trouble de personnalité - Centre de recherche sur le vieillissement

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L’enfant borderline en devenir :
validation préliminaire de l’Échelle des
traits de personnalité limite pour enfants
Miguel M. Terradas, Ph.D., psychologue
Professeur
Département de psychologie
Université de Sherbrooke
18 février 2016
Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux
Plan de la présentation
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
Personnalité saine versus trouble de la personnalité
Bref rappel de la définition et des critères diagnostiques du
Trouble de personnalité limite (TPL)
Le diagnostic de TPL chez l’enfant et l’adolescent : un
diagnostic controversé
Notion de l’enfant borderline en devenir
Une vision alternative : l’évaluation des traits de personnalité
associés au trouble de personnalité limite
L’Échelle des traits de personnalité limite pour enfants :
résultats de la première étude de validation et recherches à
venir
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
Jonathan, âgé de 9 ans, est référé à la clinique par le
psychologue scolaire. Il aurait une tendance à l’agir et des
comportements violents envers ses pairs. Il est très méfiant et
réagit impulsivement quand il se sent contrarié par ses
camarades de classe. Lors des entrevues d’anamnèse, le
psychologue constate des difficultés importantes chez les
parents. Monsieur avoue avoir une importante dépendance
à l’alcool. Madame se dit très impulsive et avoir une humeur
variable. Les deux parents semblent se reconnaître dans les
difficultés que présente Jonathan.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
(suite)
Les parents se seraient séparés lorsque Jonathan avait 4 ans.
Les
deux
années
particulièrement
précédant
difficiles
:
les
la
séparation
parents
se
ont
été
disputaient
fréquemment et Jonathan était témoin de leur agressivité,
souvent verbale, quelquefois physique. Il a fallu faire trois
entrevues
d’anamnèse
afin
de
compléter
l’histoire
développementale de l’enfant. Les parents étaient souvent
en désaccord entre eux et avaient tendance à déborder
dans leurs explications.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
(suite)
Lors de la première rencontre d’évaluation, il a été très
difficile pour Jonathan d’être seul dans la salle de thérapie
avec le psychologue. L’enfant semblait triste et fâché. Il ne
voulait pas être présent et avançait n’avoir rien à dire. Il
refusait de parler, de jouer ou de dessiner. Lors de la
deuxième séance d’évaluation, Jonathan était très fâché. Il
a crié et quitté la salle de thérapie de façon très colérique. Il
a accepté toutefois de revenir dans la salle vers la fin de la
rencontre. Il s’est montré sociable et a fait une construction
avec des lego. Cependant, il n’a pas accepté de parler de
sa réaction de colère.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
(suite)
Lors de la troisième rencontre d’évaluation, Jonathan entre
dans la salle de thérapie sans difficulté. Il est capable de
partager avec le psychologue des événements tant positifs
que négatifs qu’il a vécu à l’école. Le psychologue constate
cependant que lorsque Jonathan raconte un évènement
survenu durant la semaine, il emploie un ton de voix et des
gestes physiques comme s’il était toujours dans la situation
problématique. Il est envahi par son émotion et mime
certains comportements qu’il aurait effectué plutôt que de
les expliquer verbalement.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
(suite)
Quand le psychologue lui pose des questions afin de mieux
comprendre ce qui lui est arrivé (une chicane avec un
collègue qui s’est transformée en un épisode d’agressivité
physique), Jonathan manifeste une attitude défensive, dit
que le psychologue ne le croit pas et lui crie : C’est pour ça
que je ne veux pas venir te voir ! Tu penses que c’est moi qui
l’a frappé en premier, que c’est ma faute ! Jonathan sort en
courant de la salle de thérapie. Il n’accepte pas de revenir
dans la salle.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
(suite)
Lors de la quatrième séance d’évaluation, Jonathan entre
dans la salle de thérapie sans difficulté. Il est de très bonne
humeur et dit au psychologue qu’il avait hâte à la rencontre.
