à Londres au British Museum. C'est la seconde fois que l'on entreprend des restaurations importantes sur l'Acropole au 20e siècle. Une photographie de 1902 (en bas à gauche) montre que le toit du portique avait été démonté pour permettre d'y insérer des longerons d'acier. Mais l'architecte responsable de l'opération n'avait pas prévu que l'acier, en s'oxydant, gonflerait et mettrait en péril les structures. Il fit de même pour d'autres monuments de l'Acropole... Ce qui met les spécialistes d'aujourd'hui devant un problème délicat. Ceux-ci disposent heureusement de procédés plus évolués. Ainsi, pour relever les contours des sculptures et des monuments au millimètre près et en reconstituer ensuite les moindres détails, a-t'on recours quelquefois â la photogrammétrie. Ci-dessous : relevé photogrammétrique de la Caryatide située â l'extrémité sud-ouest du portique. Photos © Musée de l'Acropole, Athènes 11 A gauche, l'Acropole telle qu'elle pouvait apparaître â un Athénien gravissant, il y a 2 400 ans, les marches des Propylées (au premier plan). Entre l'Erechthéion (au fond â gauche) et le Parthenon, se dressait la colossale statue de bronze d'Athéna. D'après Pausanias, voyageur et écrivain grec de l'Antiquité, les marins doublant le cap Sounion, â 50 km de là, pouvaient apercevoir le cimier et la pointe de la lance de la déesse. Bien avant que Périclès, au 5e siècle avant notre ère, ne fasse construire ce prestigieux ensemble de monuments, l'Acropole était déjà un sanctuaire vénéré. Ce monstre à trois têtes (à droite) décorait sans doute l'Hécatompédon, temple qui, au 6e siècle avant notre ère, s'élevait, pense-t-on, sur le site même du Parthenon. Les métamorphoses du Rocher Sacré par Jean Travlos plus douce, ses sources, les nombreuses libres qui existaient dans l'Antiquité, afin grottes ouvertes sur ses côtés, offrirent un que le visiteur actuel puisse, refuge sûr aux premiers habitants qui s'y pèlerin antique, marcher à son aise, appro¬ établirent à l'époque néolithique, environ cher et admirer les monuments. comme le 3500 ans avant notre ère. Mais pour avoir une image nette de la topographie de l'Acropole au 5" siècle, il nous LE Rocher sacré, l'Acropole lui conserver son nom pour historique est une colline de calcaire massif. Ses dimensions sont à la base de 330 x 170 m, son altitude au-dessus du niveau de la mer de 156,20 m, tandis que sa hauteur faut connaître les monuments et La destruction des monuments et l'alté¬ ration de l'aspect de l'Acropole ont commencé dès le 17° siècle et se sont pour¬ autres ruines découverts au cours des fouil¬ suivies les ; ils nous content l'histoire du "Rocher d'Indépendance sacré" depuis le moment où les premiers Propylées ont été gravement endommagés par l'explosion de barils de poudre vers le s'y sont installés jusqu'à l'époque jusqu'à l'époque de la hellénique de guerre 1821. Les où les artistes de l'âge classique créèrent la milieu du 17e siècle, tandis que le temple nouvelle composition architecturale. d'Athéna Niké fut démoli par les Turcs, peu avant l'attaque vénitienne de 1687, pour Le Parthenon, l'Erechthéion, les Propy¬ lées et le temple d'Athéna Niké construire avec ses éléments architectu¬ raux le grand bastion érigé devant les Propylées. La destruction fut consommée relative par rapport au sol sur lequel elle (victorieuse) repose ne dépasse pas 50 m. tectural homogène, expression de l'esprit quand classique et de la perfection de la création artistique du 5e siècle avant notre ère. Pour¬ (1619-1694) fit sauter le Parthenon en 1687, quand l'Erechthéion tomba en ruines, puis tant quand les sculptures des temples antiques Ses flancs abrupts, presque verticaux, à l'exception du côté ouest dont la pente est on les forment un ensemble archi¬ examine d'ordinaire sépa¬ rément, comme des monuments indépen¬ JEAN TRAVLOS, architecte et archéologue grec, est un spécialiste de l'ancienne Athènes et de ses monu¬ ments. Architecte de ¡'American School ot Classical le vénitien Francesco Morosini furent systématiquement pillées. dants, archéologues et architectes se bor¬ nant à les dégager, à les restaurer et à les étudier. En se fondant sur les descriptions de voyageurs dès 18e et 19° siècles, sur les Studies ( 1935- 1973) il a activement participé aux fouilles anciennes peintures et sur les dessins qui de l'Agora antique d'Athènes dont deux des monu¬ Aucune recherche systématique n'a été ments ont été restaurés sous sa direction. Il a publié de effectuée à ce jour pour préciser la topogra¬ ont été conservés, phie l'aspect que présentait l'Acropole dans les nombreuses études dans des revues archéologiques et des ouvrages sur Athènes comme, en français, Athènes au fil du temps, éd. Joël Cuénot, Boulogne 1972. 12 de l'Acropole, pour déterminer et reconstituer les passages et les espaces on peut reconstituer premières années de l'Indépendance. ^^^^^^üdVC íw\i Pf*\ ^^^f > *^Jk ^^^^^H 1 «J m j [ 1 ^1 ^v ^jfc¿jyi 1 m P 1 fi^^v '.¿SE ^^^^ ^ ^ r P^ ^ W^r t WLt*'' j HB ^SkYJ * ^L tmW J Photo © Deutsches Archäologisches Institut, Athènes Des murs très hauts et très épais enfer¬ C'est à la même époque que fut démoli le maient de tous côtés le Rocher sacré, parti¬ grand bastion situé devant les Propylées et (cent pieds, attiques, de long) sur l'empla¬ cement du Parthenon actuel, et un ancien culièrement renforcés du côté occidental, que les éléments architecturaux du temple temple, devant les Propylées, de manière à assurer d'Athéna Niké furent extraits de ses murs encore au sud de l'Erechthéion. la sécurité de l'entrée. Une rangée de trois et que la première restauration du temple constructions plus petites, autels et monu¬ bastions armés de canons formait ici une fut entreprise. Les grandes fouilles de l'Acropole datent des années 1885-1890. ments très puissante fortification. Pour arriver sur l'Acropole à partir de l'enceinte extérieure, C'est alors que tous les monuments anti¬ furent découverts et l'endroit prit il fallait donc passer par ces bastions et par ques six portes bien protégées. l'aspect qu'il conserve encore aujourd'hui. A l'intérieur de la citadelle, un grand rem¬ blai, formé par les gros blocs de marbre provenant des temples détruits, recouvrait la partie inférieure des monuments. Sur ce remblai, 300 petites maisons environ avaient été construites, où logeaient la gar¬ nison turque et les familles des soldats. Un grand nombre de sculptures archaï¬ dont votifs, l'Acropole, les fondations couvraient toujours ¡"cyclopéen" de subsistent le rocher entouré l'époque D'autres du de mur mycénienne (13° siècle avant notre ère). En 556 avant notre ère, la partie supé¬ rieure de la tour mycénienne, qui protégeait ques, les célèbres Korès (jeunes filles), les l'entrée de la citadelle, fut démolie et sur sculptures cet emplacement, visible de loin, on cons¬ en tuf des frontons d'autres éléments architecturaux, et bien décou¬ verts dans le remblai, vinrent enrichir le Musée de l'Acropole. Les fouilles truisit le premier autel en l'honneur d'Athéna Niké, à l'occasion de la consecra- i tion des Jeux Panathéniens (1). I terminées, on commença la restauration du Parthenon, de l'Erechthéion et des Propy¬ lées, et, un peu avant la seconde guerre Les travaux de déblaiement et de déga¬ gement des monuments de l'Acropole commencèrent en avril 1833, aussitôt après la libération d'Athènes et le départ de la garnison turque. Dès août 1834, lorsque l'Acropole cessa, par décret royal, d'être utilisée comme forteresse, les travaux devinrent systématiques et les premières fouilles furent entreprises. La démolition des édifices médiévaux (byzantins, francs et d'époque turque) commença en 1835. mondiale, la deuxième restauration du tem¬ ple d'Athéna Niké était achevée. Le site de l'Acropole était donc habité dès l'époque néolithique. Mais les premiers temples y furent édifiés à partir de l'époque géométrique (vers 1050 à 700 avant notre ère) qui doit son nom aux motifs géomé¬ triques qui décoraient les vases. Au 6e siècle, deux grands temples étaient consacrés à Athéna : l'Hécatompédon (1) Ou Panathénées : la plus grande et la plus ancienne de toutes les fêtes célébrées par les Athéniens et les habitants de toute l'Attique, en l'honneur d'Athéna. Les Petites Panathénées avaient lieu chaque année et les Grandes tous les quatre ans. Elles duraient une dizaine de jours et comprenaient des jeux athlétiques et choré¬ graphiques, des courses hippiques, un concours musi¬ cal, etc., et se clôturaient en grande pompe par une pro¬ cession allant porter en offrande un nouveau péplos (tunique) à la déesse, et par des sacrifices. 13 . L'ancien chemin tortueux qui partait du tes, l'expressivité et la finesse de son style L'archéologue américain G. P. Stevens a pied de la tour de la Victoire et conduisait à l'Acropole ne suffisait plus pour la foule qui suivait la procession des Panathénées. On ionique s'opposent à la sévérité du style émis une hypothèse : le mur de soutène¬ dorique du Parthenon. construisit alors la première voie montante, l'emplacement droite, large de 10 mètres et longue de 80, à l'architecte laquelle appartient le beau mur de soutène¬ ment (milieu du 68 siècle avant notre ère) qui subsiste dans l'axe des Propylées. Sur le côté ment de la terrasse du ouest du du Parthenon, propylée à archaïque, Mnésiclès édifia de nouveaux Propylées (437-432), mais en leur donnant une orientation différente. Cette modifica¬ tion devait provoquer chez le pèlerin, dès Après la victoire des Athéniens à Mara¬ thon, en 490 avant notre ère, l'Hécatompé- son arrivée sur l'Acropole, une émotion intense : la statue colossale d'Athéna Pro¬ don fut démoli et, sur son emplacement, le machos (guerrière) se trouvait exactement premier grand Parthenon de marbre com¬ mença de s'élever. En même temps, sur l'emplacement de la porte fortifiée mycé¬ nienne, un propylée monumental à portes multiples fut construit remplacé plus tard par les Propylées actuels. dans l'axe des Propylées, flanquée de part et d'autre par le Parthenon et D'austère style dorique, les Propylées servent de façade et d'entrée monumentale au grand sanctuaire de l'Acropole. La par¬ Tel était, avec les temples imposants et tie centrale, la plus vaste, sert d'entrée ; elle est entourée de deux ailes plus petites. décrites, l'aspect que présentait l'Acropole L'aile sud était affectée au service du sanc¬ en 480 avant notre ère, année où les Perses tuaire d'Athéna Niké, élégant temple ioni¬ s'en emparèrent et la détruisirent. Ils causè¬ rent d'effroyables dévastations aux temples, sanctuaires, monuments votifs, bâtiments que. Mnésiclès avait dû prévoir son empla¬ publics et maisons. temple avait été décidée dès 448. Mais sa les éclatantes victoires de Salamine et de Platées en 479 avant notre ère, fut l'érec¬ tion d'une nouvelle enceinte pour assurer la cement ainsi que le suggère la disposition de l'aile droite des Propylées. L'érection du construction ne commença qu'en 427, sur des plans de Callicratès ; elle était achevée en 424. En 410, une ballustrade décorée de . détruits. Le programme recherches ont permis de démontrer que les entailles qui subsistent n'étaient pas destinées à la construction soutènement continu, d'un mur de mais à la mise en place de socles votifs isolés bordant, du moins je le présume, le côté sud d'un grand espace sacré. On peut ainsi démontrer que la Voie qu'elle s'arrêtait exactement à l'endroit où est gravée l'inscription de la Gê Kourotro- phos (Terre nourricière des Kouroi," jeunes gens"). C'est à cet endroit précis que com¬ mence une autre grande esplanade, dont les limites sont déterminées avec précision : bornée au sud par le Parthenon et la série des monuments votifs, au nord par l'Erech¬ théion, à l'est par le temple de Zeus Polieus et à l'ouest, du moins jusqu'au milieu du 4e siècle avant notre ère, par l'opisthodome (partie postérieure) de l'ancien temple d'Athéna. Au centre (60x60 Victoires entoura le temple. m) de se cette trouvait vaste le esplanade grand autel d'Athéna : il s'agit de la Cour Sacrée. Elle était, je pense, indispensable pour accueillir la grande foule du cortège des Panathénées qui s'arrêtait, on le sait, au grand autel. sécurité de la ville, et la reconstruction des monuments alors les 86 m. Cependant, mes dernières Sacrée n'avait que 54 mètres de long et l'Erechthéion. les autres constructions que nous avons Le premier souci des Athéniens, après Parthenon devait aller jusqu'à l'extrémité orientale du temple et la longueur de la Voie Sacrée approchait de construction fut achevé dans la seconde moitié du 5" siècle, par Périclès. Sous son impulsion, architectes, peintres et sculp¬ teurs, réalisèrent ces chefs-d'muvre inimi¬ tables que nous admirons encore aujourd'hui. Tel est l'aspect conservé par l'Acropole A l'intérieur de l'Acropole, immédia¬ tement en arrière des Propylées, jusqu'à la fin de l'Antiquité. Les ajouts ont été, en effet, peu nombreux. Le plus impor¬ se dessine une grande esplanade de 50 x 43 m, bordée de plusieurs sanc¬ tant fut le temple circulaire de Rome et d'Artémis d'Auguste, construit devant le Parthenon. D'autre part, au milieu du 1er siècle de