Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 19/04/2017
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Une fin du monde avortée en Mésopotamie
Un mythe dont la première version cohérente date du 17e siècle avant JC parle de la destruction de
l'humanité. Importunés par le bruit que faisaient les hommes, les dieux ont décidé de les supprimer.
Cependant le dieu Ea permettra qu'un homme, sa famille et quelques animaux soient sauvés.
Les témoignages écrits les plus anciens sur la religion et la mythologie nous ont été légués par la civilisation
mésopotamienne. Ces documents sont écrits avec des signes cunéiformes et les textes sont en deux
langues. La première langue attestée, déjà dans les documents de l'extrême fin du 4e millénaire av. J.-C.,
au moment où l'écriture fait son apparition, est le sumérien. Cette langue de structure particulière deviendra
progressivement une langue morte vers la fin du 3e millénaire av. J.-C. et sera remplacée comme langue
courante par l'akkadien. Devenu langue morte, le sumérien aura cependant un destin particulier : un peu à
l'instar du latin en Occident, il restera une langue religieuse et savante jusqu'à la disparition de la civilisation
mésopotamienne. Quant à l'akkadien, qui est une langue sémitique étroitement apparentée notamment à
l'hébreu et l'arabe qui existent encore actuellement, il connaîtra une existence d'environ deux millénaires
et ne disparaîtra définitivement qu'aux environs de notre ère en même temps que l'écriture cunéiforme,
écriture indissociable de la Mésopotamie.
Dans la richesse de cette documentation
écrite, il est possible d'appréhender les éléments de la mythologie mésopotamienne directement ou grâce
à l'analyse de certains types de documents. À vrai dire, il n'existe pas de texte mésopotamien qui peut être
considéré comme un récit mythologique au sens littéraire du terme. Les textes connus sont, par exemple,
des poèmes ou des chants liturgiques, comme le texte appelé à tort le « Poème de la création » mais qui
est en réalité un hymne à la gloire du dieu Mardouk, dieu tutélaire de la ville de Babylone, récité lors des
fêtes du Nouvel an. De brefs passages mythologiques se rencontrent aussi dans des incantations ou textes
apparentés, de même que dans la littérature dite de sagesse. La documentation est donc disparate mais
elle nous permet néanmoins de percevoir les préoccupations mythologiques des anciens mésopotamiens.