L’enjeu est donc de reconquérir, de produire de la mobilisation. Aujourd’hui, il y a plus de monde dans
les cortèges FN que dans les manifestations syndicales.
LE FRONT NATIONAL
Le populisme est accolé aux électeurs du Front national par les observateurs or, c’est un style, pas une
idéologie selon Jean-Yves Camus. Si le Front national se heurte à un plafond de verre (barrière invisible
à laquelle le parti se heurte et qui l'empêche de passer le second tour des élections pour accéder au
pouvoir) certaines idées qu’il défend se retrouvent appliquées. Il y a aujourd’hui de la part des électeurs,
une forte demande d’autorité et d’identité, comme un choc en retour des idées de mai 68, dans un
mouvement de balancier de la société française. Les enfants des parents soixante-huitards demandent
de l’ordre et formulent également un demande identitaire : ce sont les vrais problèmes des prochaines
années. Qu’est-ce qu’être Français ? Quels sont les droits et obligations qui vont avec ?
Pour Jean-Yves Camus, le Front national compare la Nation à un
organisme vivant : les cellules y ont un agencement précis. On
considère que cet organisme est malade lorsqu’un corps étranger s’y
est introduit car il produit du désordre. C’est comme cela que cette
famille politique voit l’étranger. La posologie est alors soit de détruire
la cellule soit de détruire le corps étranger. Le FN demande que la
société ne soit plus ouverte à tout vent et critique dans le même
temps, la globalisation. Il est exact et il faut l’admettre à gauche, que
la globalisation produit du désordre. Des classes sociales ont bien
été atteintes, du fait de la financiarisation de l’économie qui n’est pas
régulée. Ce manque de régulation réduit les leviers des politiques pour contrer des entreprises
gigantesques. On l’a vu en Argentine, pays « vautourisé » par des sociétés qui ont tenu dans leurs
mains cet Etat, devenu exsangue.
Entre 4 et 6 millions de Français votent pour le Front national depuis les années 90. Ce n’est pas la
stigmatisation qui régulera cette situation mais le fait d’expliquer à ses électeurs qu’ils se trompent de
réponse. Or, les questions que pose le FN correspondent effectivement à des situations anxiogènes
vécues : chômage, baisse du pouvoir d’achat, délocalisations…
L’immigration est propre à toutes les sociétés, à toutes les époques. Renvoyer les électeurs à leur
racisme n’est pas non plus la solution. L’arrivée massive des réfugiés nécessite qu’on leur explique que
la France s’honore en les accueillant.
LES DROITES EXTRÊMES EN EUROPE
La préférence nationale est régulièrement mise en avant dans le discours des droites extrêmes. Ce
discours est tout aussi porteur dans des pays où la crise économique sévit que dans des pays épargnés
comme la Suisse ou la Norvège. Grâce au pétrole de la mer du Nord, le Fonds souverain rend les
Norvégiens sereins sur 4 à 5 générations. La montée des idées extrêmes n’est donc pas liée
directement à la crise : il y a des populismes de prospérité.
Ces idées ne prennent pas en Espagne et au Portugal qui sont de jeunes démocraties (la dictature
prévalait jusqu’à la fin des années 1970) et où l’extrême droite, arc boutée sur son passé, est dans la
nostalgie de ses anciens leaders. Si l’extrême droite renouvelle son logiciel – comme le fait Marine le
Pen – elle a peut être des chances de réussir.
Mais le Front national n’est pas le mieux placé en Europe. Son passé et ses racines lui collent à la peau.
Avec encore dans ses rangs des militants des années 30, 40 et 50, la dédiabolisation ne réussit pas
complètement. Si une majorité de Français déclare ne pas vouloir voter pour ce parti, cela est dû à ses
racines historiques : le Front national est né à l’intérieur de l’extrême-droite.
Ce n’est pas le cas en Italie ou aux Pays-Bas où ce sont des droites qui se sont radicalisées. Ainsi, le
Néerlandais Geert Wilders quitte le Parti populaire libéral et démocrate avec lequel il était en désaccord
sur les questions de l’Europe et de l’immigration, pour fonder son propre parti nationaliste. Ce retour en
force du souverainisme est lié au fait, selon Jean-Yves Camus, que l’Europe a une mauvaise image à