notre Temples et autels majestueux se dressè¬ rent sur l'Acropole, à l'emplacement de ceux détruits par les Perses. Là aussi, de nouvelles et très puissantes murailles avaient été élevées ; elles servaient égale¬ tuaires : ment de murs de soutènement destinés à contenir les importants remblais accumulés ce, le rempart et la maison des Arrhéphores, jeunes filles que l'on enfermait pour niveler le rocher et, surtout, en aug¬ dans menter la surface. près d'une année pour qu'elles tissent le péplos d'Athéna. A l'est, l'esplanade abou¬ Sur l'Acropole, les travaux furent exécu¬ tés en fonction d'un nouveau plan architec¬ au sud le sanctuaire Brauronia et la Chalcothèque, long bâti¬ ère, la voie montante conduisant à l'entrée ment rectangulaire, arsenal où l'on conser¬ des Propylées fut remplacée par un escalier vait différentes armes de bronze (du grec de marbre monumental. Khalkos : cuivre) ; au nord un petit édifi¬ tissait l'enceinte au mur de l'Acropole soutenant la pendant terrasse de tural. Nouveau parce que l'orientation des l'ancien temple d'Athéna, où se dressait la Propylées fut changée et de très anciens statue colossale d'Athéna Promachos. autels et sanctuaires recouverts lors du nivellement du rocher et de l'aménagement de chemins et espaces libres. De cet endroit précis partaient deux voies : l'une vers le Parthenon, l'autre vers l'Erechthéion. Celle qui menait au Parthe¬ Ictinos et Callicratès établirent les plans non, la Voie Sacrée, est aujourd'hui recou¬ l'honneur verte sur toute sa longueur par des marbres d'Athéna Parthénos (vierge) : le Parthenon antiques et d'autres éléments architectu¬ raux. Cependant, son emplacement et sa du nouveau temple élevé en (447-432 avant notre ère). Son ornementa¬ tion sculpturale est due à Phidias travaillant largeur (6-7 m) peuvent être déterminés en collaboration avec d'autres artistes de grand talent. Plus tard, mais toujours con¬ avec une grande précision d'après les entailles faites dans le rocher pour les fon¬ formément au plan initial, un élégant tem¬ dations des deux murs de soutènement, qui ple la bordaient : l'un appartient à la terrasse du Parthenon, l'autre à celle de l'ancien ionique, l'Erechthéion (421-406) fut érigé pour remplacer l'ancien temple d'Athéna. Malgré ses dimensions modes 14 temple d'Athéna. Aussi, les renseignements transmis par le géographe et historien grec Pausanias, qui a visité Athènes vers le milieu du 2e siècle de notre ère, constituent-ils le témoignage le plus complet et le plus digne de foi sur l'Acropole du 5e siècle avant notre ère. Dans sa Description de la Grèce, il décrit de façon très détaillée édifices, statues et monuments votifs qui existaient encore à son époque sur le Rocher Sacré. Jean Travlos JT\ L'Acropole des Korés avant Périclès Le Parthenon voulu par Pérjclès et décoré par Phidias au 5e siècle avant notre ère n'était que le troisième (ou le quatrième) temple élevé sur cet emplacement de l'Acropole, colline consacrée â la déesse Athéna. Vers la fin du 6e siècle, le Rocher était couvert de temples dont les abords étaient peuplés de statues de bronze et de marbre : kouros (garçons) toujours nus et korés (jeunes filles) toujours vêtues, sùurs de cette Koré (â gauche) sculptée vers 500 et de celles que nous reproduisons en pages suivantes. SUITE PAGE 17 15 w 16 Photo © Musée du Louvre, Paris L'ACROPOLE DES KORÉS AVANT PÉRICLÈS (Suite) Athéna, selon la légende, permirent la mise au jour de avait guidé Cyclopes et ce cimetière sacré, avec ses Géants (voir photo 6), ces statues, bien conservées pour porteurs d'énormes quartiers la plupart. Statues de rocs, pour construire un votives, elles comptent parmi mur autour de l'Acropole. Les les plus belles de l'art dit restes de ce "mur cyclopéen" "archaïque", témoin ce montrent qu'il atteignait par Moschophore (1) ou porteur endroits 6 m d'épaisseur et de veau (vers 570) qui venait plus de 10 m de hauteur. apporter son offrande à Mais au cours des Guerres Athéna. Toutes les Korés de mediques, les Perses l'Acropole ont été sculptées s'emparèrent d'Athènes en entre 550 et 490. Nous 480 et détruisirent temples et présentons ici quelques statues de l'Acropole. exemples de ces figures Atterrés, les Athéniens graves ou enjouées, sérieuses Inhumèrent, après le départ ou rieuses : (4) Kouros de des envahisseurs, les statues Milo daté d'environ 550-540 ; mutilées et profanées dans (3) Koré, dite au péplos, vers des grottes et des caches de 540 ; (5) Koré de 1,20 m de la colline. Ce n'est qu'à la fin haut, vers 520 ; (2) Koré du siècle dernier, entre 1886 datant de 520 ; (7) Koré de et 1889 que des fouilles 1,82 m de haut, vers 520-510. 17 Photos © Tombazi, Athènes Autour du Les numéros indiquant les Parthenon monuments sur l'Acropole correspondent aux numéros de la droite. Les autres monuments portés sur ce ce plan de plan sont : tons du temple. Les sculptures du fronton Est (page 18) représentent la naissance d'Athéna n'en donnent pas moins une bonne idée de l'Acropole du 5e siècle avant notre ère, puisque tout armée et casquée ; celles du fronton Ouest (page 19) rappellent la lutte d'Athéna et de Poséidon pour la possession d'Athènes. Aujourd'hui seuls subsistent des fragments de ces chefs-d' que l'on a qualifié de "sommet de l'art grec." seuls des monuments d'intérêt secondaire y avaient été ajoutés. Ci-dessus à gauche, reconsti¬ maquette, à A. l'ancien temple d'Athéna ; B. l'autel d'Athéna ; C. l'Odéon La maquette (ci-dessus) et le plan (à gauche) montrent l'Acropole au 2a siècle de notre ère, ils féO tution d'un des angles du Parthenon. Les panneaux de marbre, ou métopes, sont décorés de sculptures rehaussées de peinture. En haut de cette double page, reconstitution des deux fron- d'Hérode Atttcus ; D. le théâtre de Dionysos. 18 19 Une antique démocratie inscrite dans le marbre Soulignons tout d'abord que ces bâtiments si justement célébrés s'inscrivent par Manolis Andronicos dans le vaste programme de construction de la démocratie péricléenne. Car les créations éblouissantes de l'Acropole font trop souvent oublier que l'art classique constitue un phénomène complexe qui reflète l'ensemble de la société et témoigne d'une conception du monde et de l'homme. Comment ne pas être frappé en effet par le grand nombre des édifices construits entre 450 et 400 avant notre ère, mais aussi par la variété de leurs formes et de leurs fonctions ? A Athènes même, ce sont' le Stratégéion, le nouveau Bouleutérion, la Monnaie, l'Odéon de Périclès, le APRES avoir gravi le rocher de l'Acropole, tout visiteur s'arrête Pompéion, le Portique sud de l'Agora, la Chalcothèque, le Portique d'Artémise Brauronia sur l'Acropole, etc. Pendant la ments chargés d'histoire. Des vestiges de de l'angle sud-ouest du Parthenon, il peut, même période, assiste à une floraison bâtiments aujourd'hui, soit avant tout celle de l'épo¬ d'Héphaistos (Théséion) et temple d'Apol¬ que classique. lon Delphinios. classique a qu'a contribué suscitée à la perception de ces éuvres, où l'on voyait le modèle éternel d'une beauté idéale, désincarnée, olympienne et transcendante. Notre époque, en réaction contre cette attitude, a découvert l'art archaïque et le pendule s'est déplacé opposée. Quoi qu'il aujourd'hui en soit, se est, on direction peut plus Propylées, Erechthéion, d'Athènes temple temple apparaissent Cette activité fébrile traduit l'opulence et les objectifs de la démocratie athénienne, tels qu'ils s'expriment dans la politique de Périclès. La puissance équilibrée des formes qu'on constate dans l'art classique, constitue l'équivalent intellectuel de la ce moment historique privilégié, stabilité qui n'est autre qu'un subtil équilibre entre profonds. Il convient donc de tenter une interprétation essentiellement historique de ce bonheur architectural qu'expriment les édifices de l'Acropole d'Athènes. des forces opposées. Ainsi, l'art tentative de classique représente conciliation entre Athènes 1975, ainsi que Merveilles des Musées grecs, éd. Hachette, Paris 1975. 20 monde grec tout entier doit se regrouper autour d'Athènes, dont l'hégémonie ne saurait porter ombrage à quiconque, ami ou ennemi, puisqu'il s'agit d'un fait, d'une évolution historique. le C'est dans cette perspective que s'inscrit "programme" de Périclès où la de la cité et lieu de ses cultes ancestraux, tient une place particulière. Les Barbares (1) avaient incendiés les sanctuaires archaïques donc unique de ; l'occasion était recréer une nouvelle Acropole. Les trois grands bâtiments qui la scandent, Parthenon, Propylées et Erechthéion, sont unis entre eux par les fonctions qu'ils remplissent et par l'audace des partis architecturaux adoptés, qui une témoignent des démocratie péricléenne. de l'esprit novateur de la tendances antithétiques, lesquelles, au lieu de s'annuler ou de se combattre pour que l'une subjugue l'autre, transcendent leur antinomie dans un dialogue réfléchi, qu'on aimerait dire démocratique. MANOLIS ANDRONICOS, professeur d'archéologie classique à l'Université de Thessalonique, a lait paraî¬ tre de nombreuses études sur l'archéologie grecque et l'histoire de l'art. Citons en traduction française : L'Acropole, aux éditions Ekdotike Athénon S.A., Inspirés par un patriotisme éclairé, les compagnons de Périclès pensent que le sacré, symbole de l'histoire très ancienne car on sait désormais que l'art très écono¬ reconstruction des monuments du Rocher d'Apollon à Délos, etc. stabilité sociale et politique atteinte durant l'expression de politique, nombre d'autres temples : celui de Poséidon au cap Sounion, le Télestérion à Eleusis, celui lieux dialectiques des Hors Niké, harmonie, beauté, dans toute société, rapports la ne contenter communs consacrés sérénité dans d'Athéna l'art fausser Parthenon, de sacrés : l'admiration capitale le premier théâtre de Dionysos est aménagé et on en effet, suivre des étapes prestigieuses, bien que l'Acropole, telle qu'elle se dresse Or, la mique et intellectuelle de la Grèce. saisi par la grandeur de ces monu¬ l'époque mycénienne à la tour médiévale le musicien Damon, Périclès rêve de faire d'Athènes Derrière cette façade d'harmonieuse coexistence, on peut cependant discerner les idées animent radicales et l'Athènes de audacieuses Périclès. Avec Face à la tradition de l'architecture dorique et ionique, les édifices de l'Acropole d'Athènes fondent, en effet, un nouvel ordre architectural qui fait coexister ces deux composantes stylistiques et parvient même à assurer leur synthèse dans un même édifice. Mieux encore : les qui ses amis, le philosophe Anaxagore et le sophiste Protagoras, le sculpteur Phidias et I (1) Le mot grec "barbares" n'avait aucun sens péjoratif, il désignait tous ceux qui ne parlaient pas la langue grecque. Edifice d'une grande rigueur, le Parthenon mêle dans son architecture les styles dorique et ionique. Ces colonnes de la façade occidentale, fortement érodées par le temps, appartiennent â l'ordre dorique, mais la frise (au second plan), mieux préservée, est un élément ionique voulu et rajouté au temple par le sculpteur de génie que fut Phidias. frise dorique) soient toutes décorées de sculptures. Et pourtant ce ne sont pas ces chiffres qui retiennent l'attention, mais plutôt la beauté de l'exécution et la spiritualité qui transcende les éléments matériels de l'édifice. Pour la première fois dans l'architecture grecque, un temple est construit à partir d'un volume intérieur qui en détermine Phidias qui, Athéna la forme extérieure. C'est pour mettre en valeur son d'or et d'ivoire, a dicté cette condition essentielle. Tout le monument est fondé sur le rapport de base, appelé "section d'or", rapport entre les dimensions de deux éléments de l'édifice. Pour le Parthenon, ce éléments doriques et ioniques y prennent une forme nouvelle, nettement différente de la forme traditionnelle : une forme attique. Arrêtons-nous d'abord aux Propylées, cette entrée de l'Acropole. L'architecte Mnésiclès s'est servi de la forme simple du propylon (porte protégée sur ses deux faces par un auvent soutenu de deux piliers) qu'il transfigure par de nombreuses innovations ; il en fait un prélude architectural, à l'unisson des monuments qu'introduisent les Propylées. monumentale, nous voici sur le Rocher .sacré, face à ses deux monuments les plus célèbres : le Parthenon au Sud l'Erechthéion au Nord, consacrés deux à Athéna, patronne d'Athènes. et tous gueurs (8 et 17), etc. "Vivez heureux, habitants de cette cité, assis à côté de la Vierge de Zeus et lui rendant son amour..." dira Eschyle dans les Euménides. Car la déesse incarnait la ville à un point tel que Périclès demanda à Phidias une statue d'or et d'ivoire la représentant et que le Parthenon abriterait. soient oblitérées. Athéna c'est donc l'apothéose de l'Etat athénien ou, mieux encore, la manifestation de son essence divine ; l'aspect de la déesse est indissolublement lié à celui d'Athènes : sa demeure, telle que Périclès et ses conseillers la conçoivent, est aussi le symbole éclatant de la cité qu'elle patronne et qui atteint alors son apogée. Une solution simple et géniale fut également adoptée pour la colonnade travaillé