Il reproduit ensuite avec les lego des structures et des
personnages qu’il connaît déjà. L’enfant semble avoir de la
difficulté à créer un scénario et à imaginer des histoires avec
ces personnages. Lorsque le psychologue tente d’induire un
jeu imaginaire, Jonathan n’arrive pas à ajouter des éléments
au récit ou à imaginer des actions, des sentiments ou des
pensées aux personnages.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
(suite)
Bien que Jonathan semble frustré par les questions du
psychologue, il lui répond avec un sourire plutôt plaqué. Il dit
à son père à la sortie de la salle de thérapie qu’il aime venir
voir le psychologue et qu’il a déjà hâte à la prochaine
rencontre.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Présentation d’un cas clinique : Jonathan
(suite)
Commentaires,
idées,
réflexions et hypothèses sur
Jonathan et ses difficultés
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Personnalité saine vs trouble de personnalité
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Personnalité saine vs trouble de personnalité
(PDM Task Force, 2006)
La personnalité saine se définit selon les critères suivants :
Capacité à s’engager dans des relations interpersonnelles
satisfaisantes
Capacité à expérimenter un vaste spectre de pensées et
d’émotions en fonction du niveau de développement
atteint
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Personnalité saine vs trouble de personnalité
(PDM Task Force, 2006)
La personnalité saine se définit selon les critères suivants :
Capacité à se montrer flexible face à des situations de
stress internes et externes
Flexibilité : Capacité d’utiliser différents points de vue afin
d’évaluer une situation problématique et de se servir de
diverses stratégies pour la résoudre
Identité personnelle stable et bien définie
Capacité d’adaptation aux circonstances environnantes
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Personnalité saine vs trouble de personnalité
(PDM Task Force, 2006)
Alors que le trouble de personnalité se définit plutôt ainsi :
Façon rigide de répondre aux situations de stress (p. ex.,
utiliser une seule stratégie pour faire face aux différentes
sources de détresse, sans tenir compte de leur nature)
Difficultés significatives au plan de l ’ identité, des relations
interpersonnelles, de l’épreuve de réalité, de l’adaptation au
stress, du fonctionnement moral et de la régulation des affects
Ces difficultés se manifestent principalement à travers les traits
de personnalité
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Définition du trouble de personnalité limite tel qu’il se
manifeste chez les adultes
(DSM-5, 2013)
Mode
général
d ’ instabilité
des
relations
interpersonnelles, de l’image de soi et des affects
avec une impulsivité marquée, qui apparaît au
début de l’âge adulte et est présent dans des
contextes divers, comme témoignent au moins
cinq des manifestations suivantes :
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Critères
Critères diagnostiques
diagnostiques du
du trouble
trouble de
de personnalité
personnalité limite
limite tel
tel
qu’il se manifeste
les adultes
qu’il sechez
manifeste
chez les adultes
(DSM-5, 2013)
Efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés
Relations
interpersonnelles
instables
et
intenses
caractérisées par l’alternance entre des positions extrêmes
d’idéalisation et de dévalorisation
Perturbation de l’identité : instabilité marquée de l’image
ou de la notion de soi
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Critères
Critères diagnostiques
diagnostiques du
du trouble
trouble de
de personnalité
personnalité limite
limite tel
tel
qu’il
se manifeste
les adultes (suite)
qu’il se
manifeste
chez chez
les adultes
(suite)
(DSM-5, 2013)
Impulsivité se manifestant dans au moins deux domaines
potentiellement dommageables pour le sujet : finances,
sexualité, conduite automobile, alimentation…
Répétition d’automutilations, de comportements, gestes
ou menaces suicidaires
Instabilité affective due à une réactivité marquée de
l’humeur (p. ex., dépression épisodique intense, irritabilité)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Critères
Critères diagnostiques
diagnostiques du
du trouble
trouble de
de personnalité
personnalité limite
limite tel
tel
qu’il se
manifeste
chez les
adultes
qu’il
se manifeste
chez
les adultes (suite)
(suite)
(DSM-5, 2013)
Sentiment chronique de vide
Colères intenses ou inadéquates; difficulté à contrôler la
colère
Survenue transitoire, dans des situations de stress, d’idées
persécutrices ou de symptômes dissociatifs sévères
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Enfin, selon le DSM-IV-TR (APA, 2003) et le DSM-5 (APA, 2013),
le diagnostic d’un trouble de personnalité ne doit être
effectué avant l’âge de 18 ans que si les caractéristiques ont
été présentes depuis au moins un an (Exception : trouble de
personnalité antisociale).
