16
Hommage au Professeur Pierre chaulet
J.P.Grangaud
J’ai fait la connaissance de Pierre Chaulet à la fin de l’année 1963. J’étais à l’époque interne
titulaire à l’hôpital d’El-Kettar, alors que lui était déjà assistant dans le service de pneumo-
phtisiologie de l’hôpital Mustapha. Il a été un exemple pour beaucoup d’entre nous, et je voudrais
ici évoquer quelques uns des moments privilégiés au cours desquels j’ai eu l’occasion de travailler
avec lui et qui m’ont particulièrement marqué depuis cette première rencontre. Et c’est ainsi que je
voudrais évoquer successivement l’enseignant, l’expert en santé publique, et le citoyen.
L’enseignant : Une des premières rencontres que j’ai eues avec lui s’inscrivait dans le cadre de la
préparation à l’internat de la promotion du premier concours d’internat de l’Algérie indépendante.
Il faisait partie des conférenciers de médecine qui s’étaient engagés pour préparer les premiers
candidats à l’obtention de ce concours, et il faut bien dire que ses élèves de l’époque font
aujourd’hui partie des professeurs de notre faculté de médecine. Il a également été de ceux qui ont
encadré en Algérie les premiers séminaires de pédagogie médicale organisés avec Jean-Jacques
Guilbert, responsable de l’unité de pédagogie médicale de l’OMS, et il a mis en application dans
son service les outils pédagogiques élaborés dans ces séminaires, à l’intention des étudiants. Enfin,
à travers de nombreux séminaires organisés dans l’ensemble du pays, il a réussi à implanter avec
ses collègues pneumo-phtisiologues et les pédiatres, le programme de lutte anti-tuberculeuse, puis
celui de la prise en charge des maladies respiratoires.
L’expert en santé publique : Il m’a été donné de siéger avec Pierre à différentes reprises, dans
plusieurs groupes de travail dont l’objet concernait la réforme des études médicales (1970-71), les
ruptures d’approvisionnement en médicaments (1992), la réforme hospitalière (2002-2003), ainsi
qu’à la Commission « Santé » du Conseil National Economique et Social qu’il présidait (2007-
2011). Dans toutes ces réunions, j’ai été impressionné par la fermeté de ses positions et par sa
liberté de parole dans un certain nombre de domaines qui avaient trait à :
-La nécessité de la prééminence du secteur public sur le secteur privé
-La défense de l’idée de la nécessité impérative pour le système de santé de disposer pour le
pays, en permanence, d’une liste de médicaments essentiels constituée selon les recommandations
de l’OMS
-L’importance de la formation, d’où la nécessité d’une approche de l’enseignement basée
sur des techniques pédagogiques performantes et surtout, sur l’importance de la pertinence de cette
formation qui doit toujours prendre en compte, prioritairement, les intérêts des patients.
D’autre part, il a été avec son collègue le professeur Larbaoui l’organisateur du programme de la
lutte anti-tuberculeuse en Algérie, programme basé sur une approche sectorielle qui a constitué un
modèle pour la programmation sanitaire dans notre pays.