à la construction du Parthenon en La forme du propylon et de ses éléments y est clairement perceptible, mais l'on ne peut manquer d'être émerveillé par l'imagination créatrice qui a présidé à la composition d'un ensemble cohérent sans que la nature et la fonction de l'édifice ne ionique intérieure. Les Athéniens allaient se rendre en foule au sanctuaire de la déesse et les accès devaient donc être aussi spacieux que pos¬ sible. C'est pourquoi, loin de placer, à l'intérieur et à l'extérieur du portique, ces volumineuses colonnes doriques, comme l'aurait voulu la règle du style unique, l'architecte choisit les colonnes ioniques, plus élancées, qu'il pouvait élever à loisir, sans encombrer le passage. On voit bien grâce à cet exemple comment la tradition est ici dépassée et comment Mnésiclès, conscient de l'importance des formes indépendamment de leur style, utilise cette leçon à ses propres fins pour réaliser ainsi sa vision architecturale. Après avoir traversé cette entrée rapport est de 4 à 9 : rapport largeurlongueur du stylobate (soubassement sur lequel se dressent les colonnes) ; diamètre des colonnes et espace entre les colon¬ nes ; hauteur-largeur du temple ; nombre des colonnes sur les largeurs et les lon¬ Les architectes Ictinos et Callicratès ont collaboration étroite avec Phidias, qui en a influencé le plan d'une manière décisive. L'édifice qui en résulte est le fruit d'une conception visionnaire et d'une grande habileté dans l'exécution. Les sommes énormes qu'il coûta ne purent être réunies en si peu de temps que grâce à la volonté de Périclès et à la prospérité de la cité. Les travaux durèrent Les colonnes élancées et l'ordinaire, du plus Parthenon, plus rapprochées qu'à portent un entablement plus léger. L'espace entre les colonnes et les murs du temple est beaucoup plus étroit que d'habitude (moins d'une fois et demie la distance séparant les colonnes ellesmêmes), tandis que sur les deux façades, une seconde rangée de colonnes donne l'impression d'un temple diptère (à double colonnade). A cette densité vigoureuse de l'extérieur l'ampleur sereine de l'espace s'oppose intérieur, souligné au fond de la celia (chambre d'un temple abritant la statue du dieu) par une colonnade transversale. Par delà même ces savantes proportions d'ensemble, des raffinements de détail presque insaisissables font du Parthenon un organisme vivant. Ils . sont de deux ordres : courbure des lignes horizontales et inclinaisons des verticales. . Les courbures sont sensibles au niveau les sculptures des du stylobate, de l'épistyle ou architrave, des triglyphes (ornements de la frise), de la corniche et du fronton. Ainsi, le stylobate Le Parthenon est le plus vaste temple voudrait la statique de l'édifice : le milieu de grec achevé (31x70 m environ). C'est aussi le seul temple grec qui soit entièrement en marbre et le seul de style dorique dont les 92 métopes (espace, sculpté ou non, entre les cannelures d'une chaque longueur est légèrement bombé (0,11 m) tout comme le milieu de chaque de 447 à 438 avant notre ère pour l'ensemble du temple, et se prolongèrent six ans encore pour frontons. n'est pas une surface plane, comme le largeur (0,06 m). Murs et colonnes, au lieu d'être f 2.1 Photo © Tombazi, Athènes .parfaitement Photo Dominique Roger - Unesco verticaux, sont donc légèrement inclinés vers l'intérieur : 7 cm autour de ses dieux au jour de sa plus grande fête, lorsque, à l'occasion des perfection pour Panathénées, le cortège joyeux monte sur détachent avec une surprenante netteté sur colonnes d'angle, inclinées en diagonale. Si la paroi des murs est verticale, la paroi le des extérieure, elle, est inclinée vers le dedans. d'or, destinée à draper le xoanon ou statue Est, Ainsi le volume du temple s'inscrit-il dans archaïque taillée dans le bois d'un olivier). rassemblés. En dépit de leur faible hauteur les une colonnes pyramide et 10 et cm non pour les dans La réalisation de ces constitue raffinements une prouesse incroyable. Pour s'en convaincre, il suffit de penser que chaque bloc n'était pas rectangulaire mais trapézoïdal, avec une forme particulière déterminée par sa place, puisque courbures inclinaisons angles verticales et des horizontales et entraînaient des surfaces sacré, chargé d'offrandes et un parallélépipède. d'architecture Rocher portant le péplos d'Athéna (tunique jaune différents. Pour son exécution avec la plus grande exactitude. A cette égale, création Phidias a architecturale adjoint une sans décoration sculptée grandiose et originale. Lui-même a sans doute exécuté les sculptures des frontons, aidé par ses collaborateurs les plus proches, Alcamène et Agoracritos. Le fronton Est représente la naissance d'Athéna dans une composition où s'allient puissance et noblesse. Le fronton Ouest raconte la légende attique et la dispute d'Athéna et de Poséidon (dieu de la mer) pour la possession d'Athènes. mythologiques : combat des Dieux et des Géants, des Centaures et des Lapithes, des Phidias l'occasion de raconter d'une manière unique les mythes très anciens concernant la déesse et l'Attique. la geste sculpteur, pas orateur. Il fallait son génie, son expérience, son audace d'artiste à l'avant-garde de son époque pour traduire en images cet hymne à la démocratie qu'il envisageait. Cette vision réclamait- un espace que au temple dorique cet élément ionique dont le bandeau ceint les murs du temple sur 160 mètres de longueur et 1,60 mètre de hauteur. Il ne faut pas considérer cette frise comme une chronique de la procession réelle c'est des Panathénées composition avant tout : poétique, une tra¬ duction par des moyens plastiques d'un moment sacré. réels sont Ici, abolis l'espace et le temps et toutes les figures composant ces Panathénées avancent au "poétique" ; la procession acquiert ainsi une unité symphonique, au sens musical, qui confond réalité, religion et art. Phidias semble suivre la cérémonie dans le temps et l'espace, depuis son début, à l'angle sud-ouest du temple ; pianissimo cet avec élément de en fait, pour simples il débuter accords et athénienne à son apogée, il eut l'idée de introduire génie comme le cheval cabré de la plaque VIII du d'immortaliser peuple d'Athènes : dans le hommes, marbre le jeunes et vieux, jeunes filles, toute la cité rassemblée 22 procession là m) où ce les sont dieux se trouvent d'imposantes déjà figures ; s'ils étaient dans le paysage céleste de l'Olympe, leur séjour mythologique. attiques, nouvelle de la démocratie. Mais Phidias est exploite Inspiré par la vision de la démocratie Cette se félicité et d'un sentiment de liberté, comme légendes Grecs et des Amazones et chute de Troie. Ainsi, frontons et métopes ont donné à cavaliers anciennes rythme voulu par Phidias dans un milieu Les 92 métopes illustrent quatre cycles différents. sept a pensé qu'il fallait représenter, à côté des elle se déploierait donc sur une frise continue. Avec audace, il décida d'ajouter contrôler ou rythmée converge vers le centre du côté (1 il fallait donc calculer parfaitement chaque aussi plans six familièrement assis, les dieux rayonnent de frontons et métopes ne pouvaient offrir ': mais . : Ami de Périclès et d'Anaxagore, Phidias réaliser une construction aussi minutieuse, élément, Sur ces plaques, l'art du relief atteint à la ensuite ses motifs principaux côté Ouest, comme l'escadron de cavaliers sur les côtés Nord et Sud, etc. Phidias est à l'art classique ce que Périclès fut à la démocratie athénienne : sa personnalité de génie a marqué son époque et les suivantes. Avec lui, l'art plastique Le temple des victoires De style ionique, tout de gracilité et d'élégance, le temple d'Athéna Niké (â gauche) se dresse â l'extrémité du Rocher Sacré, là où la déesse de la victoire (niké) était vénérée. Les Athéniens protégèrent le temple d'une balustrade de marbre aux plaques ornées de reliefs : Athéna y recevait l'hommage de victoires ailées, portant trophées et sacrifices. A gauche, une de ces victoires dénouant sa sandale : mouvement spontané souligné par les plis du manteau. A droite, éphèbe portant une amphore, détail de la frise du Parthenon, par laquelle Phidias fait revivre la procession des Panathénées. pour au-delà des cultes traditionnels. Il tirait sa signifier les valeurs spirituelles, religieuses dépasse ses limites force d'un enracinement très ancien dans le l'architecte a et politiques les plus élevées ; il devient sol même de l'Attique, qui le mettait en comme l'image visible et éternelle de la divinité, en communication ce qu'elle a divines et démoniaques qui présidaient aux Korés, c'est-à-dire l'élégante loggia qui fait saillie au Sud, où des Caryatides sup¬ de traditionnelles plus insaisissable et de transcendant ; ¡mage de l'homme aussi, dans la pleine acceptation de sa responsabilité et de sa liberté ; image de la cité enfin dans l'équilibre harmonieux des forces qui la composent : "ni anarchie, ni despotisme". Face au Parthenon, sur le côté Nord de l'Acropole, se dresse l'Erechthéion. Bien que consacré à Athéna Polias, patronne de la cité, le temple était empreint d'une signification religieuse telle qu'il se plaçait avec toute les forces destinées du citoyen athénien. Le xoanon, "tombé du immémorial, statue de bois d'Athéna, ciel" depuis un temps était abrité dans l'ancien sont tradition, la fameuse bonheur, tribune des portent l'entablement sans rien perdre de leur grâce féminine ni de leur charmante noblesse. oppose Les Perses avaient détruit l'ancien temple. Il fallait donc le reconstruire avec une magnificence digne des cultes qu'il donc prenante. vivants de Plutarque une Devant grâce ces l'art attique (50-125 discrète, témoins à son environ), mais toujours apogée, l'un des abritait. Périclès était mort en 421, mais il derniers Grecs de l'Antiquité à demeurer est certain que le projet était déjà au point sensible au passé classique, dira bien des siècles plus tard, ce que le monde antique éprouvait face à ces temples (Vie de Parthenon. plus à l'écart du Poséidon^ la tombe d'Erechthée (fils de Gê, déesse de la représenté serpent Périclès, XXVII, trad, de Jacques Amyot ; voir page 26) : Il abritait les cultes les plus vénérables d'Athènes : ceux d'Athéna et de droites l'atteste la innover avec attiques primitifs. Le nouveau temple fut érigé plus au Nord courbes respectant su A la puissance et à la spendeur doriques du Parthenon, l'Erechthéion ionique que le temple détruit, les en temple où l'on célébrait encore les cultes et l'emplacement choisi. Quand Tout Terre, protégé mi-homme, sacré ; d'Athéna, mi-serpent) la 'tombe de et le Cécrops "Chacun d'iceux, dès lors qu'il fut parfait, sentait déjà son antique quant à la beauté et néanmoins quant à la grâce et vigueur, il semble jusqu'aujourd'hui qu'il vienne tout fraîchement d'être fait..." (fondateur et premier roi d'Athènes, vers 1650 avant notre ère) et des ancêtres du Manolis Andronicos peuple athénien. Ces croquis de la face est du Parthenon montrent clairement les effets de l'illusion optique et les compensations visuelles On y voyait aussi la trace du coup de trident de Poséidon, là où, ayant frappé le rocher, il fit jaillir une source d'eau salée, la" appliquées par l'architecte. "mer 1. Le temple tel qu'il apparaît aux yeux du visiteur ; les lignes semblent parfaitement horizontales ou verticales bien qu'elles soient incurvées ou inclinées comme sur le croquis 3. erechthéide". Il abritait aussi les autels, de Zeus, de Poséidon, d'Héphaistos (le Vulcain des Latins) ainsi que le très ancien xoanon d'Hermès. Enfin, il fallait prévoir également de l'olivier sacré et du 2. La même face du temple telle qu'on la l'emplacement verrait, si elle avait été construite, comme sanctuaire de Pandrosos (fille de Cécrops, sur le croquis 1, dans des lignes parfaite¬ première ment horizontales et verticales. enfermait l'autel de Zeus Herkéios. 