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Il n’existe pas de consensus quant à la responsabilité
éthique du clinicien qui observe cette manifestation clinique
(Dubé, Terradas, Arsenault, Lallier Beaudoin, & Pesant, 2013; p. 36)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Quelques constats issus de la recherche sur le TPL chez
l’enfant et l’adolescent…
Les connaissances scientifiques concernant le TPL chez
l’enfant et l’adolescent proviennent d’études rétrospectives
(Links, Boiago, Huxley, Steiner, & Mitton, 1999).
L’évaluation diagnostique du TPL chez l’enfant et
l’adolescent s’appuie sur le système catégoriel proposé par
le DSM-IV-TR, c.-à-d. sur des critères utilisés pour établir le
diagnostic chez les adultes (Crick, Murray-Close, & Woods,
2005).
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Quelques constats…
(suite)
La plupart des études concernant le développement du
TPL chez l’enfant et l’adolescent se basent sur des
populations cliniques et non sur la population générale.
On note une prépondérance marquée de garçons dans
la population clinique d’enfants et d’adolescents…
… alors qu’environ 70 % des personnes présentant un TPL
à l’âge adulte sont des femmes (75 % selon le DSM-5; APA,
2013).
(Guzder, Paris, Zelkowitz, & Marchesault, 1996; Gunderson, Zanarini, & Kiesel, 1991)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Quelques constats…
(suite)
Nécessité de…
réaliser des études longitudinales
faire des évaluations diagnostiques dimensionnelles
tenir compte des aspects développementaux
considérer
les
éléments
sous-cliniques
n’étant
pas
pathologiques en bas âge, mais pouvant le devenir à
l’âge adulte (précurseurs)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Les changements annoncés par le DSM
(Rationale for the proposed changes to the personality disorders classification in DSM-5; APA, 2012)
Modèle hybride, de nature à la fois dimensionnelle et
catégorielle, de la personnalité.
Les cliniciens seraient alors en mesure de décrire la
personnalité du patient, qu’il ait un TP ou non, en se
basant sur l’altération du fonctionnement de la
personnalité et sur la présence des traits de personnalité
pathologiques.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Les changements annoncés par le DSM…
(Rationale for the proposed changes to the personality disorders classification in DSM-5; APA, 2012)
Il serait ainsi possible d’identifier des caractéristiques chez
les enfants et les adolescents (moins de 18 ans), sans pour
autant porter un diagnostic de TPL, si le niveau de
fonctionnement et les traits de personnalité ne s’inscrivent
pas dans un processus de développement normal.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Les changements proposés par le DSM-5 (APA, 2013)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Modèle dimensionnel proposé par le DSM-5 (APA, 2013)
Fonctionnement
de la
personnalité
déficitaire
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité chez l’enfant et l’adolescent :
un diagnostic controversé
(suite)
Modèle dimensionnel proposé par le DSM-5 (APA, 2013)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Notion de l’enfant borderline en devenir
(Borderline-child-to-be; Pine, 1986)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Notion de l’enfant borderline en devenir
(Borderline-child-to-be; Pine, 1986)
(suite)
L’enfant est submergé, au sein de sa famille, par toutes
sortes d ’ expériences traumatisantes qui encombrent
l ’ appareil psychique (trauma relationnel précoce ou
trauma au sein de la relation d’attachement; Allen, 2005).
Ces expériences entraînent chez l’enfant des déficits
développementaux importants.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Notion de l’enfant borderline en devenir
(Borderline-child-to-be; Pine, 1986)
(suite)
L’enfant présente des déficits développementaux significatifs
à plusieurs niveaux :
Il ne développerait pas de confiance en la personne qui
lui procure des soins
Exacerbation du stress et non soulagement.
Son environnement plutôt chaotique et imprévisible ne lui
permettrait pas de développer la fonction d’anticipation
de l’anxiété
En l’absence de soulagement de l’anxiété, toute difficulté
deviendrait une source importante de détresse.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Notion de l’enfant borderline en devenir
(Borderline-child-to-be; Pine, 1986)
(suite)
Déficits développementaux significatifs à plusieurs niveaux :
L’enfant ne serait pas en mesure d’associer la satisfaction
des besoins physiques et émotifs à une personne spécifique
de son entourage lui permettant de créer un patron de
fonctionnement au plan relationnel.