3. Le temple réalité : les tel qu'il colonnes est sont construit inclinées en vers prêtresse d'Athéna), qui Malgré toutes ces servitudes culturelles, l'intérieur, et l'on a calculé que, prolongées, malgré les différences de niveau du site, le elles se rejoindraient â 1 500 m du sol ; le temple qui fut érigé reste le plus original du soubassement, et la corniche ont une courbe convexe, pro¬ monde grec. Les solutions adoptées sont simples mais habiles et l'ensemble tient duisant l'impression optique du croquis 1. compte de toutes les exigences. l'entablement, l'architrave 23 L'Acropole ou la passion de la perfection par Alexis Diamantopoulos TRENTE ans après le début de la cam¬ comment un siècle plus tôt, le peuple avait En 506, ía jeune démocratie athénienne pagne de Xerxès contre les Grecs, repris l'Acropole aux tyrans, puis l'avait dis¬ éleva près de l'entrée de l'Acropole, pour les Athéniens firent la paix avec les putée au roi Spartiate Cléomène I qui, venu qu'il soit bien visible, son premier trophée : cette prêter main-forte aux tyrans, avait à leur guerre medique, l'Acropole fut prise d'as¬ place installé un gouvernement à sa solde. un quadrige de bronze, coulé à partir du butin pris aux Béotiens et au Chalcidiens (1), tenants du régime aristocratique à la Perses. A deux reprises pendant saut et incendiée : par Xerxès lui-même en 480 avant notre ère, et, l'année suivante, parson général Mardonios. voit aujourd'hui sur l'Acropole d'Athènes Propylées, temple d'Athéna Niké, Erechthéion) débuta à peu près au moment de l'instauration de la paix entre les Grecs et les Perses (449). Périclès, chef du parti démocratique et, sans conteste, la personnalité la plus mar¬ quante de la vie politique grecque depuis Thémistocle, proposa à tous les Grecs en 448 de réunir un grand congrès pour déci¬ der en commun la reconstruction des sanc¬ tuaires détruits par l'envahisseur. Le congrès n'eut jamais lieu et, l'année suivante, les Athéniens se mirent, seuls, à la tâche. Une trêve de trente ans entre Athènes et Sparte allait favoriser la pro¬ gression rapide des travaux. Reconstruire le temple d'Athéna, le Par¬ thenon, fut la première entreprise. Ensuite s'édifièrent les Propylées, dont la guerre du Péloponnèse vint interrompre les travaux (431). Enfin les Athéniens entamèrent la construction du temple d'Athéna Niké (ou temple de la Victoire Aptère) et de l'Erech¬ théion, bâti à l'emplacement présumé où s'élevait jadis le palais du roi mythique Erechthée, être légendaire, mi-homme, miserpent. Pour les Athéniens de l'Antiquité, rien de plus prestigieux que l'Acropole : centre du culte officiel, forteresse protectrice, lieu où survivent les traditions les plus' chères ; c'est l'antique cité, le siège des rois légen¬ daires, des demi-dieux et des êtres étran¬ ges qui peuplèrent l'origine d'Athènes. Au 6e siècle, l'Acropole avait été le siège des "tyrans", Pisistrate et ses successeurs. Dans la comédie d'Aristophane Lysistrata (411), les vieillards du chnur rappellent ALEXIS DIAMANTOPOULOS, spécialiste du théâtre grec, aussi bien antique que contemporain, est profes¬ seur à l'Ecole dramatique du Théâtre national grec. Outre sa thèse sur le Prométhée d'Eschyle qui fait auto¬ rité, H a publié de nombreux articles dans le Journal of helienic Studies aussi bien que dans des revues spécia¬ lisées Irançaises et grecques. 24 le peuple évoque ces pour la démocratie athénienne : elle venait La construction des monuments que l'on (Parthenon, Dans Lysistrata, souvenirs avec fierté, à un moment critique de subir Sicile. le désastre de l'expédition de (1) Béotie : contrée de l'ancienne Grèce, avec Thèbes pour capitale, au nord d'Athènes. Chalcldique : pres¬ qu'île au nord de la Grèce, formant 3 péninsules, dont celle qui abritera plus tard le mont Athos. dant plus de trente ans, à partir des gran¬ des victoires grecques et du recul définitif de l'envahisseur perse, cela prouve assez le réalisme politique de Thémistocle. Il orga¬ nisa toute la politique économique, exté¬ rieure et militaire d'Athènes en suivant un même but : étendre le pouvoir de la ville et, pour ce faire, la transformer en une grande puissance maritime. Que l'Acropole ait été négligée, cela prouve aussi l'ambition des jeunes radicaux du parti démocratique de Périclès. Après avoir écarté Cimon, chef du parti des oli¬ garques (il avait pourtant, par sa victoire, sur les Perses aux bords de l'Eurymédon rivière d'Asie Mineure en 468, réussi à faire de la mer Egée un lac athénien) et s'être emparé du pouvoir dès 462, ils exa¬ cerbèrent l'esprit de conquête et mobilisè¬ rent la cité pendant plus de dix ans, menant la guerre à la fois contre la Perse et contre Sparte. Il fallut attendre que la paix se fasse avec les Perses (449), puis avec Sparte (445) pour que les Athéniens puisent entrepren¬ dre les travaux de reconstruction de l'Acro¬ pole et les mener grand train. La fameuse oraison funèbre prononcée par Périclès à la mémoire des morts de la première année de la guerre du Pélopon¬ nèse, était un véritable acte de foi ; de même, mais à un degré encore plus élevé, le Parthenon est le résultat d'une volonté LA DEESSE ATHENA était vénérée dans tout le monde grec. Patronne des sciences et des arts, personnification de la sagesse, elle est habituellement représentée coiffée d'un casque et ¡armée d'une lance et d'un bouclier. La tête d'Athéna, ci-dessus, est un détail de la Bataille des Géants qui ornait le fronton de l'ancien temple d'Athéna (vers 525 avant notre ère) dont ne subsistent plus que les fondations sur l'Acropole. A gauche, la déesse la main tendue, magnifique statue de bronze découverte en 1959 au Pirée, le port d'Athènes. passionnée, elle aussi expression d'un acte de foi. Volonté que l'on rencontre aussi à la même époque dans le théâtre. Les monuments de l'Acropole, les gran¬ des pièces jouées dans le théâtre de Diony¬ sos au pied du Rocher, ont souvent été interprétés comme l'expression artistique Spartiate et qui avaient, en vain, tenté de renverser la démocratie athénienne. Il est significatif que l'inscription commé¬ morant cette victoire en attribue les seuls mérites aux "enfants d'Athènes", sans aucune mention de chef politique ou mili¬ taire. Le fait est absolument exceptionnel sur ce type de monument. Il prouve la fierté démocratique du peuple athénien et plus encore l'amour que vouait ce peuple à l'Acropole, à sa "ville", comme la nomme simplement le choeur de Lysistrata. En 480 déjà, les Athéniens avaient mon¬ tré leur attachement au Rocher sacré. Face La guerre finie, le premier soin de Thé¬ mistocle, l'artisan de la victoire, fut de forti¬ fier l'Acropole. Ce faisant, il conserva, au haut des remparts Nord où on peut les voir aujourd'hui encore, d'importantes ruines de temples brûlées par les Perses : elles l'Acropole. Et c'est précisément l'histoire Les raisons de donner la priorité à l'archi¬ d'Apollon Pythien, selon l'oracle lequel le salut qui permet de mieux comprendre le sens ses. La Confédération, ou ligue de Délos, qu'il convient de donner à ces monuments dont Athènes prit la tête (477 avant notre de l'Acropole érigés pendant l'Age d'Or : il ère), de purement défensive qu'elle était à s'agit en fait de monuments consacrés aux vaincus tout comme aux vainqueurs. l'origine, devint vite offensive et expansion¬ Les rivalités entre bientôt alliés en d'hier se affrontements armés. posée d'hommes âgés mais encore capa¬ bles de soutenir un combat et de causer quelque dommage à la puissante armée de Xerxès, s'était enfermée à l'intérieur des palissades de l'Acropole. Les autres com¬ battants au contraire, avaient suivi Thémis¬ tocle. Celui-ci soutenait, et la majorité le suivait, que par "murailles de bois" il fallait entendre la flotte que, sur ses conseils, la cité s'était constituée au cours dès dix Avant d'embarquer, prise où s'exprimeraient, mieux qu'autre¬ Par ailleurs, la campagne d'Egypte dura sept ans et ne permit aux Grecs de repren¬ dre cette opulente province qu'au prix de très lourds sacrifices. Ensuite, et à la même époque, Athènes luttait contre Sparte et ses alliés pour s'assurer l'hégémonie de toute la Grèce continentale. Pareille activité les cavaliers, qui devenaient de simples hoplites (fantassins) leurs choix. Vaincus : parce que l'Acropole recons¬ truite, c'est aussi la contrepartie de la défaite subie lors de cette première et folle confrontation avec l'Histoire. Défaite qui survenait après cinquante ans de prépara¬ tifs guerriers et de luttes pour que vivent l'effort des bâtisseurs porta à cette époque Athènes et la Grèce tout entière, pour que sur la fortification de la ville. soient préservés et étendus les acquis de sans conteste, "Les Longs Murs" qui transformèrent en. une véritable forteresse sur les trières (galères à trois rangs de l'espace triangulaire délimité à l'Ouest par rames), gravirent le Rocher sacré et, en l'Acropole, au Nord par Phalère et au Sud hommage à la déesse, laissèrent sur l'Acro¬ pole mors et rênes de leurs chevaux. fois, leur liberté politique, leur pensée et guerrière, et sur tant de fronts, fit que tout Le plus important de ces ouvrages est, dernières années. Vainqueurs : parce que c'est la victoire qui donna l'indépendance, l'opulence et la puissance aux Athéniens, dans une entre¬ devait venir de "murailles de bois" D'après Hérodote, la vieille garde, com¬ tes entre les guerres contre les Perses et la "Trêve de trente ans" signée avec Sparte tecture militaire allaient devenir nombreu¬ niste. à Or, cette victoire avait précédé de trente ans, toute une génération, l'explosion architecturale des monuments érigés sur de cette génération laborieuse et de ses lut¬ transformèrent interprétation peuple après la victoire finale. devaient servir à maintenir présents les tous même comme l'expression de la fierté de tout ce sacrilèges de l'envahisseur. à la menace perse, ils ne donnaient pas la d'un peuple arrivé à l'apogée de sa gloire et par Le Pirée, le port d'Athènes. Que l'Acropole ait été ainsi négligée pen cette civilisation. Ces combats laissèrent, semble-t-il, les Athéniens stupéfaits devant les infinies! perspectives qui s'ouvraient à eux, nou-, veaux maîtres de la mer Egée, à eux profon¬ dément marqués par le doute et les décep- 1 tions face à tant d'entreprises dont l'issue I 25 était laissée Tyché, à la Chance, discrétion Hasard, de cette la seule nouvelle déesse de l'aventure, plutôt que contrôlée par l'expérience et le savoir de l'esprit. Que pouvaient bien penser les artisans athéniens, dont la perfection était le but, des tragiques erreurs commises par les L'exécution dans un élan du Parthenon passionné de fut menée perfection, selon un plan où tout était prévu, jusqu'aux altérations qu'auraient pu subir les structu¬ ceux, hommes et femmes qui, dans la cité, partageaient leurs vues et ils étaient nombreux une Odyssée de cauchemar, à une réalité claire et dure, loin des trahisons et des convulsions sanglantes de l'histoire. Car ble du soleil. prospères ; fils des dieux bienheureux, d'un ils trouver son inspiration esthétique et intel¬ sagesse : toujours dans l'air le plus resplen¬ de la plus illustre lectuelle dans la nature de l'Attique baignée dissant ils vont avec grâce, là où jadis les saintes Piérides, les neuf Muses, furent enfantées, dit-on, par la blonde Harmonie. Mais il montre également que cette aven¬ ture historique qui avait entraîné un chan¬ gement radical du mode de vie, ces catas¬ trophes auxquelles avaient conduit les résolues dans ce grand élan de l'esprit vers l'art, dans cet effort acharné dont l'enjeu phe de Drabescos en 465 avant notre ère, liser un noble projet, ce projet fût-il la per¬ lorsque fection. et font leur pâture de la lumière, alors limpide, de son ciel. était de se prouver qu'il est possible de réa¬ femmes terroir sacré qui n'a pas connu la conquête, l'instinct poétique de ce peuple qui sut Défaites sans gloire, comme la catastro¬ hommes, ¿es Érechthéides de tout temps furent zon, aux montagnes, dans l'éclat impitoya¬ rêves expansionnistes s'étaient finalement mille réellement d'un acte de foi qu'il s'agit, de l'expression responsable d'un choix, c'est l'histoire avait enseigné aux Athéniens de terribles leçons. dix Muses. un vote pour la paix : le Parthenon c'était le retour à une Ithaque traditionnelle et solide après Harmonie et les neuf trouverait confronté au paysage, à l'hori¬ C'est ainsi que le Parthenon témoigne de Pour ces artisans lucides et pour tous nées Qu'on n'y voie pas une figure de style, c'est res initiales lorsque l'édifice enfin érigé se apprentis sorciers de la politique d'expan¬ sion ? Euripide glorifie simplement le pays où sont Aux belles ondes du Céphise, Cypris, comme on le conte, puise, pour les souffler sur leur pays, des brises légères à la douce haleine ; une couronne parfumée de roses toujours posée sur sa chevelure, elle envoie aux côtés de la Sagesse siéger les Amours, auxiliaires de toute vertu. Comment donc la cité des fleuves saints, la terre accueillante aux amis, t'admettra-t-elle, toi l'infanticide, toi l'impie, avec les autres ? Songe aux enfants (nombre énorme par rapport à la population de l'Attique) partirent fonder maient alors, et exprimeront toujours, le tre une colonie en Thrace où ils se firent pres¬ désir d'en finir avec les délires historiques genoux, de tout notre pouvoir nous t'en et les aberrations expansionnistes que stig¬ supplions, ne tue pas tes enfants I que tous massacrer. Désastres en Egypte, où les Athéniens combattirent sans relâche pendant six ans (460-454). Désastre à Tanagra, en Béotie, quand ils furent mis en déroute par les Spartiates et les Béotiens (458), qui n'hési¬ tèrent pas ensuite à élever un insolent tro¬ phée les un bouclier d'or athéniennes, sur le fait des dépouil¬ temple à peine Les monuments (447) où tant de volontaires issus des plus grandes familles athéniennes, où le général Tolmidis, où Clinias, le pèred'Alcibiade, hasardeuse, destinée à étendre l'hégémonie d'Athènes en s'appropriant des terres fertiles apparte¬ nant aux voisins du Nord. expri¬ coups portés à tes enfants,songe au meur¬ dont tu te charges. Non, par tes matise aussi Euripide à la même époque (Médée, tr.fr. de Louis Méridier, Sté dans son Hippolyte, en montrant Aphrodite d'éd. Les Belles Lettres, Paris 1976) et Thésée divinement courroucés, qui rap¬ pellent à l'obéissance les hommes obstinés dans la sottise. De même, chaque détail