Constitution d ’ un pattern de satisfaction des besoins :
lorsqu’il y a satisfaction inconstante ou insatisfaction des
besoins, l ’ enfant doit composer avec un excès de
stimulations internes pouvant devenir traumatiques.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Notion de l’enfant borderline en devenir
(Borderline-child-to-be; Pine, 1986)
(suite)
Déficits développementaux significatifs à plusieurs niveaux :
Déficit au plan de la gestion de l’agressivité : Le manque
d ’ intégration des expériences positives (reliées aux
manifestations
d’amour
provenant
des
figures
d’attachement) et négatives (associées à la colère
manifestée par les mêmes figures d’attachement) de soimême et de l’autre ne favorise pas la modulation de la
colère.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Notion de l’enfant borderline en devenir
(Borderline-child-to-be; Pine, 1986)
(suite)
Déficits développementaux significatifs à plusieurs niveaux :
L’absence d’un patron de satisfaction des besoins se
traduit par l’utilisation répétitive et rigide de mécanismes
de défense partiellement efficaces.
L’expérience de relations interpersonnelles insatisfaisantes
laisse l’enfant avec l’impression d’être mauvais et donc
responsable des comportements imprévisibles de ses
principales figures d’attachement et affecte son estime de
soi.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Notion de l’enfant borderline en devenir
(Borderline-child-to-be; Pine, 1986)
(suite)
L’enfant fonctionne dans un mode de survie, avec des
mécanismes de défense déficitaires :
Lutte contre l’annihilation psychique.
Répétition de patterns de comportement qui sont inefficaces
et qui affectent les étapes du développement subséquentes.
Mécanismes de défenses prédominants : Clivage, pensée
magique, grandiosité, identification pathologique et
destructrice à l’agresseur-aimé et retrait schizoïde dans un
monde de fantaisie dépourvu d’affect.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Notion de l’enfant borderline en devenir
(Borderline-child-to-be; Pine, 1986)
(suite)
En conclusion…
sans proposer l’établissement d’un diagnostic en
bas âge, le modèle de Pine suggère la présence
d’une continuité des traits inadaptés vers un TPL à
l’âge adulte.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Facteurs de risque du TPL recueillis auprès d’une
population clinique adulte et de façon rétrospective
Attachement préoccupé
(Patrick, Hobson, Castle, Howard, & Maugham, 1994; Fonagy et al., 1996)
Difficultés au plan de la capacité de mentalisation
(Bateman & Fonagy, 2006)
Certaines personnes présentant un TPL ont une sensibilité à l’état
d ’ esprit de l ’ autre, mais ils l ’ utilisent souvent dans le but de
manipuler et de contrôler l’autre.
Les personnes présentant un TPB ne sont pas aveugles quant à
l ’ état d ’ esprit de l ’ autre (mind blind), mais ils n ’ en sont pas
conscients (mind conscious). Ils sont capables de capter des
signaux qui influencent les comportements des autres, mais ils ne
sont pas capables de les utiliser dans un but relationnel.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Facteurs de risque du TPL recueillis
d’une
Uneauprès
vision alternative
:
l’évaluation
traits adulte
de personnalité
associés au
populationdes
clinique
et de façon
trouble de personnalité limite
rétrospective
Les abus sexuels et physiques, la négligence, les
séparations multiples et les troubles des parents
(Bradley et al., 2005; Goldman, et al., 1992; Guzder, Paris, Zelkowitz, & Marchessault, 1996;
Guzder et al., 1999; Herman, Perry, & van der Kolk, 1989; Kernberg, 1990; Links, Steiner,
& Huxley, 1988; Paris, 2000; Rogosch & Cicchetti, 2005; Shachnow et al., 1997; Zanarini
& Frankenburg, 1997; Zanarini, Gunderson, Marino, Schwartz, & Frankenburg, 1989)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Une vision alternative : l’évaluation des traits de
personnalité associés au trouble de personnalité limite
En considérant ces facteurs étiologiques, il est possible de
supposer que les premières manifestations de traits de
personnalité pathologiques surgissent pendant l’enfance, à la
même époque que les traumas. Ainsi, certains patrons de
comportements s’approchant du TPL pourraient être identifiés
pendant l’enfance et se révéler des précurseurs du trouble à
l’âge adulte (Dubé et al., 2013).