de la conception des monuments et de leur relation au pay¬ sage exprime ce choix de paix, d'une vie L'harmonieuse relation entre le temple et réglée par la tradition. On le sent son milieu comporte une leçon d'autant plus forte qu'elle pénètre la conscience, d'ailleurs Désastre à Coronée, en Béotie encore une tentative l'Acropole sans rhétorique et sans emphase. achevé d'Olympie. périrent dans de remarquable que le Il est symbole auquel les adeptes de la politique de puis¬ sance tenaient lé plus, ait été enfermé dans le secret du temple, sous la forme de la L' statue d'or et d'ivoire de la déesse Athéna en armes. En voulant, en réussissant cette harmo¬ de Périclès nie avec le paysage, les artistes d'Athènes retrouvaient le chemin de leurs origines, ils Echec total enfin des relations avec les retrouvaient la réalité de leur terre. Le Par¬ alliés des îles et des côtes de la Mer Egée. thenon et les autres monuments de l'Acro¬ Tour à tour, ces alliés dénoncent les traités pole ramenaient l'Athénien vers un horizon passés avec Athènes et luttent sans relâche familier et satisfaisant, son horizon marin pour reconquérir leur indépendance. Révol¬ que ferment les îles d'Egine et de Salamine, tes et répressions sanglantes sèment la dis¬ qui l'incitait à comprendre que c'est à de vue par Plutarque corde et la haine entre les alliés et suscitent telles limites que tiennent la beauté et la Buste de Périclès, homme d'Etat et l'angoisse chez les Athéniens. Ils commen¬ justice. général athénien du 5e siècle avant cent à douter de la validité du choix histori¬ que fait à la fin des guerres contre les Per¬ ses lorsque la victoire leur avait ouvert les voies de l'hégémonie dans toute la Mer Egée. notre ère. Le rôle qu'il joua dans la Sur sa colline, le Parthenon célèbre la l'Acropole a été décrit par Plutarque, tre proche de Dionysos, les poètes tragi¬ ques et comiques à leur manière, mais tous biographe grec du 1er siècle de notre ère. "sans orgueil ni ivresse". Sculpter le marbre est un art où, comme Euripide chante dans sa Médée (en 431, en politique, la faute ne peut s'effacer. Pour cette il y avait à Athènes des artisans habiles qui, eux, savaient maîtriser l'année même où éclata la Guerre du Pélo¬ la matière et l'outil et ajuster parfaitement l' à leurs desseins. Après les dures ponnèse) le destin unique et les rares vertus du peuple d'Athènes, et leur chance divine de vivre sur un tel terroir et sous un tel ciel. leçons de l'histoire, ces hommes avaient Nulle mention d'héroïsme ni de vertu guer¬ rière, nulle référence n'y est faite aux soif de constance et de cohérence. exploits militaires. 26 construction des monuments de paix, comme le font, plus bas, sur le thé⬠aujourd'hui encore face à la frise du Parthe¬ non avec sa procession des Panathénées. Partant du flanc Ouest du temple, elle s'avance, par le Nord et par le Sud, vers l'apothéose de la partie Est où les dieux, paisiblement assis, reçoivent l'hommage citoyens d'Athènes. Représentation des démocratique tout à fait étrangère à ce que l'on peut voir ailleurs, à Olympie par exemple. Lors des Jeux A l'intérieur du temple, immense par rap¬ Panathéniens, donnés en port au plafond de l'édifice et donc d'allure l'honneur d'Athéna, des cavaliers émérites, tenus non-humaine, se dresse l'Athéna d'ivoire et en haute estime par les d'or, tout armée, alliée colossale de son Athéniens, se peuple. mesuraient dans des Dehors, les dieux rivaux d'autrefois, sur courses de chevaux et de chars. Toute la le fronton occidental, sont devenus sur le noblesse du cheval fronton oriental (comme ailleurs sur la frise) s'exprime dans cette les sujets dociles de la grande mère des splendide tête de dieux et des hommes : Gê, la Terre, et ils marbre, sculptée vers détournent 490-480 avant notre ère, l'homme des tentations de l'orgueil et de la violence. et conservée au Musée Alexis Diamantopouloa de l'Acropole. IL faut que la cité, suffisamment pourvue des ressources néces¬ saires pour la guerre, consacre le surplus de sa richesse à des ouvrages qui lui donneront, une fois accomplis, un renom immortel, et, en s'accomplissant, un bien-être immédiat ; car ils On dit bien qu'une fois, entendant le peintre Agatharque se vanter de faire ses figures vite et facilement, Zeuxis répondit : « Et moi, mes travaux sont de longue durée. » Car la dextérité du faire exigeront des travaux de toutes sortes et des matériaux variés. et la rapidité ne donnent pas à une uvre la solidité, garantie de conservation, ni la beauté achevée ; le temps consacré à produire Ranimant une ainsi tous les arts et mettant tous les bras en mouvement, ils procurent un salaire, peu s'en faut, à la ville entière, qui, du même coup, s'embellit et se nourrit par ses propres moyens, expliquait Périclès au peuple. En effet, les citoyens d'âge viril et de constitution robuste faisaient campagne et touchaient une solde de l'État. Quant à la masse ouvrière, qui n'était pas enrôlée, Périclès ne voulait ni lui refuser sa part des deniers publics, ni l'en faire jouir dans l'oisiveté et l'inertie. Il s'empressa donc de soumettre au peuple de grands projets de constructions, entreprises qui intéressaient un grand nombre de métiers et prendraient du temps. De la sorte aussi bien que les hommes appelés à servir dans la flotte, les forteresses ou les armées, la population sédentaire avait' un titre à recevoir une aide de l'État et une part du trésor. Les matériaux de ces travaux étaient la pierre, le bronze, l'ivoire, l'or, l'ébène, le bois de cyprès ; les artisans qui façonnaient et mettaient en euvre tout cela étaient les charpentiers, les modeleurs, les forgerons, les sculpteurs, les teinturiers, les fondeurs d'or, les tourneurs d'ivoire, les peintres, laborieuse est un prêt qu'elle nous rembourse en stabilité. Aussi l'on admire davantage les monuments de Périclès, puisque, promis à une longue durée, ils se sont faits en peu de temps. Car chacun fut tout de suite antique par sa beauté, mais reste jusqu'à nos jours dans la fraîcheur de sa perfection, et semble de la veille : tant y fleurit une jeunesse qui en préserve l'aspect des atteintes du temps, comme si un esprit toujours verdissant et une âme incapable de vieillir ne faisaient qu'un avec ces chefs-d' Les Propylées de l'Acropole furent faits en cinq ans, sous la direction de l'architecte Mnésiclès. Un événement merveilleux, arrivé pendant leur construction, révéla que la déesse Athéna, loin de s'en désintéresser, prenait à ceur ce travail et y collaborait. A la suite d'un faux pas, le plus actif et le plus zélé des ouvriers tomba du faîte, et il se trouvait dans un état très grave, abandonné des médecins. Comme Périclès se désespérait, la déesse lui apparut en songe et lui indiqua un remède, dont il n'eut qu'à se servir pour opérer là prompte et facile guérison du patient. C'est à cette occasion qu'il érigea, dit-on, dans l'Acropole la statue de bronze les émailleurs, les ciseleurs. Il fallait aussi du personnel pour se d'Athéna Hygie, près de l'autel qu'elle y avait déjà. Phidias faisait la procurer les matières premières et les convoyer : négociants, matelots et pilotes sur mer ; et, sur terre, charretiers, nourrisseurs, cochers, cordiers, tisserands, corroyeurs, terrassiers et carriers ; chaque art, comme un général, avait sa propre armée, la masse des mannuvres non spécialisés, outil dont l'âme était le métier. Ainsi les exigences de l'entreprise dispersaient et répandaient l'aisance, on peut le dire, sur tous les âges et toutes les aptitudes. statue d'or de la déesse, et son nom figure à ce titre sur la table de marbre : mais de plus, presque tous les détails de l'entreprise dépendaient de lui, et il était à la tête de tous les artistes, grâce à l'affection que Périclès lui portait... Plutarque, Vies parallèles, « Périclès ». Trad. B. Latzarus - Classiques Garnier, Paris Les monuments s'élevaient donc, superbes par leur grandeur, inimitables par leur beauté et leur grâce, les artisans se prenant d'un beau zèle pour l'emporter en perfection ; mais le plus merveilleux fut la rapidité de l'exécution. Car on aurait cru que chaque édifice demandait pour être terminé, et à grand-peine, la succession de plusieurs âges d'homme ; mais tous prirent' leur forme définitive dans la période d'une seule carrière politique. 27 Nashville (Etats-Unis) Munich (Rép. féd. d'Allemagne) Pour copies conformes Le 19" siècle a connu un véritable engoue¬ et ment pour l'architecture grecque ancienne. duites de façon parfaite". Les Propylées de l'autre précisément étudiées et repro¬ C'est vers les années 1815-1820 que naît le Munich style appelé "néo-grec". Depuis, et jusqu'à à 1862, vont jusqu'à reproduire le passage nos jours, en creux que les constructeurs des Propy¬ lées d'Athènes avaient été obligés d'amé¬ de très ont été construits, nombreux monuments notamment en Europe (photo n° 2), construites de 1832 et aux Etats-Unis, qui copient et même pas¬ nager, en raison de la pente, pour l'entrée tichent les modèles athéniens. Cette page du char des Panathénées. Dans le Walhalla en donne quelques exemples. de A la différence du "Néo-Classique" en faveur au 18e siècle, le style néo-grec s'ap¬ puie souvent sur des données archéologi¬ ques précises. C'est ainsi que le Parthenon américain de Nashville (photo n° 1), inau¬ guré en 1931, est la reproduction exacte, par ses dimensions, du Parthenon athénien. Le recensement de ces monuments a été Ratisbonne (photo n° 3), construit de 1830 à 1842, même les techniques grecques d'assemblage des pierres ont été ¡mitées. Certes, les Caryatides de l'église Saint- Pancras à Londres (photo n° 4), celles de la Faculté de médecine à Paris (photo n° 5) ou celles du Parlement de Vienne (photo n° 6) sont loin d'approcher la qualité de leurs antiques modèles... mais, réussi ou entrepris par le Français Pierre-Yves Balut, non, le style néo-grec montre bien toujours, historien de l'art et professeur à l'Université selon l'expression de P. Y. Balut, "la péren¬ Paris-Sorbonne. Ce chercheur a remarqué, nité de cette fascination, de ce mirage que pour certains d'entre eux, un "retour savant sont pour l'Occident les temps révolus de à des techniques et à une esthétique l'une son enfance". S Vienne (Autriche) 28 Il était une fois... un village à l'ombre Une marée de toits enserre les ruines du Parthenon sur cette -uvre réalisée au début du. 19e siècle par le voyageur anglais Edward Dodwell. A moitié des enfouis, les autres temples de l'Acropole sont perdus dans un colonnes lacis de ruelles. En 1833, un officiel se plaignait en ces termes : "Les archéologues détruiront tous ces pittoresques ajouts (sur l'Acropole) dans leur rage à déterrer et restaurer tous par Jacques Lacarrière les anciens monuments". Photo © Agora Excavations, Athènes NJ^EST-IL pas curieux de penser néant que les siècles négligés par l'histoire, simplifier) que pendant des siècles et des une sorte de "trou noir" du temps comme Arméniens, Albanais. Pendant des siècles, siècles, de la fin du monde anti¬ ceux que les astronomes découvrent dans ils furent l'espace ? contemplateurs que jusqu'au seuil de l'époque romantique, l'Acropole fut un lieu totalement inconnu de l'Occident, absent de nos images, de nos rêveries, de nos mémoires, aussi étranger à nos vies que les ères d'avant le Pendant cette longue période d'avant sa découverte ou sa redécouverte, l'Acropole, bien sûr, n'a pas pelait : les. seuls occupants, alors Château. Grecs au début puis Turcs, de l'Acropole simplement le les seuls qu'on Fort ap¬ ou le . cessé Regardons à nouveau cette époque, ces époques véritablement d'homme ? Un lieu plus englouti dans le anciennes, voyageurs habitée, affairée, encombrée de maisons, gravures qui nous \a montrent, si injustement méconnues et' qui " nous racontent cette histoire étrange et oubliée. Par exemple, celles de Stuart et Revett JACQUES LACARRIÈRE, écrivain et helléniste fran¬ d'églises puis de mosquées. deux voyageurs anglais qui séjournèrent en Déluge ou les cavernes de nos premiers cris d'être. çais, a participé aux représentations du Théâtre anti¬ Les gravures les la récits des des montrent au plus vieux contraire Là, dans ce fouillis d'histoires, de m que de la Sorbonne à Epidaure, Delphes, etc., et mis en scène Grécité de Yannis Ritsos. Il a publié récem¬ et de façades, si différent de la nudité et de ment l'Été grec aux éditions Pion, Paris 1975. Traduc¬ la teur du grec ancien et moderne, il a fait connaître des poètes et des écrivains de la Grèce contemporaine comme Georges Séféris (Prix Nobel de 1963), Vassili Vassilikos, l'auteur de Z, etc. littérature clarté se Un flot de maisons, des méandres de promener, vivre, flâner, aimer peut-être, ruelles, des jardins d'oliviers et de mimosas une occupent foule d'aujourd'hui, d'habitants, d'Acropolitains on tout (appelons-les voit Grèce de 1751 à 1753 et virent l'Acropole en son état ancien. un peuple ainsi pour tout le site, des Propylées à w l'arrière du Parthenon, enserrant ce dernier r 29 dans un réseau de façades et de branches. A l'intérieur du temple, on voit briller les coupoles d'une mosquée turque qui l'occupera pendant longtemps et ne sera démolie qu'en 1842. Plus loin, dans une autre gravure, l'Erechthéion derrière lequel on distingue une grande maison et une cour ponctuée d'un cyprès. Le vieux temple Aujourd'hui, les nouveaux Acropolitains ombres et des lumières dans la lueur de ce se nomment les touristes. L'archéologie est qui naît ou de ce qui s'efface, on croit devenue entendre une voix vous murmurer : "Qui ici lieu de nouvelle foi, et les archéologues les nouveaux célébrants de m'a édifié à l'aube de l'Occident, encensé ce culte laïque. Mais après tant de siècles au zénith de la raison, protégé au crépuscule de mes dieux ?" L'homme. Et obscurs et profanes, je ne peux m'empêcher de penser à l'étrange destin de pas seulement l'homme grec mais par lui, ce lieu. Car depuis qu'il a surgi avec un semble notre siècle dans la il y a juste conscience occidentale, depuis qu'il est devenu ou méditation : un Acropolitain assis sous son redevenu après vingt cinq siècles d'oubli portique (dont la hauteur est presque la le lieu même où naquit la raison, le voici moitié de sa hauteur actuelle en raison du déjà menacé. lui, l'homme et l'homme ont pu, ont su cohabiter sur ce rocher qui ne sera jamais un rocher comme les autres. Le monument que de tout temps j'ai préféré sur l'Acropole est, niveau du sol) regarde le ciel en rêvant Tant qu'il fut ville, bazar ou forteresse, tandis qu'à ses côtés des hommes enturbannés, des enfants et des chiens se lieu de méditation, débris encore vivants et petit refuges des religions, il continua au ralenti Athéna Niké. promènent comme sur la place et dans les sa vie marmoréenne et villageoise. ruelles d'un village. d'Orient d'Occident qui, pendant les siècles oubliés, en sa partie ouest, face à la mer et au soleil couchant, le temple d'Athéna Victorieuse ou Il y avait à l'intérieur une vieille statue en Devenu lieu des cultes modernes de la bois de la déesse, taillée dans un tronc culture, il nous propose le message à nouveau transparent de ses siècles, l'éclat d'olivier, représentée debout, offrant dans tard lorsque Dodwell, un autre voyageur anglais auteur d'un remarquable ouvrage patiné de ses marbres, la pureté d'un sol statue, Views qui a retrouvé par les fouilles et les déblais plus aujourd'hui, pas plus qu'elle n'existait au temps des Acropolitains. Même impression in Greece l'Acropole dans cinquante from plus drawings, années peint le xoanon, n'existe évidemment Les la virginité du rocher primordial (sur lequel à l'automne poussent ici et là les taches Mais je vois en elle le plus clair et le plus des courettes ombragées d'oliviers, de fins jaunes des camomilles, car il y a des fleurs durable symbole de la nécessaire pérennité cyprès. sur l'Acropole pour qui sait les trouver) grand 1805. sa main droite un fruit : une grenade. Cette maisons y sont entourées de murs abritant Un les ans bâtiment jouxte le Parthenon sur son flanc nord : caserne ou mais entrepôt l'excès de ses foules modernes. ? Des beys et des bergers conversent et paressent sous la lumière blanche, brisée par l'éclat rouge des tuiles des maisons. N'en doutons pas : c'est un village non un temple, un lieu saint, un haut-lieu un vrai village que le peintre nous montre, avec ses heures de turbulence et il Entre tumulte, propose ce aussi long silence l'insouciance et et ce .soudain le temps des cultes anciens et de ce lieu et de ce rocher : cette Victoire issue d'un l'éternité tronc le Cela aussipar des plus d'olivier proposant éphémère d'homme, de leur vieille : l'Acropole continue de nous poser la même cela aussi appartient à tous. question que le Sphinx à Oedipe. Que nous la regardions à l'aube, en plein midi, au crépuscule, que nous lisions le jeu des Jacques Lacarriire ces colonnes presque enfouies, ces visages et ces torses de marbre sur. lesquels conversent parfois les Acropolitains. Bien d'autres pèlerins ont vu et décrit cette Acropole muée en village oriental, en forteresse improvisée, en bazar encombré de marbres et de statues. De leurs récits, de leurs gravures émane une même impression à la fois rassurante et triste : l'Acropole n'est pendant tous pas morte ces siècles à l'histoire obscurs puis¬ qu'elle a survécu humblement, puisqu'elle fut tour à tour village, fort, château, bazar, ruelles et jardins, que le Parthenon fut ruine abandonnée, puis église de la Vierge puis mosquée turque. Puisqu'une vie quotidien¬ ne, d'abord grecque puis turque, chré¬ tienne puis musulmane a continué sur le Rocher Sacré des anciens Grecs, sur le Château des Byzantins et des Grecs de l'Indépendance. Je me dis qu'au fond cette vie séculaire à la fois profane et religieuse fut peut-être conforme à l'antique vocation de ce lieu, à l'Acropole profane et religieuse du temps de Périclès, parcourue par les foules, jonchée d'autels et de trophées, encombrée de statues. Elle a poursuivi à sa façon, nourri même indirectement l'âme de ce lieu puisqu'on a continué d'y adorer des dieux ou un dieu. Ce sont les hasards de la guerre qui détruisirent et firent sauter une partie du Parthenon. grecs et Beys albanais, et bergers, marchands villageois turcs et devins arméniens, le peuple acropolitain ne Au début du 20e siècle, l'artiste hongrois Csontvary s'est servi de l'Acropole comme décor d'arrière-plan pour peindre la promenade fut pour rien dans ce désastre. en calèche de ces élégantes d'Athènes. 30 geste d'offrande, de certitude et de lumière Ultime trace présence ce ceux de la culture moderne, il semble que marché ou son bazar. Ici, les dieux anciens pourtant à fruits. ce symbole, cet olivier enté mains de repos, ses cris d'animaux, peut-être son sont morts inéluctablement. des Aristote un de architecte la pensée moderne il y a 2300 ans par Constantin Despotopoulos Aristote est né en Chalcidique, dans la ans, qu'il passa dans cet entourage inspiré, petite ville de Stagire en 384 avant notre aux côtés de Platon et de ses illustres amis. ère. Il , passa son enfance à Pella, Macédoine, où son père, Nicomaque était médecin du roi Amyntas II. Orphelin de sans défaillance, d'études, de recherche et DE tous les penseurs de toutes les époques, Aristote est celui dont l' exerça, directement ou indirectement, la plus grande influence sur la philosophie et sur la pensée des hommes, en Europe, puis sur tout le pour¬ tour de la Méditerranée et, finalement, dans tous les pays qui se réclament de la bonne heure, il partit à 17 ans (367) compléter ses études à Athènes, centre de la civilisation grecque à l'époque. culture occidentale. Il métaphysique mieux à la qu'elle nature de acquérir une grande discours, son zèle, esprit, la surtout, durant lesquels il se distingua par son intelligence, l'audace de son rigueur de sa dialectique et qui, lui permirent de se former une personnalité originale. le humain. économiques et culturels. Il devait surtout la direction de l'Académie. Aristote jugeant y alors qu'il n'avait plus rien à faire au sein de s'accordait l'esprit y de discussions fécondes, d'écriture et de expérience de la réalité sociale de son temps et de ses phénomènes politiques, Marx admirait Aristote. Bergson disait de sa devait Vingt ans de réflexion et d'application Depuis des siècles, philologues, philoso¬ goûter le fameux "discours attique" Platon disparu, Speusippe lui succéda à phes et historiens se penchent sur l'puvre aristotélicienne et leurs études, déjà bien amertume, pour Assos, petite ville de la nombreuses, continuent à se succéder. Troade, en Asie Mineure où, avec l'aide de Car cette Nuvre est complexe. cette institution, quitta Athènes, non sans quelques disciples, platoniciens, il fonda sa Elle première Ecole, annexe, en quelque sorte, représente l'une des étapes essentielles de la pensée grecque, à laquelle elle donne de l'Académie, et y poursuivit ses travaux. une dimension scientifique nouvelle. Elle Trois ans plus tard, il quitte Assos pour façonne et détermine à la fois les problèmes, les concepts et les principes de la philosophie ultérieure ; elle explore, voire Mytilène, dans l'île de Lesbos où, en compagnie de Théophraste, natif du lieu, il se livre pendant deux ans à des recherches biologiques, ainsi qu'à une réflexion approfondie sur diverses questions. même élabore, de nombreuses branches de la science, organise en système philosophique les règles de la morale et du droit et, finalement, pose les bases de la Puis, répondant en 342 à l'invitation du roi réflexion politique. de Macédoine Philippe II, il quitte Mytilène pour s'installer à Pella où il est rayonnement sur la civilisation occidentale chargé de l'éducation du jeune héritier du trône, celui-là même qui allait devenir fut apparaît Alexandre le Grand, mais qui n'avait alors aujourd'hui, après tant de siècles, comme que:13 ans. Absorbé par ses fonctions de Oeuvre immense considérable et donc, qui nous dont le un bienfait, une fortune intellectuelle dont précepteur (342-340), nous sommes les bénéficiaires. entièrement à ses recherches qu'à partir Cette quvre fut pourtant il ne se consacre de 340. conçue progressivement, avec des difficultés mais Mais c'est en 335 que commence aussi avec une grande cohérence, par un phase essentielle de la vie d'Aristote. Il décide alors de revenir à Athènes et d'y homme doué de génie certes, mais aussi un travailleur infatigable, ballotté de bonheurs en malheurs, de deuils en amertume une Buste d'Aristote, au Musée fonder sa propre école du Capitole, Rome. Lycée. le dirigera qu'il appelle le douze ans, se distinguant par ses qualités de penseur et de maître à penser, de chercheur mais aussi vie profondément humaine, ponctuée de réelles amitiés, Il la marquée par la fréquen¬ tation du plus grand des philosophes, Platon, éclairée par l'estime et la collabo¬ auquel s'adonnaient à l'excès rhéteurs et d'organisateur méthodique d'équipes de professeurs recherche scientifique. ration de disciples d'élite. embrassait CONSTANTIN DESPOTOPOULOS, spécialiste de la philosophie d'Aristote et de Platon, est professeur à l'Ecole des Sciences politiques Pantéios d'Athènes. Il a consacré de nombreuses études et plusieurs ouvra¬ de toutes rhétorique, les mais connaissances qui et Surtout, et parallèlement à son enseigne¬ tous les jugements portés à l'époque sur les ment, valeurs humaines. auxquels il donne cette forme définitive il complète ses immenses travaux L'Académie, cette école de philosophie qui, déterminant les principes de la pensée fondée par Platon, fonctionnait alors à Athènes, sous la direction provisoire, en spirituels de l'humanité pour les siècles à l'absence de Platon retenu en Sicile, du ges aux philosophes de la Grèce ancienne. Citons, en langue française. Etudes sur la Liberté, éditions philosophe et astronome Eudoxe de Cnide. Marcel Rivière, Paris 1974. Aristote s'y inscrivit. Il devait y rester vingt humaine, devait faire de lui l'un des maîtres venir. Un violent mouvement anti-macédonien k éclata à Athènes en 323 avant notre ère et f 31 v.,1 > Aristote fit naturellement l'objet de persé¬ cutions. Tant et si bien que, confiant à Théophraste la direction du garde de ses manuscrits, Lycée et la il dut quitter l'Attique pour Chalcis, patrie de sa mère. Il y mourut quelques mois plus tard, dans VT, C'est dans sa Politique qu'Aristote développa le premier l'idée que la Y surpopulation entraînait pauvreté, troubles sociaux, délinquance, etc. t Vingt-quatre siècles plus l'amertume et la solitude de l'exil, en 322 tard, les conseils du avant notre ère (1). philosophe grec (contrôler le développement L'.uvre d'Aristote est considérable. démographique pour Les ouvrages qui nous sont parvenus et parvenir à un qui ne représentent que le quart de l'nuvre développement équilibré) commencent complète du philosophe, traitent des diffé¬ rentes branches de la connaissance : logi¬ que, physique, biologie, n à peine â être entendus. » ' i Í ' - /,- ft métaphysique, morale, politique, psychologie, etc. Plus qu'à toute autre science, c'est à la fondation de la Logique qu'a contribué l'uuvre d'Aristote. Explorant à fond les dif¬ '&£, férentes découvertes faites en ce domaine par les philosophes grecs qui l'avaient pré¬ 7 cédé, il les compléta, les précisa, en incor¬ * pora la substance aux siennes pour créer 1 T un ! système cohérent et véritablement scientifique. "A .< !