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Une vision alternative :
l’évaluation des traits de personnalité associés au
trouble de personnalité limite (suite)
Une proposition intéressante…
Borderline Personality Features Scale for Children
(BPFS-C; Crick, Murray-Close, & Woods, 2005)
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(Crick, Murray-Close, & Woods, 2005)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Échelle de mesure dimensionnelle permettant d’identifier
des traits de personnalité limite chez les enfants de 9 ans et
plus, issus d’une population non clinique.
Selon les auteurs, les enfants de 9 ans présentent des traits
de personnalité plus ou moins stables et un sens de l’identité
suffisamment développé. Par conséquent, ils sont en mesure
de reconnaître et de rendre compte de leurs propres patrons
de comportement.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
Une échelle composée
de 24 énoncés distribués
en 4 sous-échelles
Traits de
personnalité et
comportements
associés au TPL
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Modèle théorique basé sur certaines tâches reliées à différents
acquis développementaux
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Sensibilité cognitive
Perception hostile et persécutrice de l’entourage
Centré sur l’information négative
Méfiant à l’égard des intentions des autres; distorsion des
intentions des autres
Acquis développementaux : reconnaître que les autres
peuvent avoir des perspectives différentes d ’ un même
événement, identifier la nature de ces perspectives
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Sensibilité émotionnelle
Affects intenses, instables et souvent inappropriés au
contexte
Expérimente les émotions de façon intense
Réagit de manière imprévisible
Présente une labilité affective
Acquis développementaux : tolérer l ’ ambigüité qui
caractérise l ’expression des affects, réguler les émotions,
tenir compte du contexte dans lequel les affects sont
exprimés
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Relation d’exclusivité avec les amis
Relations interpersonnelles de dépendance très intenses
Manifeste une peur d’être abandonné
Doute constamment de l ’ amour et du soutien de ses
proches
Acquis développemental : capacité d ’ établir et de
maintenir des relations d’amitié significatives
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Impulsivité
Agressivité physique et relationnelle
Incapable de réguler les émotions, de contrôler les
manifestations d ’ agressivité et d ’ inhiber son propre
comportement
Acquis développementaux : régulation du comportement,
internalisation
des
stratégies
internalisation des normes sociales
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
de
contrôle
du
self,
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Sens cohérent de l’identité
Manquant
Acquis développemental : intégration de l’identité
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Propriétés psychométriques
Étude de la validité et de la fidélité effectuée auprès de 400
enfants (54 % de filles) de quatrième, cinquième et sixième
année d’une école primaire régulière (Crick et al., 2005)
Stabilité temporelle de l’instrument et des traits de
personnalité limite
Validité de construit : correspondance avec des indicateurs
théoriques du TPL adaptés à la période développementale
de l'enfance (Geiger & Crick, 2001) et dérivant d’une
analyse de contenu des critères diagnostiques du DSM-IV
(APA, 1994).
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Borderline Personality Features Scale for Children
(suite)
(BPFS-C; Crick et al., 2005)
Propriétés psychométriques
(Crick et al., 2005)
Spécificité de la mesure : administration d'un instrument
mesurant la présence des symptômes dépressifs. Conclusion
: les indicateurs mesurés par le BPFS-C sont significativement
associés aux traits caractéristiques du TPL et non à d’autres
psychopathologies.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(Arsenault, Dubé, Terradas, Lallier Baudoin, & Pesant, 2012; Dubé, Terradas, & Arsenault, 2015)
Traduction
française,
selon
traduction/retraduction, du BPFS-C
la
méthode
de
(Terradas & Achim, 2012; d’après la version originale du BPFS-C, Crick et al., 2005)
Participants : 328 enfants québécois, âgés entre 9 et 12 ans,
en quatrième, cinquième et sixième année du primaire en
cheminement régulier. Parmi ceux-ci :
262 sont francophones
23 sont anglophones
43 sont bilingues
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(suite)
Procédure
Les
questionnaires
ont
été
administrés
en
classe
et
complétés individuellement par les enfants :
Les enfants francophones ont complété l’ÉTPLE.
Les enfants anglophones ont complété le BPFS-C.
Les enfants bilingues ont complété les deux versions de
l’instrument, avec une semaine d’intervalle.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(suite)
Résultats
Structure factorielle
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(suite)
Le contrôle des impulsions regroupe des énoncés relatifs
à
la
perte
de
contrôle,
à
l’impulsivité
et
aux
comportements autodestructeurs.
Exemples :
7. Je fais des choses sans penser avant de les faire.
17. Quand je suis fâché(e), je ne peux pas contrôler ce que je fais.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(suite)
Les relations interpersonnelles négatives réfèrent à la
durabilité des relations et à l’agressivité relationnelle.
Exemples :
10. J’ai déjà choisi des amis qui m’ont maltraité(e).
13. Les gens qui étaient proches de moi m’ont laissé(e) tomber.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(suite)
La régulation des émotions est en lien avec le caractère
changeant et intense des émotions, de même qu’avec la
peur d’être abandonné.
Exemples :
8. Mes sentiments sont très forts. Quand je suis en colère, je suis
vraiment très très en colère. Quand je suis heureux(se), je suis
vraiment très très heureux(se).
14.Je passe souvent d’un sentiment à un autre, comme être
fâché(e), puis triste ou heureux(se).
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(suite)
Le sentiment de vide regroupe des énoncés portant sur
l’ennui, la solitude et l’expérience d’un vide intérieur.
Exemples :
9. Je sens qu’il me manque quelque chose d’important, mais je ne
sais pas quoi.
22.Je m’ennuie souvent très facilement.
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(suite)
Résultats
Corrélations entre les deux versions :
Corrélations inter-énoncés significatives (0,45 < r < 0,85)
Corrélation entre les sous-échelles significatives (0,67 < r <
0,83)
Corrélation des scores totaux (r = 0,84)
Toutes ces corrélations sont significatives à p < 0,001
Cohérence interne :
α ÉTPLE = 0,87
α BPFS-C = 0,86
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Échelle des traits de personnalité limite pour enfants
(suite)
Nouvelle étude de validation
Validité convergente et divergente
Fidélité test-retest
Validité de construit de groupes contrastes (enfants issus de
la population générale et hébergés en centres jeunesse)
Calcul du pourcentage de la variance dû à la traduction
de l’instrument (administration des versions anglaise et
française à des enfants bilingues avec deux semaines
d’intervalle)
Établissement des normes de comparaison
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
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©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité limite chez l’enfant et
l’adolescent : Caractéristiques cliniques
(Sharp & Romero, 2007)
Relations interpersonnelles
Instables et intenses
Alternance entre l’idéalisation et la dévalorisation extrêmes
Distorsions marquées au niveau de la nature des relations
interpersonnelles (p. ex., décrire l’enseignante comme étant une
amie)
Incapacité à maintenir les relations d’amitié en dépit du désir de
le faire
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
Trouble de personnalité limite chez l’enfant et
l’adolescent : Caractéristiques cliniques
(Sharp & Romero, 2007)
(suite)
Impulsivité pouvant aller jusqu’à l ’ automutilation (p. ex.,
fugues, vols, abus de substance, promiscuité sexuelle,
troubles des conduites alimentaires)
Instabilité affective
Labilité affective (changements brusques d ’ humeur de
l’euthymie à la dépression, à l’anxiété ou à l’irritabilité; p. ex.,
attaque d’anxiété au début de l’après-midi, suivie d’une
participation avec succès à un match de soccer)
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Trouble de personnalité limite chez l’enfant et
l’adolescent : Caractéristiques cliniques
(Sharp & Romero, 2007)
(suite)
Difficulté au niveau de la gestion de l’agressivité
Accès de colère intenses et inadéquats
Manque de contrôle de l’agressivité (p. ex., agressivité physique)
Menaces et gestes suicidaires récurrents
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Trouble de personnalité limite chez l’enfant et
l’adolescent : Caractéristiques cliniques
(Sharp & Romero, 2007)
(suite)
Distorsion de la réalité
Perturbation significative et persistante au niveau de la
perception de soi
Confusion au niveau de l’identité de genre, des rôles sexuels, de
l’image corporelle, des comportements socialement acceptés,
des plans de carrière (p. ex., se proposer comme président de la
classe alors qu’on n’a pas d’amis)
Effort significatif pour éviter l’abandon réel ou imaginaire, ou
préoccupation excessive au sujet de l’abandon
Sentiment chronique de vide
©Terradas, M. M., & Dubé, G. (2016)
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