&' #1 C'est ainsi que naquit la Logique, qui s'imposer au cours des siècles devait Pour être aujourd'hui moins estimée que sa Logique, la Physique d'Aristote n'en est pas moins de grande valeur. Elle a pour objet ies êtres "naturels" c'est-à-dire ceux qui ont en eux le principe du mouvement, soit qu'ils se déplacent dans l'espace, soit qu'ils croissent ou décroissent, soit enfin qu'ils se modifient. De tels êtres sont les animaux, les plantes et les corps simples comme la terre et l'air, le feu et l'eau. C'est à partir de ces quatre éléments qu'Aristote explique les transformations que subissent les corps naturels et corrupti¬ bles sans pour autant supposer de stricts rapports de causalité. Aristote n'identifie d'ailleurs pas la nature à la matière, mais tient celle-là pour "inspirée et d'essence divine". Afin de bâtir sa Physique sur une base théorique solide, Aristote étudia avec une rigueur de raisonnement souvent mathé¬ Autre préoccupation d'aujourd'hui qu'abordait déjà Aristote dans sa Politique au 4e siècle avant notre ère : l'éducation pour tous. Il insistait d'ailleurs sur le fait que tout programme d'éducation devait apprendre le continu, le mouvement, la puissance et, aux citoyens comment utiliser leurs loisirs, car, selon lui, un État sans autour de ces concepts, il élabora d'auda¬ matique, l'infini, l'espace, le vide, le temps, loisirs risquerait de s'effondrer. Ci-dessus, athlètes sur un vase grec. cieuses théories, entre autres celle qui se rapporte au temps théories qui devaient bien plus tard influencer la pensée d'aussi comme l'un des trésors spirituels de recouvre pas la totalité de la fonction selon l'expression du philosophe allemand cognitive. Il savait que la connaissance des concepts premiers, à partir desquels sont Emmanuel Kant. formés les jugements, est le résultat d'une La Logique d'Aristote a pour objet la pensée humaine, non seulement lorsqu'elle s'exerce au niveau le plus élaboré, mais activité directe de la fonction cognitive. l'humanité. "Science close et achevée", encore sous sa forme quotidienne dépour¬ vue de rigueur. Elle se divise en deux par¬ ties : l'Analytique, la plus importante, et la Dialectique. grands savants et philosophes que Newton, Husserl ou Bergson. N'avait-il d'ailleurs pas envisagé la possi¬ bilité que la terre soit ronde ? On pense même que c'est la lecture d'un des passa¬ raisonnement pour étudier les problèmes ges de la Physique qui encouragea Christo¬ phe Colomb à chercher la route des Indes, philosophiques et scientifiques, il a égale¬ en naviguant vers l'Ouest. Aristote d'ailleurs ne se sert pas du seul ment recours à l'observation, la classifica¬ tion, l'analogie et aussi la méthode historico-discursive. L'Analytique traite principalement du rai¬ La contribution d'Aristote à la Biologie n'est pas moindre. Nombre de savants ont exprimé leur admiration : Darwin disait de Lorsqu'il étudie un problème philosophi¬ Linné que, comparé à Aristote, il n'était que son élève. C'est que le philosophe grec ces au développement des sciences exac¬ que, il commence de préférence par l'analyse du sens des mots, puis il procède tes. Sans \Analytique d'Aristote, Euclide à et fit preuve en outre de connaissances n'aurait pu construire sa géométrie avec sujet, exposant même les opinions contrai¬ d'anatomie tant de cohérence et de clarté. res aux siennes propres. gie ; il exposa des doctrines de physiologie sonnement et de la preuve : sur le plan de la méthode, elle a rendu d'inestimables servi¬ "Père de la Logique", Aristote l'analyse des difficultés inhérentes au (1) A l'occasion du 23' centenaire de la mort d'Aristote, Il avait conscience de ce que le raisonne¬ le gouvernement grec envisage d'organiser en 1978 un Congrès mondial sur "Aristote et la pensée contempo¬ ment raine". 32 et donc la pensée discursive ne comparée et d'embryolo¬ et introduisit pour la première fois la notion sut cependant éviter les excès du "logicisme". catalogua plus de 500 espèces d'animaux, d'organisme. Créant le concept à'enté/échie (être ou réalité à l'état d'achèvement ou de perfec- Les principes essentiels de cette morale tion), ¡I donna de la genèse de la vie une interprétation téléologique (1). Pour lui, l'âme est principe de vie. Elle modèle l'orga¬ sont le bien, le bonheur, nisme des êtres vivants et le conserve, elle arbitre de l'homme. la vertu et la faculté de choix qui présuppose le libreLe bonheur se définit profonde influence sur la littérature et la cri¬ tique littéraire. Aristote comme conçoit une la création imitation de la artistique "forme" de engendre et dirige les mouvements et les "l'activité de l'âme selon la vertu", sensations, mais aussi la volonté et l'éner¬ activité liée à la liberté, mais dépendant des sons, des mouvements ou des mots. gie spirituelle de l'homme. conditions individuelles déterminées par les surtout, circonstances de la vie de chaque homme. catharsis Les théories juridiques d'Aristote exercè¬ rent une influence durable tant sur les juris¬ expression fameuse qui devait faire couler C'est ainsi qu'il distingue une âme nutri¬ tive dans les plantes, une âme sensible qui s'ajoute à l'âme nutritive chez les animaux, et une âme pensante qui s'ajoute aux deux autres chez les hommes. tes romains que médiévaux et modernes. Cela est vrai en particulier du Droit distribu¬ te ou correctif, du Contrat, de la Récirîro- Mais en psychologie également Aristote fut un précurseur. On trouve déjà chez lui des théories qui apparurent par la suite cité et de l'Equité. La théorie d'Aristote sur la famille a, elle aussi, profondément mar¬ La politique d'Aristote pose en principe que "tout homme est un animal politique". Il présente la société politique non plus Notons que les concepts de la psycholo¬ gie aristotélicienne sont les suivants : les passions, les facultés ou dispositions, la sensation, l'appétit, l'intelligence, le désir et la volonté. création artificielle mais comme émanant de la nature humaine. Le critère suprême des sociétés étant pour lui l'intérêt commun des citoyens, Aristote fait coïnci¬ der société politique et réalisation de la jus¬ tice, qui seule différencie les "bonnes" des Pour constituer sa Morale, Aristote com¬ mença par la critique des croyances popu¬ laires et des doctrines professées par les sages de la Grèce, qu'il adapta à ses pro-11 près conceptions psychologiques et métaphysiques, en se livrant à une explora¬ tion philosophique des actions pratiques de l'homme. y définit "mauvaises" sociétés. tragédie (purification) des Et comme passions, beaucoup d'encre. Cependant, l'iuvre maîtresse d'Aris¬ tote, sa Métaphysique, pose le problème de l'Etre, source d'inépuisable perplexité pour l'homme. comme celle du Moyen Age, et servir de support à la pensée et l'enseignement catholiques. C'est à Aristote que nous devons ces concepts primordiaux de "forme et matière", ou de "virtuel" et "réel", le premier pour exprimer la nature composite de chaque être existant, le deuxième pour rendre compte de la transi¬ tion de chaque être vers son actualisation. La théorie de la politique d'Aristote se Aristote, dans sa Métaphysique, traite de répandit en Europe occidentale à partir du conçue comme art du possible, la sépara¬ problèmes eschatologiques tels que la génération et la corruption des êtres natu¬ rels, par opposition à l'éternité du monde, de la cause première et du principe de l'existence du monde, de même que du fait tion des pouvoirs, les constitutions, la riva¬ fondamental de la conscience, que Descar¬ lité entre pauvres et riches, sont des con¬ tes allait formuler, tant de siècles plus tard, haut Moyen Age et en pénétra toute l'idéo¬ logie politique. Ainsi, l'Etat, la loi, les régi¬ mes politiques, les citoyens, la politique cepts que l'on trouve déjà chez Aristote. Ce qui par ailleurs a été sauvé de son Art par son Cogito, ergo sum (je pense, donc je suis). Poétique exerce depuis la Renaissance une (1) Téologie : étude des fins, de la causalité. la avec des variantes, la philosophie arabe, chez Kant et chez Fichte, chez les fonda¬ comme il Cette nuvre fondamentale allait nourrir, qué moralistes et juristes. teurs de la psychologie des formes et de la psychologie associative. l'objet par des signes, des couleurs, des Constantin Despotopoulos l'Asie, de l'Afrique ou de l'Amérique du Sud Nos semble difficile à restreindre. Pourtant dans certaines- de ces mêmes régions qui connais'' sent un fort ensoleillement, l'utilisation directe du soleil pourrait remplacer celle du lecteurs bois, grâce à des réflecteurs paraboliques appropriés. On pourrait les fabriquer en grande série, peut-être en duralumin pour en diminuer l'épaisseur. Distribués dans les pays où la pénurie de bois est sensible, cela nous compenserait largement, malgré le prix de revient, les inconvénients de la destruction des arbres. L. Paillard écrivent Vertus, France L'article d'Erik Eckholm paru dans votre numéro sur les déserts (juillet 1977) traitait . "400" RUBENS EN TIMBRES anniversaire , de Rubens". Le numéro du Courrier de ¡'Unesco célé¬ La série a série de timbres a été émise en hommage à naissance réalisée par de G. Komlev et la reproduction photographique L.V. Vassiliev Société philatélique de l'URSS, Moscou des "Alliance de l'eau avec la terre", les "Voi- forcenée du bois ne laisse, en effet, pas d'être inquiétante et malgré mes 86 ans, je pense qu'il faut préparer l'avenir. Indépen¬ damment de l'utilisation du bois pour faire de la pâte à papier, son usage pour le chauffage dans des régions pauvres de et cinq timbres turiers", "Chasse au lion", "L'Arc en ciel" et "Portrait de Dame" (photo). Sur la plan¬ che : un autoportrait de Rubens avec, à gau¬ che, un détail de "La statue de Cérès". En bas, un cartouche contient l'inscription : breuses régions du monde, mais que je sache, il n'y a pas pénurie d'ensoleillement. 6olaire ? Cela semble aujourd'hui techni¬ réaliser, il permettrait aux forêts de renaître, vés au Musée de l'Ermitage de Leningrad : planche pénurie dé bois de chauffage dans de nom¬ quement possible. Et si ce projet pouvait se reproduisant des tableaux de Rubens conser¬ une Il a régions des cuisinières alimentées à l'énergie ENERGIE, SOLEIL ET DESERTS Dans le Courrier de ¡'Unesco de juillet 1977, consacré à l'avance des déserts j'ai surtout été intéressé par l'article intitulé le Pétrole comprend par les plus pauvres, par ceux qui utilisent du bois pour se chauffer et cuisiner. Pourquoi donc, ne pas introduire dans ces Rubens par le ministère des postes et télécommunications de l'URSS. Cette série de la crise de l'énergie telle qu'elle est vécue fortement retenu mon attention. Il y a certes est due à A. Riazantsev. brant le 400e anniversaire de Rubens (juin 1977) aurait pu être une providence pour les philatélistes si vous aviez accordé plus d'importance à la rubrique philatélique (page 18). Il serait intéressant de signaler aux lecteurs du Courrier de l'Unesco qu'une la été Pauvres d'Erik Eckholm. L'utilisation mais surtout, il épargnerait aux pauvres du tiers monde l'épuisante et pitoyable quête de bois de chauffage. Je pense, enfin, que toute notion de profit découlant de cette intro¬ duction devrait être écartée du projet. Alors comme le disait le prophète Isaïe : "La lumière surgira des ténèbres et les ténèbres envahiront le milieu du jour." Sean O'Cadhla Corcaigh, Irlande 33 L-gnir? eg E (Ü russe sont en préparation. Pour tous renseigne¬ ments, prière de s'adresser à la Division de la LECTURES Presse et de l'information audio-visuelle, Unesco, 7 place de Fontenoy, 75700 Paris. L'art grec par K. Papaioannou J. Bousquet et autres Unesco et patrimoine Ed. d'art Lucien Mazenod culturel Editio, Paris 1972 Une nouvelle médaille consacrée à l'Acropole - Athènes au fil du temps vient d'être frappée par l'Unesco simultanément > par Jean Travlos en France et en Suisse. En vue de soutenir la col¬ Atlas historique lecte des fonds nécessaires à la sauvegarde des d'urbanisme et d'architecture Ed. Joël Cuénot Boulogne 1972 Introduction à la pédagogie par Gaston M¡alaret Presses Universitaires de France. Paris 1977 La peinture en Thaïlande Calendrier Unesco par Jean Boisselier photos de Hans Hinz L'Unesco prépare pour l'année 1978 un grand monuments et des sites relevant du patrimoine calendrier (40 x 36 cm) présentant douze vues de l'Acropole ou d'duvres d'art la concernant. Le culturel de l'humanité, l'Unesco fait frapper une série de médailles représentant ces monuments Livre, Fribourg, 1976 bénéfice de la vente de ce calendrier, édité par et sites menacés de destruction et que l'Organi¬ L'eau qu'est-ce que c'est ? Siebdruck Süd, sation s'efforce de sauver grâce à une action par René Colas Coll. "Papa dis-moi" d'Allemagne), sera versé au programme de l'Unesco pour la préservation du patrimoine cul¬ dirigée par le Palais turel de l'humanité. de la Découverte Rédigé en plusieurs langues, le calendrier sera disponible dès octobre 1977. Les renseigne¬ Ed. Bibliothèque des Arts, Paris et Office du Ed. Ophrys, Paris 1977 Pour tous les livres ci-dessus s'adresser à son libraire habituel. Ne pas passer commande à l'Unesco. Leonberg-Eltingen (Rép. féd. menée sur le plan international. La maquette de la médaille consacrée à l'Acropole a été créée par R. et S. Santucci, Paris, et présente sur l'avers ments concernant prix et points de vente peu¬ vent être demandés au Service philatélique de l'Unesco, 7, place de Fontenoy, 75700 Paris. une vue d'ensemble de l'Acropole, et au revers une Caryatide. Plusieurs établissements (ban¬ ques, caisses d'épargnes, marchands, etc.) dans un grand nombre de pays membres de l'Unesco, participent à la diffusion de ces médailles. D'or, d'argent ou de bronze, elles peuvent être livrées avec ou sans bélière et portées comme bijoux. PUBLICATIONS UNESCO Film Unesco sur les Pour tous renseignements, prière de s'adresser arts africains au Service philatélique de l'Unesco, 7 place de Fontenoy, 75700 Paris. La science et la technologie dans le développement des Etats arabes "Etudes et documents La télévision nigériane et l'Unesco viennent de consacrer un film 16 mm couleurs au Deuxième festival mondial des arts négro-africalns de de politique scientifique" Lagos (15 janvier-12 février 1977). Ecrit et réalisé Unesco, Paris 1977. 333 pages par Philip Gaunt, le film montre des danses, des Les techniques de groupe dans la formation "Etudes et documents d'éducation" N° 24 pièces de théâtre, de la musique, etc., présentés prière de s'adresser à la Division de la Presse et L'éducation en Afrique Conférence de Lagos (1976) Unies, 1976, le produit national brut pour 1975 a de Fontenoy, 75700 Paris. eu une croissance nulle par rapport à celui de 1974. Découverte préhistorique Unesco, Paris 1977. 59 pages Le 9 juillet 1977 l'université Ca'Foscari de Venise a en Sibérie attribué le titre de 5 Docteur honoris I causa à M. Amadou-Mahtar M'Bow, Directeur "Etudes et documents d'éducation", N° 25 D'après l'Annuaire statistique des Nations de l'information audio-visuelle, Unesco, 7, place ' Unesco, Paris 1977. 53 pages à la lumière de la En bref... lors du Festival. Pour d'autres renseignements, Un bébé mammouth a récemment été découvert sous le permafrost (terre gelée) de Sibérie, où il avait été parfaitement conservé depuis plus de général de /'Unesco. 9. Selon les chiffres cités lors du Colloque des L'innovation dans 10 000 ans. Le mammouth, forme éteinte d'élé¬ organisations non-gouvernementales réuni au l'enseignement des sciences : phant, a vécu il y a 2 500 000 à 10 000 ans ; synthèse mondiale c'était un gibier apprécié par les hommes des siège de l'Unesco à Paris en juin dernier, le monde a consacré en 1975 plus de 25 milliards de par Albert V. Baez cavernes. D'après le Dr Kartachov de l'Institut Unesco^ Paris 1977. 279 pages des Sciences géologiques de Leningrad, le bébé L'intégration de l'enseignement sera étudié et conservé. mammouth a été transporté à Leningrad où il dollars pour la recherche militaire, crédits six fois S plus élevés que ceux de la recherche médicale. De plus la recherche militaire a employé 40 pour cent de l'ensemble du personnel scientifique. technique et professionnel La Suisse a contribué en service d'experts à l'éducation spéciale Autriche, Colombie, Sauver l'Acropole un projet d'irrigation et d'installation d'une cen¬ Iran, Tunisie Unesco, Paris 1977. 227 pages "Sauver l'Acropole", tel est le titre d'un film Pensée et valeurs Unesco, 16 mm en couleurs, qui évoque les réali¬ sations de la Grèce de l'Age d'Or (5" siècle avant notre ère). Il explique pourquoi l'Acropole doit de l'Islam pour un montant équivalent à 100 000 dollars à dans Cultures, vol. IV, N° 1, 1977 être sauvée des menaces qui pèsent tant sur les Les Presses de l'Unesco monuments qui la couvrent que sur le Rocher trale hydro-électrique dans le nord de la Thaï¬ lande. Le projet est mis en parlé Comité Metong, organisation intergouvernementale affi¬ liée à la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique. et la Bâconnière, 1977 lui-même. d'une durée de 27 minu¬ L 'Organisation Pan-américaine, de Santé fête Abonnement annuel : 75 F tes, a été conçu et réalisé par Jehangir Bhownagary ; il existe en langues française et anglaise. Les versions allemande, espagnole et cette année son 75' anniversaire. C'est la plus Le fascicule ; 22 F 34 Ce film, ancienne institution destinée à établir la coopéra¬ tion internationale en matière de santé. < o o NOUVEAUX PRIX DU "COURRIER DE L'UNESCO" \ Prix d'abonnement applicables à partir du 1er janvier 1978 1 an : 35 FF 2 ans : 58 FF 340 FB 650 FB 22 FS 35 FS Prix au numéro : 3,50 F 34 FB 2,30 FS OFFRE SPECIALE JUSQU'AU 31 DÉCEMBRE 1977 Vous êtes abonné : Si votre abonnement arrive à échéance avant le 31.12.1977, vous pouvez le renouveler pour 1 an ou 2 ans au tarif actuel. 1 an : 28 FF 2 ans : 52 FF 310 FB 600 FB 20 FS 35 FS Vous n'êtes pas abonné : Il vous est possible de souscrire un abonnement d'un an ou de 2 ans au tarif actuel. Vous voulez offrir un abonnement : Vous pouvez offrir à un ami ou un parent un abonnement d'un an ou de 2 ans en profitant du tarif actuel. IMPORTANT - Les lecteurs résidant dans d'autres pays que la Belgique, la France et la Suisse, peuvent s'adresser à l'agent de vente national pour bénéficier dans leurs monnaies des mêmes offres. Les lec¬ teurs résidant en Belgique trouveront dans un encart spécial ci-Joint les modalités d'abonnement. Pour vous abonner ou vous réabonner et commander d'autres publications de l'Unesco Vous pouvez commander les publications de Coruna. Liberia rUnesco chez tous les libraires ou en vous adres¬ Mundi-Prensa sant directement à l'agent général (voir liste ci- LITEXSA, dessous). Vous pouvez vous procurer, sur simple demande, les noms des agents généraux non inclus dans la liste. Les paiements des abonne¬ ments peuvent être effectués auprès de chaque agent de vente qui est à mâme de communiquer le montant du, prix de l'abonnement en monnaie- ALBANIE. N. Sh. Botimeve Nairn Freshen, Tirana. ALGÉRIE. Institut pédagogique national, 11, rue Ali Haddad, Alger, Société nationale d'édition et de diffusion ISN ED), 3, bd Zirout Youcef, Alger. - RÉP. FED. D'ALLEMAGNE. Unesco Kurier (Édition allemande seulement : Colmanstrasse, 22, 5300 Bonn. Pour les cartes scientifiques seulement : Center,, Postfach 800830, 7000 Stuttgart 80. 8000 : Verlag München Dokumentation, 71 (Prinz Ludwigshöhe). - Geo Autres publi¬ Possenbacher Strasse RÉP. 2, DEM. Roldana. S.A. 1 Castello Técnica y 3, 37, Sevilla Madrid Extranjera, Tuset, 4. D.F. 1. Bnstish 8-10 (Edificio Monitor) Barcelona. Mundi-Prensa Libros, S.A., Cas¬ talio 37, Madrid 1. - ÉTATS-UNIS. Unipub. Box 433, Murray Hill Station/ New York, N. Y. 10016. - FINLANDE. Akateeminen Kirjakauppa, Keskuskatu 1, 00100 Helsin¬ ki 10. FRANCE. Librairie Unesco, 7-9, place de Fontenoy, 75700 Paris. C.C.P. 12.598.48. - GRÈCE. Librairies internationales. HAÏTI. Librairie A la Cara¬ velle, 26 , rue Roux, locale. cations AI - Andalus. Libros, Librería B.P. 111, Port-au-Prince. - HAUTE- CILA Sullivan 31 l 'brary, 30, MOZAMBIQUE. bis, Mexico 4. boulevard des D.F. - Moulins, MONACO. Monte-Carlos. Instituto Nacional do livro e do Disco (INLD), Avenida 24 de Julho, 1921 r/c e 1« andar, MA¬ PUTO. - NIGER. Librairie Mauclert, B.P. 868, Niamey. NORVÈGE. Toutes les publications : Johan Grundt Tanum (Booksellers), Karl Johans gate 41/43, Oslo 1. Pour le « Courrier » seulement : A. S. Narvesens, Litteraturtjeneste Box 6125 Oslo 6. - NOUVELLE-CALÉPONIE. Reorex S.A.R.L., B.P. 1572, Nouméa. - PARAGUAY. Agencia de diarios y revistas, Sra. Nelly de Garcia Astillero, Pte. VOLTA. Lib. Attie B.P. 64, Ouagadougou. - Librairie Catholique « Jeunesse d'Afrique ». Ouagadougou. HONGRIE. Akadémiai Konyvesbolt, Váci U. 22, Budapest V.A.K.V. Konyvtárosok Boltja. Népkoztarsasag utja 16, Franco Budapest VI. INDE. Orient Longman Ltd. : Kamani Marg. Ballard Estate. Bombay 400 038 ; 17 Chittaranjan Avenue, Calcutta 13 ; 36a Anna Salai, Mount Road, Madras 2. B-3/7 Asaf Ali Road, Nouvelle-Delhi 1, 80/1 Mahatma Gandhi Road, Bangalore-560001, 3-5-820 Hyderguda, Hyderabad-500001. Publications Section, Ministry of Education and Social Welfare, 511, C-Wing, Shastn Bhavan, Nouvelle-Delhi110001 ; Oxford Book and Stationery Co., 17 Park Street, Martinus Nijhoff, Lange Voorhout 9, 's-Gravenhage. POLOGNE. ORPAN-Import. Palac kultury i Nauki, Varsovie, Calcutta 700016; Scindia House, Nouvelle-Delhi 110001. - n° 580, Asunción. PAYS - BAS. « Unesco Koener » (Édition néerlandaise seulement) Systemen Keesing, Ruysdaelstraat 71-75. Amsterdam-1007. Agent pour les autres éditions et toutes les publications de l'Unesco : N.V. Ars-Polona-Ruch, Varsovie. Krakowskie PORTUGAL. Portugal, rue do Carmo, - Przedmiescie Dias 70, & Andrade Lisbonne. N° 7, 00-901 Ltda. Livrane ROUMANIE. ILEXIM. Romlibri, Str. Biserica Amzei N° 5-7, P.O.B. 134135, Bucarest. Abonnements aux pénodiques : Rompresfilatelia calea Victorieinri 29, Bucarest. - ROYAUME-UNI. H. M. Univer. of Téhéran P.O. Box 14/486, Téhéran. - IRLANDE. Stationery Office P.O. Box 569, Londres S.E. 1. - SÉNɬ GAL. La Maison du Livre, 13, av. Roume, B.P. 20-60, Dakar, Librairie Clairafnque, B.P. 2005, Dakar, Librairie « Le Sénégal » B.P. 1954, Dakar. - SEYCHELLES. Seychelles National Commission for Unesco P.O. Box 48 Mahé, Republic BELGIQUE. Ag. pour les publications de l'Unesco et pour l'édition française du "Courrier" : Jean de Lannoy, 112, rue du Trône, Bruxelles 5. CCP 000-0070823-13. Edition The Educational Co. of Ir. LTD., Ballymont Road Walkinstown, of Seychelles. Dublin 12. néerlandaise seulement : N.V. Handelmaatschappij Keesing, Keesinglaan 2-18, 21000 Deurne-Antwerpen. - REP. POP. DU BENIN. Librairie nationale, B.P. 294. Porto Novo. Street, Tel-Aviv ; 9 Shlomzion Hamalka Street, Jérusajem. Fritzes Kungl. Hovbokhandel, Fredsgatan, 2, Box 16356, 103-27 Stockholm, 16. Pour le Ç Courrier » seulement : Europa Verlag, 5, Ramistrasse, Zurich. C.C.P. 80-23383. Librairie Payot, 6, rue Grenus, 1211, Genève 11, C.C.P: 12.236. BRÉSIL. Fundación Getúlio Vargas, Servicio de Publicacöes, JAPON. Caixa postal 21120. Praia de Botafogo. 188 Rio de Janeiro ; Tokyo G.b. BULGARIE. Hemus, Kantora Literatura, DO Housky6, Sofia. - CAMEROUN. Le Secrétaire général de la Commis¬ Frères ; B.P. 656, Beyrouth. - LUXEMBOURG. Librairie Paul Brück, 22, Grand-Rue, Luxembourg. MADAGASCAR. Toutes les publications Commission nationale de la RéD. dém. de Madagascar pour l'Unesco, ALLEMANDE. Buchhaus Leipzig. Postfach Internationale Buchhandlungen, en R.D.A. 140. Leipzig. AUTRICHE. Dr Franz Hain, Verlags- und Kommissionouchhandlung, mdustriehof Stadlan, D' Otto Neurath - Gasse, 1220 Vienne. sion nationale de la République unie du Cameroun pour l'Unesco, B.P. N° 1600, Yaounde. - CANADA. Renouf Pu¬ IRAN. Commission Iranchahr Chomali nationale N° 300, iranienne B.P. 1533, pour l'Unesco, Téhéran, av. Kharazmie Publishing and Distribution Co. 139 Shah Reza Ave. Opposite to ISRAËL. Emanuel Brown, formerly Blumstein's Book-stores : 35, Allenby Road et 48, Nachlat Benjamin ITALIE. Licosa (Librería Commissionaria Sansoni, S.p.A.) via Lamarmora, 45, Casella Postale 55?, 50121 Eastern 100 92. - Book Service LIBAN. Inc. Florence. C.P.O. Librairies Antoine, Box A. 1728, Naufal et blishing Co. Ltd, 2182 St. Catherine Street West, Montreal, Ave MJM IM7. - CHILI. Bibliocentro Ltda., Casillo 13/J1 Ministère Huérfanos 1160 of. ,213, Santiago (21). - RÉP. POP. DU Librairie « Aux belles images », 282, avenue Mohammed-V, Rabat, C.C.P. 68-74. « Courrier de l'Unesco » : pour les :ONGO. Librairie populaire, B.P. 577. Brazzaville. CÔTE- D'IVOIRE. Centre d'édition et de diffusion africaines. B.P. 4541. Abidjan-Plateau. - DANEMARK. Ejnar Munksgaard Ltd., 6, Nörregade, 1165 Copenhague K. - EGYPTE (RÉP. ARABE D'). National Centre for Unesco Publications, N" 1, Talaat Harb Street, Tahrir Square. Le Caire. Ediciones Liber. Sr. A. González Apartado " 17, Donaire, Aptdo ESPAGNE. Ondárroa (Viscayal ; de Correos 341, La de l'Education nationale, Librairie populaire du Mali, membres du marocaine (C.C.P. corps pour 324-45). enseignant l'Unesco - Tananarive. B.P. 28, 20, : MAROC. Commission Zenkat MARTINIQUE. MALI. Bamako. nationale Mourabitine, Librairie « Au Rabat Boul' SUÈDE. Toutes les publications : A/B CE. SYRIE. Librairie Sayegh Immeuble Diab, rue du Parlement, B.P. 704, Dames. - TCHÉCOSLOVAQUIE. S.N.T.L., Spalena 51, Prague 1 (Exposition permanente) ; Zahranicni Literatura, 11 Soukenicka, Prague 1. Pour la Slovaquie seulement : Alfa Verlag publishers, HurDanovo nam. 6, 893 31 TOGO. Êvangélique, Librairie B.P. 378, Bratislava. Lomé ; Librairie du Bon Pasteur, B.P. 1164, Lomé , Librairie Moderne, B.P. 777, Lomé. - TUNISIE. Société tunisienne de diffusion, 5, avenue de Carthage, Tunis. - TURQUIE. Librairie Hachette, 469 Istiklal Caddesi ; Beyoglu, Istanbul. - U.R.S.S. Mejdunarodnaya Kniga, Moscou, G -200. URUGUAY. Editorial Losada Uruguaya, S.A. Librería Losada, Maldonado, 1092, Colonia 1340, Montevideo. - YOUGOSLAVIE. Jugoslovenska Knjiga, Terazije 27, Belgrade. Drzavna Zalozba Slovenije, Mich », 1, rue Perrinon, et 66, av. du Parquet, 972, Fort-de-France. MAURICE. Nalanda Co., Ltd., 30, Bourbon Street ; Port-Louis. - MEXIQUE. SABSA, Servicios Titova C 25, Kinshasa. Commission nationale de la P.O.B. 50, Ljubljana. - a Bibliotecas, S.A., Insurgentes Sur N° 1032-401, México 12, l'Unesco, Ministère de l'Éducation RÉP. DU ZAIRE. La librairie. Institut national d'études politiques, B.P. 2307, Rép. du Zaïre pour nationale, Kinshasa. :< Des centaines de millions de pas (1,5 million de touristes) martèlent chaque année le sol du Rocher sacré (photo ci-dessus) et détériorent inexorablement les fondations de l'Acropole. A cela s'ajoutent les déprédations des marbres de l'Acropole, dues à la pollution de l'atmosphère. Ainsi, les Caryatides qui supportent le toit de l'Erechthéion sont à ce point rongées qu'il a été envisagé de les remplacer, du moins provisoirement, par des moulages. A gauche, une Caryatide en cours de fabrication, au stade expérimental. Elle est faite d'un mélange de ciment, de sable et de poudre de marbre.